vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 26 mai 2013 — Sainte Trinité — Frère Sébastien
Cycle : Année C
Info :

Fête de la Sainte Trinité 26 mai 2013

Proverbes 8.22–31 / Romains 5.1–5 /: Jean 16.12–15

Homélie de F.Sébastien

Texte :

Aujourd’hui c’est fête, et pas n’importe laquelle, c’est la fête bien personnelle de notre Dieu, le seul Dieu. Et ce qu’il a d’unique, c’est d’être Trois personnes en un seul Amour ! », un festival d’amour !

Tous nous savons que l’amour ne va pas sans secret, mais ici le secret est redoublé car c’est celui d’une intimité insondable, qui de plus n’est pas entre deux personnes, mais entre trois. Et le paradoxe est qu’elles brûlent de nous le révéler.

La fête d’aujourd’hui est pour cela une chance qu’elles ne sauraient manquer, – offerte à la mesure du désir bien personnel de chacune des Trois Personnes divines, mais aussi à la mesure de l’ouverture de nos cœurs. Ouvrons tout grand pour être introduits un peu plus dans mystère de l’intimité divine ! Du coup nous voici provoqués à l’impossible !

Impossible, car on peut, et cela s’explique, entendre en soi une petite voix sceptique, perfide : « Tout cela c’est bien joli, en théorie, mais pratiquement ? » Par quel miracle ?

Eh bien, c’est possible et même offert ! Comment ? Eh bien, par le miracle de la liturgie ! Car la liturgie nous donne des paroles inspirées par notre Dieu lui-même, pour nous faire participer, aujourd’hui même, aux relations des personnes divines, entre elles et avec les hommes. Ces paroles, l’Esprit Saint vient les murmurer en nous, déjà quand nous préparons les textes de notre messe, puis pendant la célébration. Ces textes devenus paroles vivantes nous enfantent à notre insu à la vie trinitaire.

Ainsi la première lecture, prise dans l’Ancien Testament, bien avant l’Incarnation du Fils de Dieu, nous transporte aux origines de la création du monde, avec l’évocation saisissante de la sagesse divine personnifiée : elle parle, et à travers ses paroles nous commençons à entrevoir que le Dieu Unique en son mystère n’est jamais solitaire, mais toujours accompagné.

Je cite : 22 « Le Seigneur Dieu m'a créée, au commencement de son œuvre, avant ses créatures les plus anciennes. 25Avant que les montagnes fussent affermies, avant les collines, j'étais enfantée. 30 J'étais à l'œuvre auprès de lui, me réjouissant chaque jour, et jouant sans cesse en sa présence. »

La seconde lecture nous plonge dans l’univers du péché et du salut accordé moyennant la foi en Jésus-Christ, le Fils du Père, la deuxième personne de la Trinité. Il n’est alors question que de relations, tant en Dieu qu’avec les hommes. C’est par Jésus que nous parvenons à l’espérance dont Paul dit, en une de ces formules dont il a le génie: « L’espérance ne trompe pas, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné. » C’est fait ! C’est donné ! L’Esprit Saint, la troisième personne de la Trinité, est là, en chacun, en chacune de nous, à l’œuvre pour nous diviniser. L’Esprit Saint, un maître en relations d’amour !

Dans l’évangile, c’est Jésus lui-même, la Parole du Père, qui s’adresse à nous. Par exemple en ces deux passages, qu’on pourrait méditer inlassablement.

Je cite :

16 12 « J’ai beaucoup de choses à vous dire encore, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. 13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité [...].14 Il me glorifiera, parce qu'il recevra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. 15 Tout ce qui est au Père est à moi. »

Plus loin : « Voici que l'heure vient où vous me laisserez seul; pourtant je ne suis pas seul, parce que le Père est avec moi. » La collaboration entre les trois personnes divines est constante et totale.

En manière de conclusion, je vous laisse quelques lignes d’une lettre qu’Élisabeth Catez, devenue en 1984, la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité, écrivait de son carmel de Dijon à sa jeune sœur sans oublier sa mère, le jour de la fête de la Sainte Trinité 1902 :

« Pour moi il n’est pas de fête semblable... Oui c’est dans ce grand mystère que je te donne rendez-vous. Qu’il soit notre centre, notre demeure. Je te laisse avec cette pensée du P. Vallée qui fera ton oraison... “Que l’Esprit Saint vous emporte au Verbe, que le Verbe vous conduise au Père, et que vous soyez consommés en l’Un, comme c’était vrai du Christ et de nos saints. Je vous embrasse, mes deux chéries”. p.76

Je termine par cette prière :

Père du Fils unique,

tu es vraiment notre Père

et nous sommes tes enfants de lumière.

Fils unique du Père, Jésus,

tu es vraiment notre frère

dès cette terre et pour toujours.

Esprit du Père dans le Fils,

Esprit du Fils dans le Père,

Esprit répandu dans nos cœurs,

tu es vraiment l'amour en nous

et tu palpites entre nous tous

pour nous faire Un.

La fête de la Sainte Trinité, c’est la fête de notre avenir !

Un avenir commencé dès ici-bas !

