vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 09 novembre 2014 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

Année A - DÉDICACE BASILIQUE DIMANCHE 09 NOVEMBRE 2014

Jn 2, 13-22

Homélie du F.Matthieu

Texte :

L’évangile de ce jour nous présente un épisode dont les quatre évangiles nous donnent le récit. Bien souvent, on n’en retient que la colère de Jésus et l’expulsion spectaculaire des marchands du Temple, mais ce ne sont là qu’éléments de mise en scène ; cette colère d’ailleurs, les disciples la reconnaissent, à la lumière d’un verset du psaume 69 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » : C’est le zèle, l’élan prophétique, qui motive l’action de Jésus, et ce zèle est tout entier tourné vers le Temple qui est le vrai centre du récit : « maison de prière pour tous les peuples » selon la belle prophétie d’Isaïe (56, 7), « maison de mon Père » dit Jésus, « sanctuaire » de la rencontre du peuple avec son Dieu, de Dieu avec son peuple, selon le but même de la montée en pèlerinage – et ici du pèlerinage de la Pâque – selon l’interprétation traditionnelle du texte du Deutéronome (16, 16-17) : « Trois fois par an, tous les hommes iront voir la face du Seigneur ton Dieu (et se faire voir par le Seigneur ton Dieu) au Lieu qu’il aura choisi. ».

L’évangile de Jean est le seul à situer cet épisode au début du ministère de Jésus, lors de sa première montée à Jérusalem, alors que les trois autres évangiles le situent à la fin de sa vie, après son entrée glorieuse à Jérusalem, juste avant sa Pâque. En anticipant cette scène du Temple, Jean propose un programme de ce que sera la mission de Jésus, de ce à quoi elle aboutira (un nouveau Temple) et par quel chemin.

Dès son arrivée dans la cité sainte, Jésus se montre tout orienté vers la gloire de son Père, il se présente comme Celui par qui les croyants auront accès à la présence de Dieu. Jésus purifie le temple d’Israël où Dieu a voulu habiter au milieu de son peuple, mais c’est pour annoncer – au-delà – le Temple nouveau, qu’il est lui-même en son corps et surtout qu’il sera, après sa résurrection, pour ceux qui croiront en lui.

Chez Jean, le récit, tel un tympan de cathédrale, présente le mystère de la personne de Jésus, qu’il situe à la fois par rapport à Dieu son Père, dont il est la vraie Présence, par rapport au Temple d’Israël, dont il est l’accomplissement, et par rapport aux disciples, dont il est le passage vers le Royaume.

À la lecture attentive du récit, ce qui s’impose donc c’est l’omniprésence du Temple, mais sous trois appellations différentes. D’abord au début du texte, avec le terme « Temple » ("hierôn"), qui désigne l’ensemble de l’édifice où se rassemblent les pèlerins ; puis, en un contraste littéraire fort, dans la première parole de Jésus : « la maison de mon Père ». Du Temple, Jésus ne veut connaître, en harmonie avec la foi juive, que l’habitation de Dieu, qu’il nomme son Père, où l’homme peut rencontrer Dieu. Ensuite, dans sa réponse aux juifs qui lui demandent un signe, Jésus parle du « temple-sanctuaire » ("naos"), terme qui désigne le Lieu de la Présence à l’intérieur du Temple. Or, Jésus oppose à « ce sanctuaire » un sanctuaire à venir. L’expression « en trois jours » oriente vers le sanctuaire de la fin des temps ; nouveau Temple donc, mais qui sera en continuité avec l’actuel ; Jean montre ici, comme tout au long de son évangile que le don de Dieu à Israël n’est pas supplanté par la nouveauté qu’apporte Jésus, mais accompli.

Enfin le rédacteur de l’évangile, comme en aparté, interprète ce dont parle Jésus : « le sanctuaire, c’était son corps ». C’est dire que le corps de Jésus est le lieu de la Présence de Dieu au milieu des hommes, là où peut se faire la rencontre, à la fois ce qu’annonçait le Temple de pierre et ce que sera en plénitude le Sanctuaire définitif dans le Royaume.

Le Temple c’est le lieu du rassemblement qui permet à la louange d’être unanime. La communauté qui se rassemble dans une église chrétienne pour célébrer la liturgie est dans cette logique qui nous vient du Temple de Jérusalem. En rendant grâces pour un don reçu toujours à nouveau, elle est orientée à une attente qui ne concerne pas seulement la présence de son Seigneur aux fidèles réunis, mais un accomplissement encore à venir, celui du « Temple » ultime, lequel se réalisera quand Dieu sera « tout en tous ».

Les auditeurs de Jésus auraient dû comprendre dans sa parole que cet homme qui avait osé purifier la maison de son Père était appelé à bâtir le Temple annoncé pour la fin des temps. Selon cette perspective, nous aussi aujourd’hui, nous sommes appelé à comprendre que la personne de Jésus ne coïncide pas encore entièrement avec le « Temple spirituel » de toute l’humanité réconciliée en Dieu. Il reste aux hommes, il nous reste, à travers le cours du temps et à travers l’espace, à nous rassembler, grâce au Christ, dans l’unité fraternelle, qui pourra faire du monde la maison de Dieu, ce Royaume, ce Temple qui n’est pas fait de main d’hommes mais création définitive de Dieu.

C’est à Sion qu’Isaïe voit affluer les hommes de toutes nations, venant des pays les plus lointains, pour y rencontrer le Dieu unique. Et le Temple nouveau, qu’est Jésus en son corps, est médiateur du Temple en son accomplissement dans la Jérusalem céleste, où nous serons tous rassemblés en un seul corps. (2014-11-09)

Homélie du 02 novembre 2014 — Défunts — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Année A - Messe des Défunts 2 Novembre 2014

Jn 6. 51-58

Homélie du F.Antoine

Texte :

En ce dimanche où nous faisons mémoire des défunts, L'évangile est un chant à la Vie. Elle est citée par Jésus à neuf reprises, une Vie appelée à dépasser la mort, comme nous

l'affirme la liturgie des défunts: «Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la Vie n'est pas

détruite, elle est transformée».

