vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 14 juin 2015 — 11e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 11e dimanche du Temps Ordinaire - 14 juin 2015

Ez. 17, 22-24; 2 Cor. 5, 6-10; Marc 4, 26-34

Homélie du F.Ghislain

Texte :

L’évangile met en scène un homme qui fait les semailles et souligne qu’ensuite, il n’a plus à intervenir : qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence travaille d’elle-même dans une terre qui féconde. Le travail de l’agriculteur se situe avant et après : il lui revient de préparer la terre, de sélectionner les semences et de semer. A la fin, il moissonnera. Entre deux, il ne peut rien, sinon s’inquiéter ou s’abandonner. L’agriculteur interroge la météo ; il sait les conditions de température et de pression qui sont les plus favorables à la croissance, mais il n’y peut rien. Il est désarmé devant les excès de chaleur ou de froid, de soleil ou de pluie ; devant les accidents climatiques qui peuvent survenir, désarmé aussi quand la température a été vraiment bonne au long de l’année : il accueille… A la fin, pourtant, il y aura de toutes manières la récolte, parfois très belle, parfois moins. De plus, cela revient régulièrement : si une année a été mauvaise, la suivante sera bonne. La terre fait son travail, et elle le fait en notre faveur.

L’évangile nous dit que l’histoire fonctionne ainsi : qu’il s’agisse de chacune de nos vies, de celle de l’Eglise, de celle du monde, la vie terrestre, humaine, divine, va vers le bien. On ne le voit pas, on ne peut pas grand-chose peut-être, mais que l’on dorme ou que l’on veille, la puissance de Dieu créateur et l’attention aimante de Dieu notre Père orientent vers le progrès, l’accomplissement, la réussite, - ce que l’on appelle la vie éternelle que nous attendons, mais que nous constatons aussi de temps à autre, ici ou là, dès ici-bas.

L’’évangile nous dit aussi, en d’autres passages, que nous pouvons gâter plus ou moins la récolte. L’homme peut manquer à ses devoirs en amont ou en aval. En amont, pour multiplier les rendements, on abuse des engrais chimiques, et la terre s’épuise. En aval, on coupe du bois sans se préoccuper de replanter, et la forêt disparaît. L’écologie cherche aujourd’hui à remédier à ces malfaçons qui mettent la terre en péril, qui ne lui permettraient plus à terme de faire son œuvre cachée de fécondation. Elle invite à modérer les interventions afin que la terre vive, sobrement et durablement. Mais il faudrait vraiment beaucoup d’abus pour que la terre ne fonctionne plus. Ce serait la fin du monde.

On pourrait tirer beaucoup d’applications spirituelles de la parabole de Jésus. Je voudrais aujourd’hui me limiter à une et vous poser la question : quel regard jetez-vous sur votre vie, telle qu’elle a été, telle qu’elle est et que pensez-vous de ce qu’elle sera ? Notre tentation n’est-elle pas en général celle du pessimisme, c’est-à-dire du regard porté sur ce qui n’a pas marché, au moins à l’aune de ce que nous espérions ? Il faudrait faire l’inventaire, au contraire, de ce qui s’est construit, en nous d’abord, chez ceux qui nous entourent ensuite et comme cela, de proche en proche. Dieu ne travaille pas dans le sensationnel mais dans les choses courantes ; comment a-t-il conduit la nôtre ?

J’aimerais vous suggérer ceci : un jour où vous aurez le temps, prenez une feuille de papier et écrivez ce qui, dans votre vie, s’est bien passé, y compris ce qui s’était mal passé et s’est révélé finalement positif. Au début peut-être, vous aurez du mal car il n’est pas facile de faire taire les mauvais souvenirs, mais, peu à peu, vous découvrirez le bien qui s’est fait en vous et autour de vous, là où vous ne le pensiez pas, sans presque que vous le sachiez, mais parce que la force de la vie agissait en vous. Cela, je pense, je le souhaite, nourrira votre Espérance, parce qu’elle vous aidera à prendre conscience que Dieu anime les hommes, vous anime, et en finale les achemine vers le Royaume de Dieu. Vous comprendrez que dans le présent, cette conduite divine passe par des chemins cachés où, si on y prend garde, recèlent le bonheur.

Frères et sœurs, vous êtes au courant de la situation explosive dans biens des pays du monde et, en particulier ces temps-ci au Burundi, dans l’Afrique des Grands Lacs. Je voudrais laisser la parole de conclusion à un ami burundais qui m’écrivait récemment :

Louons Dieu pour les merveilles qu’il continue d’accomplir. Oui des petites pousses de Dieu, il y en a partout, et même au Burundi, il y en a dans nos familles, dans nos communautés : oui, des nouvelles petites pousses de l’Esprit ! Elles sont bien cachées, étouffées par le faux semblant, les crimes, le faux témoignage, le faux sous toutes ses formes… Quand nous nous retrouvons dans les tempêtes de la vie, dans les moments de turbulence comme dans notre pays, la peur nous paralyse mais le sursaut de la foi nous conduit dans l'assurance que Jésus est ressuscité, que l'Esprit Saint est à l'œuvre au Burundi et dans le monde. (2015-06-15)

Homélie du 07 juin 2015 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - Fête du Saint- Sacrement - 7 juin 2015

Exode 24.3–8/Hébreux 9.11–15/Marc 14.12–16, 22–26

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Frères et sœurs,

La fête de l’eucharistie nous invite à la joie. Elle a en effet le pouvoir inouï de nous changer le cœur. Comment ? En nous faisant entrer toujours mieux dans le jeu des signes efficaces qui la constituent. Des signes qui nous touchent parce qu’ils nous renvoient aux grandes réalités de nos vies humaines.

Je ne peux m’empêcher de penser à cette toute jeune femme sur le point de devenir mère. Mère d’un certain Jésus. Une mère qui sentit monter à travers son corps, son cœur, son âme une immense action de grâce pour ce qui se passait en elle. Elle réalisait qu’elle était en train de donner vie, sa vie, à une autre vie. Ce qui n’est pas sans nous renvoyer, nous, à l’eucharistie dont la femme est la première icône. Un mystère, corporel et spirituel. À son petit, dans son ventre, elle partage sa propre vie en lui donnant son sang maternel, avant de lui donner sur son sein à boire son lait, puis sur la table le pain qu’il mettra sa joie à le partager avec ses commensaux.

