vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 09 mai 2013 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

ASCENSION DU SEIGNEUR 9 mai 2013

(Ac 1, 1-11; He 9,24-28 - 10,19-23; Le 24, 46-53)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans la première lecture tirée des Actes des Apôtres, l'évangéliste Luc situe

l'Ascension de Jésus dans la continuité d'un repas. Dernier repas durant lequel Jésus donne

l'ordre de ne pas quitter Jérusalem pour y attendre le don de l'Esprit Saint. Ce dernier repas

qui n'est pas sans rappeler un autre repas que l'on a davantage coutume d’appeler « dernier »,

celui de la Cène avant la passion. Si à la Cène, Jésus nous laisse son testament sous le double

signe de l'eucharistie et du service fraternel, ici avant de monter vers son Père, Jésus laisse

une promesse, la promesse du don de l'Esprit Saint.

Oui, cette fête de l'Ascension est à plus d'un titre, la fête de la promesse. Ce mot

revient dans chacune de nos lectures sous une forme ou sous une autre. A l'heure du départ et

de l'absence de Jésus qui retourne vers son Père, il s'agit pour les disciples - et pour nous-

mêmes - de savoir sur quoi, sur qui nous appuyer. Nous pouvons nous appuyer sur une

promesse. Et quelle est-elle cette promesse?

C'est tout d'abord la promesse entendue de la bouche de Jésus lui-même: « Jean a

baptisé avec de l'eau; mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici

quelques jours. » Plusieurs fois dans les évangiles, on nous rapporte cette annonce du don de

l'Esprit faite par Jésus. Jésus ouvre une ère nouvelle, celle d'un renouvellement total des

personnes dans l'Esprit Saint. Là où le baptême de Jean préparait, le baptême dans l'Esprit

accomplit. L'homme n'est plus seulement lavé corporellement, il est renouvelé en son être

intérieur, en son cœur. L'Esprit Saint vient illuminer son regard en le confortant dans la foi en

Jésus mort et ressuscité. Réjouissons-nous ce don qui nous est fait déjà depuis notre baptême,

et qui nous est encore promis. La vie de l'Esprit est notre vie. Nous avons de la chance d'être

croyant!

Promesse encore, quand Jésus parle à deux reprises de ce que Père a promis: «Je vais

envoyer sur vous ce que le Père a promis ». Et où le Père a-t-il parlé? Quand a-t-il promis?

Implicitement, Jésus invite à relire l'Ancien Testament et les annonces prophétiques de ce don

par lequel le peuple d'Israël sera gratifié du don de l'Esprit: «Je mettrai en vous mon esprit

et vous vivrez» dit le Seigneur par le prophète Ezéchiel. « Je répandrai mon esprit sur toute

créature », dit-il par le prophète Joël. La promesse de Dieu n'est pas nouvelle. Elle s'enracine

dans son projet d'amour à l'égard des hommes qui est de toujours. Projet qui a lentement mûri

et pris forme, pour s'accomplir pleinement avec la venue de son Fils dans notre chair. Sachons

de temps en temps relire l'AT pour y reconnaitre ce grand projet de Dieu sur les hommes.

Nous pourrons entrer dans sa vue qui très large.

Promesse enfin, lorsque l'auteur de l'Epitre aux Hébreux affirme: « Continuons sans

fléchir d'affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis». Ici la promesse porte

nos regards plus avant. Elle nous oriente vers « ce sanctuaire du ciel» dans lequel « nous

pouvons entrer grâce au sang de Jésus ». Jésus en montant au ciel « ne s'évade pas de notre

condition humaine», comme nous le chanterons dans la préface. Mais tel un premier de

cordée, lui la Tête du Corps il nous précède, auprès de son Père. Par sa mort offerte par

amour, Il a présenté le vrai sacrifice qui pouvait nous réconcilier avec Dieu, le sacrifice de

l'amour total. Il a détruit le péché et il a ouvert la « voie nouvelle et vivante» qui nous relie,

de manière sûre, désormais à son Père et notre Père. Avec lui, nous pourrons un jour participer

pleinement à la vie divine. Comme nous y invite, l'auteur de l'Epitre aux Hébreux, ne

fléchissons pas dans notre espérance d'être un jour réuni au Christ. Laissons cette espérance

nous apprendre à relativiser nos soucis ou nos préoccupations quotidiennes. Gardons nos yeux

fixés sur le Christ et sur nos frères pour mieux les servir.

Frères et sœurs, en cette eucharistie de l'Ascension fête de la promesse, nous célébrons

la promesse de Dieu, déjà réalisée par le don de l'Esprit et de la vie éternelle, reçu dans le

Corps et le Sang du Christ. Promesse que nous attendons avec foi dans l'attente de la venue

du Christ. (2013-05-09)

Homélie du 28 avril 2013 — 5e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

5e dimanche après Pâques année C 28 avril 2013

Actes 14, 21b-27 Apocalypse 21,1-5 Jean 13, 31-35

Homélie du F.Ghislain Lafont

Texte :

Les trois textes que nous venons d’entendre mentionnent tous les trois la vie éternelle.

Saint Paul dit aux convertis d’Iconium et d’Antioche, qu’il se prépare à quitter : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ». Dans l’évangile, Jésus parle à des disciples de la gloire. Etrangement, juste après que Judas ait quitté la salle du cénacle, il dit : « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, il lui donnera sa propre gloire et la lui donnera bientôt ». La lecture de l’Apocalypse, entendue entre les deux autres, nous décrit ce Royaume de Dieu, cette Gloire qui a été donnée au Christ. Elle nous parle d’une demeure céleste, dont les habitants seront Dieu et les hommes, qui demeureront ensemble. Le texte la décrit d’abord négativement : les larmes seront essuyées, il n’y aura plus de mort ni de pleurs, ni de cris, ni de tristesse, et positivement : Dieu lui-même sera avec eux et la communauté des hommes sera transfigurée comme une jeune fille en habit de mariée.