Une transformation qui est un mystère de la foi. « Je suis le Pain Vivant, , si

quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» Tout est dit dans cette affirmation :

l'identité profonde de Jésus et sa mission.

• Par cette allusion au pain. Jésus donne de lui une image qui peut être comprise de

tous. Il est celui qui vient nous nourrir, nourrir notre foi, nous faire vivre et croître

dans la foi, et entrer dès ici-bas dans cette immense communion des saints qu'est la vie

éternelle.

• La mission de Jésus est de Se donner en se mêlant aux hommes, en entrant dans

l'Histoire, afin que l'humanité se nourrisse de Lui. «Si quelqu'un mange de ce pain.»

Nous sommes ici dans la symbolique du repas où Manger et boire signifient demeurer en

Lui, ne faire qu'un avec Lui. Jésus ne donne pas son corps d'homme terrestre mais son

humanité de Christ ressuscité qui ne connait plus les limites de ce monde.

• Mais ce qui est impressionnant c'est la répétition insistante des paroles de Jésus :

« Je donne ma chair pour que le monde ait la vie»

« Qui me mangera vivra par moi. »

« Qui mange ce Pain vivra éternellement. » Mais Est-ce que nous le croyons vraiment?

Quelles résonnances ont ces paroles en nous ?

Des paroles qui sont une hymne à la Vie, elles débordent d'espérance en l'avenir, elles

sont un chant qui célèbre l'homme et les dons de Dieu. Dons auxquels nous sommes invités

à nous associer par la communion eucharistique où la vie nouvelle du Christ irradie le pain

et le vin qui sont offerts.

• La communion eucharistique, est cet acte où on reçoit ce qu'on ne peut acquérir par nos propres forces, c'est un geste de dépossession de nous- même, elle est un acte de total détachement. Dans la démarche que nous faisons de communier, où nous quittons notre place, notre chaise pour librement s'avancer et-recevoir le Christ, nous acceptons alors de lui remettre tout ce qui fait notre vie d'aujourd'hui, de Lui remettre tout ce qui fera celle de demain et d'entrer ainsi dans l'imitation du Christ qui se donne au Père.

La communion eucharistique n'est pas un simple acte de piété, un acte qu'on fait par habitude chaque dimanche, la communion eucharistique est profondément, un engagement, un engagement personnel et chaque fois renouvelé de continuer à suivre le Christ quoiqu'il arrive de continuer à se laisser transformer par Lui et à accueillir chaque fois avec bonheur ce qu'il nous a promis.

«Qui mangera ce pain vivra par moi, Vraiment ! Est-ce que nous le croyons?

« Qui mangera ce pain vivra éternellement » Est-ce que nous croyons à ce don, ce cadeau

extraordinaire que Dieu nous fait de partager sa vie avec cette foule immense de ceux qui

nous ont précédé dans l'éternité? (2014-11-02)

Homélie du 01 novembre 2014 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A -TOUSSAINT 2014

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Si j’étais St Paul, je me serai certainement adressé à vous, en vous disant, frères et sœurs, vous « les saints » réunis à la Pierre qui Vire, en ce dimanche…Oui, ainsi parlait Paul aux gens de Corinthe et de la Grèce qui étaient devenus croyants en les appelant « les saints »…

Oui, frères et sœurs, nous sommes si peu habitués à ce qu’on nous parle ainsi, qu’on oublie cette réalité très profonde de notre vie chrétienne. Par notre baptême, nous avons été sanctifiés dans le Christ…Nous avons été revêtus de la sainteté de Dieu…comme le signifie bien le vêtement blanc dont on revêt le nouveau baptisé.

Sûrement allez-vous me dire : mais alors qu’est-ce que la sainteté ? Car nous n’avons pas l’impression d’être des saints, et nos vies se déroulent le plus souvent au ras des pâquerettes…

Les trois lectures entendues en ce jour nous offrent des éléments de réponse. La lecture de l’Apocalypse nous rappelle que la sainteté est un don totalement gratuit. « Le salut est donné par notre Dieu »… « Ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ». La foule immense vue par St Jean est notre humanité en chemin. Elle est en butte aux épreuves et aux tribulations de toutes sortes. Humanité que le sang du Christ a purifiée, lavée et rachetée. Etrange et forte image que celle d’un sang qui purifie, qui lave des vêtements jusqu’à les rendre tout blancs. Cette image presque choquante nous parle de notre réalité charnelle. Blessée par le mal et le péché, le Christ l’a assumée pour lui redonner toute sa beauté, au prix de son sang versé. Notre sainteté, ce beau cadeau offert par notre Dieu, nous vient du sang versé par amour pour nous. Chacune de nos eucharisties, nous replace au cœur de ce don de sainteté offert dans le corps et le sang du Christ.

La seconde lecture nous assure que la sainteté c’est entrer dans une relation filiale avec Dieu notre Père. « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés, s’exclame Jean, il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes »… Quand Dieu nous donne part à sa sainteté, il ne s’impose pas. Il ne désire qu’une chose : nous partager sa vie et son amour. Par ce partage, il voudrait nous faire entrer dans une relation toujours plus intime avec Lui. Dieu le Maitre de tout, le Seigneur de la Vie, se présente à nous comme un père désireux de converser avec ses enfants. Comme un père qui aime ses enfants, Dieu cherche par tous les moyens à nous élever, à nous faire grandir dans notre dignité, dans notre liberté à dire oui à la vraie vie…