Et quand le jeune Jésus, observateur et intuitif comme il l’est, voit des hommes et des femmes, chacun, chacune à sa manière, matérielle ou spirituelle, donner de la vie, la faire croître chez les autres, il est progressivement attiré à dire un jour à ses amis : « Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon corps, ceci est mon sang. C’est donné. C’est moi. »

La vie en commun apprend la vie de demain. C’est ainsi que Jésus a aussi conduit sa mère jusqu’à la plénitude de sa maternité : « Femme, voici ton fils. » Telle mère, tel fils. Avec retour. Si la femme est l’icône première de l’eucharistie le Fils de l'Homme en est l’accomplissement. Ainsi du Christ et de l’Église, ainsi du sacrement nuptial de l’alliance.

On le voit, les vocations mûrissent en observant les événements de la vie. Tout ce que Jésus, enfant, adolescent, puis jeune homme voit et contemple de ses yeux, tout lui parle au cœur, le sensibilise, le prépare à son avenir.

Voit-il dans l’enclos un troupeau de moutons affamés le matin, c’est le déclic. Il se découvre un cœur de berger. Sa vocation est là ! À cette époque le berger, c’est le rustre qui sent mauvais, asocial, méprisé. Mais il prend soin du troupeau. Il risque sa vie contre le loup. C’est cela qu’il veut pour lui-même. C’est à cela que l’amour l’entraîne : il se fera le dernier du troupeau, petit agneau qu’on immole à la Pâque, celui qu’on mange à la hâte. On lui prend son sang pour oindre les montants de la porte et la fermer à l’exterminateur. Jésus le sait parfaitement. Il le lit dans les Écritures. Ce qui redouble son attirance.

Sa vocation se précise. Il veut plus, c’est le propre de l’amour. Il va se faire moins. Devenir, dans la porte, le vide par laquelle tous pourront passer. Le trou de l’aiguille devenu la porte du tombeau.

Le rêve du Fils de l'Homme le conduit au cœur du mystère de l’eucharistie. Le rêve de n’être plus que pour l’autre, plus rien pour soi, allégé de tout moi pour moi, plus qu’amour en acte.

Un jour, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dira sobrement de sa première communion : « Ce fut une fusion. » À l’horizon, le mariage spirituel. Oui, et pour Jésus ?

Jésus est de plus en plus tourné vers les incomparables symboles de la liturgie juive.

On a dit que le propre de Dieu c’est l’imagination. À preuve l’univers qu’il a créé, avec tout ce qu’il contient, avec tout ce qui peut s’y vivre ! Tout peut y être symbole pour qui ouvre les yeux.

Jésus est Fils de ce Dieu-là. Pas étonnant que lui soit venue l’idée surprenante de se donner lui-même à manger, caché dans un peu de pain, ce pain qu’on pose sur la table, pour qui veut. Puis l’idée de se faire moins encore, miettes, sous la table, pour les petits chiens, les enfants, l’étrangère, les sans droit, les bons et les méchants, les fous, nous tous.

C’est dans ce quasi rien, qu’il se donne personnellement à chacun, à chacune. Il y donne tout : son corps, son sang, son âme, sa divinité, oui, sa divinité ! Sans rien retenir. Sa vie, pas plus que le reste, ne lui appartient. Elle est à sa famille divine, cette famille qu’il a le droit de donner en partage à la multitude. N’est-il pas le Fils, l’envoyé du Père dans la communion de l’Esprit, pour que tous, sur la terre comme au ciel, soient un ? C’est la communion plénière, à chaque messe.

À la fin de chacune Jésus s’est effacé, comme à Emmaüs. Il est passé de l’extérieur au plus intime des cœurs, là où se consomme l’Alliance nuptiale.

On croit entendre aujourd’hui encore la voix de Jésus.

« Amis, tout ceci est vrai.

C’est un exemple que je vous ai donné,

afin que vous aussi vous fassiez de même !

Heureux êtes-vous si vous le faites ! » (7 juin 2015)

Homélie du 31 mai 2015 — Sainte Trinité — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B - Homélie pour la fête de la Sainte Trinité – 31 mai 2015 –

Dt 4 32-40 ; Rom 8 14-17 ; Mt 28 16-20 ;

Homélie du F.Damase

Texte :

Frères et sœurs, aujourd’hui nous honorons la Sainte Trinité, insondable mystère d’un seul Dieu en trois personnes distinctes, que nous professons chaque fois que nous faisons sur notre corps le signe de la Croix, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Il y a une solidarité et une symétrie entre les personnes divines qui reçoivent « même adoration et même gloire » comme dit le Credo !!

Les lectures que nous venons d’entendre manifestent la volonté de Dieu de se révéler par des mots humains.

On lit dans le Deutéronome : « Sache donc aujourd’hui et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, il n’y en a pas d’autre ».

Paul dit aux Romains : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu ».

Et dans l’Evangile selon Matthieu, Jésus dit : « Allez de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ; et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

De ces lectures, frères et sœurs, nous déduisons que

- Du nom de Dieu, dépend notre histoire,

- de la lumière de son visage en Jésus Christ, nous trouvons notre chemin,

- et de son souffle, notre vie, notre volonté connaissent la vérité et font le bien.

Le Dieu de la Bible est la vie qui veut se communiquer, il est ouverture et relation. Dieu veut combler en nous lacunes et manques, donner et pardonner, établir avec nous un lien stable et durable.

L’Ecriture Sainte ne connaît pas d’autre Dieu que le Dieu de l’Alliance qui a créé le monde et pour répandre son amour sur toutes les créatures et qui s’est choisi un peuple pour établir avec lui un pacte nuptial, et pour le faire devenir une bénédiction pour toutes les nations et former ainsi une grande famille de toute l’humanité.

Cette révélation de Dieu s’est pleinement définie dans le Nouveau Testament grâce à la Parole du Christ.

Jésus nous a révélé que l’homme est essentiellement fils, créature qui vit en relation avec Dieu le Père. Créature ouverte, tendue vers Dieu et vers ses frères, dans le visage desquels elle retrouve l’image du Père, par la grâce de l’Esprit.

