Homélies
Liste des Homélies
Année B - Messe de la nuit de NOEL 2014
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Frères et sœurs, laissons résonner ces paroles de l’ange aux bergers pour que la lumière dont elles sont porteuses viennent faire son œuvre en nous.
Pour les éclairer, je voudrais tout d’abord vous partager quelques phrases lues parmi tous les messages de vœux que nous recevons en cette fin d’année :
Si notre plus grand besoin avait été de formation, Dieu nous aurait envoyé un enseignant.
Si notre plus grand besoin avait été l’argent, Dieu nous aurait envoyé un banquier.
Si notre plus grand besoin avait été le plaisir, Dieu nous aurait envoyé un comédien.
Si notre plus grand besoin avait été la santé, Dieu nous aurait envoyé un médecin.
Mais notre plus grand besoin était le pardon, alors Dieu nous a envoyé un Sauveur.
« Notre plus grand besoin était le pardon », et Jésus est venu, lui dont le nom signifie « Dieu sauve », nous libérer de nos péchés. Notre plus grand besoin était de pouvoir réentendre « Tu es mon fils, ma fille et tu as du prix à mes yeux ». Alors le Fils de Dieu est venu comme un frère pour nous partager sa dignité d’enfant bien aimé du Père.
Et comment se présente à nous ce Sauveur ? Comme un enfant, un nouveau-né dans les bras de sa mère. Avec une telle entrée en matière, pourrait-on dire, le ton était donné. Le Sauveur qui vient à nous est tout autre chose qu’un puissant qui voudrait en imposer par la force ou l’éclat de sa richesse. En effet cette puissance-là ne guérit pas du péché. Et comment venir à bout de cette profonde tendance qui, en nous, résiste et veut tenir Dieu à distance ? Dieu n’a trouvé qu’un seul moyen pour désarmer nos peurs, nos suffisances et toutes nos culpabilités qui le laissent à la porte de notre cœur. Il est venu comme un enfant, Sauveur vulnérable et innocent …
Oui, en cette nuit, c’est ce mystère de Dieu enfant qu’il nous faut contempler de nouveau pour mieux prendre la mesure du pardon offert. « Gloire à Dieu et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime », chantent les anges. Cet enfant démuni, emmailloté dans une mangeoire nous parle de Dieu et de son amour, de la même manière que l’homme torturé le fera sur la croix. Depuis la crèche jusqu’à la croix, c’est le même mystère d’un Dieu exposé. Exposé et livré à nos regards, entre nos mains, Dieu désarmé, et Dieu qui nous désarme car Il n’est qu’Amour toujours offert.
Cette nuit, Dieu enfant vient rechercher et réveiller l’enfant perdu que nous sommes…L’enfant de Dieu qui s’est durci peut-être, qui est désabusé, qui s’est égaré ou qui somnole pour oublier. L’enfant qui a perdu sa joie et sa fraicheur. Jésus le Sauveur vient raviver cette grâce reçue lors de notre baptême, cette grâce qui nous a donné de renaitre, et de redevenir comme des enfants. Rien de puéril ou d’enfantin dans ce processus. Mais plutôt la grâce d’un nouvel élan intérieur de confiance ; la grâce d’un désir renouvelé parce qu’illuminé par l’Amour gratuitement offert.
Je crois qu’il ne faut pas en dire plus…mais laisser le mystère du Dieu enfant parler de lui-même. Méditons les textes de la liturgie. Contemplons le mystère à travers l’image de la crèche, cette icône actualisée. Notre f. Jean Marie a réalisé cette crèche à la manière d’une case peul, de son pays le Burkina Faso. Il a prévu que les enfants puissent entrer dedans et s’asseoir sur un petit banc pour mieux contempler. Avec eux, retrouvons ce regard d’enfant. Reconnaissons dans le visage de Jésus, nouveau-né, Celui qui nous donne d’oser renaitre vraiment quel que soit notre âge. C’est le cœur qui est appelé à rajeunir. Et dans cette eucharistie, accueillons le gage sûr de cette renaissance dans le Corps et le Sang du Christ donné pour le salut de tous les hommes. (2014-12-24)
Année B - 4e dimanche de l’Avent – 21 décembre 2014–
Homélie du F.Sébastien
Frères et sœurs,
Nous sommes dans le temps de l’ultime préparation à la Nativité de notre Dieu, de notre Dieu qui s’est fait un homme comme nous, en Jésus notre frère.
Que faire de mieux que de nous laisser emporter par le souffle même de Dieu qui nous arrive par les fortes lectures de ce 4e et dernier dimanche de l’Avent ?
Ces lectures j’aime les entendre sur l’arrière plan du magnifique psaume 18, « Les cieux proclament la gloire de Dieu...» Ils la proclament par le parcours étonnant et bienfaisant du soleil d’un bout à l’autre de la terre, comme du début à la fin du parcours messianique, une course de géant. Une course recommencée pour nous en ce moment sous une autre forme dans la première lecture avec le roi David, relancée dans la troisième, l’Évangile, par un nouveau commencement dans la maison, dans le cœur, dans le corps d’une jeune fille de Nazareth.
On le voit, un immense-arc-en ciel de paroles est tendu dans le ciel au-dessus de nos têtes, un arc qui portent l’Espérance de notre monde.
Effectivement Noël est avant tout un événement de parole. Des paroles adressées à chacun, à chacune d’entre nous en ce moment, pour que nous les mettions en nos cœurs à l’abri des tumultes du monde, pour que nous les méditions en silence comme David, comme Joseph, comme Marie, comme Élisabeth, comme les bergers surpris, comme leurs moutons à qui les anges savaient sûrement parler à l’oreille.
