Homélies
Liste des Homélies
Année B - SAINTE MARIE MERE DE DIEU
01.01.2015
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
Comme je le disais, il est heureux qu’en ce premier jour de l’année, l’Eglise nous donne de regarder Marie pour apprendre d’elle comment mieux devenir des fils et filles de Dieu en suivant Jésus.
Pourquoi regarder Marie ? N’y-a-t-il pas un risque de détourner notre regard de Dieu lui-même ? L’Eglise avec une grande sagesse nous invite à ne pas avoir peur de regarder Marie, la Mère de Dieu, la Servante du Seigneur, le Mère de l’Eglise. Car Marie ne fait rien pour attirer les regards vers elle, mais toute sa vie, tout son être est comme un miroir qui renvoie vers le Père, vers Jésus Christ son Fils vers l’Esprit Saint.
Mère de Dieu, Marie nous fait contempler l’immense Amour de notre Dieu qui est « né d’une femme ». En prenant chair de sa chair, il s’est soumis à la loi de la condition humaine et à la loi de Moïse. Dieu s’est abaissé pour nous racheter et nous relever. Il s’est enfoui dans le secret pour nous partager sa gloire.
Contempler Marie en sa maternité, nous aide à mesurer l’infinie tendresse de notre Dieu qui vient chercher notre humanité en se faisant petit et obéissant à des parents, dans un temps et une culture donnée. Marie est Mère de Dieu, non parce qu’elle l’a décidé, mais parce qu’elle y a consenti. Et son consentement humble, caché manifeste le projet de Dieu qui veut que notre humanité soit élevée à la dignité de sa vie divine.
Servante du Seigneur, Marie nous entraine à regarder Jésus son fils, et avec elle à apprendre à le reconnaitre comme le Messie, le Fils de Dieu. Comme la lecture de cette nuit nous le suggérait, Marie a dû passer par un certain nombre de questions avant de saisir pleinement qui était ce fils qui lui était né d’une façon si imprévisible. De question « mon fils pourquoi nous as-tu fait cela ? » en interpellation « Femme que me veux-tu ? » ou « qui est ma mère ? », Marie a traversé nombre de remise en cause pour devenir pleinement « servante du Seigneur » son fils Jésus. Elle a appris à se mettre pleinement au service de son dessein. Elle s’est mise à sa suite, avec les autres disciples, elle la mère qui l’avait porté. Sans vouloir faire valoir des droits ou des privilèges, elle s’est mise à l’école de son fils, de son Seigneur. En la regardant comme la Servante du Seigneur, nous pouvons apprendre d’elle cette belle docilité aux évènements et aux paroles qui peuplent notre existence quotidienne. Nous aussi, nous voulons être serviteur, servantes du dessein de Dieu. Avec Marie, méditons tous les évènements, toutes les paroles entendues de nos frères ou de la liturgie, pour que nous entrions davantage au service du projet de Dieu, sur nos vies.
Mère de l’Eglise, Marie nous entraine à nous réjouir de l’œuvre de l’Esprit Saint. Toute entière docile à l’œuvre de l’Esprit, elle a appris au pied de la Croix à accueillir comme ses fils, Jean et tous les disciples rachetés par le sang du Christ. Désormais, elle est Mère des disciples, Mère de l’Eglise. De même qu’elle a consenti à l’enfantement inattendu du Fils de Dieu, elle a consenti à devenir Mère des disciples. Maternité de la présence, de la docilité à l’œuvre de l’Esprit Saint, maternité de l’accompagnement des disciples dans leur apprentissage à suivre le Christ. En elle, nous reconnaissons l’œuvre de l’Esprit et avec elle, nous apprenons à devenir chacun et tous ensemble en Eglise, l’œuvre de l’Esprit pour dire en vérité « Abba-Père »….
En cette eucharistie, dans la mémoire de Marie, Mère de Dieu, servante du Seigneur, Mère de l’Eglise, laissons-nous conduire par celle qui prie pour nous pauvres pécheurs, la bénie entre toute les femmes, pour accueillir la vie donnée de Jésus et avec Lui, en Lui, par Lui rendre grâce à notre Père. (2015-01-01)
Année B - dimanche de la Sainte Famille – 28/12/2014
(Genèse 15 : 1-6 ; Hébreux 11 : 8-19 ; Luc 2 : 22-40)
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs
C’est peu de dire que les questions autour de la famille sont aujourd’hui d’une brûlante actualité. Que ce soit au plan de la société dans ses dimensions politiques et juridiques. Nous en avons fait l’expérience en France ces derniers temps avec la loi du mariage pour tous et le débat n’est pas terminé pour tout ce qui touche à la filiation et à la procréation : droit à l’enfant, droit de l’enfant. Plus récemment ce sont les aspects économiques portant sur la famille que l’on cherche à ré-ajuster : révision du quotient familial pour les impôts, meilleure répartition des allocations familiales, etc. Sans oublier le débat sur la fin de vie qui mobilise aussi fortement les familles des personnes proches de la mort.
L’Eglise, de son côté, sous la conduite du Pape François, n’est pas en reste, nous le savons. Le premier Synode des évêques du pontificat se penche sur le thème de la place et du rôle de la famille dans l’évangélisation du monde d’aujourd’hui.
Alors, en ce dimanche de la Sainte Famille, que nous dit la Parole de Dieu, dans la liturgie, dans les textes que nous venons d’entendre ? En quoi peuvent-ils nous éclairer et donner du sens ?
Une lecture superficielle pour ne pas dire fondamentaliste pourrait conforter l’idée que la famille, c’est d’abord « un papa, une maman, un ou des enfants ». Abraham, Sara, Isaac dans le texte de la Genèse, Joseph, Marie, Jésus dans l’Evangile. Vision cellulaire, nucléaire et triangulaire, bien reprise dans les slogans et les pancartes des manifestations, qui n’est pas totalement fausse en un certain sens certes, mais combien étroite et manquant l’essentiel de ce que nous disent vraiment les textes bibliques.