Jésus nous a manifesté le visage de Dieu, un dans l’essence et trine dans les personnes : Dieu est amour, Amour-Père, Amour-Fils, Amour-Esprit saint

L’Esprit saint communique et diffuse l’amour qui unit et embrasse les personnes et les choses. C’est lui qui « écrit » dans les cœurs de ceux et celles qui croient au Christ. C’est lui qui crée l’Eglise de tous les peuples. Cette Eglise qui parcourt le monde entier, abat les barrières pour unir l’humanité dans la profession du Dieu Un et Trine. L’Eglise est « communion missionnaire » dans le Christ Jésus. Elle vit au rythme spirituel d’un battement de cœur qui sans cesse appelle et envoie, relie et sépare, rassemble et disperse. Ainsi la communion de l’Eglise porte les disciples à entrer en relation avec tous pour témoigner de l’amour de Dieu auprès de tous, en missionnaires de l’Evangile.

Oui, Frères et sœurs, en Jésus Christ, Dieu s’est fait homme par l’intervention de l’Esprit. Le Père et le Fils ne font qu’Un dans l’Esprit Saint qui est l’atmosphère du don et de l’amour qui fait d’eux un Dieu Unique. Par Jésus, Dieu vient à notre rencontre. Son Esprit, l’Esprit Saint qui émane de lui, entre dans nos cœurs et nous met en relation les uns avec les autres, il nous apporte la vie et la liberté. Or on ne trouve la vie qu’en la donnant. C’est ce que nous apprenons du Christ et ce que nous enseigne l’Esprit Saint qui fait de nous des fils et des filles de Dieu, véritablement libres, car, par lui, nous regardons le monde, les autres et nous-mêmes avec les yeux de Dieu.

Frères et Sœurs, l’Esprit par son souffle nous pousse vers le Christ et le Christ nous fait connaître le Père. L’Esprit donne aux croyants une vision supérieure du monde, de la vie, de l’histoire et fait d’eux les gardiens de l’espérance qui ne déçoit pas.

Ne cessons pas de prier Dieu le Père, par notre Seigneur Jésus Christ dans la grâce de l’Esprit Saint. Rendons grâce à notre Dieu éternellement !! (2015-05-31)

Homélie du 24 mai 2015 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - PENTECÔTE 24 MAI 2015

Ac 2, 1-11; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26...16,15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :



« Un grand vent s’est levé »…avons-nous chanté, frères et sœurs, au début de cette célébration… Que va nous apporter ce vent ? Que va nous faire vivre l’Esprit Saint ce grand vent de la Pentecôte ? Dans nos régions, quand le vent de l’ouest se lève et souffle fort, nous pensons qu’il y a des chances que vienne la pluie. Dans la région de Toulouse, chez nos frères d’En Calcat, souffle parfois un vent qu’on appelle le vent d’Autan, un vent qui est fatiguant à supporter. Pendant quelques jours, on s’attend à être plus énervé, on dort moins bien. En Afrique de l’Ouest, chez nos frères de Bouaké dont nous accueillons ces jours-ci le f. Paul, souffle l’Harmattan. C’est un vent qui vient du désert. Il assèche tout et dépose une fine poussière qui pénètre partout dans les maisons… Nos vents de la terre sont variés. Selon la direction d’où ils arrivent, nous savons que cela produira tel effet.

Ainsi en va-t-il de l’Esprit Saint, ce grand qui s’est levé un jour de Pentecôte… Grand vent et pourtant très discret dans ses manifestations. Un vent qui fait des grandes choses en prenant des petits moyens. Ce vent ne souffle pas dans nos cheveux ou dans nos oreilles. Il est comme une énergie à accueillir, comme un murmure à reconnaitre au fond de nos cœurs, comme une lumière à recevoir. Et comment distinguer cette énergie de toutes celles qui nous animent ? Comment discerner ce murmure au milieu de tous les autres bruits ou pensées qui peuvent habiter notre cœur ? Comment reconnaitre cette lumière parmi toutes celles qui peuvent scintiller sous nos yeux ? Comme pour les vents de la terre, nous discernerons le souffle de l’Esprit à ce qu’il produit… Nous savons son origine, il vient de Dieu, il ne pourra produire que des fruits selon Dieu.

Chacun des trois lectures entendues nous donnent de reconnaitre l’Esprit dans les fruits qu’il produit. L’Esprit énergie se révèle à la manière d’un vent puissant tant il bouscule la vie des disciples. Ceux-ci hier apeurés, deviennent pleins d’assurance. L’énergie dont l’Esprit les remplit ne peut se confondre avec l’éloquence humaine et la séduction de la force. Elle leur donne de se faire tout à tous, en rejoignant chacun dans sa propre langue. L’énergie de l’Esprit les met au service des autres, en leur donnant d’entendre dans leurs langues les merveilles de Dieu.

Plus habituellement, l’Esprit est aussi murmure dans nos cœurs. C’est peut-être là, frères et sœurs, que nous pouvons le reconnaitre le mieux dans nos vies quotidiennes. Murmure qui nous incline à penser, à parler et à agir selon Dieu. Les pensées qui peuvent traverser nos cœurs ne manquent pas. Si nous nous y accrochons, elles nous entrainent à parler et à agir. De quelle manière allons-nous parler et dans quelle direction allons-nous agir ? Comment reconnaitre la bonne inclination, celle qui nous entrainera à faire la volonté de Dieu ? Paul dans la seconde lecture, nous laisse les indices de la présence et du passage de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi. Dans notre cœur, l’Esprit nous donne comme un avant-goût de ces fruits succulents. Si la chair, ou le mouvement trop terrestre, nous entraine au « tout tout de suite, » l’Esprit nous incline à la patience. Si la chair nous entraine dans le désordre et le trouble, l’Esprit nous incline vers la maitrise de soi et la paix. Si la chair nous entraine dans les conflits, les discussions sans fins, le mépris des autres, l’Esprit nous incline vers la bonté, la bienveillance, la douceur….La chair nous entraine comme un flot impétueux. L’Esprit nous incline dans le respect de notre liberté, nous appelant avec force et douceur à nous lever, et à marcher vers le bien…

L’Esprit est encore lumière….Dans l’évangile, Jésus nous dit que l’Esprit nous conduira dans la vérité toute entière. L’Esprit est lumière parce qu’il ne conduit pas à lui-même. Il conduit à faire connaitre toujours mieux Jésus qu’il glorifie, et le Père d’où tout vient. Entre toutes les lumières qui scintillent dans notre monde, comment discerner ? L’Esprit nous incline à chercher la vérité sans jamais nous lasser. Il nous montre Jésus, le Chemin, la Vérité, la Vie. Non une Vérité qui écrase ou qui s’impose, mais une Vérité qui libère en nous la vie, l’amour et l’espérance. La Vérité apportée par Jésus et révélée entièrement par sa mort et sa résurrection projette sur notre existence une lumière profonde. Une lumière qui apaise dans la foi, qui conforte dans l’espérance, qui fortifie dans l’amour.