1ère lecture. Je cite :
« Cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan... »
C’était donc de nuit, dans cette sorte de nuit sans laquelle le mystère gardé jusqu’alors dans le silence, dont parlait la 2ème lecture, ne peut être mystère. La nuit silencieuse du prophète Nathan et de David son roi, la nuit qui après eux s’étendra continûment jusqu’à l’aurore de l’Annonciation, l’Annonciation qui est le premier temps de la Nativité du Fils de Dieu.
La parole de Dieu adressée à Nathan en fit un prophète de l’avenir. En ce temps de Noël, elle vient pareillement faire de nous des prophètes de l’Espérance, de cette Espérance dont notre monde moderne a le plus besoin. Ce n’est pas l’amour qui est premier, mais l’espérance ! C’est toujours l’espérance qui passe devant, qui ouvre la voie, qui donne à l’amour toujours fragile sa capacité de durer, sans quoi il n’existe que comme une étincelle furtive, trompeuse.
Peut-on croire à notre vocation à être des prophètes de l’espérance en toutes ses formes ? En ces derniers jours plus que jamais. On le voudrait bien, mais comment ? Paradoxalement en se faisant des serviteurs, mais pas n’importe comment, comme les serviteurs nos lectures.
Je lis : « La parole de Dieu fut adressée à Nathan : ‘Va dire à mon serviteur David....’ » Ainsi commençait l’enfilade des grands serviteurs des temps messianiques : Nathan serviteur du roi David, David serviteur du dessein de Dieu à travers la permanence de sa lignée, Marie servante de Dieu en contribuant tout au long de sa vie à faire de son enfant le Serviteur de Dieu par excellence. C’est de cela qu’elle rêve encore de faire en chacun, en chacune de nous qui sommes aussi ses enfants. Peut-être faut-il vite se glisser dans son oui unique, en communiant au dynamisme de sa joie.
Dans la première lecture le Seigneur Dieu parle au roi David par l’intermédiaire de Nathan son prophète, dans la troisième il parle à Marie comme en direct par son ange et par son Esprit Saint qui est sur elle pour l’introduire autant que faire se peut dans l’inouï du message.
Pour sa part l’évangéliste Luc nous prend par la main pour nous introduire nous aussi habilement dans la scène même où, avec son génie inspiré, il nous donne de tout voir, de tout entendre. Le rideau est ouvert. « L’ange entra, l’ange salua, l’ange dit à la vierge ... » .Tout cela dans un face-à-face, une proximité comme il n’y en avait jamais eu.
Le message apporté par l’ange est au futur, un futur d’accomplissement certain, déjà en cours : « Tu vas concevoir, tu vas enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » Une avalanche de certitudes !
« Comment cela se fera-t-il ? L’Esprit Saint viendra sur toi. ».
Le mystère est tout simple, apparemment...
Le oui de Marie aussi, et aussi le nôtre dans le sien, ce oui à qui il revient de faire advenir un nouveau Noël pour le monde nouveau qui va naître. (2014-12-21)
Année B – 3° dimanche de l’Avent – 14 décembre 2014
Is 61 1-11 ; 1 Thess5 16-24 ; Jn 1 6-8 19-28
Homélie du F.Damase
Les lectures de ce 3° dimanche de l’Avent nous attirent vers l’ESPERANCE. Cette confiance que le Pape François nous rappelle sans cesse, spécialement dans sa lettre « La joie de l’Evangile » !!
Dans la 1° lecture, Isaïe nous redit la parabole de la semence : il faut du temps pour que la semence pousse, germe et porte du fruit ; de même, il faut du temps pour que la Parole de Dieu se réalise !! Ainsi à l’époque d’Isaïe, le peuple est revenu de l’exil à Babylone et il a entrepris des travaux pour la restauration de Jérusalem ; mais pendant son exil, d’autres peuples ont habité Jérusalem et désormais la religion juive est minoritaire !! La pratique religieuse que l’on espérait restaurer est faible !!
Dieu aurait-il abandonné son Peuple ? La réponse d’Isaïe est claire : Dieu ne vous abandonnera jamais, Dieu est fidèle !! Ne vous découragez pas !! Notre rêve le plus profond : la pureté du cœur est un cadeau de Dieu ! Un don gratuit, le plus beau des bijoux !! Garder confiance ; à toute graine il faut du temps pour pousser !! L’onction d’huile qui faisait le roi, sera donnée au prophète, fils de David : voilà votre espérance !!
La seconde lecture commence par un mot qui a donné le nom à ce dimanche « Gaudete », « Réjouissez-vous » !! Alors que tant de guerres meurtrières endeuillent notre planète, que le terrorisme fleurit au Moyen Orient, que les problèmes économiques condamnent tant d’hommes et de femmes à une vie misérable. Soyons clair la situation mondiale n’était pas meilleure au temps de Paul !!
La communauté de Thessalonique connaissait déjà la persécution, Paul lui-même s’est enfuit de la ville comme « fauteur de troubles » !! Donc, il ne s’agit pas d’un optimisme béat ; il s’agit de la joie profonde de l’assemblée croyante ; joie d’accueillir la Parole de Dieu, joie de lire les signes de l’Esprit, joie d’une vie fraternelle !!
La dernière phrase de Paul nous donne la raison profonde de cette joie. - Le but du voyage indique la route à prendre- Le but du voyage chrétien est le Royaume de Dieu !! « Il est fidèle le Dieu qui vous appelle : tout cela il l’accomplira » C’est à dire que le premier artisan du Royaume de Dieu, c’est Dieu lui-même !! Or Dieu est fidèle ! Et l’histoire de l’humanité est accompagnée par la fidélité de Dieu ; Dieu aime les hommes et Dieu veut sauver tous les hommes !!
