vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 02 août 2015 — 18e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 18e dimanche TO - 2 Aout 2015

*Ex 16, 2-4.12-15 ; Ep 4, 17.2-24 ; Jn 6, 24-35

Homélie du F.HUbert

Texte :

« Donne-moi à boire » demandait Jésus à la Samaritaine, venue elle-même

puiser de l’eau.

A partir de leur soif à tous deux, Jésus a fait cheminer cette femme

vers la perception de son mystère et du don qu’il vient révéler et offrir :

« Si tu savais le don de Dieu » - « Je suis le Messie, moi qui te parle ».

La femme n’a pas puisé d’eau. - Ni Jésus ni elle n’ont bu.

Mais laissant là sa cruche, elle est partie à la rencontre ses

compatriotes :

« Ne serait-il pas le Christ ? »

Et les Samaritains ont proclamé : « Nous-mêmes, nous l’avons entendu, et

nous savons que c’est vraiment lui *le Sauveur du monde*. »

L’eau du puits n’a pas été tirée,

mais la *source de vie éternelle* a été offerte et reconnue, accueillie.

Maintenant, deux chapitres plus loin, Jean nous montre

Jésus prenant l’initiative de donner à manger à une foule nombreuse :

5000 hommes rassasiés ! Ils ont mangé ! Largement ! « autant qu’ils en

voulaient. »

Tous ont mangé à leur faim, mais, ont-ils trouvé *la nourriture de vie

éternelle* ?

*la nourriture de vie éternelle a-t-elle été reconnue, accueillie ?*

Au puits de Jacob, Jésus avait soif dans sa chair fatiguée,

mais il avait soif, bien plus encore, de révéler la source d’eau vive

qui coule en lui,

qui coule du cœur de Dieu.

Ici, sur la montagne, face à la foule, Jésus n’a pas d’autre souci :

*révéler le don de Dieu, et Dieu lui-même, et celui qu’il a envoyé.*

L’eau du puits, le pain périssable, sont nécessaires,

mais Jésus est venu pour plus que cela.

Affamés dans le désert, les fils d’Israël regrettaient le pays d’Egypte,

où ils étaient assis près des marmites de viande et mangeaient du pain à

satiété.

Manger.

Sur la montagne, la foule est prête à accaparer Jésus, à en faire son roi,

trop heureuse d’avoir pour elle un tel thaumaturge…

Manger. A bon compte.

Alors Jésus essaye de les mener ailleurs :

« Vous me cherchez, parce que vous avez été rassasiés.

et non parce que vous avez vu des signes,

Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,

mais pour *la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle,*

celle que vous donnera *le Fils de l’homme*, lui que Dieu, *le Père*, a

marqué de *son sceau*. »

Le Père, le Fils de l’homme, le sceau de l’alliance, de la communion :

l’Esprit d’amour et de vie.

La vie de Dieu communiquée aux hommes.

Comme avec la Samaritaine, il va essayer de révéler un ailleurs,

un autre pain, un mystère de relations vivantes.

Un ailleurs par rapport aux pains et aux poissons, multipliés la veille,

un ailleurs aussi, une nouveauté,

par rapport à Moïse et au don de Dieu dans la manne et dans la Loi :

« Ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ;

c’est _mon Père_ qui vous donne le vrai pain venu du ciel.

Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie

au monde.

*Moi, je suis le pain de la vie. »*

Accueillir le vrai pain qui donne la vie,

Croire en celui que le Père a envoyé : le Fils de l’homme.

Passer du don au donateur,

passer des pains périssables au pain véritable,

et de ce vrai pain à celui qui le donne : le Fils de l’homme.

Croire en sa personne d’Envoyé,

et finalement, dans le Père, qui est le donateur ultime.

L’œuvre de Dieu, celle qu’il faut réaliser pour lui plaire,

comme celle que Dieu accomplit dans le croyant, est de croire en l’Envoyé.

C’est cet Envoyé qui est là et qui leur parle. Comme à la Samaritaine.

Entre le « tu » de « Quel signe vas-tu accomplir ? »

et le « il » qui a procuré aux pères le pain venu du ciel,

il y a toute la question de l’écart entre Jésus qui est là et qui parle

et ce qu’il prétend être.

« Es-tu plus grand que notre père Jacob ? », demandait la Samaritaine ;

Jésus est-il plus grand que Moïse par lequel a été donnée la manne ?

par lequel a été donnée la Loi ?

Car, dans la tradition juive, la manne venue du ciel

désignait par métaphore la Loi donnée par Dieu pour la vie du peuple.

Et le peuple se nourrissait de la Loi.

Qui est Jésus ?

« Quelle œuvre vas-tu faire ? » lui demandent les Galiléens.

Ce qu’il va faire, c’est donner sa chair pour que le monde ait la vie.

Devenir pain pour que tous vivent de lui.

Ce don, qui est le don de Dieu, est tellement surprenant, que beaucoup

vont faire demi-tour, s’en aller.

Quelques-uns seulement vont demeurer à la suite de Jésus, à son écoute,

à l’exemple de Pierre : « Seigneur, à qui donc irions-nous ? Tu as les

paroles de la vie éternelle ! »

« Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » :

Oui, mais encore faut-il croire en ce don et en celui qui se donne,

au-delà de toute sagesse.

Nous qui écoutons la parole de Jésus proclamée aujourd’hui,

qui allons recevoir le pain de sa chair et le vin de son sang,

demandons la grâce d’approfondir notre foi en lui, le Fils de l’homme,

l’Envoyé du Père,

pour recevoir la vie, la vie éternelle, celle de Dieu même.