La rencontre de ces textes peut être l’occasion de penser, nous aussi, au Royaume, à la Gloire, ou, pour prendre un mot plus habituel : au ciel. Dans sa Règle, saint Benoît invite à « désirer la vie éternelle de toute l’intensité de notre concupiscence spirituelle ». Le mot de concupiscence ne s’applique pas en général à la vie éternelle, mais à d’autres désirs, parfois très forts, mais dont les objets ne sont pas toujours très nobles. Saint Benoît l’emploie sans doute exprès pour dire la force du mouvement qui devrait nous pousser vers la vie éternelle.

Pour décrire cette vie éternelle, saint Augustin use de trois mots quelque part de trois mots qui sonnent ben ensemble : videbimus, vacabimus, amabimus. Nous verrons, nous nous reposerons, nous aimerons.

Nous verrons. La vie éternelle, dit saint Jean, c’est de « te connaître, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». En ce moment, nous connaissons, mais comme à travers un voile qui, à la fois, cache et révèle. Dans la vie éternelle, nous connaîtrons comme nous sommes connus : une sorte de transparence respectueuse, un échange admiratif, une familiarité douce avec le grand Mystère de Dieu et des hommes. Voilà la lumière inépuisable qui nous attend.

Nous nous reposerons. La lettre aux Hébreux nous exhorte à la fidélité sur cette terre, afin que nous puissions, dit-elle en citant le ps. 109, « entrer dans le repos de Dieu ». Plus d’agitation, plus d’inquiétude, même plus d’efforts légitimes pour en arriver à nos fins… Mais le calme, la douceur, l’abandon, toutes ces choses que nous aimons lorsque, pour un instant fugitif, elles nous sont données, Dieu nous en montrera la vérité et nous y entrerons.

Nous aimerons : ce repos et cette lumière, cette admiration, nous ne pourrons pas les garder pour nous-mêmes, nous ne serions pas vraiment heureux si d’autres, tous les autres n’en profitaient pas eux aussi, autant que nous et même plus que nous. Un bien reçu ne peut être éprouvé dans sa vérité s’il ne l’est pas par tous. Paradoxalement, on ne peut le posséder vraiment qu’en le partageant avec les autres, en le donnant aussitôt qu’on l’a reçu, en le recevant dès qu’on ne l’a plus. Cet admirable échange n’est pas une nécessité, c’est chez nous un désir profond que nous le vivrons éternellement. Saint Augustin, parlant de sa jeunesse, a cette parole si vraie : « j’aimais aimer ». Nous aussi nous aimons aimer et êtres aimés, dès maintenant nous essayons d’y parvenir : l’effort réussira, sans fin ni mesure.

Tel est le message de la vie éternelle. Mais il y a encore autre chose à méditer : si nous pouvons l’entendre, ce message, c’est que, en nous, la vie éternelle est maintenant présente. Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous, nous dit saint Luc. La connaissance, le repos, l’amour sont des réalités dont nous avons, dont nous pouvons du moins avoir l’expérience. Sur cette terre, la vie éternelle a un nom : c’est la vie intérieure, ce contact que nous pouvons entretenir en profondeur avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Nous pouvons, de temps à autre, et même souvent, nous retirer des faux-semblants qui nous tiennent lieu de savoir, et prendre quelque distance par rapport aux inévitables mais troublantes rumeurs de ce monde. Nous pouvons aussi redécouvrir l’amour au-delà de nos égoïsmes et vérifier à quel point le commandement du Seigneur renouvelé dans l’évangile d’aujourd’hui, est vrai et bienfaisant. Laissons-nous donc toucher par cet appel à rentrer à l’intérieur de nous-mêmes, là où vit en nous le Dieu qui nous crée, le Fils qui est l’un des nôtres et nous a tout donné, l’Esprit qui anime tout en Dieu et dans la création. Laissons, ne fût-ce que pour quelques minutes, dominer en nous la connaissance, le repos, l’amour. Alors, sans paroles mais avec un désir qui croît sans cesse, nous découvrons la vie éternelle.

Homélie du 21 avril 2013 — 4e dim. de Pâques — Frère Vincent
Cycle : Année C
Info :

4ème Dimanche de Pâques année C

21/04/2013

Homélie du F. Vincent Lescanne

Texte :

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se présente aux siens comme le Bon Berger. C’est une image à laquelle on est peut-être moins habitués aujourd'hui, mais au temps de Jésus l’image parlait à ses auditeurs, dans une civilisation où l’élevage avait une place importante. On sait quand même que le rôle du pasteur, du berger est de rassembler son troupeau, de le conduire sur les bons chemins et de lui procurer eau vive et nourriture. Cette image du berger, du pasteur nous la retrouvons tout au long de la Bible. Dans l’Ancien Testament Dieu est souvent appelé le berger de son peuple.

Tout au long de l'histoire du peuple d'Israël, aussi, Dieu fait appel à des bergers : Abraham, Moïse, mais aussi un bon nombre des prophètes. Et nous n'oublions pas que la nuit de Noël, la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur a d'abord été annoncée à des bergers.

