Homélies
Liste des Homélies
Année A - 29 juin 2014 - Saint Pierre-Saint Paul -
Jubilé et homélie du F.Michel
Pour vous, qui suis-je? Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant, répond Pierre à Jésus.
Qui es-tu, Seigneur? Je suis Jésus que tu persécutes, répond le Christ à Paul.
Pierre, Paul, deux hommes bien différents, par leurs origines, leur caractère. L'un de Capharnaüm, en Galilée, l'autre, de Tarse en Asie mineure, juif de la diaspora et citoyen romain. Simon recevra le nom de Pierre. Il est marié, pêcheur de son métier, rude à la tâche; homme de belle spontanéité. Saul sera appelé Paul. Il est célibataire, combat les chrétiens au nom de sa foi juive; homme droit en sa conscience. L'un, simple, l'autre plus érudit. Apparemment, rien ne les prédispose à se rencontrer, encore moins à collaborer pour une même cause.
Or, ils vont avoir quelque chose en commun qui les rapprochera dans un même idéal: ce quelque chose, c'est en fait quelqu'un, Jésus.
Jésus qui, au début de son ministère public marche sur le rivage de la mer de Galilée; il fait signe et appelle les quatre premiers disciples, Simon-Pierre, André, Jacques, Jean, les invitant: "Venez à ma suite, je ferai de vous des pêcheurs d'hommes". Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivent. Matthieu le douanier, et sept autres entendront l'appel et y répondront généreusement.
Quelques années plus tard, le même Jésus se manifeste sur le chemin de Damas pour signifier à Saul ce à quoi il le destine: annoncer aux païens la Bonne Nouvelle de l'Evangile. Abandonnant sa haine envers les chrétiens, Saul se laisse conduire jusqu'à Ananie pour être catéchisé en préambule de sa mission. Il devient l'apôtre Paul.
Puissance de l'invitation du Seigneur, étonnante et merveilleuse : quelques mots, un signe, un geste, un regard, s'ils sollicitent les sens, l'ouïe, la vue. Bien plus, ils pénètrent et imprègnent le cœur de ces hommes et provoquent en eux une authentique conversion: ils reconnaissent en Jésus le Fils de Dieu et se mettent à son école. Tout comme les pèlerins d'Emmaüs. Si dans un premier temps, la perception du Ressuscité ne leur est pas manifeste, cependant, "leur cœur est tout brûlant en chemin tandis qu'il leur parle et leur explique les Ecritures"
Tout quitter: cela ne va pas toujours de soi: non seulement laisser les choses matérielles, mais renoncer à sa volonté propre, abandonner ses projets! une véritable aventure: "ad venire", ce qui est à venir, que l'on ne connait pas par avance. Ni les joies, ni les tribulations qui arriveront, les étapes qui nous seront proposées. La confiance repose sur Jésus-Christ.
Dans sa lettre aux Colossiens, Paul énumère un nombre impressionnant de désagréments qui lui sont arrivés au cours de ses voyages, les dangers encourus : "Souvent, j'ai été à la mort; trois fois j'ai été flagellé, une fois lapidé, trois fois j'ai fait naufrage, il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme. Voyages sans nombre, danger des rivières, des brigands, de mes compatriotes, des païens, de la ville, du désert, de la mer, des faux - frères". De ses faiblesses, il demande au Seigneur d’être libéré. Celui-ci répond : « Ma grâce te suffit ».
Comme il le dit autre part :" Le Seigneur est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez
éprouvés, tentés au-delà de vos forces."
Pierre a douté, il a renié son Maitre. Paul a été persécuteur, mais par grâce, malgré cela, ils sont devenus les fondateurs de l'Eglise de Jésus-Christ et les porteurs de l'évangile jusqu'aux confins du monde. Ils sont nos modèles et nous disent que tout est possible à condition que nous soyons à l'écoute de Dieu et les témoins de son amour. Chacun de nous suivons notre route: elle est rectiligne ou sinueuse, lumineuse ou comportant des zones d'ombre. Si nous savons nous tourner vers le Seigneur, alors il nous guide et ne ménage pas ses efforts pour que nous vivions dans la paix, dans la certitude de l'amour reçu et partagé.
En cette fête des apôtres, aux vêpres, nous chantons cette belle hymne du frère Pierre-Yves :
Puissance de ta miséricorde, ô Jésus, Fils de Dieu.
A ce disciple qui t'avait renié, tu confies la porte des cieux,
Et le persécuteur de ton Eglise, le voici qui la sème en tout lieu!
Victoire qu'a préparée ta grâce et que scelle ta croix:
De Simon-Pierre vacillant sur les eaux, tu as fait le roc de la foi,
Le chef et le berger de tous ses frères, le veilleur qui les garde en tes voies.
Toi seul pouvais discerner l'Apôtre dans l'ardent pharisien.
Et Paul n'aspire qu'à tout perdre pour toi, car ton souffle anime le sien.
Il explore et découvre à tous les peuples l'infini du royaume qui vient.
Heureux ce jour où les deux apôtres t'ont suivi dans la mort
Tu les accueilles dans l'offrande pascale de ton sang versé pour ton Corps
Ils partagent ta joie et ta lumière, leur louange a trouvé son essor.
Encore quelques mots.
Dans la seconde lecture entendue, la lettre à Timothée, Paul affirme sa foi, son espérance et sa reconnaissance envers le Seigneur: "II m'a assisté et m'a rempli de force pour que je puisse, jusqu'au bout, annoncer l'Evangile et le faire entendre à toutes les nations païennes".
Mais il a tout de même ces mots terribles: "Tous m'ont abandonné"
Nous pouvons penser à ceux qui, aujourd'hui sont abandonnés : les enfants maltraités et les personnes âgées délaissées, les sans-abris et les chômeurs, les peuples opprimés, contraints de fuir leur pays.
Pour ma part :
71 années de vie commencée en Champagne.
50 années d'engagement au Monastère, le vœu de stabilité !!!
40 années de Sacerdoce.