Homélie du 19 mai 2013 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

PENTECÔTE 19 MAI 2013

Ac 2,1-11; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair », ainsi parlait Paul, frères et sœurs, aux Romains. Nous avons une dette. Spontanément, nous n’aimons pas avoir des dettes. On voudrait rembourser le plus possible pour ne pas dépendre de notre créancier. Dans le mot créancier, il y a le mot croire…Le créancier nous a fait confiance en nous prêtant de l’argent, et nous ne voudrions pas trahir cette confiance. Ce matin, envers qui donc Paul affirme-t-il que nous avons une dette ? Si « ce n’est pas envers la chair », c’est donc envers le Saint Esprit, puisqu’il affirme que nous ne sommes plus sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit…Nous n’avons pas de compte à rendre à la chair, mais à l’Esprit. Que veut nous dire Paul ? Il veut nous aider à prendre conscience que par notre baptême et par notre foi au Christ Ressuscité, nous sommes gratifiés de ce don merveilleux qu’est l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint habite en nous, non comme un dominateur, mais comme un hôte discret. Il vient en nous et nous fait confiance, comme un créancier, en nous offrant ses dons. Don de liberté, quand il nous libère de l’emprise de la chair avec ses tendances égoïstes. Don de vie, quand il nous partage la vie du Christ ressuscité, dès maintenant en attendant de rendre la vie à nos corps mortels à la fin des temps. Don de prière quand il nous entraine à nous tourner vers notre Dieu en l’appelant « Père ». On pourrait continuer la liste des dons du Saint Esprit. La tradition de l’Eglise s’est plue à essayer de les énumérer, en parlant des 7 dons du St Esprit…Mais la liste pourrait être plus longue, à tel point que le mot Don peut être un des noms du Saint Esprit. Il est le Don, celui qui est donné par le Père. Il est le Don en personne. Et il ne cesse de se recevoir et de se donner, dans l’échange d’amour entre le Père et le Fils.

Frères et sœurs, nous balbutions en disant cela. Si nous avons une dette envers l’Esprit Saint, comment allons-nous faire avec ce créancier divin ? Car nous sommes un peu comme cet homme de l’évangile qui devait à son maitre 60 millions de pièces d’argent. Impossible de rembourser, nous n’en sommes pas capables. Mais s’agit-il de rembourser ? Non, l’Esprit Saint ne vient pas en nous pour ensuite exiger quelque chose de nous. Il vient plutôt comme Celui qui nous fait confiance. Heureux sommes-nous quand l’Esprit Saint nous aide à comprendre que notre Dieu nous invite avec beaucoup de respect à entrer dans une autre vision des choses, de nous-mêmes et du monde. Sous l’emprise de la chair, nous sommes dans des rapports de force et de domination. Sous la conduite de l’Esprit qui nous respecte, nous découvrons la joie de l’alliance : Dieu me fait confiance, je peux lui faire confiance. Quand l’Esprit de Dieu me donne, il ne m’oblige pas à redonner ou bien à obtenir tel résultat. Mais il me fait comprendre et saisir de l’intérieur, que la vraie liberté sera de me donner à mon tour. Il ne m’impose rien par ses dons, mais il me laisse découvrir la joie profonde qu’il y a à laisser grandir en moi la paix, la douceur, la lumière, la force…Là où l’emprise de la chair me défigure, le don du Saint Esprit me rend mon vrai visage d’homme : un visage de fils du Père et un visage de frère pour les hommes. Oui, frères et sœurs, si nous avons une dette envers le Saint Esprit, c’est celle de lui faire confiance, de nous laisser faire par lui. N’ayons pas peur, il est infini respect car infini Amour. Entrons dans cette écoute et dans cette disponibilité intérieure avec joie, notre vie chrétienne s’en trouvera fortifiée et illuminée. Comme pour les premiers apôtres, elle s’en trouvera aussi plus heureuse de dire la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité.

En cette Eucharistie, nous venons à la source du don de l’Esprit, dans le mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus. Dans l’Esprit Saint, rendons grâce pour ce don immense qui nous est fait. Dans le cœur des croyants que nous sommes, l’Esprit Saint continue l’œuvre d’amour qu’il a entreprise au début de la prédication apostolique. (2013-05-19)

Homélie du 12 mai 2013 — 7e dim. de Pâques — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

Année C - Pâques - 7ème dimanche

Actes 7, 55-60 ; Apoc 22,12…20 ; Jean 17, 20-26

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Les 3 lectures que nous venons d’entendre nous mettent en présence de 3 témoins : Etienne, le premier martyr du livre des Actes des Apôtre, Jean, le voyant de l’Apocalypse, et Jésus dans le IV° évangile, à l’heure où il passe de ce monde à son Père. 3 témoins qui sont chacun dans une attitude de prière, les yeux levés vers le Ciel, contemplant et reflétant à leur manière la Gloire de Dieu, tout en laissant échapper des paroles fortes, profondes qu’il nous faut aujourd’hui encore recueillir et méditer si nous ne voulons pas perdre la valeur de ces témoignages et si nous sommes appelés à être témoins de l’Evangile à notre tour et à notre place.

Saint Etienne, tout d’abord, l’un des 7 diacres de la première église de Jérusalem. Le récit des Actes nous le présente comme le disciple parfait du Christ. Des signes et des prodiges marquent sa vie, ainsi qu’une prédication irrésistible de la Bonne Nouvelle. Un homme tout entier sous la mouvance de l’Esprit Saint. Mais ce sont surtout les derniers instants de sa vie, ses dernières paroles et sa mort violente qui le conforment plus étroitement à son Maître : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Seigneur, ne leur impute pas ce péché », en écho aux propres paroles du Christ sur la Croix, remettant son souffle à son Père et pardonnant à ses meurtriers.

Etienne se déclare devant ses accusateurs comme le témoin du Fils de l’Homme, qu’il contemple dans les cieux grands ouverts, debout, à la droite de Dieu. Ce Fils de l’Homme renvoie à la vision prophétique de Daniel dans l’Ancien Testament, qui décrit de façon grandiose la venue d’un personnage céleste, s’avançant dans les nuées devant un Ancien, à l’heure du Jugement des rois et des peuples de la terre, dans une perspective apocalyptique. Jésus lui-même, à plusieurs reprises s’identifiera à ce Fils de l’Homme annoncé par Daniel. Mais alors que la vision du prophète se déroule dans un cadre glorieux et victorieux, à la fin des temps, Jésus, lui, opère une synthèse d’oracles de l’A.T. différents, voire opposés. « Le Fils de l’Homme doit souffrir beaucoup, être mis à mort, et, le 3ème jour, ressusciter d’entre les morts ». Ce Fils de l’Homme est alors à rapprocher du Serviteur Souffrant du chapitre 53 du livre d’Isaïe. Deux visages de témoins-serviteurs, correspondant aux 2 étapes du mystère pascal, où Jésus , et Etienne après lui, atteignent, par delà la mort, une vie glorieuse.