En effet, l’annonce de la naissance d’Isaac faite à Abraham s’inscrit prioritairement dans la perspective d’une Alliance infiniment plus large. Il s’agit bien d’une promesse de descendance faite à un homme, Abraham et à une femme, Sara, mais cette promesse est destinée à s’étendre à tout un peuple, à toute l’humanité. Par sa foi en la Parole de Dieu, Abraham sera à l’origine d’une très grande et sainte famille : la famille de tous les croyants. Comme l’exprime si bien le passage de la lettre aux hébreux entendu en seconde lecture : « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu. Et grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, (d’un seul couple faudrait-il préciser sans trahir l’auteur de la lettre), déjà marqué par la mort et la vieillesse, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. »
Cette vision universelle de la famille est aussi bien présente dans l’Evangile de Luc retenu pour cette fête. Notons que cette scène de la présentation de l’enfant nouveau-né, Jésus, a lieu au Temple de Jérusalem, la Cité Sainte ouverte à tous, et non à Nazareth, ville d’habitation de sa famille. Elle met en présence des représentants du Peuple de l’Alliance. Syméon représente le sacerdoce dans sa fonction de bénédiction et il reçoit les offrandes prévues par la Loi de Moïse. Anne représente la prophétie. Elle est la fille de Phanouël de la tribu d’Aser. Ce n’est pas anodin, si Saint Luc prend tant de soin à décliner ainsi son identité et ses racines. Phanouël signifie « face de Dieu » et Aser veut dire « heureux ». Pour elle, semble s’accomplir la parole du psaume : « qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! » Et son âge vénérable, 84 ans, 7 fois 12, nous dit l’espérance universelle, la patience et l’attente d’Israël enfin récompensé.
La venue de Jésus sur la terre ouvre ainsi de nouveaux horizons à la famille de Dieu. Cet enfant, Jésus, né dans une famille pauvre apporte le salut que Dieu préparait à la face des peuples. Il est la Lumière qui se révèle aux nations et qui donne gloire à Israël, le Peuple de Dieu. La naissance de Jésus vient accomplir et réaliser en plénitude la promesse faite à Abraham et à Sarah.
Alors, oui, frères et sœurs, en écoutant ces textes bibliques qui nous parlent de la famille selon le plan de Dieu, il y a vraiment de quoi s’étonner et s’émerveiller. Dans nos débats et nos réflexions en une période de forte mutation et de grands changements, de grandes évolutions des mentalités, ils nous invitent à refuser une vision étroite, enfermée sur elle-même, un confort et des sécurités repliés sur eux-mêmes au détriment d’une ouverture aux autre, aux étrangers, aux pauvres qui sont à la périphérie de nos sociétés.
Les foyers chrétiens, les communautés, les paroisses, les églises sont appelés à donner l’exemple et à apporter le témoignage du salut que le Christ est venu annoncer et qu’il réalise en personne, dans sa naissance, sa vie, sa mort et sa Résurrection.
C’est cette grande espérance que nous célébrons en chaque eucharistie, quand nous nous réunissons pour former une Sainte famille, l’assemblée chrétienne qui nous fait participer à la communion et à l’unité voulue par Dieu pour ses enfants. Car nous sommes tous enfants d’un même Père qui nous aime personnellement chacun d’un amour unique et qui veut que nous nous aimions les uns les autres, comme des frères et des sœurs, à la suite de Jésus lui-même, notre grand frère et notre Dieu qui nous a aimé le premier et qui s’est livré pour nous.
AMEN (2014-12-28)
Année B - Messe du Jour de NOËL 2014
Hébreux 1, 1-6 Jean 1, 1-18
Homélie du F.Ghislain
Cette nuit, nous avons accueilli une naissance, inaperçue parmi beaucoup d’autres dans le monde d’alors. Dans la nuit, sans feu ni lieu…Avec des anges pourtant dont la lumière et les chants perçaient le silence et l’obscurité. Un enfant perdu et les anges dans nos campagnes.
Les lectures de ce matin évoquent la suite : cet enfant de la nuit, le monde ne l’a pas connu, ne s’est pas ou n’a pas voulu se rendre compte de qui il était ; en plus, les siens, c’est-à-dire son peuple et sa nation, ne l’ont pas davantage accepté, et il a fini par mourir jeune d’une mort atroce : de la nuit de Noël à la nuit de la Croix, entre midi et trois heures.
Et pourtant, L’Ecriture qui nous parle de lui nous dit qu’il a accompli la purification des péchés. Tout le mal qui s’est commis dans le monde, celui que les hommes se sont fait à eux-mêmes et les uns aux autres, celui que parfois ils ont voulu faire à Dieu, - tout cela s’est comme évaporé. Tout simplement parce que cet enfant de la nuit a passé en faisant le bien, uniquement le bien. Entièrement juste devant Dieu, entièrement donné devant les hommes, il a tellement ignoré le mal que celui-ci s’est comme évanoui devant lui, et que ceux qui croient en son Nom deviennent purs comme lui-même est pur ; ils reçoivent de sa plénitude et, à leur tour, ils la partagent avec les autres.
Cet enfant ignorant du mal, l’Ecriture le scrute encore plus profondément : elle nous dit aussi qu’il est, par sa vie, par sa mort, par sa résurrection, la Parole même par laquelle Dieu a créé les mondes, s’est adressé à eux et les porte peu à peu à la perfection. Plus avant encore, elle nous dit que l’enfant de Marie est le Fils de Dieu, sorti du Père pour le manifester, le raconter, le faire connaître. Finalement, l’Ecriture nous révèle que, avant même d’être mise au monde, avant même de le créer et d’y répandre lumière et vie, cette Parole est auprès de Dieu, tournée vers Dieu, Dieu lui-même.