Châlons, la Pierre-qui-Vire ; Trêves en Allemagne; Paris.
Madagascar, Masina-Maria ; Le Congo, la Bouenza ; Haïti, le Mon St Benoit.
Mes parents, mes frère et sœurs, toute ma famille. Mes Pères Abbés Denis, Damase,
Luc, mes frères moines. Mes amis, ceux qui sont ici présents, ceux qui sont au loin, unis
en pensée.
Le Seigneur Jésus.
Jamais personne ne m'a abandonné.
Un mot que je dis avec chaleur : Merci à vous tous.
Adaptant le psaume 115 : Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait?
Comment vous rendrais-je le bien que vous m'avez fait?
J'élèverai la coupe du salut et je rendrai grâce au Seigneur".
C'est le sens de notre rassemblement de ce jour communautaire, familial, amical,
le sens de cette Eucharistie.
(2014-06-29)
Année A - SACRE-COEUR -
27 Juin 2014
Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Homélie du Père Abbé Luc
« Je suis doux et humble de cœur ». Cette parole, frères et sœurs, est une précieuse lumière pour contempler de manière juste le cœur transpercé de Jésus en Croix. Sacré cœur, cœur sacré, totalement consacré à Dieu son Père, cœur totalement donné à nous les hommes…Le don de Jésus est total parce que profondément humble et abandonné dans la douceur. Pas d’aigreur, pas de repli sur soi, pas de ressentiment…un abandon total à la volonté de son Père…Nous comprenons mieux peut-être pourquoi nos prédécesseurs dans la foi ont si souvent aimé représenter le Christ en Croix, avec son côté blessé, en faisant appel à toutes les ressources de l’art. Ils reconnaissaient là une icône incomparable de l’amour de Dieu, icône offerte à notre contemplation…Icône paradoxale où la beauté ne se laisse entrevoir qu’à travers l’horrible image d’un homme supplicié. Notre mouvement premier est de rejeter une telle image, scandale de la croix et de la souffrance qu’on ne peut ainsi exhiber…Mais si nous reconnaissons là l’expression d’une profonde humilité, nous entrevoyons combien ce cœur transpercé est une porte entrouverte sur le propre mystère e notre Dieu, mystère d’amour et d’humilité. Aussi avec raison, la liturgie peut nous faire chanter « Regardons celui que nous avons transpercé, approchons du cœur de Dieu ».
« Venez à moi » disait Jésus dans l’évangile… Ces paroles qui pourraient paraitre prétentieuses dans la bouche de n’importe quel mortel, s’éclaire à la lumière de la croix. Le maitre qui appelait à lui ses disciples n’a pas cherché à faire du nombre, ni à conquérir telle place d’honneur dans la société d’alors. Il a porté haut une parole exigeante et dérangeante au nom de Dieu son Père. Cela l’a conduit à mourir « maudit » sur une croix. Là se révèle toute la portée de son enseignement : la manifestation d’un amour gratuit à travers l’offrande de sa vie pour les pécheurs que nous sommes. Jean le disait avec ces propres mots : « Voilà à quoi se reconnait l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés »…En venant à Jésus en croix, nous apprenons cette Bonne Nouvelle.
« Devenez mes disciples ». Cette parole retentit peut-être avec le plus de force depuis la croix. Depuis la croix, nous saisissons vraiment ce que signifie être le disciple de Jésus : aimer, nous donner totalement. Rude chemin qui peut nous effrayer. Mais Jésus ajoute : mon joug est facile, mon fardeau léger…Jésus n’est pas un enrôleur. Il ne contraint pas. Il désire seulement nous éveiller au mystère de l’amour dont il vit lui-même dans la relation avec son Père. Mystère d’amour, de don d’humilité, mystère de douceur. Jésus nous invite chacun là où nous en sommes à devenir davantage ses disciples, c’est-à-dire à trouver maintenant la juste mesure de nous donner. Apprendre à nous donner vraiment, en consentant à ce que cela nous coûte parfois. Ce don n’a rien de volontariste, mais nous le recevons de l’Esprit Saint, le maitre intérieur qui nous enseigne et l’humilité, et la douceur et le don de nous-même… (2014-06-27)
Trinité. 2014
Homélie du F.Denis
Cette homélie du dimanche de la Sainte Trinité voudrait être pour
vous un moment heureux. Pourquoi heureux? Parce qu'il s'agit de
Dieu, la cause de notre Joie. Je sais bien qu'une homélie dominicale
doit être brève, alors qu'il faut la vie entière pour mieux comprendre
ce qui est contenu dans ce mot Trinité. Il y faudra même l'éternité. Je
sais aussi que le mot Trinité peut intriguer, étonner, avec ces chiffres
3 et 1 associés pour dire la tri-Unité de Dieu, L'Unique. Je sais
encore que beaucoup d'être humains ne s'intéressent pas à notre Dieu
Trinité, ils n'en ont jamais entendu parler.
Comment Dieu s'y est-il donc pris pour nous parler de sa propre
vie?
Pour se faire connaître de nous, Dieu utilise des réalités dont nous
avons conscience et il procède en trois temps.
1. Il part de ce sentiment qui nous habite : la crainte devant ce qui
nous dépasse. Qui ne craint les orages foudroyant ? Qui ne craint les
tempêtes ? Qui ne craint les déserts et leurs vents desséchants que rien
n'arrête? Et voici, dans la Bible, orages, tempêtes, désert tenant
presque un premier rôle dans la vie humaine pour la délivrer, elle si
craintive, de toute fausse religion « naturelle », peuplée d'idoles.
2. L'homme ne craint pas moins celui ou ceux qui ont un grand
pouvoir, les pleins pouvoirs, dit-on en politique. La Bible dira de Dieu
qu'il est bon de le craindre. Dieu seul est vraiment le Tout Puissant et
on ne peut se moquer de Lui.
3. Mais avec les Prophètes, avec Jésus, voici que Dieu, dans ses
relations avec l'homme, fait passer celui-ci de la crainte à l'amour.