Et aussi devenir pain de vie pour nos frères.(2 aout 2015)

Homélie du 25 juillet 2015 — Dédicace de l'église de la PqV — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2015

1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles ». Frères et sœurs, dans la première alliance, le sacerdoce était réservé à la lignée d’Aaron et l’ensemble du service du temple à la tribu de Lévi. Ces fonctions se transmettaient de génération en génération. On était prêtre de père en fils, voué au service du temple pour y offrir des sacrifices d’animaux ou des offrandes végétales à Dieu, au nom de tout le peuple. Quand les premières communautés chrétiennes relisent la mort et la résurrection de Jésus, elles reconnaissent en lui le Grand Prêtre par excellence. Alors qu’il n’appartenait pas à une famille sacerdotale, Jésus accomplit toute la réalité sacerdotale de l’AT et lui donne une nouvelle expression. Il est prêtre en étant lui-même, et la victime offerte et celui qui offre et l’autel lieu de l’offrande. Quand Pierre dit à la communauté chrétienne : « vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause de Jésus », il élargit à tous les fidèles ce que Jésus a vécu. A cause de Jésus, comme lui, et en lui, chaque chrétien est consacré « prêtre » pour le service de Dieu. En vertu de son baptême il est invité à présenter à Dieu des offrandes spirituelles. C’est ce que le Concile Vatican II a remis en valeur en parlant du « sacerdoce commun des fidèles ». Et parmi les baptisés, ceux, qui sont ordonnés prêtres pour la célébration des sacrements, sont au service du sacerdoce commun des fidèles pour les aider à faire de toute leur vie une offrande spirituelle.

Et que veut-dire faire de sa vie une offrande spirituelle ou un sacrifice spirituel ? La question mérite qu’on s’y arrête. En effet, il y a le risque de penser que parce que c’est spirituel ce n’est pas vraiment réel, ou que ce n’est pas vraiment concret. Pour le comprendre, et pour mieux l’apprendre jour après jour, il nous faut regarder Jésus, le Grand Prêtre. Avec Lui, nous apprenons à vivre tourné vers le Père et tourné vers les autres, et non pas vers nous-mêmes. Tourné vers le Père dans la prière pour le louer et le remercier…On parlera de sacrifice de louange en signe de reconnaissance pour tout ce que nous recevons de lui. Tourné vers le Père au long du jour, pour prendre appui sur Lui. Devant une difficulté, allons-nous râler, nous rebeller, ou bien allons-nous redire à Dieu notre confiance et notre espérance en Lui…Ce sera alors vraiment un sacrifice spirituel que de nous abandonner à Lui avec foi… Avec le Christ Grand Prêtre, nous nous tournons aussi vers les autres. Quand une demande nous est faite, un service, ou simplement le désir d’être écouté, allons-nous continuer notre chemin, nos activités comme si de rien n’était, ou bien allons-nous ouvrir un espace à l’autre ? Cela voudra dire changer ce qu’on avait prévu, donner de son temps précieux…Si ce temps, nous le donnons à notre frère, nous présentons ainsi à Dieu un sacrifice spirituel celui de notre amour et de notre temps. Tourné vers les autres, nous le sommes encore lorsque réunis en assemblée de prière, nous apprenons à faire Eglise. Ensemble, dans l’écoute et l’attention fraternelle mutuelle nous apprenons à faire place à l’autre dans sa singularité et dans sa différence de sensibilité. Nous nous accueillons et nous tissons alors des liens de communion. Cela aussi est un sacrifice spirituel qui plait à Dieu et qui est l’œuvre de sa grâce comme nous le dirons dans quelques instants : « Tu ne cesses de rassembler ton peuple, afin qu’il te présente partout dans le monde une offrande pure ». Et un jour viendra pour chacun de nous, où le sacrifice spirituel par excellence sera celui du consentement à notre mort, consentement et lâcher prise dans la confiance en Celui qui veut nous partager sa Vie éternelle… « En tes mains, je remets mon esprit ». Ultime offrande en germe déjà dans toutes les offrandes de nous-mêmes...Ultime offrande qu’il nous faut demander comme une grâce…

En ce jour, où nous fêtons la dédicace de cette église, nous rendons grâce au Seigneur de nous donner de pouvoir célébrer en ce lieu l’unique sacrifice spirituel qui lui plait, le mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus son Fils. En ce sacrifice du Christ se trouve la source de tous nos sacrifices, de toutes les offrandes de nous-mêmes, comme nous le demanderons : « nous te prions de nous transformer nous-mêmes en offrande qui te soient agréables »…(2015-07-25)

Homélie du 19 juillet 2015 — 16e dim. ordinaire — Frère Denis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 16e dimanche du temps ordinaire - 19 juillet 2015

Jér 23 1-6; Eph 2 13-18; Mc 6 30-34

Homélie du F.Denis

Texte :

Nous le savons, cette première partie de la messe est consacrée à

l'annonce de la Bonne Nouvelle: nous y entendons ce que nous avons

déjà entendu, afin de mieux le pénétrer. Nous savons aussi que le

choix des trois lectures se fait selon un principe simple: la 1 ère ,

habituellement tirée de l'A.T. et la 3e tirée de l'Evangile se

correspondent, afin qu'il soit clair que l'évangile, c'est non pas une

idée mais une personne, celle de Jésus, conçu de l'Esprit saint, né de

la Vierge Marie, qui a souffert sous Ponce Pilate, est mort, est

ressuscité est monté au ciel d'où il reviendra pour juger les vivants et

les morts. Telle est la foi de l'Eglise du Christ.

En ce dimanche, les lectures nous montrent plus spécialement

Jésus pasteur.

Marcher ensemble. Et nous connaissons cette marche, si fébrile, dans

les villes, calme en vacances, mais toujours orientée. Où voulons-

nous aller? Qui nous guide et pouvons-nous nous confier à lui ?

Jérémie, première lecture, le constate avec horreur, il y a des pasteurs,

des guides détestables, voici le troupeau égaré, sans unité, sans beauté.

Jésus, au contraire, troisième lecture, est le pasteur excellent : Pasteur

d'un troupeau. Un pasteur qui marche avec son troupeau, le guide, le

maintient uni. Il marche, fait marcher et au temps de Jésus, la marche

était la plus habituelle manière de se déplacer, avec les chariots pour

les riches ou les infirmes, et le bateau pour aller d'une rive à l'autre.

Jésus est donc le pasteur compétent, sachant le but et le meilleur

chemin qu'il faut prendre. il est vraiment là, il est présent, il

rassemble, et même si la route est longue, monotone, voire indécise

(marche de nuit !) ? on est sûr de parvenir.