Frères et sœurs, rendons grâce en cette eucharistie pour ce don de l’Esprit dans nos vies, ce vent de Dieu qui produit la vie de Dieu dans nos existences. En cette Eucharistie, dans la mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus, nous prions pour que « l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à la gloire de Dieu »… (24-05-2015)

Homélie du 17 mai 2015 — 7e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 7e dimanche de Pâques - 10 mai 2015

Act 1 15-26;1 Jn 4 11-16; Jn 17 11-19

Homélie du F.Hubert

Texte :

Je voudrais m'arrêter sur une figure sur laquelle nous nous arrêtons bien rarement : celle de Judas, présente dans la prière ultime de Jésus et dans le récit des Actes des Apôtres.

« Judas était l'un de nous et avait reçu sa part de notre ministère » dit Pierre. "L'un de nous ", l'un des Douze. "L'un des Douze" "en est venu à servir de guide à ceux qui ont arrêté Jésus" . Il avait été choisi par lui, aimé par lui, et, surement, il l'avait aimé. Par quel cheminement est-il parvenu à livrer son Maître à ceux qui voulaient sa mort ?

" L'un des Douze" Un dans le collège apostolique, dans les plus

proches, les plus intimes de Jésus. "L'un des Douze" : cela veut dire une part en chacun de nous, une part dans l'Eglise, une part dans toute communauté humaine. Nul n'est exempt de cette part inhumaine, victime et actrice du mal.

Nous ne sommes saints, l'Eglise n'est sainte, que parce que nous sommes rachetés et sanctifiés par le Christ. Nous ne le sommes pas par nous-mêmes.

" La Lumière a brillé dans les ténèbres. Il n'y a pas de ténèbres que la Lumière ne puisse illuminer. Christ est descendu au plus bas du Mal, rejoindre toute victime du Mal.

Le rapport entre la grâce sans limite de Dieu et la liberté de l'homme est un mystère. L'Alliance que Dieu veut et scelle avec nous suppose notre entière liberté. Mais son oeuvre de salut n'est-elle pas précisément de nous libérer du péché qui nous aveugle, nous enchaine et nous emprisonne dans

la division et l' isolement ?

" La preuve la plus grande de la fiabilité de l'amour du Christ se

trouve dans sa mort pour l'homme. Si donner sa vie pour ses amis est la plus grande preuve d'amour, Jésus a offert la sienne pour tous, même pour ceux qui étaient ses ennemis, pour transformer leur coeur. Disent nos deux papes dans l'encyclique "La lumière de la foi".

Jésus n'a pas donné sa vie pour un petit cercle d'amis, il a livré sa vie pour tous, et tous nous sommes pécheurs, c'est-à-dire à la fois victimes de la mort et artisans de mort.

De cette part inhumaine, Jésus nous sauve en livrant sa vie, en nous rendant à nous-mêmes, en nous recréant dans l'unité de son Esprit.

" Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m' as donné, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes". Tous un, comme sont un le Père et le Fils.

Fraternité des réconciliés.

" J'ai veillé sur mes disciples, dit Jésus, et aucun ne s'est perdu,

sauf celui qui s'en va à sa perte de sorte que l'Ecriture soit

accomplie. Parole mystérieuse.

Le don de la vie, l'amour sans faille de Jésus, n'aura-t-il pas rejoint Judas, ne l'aura-t-il pas sauvé du gouffre du désespoir, du gouffre de la séparation sans mesure d'avec son Sauveur ?

" Si l'un de vous a cent brebis et qu'il en perd une, n'abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve ?".

Nous ne pouvons espérer pour nous le pardon, sans espérer que *tous* les hommes soient sauvés, sans espérer que l'amour du Christ, jamais démenti, rejoigne et sauve tout homme, et j'allais dire, en premier, celui que le Mal, avec une majuscule, a le plus défiguré, rendu inhumain, en communion avec personne.

Pierre s'est laissé déborder par la peur, il a renié Jésus par faiblesse. Judas s'est laissé prendre par le mal jusqu'à décider de livrer Jésus. Le mal l'a déshumanisé, l'a rendu meurtrier du Fils de l'homme.

Si Pierre a pu pleurer amèrement sa faute, grâce au regard de Jésus posé doucement sur lui, Judas, qui n'aura pas trouvé auprès des grands prêtres les témoins du salut qu'ils auraient dû être, n'aura-t-il pas été réconcilié dans son suicide, par le regard intérieur de Jésus, dont le nom veut dire " Dieu sauve " ? Aura-t-il découvert et accepté que l'amour sauveur de Jésus était plus fort que sa trahison, que son désespoir ? Que cet amour pouvait le sauver de l'isolement insupportable de la condamnation qu'il portait sur lui-même ? Nous ne le saurons jamais ici-bas, mais "ce qui est impossible aux hommes est possible à

Dieu".

"Dieu a jugé bon que "tout", par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour "tous" les êtres sur la terre et dans le ciel." Col 1, 20

"Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."

Judas a livré Jésus par un baiser mensonger. Mais le baiser de Jésus à Judas était vrai, premier, et toujours offert. N'a-t-il pas touché Judas en vérité puisqu'ensuite Judas est retourné chez les grands prêtres en disant : "J'ai péché en livrant un sang innocent."?

Si l'amour de Dieu, en Jésus, est "capable d'entrer dans la mort pour nous sauver, pourquoi cet amour n'a-t-il pas arraché Judas à la mort de son être profond ? Jésus ne l'aura-t-il pas entrainé, dans la multitude des captifs dont parle l'épitre aux Ephésiens, et rendu à son Père comme un fils très précieux et très cher ?

Dans notre monde d'aujourd'hui tant marqué par les exclusions, les rejets, les intégrismes qui vont jusqu'à détruire l'autre différent, il est nécessaire plus que jamais de faire oeuvre de réconciliation, de réunification, de pardon, de communion, de vies offertes aux autres, et non de vies détruites à notre profit.