Dieu le Très Haut se fait le Très Bas, il n'est plus regardé seulement
comme vivant au dessus de nous, il est l'un de nous, totalement avec
nous. Il prend même la dernière place et, tel un serviteur qui connaît
bien son maître, lui redit les mots les plus simples de la vie humaine,
ceux que chacun doit et peut comprendre de sa propre vie : père, fils,
souffle.
Ces mots fondamentaux disent à chacun la merveille de recevoir la
vie d'un père et d'une mère, d'être fils mais un fils capable de quitter
son père et sa mère pour que, ayant vécu la phase enfantine, il puisse
entrer dans l'âge adulte et devenir à son tour père et mère, témoins du
souffle vie qui se transmet même s'il ne saurait durer toujours: il
arrive à ce souffle vital de se faire rare, puis de s'éteindre, dernier
souffle.
Dieu avait son dessein en créant l'homme à son image et à sa
ressemblance, et ces trois mots, père, fils et souffle, sont pour
l 'homme ceux de l'apprentissage de ce que Dieu voulait être pour
nous, et le Très Haut qui, sans cesser de l'être, décide de vivre à notre
niveau d'homme, et, prodige imprévisible aux plus ambitieux, offre à
l 'homme de pénétrer au plus intime de son être, là où le souffle fait
vivre: la vie divine est devenue la nôtre : nous respirons au rythme de
Dieu. Quand Dieu nous dit« Tu es mon Fils », nous répondons« Tu
es mon Père ». Disant cela, avons-nous tout dit? Oui, si notre vie en
est changée pratiquement dans une pratique aussi continuelle que la
respiration peut l'être. La Trinité divine est là, échange d'amour en
Dieu et échange d'amour entre Dieu et l'humanité. La vie humaine est
devenue une vie Trinitaire, et des hommes à ce point divinisés ne
peuvent être que fraternels.
Un exemple qui vous étonnera. Il y a dans le métro parisien une
station qui a pour nom Trinité et, en sous titre, Estienne d'Orves.
Officier de Marine, en 1941 est à Londres. Envoyé en France pour
obtenir de secrets de guerre, il est trahi par un compagnon, arrêté,
condamné à mort. Dans ces situations de grand danger, que fait-on ?
Un Testament pour dire merci et pardon. Estienne d'Orves le fait et
encourage épouse et enfants à toujours servir quoiqu'il en coûtera.
Puis au dernier moment, quel désir sinon donner à qui est allé notre
cœur, un dernier signe, un dernier baiser. Voici Estienne d'Orves
parvenu à cet instant. Avant d'avoir les mains liées au poteau, il fait
un pas vers le lieutenant allemand qui allait commander le tir d'un mot
bref, Feu ! Jésus avait eu ce même mot, feu, non pour tuer mais pour
ouvrir la terre au feu de l'amour. Estienne d'Orves s'est avancé,
regarde l'officier allemand, l'embrasse.
Feu!
Un Frère, un chrétien, venait de faire ce que Jésus a commandé,
aimer tout homme, fût-il votre ennemi.
Heureuse trinité.
(2014-06-15)
PENTECÔTE 8 juin 2014
Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Vous avez peut-être remarqué comme moi, cette belle affirmation de Paul : « Sans le Saint Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur ». Sans le Saint Esprit… Et l’on pourrait allonger la liste des exemples tirés de l’Ecriture de tout ce que, sans le Saint Esprit, nous ne pouvons pas faire. Paul dira que, sans le Saint Esprit, nous ne savons pas prier comme il faut. La première lecture tirée des Actes des Apôtres nous fait comprendre que sans le Saint Esprit nous ne sommes pas capables de communiquer vraiment entre nos diverses cultures ni de créer l’unité entre les peuples…L’évangéliste Jean suggère que sans le Saint Esprit donné par Jésus, l’homme ne peut remettre les péchés à son frère, ce qui n’appartient qu’à Dieu seul…
« Sans le Saint Esprit »…Nous avons là le témoignage de la foi des premiers chrétiens qui se sont découverts capables de nouvelles possibilités. Après la Résurrection et l’Ascension de Jésus, ils ont fait l’expérience d’une autre proximité de Dieu, à travers le don de son Esprit…Ils ont pris alors conscience de tout ce que cela changeait dans leur vie…Le don de l’Esprit a changé leur manière de vivre, de voir les choses, de penser… Dans leur vie, il y a eu un avant et un après…un passage de l’incompréhension peureuse à la joyeuse assurance.
« Sans le Saint Esprit »…Et si cette expérience des premiers chrétiens pouvait raviver notre propre expérience de l’Esprit Saint ? Nous avons reçu le Saint Esprit lors de notre baptême et de notre confirmation. Mais nous ne l’avons pas reçu comme un cadeau que l’on peut mettre ensuite dans un coin de la maison. Nous avons reçu le Saint Esprit comme on reçoit une personne vivante, Lui personne divine de la Sainte Trinité. Une personne discrète qui, loin de se mettre en avant, se met à notre service. Depuis notre baptême et notre confirmation, le Saint Esprit s’invite chez nous, mais il ne s’impose pas. Il est là présence offerte aux côtés de chacun des disciples du Christ pour les guider dans leur vie de fils de Dieu.