Le chrétien, un être humain qui apprend à marcher, qui sait

accepter de perdre l'équilibre pour le retrouver immédiatement en

progressant. Il marche avec les autres et tous sont heureux du guide

qu'ils ont choisi, le Christ qui s'est dit lui-même le vrai chemin plein

de vie. Ceci est vrai à la lettre tant que Jésus et ceux qui l'entendaient

était physiquement ensemble sur les routes de Galilée. Mais depuis?

mais avant lui? Comment cette présence de Jésus comme guide

parfait est-elle possible?

Avant lui, il le fallait et nous voyons et Jérémie, première

lecture, y fait allusion, il y a eu une longue préparation. Avant Jésus,

il y a eu Abraham, le grand marcheur par vocation, puis il a eu David,

modeste berger devenu, malgré ses péchés d'homme mais il a

demandé pardon, oui devenu le saint roi David. Il a eu un autre berger,

d'une sagesse fabuleuse, Salomon, mais sans devenir un bon berger

car il a perdu la tête en cédant à ses passions. Après David, voici

venir, annoncé par les prophètes, par Jean baptiste, le vrai et unique

berger qui, pour répandre cette heureuse nouvelle, s'entoure des

disciples éternels marcheurs, et de nombreux, les baptisés de tout

pays, race et temps, vous et chacun de nous ici présents.

Nous sommes en marche et suivons le Christ. Mais qui donc est-

il ? et que veut-il de nous? Voici la réponse de la troisième lecture,

celle du Paul : Dieu, en son Christ et en nous, fait de nous tous un

homme nouveau, disons une humanité nouvelle.

Une humanité sans haine. Et Paul précise que ce rêve est devenu

une réalité en un moment précis, le moment où Jésus cloué sur la croix

est mort d'ans l'amour parfait pour Dieu son Père et pour nous tous, si

différents, si opposés. Mais pour lui, le Christ, nous étions des frères

également aimés, des frères qui en lui ont le même Père que Lui, Jésus

Dessein éternel de Dieu, programme de vie pour chacun de nous

aujourd'hui: homme, tu es mon frère.

Inutile, car tout le monde le sait, le pape François cherche à

élargir notre regard, c'est toute créature qu'il faut respecter, c'est-à-

dire regarder avec cette petite distance qui exige et marque toujours

l'amour le plus intime : L'amour chrétien est un amour partagé: je

t'aime, mais je ne te prends pas, je ne te détruis pas, je t'accueille, je

t'offre. (2015-07-19)

Homélie du 12 juillet 2015 — 15e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 15e Dim Temps Ord.

Am 7/12-15, Eph 1/3-14, Mc 6/7-13.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Je reviens sur l’Evangile de dimanche dernier : Jésus à Nazareth, Jésus en butte à l’incompréhension de ses compatriotes. Jésus trop connu par eux ?... Jésus qui s’étonne de leur manque de foi…

La mission du Fils de Dieu n’est peut-être pas si aisée…son message ne sera pas reçu partout comme la bonne Nouvelle qu’elle devrait être.

Je note que l’épisode d’aujourd’hui intervient juste avant le récit du martyre de Jean-Baptiste : ce n’est pas un hasard…. Jean-Baptiste, c’est le prophète qui a dénoncé les fautes des riches et des puissants, qui est mort par eux. Par sa vie et sa mort il annonçait la venue de l’Envoyé par excellence…

On lit bien dans le livre des Proverbes : « Lorsqu’il n’y a plus de prophète, un peuple vit dans le désordre». Nous avons besoin d’être enseignés et Celui de qui tout dépend envoie des prophètes.

A Béthel, le sanctuaire du roi d’Israël, les notables disent à Amos : « Va-t-en d’ici avec tes visions, arrête de prophétiser! » et Amos se justifie : « J’étais un simple berger, mais le Seigneur m’a saisi, il m’a envoyé… il m’a dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël »

Un étranger à Béthel…! « Arrête de prophétiser, arrête de parler au nom de Dieu ».

Comme si on pouvait arrêter Dieu qui vient toujours bousculer nos certitudes, nos évidences, nos préjugés bien ancrés.

Il nous faut un sens aigüe de la vie dans l’Esprit pour entendre ce que veut nous dire le Seigneur, lui le Maitre, lui qui veut notre bonheur plus que nous le voulons nous-mêmes…

Alors Jésus… qui s’est heurté à l’incompréhension dans sa propre patrie… « Jésus appelle les Douze et pour la 1e fois il les envoie deux par deux » …pour une mission qui va précéder la sienne : il les envoie dans les autres villages que Nazareth.

Ceci est étonnant et rassurant : Jésus envoie ses disciples deux par deux : ils seront plus forts devant l’incompréhension, les refus, les résistances… Leur dénuement et leur désintéressement vont parler pour la bonne cause, c’est presque acquis d’avance…

Oui, mais l’Evangile, encore une fois, est une nouvelle qui bouscule et demande, un changement, un engagement, une conversion.

D’ailleurs Jésus a dit aussi : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups…Méfiez-vous des hommes »…

Alors, …ce sont les Pères de l’Eglise qui l’ont souligné les premiers…, ces groupes qui vont deux par deux manifestent que c’est la Charité divine qui est annoncée : cet Amour vient au devant des auditeurs, il est signifié par la fraternité vécue, deux par deux. Le signe donné par les deux disciples ensemble est essentiel : « Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom je suis au milieu d’eux »… » Et la conséquence est toute simple ; dans les contradictions, les persécutions : « Ne vous tourmentez pas de ce que vous aurez à dire…C’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous ». Vous annoncerez ce que vous vivez…

Bien sûr, tout disciple fervent, actif, qui prêche la bonne nouvelle n’est jamais seul ; il est habité par l’Esprit du Christ. Mais la prédication chrétienne est en elle-même une réalisation du Royaume qui vient, elle dit la présence de Celui par qui nous vient la merveille du don gratuit… « Je vous envoie deux par deux »…« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom… »

On entend parfois des gens désemparés devant les mésententes, les divisions, devant même des ministres, des prêtres qui ne s’entendent pas entre eux. Quel dommage ! Seule la charité vécue apporte l’Evangile en vérité ; seule elle peut toucher et séduire les cœurs. L’onction d’huile aux malades dit bien que Jésus vient guérir nos maladies, il vient guérir nos maladies par la douceur de la Charité : an fond de nous, nous sommes tous des malades en attente d’un remède…Et ce remède c’est Lui, le Dieu de tendresse et de pitié, le Père de Jésus, notre Père.