L'itinéraire de Judas, l'itinéraire des Douze dont un a déserté sa

place, ne sont pas hors de nos vies, personnelles, ecclésiales,

humaines. De Caïn qui a tué son frère, à Jésus qui a livré sa vie pour nous tous, le chemin de la conversion est sans cesse à accomplir par la puissance de l'Esprit Saint qui nous est donné

La vérité, l'unité du Père et du Fils. En cette vérité, le Christ

nous sanctifie. "Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu. Le Verbe s'est fait chair. "Il est retourné auprès du Père, emmenant avec lui toute l'humanité. Grande Pâque duChrist. En elle est notre espérance. Que le Père nous garde unis en son nom de Père, comme des fils et des frères, tous sauvés, tous pardonnés : fraternité des réconciliés, portés par le Fils jusque dans le coeur de notre Père.

(2015-05-17)

Homélie du 14 mai 2015 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - ASCENSION DU SEIGNEUR -

14 MAI 2015 -

Ac 1, 1-11; Ep 4, 1-13; Mc 16, 15-20

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Vivant à la Pierre qui Vire, ou y séjournant de passage comme bon nombre d’entre vous, nous avons la chance d’être près de Vézelay… Un haut lieu de notre patrimoine religieux et culturel, une « bible de pierre » comme aiment l’appeler certains, témoin de la foi vivante de nos ancêtres dans la foi en cette région de Bourgogne… En ce jour de l’Ascension, je vous propose de relire la seconde lecture de Paul aux Ephésiens, en nous plaçant devant le tympan…Vous en avez trouvé à l’entrée une reproduction qui vous est offerte. Ensemble, regardons-là pour essayer de mieux entrer dans le mystère du Christ glorifié, vivant auprès de son Père, et pourtant demeurant présent à notre histoire à travers ses envoyés.

Devant ce tympan, nous sommes davantage face à une grande vision du mystère du salut que devant la reproduction d’une scène spécifique de l’évangile, que ce soit la Pentecôte ou l’Ascension…Les artistes sculpteurs ont inscrits dans la pierre leur vision du monde sauvé dans le Christ.

Car c’est bien le Christ qui est important. Il est au centre dans la mandorle qui l’enveloppe et le distingue du reste, en signe de sa divinité. Ses vêtements plissés et comme soulevés par un souffle suggèrent sa vie dans la gloire divine. La tête du Christ se trouve dans un espace à part, au-delà d’une voûte céleste que l’on voit de part et d’autre des épaules, alors que son corps demeure sous la voûte céleste…Nous pouvons voir là une façon imagée de nous dire le mystère du Christ Tête et Corps, la Tête est déjà glorifiée, dans les Cieux cette réalité du Royaume, au-dessus de toutes nos représentations, et le Corps qu’est l’Eglise est encore en pèlerinage sur la terre. « En entrant le premier dans le Royaume, le Christ donne aux membres de son corps, l’espérance de la rejoindre un jour », chanterons-nous dans la préface…

Des mains du Christ sortent des rayons que l’on peut associer au don de l’Esprit Saint lors de la Pentecôte. Mais nous pouvons voir aussi une illustration de ce que Paul nous dit aujourd’hui. « Le Christ est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers » et « il a fait des dons aux hommes ». Et Paul précise que ces dons, « ce sont les apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent ». Ainsi les rayons, sortant des mains du Christ, viennent toucher douze personnages qui sont les apôtres. On reconnait Pierre à gauche avec ses clefs. Le Christ glorieux fait don au monde des apôtres et de tous les messagers de l’Evangile, afin que par eux « les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ » poursuit Paul, « jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi…à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude »…Oui, les apôtres sont envoyés à tous les peuples qui sont représentés au bas du linteau sous les apôtres (on croit reconnaitre des pigmés, à droite, dans le personnage en train de monter avec une échelle sur un cheval, des peuples aux grandes oreilles, tout à droite…). D’autres peuples sont figurés dans les compartiments autour des apôtres (peut-être des juifs, des éthiopiens… ?). Cette abondance de personnages variés veut signifier que la bonne nouvelle est adressée à tous ces peuples appelés à former le Corps du Christ. Dans le demi-cercle plus à l’extérieur, sont mis en scène avec les signes du Zodiaque, les travaux des mois. Avec eux, ce sont toutes les activités humaines qui sont rejointes par la Bonne Nouvelle du Christ, depuis les semailles jusqu’aux moissons, en passant par les arts. L’humanité est ainsi prise toute entière sous la lumière du Christ à travers ses messagers qui lui sont envoyés par le Christ. Elle est appelée à atteindre « la stature du Christ dans sa plénitude », devenue toute entière une dans le Corps du Christ, comme le suggère ici si bien la grandeur de la personne du Christ. Dans le même sens, le tympan par sa forme même en demi-cercle où tout est rassemblé dans le Christ, dégage une vision d’unité qui fait écho à la vision de Paul : « Un seul Corps, un seul Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous et en tous… ».

Frères et sœurs, la foi de nos ancêtres inscrite dans la pierre vient nourrir notre propre foi. Par les yeux, par la lecture des milles détails de ce tympan, notre intelligence du mystère de la foi au Christ grandit. En cette célébration de son Ascension, nous est donné d’approcher que l’apparente absence du Christ se transforme en une puissante et vivifiante présence à tout l’univers. Lui notre Tête déjà dans les Cieux ne cesse de nous rester proche, de travailler avec nous, de nous vivifier par son Esprit, par la parole de ses messagers et par les sacrements de son Eglise. Rendons-grâce en cette eucharistie et laissons-nous entrainés par le Christ pour partager à tous la vie qui vient de Lui, jusqu’à ce qu’Il vienne. (14-05-2015)

Homélie du 03 mai 2015 — 5e dim. de Pâques — Frère Denis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 5e dimanche de Pâques - 3 mai 2015 -

Act 9 26-31; 1 Jn 3 18-24; Jn 15 1-8;

Homélie du F.Denis

Texte :



Cette page d'évangile nous rend heureux. Comme le font tous les

textes lus depuis la fête de Pâques, le Temps pascal. Ces textes nous

font découvrir, de semaine en semaine, ce qui nous est arrivé à partir

de la résurrection du Christ, disons en quoi consiste être chrétien.