« Sans le Saint Esprit ». Oui en ce jour de Pentecôte, il nous est bon de mesurer que notre vie chrétienne est portée, nourrie, fortifiée par la présence de l’Esprit Saint en nos cœurs…Il est bon de reprendre conscience alors qu’il n’est pas naturel de dire « Jésus est Seigneur », c’est-à-dire de dire que cet homme crucifié un jour sous Ponce Pilate partage aujourd’hui la gloire du Dieu unique, le Seigneur de toute la Création. Nous risquons d’être souvent trop habitués à nos formules de foi, en oubliant qu’elles sont d’abord des paroles de feu…Les incroyants nous rendent ici un bon service en nous rappelant que notre profession de foi est étrange. De même pour la prière, sans l’Esprit Saint, nos prières ne peuvent, par elles-mêmes, rejoindre le Père et nous tourner en vérité vers Lui. Nous sommes si souvent enclins à nous centrer sur nous-mêmes et sur nos difficultés, au lieu de nous ouvrir au mystère du Dieu de Jésus Christ qui nous aime comme un Père. Sans le Saint Esprit encore, nous sentons notre impuissance à dépasser nos cercles familiers de relations. Aller au-delà de nos frontières, ouvrir de nouveaux horizons de rencontre où tous peuvent avoir leur place, cela n’est pas à notre portée. L’Esprit Saint est là dans nos vies comme un ferment de concorde et d’unité. Au cœur de tous les disciples, il agit comme un appel qui ne nous laisse jamais en repos, tant que demeureront des divisions ou des exclusions. Enfin, sans le Saint Esprit, le pardon de Dieu ne peut nous rejoindre. Le pardon de Dieu, est le don par excellence, qui vient guérir ce qui est le plus blessé en nous. Seule la douceur de l’Esprit, telle une onction délicate, peut venir en nous toucher la part blessée, dure peut-être, pour l’introduire dans l’Amour offert gratuitement.
Heureux sommes-nous, frères et sœurs, si en ce jour de Pentecôte, nous ravivons notre confiance en l’Esprit qui agit en nous, si nous le reconnaissons et si nous l’accueillons à travers les impulsions délicates que nous pouvons reconnaitre au fil des jours…Car soyons en sûr, comme nous le priions dans l’oraison au début de la messe, Dieu continue dans nos cœurs de croyants, l’œuvre d’amour qu’il a entreprise au début de la prédication apostolique… ». C’est à cette même œuvre d’amour qu’il nous est donné de nous unir maintenant. (2014-06-08)
ASCENSION DU SEIGNEUR
29 mai 2014
Routes de Vézelay
(Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20)
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Pourquoi célébrons-nous avec tant de solennité cette fête de l’Ascension ? Pourquoi est-ce une fête si importante aux côtés de celle de Pâques, de Pentecôte et de Noël, alors que Jésus part et semble nous abandonner ? Dans l’oraison du début de la messe, nous avons demandé à Dieu : « ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire »…L’Ascension du Christ est déjà notre victoire…Oui, la victoire du Christ sur le péché et la mort, acquise le jour de Pâques, nous est pleinement assurée en ce jour de l’Ascension…Nous sommes assurés d’être victorieux en lui…Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment comprendre cela ?
Pour comprendre ce lien victorieux tissé en ce jour, entre le Christ et nous, je prendrai une image…Le Christ victorieux, assis à la droite de son Père, est comme nos champions olympiques qui montent sur la plus haute marche du podium. Ces hommes ou ces femmes ont couru en portant les couleurs de leur pays. Ils se sont identifiés à leur pays et beaucoup de leurs compatriotes se sont identifiés à eux. Si bien que lorsqu’ils ont remporté leur épreuve, c’est comme si c’était tout le pays qui avait gagné. Entre le champion et ses compatriotes, s’est tissé un tel lien, qu’avec lui, c’est toute la nation qui monte sur la première marche, comme en témoigne l’hymne national qu’on joue alors… Avec le Christ, il en est un peu de même. Quand il monte victorieux auprès de son Père, c’est nous tous les hommes qui montons avec lui dans la gloire du Père. Car Lui, le Fils de Dieu, venu vivre comme un homme parmi les hommes, il a porté nos couleurs. Il a surtout porté nos douleurs et nos souffrances. Il s’est tellement identifié à nous, qu’il nous a identifiés à lui… Par la foi, nous reconnaissons ce lien réalisé pleinement dans notre baptême. Baptisé dans la mort et la résurrection de Jésus, nous devenons, comme lui, victorieux de la mort et du péché. En lui, nous formons un seul corps. « En entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps, l’espérance de le rejoindre un jour » chanterons-nous dans la préface. Ainsi, plus que pour le sportif et le pays qu’il représente, le lien noué avec le Christ est un lien vital. Ce lien n’est pas le fruit d’une émotion ou de la ferveur enthousiaste d’un moment. Il est un don qui nous est fait et que nous accueillons dans la foi et la confiance…St Paul dans la seconde lecture affirmait que Dieu nous a fait don de « la force même, du pouvoir et de la vigueur qu’il a mis en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux… »
Oui frères et sœurs, l’Ascension du Christ, sa victoire déjà acquise ravive, et notre espérance de le rejoindre un jour, et notre confiance dans les dons que le Seigneur nous fait dès maintenant…don de force et de vigueur comme pour le Christ ressuscité…C’est le don de l’Esprit Saint. Car nous tous sur cette terre, nous continuons la course, en route vers la victoire définitive. Notre vie humaine, que nous soyons moines, étudiants, laïcs œuvrant dans le monde, prêtres ou religieux-ses, notre vie humaine est comme une longue course…pour que s’étende, en nous d’abord, et pour tous les hommes, la victoire du Christ. Jésus lui-même dans l’évangile nous envoie, comme les apôtres. « Allez-donc ! Faites des disciples ». Le disciple, c’est celui qui écoute. Soyons d’abord nous-mêmes des personnes qui écoutent vraiment, et la Parole de Dieu, et nos frères et sœurs en humanité. Certains découvriront alors la joie qu’il y a à écouter vraiment, à devenir disciple. « Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Baptiser c’est être immergé dans l’eau et l’Esprit. Retrouvons la solidité de notre baptême qui nous immerge dans la profondeur du mystère et de l’amitié de notre Dieu Trinitaire. S’éveillera chez d’autres le goût de mettre toute leur vie sous sa douce et forte lumière. « Apprenez-leur à garder les commandements ». Non, comme un maitre d’école qui fait la morale, mais comme un frère qui laisse les commandements du Christ fortifier sa propre vie et qui donne à comprendre que la Loi d’Amour est très bonne…
Sur la route de la vie humaine et chrétienne, les obstacles sont nombreux. L’indifférence ambiante, nos faiblesses et les tentations peuvent venir nous décourager…Ne nous laissons pas abattre. Jésus nous donne son ultime parole, selon l’évangile de St Matthieu : « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». C’est vrai à travers sa Parole, ainsi qu’à travers le frère ou la sœur qui nous soutient, c’est vrai tout particulièrement dans son corps et son sang que nous allons recevoir maintenant…Jésus le Christ nous donne sa vie divine, soutien pour notre marche aujourd’hui, et gage de notre divinisation dans la vie éternelle. (2014-05-29)
ANNÉE A - 5e DIMANCHE DE PÂQUES -
1ère lecture : Actes 6,1-7
2ème lecture : 1ère Lettre de Pierre 2,4-9
Évangile selon saint Jean 14,1-12
Homélie du F.Matthieu
Ce discours de Jésus après son dernier repas, nous l’avons certainement écouté pleins de bonne volonté, reconnu comme un passage déjà entendu... Mais avouons que ces paroles sont toujours déconcertantes, comme souvent l’Evangile et plus encore peut-être l’évangile selon saint Jean ! Rassurons-nous, les disciples, Thomas et Philippe ont l’air tout aussi déconcertés que nous…
Une des clés de ce texte serait peut-être, son insistance sur la foi.