Dans l’Evangile de Jean, à première vue il y a un contraste entre le thème de la joie et la figure un peu hirsute de Jean-Baptiste. Lorsqu'on parle de joie on pense à des festivités, des banquets, etc. Or le menu de Jean (des sauterelles, du miel sauvage et de l'eau) était plutôt sobre. On identifie joie et célébration avec des vêtements de fête, ce que n'était sans doute pas le vêtement fait de poils de chameaux que portait Jean. Enfin, dans une fête on s'attend à écouter des discours agréables et encourageants. Or Jean invite à la conversion et qualifie certains de ses interlocuteurs d'hypocrites et de race de vipères.
Et pourtant Jean était un homme profondément heureux parce qu'il était un homme tout à fait libre. Il n'était attaché à rien ici-bas ; il était dépouillé de toute ambition, de toute préoccupation personnelle. Il avait une mission et n'existait que pour cette mission.
La plupart d'entre nous, nous avons parfois de la difficulté à réconcilier notre mission ou les divers rôles que nous avons à jouer – dans la société, dans l'église, dans notre communauté, dans notre famille – avec nos intérêts et nos goûts personnels, et peut-être même nos ambitions. Rien de cela chez Jean-Baptiste. Sa mission a envahi tout son être; ou plutôt son être entier s'est épanoui dans sa mission. Il n'a pas d'autre intérêt. Ainsi, des personnes sont devenues ses disciples; mais il ne les "possède" pas. Lorsque Jésus apparaît, il les lui envoie en disant : "Voici l'Agneau de Dieu". Dans sa solitude, il est un homme libre, un pauvre, un cœur pur.
"Bienheureux les cœurs purs, il verront Dieu" dira Jésus. Parce qu'il était pauvre, privé de tout intérêt personnel, Jean-Baptiste a pu voir Dieu lorsqu'Il est venu à lui.
En ce dimanche de la Joie et de l’espérance, faisons confiance à Dieu comme il fait confiance à son Eglise et aux hommes qui sont son Eglise. Réformons notre vie pour avoir un cœur pur et simple, alors nous connaitrons des jours heureux : nous verrons que Dieu agit en toute occasion, que Dieu est présent en toutes circonstances !! (2014-12-14)
Année B - 2° Dimanche de l'Avent - 7 décembre 2014
Is 40 1-11; 2 Pet 3 8-14; Mc 1 1-8
Homélie du F.Hubert
/Commencement de l’Evangile de Jésus, « Christ », « Fils de Dieu »./
Le désert. La libération de la captivité et le retour d’exil par une
route aplanie, une large vallée.
Le baptême de conversion dans le Jourdain, pour le pardon des péchés.
L’annonce de la venue du plus fort et du baptême dans l’Esprit Saint.
L’attente du ciel nouveau et de la terre nouvelle, avec l’avènement du
jour de Dieu.
Parole vivante de Dieu, pour nous aujourd’hui.
Un commencement, et pas n’importe lequel : le commencement de l’Evangile
« de Jésus ».
Un baptême, et pas n’importe lequel : le baptême « dans l’Esprit Saint ».
/Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement, Dieu
créa l’homme à son image./
Un nouveau commencement, une nouvelle création, adviennent avec Jésus,
en Jésus, /« Christ », « Fils de Dieu »./
/Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !
/entendions-nous dimanche dernier, dans la bouche d’Isaïe.
Dieu est descendu, Dieu est venu. Il vient vers nous, aujourd’hui.
Nous avons du mal à intégrer cette vérité dans nos vies, tellement elle
est grande.
Tellement elle est cachée aussi.
Car Dieu ne vient pas dans le fracas du tonnerre, mais dans le murmure
d’un fin silence.
Jésus vient incognito, avec la seule force de son Esprit d’amour.
Jean Baptiste l’annonce comme plus fort que lui, et ne se sent pas digne
de défaire la courroie de ses sandales :
on imagine celui-là arriver au terme d’un cortège victorieux, éclatant.
Or, Jésus arrive, inconnu, au milieu d’une foule de gens obscurs
qui reconnaissent publiquement leurs péchés.
Lui qui est sans péché, se fait baptiser par Jean dans le Jourdain :
alors il voit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui.
Voilà comment est Dieu, homme parmi les hommes, venant à la rencontre
des hommes.
Dieu présent, Dieu caché.
Le Dieu Très-Haut est le Très-Bas, le Très-Humble.
Il vient tout partager de notre vie humaine, pour nous partager tout de
sa vie divine.
Il vient au désert, avec son peuple, au milieu de son peuple,
pour faire avec lui le chemin de l’Exode définitif vers la Terre promise
qu’est le cœur même de Dieu.
/Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à
la rencontre de ton Fils,/
avons-nous demandé dans la prière d’ouverture.
Quelles sont donc nos tâches présentes, susceptibles d’entraver notre
marche à sa rencontre ?
Quelles sont celles qui favorisent cette marche ?
/Nous attendons un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la
justice,/nous dit st Pierre/./
Il ne peut s’agir d’une attente passive.
Notre vocation et notre mission est de tout faire pour qu’ils adviennent
dès maintenant.
Certes, nous attendons le monde nouveau pour un avenir au-delà de ce
monde qui passe,
comme un don de Dieu, inouï et inimaginable, /selon la promesse du
Seigneur/ qui est vérité.
Mais ce don de Dieu est aussi déjà pour aujourd’hui, et ce don passe par
nos mains, et d’abord par nos cœurs.
Dimanche dernier, le pape François, dans la Divine Liturgie présidée par
le patriarche Bartholomeos, nommait les voix qui crient vers nous :
celles des pauvres souffrant de malnutrition, du chômage, de l’exclusion
sociale,
celles des conflits en tant de parties du monde, celles des jeunes sans
espérance.