Pour Etienne donc, à l’heure de sa mort, la vision du Fils de l’Homme, debout à la droite de Dieu, a pu apporter au martyr une consolation et la promesse d’être introduit, lui aussi, dans la vie glorieuse du Ciel, auprès de son maître. La révélation se fait ainsi réconfort et annonce prophétique.

Dans la seconde lecture, Jean, le voyant-visionnaire de l’Apocalypse achève son livre dans une contemplation des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle où règneront la Justice et la Paix. Il est le témoin pour sa communauté d’une attente, celle de la venue de Celui qui est l’Alpha et l’Omega, le Premier et le Dernier. Jean entend et rapporte la voix du Ciel qui lui dit : « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des églises » Et Jean de répondre : « Moi, je témoigne de la vérité de tout ce qui est écrit dans ce livre. Et celui qui témoigne de tout cela déclare : Oui, je viens sans tarder. Amen ! Viens Seigneur Jésus ! »

Enfin , dans l’évangile, Jésus le 3ème témoin de la liturgie de ce dimanche, lève lui aussi les yeux vers le Ciel pour adresser à son Père sa grande prière pour l’Unité. Jésus, témoin parfait de l’Amour, de la Vérité et de la Gloire de Dieu. Tel, il se présentait, face aux questions de Nicodème au début de l’évangile : « en vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et pourtant vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous si je vous disais les choses du Ciel ? Et cependant, nul n’est monté au Ciel sinon Celui qui est descendu du Ciel : le Fils de l’Homme ! »

Frères et sœurs, en ce temps liturgique qui nous fait aller de l’Ascension à la Pentecôte, l’Eglise invite les croyants à penser au Ciel, à penser au lien qui unit la Terre et le Ciel.

A notre tour, comme Etienne, comme Jean, comme Jésus, nous avons à être des témoins de cette réalité du Ciel, où le Christ est monté pour nous y préparer une place et où il intercède pour nous, assis à la droite de son Père et Notre Père. C’est du Ciel que Jésus répand son Esprit sur chacun de nous et sur l’Eglise. Esprit de vérité qui procède du Père et qui rend témoignage de Lui. A notre tour, nous rendons témoignage, parce que nous sommes avec lui et que nous sommes pris en lui, dans sa prière pour l’Unité.

Penser au Ciel, ce n’est pas pour un chrétien se désintéresser des choses de la terre, se démobiliser pour se réfugier dans des rêves d’arrière-monde, comme l’ont reproché et dénoncé avec justesse des philosophies athées ou comme les anges le disaient aux disciples à l’Ascension : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder le Ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le Ciel. »

Penser au Ciel, tout en restant engagé sur la terre, pour des combats de vérité, de justice et d’amour, c’est donner à ces combats un sens, une espérance et un avenir. Le Ciel alors n’est pas d’abord un lieu cosmique ou astrophysique, le Ciel, c’est Dieu lui-même. Non pas au-dessus de nous, mais en nous au plus intime.

Avec le Christ le Ciel est désormais présent sur la terre et entrer au Ciel, c’est trouver Dieu et vivre par Lui, avec Lui et en Lui.

Alors nous serons cohérents, chaque fois que nous prions la prière qui nous a été enseignée par le Seigneur lui –même : « Notre Père qui es aux cieux… que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ou quand nous allons entonner dans un instant le Sanctus : « Saint, Saint Saint, le Seigneur : le Ciel et la terre sont remplis de ta Gloire. Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna, au plus haut des Cieux ! »

AMEN

(2013-05-12)

Homélie du 09 mai 2013 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

ASCENSION DU SEIGNEUR 9 mai 2013

(Ac 1, 1-11; He 9,24-28 - 10,19-23; Le 24, 46-53)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres, l'évangéliste Luc situe

l'Ascension de Jésus dans la continuité d'un repas. Dernier repas durant lequel Jésus donne

l'ordre de ne pas quitter Jérusalem pour y attendre le don de l'Esprit Saint. Ce dernier repas

qui n'est pas sans rappeler un autre repas que l'on a davantage coutume d’appeler « dernier »,

celui de la Cène avant la passion. Si à la Cène, Jésus nous laisse son testament sous le double

signe de l'eucharistie et du service fraternel, ici avant de monter vers son Père, Jésus laisse

une promesse, la promesse du don de l'Esprit Saint.

Oui, cette fête de l'Ascension est à plus d'un titre, la fête de la promesse. Ce mot

revient dans chacune de nos lectures sous une forme ou sous une autre. A l'heure du départ et

de l'absence de Jésus qui retourne vers son Père, il s'agit pour les disciples - et pour nous-

mêmes - de savoir sur quoi, sur qui nous appuyer. Nous pouvons nous appuyer sur une

promesse. Et quelle est-elle cette promesse?

C'est tout d'abord la promesse entendue de la bouche de Jésus lui-même: « Jean a

baptisé avec de l'eau; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici

quelques jours. » Plusieurs fois dans les évangiles, on nous rapporte cette annonce du don de

l'Esprit faite par Jésus. Jésus ouvre une ère nouvelle, celle d'un renouvellement total des

personnes dans l'Esprit Saint. Là où le baptême de Jean préparait, le baptême dans l'Esprit

accomplit. L'homme n'est plus seulement lavé corporellement, il est renouvelé en son être

intérieur, en son cœur. L'Esprit Saint vient illuminer son regard en le confortant dans la foi en

Jésus mort et ressuscité. Réjouissons-nous ce don qui nous est fait déjà depuis notre baptême,

et qui nous est encore promis. La vie de l'Esprit est notre vie. Nous avons de la chance d'être

croyant!