L'Evangile vient de le résumer: si quelqu'un demeure dans le Christ

il portera beaucoup de fruit. Je vous propose deux choses à bien

regarder pour demeurer dans le Christ et porter du fruit : d'abord le

nom que nous portons, ensuite le nom que se donne lui-même le

Christ.

1. Le nom que nous portons.

Depuis notre naissance nous avons un nom qui, venu de

notre pays, de notre famille, de son histoire, nous distingue, nous

désigne publiquement. Ce nom que j'entends, c'est le mien, et, à

peine l'ai-je entendu comme un appel, je réponds « Présent! oui,

c'est moi. ». Nous avons aussi un prénom, plus personnel, amical,

familial, aimant. Par ce nom et ce prénom, s'exprime la fécondité de

la vie humaine. Beauté des yeux des jeunes enfants souriant à la vie

qu'ils découvrent Mais il est une autre beauté venue d'ailleurs. Car

chacun de nous, depuis son baptême, porte un autre nom. Ce nom

nouveau est d'un autre ordre que ces nom et prénom. C'est un nom

qui ne dit pas seulement son histoire humaine, c'est un nom immense,

un nom d'éternité permettant de vivre déjà sur la terre comme au ciel.

Ce nom se reçoit avec le baptême: du baptisé on dira qu'il est

chrétien. Ce nom n'efface rien des noms et prénoms enregistrés à la

mairie devant témoins, mais il dit l'indicible dont nous tous, nous

sommes désireux.

Parlant des baptisés, on avait dit d'abord: « les frères », ou

« les disciples» ou « les croyants ». Ces noms convenaient aussi aux

Juifs et à d'autres groupes religieux. Et voici que, un jour, deux

apôtres, Barnabas et Saul devenu Paul, ayant rassemblé de nombreux

adeptes, on inventa un nouveau nom, tout à fait inusité et même

curieux, nom original à partir d'un homme, Jésus, le Christ qui,

décidément, allait plus loin que tout prophète ou roi, et que seul on

devait adorer.

Temps pascal, temps des chrétiens, des êtres humains

qu'on appelle chrétiens parce qu'ils sont ressuscités avec le Christ.

ressuscités. Joie et fierté, nous rappelle le pape François. Mais

souffrance aussi à tel moment où nous percevons que ce Christ est

refusé et nous avec lui. Mais vrai bonheur, car après les combats, il-y a

la victoire, celle du Christ vainqueur de la mort et du péché, et qui

donne au croyant demeuré fidèle, son propre nom comme on donne

cadeau que seul peut comprendre et apprécier celui qui l'aura reçu. Le

Nouveau Testament une alors d'une image, banale à cette époque,

celle du banal caillou blanc, sorte de passeport permettant d'entrer et

de prendre part à une action commune. Mais, sur ce caillou blanc

évangélique est gravé le nom du Christ Seigneur qui sera désormais

notre propre nom. le baptisé est un autre Christ, alter Christus, il est

du Christ, il est par le Christ, il est pour le Christ

.

Puisque vous êtes venus célébrer cette eucharistie avec nous, je vous

dis le mot qui résume la vie du baptisé devenu moine, mais c'est

simplement la vie chrétienne : ce moine cherche Dieu, qui donc est

Dieu, qui donc est ce Christ dont il porte le nom.

2. Le nom du Christ,

La liturgie de ces jours et de jour très clairement, un mot revient,

il est capital : Demeurer. Dieu demeure, le Père et le fils demeurent

inséparables. Le Christ demeure en nous et nous pouvons demeurer

dans le Christ. Demeure, habiter, entrer dans la Maison et frapper à la

Porte de la Maison. Et voici le nom que le Christ nous le dit : il est la

Porte, celle-ci une fois ouverte, nous entrons dans l'intérieur de la

maison, puis dans l'intime de cette maison qu'est la demeure éternelle

du Dieu vivant révélé par le seul qui nous ait ouvert la Porte, Jésus le

Seigneur Christ. Jésus, porte ouverte

Porte ouverte, les deux mots deviennent fréquents, ainsi, chaque

année, le «jour du Patrimoine », les portes sont ouvertes à qui veut

admirer des lieux habituellement privés. Il nous est arrivé aussi de

proposer à tous nos amis de Saint-Léger-Vauban une journée de Porte

ouverte leur donnant de connaître les lieux quotidiens de notre vie de

moines.

Mais, répétons-le, si le Christ nous ouvre la porte, c'est pour

donner accès à la maison de Dieu, afin que nous entrions à l'intérieur

de la demeure et enfin au lieu de l'intimité éternelle du Père et du Fils

dans leur respiration commune qu'est le Saint Esprit.

Ai-je tout dit de cette Porte ouverte? Evidemment non. Car

quand nous lisons le livre dernier livre de la Bible, l'Apocalypse de

saint Jean, nous y admirons la victoire totale du Christ dans

l'apparition d'une ville de lumière, n'ayant plus de temple car c'est le

Christ lumineux qui est ce Temple où des Portes toujours ouvertes

percent les murs sans qu'il soit question de jamais les fermer. Eglise

des douze Apôtres qui ont annoncé la Bonne Nouvelle et après eux les

évêques, les prêtres, les diacres, tous les baptisés, hommes et femmes

portant le nom du Christ Porte ouverte et sont devenus le signe du

Cœur de Dieu ouvert à l'humanité rassemblée dans le Christ.

Chrétiens, nous portons le nom du Christ, Porte Ouverte, et nous

sommes, nous devons être le corps de ce Christ, l'Eglise qui entend et

répond au Christ venu frapper à notre porte pour diner avec nous et

vivre avec nous sa vie éternelle. (2015-05-03)

Homélie du 26 avril 2015 — 4e dim. de Pâques — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 4e Dimanche du Temps pascal - 26 avril 2015

Ac 4/8-12, 1 Jn 3/1-2, Jn 10/11-18

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Dans les Actes des apôtres, la première lecture, un homme a été guéri grâce au nom de Jésus de Nazareth, Jésus le bon médecin…

Dans la lettre de Jean, l’apôtre dit que nous sommes « enfants de Dieu », guéris en quelque sorte par le baptême et la vie de foi. Foi au Fils de Dieu qui nous permet de devenir enfants de Dieu nous aussi.

Enfants de Dieu, c’est ce que nous sommes dès maintenant : guéris par le baptême, et, c’est l’Evangile, « brebis du bon Pasteur ».