Aujourd’hui encore, le monde ne connaît pas le Christ. Pour Noël, Il met des lumières partout, mais il ignore la Lumière ; il veut bien chômer ce jour-là, mais il ne sait plus pourquoi, certains pourchassent même les crèches qui le leur rappelleraient. Mais les siens, c’est-à-dire nous aujourd’hui, le reçoivent-ils davantage. ? Au lendemain de son élection, le Pape François disait aux cardinaux qui venaient de l’élire : « Si nous ne confessons pas Jésus-Christ, nous deviendrons une ONG humanitaire » et il insistait : « Si nous confessons un Christ sans croix, nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas les disciples du Seigneur ». Ce qu’il disait aux cardinaux, nous pouvons l’entendre pour nous, chrétiens. Ce n’est pas le tout de célébrer Noël, ce n’est peut-être même pas le plus important. L’important, c’est de connaître Jésus-Christ. De l’enfant de la crèche à l’homme crucifié, de celui qui est venu dans le monde à celui qui a créé les mondes, de celui qui est la lumière du monde et la vie pour le monde à celui qui est auprès du Père, qui sort du Père et qui retourne au Père.
Pour finir écoutons saint Paul qui nous dit son désir le plus profond : « Le connaître, Lui a puissance de sa Résurrection et la communion à ses souffrances », dans la méditation de l’Ecriture et le silence de la prière. Accueillir du Christ la révélation du Père, mais aussi et en même temps, opérer en Lui la rencontre de tout homme et de toute femme de ce monde, qui consciemment ou non porte son image et nous appelle l’aimer et à le servir. – Ainsi aurons-nous passé un bon Noël (2014-12-25)
Année B - Messe de la nuit de NOEL 2014
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Frères et sœurs, laissons résonner ces paroles de l’ange aux bergers pour que la lumière dont elles sont porteuses viennent faire son œuvre en nous.
Pour les éclairer, je voudrais tout d’abord vous partager quelques phrases lues parmi tous les messages de vœux que nous recevons en cette fin d’année :
Si notre plus grand besoin avait été de formation, Dieu nous aurait envoyé un enseignant.
Si notre plus grand besoin avait été l’argent, Dieu nous aurait envoyé un banquier.
Si notre plus grand besoin avait été le plaisir, Dieu nous aurait envoyé un comédien.
Si notre plus grand besoin avait été la santé, Dieu nous aurait envoyé un médecin.
Mais notre plus grand besoin était le pardon, alors Dieu nous a envoyé un Sauveur.
« Notre plus grand besoin était le pardon », et Jésus est venu, lui dont le nom signifie « Dieu sauve », nous libérer de nos péchés. Notre plus grand besoin était de pouvoir réentendre « Tu es mon fils, ma fille et tu as du prix à mes yeux ». Alors le Fils de Dieu est venu comme un frère pour nous partager sa dignité d’enfant bien aimé du Père.
Et comment se présente à nous ce Sauveur ? Comme un enfant, un nouveau-né dans les bras de sa mère. Avec une telle entrée en matière, pourrait-on dire, le ton était donné. Le Sauveur qui vient à nous est tout autre chose qu’un puissant qui voudrait en imposer par la force ou l’éclat de sa richesse. En effet cette puissance-là ne guérit pas du péché. Et comment venir à bout de cette profonde tendance qui, en nous, résiste et veut tenir Dieu à distance ? Dieu n’a trouvé qu’un seul moyen pour désarmer nos peurs, nos suffisances et toutes nos culpabilités qui le laissent à la porte de notre cœur. Il est venu comme un enfant, Sauveur vulnérable et innocent …
Oui, en cette nuit, c’est ce mystère de Dieu enfant qu’il nous faut contempler de nouveau pour mieux prendre la mesure du pardon offert. « Gloire à Dieu et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime », chantent les anges. Cet enfant démuni, emmailloté dans une mangeoire nous parle de Dieu et de son amour, de la même manière que l’homme torturé le fera sur la croix. Depuis la crèche jusqu’à la croix, c’est le même mystère d’un Dieu exposé. Exposé et livré à nos regards, entre nos mains, Dieu désarmé, et Dieu qui nous désarme car Il n’est qu’Amour toujours offert.
Cette nuit, Dieu enfant vient rechercher et réveiller l’enfant perdu que nous sommes…L’enfant de Dieu qui s’est durci peut-être, qui est désabusé, qui s’est égaré ou qui somnole pour oublier. L’enfant qui a perdu sa joie et sa fraicheur. Jésus le Sauveur vient raviver cette grâce reçue lors de notre baptême, cette grâce qui nous a donné de renaitre, et de redevenir comme des enfants. Rien de puéril ou d’enfantin dans ce processus. Mais plutôt la grâce d’un nouvel élan intérieur de confiance ; la grâce d’un désir renouvelé parce qu’illuminé par l’Amour gratuitement offert.
Je crois qu’il ne faut pas en dire plus…mais laisser le mystère du Dieu enfant parler de lui-même. Méditons les textes de la liturgie. Contemplons le mystère à travers l’image de la crèche, cette icône actualisée. Notre f. Jean Marie a réalisé cette crèche à la manière d’une case peul, de son pays le Burkina Faso. Il a prévu que les enfants puissent entrer dedans et s’asseoir sur un petit banc pour mieux contempler. Avec eux, retrouvons ce regard d’enfant. Reconnaissons dans le visage de Jésus, nouveau-né, Celui qui nous donne d’oser renaitre vraiment quel que soit notre âge. C’est le cœur qui est appelé à rajeunir. Et dans cette eucharistie, accueillons le gage sûr de cette renaissance dans le Corps et le Sang du Christ donné pour le salut de tous les hommes. (2014-12-24)
Année B - 4e dimanche de l’Avent – 21 décembre 2014–
Homélie du F.Sébastien
Frères et sœurs,
Nous sommes dans le temps de l’ultime préparation à la Nativité de notre Dieu, de notre Dieu qui s’est fait un homme comme nous, en Jésus notre frère.