Les tâches présentes qui facilitent /notre marche à la rencontre du
Fils/ de Dieu ne sont-elles pas
toutes celles qui, jaillissant d’un cœur fraternel,
cherchent à « vaincre la mondialisation de l’indifférence, et à
construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité » ?
« Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait. »
Etty Hillesum, cette hollandaise d’origine juive, déportée et morte à
Auschwitz, écrivait en 1942 :
« Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si
chaque individu fait d’abord la paix en soi-même,
extirpe tout sentiment de haine pour quelque race que ce soit, ou bien
domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même à la
longue en amour. »
Cette conversion est notre défi à tous, chaque jour, que nous ayons 6
ans, 15 ans, 30 ans, 80 ans.
/Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent,
/avons-nous chanté avec les psalmistes qui ont précédé Jésus.
Cette rencontre et ce baiser se sont réalisés en perfection en /Jésus,
« Christ », « Fils de Dieu »./
Il les a vécus, concrètement, sur notre terre, et ils demeurent en lui
pour toujours.
Il les a scellés de son sang versé, de son amour offert sans condition,
sans reprise.
Mais nous, qui sommes son corps,
c’est notre vocation, notre mission, notre responsabilité, de les faire
advenir aujourd’hui.
Jésus, descendu d’auprès du Père, est le Fils bien-aimé sur lequel
repose l’Esprit Saint.
C’est pourquoi, il peut nous baptiser dans l’Esprit Saint.
Cet Esprit nous donne la puissance de vivre en fils et en frères,
la grâce d’être pardonnés et de pardonner,
de faire advenir dès maintenant l’humanité telle que Dieu la veut.
Une terre nouvelle.
Alors, comme l’écrit souvent Etty Hillesum : « Et maintenant, au travail. » (2014-12-07)
Année B - 1° Dimanche de l’Avent – 30 novembre 2014
Is 63 16 - 64 7; 1 Co 1 3-9; Marc 13 33-37
Homélie du F.Jean-Noël
Hier soir pour la prière des vêpres, la communauté entrait gravement, joyeusement, dans l’église derrière la Parole de Dieu, la Bible portée haut par le Père Abbé.
Il était facile de comprendre – de comprendre en le faisant – qu’on s’insérait bien dans cette caravane immense à travers les siècles des chercheurs de Dieu dont il y a juste un mois, nous fêtions les premiers arrivés. Tout juste derrière le Christ. Facile de comprendre que, si on inaugurait ainsi un nouveau cycle liturgique, ce n’était certainement pas pour tourner en rond, pour ronronner!!
Et pour nous en convaincre – ou nous réveiller - au cas où - ce matin, un rappel vigoureux : « Veillez » et même plus impératif : « Veillez donc ». Et c’est tellement clair qu’il n’y a pas à attendre que les exégètes et les biblistes qualifiés se soient mis d’accord sur le sens que cela pourrait avoir. C’est aussi clair que d’autres injonctions indiscutables des Ecritures :
- Tu n’auras d’idoles
- Tu aimeras ton prochain comme toi-même
- Tu pardonneras soixante dix fois sept fois
Donc « veillez »
Mais attention ! L’évangile, ce n’est pas internet : on tapote, un clic, et la réponse tombe. Point. Question suivante !
S’il nous est dit « veillez ». Ce n’est pas pour que ça glisse sans plus sur nos vitrines, Non ! ça doit pénétrer jusqu’à nos racines, nous travailler comme un ferment, soulever toute notre pâte, pénétrer en profondeur comme un baume. Il y faut un vrai massage en insistant sur les coins rebelles. Image heureuse que je n’ai pas inventée ; il y a beau temps que nos ancêtres dans la vie chrétienne – et bien avant eux, le peuple juif, pratiquaient cette imprégnation lente, la lecture qui prend son temps, la répétition qui n’est pas rabâchage, mais respiration, ouverture à un souffle vital, ne venant pas de nous. Il s parlaient même de « ruminer » - image certes moins poétique – mais qui dit bien cette application doucement têtue pour ne rien perdre du suc nourricier, et à cause de cela, prenant bien son temps, chose pour nous si difficile de nos jours. D’où le rappel vigoureux de ce matin « Veillez donc ! ».
Alors quoi, veiller ?
-Veiller et découvrir – pour parler comme le pape François – que veiller n’est pas la même chose que de ne pas veiller. Pas la même chose !!
- Veiller et découvrir en soi comment se réveillent les échos de tant de paroles de Dieu déjà entendues. Et si cela ne résonne pas, peut-être découvrir mes espaces intérieurs encombrés de tout un bazar, squattés par quelques addictions – qui n’en a pas, petites ou grandes – qui me font fuir dans l’oubli, quand saint Benoît, lui, dans la « Règle des moines » nous demande au contraire de « fuir l’oubli ». Absolument. Ce qui n’est pas on plus la même chose.
- veiller encore.. et des chemins s’ouvrent dans le cœur aux senteurs d’Evangile (François).
- Veiller.. et des aurores se lèvent, timides, douces, heureuses, sûres !!
-Veiller.. et s’infiltrent de petits filets d’une paix qui ne trompe pas, annonçant cette « paix comme un fleuve », promise à ceux qui veillent : « Ah! Si tu écoutais, ta paix tu serais comme un fleuve » (Isaïe.).
Veiller, mais comment ?
- Peut-être déjà, avant ce soir, se relire cet Evangile . plus avec les oreilles (l’oreille cordiale de notre cœur) qu’avec les yeux. En prenant bien son temps. Peut-être ?