Est-ce que nous n’avons pas à réentendre sans cesse l’Ecriture, les paroles de Jésus… pour que peu à peu notre pratique s’y conforme ?

Ce matin, f. et s. , nous venons d’ouvrir nos oreilles à la Parole, ouvrons aussi nos cœurs à ce que nous dit Jésus, ouvrons-les à ce qu’il vient nous donner aujourd’hui : son amour, sa propre vie.(2015-07-12)

***

Homélie du 11 juillet 2015 — Saint Benoît — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - SAINT BENOIT 2015

Pr 2, 1-9 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu »…Parmi toutes les béatitudes, je voudrais retenir celle-ci en ce jour de la St Benoit. Comme l’enseigne Cassien, un auteur monastique qui a inspiré la Règle : si la fin ultime de la vie du moine est la vie dans le Royaume, le but à rechercher dès maintenant, c’est la pureté du cœur, c’est-à-dire la charité, un cœur qui aime de façon juste et entière. Ne pourrait-on pas dire alors : si les cœurs purs verront Dieu, les cœurs qui se purifient en cette vie, apprennent à voir Dieu en toute chose ou toute chose en Dieu.

Dans la vie de St Benoit, nous est rapporté l’épisode étonnant de sa vision de l’univers que nous entendions, hier soir aux vigiles. Arrivé au terme de sa vie, St Benoit nous est présenté comme un homme rempli de la bénédiction divine. Dans une lumière éblouissante qui surpasse celle du jour, il voit « le monde entier comme ramassé sous un seul rayon de soleil » (Dial II, 35). Benoit voit en un instant tout l’univers dans la lumière de Dieu. Une grande grâce dans un cœur purifié qui n’a cessé de chercher le trésor. Benoit, tel le sage des proverbes, n’a cessé durant toute sa vie de creuser et de se laisser creuser. Son âme et son cœur se sont dilatés, ils sont purifiés. Il a découvert la connaissance du Seigneur. De manière poétique, l’hymne « Vivre à Dieu seul », que nous chantons pour cette fête exprime ainsi cette vision : « Voir l’univers à sa mesure véritable, l’univers comme un point lumineux, léger grain de sable que l’amour transfigure, savoir que toute chose est en Dieu, précieuse et pure ». Savoir que toute chose est en Dieu, précieuse et pure, transfigurée dans son amour…

En ces jours, où nous accueillons avec toute l’Eglise, l’encyclique du pape François « Laudato si », avec St Benoit, St François, St Jean de la Croix et tant d’autres saints et mystiques, nous pouvons apprendre à entrer dans un nouveau regard sur notre monde, sur notre « maison commune ». Ce regard aura toutes les chances d’être juste, dans la mesure où il se laissera enseigner par le regard de Dieu, par sa lumière. Je cite le pape : « n°85. Dieu a écrit un beau livre « dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers ».[54]… Cette contemplation de la création nous permet de découvrir à travers chaque chose un enseignement que Dieu veut nous transmettre, parce que « pour le croyant contempler la création c’est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse ».[57]. Contempler et écouter le message de la création. C’est un profond apprentissage qui ne se résume pas en l’assimilation de convictions intellectuelles, ni en quelques slogans écologiques. En effet, il est inséparablement changement du regard et changement de vie. Le pape François insiste avec force sur le fait qu’il nous faut entrer dans un « nouveau style de vie ». Plus profondément, il s’agit d’une conversion. Je retiens encore quelques mots de l’encyclique : conversion comme « gratitude et gratuité » face à la création, comme « conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures », conversion pour « reconnaître les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres », pour découvrir que « chaque créature reflète quelque chose de Dieu » et que « le Christ ressuscité habite au fond de chaque être » (cf n°220-221).

Comme le pape François l’a bien souligné, cette conversion écologique est une conversion de notre manière de nous tenir en relation, avec la nature, mais aussi avec les êtres humains. Finalement n’y a-t-il pas une seule et même conversion à vivre qui nous fera aimer Dieu, aimer les autres, nous aimer nous-mêmes et toute la création ? Les paroles de Paul adressés aux baptisés, « choisis, sanctifiés et aimés par Dieu » nous montrent le chemin et aussi la grâce de la conversion qui nous est offerte : « Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience… » Revêtir ce manteau-là nous entrainera loin dans la voie de l’amour de Dieu et de toute sa création qui demeure dans les douleurs de l’enfantement (cf n° 80). Il nous entrainera à vivre toute chose dans l’action de grâce, car reçue de Dieu, « précieuse et pure » en Lui…

Avec St Benoit, aujourd’hui, nous confiant à son intercession, nous nous unissons l’action de grâce du Christ, qui en chaque eucharistie ressaisit toute chose dans son offrande et son merci à Dieu. (2015-07-11)

Homélie du 28 juin 2015 — 13e dim. ordinaire — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - 13° DIM. T. ORDINAIRE -

28 juin 2015 -

Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24 ; 2 Co 8, 7-9, 13-15 ; Mc 5, 21-43

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Ne crains pas, crois seulement ! » Combien de fois, frères et sœurs, cette parole de Jésus n’a-t-elle pas été une lumière pour notre f. Yvan, comme pour chacun de nous, sur le chemin de notre vie chrétienne et monastique ? « Ne crains pas, crois seulement ». Quand Jésus dit ces mots à Jaïre, le chef de la synagogue, il l’invite à faire taire toutes les paroles de doute qui pourraient venir contrarier son bel élan de foi initial. Il est venu chercher Jésus, l’a pris avec lui pour qu’il vienne guérir chez lui sa fille encore si jeune. Il a eu cette belle audace : venir déranger le Maitre qui débarque pour l’emmener avec lui. Et Jésus l’a suivi. Mais voilà qu’entre-temps la petite est morte. Va-t-il se laisser décontenancer par les porteurs de mauvaise nouvelle, et baisser les bras ? Jésus est là pour le confirmer dans son élan de foi premier : « ne crains pas, va au bout de ta foi »… « Crois seulement ».