Que faire de mieux que de nous laisser emporter par le souffle même de Dieu qui nous arrive par les fortes lectures de ce 4e et dernier dimanche de l’Avent ?
Ces lectures j’aime les entendre sur l’arrière plan du magnifique psaume 18, « Les cieux proclament la gloire de Dieu...» Ils la proclament par le parcours étonnant et bienfaisant du soleil d’un bout à l’autre de la terre, comme du début à la fin du parcours messianique, une course de géant. Une course recommencée pour nous en ce moment sous une autre forme dans la première lecture avec le roi David, relancée dans la troisième, l’Évangile, par un nouveau commencement dans la maison, dans le cœur, dans le corps d’une jeune fille de Nazareth.
On le voit, un immense-arc-en ciel de paroles est tendu dans le ciel au-dessus de nos têtes, un arc qui portent l’Espérance de notre monde.
Effectivement Noël est avant tout un événement de parole. Des paroles adressées à chacun, à chacune d’entre nous en ce moment, pour que nous les mettions en nos cœurs à l’abri des tumultes du monde, pour que nous les méditions en silence comme David, comme Joseph, comme Marie, comme Élisabeth, comme les bergers surpris, comme leurs moutons à qui les anges savaient sûrement parler à l’oreille.
1ère lecture. Je cite :
« Cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan... »
C’était donc de nuit, dans cette sorte de nuit sans laquelle le mystère gardé jusqu’alors dans le silence, dont parlait la 2ème lecture, ne peut être mystère. La nuit silencieuse du prophète Nathan et de David son roi, la nuit qui après eux s’étendra continûment jusqu’à l’aurore de l’Annonciation, l’Annonciation qui est le premier temps de la Nativité du Fils de Dieu.
La parole de Dieu adressée à Nathan en fit un prophète de l’avenir. En ce temps de Noël, elle vient pareillement faire de nous des prophètes de l’Espérance, de cette Espérance dont notre monde moderne a le plus besoin. Ce n’est pas l’amour qui est premier, mais l’espérance ! C’est toujours l’espérance qui passe devant, qui ouvre la voie, qui donne à l’amour toujours fragile sa capacité de durer, sans quoi il n’existe que comme une étincelle furtive, trompeuse.
Peut-on croire à notre vocation à être des prophètes de l’espérance en toutes ses formes ? En ces derniers jours plus que jamais. On le voudrait bien, mais comment ? Paradoxalement en se faisant des serviteurs, mais pas n’importe comment, comme les serviteurs nos lectures.
Je lis : « La parole de Dieu fut adressée à Nathan : ‘Va dire à mon serviteur David....’ » Ainsi commençait l’enfilade des grands serviteurs des temps messianiques : Nathan serviteur du roi David, David serviteur du dessein de Dieu à travers la permanence de sa lignée, Marie servante de Dieu en contribuant tout au long de sa vie à faire de son enfant le Serviteur de Dieu par excellence. C’est de cela qu’elle rêve encore de faire en chacun, en chacune de nous qui sommes aussi ses enfants. Peut-être faut-il vite se glisser dans son oui unique, en communiant au dynamisme de sa joie.
Dans la première lecture le Seigneur Dieu parle au roi David par l’intermédiaire de Nathan son prophète, dans la troisième il parle à Marie comme en direct par son ange et par son Esprit Saint qui est sur elle pour l’introduire autant que faire se peut dans l’inouï du message.
Pour sa part l’évangéliste Luc nous prend par la main pour nous introduire nous aussi habilement dans la scène même où, avec son génie inspiré, il nous donne de tout voir, de tout entendre. Le rideau est ouvert. « L’ange entra, l’ange salua, l’ange dit à la vierge ... » .Tout cela dans un face-à-face, une proximité comme il n’y en avait jamais eu.
Le message apporté par l’ange est au futur, un futur d’accomplissement certain, déjà en cours : « Tu vas concevoir, tu vas enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut, le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin. » Une avalanche de certitudes !
« Comment cela se fera-t-il ? L’Esprit Saint viendra sur toi. ».
Le mystère est tout simple, apparemment...
Le oui de Marie aussi, et aussi le nôtre dans le sien, ce oui à qui il revient de faire advenir un nouveau Noël pour le monde nouveau qui va naître. (2014-12-21)
Année B – 3° dimanche de l’Avent – 14 décembre 2014
Is 61 1-11 ; 1 Thess5 16-24 ; Jn 1 6-8 19-28
Homélie du F.Damase
Les lectures de ce 3° dimanche de l’Avent nous attirent vers l’ESPERANCE. Cette confiance que le Pape François nous rappelle sans cesse, spécialement dans sa lettre « La joie de l’Evangile » !!
Dans la 1° lecture, Isaïe nous redit la parabole de la semence : il faut du temps pour que la semence pousse, germe et porte du fruit ; de même, il faut du temps pour que la Parole de Dieu se réalise !! Ainsi à l’époque d’Isaïe, le peuple est revenu de l’exil à Babylone et il a entrepris des travaux pour la restauration de Jérusalem ; mais pendant son exil, d’autres peuples ont habité Jérusalem et désormais la religion juive est minoritaire !! La pratique religieuse que l’on espérait restaurer est faible !!