- Ou se trouver de petits moyens pour « fuir l’oubli ». Un petit postit en bonne place, un petit carton dans sa poche. Je ne sais pas. Les amoureux sont inventifs.
- Ou sur son dizainier reprendre tranquillement ces mots que nous avons aux Vigiles du Lundi : « Apprends nous à veiller, Seigneur Ressuscité » !! Une bonne vieille méthode qui a fait ses preuves. Essayez – voir !!
- Ou encore, tout de suite, en nous déplaçant pour communier au Corps du Christ, y aller droit comme un veilleur – éveillé, éveillé et solidaire aussi : on ne veille jamais tout seul, ni pour soi tout seul – Toujours avec l’immense caravane des chercheurs de Dieu, à la suite du Christ !!
Et puis, et puis, sans oublier - Bonne Nouvelle –
Il y en a UN qui veille : « il ne dort pas,
Il ne sommeille pas » - Ps 120.4
Du seuil de sa maison, il guette
Impatient comme on n’a pas idée,
Impatient de faire donner la musique et les danses
Oui, apprends nous à veiller, Seigneur ressuscité » (2014-11-30)
Année A - Homélie pour la fête du Christ Roi - 23 novembre 2014
Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28; Mtt 25 31-46
Homélie du F.Denis
Nous voici en fin d'année liturgique. Dans une semaine, nous entrons
dans la préparation de ce qui vient, ce qui advient, et c'est Noël. La
fête de ce jour permet donc de faire un bilan des douze mois qui
s'achèvent, bilan heureux, nous sommes en fête : pour nous, le Christ
règne.
Peut-être vous demandez-vous: nous sommes habitués à dire
que Dieu règne. Dans la Bible, l'expression est fréquente et tous les
jours, priant le NOTRE PERE, nous demandons 'à Dieu Que ton règne
vienne. Quel rapport y a-t-il donc entre Dieu règne et le Christ règne?
Essayons de redire les trois étapes des relations à Dieu notre
Père.
Première étape: le bonheur initial de l'homme admirant la création.
Lui-même, créé à l'image et ressemblance de Dieu, vit, heureux, en
présence de Dieu. Aucune peine, aucun isolement. L'homme est
Créateur,-il-est louange.
Seconde étape. L'homme se cache de Dieu. Il n'a pas obéi, il a peur, il
n'a pas été anéanti par Dieu car Dieu n'a pas changé: l'homme est
toujours son fils, créé à son image, et en cet homme, il y a toujours
cette ressemblance capable de retrouver son éclat premier, si l'homme
défiguré, plein de poussière, voire de boue, retourne et demande
pardon à celui qui l'attend. Dieu l'attend et, discrètement, parle à l'homme, à ces hommes devenus son peuple, par des intermédiaires,
par des prophètes.
Dieu va jusqu’à accepter le désir de son peuple d'avoir la
liberté, pour mener sa propre vie, de se choisir un roi, ainsi que font
les autres peuples. Dieu accepte, tout en prévenant des risques d'un tel
choix, le risque de devenir esclave d'un tyran.
Et voici Samuel, le fidèle Samuel, ordonnant le premier roi,
Saül. Choix heureux, tant est doué cet homme, nous dit le Siracide. Il
est beau, ce qui veut dire bon, il est grand, courageux au combat.
Hélas, il a un défaut, très humain sans doute, il est jaloux. Mais d'une
jalousie morbide qui lui voir dans un rival, un homme à supprimer.
David 1e remplace, jeune encore mais si maître de soi devant le
terrible et ridicule Goliath. David règne, non sans péché, mais
demande pardon et, parlant de lui, qui ne dit le saint roi David ? La
promesse que Dieu lui a faite qu'un homme de sa race règnerait à son
tour se réalise et c'est Salomon. Salomon, un monstre de sagesse,
dirions-nous peut-être, en tout cas capable de se voir admiré par les
plus grands de ce monde. Hélas encore, Salomon ne fut pas sage en
tout domaine et c'est après lui une longue suite de rois qui se
succèdent, parfois détestables et qui finiront en exil. Le peuple de
Dieu n'est plus qu'un petit reste, et vint enfin le roi promis, Jésus de
Nazareth.
Troisième étape. Jésus sera acclamé roi par la foule, et suivi par des
disciples généreux, a bien conscience de l'équivoque: beaucoup
espèrent de lui qu'il devienne le libérateur du peuple « occupé» par
Rome.
Jésus n'est pas venu en libérateur politique d'un petit peuple,
Israël, il est venu en libérateur universel de tous les hommes pour que
_vivant sur terre et aimant leur terre, ils soient tous encore' plus
désireux du règne de Dieu. Et ce règne est celui commencé de l'amour
filial, manifesté en amour fraternel universel.
Aimer même son ennemi et, difficulté plus habituelle peut-être,
comment aimer celui si peu attirant qu'on côtoie chaque jour sans le
rencontrer.
Comment faire pour devenir fraternel ?
Relire les évangiles, en privé, à plusieurs, entrer dans liturgie qui est l'heure du grand appel à la vie fraternelle, pratiquer et éprouver la
joie du service rendu, comme Jésus dit de le faire dans l'évangile.
Fête du Christ Roi, fête pour l'Eglise ouverte à l'universel de
Dieu. Alors le cœur de chacun est, même dans les difficultés réelles de
toute vie, déjà dans la paix de Dieu. Donné et libéré de son égoïsme
fermé. (2014-11-23)
Année A - 33e Dimanche du Temps Ordinaire - 16 novembre 2014
Prov 31/10-13,19-20,30-31, 1The 5/1-6, Mt 25/14-30
Homélie du F.Cyprien
(La femme vaillante, la venue du Seigneur et ses délais, le retour du maitre qui avait confié son argent à ses serviteurs).