Fêter 50 ans de vie monastique, c’est fêter 50 ans de foi. Foi donnée un jour et redonnée tous les jours. Foi éprouvée et foi confortée. Foi qui continue de chercher son Seigneur. L’appel du Christ entendu un jour a éveillé chez f. Yvan le désir de lui donner sa vie. Il a cru à la promesse de Dieu que dans cette voie particulière de la vie monastique, il trouverait le bonheur. Quand il est discerné, ce premier acte de foi et d’engagement à la suite du Christ est un socle dans nos vies monastiques, une bonne terre d’enracinement. Avec f. Yvan, en ce jour, nous moines pouvons faire mémoire, avec reconnaissance et action de grâce à Dieu, de ce premier élan qui nous a conduit au monastère. Premier pas qui a initié le mouvement d’une vie. Mais bien d’autres pas ont suivi. En apparence, la vie monastique semble toute réglée, et il n’y aurait qu’à suivre la voie toute tracée. Il n’y aurait qu’à … Mais un moine n’est pas un robot. C’est une liberté. Une liberté qui apprend jour après jour à mieux se connaitre pour mieux se donner. Une liberté qui se découvre de plus en plus libre au fur et à mesure qu’elle entre dans l’obéissance, dans l’écoute vraie. Là est le travail principal du moine.

Fêter 50 ans de vie monastique, c’est aussi fêter 50 ans de charité. La Charité de Dieu, son Amour fidèle pour nous. La charité échangée entre frères. Dans la seconde lecture, Paul invitait les Corinthiens à prendre conscience qu’ils avaient beaucoup reçu : « Vous avez tout en abondance, la foi, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement, et l’amour qui vient de nous »… Oui, l’Amour nous précède toujours. Celui de Dieu, celui de nos parents qui nous ont donné la vie, celui de la communauté qui nous accueille. Nous pouvons rendre grâce pour cet Amour, Vie même de Dieu qui s’offre à nous. Nous moines le reconnaissons avec gratitude dans la Parole qui chaque matin nous réveille, comme dit le prophète Isaïe. Elle nous réveille dans la liturgie, dans la lectio divina. Elle nous tient en éveil pour peu que nous lui prêtions notre oreille. Nous reconnaissons aussi cette charité dans l’amour des frères, vécu et échangé dans les gestes les plus ordinaires de service et de don. F. Yvan y prend sa part avec son attention et sa présence aux personnes. Il n’est pas rare que nous nous arrêtions facilement aux difficultés de l’amour entre frères. Mais avons-nous les bonnes lunettes ? Que pèse la difficulté momentanée, le clash ou la parole indélicate au regard des gestes de service et du don total offert les uns aux autres ? Et que pèse ces moments sombres au regard du pardon demandé et offert qui renouvèle la relation ? La charité est à l’œuvre dans nos vies comme un beau cadeau qui nous vient de Dieu et qui passe par les frères. Elle est à l’œuvre car elle vient élargir notre cœur avec ses étroitesses. Elle est en avant de nous comme un cadeau encore à découvrir.

Fêter 50 ans de vie monastique, c’est encore fêter 50 ans d’Espérance. Vivrait-on ainsi dans la fidélité, sans l’Espérance de rencontrer un jour Celui qu’on a cherché ? Chercher Dieu et son visage, se tenir en sa présence en toutes nos activités, consentir à toujours commencer : notre vie monastique est une vie d’Espérance. Cette Espérance nous entraine à marcher vers le Royaume, vers le face à face avec Dieu. Dans la première lecture, l’auteur du livre de la Sagesse affirmait : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité ». En notre humanité, nous portons ce germe d’éternité, nous qui sommes à l’image de notre Créateur. Dieu nous espère depuis la création. Si le mal et le péché a pu voiler ce germe, la résurrection du Christ l’a renouvelé. Elle nous donne l’assurance « d’être comblé de sa gloire, tous ensemble et pour l’éternité », comme nous le prierons dans quelques instants.

Avec f. Yvan, nous rendons grâce au Seigneur pour ces 50 ans de foi, de charité et d’espérance. Le Seigneur ne cesse de nous appeler chacun selon nos vocations, pour partager tous ensemble sa vie divine et sa joie de Père. - (28 Juin 2015)

Homélie du 21 juin 2015 — 12e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 12ème dimanche du temps ordinaire -21/06/2015

(Job 38, 1.8-11 ; 2 Corinthiens 5, 14-17 ; Marc 4, 35-41)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

« le soir étant venu, Jésus dit à ses disciples : passons sur l’autre rive »

Ainsi commence l’évangile de la tempête apaisée que nous venons d’entendre et qui nous est bien familier. Le soir venu, mais de quel soir s’agit-il ? Et à quel passage Jésus invite-t-il ses disciples ? Et qu’en est-il de cette autre rive qu’il leur faut atteindre ?

Jésus vient de vivre une rude journée d’enseignement en paraboles, de guérisons de toutes sortes de maladies, de marche de village en village. C’est le soir : il est fatigué, il a besoin de sommeil et de repos : on peut le comprendre. Ce n’est d’ailleurs pas la 1ère fois que l’évangile présente la fatigue et les besoins tout humains de Jésus : au puits de Jacob, à l’heure de midi, fatigué par le chemin, il a soif et il demande à boire à la samaritaine. La nuit il aime à se retirer, seul, à l’écart des foules pour prier son Père et se reposer en Lui.

Tout se présente bien alors ce soir-là. Jésus fait confiance à ses amis qui sont des pêcheurs avertis, connaissant bien leur métier. Après tout, lui, il est charpentier, pas un marin. Il peut dormir sur son coussin, à l’arrière de la barque.