Jésus, le « bon berger » connaît chacune de ses brebis, en nous rappelant que dans la Bible, le verbe connaître n'a pas le même sens qu'aujourd'hui. Quand nous disons que nous connaissons quelqu'un cela signifie : « Je vois qui c'est. » Dans la bible, connaître quelqu'un, c'est l'aimer personnellement et entièrement. A la question piège des juifs (que malheureusement l’évangile lu aujourd’hui a sauté), « dis-nous ouvertement si tu es le Messie », Jésus répond donc par l’image messianique qu’il leur a déjà donnée. Ici il ne parle que des brebis qui écoutent sa voix. L’insistance de Jésus est manifestement sur la relation : le berger est le véritable berger lorsqu’il connait ses brebis, qu’il les aime, qu’il les appelle par leur nom ; et les brebis connaissent le vrai berger à sa voix, qui leur dit son amour pour elles. A l’inverse, le mercenaire n’a pas de relation personnelle, il ne travaille que pour le salaire.

Si les brebis reconnaissent leur vrai pasteur à sa voix, c’est non seulement à cause de sa parole, mais aussi à cause des œuvres qu’il fait pour elles, ces œuvres qui leur donnent la vie. Œuvres d’amour pour son Père, dont la plus haute sera le don qu’il fait de sa propre vie, la libre acceptation qu’on la lui prenne pour le salut de ses brebis. D’ailleurs si ses brebis viennent à lui, c’est parce qu’elles pressentent qu’il vient du Père : c’est le Père qui les mène à lui, comme lui les conduit au Père. Quand Jésus se dit le « bon berger », qui donne la vie éternelle, il rappelle que les brebis lui sont données par le Père, et révèle son lien particulier avec celui-ci : le Père et moi nous sommes un, nous dit Jésus ce matin.

Le Christ nous connait personnellement. Il nous aime sans conditions, tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, nos limites et nos péchés. Pour Lui, nous sommes son bien le plus précieux, même celui qui est exclu, même celui dont nous disons à tort qu’il est irrécupérable. Jésus est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus. Il ne cesse de rejoindre les uns et les autres pour les sortir de leur misère, de leur situation de péché.

Quand nous lisons les évangiles nous voyons tout ce que Jésus a fait pour libérer les hommes de ce poids qui les accable. Il ne cesse de les entourer de sa tendresse et de son pardon.

L’évangile nous dit que les brebis écoutent la voix de leur maître. Elles l’écoutent car elles se sentent aimées et protégées par lui. Le Christ, bon berger, n’utilise pas la contrainte, c’est sa voix qui se fait entendre dans l’intimité de notre cœur. C’est son regard plein d’amour qui touche chacun de nous au plus profond de lui-même. Si nous décidons de le suivre, ce n’est pas sous la contrainte mais pour répondre à un amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous.

Accueillons ce matin ce que nous dit Jésus de son amour pour son Père, de son amour pour nous.

21-04-2013

Homélie du 14 avril 2013 — 3e dim. de Pâques — Frère Servan
Cycle : Année C
Info :

3e Dimanche de Pâques - 14 avril 2013

(Jean 21)

Homélie du F. Servan Simonin

Texte :

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade (ou de

Galilée) ... C'est le ch 21 de l'Evangile selon Jean ... ajouté comme un Post Scriptum (mais dans une lettre il arrive qu’un PS soit important et riche : c’est le cas ici.. dans ce récit très animé.

" Simon Pierre dit à ses compagnons (six autres disciples de Jésus) :

« Je m'en vais à la pêche ... nous allons avec toi ... ils montèrent dans la barque. Or, ils

passèrent la nuit sans rien prendre. "

Un peu beaucoup perdus, déboussolés, vire découragés comme les deux pèlerins

d'Emmaüs, il semblerait qu'ils retournent à la case départ, à leur métier d'hommes, de

pécheurs sur le lac poissonneux.. .là même où Jésus les avait appelés et séduit en leur

disant :" Je vous ferais pêcheurs d'hommes !" ... Mais ils passèrent la nuit sans rien

prendre.

Dans un métier d'homme, dans une vie humaine, à travers les âges de la vie,

depuis l'école (bonnes vacances!) jusqu'aux cheveux blancs (temps du lâcher prise, de

la faiblesse (" quand tu seras vieux ... c'est un autre qui te mettra ta ceinture ... " ) mais

aussi de la sagesse et de l'intériorité, en passant par l'âge adulte, le temps du travail

responsable .. .il y a du courage (lié à l'élan vital) mais au risque du découragement

" Ils passèrent la nuit sans rien prendre " ... à combattre par l'encouragement,

l'entraide des compagnons) le conseil, l'émulation (" alors le disciple que Jésus aimait

dit à Pierre:" c'est le Seigneur !")

Nous savons d'expérience que notre foi chrétienne au Christ de pâques, à ses

paroles et au don de l'Esprit renouvellent et encouragent notre vie humaine ( en

particulier dans le rassemblement du dimanche, le Jour du Seigneur) mais nous savons

aussi que cette foi (croire ,aimer, espérer, mais sans voir encore et sans tenir ... ) peut

connaître découragement et fatigue (les peuples et les églises de la vieille Europe sont

fatigués, disait Benoit 16 (lui-même fatigué) ... mais il y a peut-être de beaux restes?

" et ils passèrent la nuit sans rien prendre " ...