On y trouve en effet plusieurs fois répété le verbe "croire".
Jésus invite ses disciples à croire en lui, comme ils croient en Dieu : leur foi en Dieu semble évidente, mais elle doit devenir le point d'appui de leur foi en Jésus lui-même. Et il s'agit ici de la foi en la personne même de Jésus, tel qu’il se révèle à nous :
- d’abord comme précurseur chez son Père, préparateur d’une demeure pour chacun de nous dans la maison du Père : "Je pars vous préparer une place ; quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi."
Cela nous interroge : sommes-nous bien en attente de cette demeure, tendu vers la maison du Père ? Nous nous contentons bien souvent de vivre au jour le jour, sans nous soucier de cet « ailleurs » qui nous appelle à nous ouvrir dès maintenant à un Autre qui a visage de Père.
L’évangile de Matthieu (18,20) nous apprend que l'habitation de Dieu en nous se réalise quand la foi se vit par et dans l'union entre nous. "Aller vers le Père" n’a rien d'une « dévotion » individuelle par laquelle nous nous unirions solitairement à Dieu, mais c’est une ouverture aux autres par lesquels Dieu vient à nous, attendant notre accueil. Dans sa première lettre, Jean nous dit aussi que nous ne pouvons aimer le Père que nous ne voyons pas si nous n'aimons pas nos frères que nous voyons (4,20). Le Christ a disparu à nos yeux : désormais sa visibilité passe par nos frères. C'est pour cela qu'il y a une Église, c'est-à-dire un rassemblement, dont le rite central est l’écoute ensemble et un repas fraternel.
Être tournés déjà vers le Père, c’est chercher à rejoindre la source inépuisable de toute vie, de tout ce qui vit. Tous les textes bibliques qui nous parlent du désir de Dieu, depuis le psaume 42 jusqu’à la rencontre de Jésus avec Nicodème ou la Samaritaine, ont pour objet ce désir de vivre, de rejoindre le lieu de la perpétuelle naissance et renaissance. Or ce Lieu est le Père vers lequel Jésus précisément est venu nous entraîner. Il est créateur de tous et vient nous rencontrer à travers eux. S’il faut donc « passer », par tous les autres, proches ou lointains, c’est pour aller vers le Père qui nous donne la vie. Jésus récapitule tous ces « autres » par lesquels nous avons à passer parce qu’ils sont sa présence aujourd’hui dans notre monde.
Croire en Jésus, c’est croire cela, c’est le rejoindre là où il est, là il veut nous emmener avec lui, dans la maison du Père.
Mais Jésus, en qui nous devons mettre notre foi se révèle dans notre évangile encore autrement :
- comme l’unique "Chemin" vers le Père : "personne ne va vers le Père sans passer par moi". "Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" et finalement "Je suis dans le Père et le Père est en moi."
Jésus "montre" le Père comme il l'a fait "voir" aux cœurs ouverts tout au long de sa vie terrestre, par "ses paroles" et "ses œuvres" : "Qui m'a vu a vu le Père". "Les paroles que je vous dis, je ne vous les dis pas de moi-même...C'est le Père qui est en moi qui accomplit ses propres œuvres..."
Croire en Jésus, c’est le rejoindre dans ce qu’il est, dans ce qu’il dit, marcher en lui, vivre en lui, dès aujourd’hui, dans notre monde. Mais n’oublions pas que notre marche vers le Père, si elle dépend de notre choix, ne peut se réaliser que dans et par le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie ».
Qui s'unit au Christ rencontre déjà le Père. Et depuis son départ, redisons-le, nous ne pouvons-nous unir au Christ qu'en nous ouvrant à nos frères.
Pas facile de croire cela, pas facile de faire ce qu’il nous dit,
pas facile pour les disciples… pas facile pour nous aujourd'hui !...
Mais finalement Jésus propose à ses disciples, nous propose à nous, de croire, non seulement à cause de sa "parole", mais à cause de ses "œuvres"... ses "œuvres" qui sont l'expression de l'amour miséricordieux du Père.
Il faut toujours nous confier à Jésus qui nous habite et nous achemine vers notre vérité, c'est-à-dire vers la plénitude de notre création. Lui seul est le chemin, la vérité et la vie.
Ecoutons-le : croire en lui, marcher en lui, c’est resurgir à la vie, c’est ressusciter !(2014-05-18)
Année A - 11 mai 2014 - 4° Dimanche de Pâques
Jean 10
Homélie du F.Servan
" C'est Lui le pasteur, le berger des brebis" ... et, un peu plus loin :" Je suis le bon pasteur, le vrai berger".