Mais voilà : cette traversée du lac ne sera pas comme les autres, habituelles. Une grosse tempête survient qui met à mal la compétence des disciples. Ils sont vite dépassés par la violence des flots qui remplissent même la barque. Ils paniquent et sont prêts à se décourager devant leurs efforts infructueux. Ils se tournent donc vers Jésus en le réveillant avec des paroles de reproche : « Maître, cela ne te fait rien, nous périssons ». Cette réaction des disciples m’a fait penser à celle de Marthe, dans le récit de l’accueil de Jésus dans la maison des 2 sœurs. Marthe s’agite dans le service et est dépassée par tout ce qu’il y a à faire. Elle voit sa sœur Marie, paresseusement assise aux pieds de Jésus (du moins c’est ainsi qu’elle en juge) et elle dit à Jésus : « cela ne fait rien (même expression en grec), dis-lui donc de m’aider ! »

Ne nous arrive-t-il pas, à nous aussi, frères et sœurs, d’être tentés de dire à Dieu, quand nous sommes débordés, stressés, découragés par l’inefficacité de nos efforts : « mais enfin, Seigneur, cela ne te fait-il rien de voir ton Eglise, la société, le monde, ta création dans un tel état ? Des séminaires ou des noviciats quasiment vides, alors qu’il y a tant de besoins, des conflits de toutes sortes dans les familles, les entreprises, entre des pays en guerre, et parfois même au nom de la religion ? Cela ne te fait rien : tu dors, réveille-toi enfin. Ne vois-tu pas que nous sommes en train de périr, que l’avenir est compromis pour ne pas dire fichu

C’est alors que va se jouer un paradoxe dans notre évangile. Ce paradoxe tient dans le fait que ce ne sont pas tant les disciples qui réveillent Jésus, mais bien Jésus qui réveille leur foi chancelante, effrayés qu’ils sont par cette tempête qui les décourage et qu’ils se voient près de mourir. Jésus ne va calmer la mer et ses flots déchaînés qu’après l’épreuve de la foi des disciples. Il n’est pas là pour rendre service à ceux qui seraient au seuil de la foi, mais pour bannir la peur qui les tient éloignés de Lui et de son Père, Dieu, seul maître de la création.

En d’autres termes, la leçon à tirer de cet évangile (comme la leçon à tirer de l’évangile de Marthe et Marie), c’est que le monde de la peur et de l’agitation fébrile est celui qui n’est pas encore totalement abandonné à Dieu. Marie, aux pieds de Jésus était totalement abandonnée à l’écoute de la Parole du Christ et elle avait choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée . Marthe, en s’épuisant dans son service, était prise dans la peur de n’être pas à la hauteur de l’accueil du Maître.

Alors frères et sœurs, interrogeons-nous à notre tour, sur nos peurs, les angoisses qui nous habitent quand survient une tempête dans notre vie. Peut-être d’ailleurs avons-nous expérimenté que la paix du cœur ne vient pas de notre propre capacité à contrôler le réel, à maîtriser les situations difficiles, mais que cette paix nous est bel et bien donnée, gratuitement, sans effort de notre part.

La tempête apaisée, c’est une parabole de la Passion, d’un passage, d’une Pâque. Chaque jour, à chaque instant, le Seigneur nous invite à passer avec lui sur l’autre rive, à laisser le monde ancien pour entrer dans une nouvelle création, comme le rappelle Saint Paul dans la seconde lecture. Cela suppose de traverser nos doutes et nos peurs afin de parvenir au rivage de la confiance et de la seule crainte qui plaise à Dieu : une crainte d’amour, révérencielle et respectueuse de son autorité toute puissante.

Puissions-nous, en toutes choses, même lorsque la barque de notre vie, celle de l’Eglise ou celle du monde sont secouées fortement, à la limite du chavirement, puissions-nous goûter cette certitude de la présence silencieuse du Christ avec nous, à nos côtés. Et demandons les uns pour les autres, dans cette eucharistie, de demeurer dans la foi en sa Parole toute Puissante pour toutes les traversées à venir. AMEN

21-06-2015

Homélie du 14 juin 2015 — 11e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 11e dimanche du Temps Ordinaire - 14 juin 2015

Ez. 17, 22-24; 2 Cor. 5, 6-10; Marc 4, 26-34

Homélie du F.Ghislain

Texte :

L’évangile met en scène un homme qui fait les semailles et souligne qu’ensuite, il n’a plus à intervenir : qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence travaille d’elle-même dans une terre qui féconde. Le travail de l’agriculteur se situe avant et après : il lui revient de préparer la terre, de sélectionner les semences et de semer. A la fin, il moissonnera. Entre deux, il ne peut rien, sinon s’inquiéter ou s’abandonner. L’agriculteur interroge la météo ; il sait les conditions de température et de pression qui sont les plus favorables à la croissance, mais il n’y peut rien. Il est désarmé devant les excès de chaleur ou de froid, de soleil ou de pluie ; devant les accidents climatiques qui peuvent survenir, désarmé aussi quand la température a été vraiment bonne au long de l’année : il accueille… A la fin, pourtant, il y aura de toutes manières la récolte, parfois très belle, parfois moins. De plus, cela revient régulièrement : si une année a été mauvaise, la suivante sera bonne. La terre fait son travail, et elle le fait en notre faveur.

L’évangile nous dit que l’histoire fonctionne ainsi : qu’il s’agisse de chacune de nos vies, de celle de l’Eglise, de celle du monde, la vie terrestre, humaine, divine, va vers le bien. On ne le voit pas, on ne peut pas grand-chose peut-être, mais que l’on dorme ou que l’on veille, la puissance de Dieu créateur et l’attention aimante de Dieu notre Père orientent vers le progrès, l’accomplissement, la réussite, - ce que l’on appelle la vie éternelle que nous attendons, mais que nous constatons aussi de temps à autre, ici ou là, dès ici-bas.

L’’évangile nous dit aussi, en d’autres passages, que nous pouvons gâter plus ou moins la récolte. L’homme peut manquer à ses devoirs en amont ou en aval. En amont, pour multiplier les rendements, on abuse des engrais chimiques, et la terre s’épuise. En aval, on coupe du bois sans se préoccuper de replanter, et la forêt disparaît. L’écologie cherche aujourd’hui à remédier à ces malfaçons qui mettent la terre en péril, qui ne lui permettraient plus à terme de faire son œuvre cachée de fécondation. Elle invite à modérer les interventions afin que la terre vive, sobrement et durablement. Mais il faudrait vraiment beaucoup d’abus pour que la terre ne fonctionne plus. Ce serait la fin du monde.