Connus par Lui, par la grâce de Dieu nous connaissons le bon pasteur, « nous avons découvert Dieu » : Oui, nous connaissons notre Pasteur, Celui qui a donné sa vie pour ses brebis…

Et saint Jean ajoute : « Ce que nous serons ne parait pas encore ».

Restons sur ce que dit saint Jean…

Il y a un « maintenant » dans nos vies et il y a aussi le « pas encore ».

Quand Jésus parlait à la samaritaine, il lui disait : « l’heure vient et c’est maintenant … (où les vrais adorateurs adoreront Dieu en esprit et en vérité) ».

Nous, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu et … « ce que nous serons ne parait pas encore clairement ».

Il y a un devenir pour nous qui avons découvert Dieu , …et un devenir aussi bien sûr, pour ceux et celles qui ne l’ont pas découvert… « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ».

Pour tous il s’agit d’avoir écouté la voix du bon Pasteur, de le connaitre, de savoir qu’il nous connait.

C’est la prophétie de la Bible : « Tous me connaitront du plus petit jusqu’au plus grand», tous connaitront le Pasteur qui donne sa vie, le Pasteur pour qui les brebis comptent vraiment.

Face au Christ ressuscité nous ne pouvons pas rester ce que nous sommes… « Ce que nous serons », ce que Dieu veut que nous devenions, semblables à Lui, parfaits comme le Père céleste est parfait (« Soyez saints comme je suis saint », dit Dieu à Moïse).

C’est Jérémie qui annonce de la part du Seigneur Dieu : « Je mettrai ma loi au plus profond d’eux-mêmes ; je mettrai en eux mon Esprit et ils vivront ».

Donc retenir de saint Jean : ce que nous sommes et ce que nous serons…

Ne pas rester ce que nous sommes…

Ce désir est fréquent… chez tous … ne pas rester ce que nous sommes…, insatisfaction de vivre plutôt médiocrement, insatisfaction de ne pas « s’accomplir »…

Si je mets ma foi en Jésus, tout dépend vraiment de ce qu’Il est pour moi, pour moi aujourd’hui. Ma relation avec Lui est-elle assez forte ?... qu’elle me transforme, qu’elle me rend plus vivant ? Plus vivant maintenant, parce que « ce que nous serons ne parait pas encore : Nous serons transfigurés parce que nous le verrons Lui, le ressuscité.

« La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Avec Jésus Christ la joie nait et renait toujours », telles sont les paroles du pape François dans son exhortation « La joie de l’Evangile » …»… «c’est la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité »

Vivre le « pas encore », nous…, nous qui sommes encore sur le chemin de la conversion…

Vivre le « pas encore » en pensant aussi à ceux qui sont loin, à ceux qui cherchent à découvrir Dieu, et qui peut-être n’en prennent pas les moyens, c’est le désir du Bon Pasteur.

Le seul moyen que nous avons, nous, enfants de Dieu, (…« car nous le sommes »), c’est de vivre de mieux en mieux ce « déjà là » de notre filiation. Filiation qui rayonne, parce qu’elle est vitale, parce qu’elle nous tend en avant (« nous le verrons tel qu’Il est »)

Le pape François dit encore des chrétiens qu’ils sont disciples-missionnaires, «disciples -trait d’union -missionnaires », et non disciples et missionnaires …

Notre mission, chers fr. et srs., enfants de Dieu, c’est de vivre la charité,… l’amour du Christ, …la relation vivante avec le Christ, Bon Pasteur,…

l’amour du Christ et du prochain,…

pour que la foi et l’espérance grandissent au cœur des hommes, de tous les autres, …ceux qui sont l’autre souci de ce bon Pasteur. (26-04-2015)

***

Homélie du 19 avril 2015 — 3e dim. de Pâques — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

ANNÉE B - 3e DIMANCHE DE PÂQUES

Actes3,13-19

• Psaume 4

• 1 Jn 2,1-5

• Luc 24,35-48

Homélie du F.Matthieu

Texte :

• La Résurrection de Jésus, le troisième jour, selon les Ecritures, que nous proclamons et célébrons sans cesse depuis la Nuit pascale est un article de notre Profession de foi ; la résurrection de la chair en est un autre.

Et il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître, cela reste bien difficile à croire pour nous aujourd'hui.

Mais une lecture attentive de tous les évangiles de la Résurrection qui nous sont lus chaque dimanche de ce temps pascal, nous montre que cela ne fut pas facile non plus pour les disciples, qui pourtant eurent le privilège de voir Jésus ressuscité et de le toucher.

Il a fallu du temps pour qu’ils parviennent à cette foi solide qui leur permit ensuite ce témoignage assuré, tel que nous l’avons entendu de la bouche de Pierre dans la première lecture.

Prenons donc l’évangile qui vient d’être proclamé aujourd’hui.

Lors du retour des disciples d'Emmaüs à Jérusalem, ceux-ci racontent leur expérience : ils ont reconnu Jésus vivant, à la fraction du pain, il est vrai qu’il a aussitôt disparu. Ils retrouvent les onze apôtres qui, eux aussi, disent croire en la résurrection de Jésus puisqu’il est apparu à Simon ! Et voici que Jésus révèle sa présence au milieu d'eux alors qu'ils sont encore en train de partager leur foi nouvelle. Mais alors pourtant, la foi de tous semble s'effondrer ; ils sont "saisis de frayeur et de crainte" et "ils croient voir un esprit".

De la foi à la peur, un itinéraire que la vie nous fait souvent parcourir, à l'image du chemin à contresens qui a conduit les deux disciples loin de Jérusalem.

Jésus alors leur montre ses mains et ses pieds ; Jésus va habituer les siens au caractère insaisissable de sa nouvelle présence mais aussi à sa pleine réalité corporelle. Il se fait pédagogue et il en est besoin !

La suite est encore plus bizarre : les disciples passent de la peur à la joie… mais ils restent incrédules : "Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire et restaient saisis d’étonnement". En eux s’éveille l’émotion, pas encore la foi, et cette conscience claire de la réalité de ce qui se passe, de ce qui s’est passé ?

Alors Jésus mange devant eux le morceau de poisson grillé qu’ils lui offrent. Il est bien là dans son corps d’homme, même s’il est aussi « nouveau » !