(non pas le gentil berger, mais le bon, en contraste avec les mauvais qualifié de voleurs et bandits): le vrai, par rapport au faux berger}le fort et le courageux par rapport au berger à gages, au mercenaire)
Plutôt qu'une belle image bucolique et pastorale (les images de communion du temps de ma grand-mère, un peu trop gentilles et romantiques), dans ces paroles de l'Evangile nous avons l'accomplissement, la plénitude d'une des figures importantes de l'Ecriture sainte et de 1 révélation biblique. Abraham Isaac et Jacob étaient des pasteurs vivant sous la tente, bergers de brebis et autres ... Donc, pour eux, expérimenter et invoquer Dieu comme" le Berger de son peuple" cela voulait dire quelque chose! De même Moïse et David furent bergers ... mais ces 2 là sont appelés à laisser leur troupeau pour conduire le peuple dans une marche, une histoire avec Dieu: " Dieu a besoin des hommes et en appelle à être pasteurs de son peuple !" .... aujourd'hui comme hier ...
" les eaux en te voyant, Seigneur, les eaux tremblèrent ... Tu as conduit comme un troupeau ton peuple par la main de Moïse et d'Aaron "Ps 76
" .. .il choisit David son serviteur; il le prend dans les parcs à moutons; il l'appelle à quitter ses brebis pour en faire le berger de Jacob, son peuple, d'Israël son héritage" (ps 77)
Nous savons que les suivants, les rois-bergers et les guides du peuple furent décevants, pas à la hauteur. .. d'où la dénonciation' mais aussi les promesses faites par les Prophètes; tel le prophète Ezéchiel
"Ainsi parle le Seigneur Dieu: Malheur aux bergers d'Israël qui se paissent eux-mêmes ... Mon troupeau s'est dispersé sur toute la surface du pays sans personne pour le chercher. Alors, je vais chercher moi-même mon troupeau pour en prendre soin. Je le conduirai vers un bon pâturage ... " nous sommes proches vous le voyez, et du Psaume que nous avons chanté et de notre Evangile et aussi de la parabole de la brebis perdue que nous avons en Matthieu et Luc.
Ici un petit conseil: en ces jours de la Pâques et quand il y a un peu de soleil, je ne saurai trop vous conseiller de faire halte dans la chapelle de Béthanie, sur la route de la ferme, les vitraux de Marc Hénard y chantent bien la joie pascale, et après avoir allumé les lumières, regardez et priez un peu avec le tableau du fond où sont inscrites les paroles d'Ezéchiel ! En sortant, ne pas oublier d'éteindre la lumière: Merci.
Dans notre Evangile, la promesse messianique s'accomplit; elle est même dépassée! Ainsi, non seulement les brebis reconnaissent la voix du Berger, mais Il les appelle chacune par son nom.
Et, ces paroles en " Je suis : "Moi, je suis le Berger, le bon, le vrai" Moi, je suis la porte" ...
Nous touchons ici la réalité et le mystère de Jésus le Christ que l'Evangile de Jean essaie de dire avec sept paroles en " Je SUIS" !" Je suis la lumière du monde, la porte, le bon berger, la résurrection et la vie, le chemin, la vérité, la vie, la vigne -" ... " pain-lumière-porte-berger-chemin- vérité-, " C'est-à-dire ce que l'être humain recherche pour accéder à la vie en plénitude !
Non pas paroles de prétention-domination ... mais pour la vie de l'homme: " Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance"
L'histoire sainte est montée jusqu'au Christ; elle en redescend dans l'histoire de son Eglise ( " J'ai encore d'autres brebis ») et de nouveau, des hommes, des femmes sont appelés pour être pasteurs et bergers avec le Christ. Depuis l'apôtre Pierre:" Pierre, m'aimes-tu? Sois le berger de mes brebis jusqu'au pape François dont le beau texte récent" La joie de l'Evangile " est précisément une exhortation "pastorale" ... pour réveiller les grands ou petits pasteurs ... un peu dans le genre d'Ezéchiel ! :" Sortons, Sortons de nous-mêmes vers les petits et les pauvres, les gens en marge, à la périphérie ... Ne soyons pas des gestionnaires un peu tristes et désabusés, au lieu d'être des pasteurs pénétrés de " l'odeur de leurs brebis " ... Cela je vous le demande: soyez des pasteurs avec" l'odeur de leurs brebis ", que celle-ci se sente ... Je vous en prie.!" (2014-05-11)
Année A - 3e dimanche de Pâques – 4 mai 2014
Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35
Homélie du F.Hubert
Une lecture, le samedi saint, m’a marqué
et poussé à une lecture peut-être un peu inhabituelle de l’évangile de ce jour.
L’auteur y parle du « baiser échangé par le Christ et Judas au mont des Oliviers ».
Baiser mortifère de Judas à Jésus. Mais aussi baiser de Jésus à Judas.
Baiser d’amour répondant à un baiser mortifère.
Le précédant même.
Car le geste d’amour est premier, il demeure, il ne passe jamais.
Toujours offert.
Jésus appelle Judas : « Ami ».
Judas en est bouleversé,
puisque les trente deniers lui brûlent ensuite les doigts,
et qu’il les rend, reconnaissant avoir livré un sang innocent.
Au soir de Pâques, Cléophas et son compagnon s’éloignent de Jérusalem.
Ils parlent entre eux de tout ce qui vient de se passer :
l’accueil triomphal de Jésus le long du mont des Oliviers,
ses enseignements chaque jour dans le Temple,
le dernier repas, celui de la Pâque,
l’heure des ténèbres au même mont des Oliviers, l’arrestation du Maître,
son simulacre de procès, son supplice, sa mort.
Ils sont déchirés de part en part.
Submergés. Anéantis.
Mais peut-être aussi ne sont-ils pas être fiers d’eux-mêmes :
comme les autres, n’ont-ils pas abandonné celui qui les avait appelés,
qu’ils avaient suivi, qu’ils aimaient : leur Maître ?
Labourés de fond en comble.
Désorientés par leur incompréhension radicale de celui que pourtant ils avaient cru connaître.
Ils avaient cru en sa parole, et sa parole s’était révélé finalement inefficace, inopérante.