On pourrait tirer beaucoup d’applications spirituelles de la parabole de Jésus. Je voudrais aujourd’hui me limiter à une et vous poser la question : quel regard jetez-vous sur votre vie, telle qu’elle a été, telle qu’elle est et que pensez-vous de ce qu’elle sera ? Notre tentation n’est-elle pas en général celle du pessimisme, c’est-à-dire du regard porté sur ce qui n’a pas marché, au moins à l’aune de ce que nous espérions ? Il faudrait faire l’inventaire, au contraire, de ce qui s’est construit, en nous d’abord, chez ceux qui nous entourent ensuite et comme cela, de proche en proche. Dieu ne travaille pas dans le sensationnel mais dans les choses courantes ; comment a-t-il conduit la nôtre ?

J’aimerais vous suggérer ceci : un jour où vous aurez le temps, prenez une feuille de papier et écrivez ce qui, dans votre vie, s’est bien passé, y compris ce qui s’était mal passé et s’est révélé finalement positif. Au début peut-être, vous aurez du mal car il n’est pas facile de faire taire les mauvais souvenirs, mais, peu à peu, vous découvrirez le bien qui s’est fait en vous et autour de vous, là où vous ne le pensiez pas, sans presque que vous le sachiez, mais parce que la force de la vie agissait en vous. Cela, je pense, je le souhaite, nourrira votre Espérance, parce qu’elle vous aidera à prendre conscience que Dieu anime les hommes, vous anime, et en finale les achemine vers le Royaume de Dieu. Vous comprendrez que dans le présent, cette conduite divine passe par des chemins cachés où, si on y prend garde, recèlent le bonheur.

Frères et sœurs, vous êtes au courant de la situation explosive dans biens des pays du monde et, en particulier ces temps-ci au Burundi, dans l’Afrique des Grands Lacs. Je voudrais laisser la parole de conclusion à un ami burundais qui m’écrivait récemment :

Louons Dieu pour les merveilles qu’il continue d’accomplir. Oui des petites pousses de Dieu, il y en a partout, et même au Burundi, il y en a dans nos familles, dans nos communautés : oui, des nouvelles petites pousses de l’Esprit ! Elles sont bien cachées, étouffées par le faux semblant, les crimes, le faux témoignage, le faux sous toutes ses formes… Quand nous nous retrouvons dans les tempêtes de la vie, dans les moments de turbulence comme dans notre pays, la peur nous paralyse mais le sursaut de la foi nous conduit dans l'assurance que Jésus est ressuscité, que l'Esprit Saint est à l'œuvre au Burundi et dans le monde. (2015-06-15)

Homélie du 07 juin 2015 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - Fête du Saint- Sacrement - 7 juin 2015

Exode 24.3–8/Hébreux 9.11–15/Marc 14.12–16, 22–26

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Frères et sœurs,

La fête de l’eucharistie nous invite à la joie. Elle a en effet le pouvoir inouï de nous changer le cœur. Comment ? En nous faisant entrer toujours mieux dans le jeu des signes efficaces qui la constituent. Des signes qui nous touchent parce qu’ils nous renvoient aux grandes réalités de nos vies humaines.

Je ne peux m’empêcher de penser à cette toute jeune femme sur le point de devenir mère. Mère d’un certain Jésus. Une mère qui sentit monter à travers son corps, son cœur, son âme une immense action de grâce pour ce qui se passait en elle. Elle réalisait qu’elle était en train de donner vie, sa vie, à une autre vie. Ce qui n’est pas sans nous renvoyer, nous, à l’eucharistie dont la femme est la première icône. Un mystère, corporel et spirituel. À son petit, dans son ventre, elle partage sa propre vie en lui donnant son sang maternel, avant de lui donner sur son sein à boire son lait, puis sur la table le pain qu’il mettra sa joie à le partager avec ses commensaux.

Et quand le jeune Jésus, observateur et intuitif comme il l’est, voit des hommes et des femmes, chacun, chacune à sa manière, matérielle ou spirituelle, donner de la vie, la faire croître chez les autres, il est progressivement attiré à dire un jour à ses amis : « Prenez et mangez-en tous. Ceci est mon corps, ceci est mon sang. C’est donné. C’est moi. »

La vie en commun apprend la vie de demain. C’est ainsi que Jésus a aussi conduit sa mère jusqu’à la plénitude de sa maternité : « Femme, voici ton fils. » Telle mère, tel fils. Avec retour. Si la femme est l’icône première de l’eucharistie le Fils de l'Homme en est l’accomplissement. Ainsi du Christ et de l’Église, ainsi du sacrement nuptial de l’alliance.

On le voit, les vocations mûrissent en observant les événements de la vie. Tout ce que Jésus, enfant, adolescent, puis jeune homme voit et contemple de ses yeux, tout lui parle au cœur, le sensibilise, le prépare à son avenir.

Voit-il dans l’enclos un troupeau de moutons affamés le matin, c’est le déclic. Il se découvre un cœur de berger. Sa vocation est là ! À cette époque le berger, c’est le rustre qui sent mauvais, asocial, méprisé. Mais il prend soin du troupeau. Il risque sa vie contre le loup. C’est cela qu’il veut pour lui-même. C’est à cela que l’amour l’entraîne : il se fera le dernier du troupeau, petit agneau qu’on immole à la Pâque, celui qu’on mange à la hâte. On lui prend son sang pour oindre les montants de la porte et la fermer à l’exterminateur. Jésus le sait parfaitement. Il le lit dans les Écritures. Ce qui redouble son attirance.

Sa vocation se précise. Il veut plus, c’est le propre de l’amour. Il va se faire moins. Devenir, dans la porte, le vide par laquelle tous pourront passer. Le trou de l’aiguille devenu la porte du tombeau.

Le rêve du Fils de l'Homme le conduit au cœur du mystère de l’eucharistie. Le rêve de n’être plus que pour l’autre, plus rien pour soi, allégé de tout moi pour moi, plus qu’amour en acte.