Mais c’est finalement sa Parole qui va les confirmer dans leur foi ; car la foi suppose connaissance et décision. Un acte complet, qui mobilise tout l'homme… et qui ne semble pas – jusqu’à cet enseignement renouvelé – encore assuré !

Comme les anges l’avaient déjà dit au cœur du tombeau vide, comme Jésus le rappelait longuement aux "pèlerins d'Emmaüs", à nouveau il enseigne à ses disciples à lire les Ecritures pour y trouver l’appui définitif de leur foi ; retrouver tout ce qui le concernait, l'annonçait dans les Ecritures : "...il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes..." "Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Ecritures…" "L'intelligence des Ecritures", c'est le dessein de salut qui se réalise dans le Mystère pascal, voilà : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour..."

Voici l’entrée privilégiée, toujours à renouveler, dans la foi au Christ, ressuscité pour notre salut ! Voilà la clef de toute compréhension de la Résurrection !

Cela les disciples ont fini par l’assimiler, et l’Esprit Saint promis par Jésus l’a gravé dans leur cœur, dans tout leur être, dans toute leur pratique…

Dans les Actes des Apôtres, Pierre transmet bien en effet le message : "Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie souffrirait, " ; après avoir rappelé l'histoire toute récente de la Passion, dans une série d'oppositions : "...le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l'aviez livré... vous avez renié le Saint et le Juste... ", pour aboutir à la plénitude de la profession de foi : " Vous avez tué le Prince de la Vie, lui que Dieu a ressuscité d'entre les morts, nous en sommes témoins..."

Les Ecritures témoignent en vérité, pour qui en devient un lecteur intelligent ; les disciples sont bien sûr les premiers témoins, mais c’est à partir des Ecritures et de la Parole d’accomplissement de Jésus que s’enracine leur témoignage.

La leçon finalement est très simple :

si nous voulons entrer dans la foi, si nous voulons grandir dans la foi, si nous voulons surmonter nos doutes et nos peurs, si nous voulons connaître Jésus et être sauvé, il nous faut d’abord écouter sa Parole, qui nous vient aujourd’hui encore à travers les Apôtres.

Il nous faut plus encore entrer, toujours et encore, dans les Ecritures, dans leur intelligence… et donc d’abord les lire inlassablement, les méditer, les prier en accueillant l’Esprit Saint qui ne nous manquera jamais dans cet exercice-là, comme dans tout notre chemin de foi !

Mais reconnaissons-le, nous sommes timides, hésitants, bien lents à prendre ces moyens – simples pourtant – que le Seigneur nous a indiqué pour croire en lui, en sa résurrection !

Alors, allons-y, prenons notre Bible… et lisons, relisons, relisons sans cesse !

Ainsi soit-il ! (19-04-2015)

Homélie du 12 avril 2015 — Dimanche de la Miséricorde — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2ème Dimanche de Pâques - 12 avril 2015

Ac 4 32-35; 1 Jn 5 1-; Jn 20 19-31

Homélie du F.Antoine

Texte :

Thomas…un homme si proche de nous...il doute ..il veut des preuves concrètes il veut s’assurer par lui -même!...Ce qui peut se comprendre car l’histoire de Thomas c’est d’abord l’histoire d’une absence… et l’absence dans l’Ecriture a une note péjorative.

A la Cène, Judas s’absente...Au Golgotha, les disciples ne seront plus qu’un et quand Marie de Magdala arrive au tombeau…il n’y a plus personne !..Cette absence ne serait-elle pas un signe ?

Le signe de l’absence de la foi…de l’absence de l’amour ?

Dans l’Evg d’aujourd’hui, au soir de Pâques il est donné aux apôtres de faire cette expérience,

qui parcourt l’Evg de Jean…l’expérience de voir…de croire .

Au matin de Pâques, devant les bandelettes, Jean, le disciple bien aimé… voit et croit.

Au matin de Pâques, devant le tombeau ouvert, Marie de Magdala entend une voix connue,..

Elle se retourne… elle voit…elle croit…elle court annoncer la nouvelle…

En ce soir de Pâques, c’est Jésus qui donne aux disciples de contempler ses mains et son côté...

Ils voient…ils croient.. et dès l’arrivée de Thomas, ils lui crient :

« Nous avons vu Le Seigneur ! »

Un Nous qui est pour le première fois...le Nous de l’Eglise !

Un Nous qui est celui de l’unité des disciples dans la Foi.

Le Nous de la Bonne Nouvelle qui accompagnera la prédication de Pierre comme le témoignage

d’Etienne dans son martyre… un Nous qui dit avec force que notre Foi personnelle se vit

en union… avec la Foi de l’Eglise… dans la Foi de l’Eglise.

C’est ensemble que nous disons notre Père…Donne Nous…Pardonne Nous…Délivre Nous…..

« Nous avons vu le Seigneur » disent les apôtres !

A quoi répond le défi de Thomas :

« Si JE ne vois pas, si JE ne mets pas mon doigt.. JE ne croirai pas ! »

Le JE d’un homme libre...mais le JE du doute.. le JE de la méfiance qui exige des preuves et bâtit sa

certitude sur la seule expérience personnelle.

C’est au chapitre 3 de la Genèse que l’on rencontre le premier emploi du JE..

Adam est absent, Dieu le cherche :

« JE t’ai entendu –dit Adam- J’AI eu peur, JE me suis caché. »

Un JE qui s’inscrit dans le registre de la peur et du refus

« Si JE ne vois pas…JE ne croirai pas » dit Thomas

Refus…Peur de manquer de certitude qui nous rappelle que la Foi est un combat… jamais gagné,

toujours à recommencer… une folle aventure à laquelle seul Dieu peut nous inviter.

Frères et Sœurs,….

IL est en chacun de nous un Thomas qui nous pousse à rester trop souvent absent.

Absents aux rendez-vous de la Foi absents aux occasions d’aimer.

Absents aux appels de Celui qui nous a laissé la plus grande des Béatitudes :

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Oui, Heureux sommes-nous

Quand nous dépassons l’apparence des évènements pour y découvrir la réalité de Dieu.

Quand devant toute personne blessée dans sa chair comme dans sa dignité, nous savons

reconnaître en elle la marque des clous… la plaie sur le côté.

Quand nous déverrouillons les portes closes de notre cœur pour les ouvrir au Christ ressuscité…

….Alors, oui, heureux sommes-nous !(12-04-2015)