D’abord la venue du Seigneur : attente ?… surtout la vigilance, (bis)… dans un monde qui s’endort : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité ! ».
Nous sommes prévenus et… nous le vivons peut-être assez mal, comme « les gens » dont parle l’Evangile… « quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité… »
Nous sommes pourtant les fils de la lumière, la foi au Christ éclaire, elle oriente nos vies,… a priori la venue du Seigneur devrait être pour nous la bonne surprise… « en cette vie où nous espérons le bonheur que Dieu promet et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ».
Rappelons-nous au moins que « l’amour parfait bannit la crainte » ; si nous avons des progrès (…de grands progrès !) à faire pour mieux aimer, rappelons-nous que c’est LUI Dieu qui nous attend sans cesse.
Celui qui croit au Christ ressuscité ne peut pas être… « comme les autres », « ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres ».
Les autres lectures,… la première, dans les Proverbes, a été choisie en fonction de l’Evangile, … la femme vaillante - dont on fait l’éloge - a été choisie pour accompagner la parabole des talents, la femme qui craint le Seigneur, qui est seule digne de louange
D’un côté une femme dans sa situation bien concrète (la gestion de sa maison) et de l’autre des sommes d’argent à faire fructifier.
Lire ces deux passages de l’Ecriture en parallèle nous aide …
Avec l’Evangile des talents, on aurait tendance à se demander « Ne suis-je pas comme celui qui a peur, qui va cacher l’argent sans le faire fructifier ? ».
Il y a deux serviteurs qui se débrouillent plutôt bien (ils doublent chacun le capital confié) : on aimerait bien s’identifier à eux… Et il y a le 3e … qui a tout faux pour l’argent confié… en plus il a des sentiments pas très purs face au maitre, apparemment dur en affaires.
Je trouve que l’évocation de la femme vaillante, active, qui gère bien sa maison nous permet de mieux entendre l’Evangile des talents.
A sa femme aussi, le mari a confié une partie de ses biens pour la tenue et la marche de la maison. Elle est responsable d’une richesse à gérer et … elle s’en tire très bien.
Non seulement elle est active, mais elle fait le bien en prenant soin de pauvres, de malheureux. Son mari ne lui a pas confié de l’argent comme aux serviteurs de l’Evangile : il lui a fait confiance pour la tâche qui est la sienne.
Quand l’Evangile parle de talents à l’époque de Jésus, il s’agit du talent, unité de mesure monétaire : par la grâce de la Parole de Dieu ce talent désigne maintenant une qualité dans le cœur humain. Dieu a mis au cœur de la femme vaillante ce talent de s’occuper, avec intelligence et cœur, à la marche de sa maison.
Soyons bien persuadés que Dieu confie à chacun d’entre nous une richesse qui n’est pas un trésor, ni en numéraire ni en titres, en pièces d’or ou en bijoux, …
…c’est une richesse qui est dans notre cœur et notre intelligence. C’est cette richesse qu’il faut faire fructifier.
«Décevante est la grâce et vaine la beauté, la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange »… Seul est digne de louange celui ou celle qui met son cœur et son intelligence au service de l’Evangile du Christ.
Et cela aussi… parce que le Maitre qui nous a fait confiance n’est pas un homme dur, un souverain dont il faudrait avoir peur.
Bien plus le « serviteur bon et fidèle » sait cela aussi depuis cette parabole, depuis celle du jugement dernier : c’est son Maitre qu’il sert en servant ses proches ; il sait que c’est en aimant qu’on apprend à aimer, que c’est en donnant de sa joie et de sa peine qu’on récolte le centuple promis.
Petits ou grands talents, chers frères et sœurs, n’oublions jamais que chaque fois que Dieu nous parle, nous entendons une bonne nouvelle… un appel à l’espérance et à la confiance.
C’est pourquoi maintenant nous rendrons grâce, nous remercierons le Seigneur Dieu, notre Père, le Père qui nous donne, par le Fils ressuscité, l’Esprit qui en nous fait fructifier ses dons. ( 2014-11-16)
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Année A - DÉDICACE BASILIQUE DIMANCHE 09 NOVEMBRE 2014
Jn 2, 13-22
Homélie du F.Matthieu
L’évangile de ce jour nous présente un épisode dont les quatre évangiles nous donnent le récit. Bien souvent, on n’en retient que la colère de Jésus et l’expulsion spectaculaire des marchands du Temple, mais ce ne sont là qu’éléments de mise en scène ; cette colère d’ailleurs, les disciples la reconnaissent, à la lumière d’un verset du psaume 69 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » : C’est le zèle, l’élan prophétique, qui motive l’action de Jésus, et ce zèle est tout entier tourné vers le Temple qui est le vrai centre du récit : « maison de prière pour tous les peuples » selon la belle prophétie d’Isaïe (56, 7), « maison de mon Père » dit Jésus, « sanctuaire » de la rencontre du peuple avec son Dieu, de Dieu avec son peuple, selon le but même de la montée en pèlerinage – et ici du pèlerinage de la Pâque – selon l’interprétation traditionnelle du texte du Deutéronome (16, 16-17) : « Trois fois par an, tous les hommes iront voir la face du Seigneur ton Dieu (et se faire voir par le Seigneur ton Dieu) au Lieu qu’il aura choisi. ».
L’évangile de Jean est le seul à situer cet épisode au début du ministère de Jésus, lors de sa première montée à Jérusalem, alors que les trois autres évangiles le situent à la fin de sa vie, après son entrée glorieuse à Jérusalem, juste avant sa Pâque. En anticipant cette scène du Temple, Jean propose un programme de ce que sera la mission de Jésus, de ce à quoi elle aboutira (un nouveau Temple) et par quel chemin.