Un jour, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dira sobrement de sa première communion : « Ce fut une fusion. » À l’horizon, le mariage spirituel. Oui, et pour Jésus ?

Jésus est de plus en plus tourné vers les incomparables symboles de la liturgie juive.

On a dit que le propre de Dieu c’est l’imagination. À preuve l’univers qu’il a créé, avec tout ce qu’il contient, avec tout ce qui peut s’y vivre ! Tout peut y être symbole pour qui ouvre les yeux.

Jésus est Fils de ce Dieu-là. Pas étonnant que lui soit venue l’idée surprenante de se donner lui-même à manger, caché dans un peu de pain, ce pain qu’on pose sur la table, pour qui veut. Puis l’idée de se faire moins encore, miettes, sous la table, pour les petits chiens, les enfants, l’étrangère, les sans droit, les bons et les méchants, les fous, nous tous.

C’est dans ce quasi rien, qu’il se donne personnellement à chacun, à chacune. Il y donne tout : son corps, son sang, son âme, sa divinité, oui, sa divinité ! Sans rien retenir. Sa vie, pas plus que le reste, ne lui appartient. Elle est à sa famille divine, cette famille qu’il a le droit de donner en partage à la multitude. N’est-il pas le Fils, l’envoyé du Père dans la communion de l’Esprit, pour que tous, sur la terre comme au ciel, soient un ? C’est la communion plénière, à chaque messe.

À la fin de chacune Jésus s’est effacé, comme à Emmaüs. Il est passé de l’extérieur au plus intime des cœurs, là où se consomme l’Alliance nuptiale.

On croit entendre aujourd’hui encore la voix de Jésus.

« Amis, tout ceci est vrai.

C’est un exemple que je vous ai donné,

afin que vous aussi vous fassiez de même !

Heureux êtes-vous si vous le faites ! » (7 juin 2015)

Homélie du 31 mai 2015 — Sainte Trinité — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B - Homélie pour la fête de la Sainte Trinité – 31 mai 2015 –

Dt 4 32-40 ; Rom 8 14-17 ; Mt 28 16-20 ;

Homélie du F.Damase

Texte :

Frères et sœurs, aujourd’hui nous honorons la Sainte Trinité, insondable mystère d’un seul Dieu en trois personnes distinctes, que nous professons chaque fois que nous faisons sur notre corps le signe de la Croix, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Il y a une solidarité et une symétrie entre les personnes divines qui reçoivent « même adoration et même gloire » comme dit le Credo !!

Les lectures que nous venons d’entendre manifestent la volonté de Dieu de se révéler par des mots humains.

On lit dans le Deutéronome : « Sache donc aujourd’hui et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, il n’y en a pas d’autre ».

Paul dit aux Romains : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu ».

Et dans l’Evangile selon Matthieu, Jésus dit : « Allez de toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint ; et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

De ces lectures, frères et sœurs, nous déduisons que

- Du nom de Dieu, dépend notre histoire,

- de la lumière de son visage en Jésus Christ, nous trouvons notre chemin,

- et de son souffle, notre vie, notre volonté connaissent la vérité et font le bien.

Le Dieu de la Bible est la vie qui veut se communiquer, il est ouverture et relation. Dieu veut combler en nous lacunes et manques, donner et pardonner, établir avec nous un lien stable et durable.

L’Ecriture Sainte ne connaît pas d’autre Dieu que le Dieu de l’Alliance qui a créé le monde et pour répandre son amour sur toutes les créatures et qui s’est choisi un peuple pour établir avec lui un pacte nuptial, et pour le faire devenir une bénédiction pour toutes les nations et former ainsi une grande famille de toute l’humanité.

Cette révélation de Dieu s’est pleinement définie dans le Nouveau Testament grâce à la Parole du Christ.

Jésus nous a révélé que l’homme est essentiellement fils, créature qui vit en relation avec Dieu le Père. Créature ouverte, tendue vers Dieu et vers ses frères, dans le visage desquels elle retrouve l’image du Père, par la grâce de l’Esprit.

Jésus nous a manifesté le visage de Dieu, un dans l’essence et trine dans les personnes : Dieu est amour, Amour-Père, Amour-Fils, Amour-Esprit saint

L’Esprit saint communique et diffuse l’amour qui unit et embrasse les personnes et les choses. C’est lui qui « écrit » dans les cœurs de ceux et celles qui croient au Christ. C’est lui qui crée l’Eglise de tous les peuples. Cette Eglise qui parcourt le monde entier, abat les barrières pour unir l’humanité dans la profession du Dieu Un et Trine. L’Eglise est « communion missionnaire » dans le Christ Jésus. Elle vit au rythme spirituel d’un battement de cœur qui sans cesse appelle et envoie, relie et sépare, rassemble et disperse. Ainsi la communion de l’Eglise porte les disciples à entrer en relation avec tous pour témoigner de l’amour de Dieu auprès de tous, en missionnaires de l’Evangile.

Oui, Frères et sœurs, en Jésus Christ, Dieu s’est fait homme par l’intervention de l’Esprit. Le Père et le Fils ne font qu’Un dans l’Esprit Saint qui est l’atmosphère du don et de l’amour qui fait d’eux un Dieu Unique. Par Jésus, Dieu vient à notre rencontre. Son Esprit, l’Esprit Saint qui émane de lui, entre dans nos cœurs et nous met en relation les uns avec les autres, il nous apporte la vie et la liberté. Or on ne trouve la vie qu’en la donnant. C’est ce que nous apprenons du Christ et ce que nous enseigne l’Esprit Saint qui fait de nous des fils et des filles de Dieu, véritablement libres, car, par lui, nous regardons le monde, les autres et nous-mêmes avec les yeux de Dieu.

Frères et Sœurs, l’Esprit par son souffle nous pousse vers le Christ et le Christ nous fait connaître le Père. L’Esprit donne aux croyants une vision supérieure du monde, de la vie, de l’histoire et fait d’eux les gardiens de l’espérance qui ne déçoit pas.

Ne cessons pas de prier Dieu le Père, par notre Seigneur Jésus Christ dans la grâce de l’Esprit Saint. Rendons grâce à notre Dieu éternellement !! (2015-05-31)