La barque de Pierre et Cie a toujours, été vue comme une image de l'Eglise au

travail de la mission et du témoignage, de génération en génération, parmi tous les

peuples du monde, depuis les premiers jours de l'Eglise du Christ:" quant à nous,

nous sommes les témoins de tout cela" (avons-nous entendu dans la première lecture),

au risque de la persécution, du rejet de l'indifférence ... mais avec parfois la bonne

surprise des 153 poissons dans le filet!

/- __

Mais voici que dans la brume matinale montant du lac, un inconnu se tient là

sur le rivage.. .inconnu ... mais les choses vont se précipiter vers la manifestation, la

reconnaissance ... jusqu'au moment si intense du repas partagé ... sur la braise, au bord

du lac, le pain et les poissons ... où se devine notre repas de l'Eucharistie :" Jésus

s'approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson "

Nous revivons cela dans nos rassemblements du dimanche ! Où on nous redit

souvent:" Le Seigneur soit avec vous .. .il est là présent, inconnu, reconnu, révélé et

caché ... " Il est là présent dans le sacrifice de la messe, dans la personne du ministre,

au prêtre qui agit en son nom et au plus haut degré sous les espèces eucharistiques

.dans le signe du pain et du vin Il est là, présent, dans sa parole, car c'est lui qui parle

tandis qu'on lit les saintes Ecritures, en particulier l'Evangile ( où l'on répète :" Gloire

à toi, Seigneur! ") Il est là lorsque l'assemblée prie et chante: "là où 2 ou 3 sont

rassemblés en mon nom je suis là au milieu d'eux". (Concile Vatican 2)

Suivra le dialogue si fort entre Jésus et Pierre le pêcheur (au double sens du

mot) qui, après le triple reniement, se voit confier par 3 fois la charge pastorale, non

pas exclusive mais principale, avec une attention spéciale pour les plus petits, les plus

faibles .. .les agneaux! Vous aurez reconnu là un leitmotiv du pape François, nouvel

évêque de Rome ... et spontanément, en ce dimanche, nous prierons pour lui et pour sa

charge de rassembler dans l'unité (Pierre et le disciple que Jésus aimait et les autres

compagnons) et d'orienter et animer la mission ... sans oublier le geste qui nous a

frappés lors de son élection: avant de bénir les fidèles, il leur a demandé de le bénir

d'abord en silence ... C'est nous rappeler que notre pape, l'évêque de Rome n'est pas

seul et unique ... mais au travail avec des compagnons et collaborateurs? et avec nous

tous, avec chacun et chacune de nous qui entend ces paroles : " Suis-moi" et qui répond

en son cœur, en sa vie:" Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime "

" Garde à ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse »

c'était l'oraison de ce dimanche. Amen

Homélie du 08 avril 2013 — Annonciation — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Annonciation 8 avril 2013

Is 7 10-14; Heb 10 4-10; Lc 26-38

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Hier dimanche frère Jean-Noël achevait son homélie centrée sur le thème de la foi, avec cette phrase : Heureuse celle qui a cru à la parole du Seigneur . Il faisait ainsi une belle ouverture sur la fête d’aujourd’hui, où Marie consent à l’œuvre de Dieu dans sa vie.

Effectivement entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, nous avons en quelque sorte comme les deux extrêmes d’un même chemin : l’irruption de Dieu dans la vie des hommes en la personne de Jésus.

Aujourd’hui on entend l’ange dire à Marie : Celui qui va naitre sera saint, il sera appelé Fils de Dieu . Hier l’évangéliste Jean nous disait qu’il avait mis par écrit dans son livre tous les signes de Jésus pour que nous croyions qu’il est le Messie, le Fils de Dieu.

A l’annonciation, Marie accueille le Verbe de Dieu en son sein, l’Eternel se blottit dans le temps, le Fils de Dieu vient habiter parmi les hommes. Avec sa résurrection, l’homme Jésus avec toute son humanité est glorifié auprès de Dieu, son Père. Lui l’homme blessé, mort est ressuscité. Et nous confessions qu’il est avec toute son humanité le Fils de Dieu.

Marie a dû consentir à faire confiance à cette irruption de Dieu, à ce bouleversement de ses images du Messie et de Dieu. Elle a cru et elle a accepté d’avancer pas à pas pour accompagner ce Fils de Dieu à elle confié.

Et nous, en ce temps pascal, à la suite des premiers témoins de la Résurrection nous sommes invités à croire que cet homme Jésus, humilié et maltraité, partage désormais la gloire de Dieu son Père. Jean nous dit qu’ainsi nous aurons la vie en son nom.

Notre foi ouvre notre intelligence et notre cœur pour nous engager sur un chemin de Vie ; dans l’assurance de la présence de Jésus à nos côtés et à nos devants. Il nous précède auprès de son Père.

(2013-04-08)

Homélie du 07 avril 2013 — Dimanche de la Miséricorde — Frère Jean-Noël
Cycle : Année C
Info :

- 2° dimanche de Pâques 7 avril 2013 –

Ac 5 12-16 ; Ap 1 9-19 ; Jn 20 19-31

Homélie de frère Jean-Noël Bouloy

Texte :

Thomas. La foi laborieuse. Pas plus que les autres évangélistes. Lui n’a pas essayé de nous faire croire que le soir de Pâque, les disciples, comme au soir du Mondial sont descendus dans la rue : « On-a-ga-gné- On-a-ga-gné ! Aussi le témoignage de leur foi laborieuse est un beau cadeau pour nous autres, croyants de petite foi. Croyants laborieux.

La foi laborieuse de Thomas. Notre foi à nous. Cette année de la foi. Essayons d’en dire quelque chose pour y voir plus clair, aider ce labeur.