Promesse encore, quand Jésus parle à deux reprises de ce que Père a promis: «Je vais

envoyer sur vous ce que le Père a promis ». Et où le Père a-t-il parlé? Quand a-t-il promis?

Implicitement, Jésus invite à relire l'Ancien Testament et les annonces prophétiques de ce don

par lequel le peuple d'Israël sera gratifié du don de l'Esprit: «Je mettrai en vous mon esprit

et vous vivrez» dit le Seigneur par le prophète Ezéchiel. « Je répandrai mon esprit sur toute

créature », dit-il par le prophète Joël. La promesse de Dieu n'est pas nouvelle. Elle s'enracine

dans son projet d'amour à l'égard des hommes qui est de toujours. Projet qui a lentement mûri

et pris forme, pour s'accomplir pleinement avec la venue de son Fils dans notre chair. Sachons

de temps en temps relire l'AT pour y reconnaitre ce grand projet de Dieu sur les hommes.

Nous pourrons entrer dans sa vue qui très large.

Promesse enfin, lorsque l'auteur de l'Epitre aux Hébreux affirme: « Continuons sans

fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis». Ici la promesse porte

nos regards plus avant. Elle nous oriente vers « ce sanctuaire du ciel» dans lequel « nous

pouvons entrer grâce au sang de Jésus ». Jésus en montant au ciel « ne s'évade pas de notre

condition humaine», comme nous le chanterons dans la préface. Mais tel un premier de

cordée, lui la Tête du Corps il nous précède, auprès de son Père. Par sa mort offerte par

amour, Il a présenté le vrai sacrifice qui pouvait nous réconcilier avec Dieu, le sacrifice de

l'amour total. Il a détruit le péché et il a ouvert la « voie nouvelle et vivante» qui nous relie,

de manière sûre, désormais à son Père et notre Père. Avec lui, nous pourrons un jour participer

pleinement à la vie divine. Comme nous y invite, l'auteur de l'Epitre aux Hébreux, ne

fléchissons pas dans notre espérance d'être un jour réuni au Christ. Laissons cette espérance

nous apprendre à relativiser nos soucis ou nos préoccupations quotidiennes. Gardons nos yeux

fixés sur le Christ et sur nos frères pour mieux les servir.

Frères et sœurs, en cette eucharistie de l'Ascension fête de la promesse, nous célébrons

la promesse de Dieu, déjà réalisée par le don de l'Esprit et de la vie éternelle, reçu dans le

Corps et le Sang du Christ. Promesse que nous attendons avec foi dans l'attente de la venue

du Christ. (2013-05-09)

Homélie du 28 avril 2013 — 5e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

5e dimanche après Pâques année C 28 avril 2013

Actes 14, 21b-27 Apocalypse 21,1-5 Jean 13, 31-35

Homélie du F.Ghislain Lafont

Texte :

Les trois textes que nous venons d’entendre mentionnent tous les trois la vie éternelle.

Saint Paul dit aux convertis d’Iconium et d’Antioche, qu’il se prépare à quitter : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ». Dans l’évangile, Jésus parle à des disciples de la gloire. Etrangement, juste après que Judas ait quitté la salle du cénacle, il dit : « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, il lui donnera sa propre gloire et la lui donnera bientôt ». La lecture de l’Apocalypse, entendue entre les deux autres, nous décrit ce Royaume de Dieu, cette Gloire qui a été donnée au Christ. Elle nous parle d’une demeure céleste, dont les habitants seront Dieu et les hommes, qui demeureront ensemble. Le texte la décrit d’abord négativement : les larmes seront essuyées, il n’y aura plus de mort ni de pleurs, ni de cris, ni de tristesse, et positivement : Dieu lui-même sera avec eux et la communauté des hommes sera transfigurée comme une jeune fille en habit de mariée.

La rencontre de ces textes peut être l’occasion de penser, nous aussi, au Royaume, à la Gloire, ou, pour prendre un mot plus habituel : au ciel. Dans sa Règle, saint Benoît invite à « désirer la vie éternelle de toute l’intensité de notre concupiscence spirituelle ». Le mot de concupiscence ne s’applique pas en général à la vie éternelle, mais à d’autres désirs, parfois très forts, mais dont les objets ne sont pas toujours très nobles. Saint Benoît l’emploie sans doute exprès pour dire la force du mouvement qui devrait nous pousser vers la vie éternelle.

Pour décrire cette vie éternelle, saint Augustin use de trois mots quelque part de trois mots qui sonnent ben ensemble : videbimus, vacabimus, amabimus. Nous verrons, nous nous reposerons, nous aimerons.

Nous verrons. La vie éternelle, dit saint Jean, c’est de « te connaître, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». En ce moment, nous connaissons, mais comme à travers un voile qui, à la fois, cache et révèle. Dans la vie éternelle, nous connaîtrons comme nous sommes connus : une sorte de transparence respectueuse, un échange admiratif, une familiarité douce avec le grand Mystère de Dieu et des hommes. Voilà la lumière inépuisable qui nous attend.

Nous nous reposerons. La lettre aux Hébreux nous exhorte à la fidélité sur cette terre, afin que nous puissions, dit-elle en citant le ps. 109, « entrer dans le repos de Dieu ». Plus d’agitation, plus d’inquiétude, même plus d’efforts légitimes pour en arriver à nos fins… Mais le calme, la douceur, l’abandon, toutes ces choses que nous aimons lorsque, pour un instant fugitif, elles nous sont données, Dieu nous en montrera la vérité et nous y entrerons.