Dieu aurait-il abandonné son Peuple ? La réponse d’Isaïe est claire : Dieu ne vous abandonnera jamais, Dieu est fidèle !! Ne vous découragez pas !! Notre rêve le plus profond : la pureté du cœur est un cadeau de Dieu ! Un don gratuit, le plus beau des bijoux !! Garder confiance ; à toute graine il faut du temps pour pousser !! L’onction d’huile qui faisait le roi, sera donnée au prophète, fils de David : voilà votre espérance !!
La seconde lecture commence par un mot qui a donné le nom à ce dimanche « Gaudete », « Réjouissez-vous » !! Alors que tant de guerres meurtrières endeuillent notre planète, que le terrorisme fleurit au Moyen Orient, que les problèmes économiques condamnent tant d’hommes et de femmes à une vie misérable. Soyons clair la situation mondiale n’était pas meilleure au temps de Paul !!
La communauté de Thessalonique connaissait déjà la persécution, Paul lui-même s’est enfuit de la ville comme « fauteur de troubles » !! Donc, il ne s’agit pas d’un optimisme béat ; il s’agit de la joie profonde de l’assemblée croyante ; joie d’accueillir la Parole de Dieu, joie de lire les signes de l’Esprit, joie d’une vie fraternelle !!
La dernière phrase de Paul nous donne la raison profonde de cette joie. - Le but du voyage indique la route à prendre- Le but du voyage chrétien est le Royaume de Dieu !! « Il est fidèle le Dieu qui vous appelle : tout cela il l’accomplira » C’est à dire que le premier artisan du Royaume de Dieu, c’est Dieu lui-même !! Or Dieu est fidèle ! Et l’histoire de l’humanité est accompagnée par la fidélité de Dieu ; Dieu aime les hommes et Dieu veut sauver tous les hommes !!
Dans l’Evangile de Jean, à première vue il y a un contraste entre le thème de la joie et la figure un peu hirsute de Jean-Baptiste. Lorsqu'on parle de joie on pense à des festivités, des banquets, etc. Or le menu de Jean (des sauterelles, du miel sauvage et de l'eau) était plutôt sobre. On identifie joie et célébration avec des vêtements de fête, ce que n'était sans doute pas le vêtement fait de poils de chameaux que portait Jean. Enfin, dans une fête on s'attend à écouter des discours agréables et encourageants. Or Jean invite à la conversion et qualifie certains de ses interlocuteurs d'hypocrites et de race de vipères.
Et pourtant Jean était un homme profondément heureux parce qu'il était un homme tout à fait libre. Il n'était attaché à rien ici-bas ; il était dépouillé de toute ambition, de toute préoccupation personnelle. Il avait une mission et n'existait que pour cette mission.
La plupart d'entre nous, nous avons parfois de la difficulté à réconcilier notre mission ou les divers rôles que nous avons à jouer – dans la société, dans l'église, dans notre communauté, dans notre famille – avec nos intérêts et nos goûts personnels, et peut-être même nos ambitions. Rien de cela chez Jean-Baptiste. Sa mission a envahi tout son être; ou plutôt son être entier s'est épanoui dans sa mission. Il n'a pas d'autre intérêt. Ainsi, des personnes sont devenues ses disciples; mais il ne les "possède" pas. Lorsque Jésus apparaît, il les lui envoie en disant : "Voici l'Agneau de Dieu". Dans sa solitude, il est un homme libre, un pauvre, un cœur pur.
"Bienheureux les cœurs purs, il verront Dieu" dira Jésus. Parce qu'il était pauvre, privé de tout intérêt personnel, Jean-Baptiste a pu voir Dieu lorsqu'Il est venu à lui.
En ce dimanche de la Joie et de l’espérance, faisons confiance à Dieu comme il fait confiance à son Eglise et aux hommes qui sont son Eglise. Réformons notre vie pour avoir un cœur pur et simple, alors nous connaitrons des jours heureux : nous verrons que Dieu agit en toute occasion, que Dieu est présent en toutes circonstances !! (2014-12-14)
Année B - 2° Dimanche de l'Avent - 7 décembre 2014
Is 40 1-11; 2 Pet 3 8-14; Mc 1 1-8
Homélie du F.Hubert
/Commencement de l’Evangile de Jésus, « Christ », « Fils de Dieu »./
Le désert. La libération de la captivité et le retour d’exil par une
route aplanie, une large vallée.
Le baptême de conversion dans le Jourdain, pour le pardon des péchés.
L’annonce de la venue du plus fort et du baptême dans l’Esprit Saint.
L’attente du ciel nouveau et de la terre nouvelle, avec l’avènement du
jour de Dieu.
Parole vivante de Dieu, pour nous aujourd’hui.
Un commencement, et pas n’importe lequel : le commencement de l’Evangile
« de Jésus ».
Un baptême, et pas n’importe lequel : le baptême « dans l’Esprit Saint ».
/Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement, Dieu
créa l’homme à son image./
Un nouveau commencement, une nouvelle création, adviennent avec Jésus,
en Jésus, /« Christ », « Fils de Dieu »./
/Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !
/entendions-nous dimanche dernier, dans la bouche d’Isaïe.
Dieu est descendu, Dieu est venu. Il vient vers nous, aujourd’hui.
Nous avons du mal à intégrer cette vérité dans nos vies, tellement elle
est grande.
Tellement elle est cachée aussi.
Car Dieu ne vient pas dans le fracas du tonnerre, mais dans le murmure
d’un fin silence.
Jésus vient incognito, avec la seule force de son Esprit d’amour.
Jean Baptiste l’annonce comme plus fort que lui, et ne se sent pas digne
de défaire la courroie de ses sandales :
on imagine celui-là arriver au terme d’un cortège victorieux, éclatant.