« Il était un prophète puissant devant Dieu et devant le peuple, et nos chefs l’ont crucifié. »
« Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu ! »
Ils avaient entendu ces ricanements : comment avaient-ils résonné en eux ?
Au soir de ce troisième jour, ils s’enfuient, partageant leur désarroi, leurs questions,
leur déception sans fond,
et peut-être, cachée, étouffée mais néanmoins présente,
une espérance, envers et contre toute apparence ?
C’est là que Jésus les rejoint : dans leur marche, leur fuite, leurs ténèbres.
Loin de les abandonner, il marche avec eux,
il suscite l’expression de leur douleur, de leur désespoir, de leurs questions.
Il les écoute.
Puis c’est lui qui parle. Lui, la Parole.
Il reprend avec eux les Ecritures :
« Partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Ecriture,
ce qui le concernait. »
Toute l’Ecriture prophétisait sa Passion et sa Résurrection,
et, à travers elle, la fidélité absolue de Dieu.
« Mon fils, mon fils, criait David en pleurant, que ne suis-je mort à ta place ! »
Au fur et à mesure, leurs cœurs se réchauffent, accueillent la lumière, la vie à sa source,
la Parole d’amour qui jamais ne se dédit.
Ils reprennent vie peu à peu.
Reprenant vie, ils ne veulent pas que ce compagnon les quitte.
Les voici à table ensemble.
Jésus bénit et rompt le pain.
Alors leurs yeux s’ouvrent : ils reconnaissent ses gestes : ce ne peut être que Lui.
Et comment pourraient-ils ne pas relier immédiatement ces gestes
à ce qu’il a fait trois soirs plus tôt ? « Ceci est mon corps, donné pour vous. »
« Ceci est la coupe de la nouvelle Alliance en mon sang, répandu pour vous. »
Alors sa mort, c’était vraiment le don de sa vie,
sa manière à lui de rejoindre chacun, dans ses fidélités et ses infidélités…
Ils espéraient que Jésus allait être le libérateur d’Israël :
ils comprenaient tout d’un coup que c’était eux-mêmes qu’il libérait en livrant sa vie,
que c’était l’homme, tout homme, qu’il libérait
en offrant son baiser d’amour à chacun de nous, jusque dans ses choix mortifères.
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Anéantis par la mort de Jésus, ils le découvrent ressuscité des morts,
mais, si j’ose dire, ils font plus profondément encore l’expérience de leur propre résurrection.
Dans la parole et le pain partagés, toujours offerts,
ils viennent de comprendre de quel amour ils sont aimés,
et que rien désormais ne peut leur ôter la vie nouvelle que Jésus vivant leur offre sans mesure.
En Jésus se manifestait ainsi « l’infini de la Rédemption, l’inépuisable mouvement d’assomption de l’inhumain par l’humain, la Miséricorde comme l’éternelle consumation du mal qui délivre tout homme. »
J-F Bouthors Délivrez-nous du mal p. 116.
Alors, à l’instant même, ils se lèvent (la résurrection), ils font demi-tour,
retournant à Jérusalem pour annoncer et partager la Bonne nouvelle :
la conversion et le pardon des péchés.
Depuis ce jour, des hommes et des femmes se succèdent au fil des siècles, qui font l’expérience de cette résurrection et témoignent de cette Bonne nouvelle.
Nous-mêmes, aujourd’hui, accueillons l’invitation du pape François
à « renouveler aujourd’hui même notre rencontre personnelle avec Jésus Christ »,
car « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui le rencontrent.
Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse,
du vide intérieur, de l’isolement.
Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. »(2014-05-04)
Années A et B - 2ème Dimanche de Pâques -
27 Avril 2014
Jn 20/19-31
Homélie du F.Antoine
Thomas ... un homme si proche de nous .. .il doute . .il veut des preuves concrètes et s'assurer par lui -même! Ce qui peut se comprendre car l'histoire de Thomas c'est d'abord l'histoire d'une absence ... et l'absence dans l'Ecriture a une note péjorative.
A la Cène, Judas s'absente ... Au Golgotha, les disciples ne seront plus qu'un et quand Marie de Magdala arrive au tombeau .. .il n'y a plus personne ! .Cette absence ne serait-elle pas un signe?
Le signe de l'absence de la foi.. .de l'absence de l'amour?
Dans l'Evg d'aujourd'hui, au soir de Pâques il est donné aux apôtres de faire cette expérience, qui parcourt l'Evg de Jean ... l'expérience de voir ... de croire.
Déjà au matin de Pâques, devant les bandelettes, Jean, le disciple bien aimé, voit et croit.
Au matin de Pâques, devant le tombeau ouvert, Marie de Magdala entend une voix connue,
Elle se retourne, elle voit ... elle croit ... elle court annoncer la nouvelle ...
En ce soir de Pâques, c'est Jésus qui donne aux disciples de contempler ses mains et son côté ...
Ils voient ... ils croient: et dès l'arrivée de Thomas, ils lui crient:
« Nous avons vu Le Seigneur! »
Un Nous qui est pour le première fois .. Je Nous de l'Eglise!
Un Nous qui est celui de l'unité des disciples dans la Foi.
Le Nous de la Bonne Nouvelle qui accompagnera la prédication de Pierre comme le témoignage
D'Etienne dans son martyre ... un Nous qui dit avec force que notre Foi personnelle se vit
En union avec la Foi de l'Eglise.
C'est ensemble que nous disons notre Père ... Donne Nous ... Pardonne Nous ... Délivre Nous ...
« Nous avons vu le Seigneur« disent les apôtres!
A quoi répond le défi de Thomas :
« Si JE ne vois pas, si JE ne mets pas mon doigt .. JE ne croirai pas ! »
Le JE d'un homme libre ... mais le JE du doute .. de la méfiance qui exige des preuves et bâtit sa certitude sur la seule expérience personnelle.
C'est au chapitre 3 de la GN que l'on rencontre le premier emploi du JE ..