Dès son arrivée dans la cité sainte, Jésus se montre tout orienté vers la gloire de son Père, il se présente comme Celui par qui les croyants auront accès à la présence de Dieu. Jésus purifie le temple d’Israël où Dieu a voulu habiter au milieu de son peuple, mais c’est pour annoncer – au-delà – le Temple nouveau, qu’il est lui-même en son corps et surtout qu’il sera, après sa résurrection, pour ceux qui croiront en lui.
Chez Jean, le récit, tel un tympan de cathédrale, présente le mystère de la personne de Jésus, qu’il situe à la fois par rapport à Dieu son Père, dont il est la vraie Présence, par rapport au Temple d’Israël, dont il est l’accomplissement, et par rapport aux disciples, dont il est le passage vers le Royaume.
À la lecture attentive du récit, ce qui s’impose donc c’est l’omniprésence du Temple, mais sous trois appellations différentes. D’abord au début du texte, avec le terme « Temple » ("hierôn"), qui désigne l’ensemble de l’édifice où se rassemblent les pèlerins ; puis, en un contraste littéraire fort, dans la première parole de Jésus : « la maison de mon Père ». Du Temple, Jésus ne veut connaître, en harmonie avec la foi juive, que l’habitation de Dieu, qu’il nomme son Père, où l’homme peut rencontrer Dieu. Ensuite, dans sa réponse aux juifs qui lui demandent un signe, Jésus parle du « temple-sanctuaire » ("naos"), terme qui désigne le Lieu de la Présence à l’intérieur du Temple. Or, Jésus oppose à « ce sanctuaire » un sanctuaire à venir. L’expression « en trois jours » oriente vers le sanctuaire de la fin des temps ; nouveau Temple donc, mais qui sera en continuité avec l’actuel ; Jean montre ici, comme tout au long de son évangile que le don de Dieu à Israël n’est pas supplanté par la nouveauté qu’apporte Jésus, mais accompli.
Enfin le rédacteur de l’évangile, comme en aparté, interprète ce dont parle Jésus : « le sanctuaire, c’était son corps ». C’est dire que le corps de Jésus est le lieu de la Présence de Dieu au milieu des hommes, là où peut se faire la rencontre, à la fois ce qu’annonçait le Temple de pierre et ce que sera en plénitude le Sanctuaire définitif dans le Royaume.
Le Temple c’est le lieu du rassemblement qui permet à la louange d’être unanime. La communauté qui se rassemble dans une église chrétienne pour célébrer la liturgie est dans cette logique qui nous vient du Temple de Jérusalem. En rendant grâces pour un don reçu toujours à nouveau, elle est orientée à une attente qui ne concerne pas seulement la présence de son Seigneur aux fidèles réunis, mais un accomplissement encore à venir, celui du « Temple » ultime, lequel se réalisera quand Dieu sera « tout en tous ».
Les auditeurs de Jésus auraient dû comprendre dans sa parole que cet homme qui avait osé purifier la maison de son Père était appelé à bâtir le Temple annoncé pour la fin des temps. Selon cette perspective, nous aussi aujourd’hui, nous sommes appelé à comprendre que la personne de Jésus ne coïncide pas encore entièrement avec le « Temple spirituel » de toute l’humanité réconciliée en Dieu. Il reste aux hommes, il nous reste, à travers le cours du temps et à travers l’espace, à nous rassembler, grâce au Christ, dans l’unité fraternelle, qui pourra faire du monde la maison de Dieu, ce Royaume, ce Temple qui n’est pas fait de main d’hommes mais création définitive de Dieu.
C’est à Sion qu’Isaïe voit affluer les hommes de toutes nations, venant des pays les plus lointains, pour y rencontrer le Dieu unique. Et le Temple nouveau, qu’est Jésus en son corps, est médiateur du Temple en son accomplissement dans la Jérusalem céleste, où nous serons tous rassemblés en un seul corps. (2014-11-09)
Année A - Messe des Défunts 2 Novembre 2014
Jn 6. 51-58
Homélie du F.Antoine
En ce dimanche où nous faisons mémoire des défunts, L'évangile est un chant à la Vie. Elle est citée par Jésus à neuf reprises, une Vie appelée à dépasser la mort, comme nous
l'affirme la liturgie des défunts: «Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la Vie n'est pas
détruite, elle est transformée».
Une transformation qui est un mystère de la foi. « Je suis le Pain Vivant, , si
quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» Tout est dit dans cette affirmation :
l'identité profonde de Jésus et sa mission.
• Par cette allusion au pain. Jésus donne de lui une image qui peut être comprise de
tous. Il est celui qui vient nous nourrir, nourrir notre foi, nous faire vivre et croître
dans la foi, et entrer dès ici-bas dans cette immense communion des saints qu'est la vie
éternelle.
• La mission de Jésus est de Se donner en se mêlant aux hommes, en entrant dans
l'Histoire, afin que l'humanité se nourrisse de Lui. «Si quelqu'un mange de ce pain.»
Nous sommes ici dans la symbolique du repas où Manger et boire signifient demeurer en
Lui, ne faire qu'un avec Lui. Jésus ne donne pas son corps d'homme terrestre mais son
humanité de Christ ressuscité qui ne connait plus les limites de ce monde.
• Mais ce qui est impressionnant c'est la répétition insistante des paroles de Jésus :
« Je donne ma chair pour que le monde ait la vie»
« Qui me mangera vivra par moi. »
« Qui mange ce Pain vivra éternellement. » Mais Est-ce que nous le croyons vraiment?
Quelles résonnances ont ces paroles en nous ?