Or, Jésus arrive, inconnu, au milieu d’une foule de gens obscurs
qui reconnaissent publiquement leurs péchés.
Lui qui est sans péché, se fait baptiser par Jean dans le Jourdain :
alors il voit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui.
Voilà comment est Dieu, homme parmi les hommes, venant à la rencontre
des hommes.
Dieu présent, Dieu caché.
Le Dieu Très-Haut est le Très-Bas, le Très-Humble.
Il vient tout partager de notre vie humaine, pour nous partager tout de
sa vie divine.
Il vient au désert, avec son peuple, au milieu de son peuple,
pour faire avec lui le chemin de l’Exode définitif vers la Terre promise
qu’est le cœur même de Dieu.
/Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à
la rencontre de ton Fils,/
avons-nous demandé dans la prière d’ouverture.
Quelles sont donc nos tâches présentes, susceptibles d’entraver notre
marche à sa rencontre ?
Quelles sont celles qui favorisent cette marche ?
/Nous attendons un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la
justice,/nous dit st Pierre/./
Il ne peut s’agir d’une attente passive.
Notre vocation et notre mission est de tout faire pour qu’ils adviennent
dès maintenant.
Certes, nous attendons le monde nouveau pour un avenir au-delà de ce
monde qui passe,
comme un don de Dieu, inouï et inimaginable, /selon la promesse du
Seigneur/ qui est vérité.
Mais ce don de Dieu est aussi déjà pour aujourd’hui, et ce don passe par
nos mains, et d’abord par nos cœurs.
Dimanche dernier, le pape François, dans la Divine Liturgie présidée par
le patriarche Bartholomeos, nommait les voix qui crient vers nous :
celles des pauvres souffrant de malnutrition, du chômage, de l’exclusion
sociale,
celles des conflits en tant de parties du monde, celles des jeunes sans
espérance.
Les tâches présentes qui facilitent /notre marche à la rencontre du
Fils/ de Dieu ne sont-elles pas
toutes celles qui, jaillissant d’un cœur fraternel,
cherchent à « vaincre la mondialisation de l’indifférence, et à
construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité » ?
« Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait. »
Etty Hillesum, cette hollandaise d’origine juive, déportée et morte à
Auschwitz, écrivait en 1942 :
« Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si
chaque individu fait d’abord la paix en soi-même,
extirpe tout sentiment de haine pour quelque race que ce soit, ou bien
domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même à la
longue en amour. »
Cette conversion est notre défi à tous, chaque jour, que nous ayons 6
ans, 15 ans, 30 ans, 80 ans.
/Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent,
/avons-nous chanté avec les psalmistes qui ont précédé Jésus.
Cette rencontre et ce baiser se sont réalisés en perfection en /Jésus,
« Christ », « Fils de Dieu »./
Il les a vécus, concrètement, sur notre terre, et ils demeurent en lui
pour toujours.
Il les a scellés de son sang versé, de son amour offert sans condition,
sans reprise.
Mais nous, qui sommes son corps,
c’est notre vocation, notre mission, notre responsabilité, de les faire
advenir aujourd’hui.
Jésus, descendu d’auprès du Père, est le Fils bien-aimé sur lequel
repose l’Esprit Saint.
C’est pourquoi, il peut nous baptiser dans l’Esprit Saint.
Cet Esprit nous donne la puissance de vivre en fils et en frères,
la grâce d’être pardonnés et de pardonner,
de faire advenir dès maintenant l’humanité telle que Dieu la veut.
Une terre nouvelle.
Alors, comme l’écrit souvent Etty Hillesum : « Et maintenant, au travail. » (2014-12-07)
Année B - 1° Dimanche de l’Avent – 30 novembre 2014
Is 63 16 - 64 7; 1 Co 1 3-9; Marc 13 33-37
Homélie du F.Jean-Noël
Hier soir pour la prière des vêpres, la communauté entrait gravement, joyeusement, dans l’église derrière la Parole de Dieu, la Bible portée haut par le Père Abbé.
Il était facile de comprendre – de comprendre en le faisant – qu’on s’insérait bien dans cette caravane immense à travers les siècles des chercheurs de Dieu dont il y a juste un mois, nous fêtions les premiers arrivés. Tout juste derrière le Christ. Facile de comprendre que, si on inaugurait ainsi un nouveau cycle liturgique, ce n’était certainement pas pour tourner en rond, pour ronronner!!
Et pour nous en convaincre – ou nous réveiller - au cas où - ce matin, un rappel vigoureux : « Veillez » et même plus impératif : « Veillez donc ». Et c’est tellement clair qu’il n’y a pas à attendre que les exégètes et les biblistes qualifiés se soient mis d’accord sur le sens que cela pourrait avoir. C’est aussi clair que d’autres injonctions indiscutables des Ecritures :
- Tu n’auras d’idoles
- Tu aimeras ton prochain comme toi-même
- Tu pardonneras soixante dix fois sept fois
Donc « veillez »
Mais attention ! L’évangile, ce n’est pas internet : on tapote, un clic, et la réponse tombe. Point. Question suivante !
S’il nous est dit « veillez ». Ce n’est pas pour que ça glisse sans plus sur nos vitrines, Non ! ça doit pénétrer jusqu’à nos racines, nous travailler comme un ferment, soulever toute notre pâte, pénétrer en profondeur comme un baume. Il y faut un vrai massage en insistant sur les coins rebelles. Image heureuse que je n’ai pas inventée ; il y a beau temps que nos ancêtres dans la vie chrétienne – et bien avant eux, le peuple juif, pratiquaient cette imprégnation lente, la lecture qui prend son temps, la répétition qui n’est pas rabâchage, mais respiration, ouverture à un souffle vital, ne venant pas de nous. Il s parlaient même de « ruminer » - image certes moins poétique – mais qui dit bien cette application doucement têtue pour ne rien perdre du suc nourricier, et à cause de cela, prenant bien son temps, chose pour nous si difficile de nos jours. D’où le rappel vigoureux de ce matin « Veillez donc ! ».