Nous aimerons : ce repos et cette lumière, cette admiration, nous ne pourrons pas les garder pour nous-mêmes, nous ne serions pas vraiment heureux si d’autres, tous les autres n’en profitaient pas eux aussi, autant que nous et même plus que nous. Un bien reçu ne peut être éprouvé dans sa vérité s’il ne l’est pas par tous. Paradoxalement, on ne peut le posséder vraiment qu’en le partageant avec les autres, en le donnant aussitôt qu’on l’a reçu, en le recevant dès qu’on ne l’a plus. Cet admirable échange n’est pas une nécessité, c’est chez nous un désir profond que nous le vivrons éternellement. Saint Augustin, parlant de sa jeunesse, a cette parole si vraie : « j’aimais aimer ». Nous aussi nous aimons aimer et êtres aimés, dès maintenant nous essayons d’y parvenir : l’effort réussira, sans fin ni mesure.

Tel est le message de la vie éternelle. Mais il y a encore autre chose à méditer : si nous pouvons l’entendre, ce message, c’est que, en nous, la vie éternelle est maintenant présente. Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous, nous dit saint Luc. La connaissance, le repos, l’amour sont des réalités dont nous avons, dont nous pouvons du moins avoir l’expérience. Sur cette terre, la vie éternelle a un nom : c’est la vie intérieure, ce contact que nous pouvons entretenir en profondeur avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Nous pouvons, de temps à autre, et même souvent, nous retirer des faux-semblants qui nous tiennent lieu de savoir, et prendre quelque distance par rapport aux inévitables mais troublantes rumeurs de ce monde. Nous pouvons aussi redécouvrir l’amour au-delà de nos égoïsmes et vérifier à quel point le commandement du Seigneur renouvelé dans l’évangile d’aujourd’hui, est vrai et bienfaisant. Laissons-nous donc toucher par cet appel à rentrer à l’intérieur de nous-mêmes, là où vit en nous le Dieu qui nous crée, le Fils qui est l’un des nôtres et nous a tout donné, l’Esprit qui anime tout en Dieu et dans la création. Laissons, ne fût-ce que pour quelques minutes, dominer en nous la connaissance, le repos, l’amour. Alors, sans paroles mais avec un désir qui croît sans cesse, nous découvrons la vie éternelle.

Homélie du 21 avril 2013 — 4e dim. de Pâques — Frère Vincent
Cycle : Année C
Info :

4ème Dimanche de Pâques année C

21/04/2013

Homélie du F. Vincent Lescanne

Texte :

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se présente aux siens comme le Bon Berger. C’est une image à laquelle on est peut-être moins habitués aujourd'hui, mais au temps de Jésus l’image parlait à ses auditeurs, dans une civilisation où l’élevage avait une place importante. On sait quand même que le rôle du pasteur, du berger est de rassembler son troupeau, de le conduire sur les bons chemins et de lui procurer eau vive et nourriture. Cette image du berger, du pasteur nous la retrouvons tout au long de la Bible. Dans l’Ancien Testament Dieu est souvent appelé le berger de son peuple.

Tout au long de l'histoire du peuple d'Israël, aussi, Dieu fait appel à des bergers : Abraham, Moïse, mais aussi un bon nombre des prophètes. Et nous n'oublions pas que la nuit de Noël, la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur a d'abord été annoncée à des bergers.

Jésus, le « bon berger » connaît chacune de ses brebis, en nous rappelant que dans la Bible, le verbe connaître n'a pas le même sens qu'aujourd'hui. Quand nous disons que nous connaissons quelqu'un cela signifie : « Je vois qui c'est. » Dans la bible, connaître quelqu'un, c'est l'aimer personnellement et entièrement. A la question piège des juifs (que malheureusement l’évangile lu aujourd’hui a sauté), « dis-nous ouvertement si tu es le Messie », Jésus répond donc par l’image messianique qu’il leur a déjà donnée. Ici il ne parle que des brebis qui écoutent sa voix. L’insistance de Jésus est manifestement sur la relation : le berger est le véritable berger lorsqu’il connait ses brebis, qu’il les aime, qu’il les appelle par leur nom ; et les brebis connaissent le vrai berger à sa voix, qui leur dit son amour pour elles. A l’inverse, le mercenaire n’a pas de relation personnelle, il ne travaille que pour le salaire.

Si les brebis reconnaissent leur vrai pasteur à sa voix, c’est non seulement à cause de sa parole, mais aussi à cause des œuvres qu’il fait pour elles, ces œuvres qui leur donnent la vie. Œuvres d’amour pour son Père, dont la plus haute sera le don qu’il fait de sa propre vie, la libre acceptation qu’on la lui prenne pour le salut de ses brebis. D’ailleurs si ses brebis viennent à lui, c’est parce qu’elles pressentent qu’il vient du Père : c’est le Père qui les mène à lui, comme lui les conduit au Père. Quand Jésus se dit le « bon berger », qui donne la vie éternelle, il rappelle que les brebis lui sont données par le Père, et révèle son lien particulier avec celui-ci : le Père et moi nous sommes un, nous dit Jésus ce matin.

Le Christ nous connait personnellement. Il nous aime sans conditions, tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, nos limites et nos péchés. Pour Lui, nous sommes son bien le plus précieux, même celui qui est exclu, même celui dont nous disons à tort qu’il est irrécupérable. Jésus est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus. Il ne cesse de rejoindre les uns et les autres pour les sortir de leur misère, de leur situation de péché.

Quand nous lisons les évangiles nous voyons tout ce que Jésus a fait pour libérer les hommes de ce poids qui les accable. Il ne cesse de les entourer de sa tendresse et de son pardon.

L’évangile nous dit que les brebis écoutent la voix de leur maître. Elles l’écoutent car elles se sentent aimées et protégées par lui. Le Christ, bon berger, n’utilise pas la contrainte, c’est sa voix qui se fait entendre dans l’intimité de notre cœur. C’est son regard plein d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même. Si nous décidons de le suivre, ce n’est pas sous la contrainte mais pour répondre à un amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous.