La foi. On l’a, ou on ne l’a pas comme on dit souvent. Et à entendre certains récits spectaculaires de conversion, ça vous tombe dessus, ça vous prend d’un coup et on est pris. Et pour se l’expliquer on dit : La foi, c’est donné. C’est Dieu qui la donne ». Mais à voir ce qui se passe, on serait en droit de penser que sa distribution est pour le moins fantaisiste. Pourquoi celui-ci ? Et pas celui-là ? Et c’est vrai que je me suis laissé dire une fois : « Toi tu as de la chance, tu as la foi ! » ! Un coup de chance. Ainsi celui-ci qui reconnait ne pas avoir la foi pourrait se consoler : « Pas de chance, cela ne m’a pas été donné ! » et tirer sa révérence.

Écoutez bien ; c’est le langage courant.

Mais dites ! Est-ce qu’on a la foi, comme on a la forme ?

Comme on a la grippe ? Et que ça s’attrape pareil.

La foi, quelque chose qu’on a ?

- Comme un bon chéquier qu’on a dans sa poche et dont il vaut mieux ne pas l’en sortir !!

- Comme une bonne assurance, et que ça rassure ?

Jésus n’a jamais parlé comme cela. Pour lui, la foi n’est pas, quelque chose qu’on a. On l’a. Un point c’est tout.

Non, c’est quelque chose de vivant. Une semence. Quoi de plus vivant qu’une semence. La vie à sa source. Une bombe de vie. Au départ, presque rien. Comme la graine de sénevé – qu’on jette – la plus petite de toutes les graines, et qui a en elle assez de puissance de vie pour devenir un beau grand arbre accueillant plein de monde. Jésus l’a dit. Si clairement que les disciples n’ont eu qu’un cri « Fais grandir en nous ma foi ! »

Cette foi naissante, risquée, cette foi vive, on la voit à l’œuvre dans les Évangiles, même Jésus s’en émerveille lui-même ! Une force pas possible.

- Elle fouille les profondeurs de l’homme, ses terres secrètes.

- Elle fait éclater le béton, basculer des vies.

- On laisse là barque et filets, ce qu’on a de plus précieux.

- On tient tête aux puissants.

- Plutôt se laisser tuer que taire la Bonne Nouvelle.

- On laisse tout, et on part, léger sur les routes du monde.

- Ou tout simplement, on ne vit plus pareil.

- Oui fais grandir en nous la foi !!

Une semence donc. Semée à profusion, dit Jésus. A profusion. De façon déraisonnable. Partout. Partout on se souvient.

Mais voilà : il y a des terres rebelles : macadam ou béton. Il y a des terres encombrées : ronces, caillasses. Des terres sans profondeur !!

Toute semence est fragile. Fragile, sans défense. Comme la vie à sa source. Sans soins (le temps donné à la rose), elle se dessèche et meurt. Et après, d’un air détaché, on dit : « J’ai perdu la foi » !

Perdue ? Comme un mouchoir ? Comme ses clés ? Pas du tout, on l’a laissée mourir. Comme une plante qu’on néglige ; comme un amour, une amitié, une relation qu’on n’entretient pas à ce point qu’on ne sait même plus si X, Y, Z est «encore de ce monde comme on dit. En tout cas, plus de mon monde. Effacé de mon horizon. Balayé !!

Pareil pour le Christ ressuscité !

Si jamais je n’écoute pas sa parole ; les Écritures auxquelles il nous renvoie sans cesse !

Si jamais je n’écoute ses témoins.

Si jamais je ne me tourne vers lui dans la prière.

Si jamais je me tiens solidaire des autres membres de son Corps. Mon corps aussi, encore.

Si jamais, si jamais.

Eh bien, il n’y pas de secret :,il ne sera bientôt plus rien pour moi, au mieux plus rien qu’une idée vague. Et le cri de Thomas, bientôt plus qu’une formule creuse, vide de sens.

Mais nous le savons bien : la foi, pas plus que l’amour, ce n’est pas magique, automatique. Cela se charpente. Cela se construit. Cela se reconstruit. Cela se défend jour après jour. Cela se nourrit. Labeur de la foi.

Il s’agit moins d’avoir la foi – possession tranquille – que de donner sa foi.

Un lâcher prise qui s’apprend, s’entretient sans cesse. Un basculement de notre vie.

C’est comme une mort, des morts sans cesse déjouées, dépassées.

Mais les textes d’aujourd’hui le disent.

Quand c’est au Christ ressuscité, quand c’est au vivant qu’on donne sa foi.

C’est guérison de la peur,

C’est joie, joie du pardon.

C’est vie : « par la foi, vous avez la vie. Par la foi, la vie.

C’est bonheur : « heureux ceux qui croient

Heureuse toi qui as cru !!

Pour terminer : une question – une prière

Une question : honnêtement

Concrètement, qu’est-ce que je fais pour nourrir ma foi ?

Le temps pour la rose !

Une prière : celle que l’Eglise mettait sur nos lèvres au tout début du carême

« Fais nous trouver dans ta parole les vivres dont notre foi a besoin »

Ou tout simplement, celle des premiers disciples de Jésus, à la fois attirer et paniqués par une telle aventure, un tel labeur

« Fais grandir en nous la foi »

Homélie du 30 mars 2013 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

VIGILE PASCALE 31.03.2013

Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans chacune de nos vies, il y a des évènements fondateurs, des jours qui font date et que l’on aime rappeler. Parmi eux, certains sont des évènements dont nous n’avons pourtant pas de souvenirs directs. C’est le cas du jour de notre naissance. Et comment rejoignons-nous ce jour fondateur dont nous ne souvenons pas, sinon par la célébration annuelle de notre anniversaire ? Le jour de notre anniversaire fêté par nos proches nous redit l’importance de notre naissance dont nous n’avons pas nous-mêmes gardé de souvenirs.