Adam est absent, Dieu le cherche:
« JE t'ai entendu -dit Adam- J'AI eu peur, JE me suis caché. »
Un JE qui s'inscrit dans le registre de la peur et du refus
Si JE ne vois pas .. .JE ne croirai pas dit Thomas
Refus ••. Peur de manquer de certitude qui nous rappelle que la Foi est un combat, jamais gagné,
Toujours à recommencer ... une folle aventure à laquelle seul Dieu peut nous inviter.
Frères et Sœurs, ....
IL est en chacun de nous un Thomas qui nous pousse à rester trop souvent absent
Absents aux rendez-vous de la Foi comme aux occasions d'aimer.
Absents aux appels de Celui qui nous a laissé la plus grande des Béatitudes :
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Oui, Heureux sommes-nous
Quand nous dépassons l'apparence des évènements pour y. découvrir la réalité de Dieu.
Quand devant toute personne blessée dans sa chair comme dans sa dignité, nous savons reconnaître
en elle la marque des clous, la plaie sur le côté.
Quand nous déverrouillons les portes closes de notre cœur pour les ouvrir au Christ ressuscité ...
. . . . Alors, oui, heureux sommes-nous ! (2014-04-27)
VIGILE PASCALE 19.04.2014
Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10
Homélie du Père Abbé Luc
Il y a une semaine, au sortir de l’enterrement de Stéphane parti tragiquement, une personne me disait : « On sent que les gens qui ont la foi ont quelque chose de plus qui les aide à vivre cet évènement dans la paix… » Sans bien savoir le dire, elle avait perçu dans cette célébration pleine d’espérance quelque chose qui ouvrait, qui faisait sens…dans la douleur éprouvée face au non-sens de la mort innocente d’un jeune.
Frères et sœurs, ces gens qui ont la foi, c’est nous, réunis ce soir. Une foi petite ou grande, une foi tâtonnante ou hésitante parfois. Croyant, nous sommes conscients d’avoir reçu un beau cadeau. Comme tous les cadeaux précieux, nous savons aussi tout le soin qu’il demande. Mais nous mesurons combien sont grandes la force et la paix qu’il procure. Et en cette nuit, comme en aucun autre moment de l’année, notre foi chrétienne rayonne de tout son éclat, mais aussi de toute sa joie profonde…Nous fêtons et accueillons le Christ ressuscité. Nous nous réjouissons de confesser que la mort n’a pas le dernier mot. Oui, dans la résurrection du Christ, la vie de chacun avec ses échecs, ses difficultés, ses recherches et ses souffrances est ressaisie. Rien n’est perdu, tout est repris, transformé, et transfiguré…
En cette nuit, il est bon de mesurer à quel trésor de sens et de vie nous introduit la foi chrétienne. Toute la liturgie déploie avec beauté ce trésor. Elle l’ouvre à notre intelligence et elle nous donne aussi d’y prendre part pleinement. Arrêtons-nous pour reconnaitre ce trésor.
Le trésor de la foi est présenté à notre intelligence à travers tous les textes de l’Ecriture que nous avons entendus. Nous découvrons alors l’unique et immense dessein de Dieu. Depuis le temps de la genèse jusqu’à la résurrection du Christ, c’est un même projet d’amour et de vie que Dieu a réalisé pour l’homme et pour toute sa création. Dans la résurrection du Christ, toute l’histoire du peuple juif et de l’humanité s’éclaire : la création est renouvelée entièrement. L’offrande d’Abraham figure le don de Dieu qui a consenti à nous livrer son Fils, et l’obéissance d’Isaac figure l’obéissance de Jésus. Le passage du peuple d’Israël à travers la mer annonce le passage de Jésus de la mort à la vie, et notre propre libération réalisée dans le baptême. Les paroles des prophètes nous font entendre combien l’amitié de Dieu pour son peuple qui a souvent résisté, n’est pas prise en défaut. Dans la résurrection du Christ, son amour nous est acquis définitivement ; son pardon et son Esprit nous sont largement offerts. Le Dieu de la Vie veut rendre l’homme vivant. Aujourd’hui il nous entraine à la suite de Jésus pour être vraiment des hommes et des femmes debout, en vivant de sa vie de ressuscité…
Et déjà c’est dans cette vie que notre liturgie veut nous conduire davantage. Nous partageant abondamment le trésor de la foi, elle nous donne de prendre part à la vie nouvelle de Jésus. Déjà nous avons accueilli le Christ comme la lumière de nos pas. En entrant dans cette célébration, nous avons suivi le cierge pascal et nous avons chanté le Christ notre lumière. Oui, le Christ vivant projette sur nos existences humaines une lumière nouvelle. Il éclaire toute chose de cette lumière neuve qui permet d’ouvrir une espérance là où on ne voit plus. Le Christ lumière vient changer notre regard sur le monde et sur nos vies. Au cœur du plus obscur, il est là, lumière à nos côtés, comme un fidèle compagnon de marche.
Dans quelques instants, nous allons renouveler nos promesses baptismales. Dans le baptême, le Christ nous a libérés de l’emprise du mal et de la mort. Nous avons part à sa vie plus forte que nos peurs et que nos esclavages. En confessant notre foi, et en venant nous signer dans l’eau, nous exprimerons notre engagement à vivre toujours plus en enfants de Dieu, libres de tout asservissement.
Le trésor de la foi qui est offert à profusion en cette nuit, culminera dans notre participation à l’Eucharistie. En mémoire de la mort et de la résurrection du Christ, nous nous unirons au sacrifice du Christ. Nous recevrons son Corps et son Sang, vraie nourriture pour la route d’ici-bas tendue vers la Vie éternelle…et déjà, communion à sa vie divine…
Oui frères et sœurs en « cette nuit de vraie bonheur » comme nous le chantions dans « l’exultet », le trésor de la foi nous est donné à profusion…C’est la vie du Christ Ressuscité qui nous est communiquée. Laissons-la faire son œuvre en nous. Le Christ fait de nous des vivants appelés à transmettre la vie tout autour d’eux. (2014-04-19)