Accueillons ce matin ce que nous dit Jésus de son amour pour son Père, de son amour pour nous.

21-04-2013

Homélie du 14 avril 2013 — 3e dim. de Pâques — Frère Servan
Cycle : Année C
Info :

3e Dimanche de Pâques - 14 avril 2013

(Jean 21)

Homélie du F. Servan Simonin

Texte :

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade (ou de

Galilée) ... C'est le ch 21 de l'Evangile selon Jean ... ajouté comme un Post Scriptum (mais dans une lettre il arrive qu’un PS soit important et riche : c’est le cas ici.. dans ce récit très animé.

" Simon Pierre dit à ses compagnons (six autres disciples de Jésus) :

« Je m'en vais à la pêche ... nous allons avec toi ... ils montèrent dans la barque. Or, ils

passèrent la nuit sans rien prendre. "

Un peu beaucoup perdus, déboussolés, vire découragés comme les deux pèlerins

d'Emmaüs, il semblerait qu'ils retournent à la case départ, à leur métier d'hommes, de

pécheurs sur le lac poissonneux.. .là même où Jésus les avait appelés et séduit en leur

disant :" Je vous ferais pêcheurs d'hommes !" ... Mais ils passèrent la nuit sans rien

prendre.

Dans un métier d'homme, dans une vie humaine, à travers les âges de la vie,

depuis l'école (bonnes vacances!) jusqu'aux cheveux blancs (temps du lâcher prise, de

la faiblesse (" quand tu seras vieux ... c'est un autre qui te mettra ta ceinture ... " ) mais

aussi de la sagesse et de l'intériorité, en passant par l'âge adulte, le temps du travail

responsable .. .il y a du courage (lié à l'élan vital) mais au risque du découragement

" Ils passèrent la nuit sans rien prendre " ... à combattre par l'encouragement,

l'entraide des compagnons) le conseil, l'émulation (" alors le disciple que Jésus aimait

dit à Pierre:" c'est le Seigneur !")

Nous savons d'expérience que notre foi chrétienne au Christ de pâques, à ses

paroles et au don de l'Esprit renouvellent et encouragent notre vie humaine ( en

particulier dans le rassemblement du dimanche, le Jour du Seigneur) mais nous savons

aussi que cette foi (croire ,aimer, espérer, mais sans voir encore et sans tenir ... ) peut

connaître découragement et fatigue (les peuples et les églises de la vieille Europe sont

fatigués, disait Benoit 16 (lui-même fatigué) ... mais il y a peut-être de beaux restes?

" et ils passèrent la nuit sans rien prendre " ...

La barque de Pierre et Cie a toujours, été vue comme une image de l'Eglise au

travail de la mission et du témoignage, de génération en génération, parmi tous les

peuples du monde, depuis les premiers jours de l'Eglise du Christ:" quant à nous,

nous sommes les témoins de tout cela" (avons-nous entendu dans la première lecture),

au risque de la persécution, du rejet de l'indifférence ... mais avec parfois la bonne

surprise des 153 poissons dans le filet!

/- __

Mais voici que dans la brume matinale montant du lac, un inconnu se tient là

sur le rivage.. .inconnu ... mais les choses vont se précipiter vers la manifestation, la

reconnaissance ... jusqu'au moment si intense du repas partagé ... sur la braise, au bord

du lac, le pain et les poissons ... où se devine notre repas de l'Eucharistie :" Jésus

s'approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson "

Nous revivons cela dans nos rassemblements du dimanche ! Où on nous redit

souvent:" Le Seigneur soit avec vous .. .il est là présent, inconnu, reconnu, révélé et

caché ... " Il est là présent dans le sacrifice de la messe, dans la personne du ministre,

au prêtre qui agit en son nom et au plus haut degré sous les espèces eucharistiques

.dans le signe du pain et du vin Il est là, présent, dans sa parole, car c'est lui qui parle

tandis qu'on lit les saintes Ecritures, en particulier l'Evangile ( où l'on répète :" Gloire

à toi, Seigneur! ") Il est là lorsque l'assemblée prie et chante: "là où 2 ou 3 sont

rassemblés en mon nom je suis là au milieu d'eux". (Concile Vatican 2)

Suivra le dialogue si fort entre Jésus et Pierre le pêcheur (au double sens du

mot) qui, après le triple reniement, se voit confier par 3 fois la charge pastorale, non

pas exclusive mais principale, avec une attention spéciale pour les plus petits, les plus

faibles .. .les agneaux! Vous aurez reconnu là un leitmotiv du pape François, nouvel

évêque de Rome ... et spontanément, en ce dimanche, nous prierons pour lui et pour sa

charge de rassembler dans l'unité (Pierre et le disciple que Jésus aimait et les autres

compagnons) et d'orienter et animer la mission ... sans oublier le geste qui nous a

frappés lors de son élection: avant de bénir les fidèles, il leur a demandé de le bénir

d'abord en silence ... C'est nous rappeler que notre pape, l'évêque de Rome n'est pas

seul et unique ... mais au travail avec des compagnons et collaborateurs? et avec nous

tous, avec chacun et chacune de nous qui entend ces paroles : " Suis-moi" et qui répond

en son cœur, en sa vie:" Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime "

" Garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse »

c'était l'oraison de ce dimanche. Amen

Homélie du 08 avril 2013 — Annonciation — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Annonciation 8 avril 2013

Is 7 10-14; Heb 10 4-10; Lc 26-38

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Hier dimanche frère Jean-Noël achevait son homélie centrée sur le thème de la foi, avec cette phrase : Heureuse celle qui a cru à la parole du Seigneur . Il faisait ainsi une belle ouverture sur la fête d’aujourd’hui, où Marie consent à l’œuvre de Dieu dans sa vie.