Alors quoi, veiller ?
-Veiller et découvrir – pour parler comme le pape François – que veiller n’est pas la même chose que de ne pas veiller. Pas la même chose !!
- Veiller et découvrir en soi comment se réveillent les échos de tant de paroles de Dieu déjà entendues. Et si cela ne résonne pas, peut-être découvrir mes espaces intérieurs encombrés de tout un bazar, squattés par quelques addictions – qui n’en a pas, petites ou grandes – qui me font fuir dans l’oubli, quand saint Benoît, lui, dans la « Règle des moines » nous demande au contraire de « fuir l’oubli ». Absolument. Ce qui n’est pas on plus la même chose.
- veiller encore.. et des chemins s’ouvrent dans le cœur aux senteurs d’Evangile (François).
- Veiller.. et des aurores se lèvent, timides, douces, heureuses, sûres !!
-Veiller.. et s’infiltrent de petits filets d’une paix qui ne trompe pas, annonçant cette « paix comme un fleuve », promise à ceux qui veillent : « Ah! Si tu écoutais, ta paix tu serais comme un fleuve » (Isaïe.).
Veiller, mais comment ?
- Peut-être déjà, avant ce soir, se relire cet Evangile . plus avec les oreilles (l’oreille cordiale de notre cœur) qu’avec les yeux. En prenant bien son temps. Peut-être ?
- Ou se trouver de petits moyens pour « fuir l’oubli ». Un petit postit en bonne place, un petit carton dans sa poche. Je ne sais pas. Les amoureux sont inventifs.
- Ou sur son dizainier reprendre tranquillement ces mots que nous avons aux Vigiles du Lundi : « Apprends nous à veiller, Seigneur Ressuscité » !! Une bonne vieille méthode qui a fait ses preuves. Essayez – voir !!
- Ou encore, tout de suite, en nous déplaçant pour communier au Corps du Christ, y aller droit comme un veilleur – éveillé, éveillé et solidaire aussi : on ne veille jamais tout seul, ni pour soi tout seul – Toujours avec l’immense caravane des chercheurs de Dieu, à la suite du Christ !!
Et puis, et puis, sans oublier - Bonne Nouvelle –
Il y en a UN qui veille : « il ne dort pas,
Il ne sommeille pas » - Ps 120.4
Du seuil de sa maison, il guette
Impatient comme on n’a pas idée,
Impatient de faire donner la musique et les danses
Oui, apprends nous à veiller, Seigneur ressuscité » (2014-11-30)
Année A - Homélie pour la fête du Christ Roi - 23 novembre 2014
Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28; Mtt 25 31-46
Homélie du F.Denis
Nous voici en fin d'année liturgique. Dans une semaine, nous entrons
dans la préparation de ce qui vient, ce qui advient, et c'est Noël. La
fête de ce jour permet donc de faire un bilan des douze mois qui
s'achèvent, bilan heureux, nous sommes en fête : pour nous, le Christ
règne.
Peut-être vous demandez-vous: nous sommes habitués à dire
que Dieu règne. Dans la Bible, l'expression est fréquente et tous les
jours, priant le NOTRE PERE, nous demandons 'à Dieu Que ton règne
vienne. Quel rapport y a-t-il donc entre Dieu règne et le Christ règne?
Essayons de redire les trois étapes des relations à Dieu notre
Père.
Première étape: le bonheur initial de l'homme admirant la création.
Lui-même, créé à l'image et ressemblance de Dieu, vit, heureux, en
présence de Dieu. Aucune peine, aucun isolement. L'homme est
Créateur,-il-est louange.
Seconde étape. L'homme se cache de Dieu. Il n'a pas obéi, il a peur, il
n'a pas été anéanti par Dieu car Dieu n'a pas changé: l'homme est
toujours son fils, créé à son image, et en cet homme, il y a toujours
cette ressemblance capable de retrouver son éclat premier, si l'homme
défiguré, plein de poussière, voire de boue, retourne et demande
pardon à celui qui l'attend. Dieu l'attend et, discrètement, parle à l'homme, à ces hommes devenus son peuple, par des intermédiaires,
par des prophètes.
Dieu va jusqu’à accepter le désir de son peuple d'avoir la
liberté, pour mener sa propre vie, de se choisir un roi, ainsi que font
les autres peuples. Dieu accepte, tout en prévenant des risques d'un tel
choix, le risque de devenir esclave d'un tyran.
Et voici Samuel, le fidèle Samuel, ordonnant le premier roi,
Saül. Choix heureux, tant est doué cet homme, nous dit le Siracide. Il
est beau, ce qui veut dire bon, il est grand, courageux au combat.
Hélas, il a un défaut, très humain sans doute, il est jaloux. Mais d'une
jalousie morbide qui lui voir dans un rival, un homme à supprimer.
David 1e remplace, jeune encore mais si maître de soi devant le
terrible et ridicule Goliath. David règne, non sans péché, mais
demande pardon et, parlant de lui, qui ne dit le saint roi David ? La
promesse que Dieu lui a faite qu'un homme de sa race règnerait à son
tour se réalise et c'est Salomon. Salomon, un monstre de sagesse,
dirions-nous peut-être, en tout cas capable de se voir admiré par les
plus grands de ce monde. Hélas encore, Salomon ne fut pas sage en
tout domaine et c'est après lui une longue suite de rois qui se
succèdent, parfois détestables et qui finiront en exil. Le peuple de
Dieu n'est plus qu'un petit reste, et vint enfin le roi promis, Jésus de
Nazareth.