L’évangile des béatitudes nous entraine un peu plus loin dans la compréhension de la sainteté…Je retiendrai le seul mot : « heureux »…Quand Dieu nous partage sa sainteté, c’est pour nous rendre heureux, de son bonheur à lui. La sainteté, c’est l’irruption du bonheur de Dieu dans nos vies humaines. Bonheur qui est là déjà et bonheur qui est à venir comme une promesse. Jésus renverse l’échelle du bonheur en mettant en avant les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, les cœurs purs, les affamés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix. Sans le dire, c’est de son propre bonheur qu’il nous parle. Un bonheur qui ne doit rien à la richesse ou aux honneurs, ni à la réussite…Lui-même ne sera-t-il pas méprisé et rejeté ? Dans la quête du bonheur, il nous invite à ne pas nous tromper de direction. Il nous engage à nous mettre à son école pour découvrir que la vraie joie sera toujours du côté de ce qui simple, petit, pur, dans l’ouverture aux autres, dans la quête de la vérité et de la justice…C’est la sainteté de Jésus, c’est son bonheur qu’il nous invite à accueillir et à chercher sous sa conduite.

Frères et sœurs, nous sommes les saints que Dieu choisit aujourd’hui pour faire briller sa sainteté dans notre monde, pour partager son bonheur à tant d’hommes et de femmes qui le cherchent souvent bien péniblement. Nous avons conscience de notre pauvreté et de notre faiblesse. En suivant l’exemple de tant de saints qui nous ont précédés, les connus comme les tout proches de nous, mettons toute notre confiance en Dieu notre Père. Il nous appelle à grandir dans sa sainteté parce qu’il désire nous voir grandir dans son bonheur. (2014-11-01)

Homélie du 26 octobre 2014 — 30e dim. ordinaire — Frère Servan
Cycle : Année A
Info :

Année A - 30° dimanche du Temps Ordinaire

Ex 22 20-26; 1 Th 1 5-10; Mt 22 34-40

Homélie du F.Servan

Texte :

Tu aimeras! Un évangile bref mais percutant, essentiel ...

En entendant à nouveau ce double appel à poursuivre sur cette autoroute royale de la

terre et du ciel (autoroute à deux voies ... mais on parle aussi de « voie étroite », on

pourrait faire dans la culpabilité, car " la mesure d'aimer Dieu est d'aimer sans

mesure " (St Bernard); et nous, nous sommes des créatures limitées! Quant à

l'amour du prochain, nous pouvons bien sûr faire mieux.

Mieux vaut rendre grâce!

En voyant par exemple comment Jésus de Nazareth (à la fin de sa vie publique) recueille et rassemble ici le meilleur de la tradition de son peuple: " Ecoute

Israël! (shema Israel) Le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu l'aimeras de tout ton cœur ... (C'est le ch 6 du Deutéronome, et c'est encore la prière quotidienne du juif fervent).

"Tu aimeras ton prochain (surtout le plus faible) comme toi-même" se lit au

ch 19 du Lévitique, et nous en avons un équivalent dans la première Lecture de ce

dimanche (prise au Livre de l'Exode). " Tu n'opprimeras pas le faible, l'immigré; car

vous-mêmes vous étiez des immigrés opprimés en Egypte ".

'Notons ici comment ces deux « tu aimeras » sont des réponses à une action première et libératrice de Dieu qui aime toujours le premier !

De même pour nous, une lettre de St Jean nous le rappelle: ''Nous, nous

aimons, parce que lui le premier nous a aimés "(1 Jn 4,19). Par la mort et la

résurrection, par la Pâque du Christ, nous sommes libérés du péché, des idoles (il y

en a encore !) pour servir et aimer le Dieu vivant et véritable. Avec le Psaume nous

avons chanté : « Je t'aime, Dieu mon libérateur ... Il m'a libéré, mis au large, il m'a

libéré, car il m'aime ».

Rendre grâce encore parce que Jésus, et à sa suite les premiers écrits chrétiens ont souligné en rouge le " Tu aimeras le prochain ", lui donnant toute son amplitude

et le renouvelant profondément, de sorte qu'il devient semblable au premier, inséparable, jumelé au premier ; et inventif, inépuisable : voyez la parabole du

bon samaritain: le prochain ? .. celui dont tu te fais proche, en veillant déjà sur

ses besoins vitaux mais aussi attentif à son visage, à sa personne ...

« Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour

eux .Voilà la Loi et les prophètes » (la Règle d'or). « Celui qui aime autrui

accomplit la Loi dans sa plénitude » (St Paul) – « celui qui n'aime pas son frère

qu'il voit, ne peut aimer Dieu qu'il ne voit pas » (St Jean) et tant d'autres

paroles que vous connaissez bien....

Rendre grâce, parce que sans qu'il y ait « donnant-donnant », il arrive que

chacun de nous soit aidé (aimé concrètement) par notre prochain, de l'enfance

jusqu'à notre dernier souffle.

Rendre grâce enfin pour ce troisième objet d'amour qui se cache entre les deux autres, c’est à dire l'amour de soi-même (dont toute une réflexion psycho-spirituelle nous parle aujourd'hui). Car, dans un monde instable, ce ne semble pas si facile de bien s'aimer soit même: ni trop - ni trop peu, avec courage et sagesse ... entre plaisir et épreuve (estime de soi et résilience, sans exaltation, ni autodépréciation.

« Charité bien ordonnée commence par soi-même! » L'adage nous semble un peu étroit. Il faut aussi « habiter en soi-même » et y pressentir plus ou moins

fortement le mystère de l'homme, créé à l'image, et fait pour être habité: « Ton

Père est là dans le secret » et à partir de là s'ouvrir et aimer les autres ....

Pour le chrétien, le baptisé, c'est l'Esprit saint qui habite et respire en son cœur

le tournant avec confiance vers lui-même, vers le prochain et vers le Père qui a

mis en nous le dynamisme de la vie.