Effectivement entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, nous avons en quelque sorte comme les deux extrêmes d’un même chemin : l’irruption de Dieu dans la vie des hommes en la personne de Jésus.

Aujourd’hui on entend l’ange dire à Marie : Celui qui va naitre sera saint, il sera appelé Fils de Dieu . Hier l’évangéliste Jean nous disait qu’il avait mis par écrit dans son livre tous les signes de Jésus pour que nous croyions qu’il est le Messie, le Fils de Dieu.

A l’annonciation, Marie accueille le Verbe de Dieu en son sein, l’Eternel se blottit dans le temps, le Fils de Dieu vient habiter parmi les hommes. Avec sa résurrection, l’homme Jésus avec toute son humanité est glorifié auprès de Dieu, son Père. Lui l’homme blessé, mort est ressuscité. Et nous confessions qu’il est avec toute son humanité le Fils de Dieu.

Marie a dû consentir à faire confiance à cette irruption de Dieu, à ce bouleversement de ses images du Messie et de Dieu. Elle a cru et elle a accepté d’avancer pas à pas pour accompagner ce Fils de Dieu à elle confié.

Et nous, en ce temps pascal, à la suite des premiers témoins de la Résurrection nous sommes invités à croire que cet homme Jésus, humilié et maltraité, partage désormais la gloire de Dieu son Père. Jean nous dit qu’ainsi nous aurons la vie en son nom.

Notre foi ouvre notre intelligence et notre cœur pour nous engager sur un chemin de Vie ; dans l’assurance de la présence de Jésus à nos côtés et à nos devants. Il nous précède auprès de son Père.

(2013-04-08)

Homélie du 07 avril 2013 — 2e dim. de Pâques (de la Miséricorde) — Frère Jean-Noël
Cycle : Année C
Info :

- 2° dimanche de Pâques 7 avril 2013 –

Ac 5 12-16 ; Ap 1 9-19 ; Jn 20 19-31

Homélie de frère Jean-Noël Bouloy

Texte :

Thomas. La foi laborieuse. Pas plus que les autres évangélistes. Lui n’a pas essayé de nous faire croire que le soir de Pâque, les disciples, comme au soir du Mondial sont descendus dans la rue : « On-a-ga-gné- On-a-ga-gné ! Aussi le témoignage de leur foi laborieuse est un beau cadeau pour nous autres, croyants de petite foi. Croyants laborieux.

La foi laborieuse de Thomas. Notre foi à nous. Cette année de la foi. Essayons d’en dire quelque chose pour y voir plus clair, aider ce labeur.

La foi. On l’a, ou on ne l’a pas comme on dit souvent. Et à entendre certains récits spectaculaires de conversion, ça vous tombe dessus, ça vous prend d’un coup et on est pris. Et pour se l’expliquer on dit : La foi, c’est donné. C’est Dieu qui la donne ». Mais à voir ce qui se passe, on serait en droit de penser que sa distribution est pour le moins fantaisiste. Pourquoi celui-ci ? Et pas celui-là ? Et c’est vrai que je me suis laissé dire une fois : « Toi tu as de la chance, tu as la foi ! » ! Un coup de chance. Ainsi celui-ci qui reconnait ne pas avoir la foi pourrait se consoler : « Pas de chance, cela ne m’a pas été donné ! » et tirer sa révérence.

Écoutez bien ; c’est le langage courant.

Mais dites ! Est-ce qu’on a la foi, comme on a la forme ?

Comme on a la grippe ? Et que ça s’attrape pareil.

La foi, quelque chose qu’on a ?

- Comme un bon chéquier qu’on a dans sa poche et dont il vaut mieux ne pas l’en sortir !!

- Comme une bonne assurance, et que ça rassure ?

Jésus n’a jamais parlé comme cela. Pour lui, la foi n’est pas, quelque chose qu’on a. On l’a. Un point c’est tout.

Non, c’est quelque chose de vivant. Une semence. Quoi de plus vivant qu’une semence. La vie à sa source. Une bombe de vie. Au départ, presque rien. Comme la graine de sénevé – qu’on jette – la plus petite de toutes les graines, et qui a en elle assez de puissance de vie pour devenir un beau grand arbre accueillant plein de monde. Jésus l’a dit. Si clairement que les disciples n’ont eu qu’un cri « Fais grandir en nous ma foi ! »

Cette foi naissante, risquée, cette foi vive, on la voit à l’œuvre dans les Évangiles, même Jésus s’en émerveille lui-même ! Une force pas possible.

- Elle fouille les profondeurs de l’homme, ses terres secrètes.

- Elle fait éclater le béton, basculer des vies.

- On laisse là barque et filets, ce qu’on a de plus précieux.

- On tient tête aux puissants.

- Plutôt se laisser tuer que taire la Bonne Nouvelle.

- On laisse tout, et on part, léger sur les routes du monde.

- Ou tout simplement, on ne vit plus pareil.

- Oui fais grandir en nous la foi !!

Une semence donc. Semée à profusion, dit Jésus. A profusion. De façon déraisonnable. Partout. Partout on se souvient.

Mais voilà : il y a des terres rebelles : macadam ou béton. Il y a des terres encombrées : ronces, caillasses. Des terres sans profondeur !!

Toute semence est fragile. Fragile, sans défense. Comme la vie à sa source. Sans soins (le temps donné à la rose), elle se dessèche et meurt. Et après, d’un air détaché, on dit : « J’ai perdu la foi » !

Perdue ? Comme un mouchoir ? Comme ses clés ? Pas du tout, on l’a laissée mourir. Comme une plante qu’on néglige ; comme un amour, une amitié, une relation qu’on n’entretient pas à ce point qu’on ne sait même plus si X, Y, Z est «encore de ce monde comme on dit. En tout cas, plus de mon monde. Effacé de mon horizon. Balayé !!

Pareil pour le Christ ressuscité !