Des paroles qui sont une hymne à la Vie, elles débordent d'espérance en l'avenir, elles
sont un chant qui célèbre l'homme et les dons de Dieu. Dons auxquels nous sommes invités
à nous associer par la communion eucharistique où la vie nouvelle du Christ irradie le pain
et le vin qui sont offerts.
• La communion eucharistique, est cet acte où on reçoit ce qu'on ne peut acquérir par nos propres forces, c'est un geste de dépossession de nous- même, elle est un acte de total détachement. Dans la démarche que nous faisons de communier, où nous quittons notre place, notre chaise pour librement s'avancer et-recevoir le Christ, nous acceptons alors de lui remettre tout ce qui fait notre vie d'aujourd'hui, de Lui remettre tout ce qui fera celle de demain et d'entrer ainsi dans l'imitation du Christ qui se donne au Père.
La communion eucharistique n'est pas un simple acte de piété, un acte qu'on fait par habitude chaque dimanche, la communion eucharistique est profondément, un engagement, un engagement personnel et chaque fois renouvelé de continuer à suivre le Christ quoiqu'il arrive de continuer à se laisser transformer par Lui et à accueillir chaque fois avec bonheur ce qu'il nous a promis.
«Qui mangera ce pain vivra par moi, Vraiment ! Est-ce que nous le croyons?
« Qui mangera ce pain vivra éternellement » Est-ce que nous croyons à ce don, ce cadeau
extraordinaire que Dieu nous fait de partager sa vie avec cette foule immense de ceux qui
nous ont précédé dans l'éternité? (2014-11-02)
Année A -TOUSSAINT 2014
Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc
Si j’étais St Paul, je me serai certainement adressé à vous, en vous disant, frères et sœurs, vous « les saints » réunis à la Pierre qui Vire, en ce dimanche…Oui, ainsi parlait Paul aux gens de Corinthe et de la Grèce qui étaient devenus croyants en les appelant « les saints »…
Oui, frères et sœurs, nous sommes si peu habitués à ce qu’on nous parle ainsi, qu’on oublie cette réalité très profonde de notre vie chrétienne. Par notre baptême, nous avons été sanctifiés dans le Christ…Nous avons été revêtus de la sainteté de Dieu…comme le signifie bien le vêtement blanc dont on revêt le nouveau baptisé.
Sûrement allez-vous me dire : mais alors qu’est-ce que la sainteté ? Car nous n’avons pas l’impression d’être des saints, et nos vies se déroulent le plus souvent au ras des pâquerettes…
Les trois lectures entendues en ce jour nous offrent des éléments de réponse. La lecture de l’Apocalypse nous rappelle que la sainteté est un don totalement gratuit. « Le salut est donné par notre Dieu »… « Ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ». La foule immense vue par St Jean est notre humanité en chemin. Elle est en butte aux épreuves et aux tribulations de toutes sortes. Humanité que le sang du Christ a purifiée, lavée et rachetée. Etrange et forte image que celle d’un sang qui purifie, qui lave des vêtements jusqu’à les rendre tout blancs. Cette image presque choquante nous parle de notre réalité charnelle. Blessée par le mal et le péché, le Christ l’a assumée pour lui redonner toute sa beauté, au prix de son sang versé. Notre sainteté, ce beau cadeau offert par notre Dieu, nous vient du sang versé par amour pour nous. Chacune de nos eucharisties, nous replace au cœur de ce don de sainteté offert dans le corps et le sang du Christ.
La seconde lecture nous assure que la sainteté c’est entrer dans une relation filiale avec Dieu notre Père. « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés, s’exclame Jean, il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes »… Quand Dieu nous donne part à sa sainteté, il ne s’impose pas. Il ne désire qu’une chose : nous partager sa vie et son amour. Par ce partage, il voudrait nous faire entrer dans une relation toujours plus intime avec Lui. Dieu le Maitre de tout, le Seigneur de la Vie, se présente à nous comme un père désireux de converser avec ses enfants. Comme un père qui aime ses enfants, Dieu cherche par tous les moyens à nous élever, à nous faire grandir dans notre dignité, dans notre liberté à dire oui à la vraie vie…
L’évangile des béatitudes nous entraine un peu plus loin dans la compréhension de la sainteté…Je retiendrai le seul mot : « heureux »…Quand Dieu nous partage sa sainteté, c’est pour nous rendre heureux, de son bonheur à lui. La sainteté, c’est l’irruption du bonheur de Dieu dans nos vies humaines. Bonheur qui est là déjà et bonheur qui est à venir comme une promesse. Jésus renverse l’échelle du bonheur en mettant en avant les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, les cœurs purs, les affamés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix. Sans le dire, c’est de son propre bonheur qu’il nous parle. Un bonheur qui ne doit rien à la richesse ou aux honneurs, ni à la réussite…Lui-même ne sera-t-il pas méprisé et rejeté ? Dans la quête du bonheur, il nous invite à ne pas nous tromper de direction. Il nous engage à nous mettre à son école pour découvrir que la vraie joie sera toujours du côté de ce qui simple, petit, pur, dans l’ouverture aux autres, dans la quête de la vérité et de la justice…C’est la sainteté de Jésus, c’est son bonheur qu’il nous invite à accueillir et à chercher sous sa conduite.
Frères et sœurs, nous sommes les saints que Dieu choisit aujourd’hui pour faire briller sa sainteté dans notre monde, pour partager son bonheur à tant d’hommes et de femmes qui le cherchent souvent bien péniblement. Nous avons conscience de notre pauvreté et de notre faiblesse. En suivant l’exemple de tant de saints qui nous ont précédés, les connus comme les tout proches de nous, mettons toute notre confiance en Dieu notre Père. Il nous appelle à grandir dans sa sainteté parce qu’il désire nous voir grandir dans son bonheur. (2014-11-01)