TU AIMERAS! (2014-10-26)

Homélie du 19 octobre 2014 — 29e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année A
Info :

Année A -29e dimanche TO - 19 octobre 2014

Isaïe 45,1,4-6 – 1 Th 1,1-5 – – Matthieu 22.15–21

Homélie de F.Sébastien

Texte :

frères et sœurs, aidez-moi ! Je ne peux me dérober au thème qui aujourd’hui fait surface aussi bien dans le texte d’Isaïe que dans l’Évangile : à savoir la politique... Le pape François nous dit : je le cite « qu’elle est une vocation très noble, une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun... Et que la participation à la vie politique est une obligation morale. » (§§ 205 et 220).

Très bien, mais comment s’y retrouver dans la complexité de notre monde moderne ? La liturgie de ce jour est un bon exemple du va et vient fructueux entre la lecture du journal et la méditation de la Bible.

La lecture d’Isaïe puis celle de l’Évangile nous plongent dans un contexte étonnement semblable à celui d’aujourd’hui, avec ses super puissances avides de domination mondiale.

Cyrus, roi de Perse de 550 à 530 avant Jésus-Christ, est un conquérant célèbre qui, par la puissance de ses armées, s’est taillé glaive au poing le premier empire historique. On se rappelle qu’il permit aux Juifs exilés à Babylone de rentrer chez eux. Il trouve son homologue en la personne de César qui, au temps de Jésus, règne par la force sur un immense empire à prétention universelle. César est détesté des Juifs comme envahisseur, mais l’homme fait régner la pax romana avec ses bienfaits.

Cela, saint Paul le savait mais, remontant plus haut, il enseignait, comme dans son épître aux Romains, que je cite « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu, et celles qui existent sont établies par lui... 6 C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts.» (Romains 13 1, sv). C’est donc finalement à Dieu qu’on obéit, ce qui change tout, mais il y faut la foi et l’assistance pratique de l’Esprit Saint.

Saint Paul éclaire à sa manière l’adage fameux de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » L’adage n’enseigne évidemment pas que l’empereur et Dieu sont deux créanciers à égalité, distingués seulement par leurs domaines respectifs, mais qu’à travers toute autorité constituée ici-bas c’est l’autorité suprême de Dieu lui-même que l’on doit honorer. Mais il y faut la foi !

En tout ceci les principes sont clairs, mais leur application dans notre vie moderne est loin d’être évidente. Heureusement L’Esprit Saint est là et s’offre à nous guider, à chaque fois de manière adaptée, surtout à travers les Écritures. Il lui arrive de projeter une lumière surprenante, finalement positive, sur des événements apparus au premier abord comme catastrophiques. Parler de Cyrus le libérateur c’était évoquer en amont, deux siècles plus tôt, la destruction de Jérusalem et du temple, l’exil des Juifs à Babylone, autrement dit la catastrophe absolue, mais aussi en aval qu’elle avait été suivie par l’inouï de la libération. Ainsi les événements de la terre peuvent-ils être transfigurés par une lumière venue du Ciel.

Dans la première lecture un auteur inspiré se cache derrière le grand Isaïe du 8e siècle avant notre ère. Cet auteur ose – et c’est l’unique fois dans la Bible – mettre en scène le Dieu d’Israël parlant avec un païen, Cyrus, qui n’était pas un ange, qui ne connaissait pas Dieu, qui ne se convertira pas, qui restera toujours un païen pratiquant sa religion païenne. Et voilà que nous entendons Dieu lui faire savoir qu’il l’a choisi, lui, pour être, à son insu, l’instrument grâce auquel il réalisera la libération de son peuple, une impressionnante préfiguration de son dessein de libération universelle, dans lequel les païens auront toute leur part.

Chaque mot de l’oracle est chargé d’allusions bibliques qui n’hésitent pas à placer hardiment la figure du païen Cyrus à hauteur de celles des grands hommes d’Israël.

Reprenons la lecture.

•Is 45,1 Voici ce que dit le Seigneur au roi Cyrus,

qu’il a consacré par l’onction,

« consacré, ce païen », est-ce possible ? Ne savons-nous pas qu’en Israël l’onction sacrée d’un personnage lui donne part à la puissance de Dieu ? Cyrus ici est donc présenté comme l’égal des rois et des prophètes d’Israël qui étaient oints. Lui aussi l’est, il est un oint, un messie qui, aux yeux de la foi, préfigure le Messie définitif attendu !

Je continue :

« Dieu l’a pris par la main »,

l’expression est souvent utilisée pour désigner des israélites dont Dieu a fait ses instruments de choix. On peut songer, par exemple, à la parole de Jérémie (Jr 31,32), « Dieu a pris par la main les Pères d’Israël lorsqu’il les fit sortir d’Égypte. » Encore une sortie par grâce !

Puis vient le face à face de Dieu avec son païen qui se tait tandis qu’il lui parle:

« Je t’ai appelé par ton nom, alors que tu ne me connaissais pas –

tout comme Abraham qui était encore païen lorsque Dieu l’appela à devenir une bénédiction pour toutes les nations de la terre,

je t’ai appelé,

comme fut appelé le fameux serviteur de Dieu selon Isaïe.

Vient ensuite la grande révélation de Dieu sur lui-même :

« Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre »,

du coup tous les dieux des païens, dont ceux de Cyrus, sont renvoyés à leur néant.

« Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour qu’on sache de l’Orient à l’Occident, »

qu’il n’y a rien en dehors de moi. » Amen !

On le voit, l’auteur inspiré passe de l’événement avéré, politique parfois, à l’évocation d’un ordre de choses qui relève de la seule lumière de l’Esprit Saint. Lui peut nous faire comprendre cette autre parole de Dieu en Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies ! » (Isaïe 55,8).

Que retenir de tout cela ? Peut-être, d’abord, que, pour accomplir son œuvre tout au long des siècles, Dieu se sert de qui il veut, aussi bien de païens qui resteront païens que d’hommes religieux de grande foi, que d’incroyants de toutes sortes, même de grands conquérants, voire d’ennemis de l’église.