N’en va-t-il pas de même pour le jour de notre baptême ?

Ce jour de notre baptême, célébré pour la plupart d’entre nous, alors que nous étions encore bébé, comment le rejoindre ? N’est ce pas de manière privilégiée en cette vigile pascale que nous célébrons maintenant ?

Dans quelques instants en effet, nous renouvellerons les promesses de notre engagement baptismal qui nous a plongés dans la mort du Christ pour nous unir à jamais à sa Vie, faisant de nous des fils de Dieu.

Et cette Vigile Pascale nous permet de rejoindre non seulement notre baptême, mais plus radicalement cet évènement combien fondateur de notre vie chrétienne : la Résurrection du Christ.

Evènement capital qui a changé la vie des disciples de Jésus.

Evènement discret, auquel personne n’a assisté, et que les disciples ont eu bien du mal à reconnaitre.

Quand les femmes sont venues leur rapporter les paroles de l’ange, cela leur a semblé être des propos délirants, nous dit l’évangéliste Luc. Tant, d’un seul coup, cet évènement changeait tous les repères habituels.

Oui en cette nuit de Pâques, c’est cet évènement fondateur que nous voulons rejoindre.

Mais plus profondément, en faisant mémoire de la Résurrection du Christ, c’est la vie du Ressuscité qui nous rejoint et qui est accessible. En effet dans le mémorial de son mystère pascal, le Christ réalise aujourd’hui ce qu’il a accompli hier. Il est là Ressuscité au milieu de nous, bien vivant au cœur notre histoire en forte évolution de ce XXI °s. Il vient transformer en profondeur nos existences.

En Jésus Ressuscité, la possibilité est là que rien ne soit plus comme avant. Il y a un avant et un après.

En faisant mémoire cette nuit de la Résurrection, nous avons accès à la nouveauté radicale qu’elle apporte. Il est bon, de nous en émerveiller, pour mieux la goûter et l’accueillir.

Cette nouveauté, c’est le don absolument gratuit de la Vie divine qui nous est offerte, sans mérite de notre part. Nous n’avons pas demandé à être créé et nous n’avons pas demandé à naitre.

De même pour bon nombre d’entre nous nous n’avons pas demandé à être baptisé, et ni à être recréé dans le Christ Ressuscité. Mais ce soir, nous sommes là, reconnaissants et émerveillés devant le cadeau qui nous a été faits.

Avec les yeux de la foi, nous mesurons que la Vie du Christ nous renouvelle en profondeur et qu’elle ouvre en nous des chemins nouveaux.

Don merveilleux de la Vie divine qui nous permet d’avancer plus confiants dans l’existence.

Don gratuit qui nous donne un autre regard sur ce monde plus grand et plus beau que toutes les blessures qui le défigurent.

Don efficace qui nous engage à agir résolument au service des autres, car l’Amour du Christ nous presse.

Oui la Vie du Ressuscité nous illumine comme les lectures entendues nous l’ont enseignés, elle nous renouvelle dans l’eau de notre baptême. Elle nous nourrit dans le Corps et le Sang du Christ que nous recevrons.

Frères et sœurs, la Vie du Ressuscité coule aux artères du Corps Entier de l’Eglise. Nous ses membres, réjouissons-nous et rendons grâce à Dieu pour une si grande merveille. Son dynamisme de vie veut nous emporter, laissons-nous faire.

N’ayons pas peur de la Vie du Ressuscité.

Homélie du 29 mars 2013 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

VENDREDI SAINT année C 29.03.2013

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9 ; Jn 18,1 - 19,42

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Tous, nous avons été marqués par la première homélie du pape François, au lendemain de son élection, devant les cardinaux à la chapelle Sixtine. Je voudrais en relever une phrase qui trouve une forte résonnance en ce jour : Quand nous marchons sans la croix, quand nous édifions sans la croix et quand nous confessons un Christ sans croix, nous ne sommes pas des disciples du Seigneur : nous sommes des personnes du monde, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas des disciples du Seigneur .

Le pape François nous rappelle que la croix est au cœur de notre vie chrétienne, ou alors cette vie n’est plus chrétienne.

Comme nous le signifie la place de cette célébration au cœur du Triduum, la Croix du Christ est le pivot de notre foi chrétienne : toute la vie terrestre de Jésus converge vers sa mort offerte sur la croix, qui devient passage vers sa vie de ressuscité. Autour de le Croix du Christ inséparable de sa Résurrection, tout s’articule, tout s’oriente et tout reçoit force.

Notre marche à la suite du Christ Crucifié nous apprend à transformer librement, sans les éviter, les épreuves et les souffrances, en offrande et en passage vers la vie.

Ainsi avons-nous prié au début de cette célébration : Nous voulons suivre le Christ qui marche librement vers sa mort, soutiens-nous comme tu l’as soutenu .

Notre vie en Eglise, dans la lumière de la Croix, nous entraine à faire une place à tout homme pour qui le Christ est mort.

Désormais, édifier l’Eglise de Jésus Messie Crucifié nous arrache à tout sectarisme et à tout repli sur nous-mêmes. La grande prière que nous allons vivre dans quelques instants, nous rappellera fortement que tout homme a une place dans le cœur de Dieu. Aussi sommes-nous appelés à n’exclure personne de notre prière et de notre charité.