Troisième étape. Jésus sera acclamé roi par la foule, et suivi par des
disciples généreux, a bien conscience de l'équivoque: beaucoup
espèrent de lui qu'il devienne le libérateur du peuple « occupé» par
Rome.
Jésus n'est pas venu en libérateur politique d'un petit peuple,
Israël, il est venu en libérateur universel de tous les hommes pour que
_vivant sur terre et aimant leur terre, ils soient tous encore' plus
désireux du règne de Dieu. Et ce règne est celui commencé de l'amour
filial, manifesté en amour fraternel universel.
Aimer même son ennemi et, difficulté plus habituelle peut-être,
comment aimer celui si peu attirant qu'on côtoie chaque jour sans le
rencontrer.
Comment faire pour devenir fraternel ?
Relire les évangiles, en privé, à plusieurs, entrer dans liturgie qui est l'heure du grand appel à la vie fraternelle, pratiquer et éprouver la
joie du service rendu, comme Jésus dit de le faire dans l'évangile.
Fête du Christ Roi, fête pour l'Eglise ouverte à l'universel de
Dieu. Alors le cœur de chacun est, même dans les difficultés réelles de
toute vie, déjà dans la paix de Dieu. Donné et libéré de son égoïsme
fermé. (2014-11-23)
Année A - 33e Dimanche du Temps Ordinaire - 16 novembre 2014
Prov 31/10-13,19-20,30-31, 1The 5/1-6, Mt 25/14-30
Homélie du F.Cyprien
(La femme vaillante, la venue du Seigneur et ses délais, le retour du maitre qui avait confié son argent à ses serviteurs).
D’abord la venue du Seigneur : attente ?… surtout la vigilance, (bis)… dans un monde qui s’endort : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité ! ».
Nous sommes prévenus et… nous le vivons peut-être assez mal, comme « les gens » dont parle l’Evangile… « quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité… »
Nous sommes pourtant les fils de la lumière, la foi au Christ éclaire, elle oriente nos vies,… a priori la venue du Seigneur devrait être pour nous la bonne surprise… « en cette vie où nous espérons le bonheur que Dieu promet et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ».
Rappelons-nous au moins que « l’amour parfait bannit la crainte » ; si nous avons des progrès (…de grands progrès !) à faire pour mieux aimer, rappelons-nous que c’est LUI Dieu qui nous attend sans cesse.
Celui qui croit au Christ ressuscité ne peut pas être… « comme les autres », « ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres ».
Les autres lectures,… la première, dans les Proverbes, a été choisie en fonction de l’Evangile, … la femme vaillante - dont on fait l’éloge - a été choisie pour accompagner la parabole des talents, la femme qui craint le Seigneur, qui est seule digne de louange
D’un côté une femme dans sa situation bien concrète (la gestion de sa maison) et de l’autre des sommes d’argent à faire fructifier.
Lire ces deux passages de l’Ecriture en parallèle nous aide …
Avec l’Evangile des talents, on aurait tendance à se demander « Ne suis-je pas comme celui qui a peur, qui va cacher l’argent sans le faire fructifier ? ».
Il y a deux serviteurs qui se débrouillent plutôt bien (ils doublent chacun le capital confié) : on aimerait bien s’identifier à eux… Et il y a le 3e … qui a tout faux pour l’argent confié… en plus il a des sentiments pas très purs face au maitre, apparemment dur en affaires.
Je trouve que l’évocation de la femme vaillante, active, qui gère bien sa maison nous permet de mieux entendre l’Evangile des talents.
A sa femme aussi, le mari a confié une partie de ses biens pour la tenue et la marche de la maison. Elle est responsable d’une richesse à gérer et … elle s’en tire très bien.
Non seulement elle est active, mais elle fait le bien en prenant soin de pauvres, de malheureux. Son mari ne lui a pas confié de l’argent comme aux serviteurs de l’Evangile : il lui a fait confiance pour la tâche qui est la sienne.
Quand l’Evangile parle de talents à l’époque de Jésus, il s’agit du talent, unité de mesure monétaire : par la grâce de la Parole de Dieu ce talent désigne maintenant une qualité dans le cœur humain. Dieu a mis au cœur de la femme vaillante ce talent de s’occuper, avec intelligence et cœur, à la marche de sa maison.
Soyons bien persuadés que Dieu confie à chacun d’entre nous une richesse qui n’est pas un trésor, ni en numéraire ni en titres, en pièces d’or ou en bijoux, …
…c’est une richesse qui est dans notre cœur et notre intelligence. C’est cette richesse qu’il faut faire fructifier.
«Décevante est la grâce et vaine la beauté, la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange »… Seul est digne de louange celui ou celle qui met son cœur et son intelligence au service de l’Evangile du Christ.
Et cela aussi… parce que le Maitre qui nous a fait confiance n’est pas un homme dur, un souverain dont il faudrait avoir peur.
Bien plus le « serviteur bon et fidèle » sait cela aussi depuis cette parabole, depuis celle du jugement dernier : c’est son Maitre qu’il sert en servant ses proches ; il sait que c’est en aimant qu’on apprend à aimer, que c’est en donnant de sa joie et de sa peine qu’on récolte le centuple promis.
Petits ou grands talents, chers frères et sœurs, n’oublions jamais que chaque fois que Dieu nous parle, nous entendons une bonne nouvelle… un appel à l’espérance et à la confiance.
C’est pourquoi maintenant nous rendrons grâce, nous remercierons le Seigneur Dieu, notre Père, le Père qui nous donne, par le Fils ressuscité, l’Esprit qui en nous fait fructifier ses dons. ( 2014-11-16)
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