Une seule question demeure : quelle est la grâce qui est cachée dans chacun des événements, heureux ou malheureux, d’hier, d’aujourd’hui ou de demain ? (2014-10-19)

Homélie du 12 octobre 2014 — 28e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 28° dimanche du Temps Ordinaire - 12 Octobre 2014

Mt 22 1-14 Parabole du festin des noces

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Cette phrase nous étonne, nous reste peut-être en travers du cœur.

En serait-il comme de ces immigrés clandestins qui fuient leur pays pour

en atteindre un autre où ils espèrent une vie meilleure, et dont bon

nombre périssent en mer ou sont refoulés aux frontières ?

Le Royaume des cieux comporte-t-il des exclus, comme notre monde présent ?

Notons d’abord qu’il s’agit d’appelés. Ce ne sont pas les invités qui

prennent l’initiative de venir. C’est le roi qui appelle, qui invite.

Ces gens – nous tous – sont désirés, tellement désirés qu’ils sont

invités avec insistance et répétition. Le roi – Dieu même – fait tout ce

qu’il peut pour qu’ils viennent.

Rien ne peut mettre en échec son projet. Si d’aucuns ne veulent pas

venir, son invitation se fait encore plus large : « Allez donc aux

croisées des chemins »… Et l’Evangile se terminera par cet ordre de

Jésus : « Allez ! De toute les nations, faites des disciples. »

Rien ne peut mettre en échec le projet de Dieu ?

Pourtant, les premiers invités, de leur propre chef, refusent de venir,

d’accueillir l’invitation et le don qui leur sont faits.

Ce n’est pas le roi qui les exclue, il se reprend pas,

mais ses appels ne sont pas accueillis et restent sans réponse adéquate ;

car ses appels sont des appels d’amour et de vie : seuls l’amour et le

don de la vie peuvent y correspondre.

Cette double parabole est là pour nous secouer, nous réveiller, nous

inviter instamment à accueillir le don de Dieu. Il y a urgence, parce

qu’en Jésus tout est accompli. Il n’y a rien d’autre à attendre que

lui-même.

Les premiers appelés n’ayant rien voulu entendre,

« les mauvais comme les bons » sont introduits et rassemblés dans la

salle des noces.

Mais pour ceux-là comme pour les premiers, il n’y a pas d’automatisme ;

si l’amour ne répond pas à l’amour, au lieu des noces, des épousailles,

de l’intimité de la communion, c’est le rejet dans les ténèbres du dehors.

Alors, le projet de Dieu est-il mis en échec par le refus des premiers,

par l’inadéquation de celui qui n’a pas l’habit de noce ? Y a-t-il

vraiment des exclus du Royaume des cieux ?

*« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »*

C’est là un mystère – le mystère du jeu de la grâce et de notre liberté

– que nous ne pouvons que remettre à l’Amour infini du cœur de Dieu.

L’amour ne peut être le fait que d’êtres libres. Telle est notre

condition : nous sommes libres.

Nous avons le pouvoir d’accueillir ou de refuser l’amour. Dieu ne veut

ni des esclaves ni des robots.

Nous avons notre réponse à donner, notre liberté à engager.

Mais en même temps, son amour vient nous sauver de tous nos choix

erronés, de tous nos replis sur nous-mêmes et sur les idoles que nous

nous fabriquons, sur ce qu’avec erreur nous croyons notre bonheur. Il

nous sauve de tous nos choix mortifères, de nos refus mêmes d’être avec lui.

Il donne sa vie, pour sauver, réconcilier, ceux-là même que le refus

plonge dans la mort.

Il va dans les ténèbres du dehors pour sauver ceux qui s’y trouvent.

Ecoutons st Paul :

« Dieu a jugé bon que _tout_, par le Christ, lui soit enfin réconcilié,

faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour _tous les êtres_

sur la terre et dans le ciel. » 1 Co

Ou le livre de Jonas : « Comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la

grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent

vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de

leur gauche ? »

St Paul dit encore : « La charité couvre une multitude de péchés. » : la

charité du Christ couvre nos péchés.

Jésus prend sur lui l’inhumain, il prend sur lui la mort, pour nous

rendre à l’humain et à la vie.

« Tuons l’héritier, et nous aurons l’héritage ! » disaient les vignerons

de dimanche dernier.

Eh bien, Dieu est tel que le Fils donne sa vie, assume le rejet et la mort,

pour que ceux-là même qui ont fait œuvre de mort, reçoivent l’héritage

et deviennent fils en lui.

Dans le registre des noces qui est le nôtre aujourd’hui, non seulement

ils entrent dans la salle du festin, mais ils deviennent l’Epouse, à

jamais sauvée et divinisée.

C’est ce mystère de salut et d’Alliance que nous célébrons et dont nous

recevons la grâce dans l’eucharistie.

Nous avons chanté en commençant cette célébration :

Heureux les invités de la noce, l’Époux leur donne sa joie !

Il fait toutes choses nouvelles, celui qui nous apporte

la justice et le droit, l'amour et la tendresse.

C’est bien lui-même qui nous apporte la justice et le droit, l’amour et

la tendresse.

Cela ne vient pas de nous.

Si l’homme sans vêtement de noce avait répondu au roi :

« Donne-moi toi-même ce vêtement, dans ton grand amour ! », le roi lui

aurait-il refusé ce don ?

Confions-nous les uns les autres à son amour qui nous veut saints et

immaculés en sa présence.

Venons aux noces !