Enfin notre confession du Christ sera toujours celle du Christ Glorifié.

Nous n’annonçons pas un sage, ni un homme qui a fait de grandes choses, nous confessons Jésus crucifié et ressuscité, vainqueur de la mort sur le bois d’infamie qui porte le salut du monde.

Quand nous allons vénérer la croix, nous exprimerons notre foi en cette victoire du Christ, dans la joyeuse reconnaissance de sa présence vivifiante au cœur de nos existences encore aux prises avec le mal et la souffrance.

Sa croix illumine et fortifie nos vies.

(2013-03-29 )

Homélie du 28 mars 2013 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

JEUDI SAINT année C 28.03.2013

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et Sœurs,

Quand nous écoutons la Parole de Dieu dans la liturgie ou dans la lectio divina, des mots très banals peuvent recevoir tout d’un coup un relief particulier par les associations de sens que les textes nous permettent de faire.

C’est le cas ce soir pour un verbe très commun, le verbe prendre que l’on peut utiliser comme un fil conducteur, Il est présent dans chacune des lectures : dans la première lecture, que l’on prenne un agneau par famille , on prendra du sang que l’on mettra sur les deux montants des maisons… , dans la deuxième lecture, la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain et enfin dans l’évangile, Jésus…quitte son vêtement et prend un linge qu’il se noue à la ceinture .

D’un côté, on a les recommandations faites au peuple d’Israël pour accomplir le rite pascal qui consiste à prendre et à immoler un agneau, puis à prendre de son sang pour le mettre bien en évidence sur les montants des portes. Ainsi le Seigneur passera, et grâce au sang, les habitants de la maison seront protégés du fléau réservé aux Egyptiens. De l’autre côté, nous voyons Jésus prendre le pain, comme il prend sa vie en main , selon le mot de Jean Noël Besançon, pour se donner à ses disciples en nourriture. Nous le regardons encore prendre le linge de serviteur afin de prendre soin des pieds de ses disciples, en signe de son abaissement, source de toute purification.

En ce soir où nous faisons mémoire de la dernière Cène, tous les gestes de Jésus sont lourds de sens. Lui à qui le Père a tout remis entre ses mains ne retient rien. Ses mains prennent pour mieux nous donner. Elles prennent pour mieux nous servir.

Plus encore Celui à qui tout a été remis entre les mains, accepte d’être lui-même pris, comme l’Agneau pascal pour être immolé. Il ne subit pas le fait d’être ainsi traité. Il y consent profondément. Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne dit encore Jésus.

Quand il donne le pain, il nous dit prenez et mangez, ceci est mon corps . Celui qui a tout en main se laisse prendre. Il nous remet sa vie pour qu’elle devienne nôtre. Il prend l’habit du serviteur pour nous revêtir de sa condition divine.

En regardant Jésus agir ainsi, la question nous est renvoyée simultanément. Et nous, comment prenons-nous ? Que prenons-nous ? Comment prenons-nous ce pain de vie qui nous est offert à chaque eucharistie ? Le prenons-nous comme un dû ? Comme quelque chose auquel nous avons droit de toute évidence ? Ou bien le prenons-nous émerveillés et reconnaissants devant ce don immense qui nous est fait ? Le prenons-nous comme ce cadeau de vie qui nous permet de prendre en main notre vie afin de la donner à notre tour…?

Et que prenons-nous ? Sommes-nous soucieux de prendre la première place ? Sommes-nous inquiets de la reconnaissance qui nous est due ? Ou bien sommes-nous prêts à prendre l’habit du serviteur, afin de prendre soin de nos frères et sœurs en humanité ?

Cette liturgie du Jeudi Saint fait plus que nous montrer l’exemple de service laissé par Jésus à ses disciples. Elle vient sceller dans le sang versé de Jésus Serviteur, la communion entre tous ses disciples.

Cette communion est tout autant une grâce qu’un appel. Grâce d’être unis dans la foi et l’amour, alors que nous sommes si différents. Et appel à nourrir et à faire grandir cette communion dans le service mutuel, comme le rappelle si bien cette année Diaconia vécue en Eglise.

Dans une communauté religieuse comme la nôtre, mais je pense aussi dans toute communauté humaine depuis la famille jusqu’à la nation, nous mesurons combien la vie serait impossible si manquait le service mutuel, où tour à tour l’on est servi et où l’on sert les autres.

Sans prétention, sans fausse manie, ni exagération, tenons-nous devant nos frères comme des serviteurs disponibles et à l’écoute. Laissons-nous servir par nos frères, et mettons-nous à leur service, avec humilité, fidélité, et joie.

Sur le chemin de Pâques, ce soir, rendons grâce d’être unis par le sang de Jésus qui fait de nous les serviteurs les uns des autres.

(2013-03-28)

Homélie du 10 mars 2013 — 4e dim. du Carême — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

Année C - 4° Dimanche de Carême - 21 mars 2004

Jos 5 10-12; 2 Co 5 17-21; Lc 15 1-3,11-32

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Il est peu de pages d’Evangile qui aient donné lieu à autant de commentaires, d’interprétations ou d’illustrations, que cette parabole dite de « l’enfant prodigue ». Nous pensons spontanément au tableau de Rembrandt au musée de l’Ermitage de St Petersbourg, où le peintre a su, avec une grande liberté vis-à-vis de la lettre du texte, rendre en image les sentiments profonds des personnages, dans des attitudes qui parlent au cœur mieux que des discours. Et nous avons aussi sous nos yeux derrière l’autel, la belle Croix de F. Yves qui accompagne nos liturgies de Carême, et qui reprend sa fresque du couloir de l’hôtellerie.