Si jamais je n’écoute pas sa parole ; les Écritures auxquelles il nous renvoie sans cesse !

Si jamais je n’écoute ses témoins.

Si jamais je ne me tourne vers lui dans la prière.

Si jamais je me tiens solidaire des autres membres de son Corps. Mon corps aussi, encore.

Si jamais, si jamais.

Eh bien, il n’y pas de secret :,il ne sera bientôt plus rien pour moi, au mieux plus rien qu’une idée vague. Et le cri de Thomas, bientôt plus qu’une formule creuse, vide de sens.

Mais nous le savons bien : la foi, pas plus que l’amour, ce n’est pas magique, automatique. Cela se charpente. Cela se construit. Cela se reconstruit. Cela se défend jour après jour. Cela se nourrit. Labeur de la foi.

Il s’agit moins d’avoir la foi – possession tranquille – que de donner sa foi.

Un lâcher prise qui s’apprend, s’entretient sans cesse. Un basculement de notre vie.

C’est comme une mort, des morts sans cesse déjouées, dépassées.

Mais les textes d’aujourd’hui le disent.

Quand c’est au Christ ressuscité, quand c’est au vivant qu’on donne sa foi.

C’est guérison de la peur,

C’est joie, joie du pardon.

C’est vie : « par la foi, vous avez la vie. Par la foi, la vie.

C’est bonheur : « heureux ceux qui croient

Heureuse toi qui as cru !!

Pour terminer : une question – une prière

Une question : honnêtement

Concrètement, qu’est-ce que je fais pour nourrir ma foi ?

Le temps pour la rose !

Une prière : celle que l’Eglise mettait sur nos lèvres au tout début du carême

« Fais nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin »

Ou tout simplement, celle des premiers disciples de Jésus, à la fois attirer et paniqués par une telle aventure, un tel labeur

« Fais grandir en nous la foi »

Homélie du 30 mars 2013 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

VIGILE PASCALE 31.03.2013

Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans chacune de nos vies, il y a des évènements fondateurs, des jours qui font date et que l’on aime rappeler. Parmi eux, certains sont des évènements dont nous n’avons pourtant pas de souvenirs directs. C’est le cas du jour de notre naissance. Et comment rejoignons-nous ce jour fondateur dont nous ne souvenons pas, sinon par la célébration annuelle de notre anniversaire ? Le jour de notre anniversaire fêté par nos proches nous redit l’importance de notre naissance dont nous n’avons pas nous-mêmes gardé de souvenirs.

N’en va-t-il pas de même pour le jour de notre baptême ?

Ce jour de notre baptême, célébré pour la plupart d’entre nous, alors que nous étions encore bébé, comment le rejoindre ? N’est ce pas de manière privilégiée en cette vigile pascale que nous célébrons maintenant ?

Dans quelques instants en effet, nous renouvellerons les promesses de notre engagement baptismal qui nous a plongés dans la mort du Christ pour nous unir à jamais à sa Vie, faisant de nous des fils de Dieu.

Et cette Vigile Pascale nous permet de rejoindre non seulement notre baptême, mais plus radicalement cet évènement combien fondateur de notre vie chrétienne : la Résurrection du Christ.

Evènement capital qui a changé la vie des disciples de Jésus.

Evènement discret, auquel personne n’a assisté, et que les disciples ont eu bien du mal à reconnaitre.

Quand les femmes sont venues leur rapporter les paroles de l’ange, cela leur a semblé être des propos délirants, nous dit l’évangéliste Luc. Tant, d’un seul coup, cet évènement changeait tous les repères habituels.

Oui en cette nuit de Pâques, c’est cet évènement fondateur que nous voulons rejoindre.

Mais plus profondément, en faisant mémoire de la Résurrection du Christ, c’est la vie du Ressuscité qui nous rejoint et qui est accessible. En effet dans le mémorial de son mystère pascal, le Christ réalise aujourd’hui ce qu’il a accompli hier. Il est là Ressuscité au milieu de nous, bien vivant au cœur notre histoire en forte évolution de ce XXI °s. Il vient transformer en profondeur nos existences.

En Jésus Ressuscité, la possibilité est là que rien ne soit plus comme avant. Il y a un avant et un après.

En faisant mémoire cette nuit de la Résurrection, nous avons accès à la nouveauté radicale qu’elle apporte. Il est bon, de nous en émerveiller, pour mieux la goûter et l’accueillir.

Cette nouveauté, c’est le don absolument gratuit de la Vie divine qui nous est offerte, sans mérite de notre part. Nous n’avons pas demandé à être créé et nous n’avons pas demandé à naitre.

De même pour bon nombre d’entre nous nous n’avons pas demandé à être baptisé, et ni à être recréé dans le Christ Ressuscité. Mais ce soir, nous sommes là, reconnaissants et émerveillés devant le cadeau qui nous a été faits.

Avec les yeux de la foi, nous mesurons que la Vie du Christ nous renouvelle en profondeur et qu’elle ouvre en nous des chemins nouveaux.

Don merveilleux de la Vie divine qui nous permet d’avancer plus confiants dans l’existence.

Don gratuit qui nous donne un autre regard sur ce monde plus grand et plus beau que toutes les blessures qui le défigurent.

Don efficace qui nous engage à agir résolument au service des autres, car l’Amour du Christ nous presse.

Oui la Vie du Ressuscité nous illumine comme les lectures entendues nous l’ont enseignés, elle nous renouvelle dans l’eau de notre baptême. Elle nous nourrit dans le Corps et le Sang du Christ que nous recevrons.

Frères et sœurs, la Vie du Ressuscité coule aux artères du Corps Entier de l’Eglise. Nous ses membres, réjouissons-nous et rendons grâce à Dieu pour une si grande merveille. Son dynamisme de vie veut nous emporter, laissons-nous faire.

N’ayons pas peur de la Vie du Ressuscité.