St Benoît dans sa Règle nous dit :

/^19 //Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite,

frères bien-aimés ? ^20 Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous

montre le chemin de la vie. ^21 […] avançons sur ses voies, sous la

conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés

à son royaume./

Et si les bonnes actions nous font défaut, à nous ou à d’autres,

écoutons le dernier instrument de l’art spirituel que st Benoît nous

indique : /Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu./

Frères et sœurs, « Tout est prêt : venons à la noce. »

Rendons grâce à Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière. (2014-10-12)

Homélie du 05 octobre 2014 — 27e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - 27° dimanche du temps Ordinaire

Is 5 1-7 ; Phil 4 6-9 ; Mt 21 33-43

Homélie du F.Damase

Texte :

Dimanche dernier, F.Jean-Noel nous a avertis que les lectures de ce dimanche nous parleraient encore de la Vigne.

Dans la 1° lecture Isaïe nous chante tout l’amour de Dieu pour sa vigne. Un amour tendre et passionné. La vigne, c’est la maison d’Israël que Dieu a élevé au fil des siècles ; bien des prophètes l’ont arrosé de leur sueur, quelquefois de leur sang !! Dieu en prend soin, avec un très grand amour !! Il attendait de sa vigne de beaux raisins, mais il ne lui a donné que des mauvais fruits. Il appelle Jérusalem à être les juges entre lui et sa vigne ; il est d’une sévérité extrême envers sa vigne !! Évidemment Isaïe ne connaissait pas encore le Père de Jésus !!

Dans l’Evangile, Jésus utilise cette image de la vigne de façon différente. Le propriétaire de la vigne n’a pas de problème avec elle ; mais il l’a confiée à des vignerons qui, au lieu de lui consacrer toute leur énergie pour qu’elle porte de bons fruits, veulent en tirer le profit maximum ; ils vont aller jusqu’à tuer le fils héritier du Maître de la vigne.

Évidemment, cette parabole adressée aux chefs des prêtres et aux pharisiens décrit leur propre attitude, à l’égard du peuple comme à l’égard de Jésus lui-même, qu’ils mettront bientôt à mort !!

Et cependant, même à leur égard l’attitude de Jésus est tout autre que celle du Bien-Aimé dans le chant d’Isaïe. Jésus n’est pas intéressé à punir. Il est seulement intéressé à ce que sa vigne porte du fruit, que son peuple et son Eglise portent du fruit !!

Lorsqu’il pose la question « Quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ». Ses interlocuteurs lui répondent : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront le produit en temps voulu ».

Dans sa réaction, Jésus ne reprend que la seconde partie : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit ». Jésus n’est pas intéressé par la punition, encore moins par la vengeance !!

De plus, il ne s’agit pas d’enlever le royaume aux juifs pour le donner aux païens ; comme pourrait le faire penser une lecture rapide et superficielle. En réalité la maison de Dieu est et demeure le peuple choisi, auquel viennent s’ajouter les nations.

Ceux qui sont en cause, ce sont les pasteurs. Il y a là une leçon sévère pour tous ceux qui exercent un ministère de quelque nature dans le Peuple de Dieu. Ce ministère est pour le besoin du Peuple et non pour la satisfaction du ministre !!

Mais ce qui revient le plus fortement au long de cette parabole, c’est la nécessité de porter des fruits. Cela nous concerne tous. Nous n’avons pas reçu le message évangélique pour notre satisfaction personnelle ou simplement pour « faire notre salut ». Nous l’avons reçu pour porter des fruits – des fruits de Justice et de Droiture, selon Isaïe !!

Tous ensembles nous sommes l’Église et l’Église existe pour « évangéliser le monde » !! Demandons-nous si, par notre façon de vivre, nous concourrons à répandre dans notre monde « la Joie de l’Evangile » selon le désir du pape François !! (2014-10-05)

Homélie du 28 septembre 2014 — 26e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année A
Info :

Année A - 26° Dimanche du Temps Ordinaire

Ez 18 25-28 ; Phil 2 1-11 ; Mt 21 28-32

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

« Va travailler à ma vigne »

Trois dimanches de suite, la vigne.

Vous me direz : « Normal », en septembre, mois des vendanges !!

C’est plus sérieux que cela : dans les Écritures, la vigne évoque souvent une alliance. Une alliance, ce n’est pas un contrat de commerce. Tout vigneron le sait : son rapport à la vigne est autrement plus profond : son cœur est pris. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour sa vigne ? Sans marchander sa peine. Et pour rien au monde, il ne la balancerait. Une parabole le dit aussi. Une alliance. Un amour engagé, scellé. Étonnez-vous encore après cela que dimanche prochain encore on nous fera entendre le chant du bien-aimé pour sa vigne, sa passion pour la vigne.

Mais voilà : ici le vigneron, c’est Dieu. La vigne, c’est Israël, c’est l’Église, c’est l’humanité, c’est nous, chacun et ensemble. Et c’est nous aussi qu’il envoie travailler à sa vigne ! Excessive richesse d’une image à plusieurs registres ! Mais toujours dans le cadre d’une alliance d’amour.

Donc une alliance.

Mais une alliance, c’est quoi ?

En bref, c’est un échange de « Oui ».

Ici entre le vigneron et ceux qu’il envoie à sa vigne, entre Dieu et nous. C’est « Oui ». Mais on le voit : ca peut-être « Non » !

En fait, ce n’est pas aussi simple.

C’est « Oui » et c’est « Non » ?

« Oui » en surface et rien ne bouge ! Comme on dit « Seigneur, Seigneur » et après ???

Ou ce « Oui » comme un élastique !! Pas tenu. Aussitôt lâché, aussitôt rétracté !!

Ou encore le « Oui » qui n’a même pas à se chercher du moment que tout simplement on a pris bien soin de se boucher les oreilles !!

Oui ce « Oui » du fils ainé !! Ca oui, il faisait tout, tout bien, mais le cœur ? Le cœur en refus, tout en revendication : « Tu ne m’as jamais rien donné, à moi !! ».

St Benoît (ici vous êtes un peu chez lui) est terrible contre ce poison du murmure, rentré, cuit et recuit, qui vous empoisonne le cœur fermé.