« Un homme avait deux fils… » Pendant longtemps, on a focalisé l’attention sur le cadet, et cela pouvait se comprendre par la longueur des versets qui lui sont attachés. Mais la plupart des commentaires aujourd’hui invitent à considérer la parabole comme un ensemble très construit, où les 3 personnages principaux ont leur importance propre, apportant un sens particulier pour l’auditeur. Cet auditeur, c’est-à-dire chacun de nous, peut ainsi et doit même s’identifier tour à tour au cadet, à l’aîné, et enfin et surtout au Père miséricordieux. L’important alors est de porter attention au jeu des relations (ou des non-relations) mutuelles entre les 3, à l’intensité des émotions et des souffrances de chacun, et à l’appel à la joie pour tous, en finale.

Car il y a de la souffrance dans ce texte. La famille ainsi décrite n’est nullement une famille parfaite. Il n’y a pas à idéaliser ce Père, en l’assimilant trop vite à Dieu : d’ailleurs Dieu n’est jamais désigné et on ne trouve pas les mots d’amour ni même de pardon. Pourtant ce texte nous parle mieux que tout autre de l’amour de Dieu miséricordieux du commandement de l’amour du prochain, et de la nécessité de pardonner. On a pu dire de cette parabole qu’elle était « un évangile dans l’Evangile ». D’autres l’ont appelée « l ‘évangile des exclus », car les thèmes de l’exclusion et de l’insertion (ou de réinsertion) dans la maison du Père sont au cœur de l’histoire.

La souffrance est sous-jacente et implicite. Pourquoi le cadet quitte-t-il la maison et pourquoi son père lui remet-il sa part d’héritage, sans un mot ? Il semble y avoir dès le départ un problème de communication entre les deux hommes. Pourquoi l’absence de femme dans cette famille : où est la mère, l’épouse, où sont les sœurs ? St Luc pourtant est l’évangéliste qui les mentionnent le plus souvent. La parabole précédente mettait en avant la joie d’ une femme ayant perdu et retrouvée une pièce de monnaie.

Pourquoi l’exil du cadet se passe-t-il si mal : malchance de la famine, rejet, misère sur une terre étrangère : rien ne dit que ce soit à cause de sa faute, comme voudra le faire croire l’ainé en reprochant à son frère d’avoir dilapidé son bien ? Et enfin, pourquoi cette jalousie et cette colère plus fortes que tout dans le cœur du fils ainé ?

Le père aussi semble souffrir de la difficulté d’établir une relation juste avec ses enfants. Il reconnaît avoir fait son deuil du plus jeune et il est le premier surpris par son retour. « Il était mort, et voici qu’il est revenu à la vie ».

Ces souffrances décrivent la condition humaine avec réalisme : elles sont notre lot quotidien. Mais l’Evangile invite à aller plus loin que la souffrance et la mort. Il fait signe vers la vie qui peut toujours renaître après l’échec, le deuil et le désespoir. Il apporte une promesse de joie toujours possible, pour qui accepte de ne pas en rester là. Et quand tout semble perdu, il annonce la résurrection des relations détruites.

Cette résurrection prend naissance au plus profond des entrailles de l’être. C’est en ce lieu que le Père est touché par la miséricorde. Il ne voit pas son fils cadet revenir comme un fautif ou un fugueur repentant. Non, il est tellement saisi de compassion et d’émotion qu’il ne le laisse même pas achever sa confession. Il ne prend même pas le temps de lui adresser la parole, mais il ordonne avec empressement aux gens de sa maison de le réintégrer au plus vite. Aucun reproche donc, aucune pénitence : l’urgence est de faire place à la fête, à la joie.

C’est cette joie imprenable et plus forte que tout qui occupe toute la fin de la parabole. Une joie bruyante et qui s’entend à l’extérieur de la maison. Une joie à laquelle va résister le fils aîné, replié sur lui-même et enfermé lui aussi dans une mauvaise relation à son père, tout comme dans un rejet de son frère.

Une nouvelle fois le père est profondément touché par l’attitude, fermée à l’amour, de son aîné. Il va sortir de sa maison, quitter la fête pour un moment afin de supplier son fils d’entrer et de partager la joie familiale. Nous le savons : l’Evangile reste ouvert : on ne connaîtra pas la réponse du fils aîné et s’il entrera ou non. On ne peut que l’espérer, tout comme on ne peut qu’espérer que l’enfer sera vide, même s’il faut tenir qu’il existe quand même. Dieu espère chacun de nous d’une manière unique.

Cette parabole est bien « un évangile dans l’Evangile », dans la mesure où elle nous dit que l’amour et la miséricorde de Dieu, notre Père, sont premiers. Plus qu’à nous attarder à une identification culpabilisante aux deux fils, pourtant nécessaire dans un premier temps, nous sommes appelés à entretenir les sentiments du père, et à entrer dans sa joie, au-delà de toute tristesse ou ressentiment.

Cette parabole nous renvoie à nos vies, à nos relations interpersonnelles, en famille, en communauté. Il nous renvoie aussi à ce moment que nous vivons : l’eucharistie. Est-ce bien là le lieu où nous accueillons l’amour de Dieu, et où nous l’échangeons les uns avec les autres ? Est-ce bien le lieu de la fête et de la joie, où nous répondons à la promesse de béatitude : « heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ? »

AMEN (2004-03-21)