C’est vrai ce « Oui » cordial, sans retard, sans lenteur qu’il demande, - reconnaissons-le – est difficile que Oui ! En tout cas, pas automatique, ni une fois pour toutes !!

C’est comme ces vieilles portes aux gonds rouillés. Ca coince ; ça grince et il faut une patiente alternance « ouverture, fermeture » pour dégripper ça et retrouver souplesse, aisance et liberté !!

Mais n’est-ce pas l’histoire de nos vies à tous – moines ou pas ; apprendre à répondre « Oui ». Oui à l’alliance proposée par Dieu ; oui aux mille chemins où il nous invite. « Oui » comme Jésus, jusqu’au dernier jour où à l’appel du Père, nous le dirons (espérons-le) dans ce bel élan qui nous fera rejoindre d’un bond ce qu’il a préparé de meilleur pour nous : vie et résurrection !!

Pour ce difficile apprentissage, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Nous le savons bien, derrière ces paraboles répétées de fils aux semelles de plomb, se profile LE FILS – le Fils engendré avant les siècles (cf la 2° lecture), envoyé aussi à la vigne chérie du Père. LE Fils qui ne fut que OUI.

Et souvenons-nous, il y a juste deux dimanches, la fête de la Croix Glorieuse célébrant bien la grandeur, la beauté, la fécondité, la victoire de son Oui, plus fort que la mort à la gloire du Père.

Mais c’est bien aussi ce que, tout de suite, l’Eucharistie va encore célébrée : ce Oui ; pour entrainer le nôtre : Amen, à la Gloire du Père

Celui de la grande doxologie finale : Amen

Celui de la communion : notre main gauche grande ouverte, offerte, portée par la main droite – pas à hauteur du nombril – à hauteur du cœur, comme pour accompagner son ouverture : le Corps du Christ, Amen !!

Et dans la foulée, les innombrables « Oui » de notre quotidien comme il est, comme il se présentera, auxquels on s’essaie bravement !!

C’est une béatitude ; nous le chanterons tout à l’heure

« Heureux

Heureux qui règle ses pas,

Sur la Parole de Dieu ! » (2014-09-28)

Homélie du 21 septembre 2014 — 25e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année A
Info :

Année A - 25° Dimanche du Temps Ordinaire- 21 septembre2014

Is 55/6-9, Ph 1/20c-24,27a Mt 20/1-16a

Homélie du.Cyprien

Texte :

« Mon ami, je ne te fais aucun tort… Est-ce que ton regard est mauvais parce que je suis bon ? »

Frères et sœurs, nous avons pu, un jour ou l’autre, surprendre en nous des sentiments qui méritaient cette remarque, ce reproche que Dieu nous adresserait… « Est-ce que ton regard est mauvais parce que je suis bon ? »

Jésus raconte une histoire peu vraisemblable. Ceux qui ont travaillé le moins auraient en quelque sorte la préférence du patron, cela ne tient pas debout. Alors ?

On pourrait chercher du côté des ouvriers : les premiers se sont engagés avec un contrat bien défini ; les autres, pris en pitié, ont fait confiance à celui qui les embauchait plus tard. Résultat : ils sont aussi bien récompensés que les premiers. Cela ne tient pas trop non plus…

Alors … Jésus, dans la ligne des prophètes, bouscule ses auditeurs ; certains prophètes sont même célèbres pour des histoires, des mimes servant de support à leur message : « Vas-tu nous dire, prophète, ce que tu fais là ? ».

Ce qu’on oublie souvent dans les histoires que Jésus raconte, c’est que Celui-ci veut d’abord nous parler du Père, son Père, Dieu notre Père… « Vous n’avez pas compris… votre Père céleste voit dans le secret, …il connait les intentions de vos cœurs, …ses pensées ne sont pas comme vos pensées », c’était la première lecture dans Isaïe.

Jésus dit en tout cas ce qu’il en est du Royaume de Dieu qu’il annonce : si Dieu règne, c’est l’Amour qui règne. Quand Dieu règnera, c’est l’Amour qui règnera … nos jugements étroits, nos mesquineries vont voler en éclats !

Pour ceux qui ont duré dans l’humble fidélité, vieilli dans l’obéissance persévérante, il est un peu surprenant que les derniers soient traités avant les premiers. Cette façon d’attirer l’attention est celle d’un conteur ; ces histoires doivent être creusées, méditées pour en tirer l’essentiel…

En fait la récompense dans le Royaume de Dieu, ce sera et c’est déjà notre relation d’intimité avec Lui… pour chacun d’entre nous : il faudrait, … il faudrait ne plus nous demander si Dieu nous aime moins que notre voisin… moins que celui qu’il fait passer avant nous…moins que les saints canonisés !!!

« Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci…pour que je vive cela ? » Envie, jalousie… sentiments bien humains, sentiments d’êtres humains pas tout à fait adultes ni dans la foi ni pour tout le reste !

Quand le maitre de la vigne aborde les gens qui attendent depuis le matin, la parabole nous dit : ce maitre de la vigne s’occupe réellement de ces personnes, il leur veut du bien… il le montre, quitte à scandaliser certains…

Dans un cadre réaliste, pour une justice sociale élaborée, il n’est pas dans les clous, c’est évident !

Mais à l’aune du royaume de Dieu, ce patron est libre et …assez riche et aimant pour payer chacun selon son cœur à lui.

Ce maitre du domaine n’est pas richissime au point de gaspiller son argent : il est soucieux que des personnes n’aient pas perdu leur journée à ne rien faire. « Personne ne nous a embauchés, c’est-à-dire Personne n’avait besoin de nous… Allez vous aussi à ma vigne »…

Cette pièce d’argent donnée à tous, aux derniers comme aux premiers, elle dit à chacun « C’est toi que je veux honorer en récompensant ton travail »…comme dans Isaïe : « Tu as du prix à mes yeux et moi, je t’aime ». Cette pièce d’argent, c’est l’Amour que Dieu porte à chacun de ses fils…

Oui, frères et sœurs, le salaire, la récompense imméritée de notre vie ici-bas, c’est l’amour de Dieu pour nous : Dieu donne autant au bon larron qu’au pharisien fidèle à la loi ,«Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis », Dieu qui pardonne …Dieu qui nous donne à tous de devenir ses intimes.

Parce qu’il est bon, il ne fait… et ne fera aucun tort à personne.

Que nos cœurs tournés vers le Christ se convertissent, qu’ils changent de regard, que sa Parole nous aide à comprendre cette Bonté divine qui nous dépasse… Oui, bonté divine qui nous dépasse … infiniment !(2014-09-21)

Homélie du 14 septembre 2014 — 24e dim. ordinaire — Frère Denis
Cycle : Année A
Info :

Année ABC - Fête de la Croix Glorieuse - 14 sept 2014

Nb 21 4-9; Phil 2 6-11; Jn 3 13-17

Homélie du F.Denis

Texte :

La Croix glorieuse

Les deux mots ainsi rassemblés peuvent étonner. Le mot croix parle de

souffrance, d'épreuve, d'injustice. Le mot gloire nous parle de victoire et

l'absence de gloire dit l'insuffisance, l'échec, la disqualification. Comment donc

donner un sens à une Fête de la Croix glorieuse? Laissons aux savants ce qui

concerne la découverte des reliques de la Croix d Christ. Mais gardons ce mot

de découverte par nous, par chacun de nous, de ce que veut dire l'union des

deux mots, Croix et Gloire.

Je vous propose, dans cette homélie, deux courtes étapes, l'une sur

l'importance des deux mots dans la religion chrétienne depuis ses débuts, l'autre

sur la manière, pour nous aujourd'hui, de mettre en pratique les textes que nous

venons d'entendre ?

Première étape: Que signifient pour nous, chrétiens, Croix et Gloire?

C'est par la Croix de Jésus, par ses souffrances, sa mort, que la Gloire de

Dieu nous est révélée et donnée à vivre. Vraiment? Oui. C'est fou, reconnaît

saint Paul. Mais c'est ainsi. Selon la sagesse humaine, il y a de la folie dans la

Croix du Christ, mais Grande et Mystérieuse est la Sagesse de Dieu nous

donnant son Fils. Parce qu'il est vraiment homme et homme sans péché, Jésus

peut atteindre la complète souffrance humaine, et parce qu'il est vraiment Dieu,

il possède toute la Gloire divine.

Il faut aller jusqu'au bout de cette souffrance connue par Jésus: Jésus,

homme sans péché et digne d'amour, a connu le manque d'amour jusqu'à en

mourir. Trahi, abandonné par ses disciples, arrêté, insulté, déshonoré, frappé,

ridiculisé, livré aux jaloux, condamné. En moins de vingt quatre heures, le plus

beau des enfants des hommes est cloué, pendu, crucifié, il meurt, devenu une

véritable loque ..

Le supplice de la Croix est tellement horrible que pendant les premiers

siècles chrétiens, on n'osera pas en reproduire l'image. Dans les catacombes,

premiers cimetières chrétiens, on ne trouve pas de représentation du Christ en

Croix.

La Gloire dit le contraire. Gloire est le mot excellent dans la Bible pour

dire la Présence de Dieu. Son rayonnement, une lumière qui succède aux

Ténèbres. Dieu est là. Ainsi sur le crucifié la Gloire de Dieu est là : tandis qu'il

perd ses forces humaines, les ténèbres aussi envahissent tout. Et Jésus va

jusqu'au bout : il a confié sa mère à Jean, pardonné à tous, dit oui à Dieu son

Père, et c'est le dernier souffle. Le monde et le Temple en sont bouleversés

mais, dans cette opacité de mort, l'Eglise entend le Dieu de Gloire qui murmure

:: Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré.

La plus grande souffrance s'est couverte de Gloire, de la plus grande

Gloire, c'est notre Fête.

Seconde étape: comment vivre tous les jours croix et gloire?

Je sais votre réponse: en vivant notre baptême. En participant à la vie de

l'Eglise, le Corps du Christ, à sa liturgie, en nous donnant aux autres dans nos

métiers, nos familles, nos lieux d'habitation, en aimant les étrangers, et jusqu'à

nos ennemis. Avouons que ce n'est pas facile tous les jours. Mais ce qui peut se

faire tous les jours et plus souvent encore, c'est un regard silencieux, sans

paroles, regard les yeux fermés même, sur celui qui nous regarde, Jésus.

C'est le mot que les textes lus et entendus par nous me suggèrent,

Regarder, mot si humain, si divin, mot qui dit bien que nous sommes en vie

parce que Dieu, le Grand Vivant, nous regarde.

Regarder la croix pour vivre ce qu'elle donne, la vie. Pour aider son

peuple en Exode, Moïse avait dressé un serpent ardent, oui ardent, c'est-à-dire

brûlant, de feu, et pour quiconque s'approchait, le regardait avec foi et

espérance, la marche, l'exode, redevenait devenait possible vers la liberté.

Après Moïse, ce fut Jésus. C'est Lui qu'il faut regarder. Regardant sa

croix, qu'y voyons-nous? Les deux bras ouverts du Christ, soit verticaux vers

Dieu, soit étendus, élargis aux dimensions de l'espace.

Frère, es-tu heureux en famille, dans ton métier, dans ta santé. Et tant

mieux si tu regardes la Croix de Jésus. Elle ouvrira tes bras, ton cœur, elle te

libèrera du désir de les fermer dans ton bonheur.

Frère, es-tu malheureux, et qui ne connaît l'épreuve?, regarde la Croix de

Jésus, elle te dira la Présence de Dieu qui t'attend. Tu y trouveras toi aussi le

courage d'aimer et de secourir les autres. Tu regardes ta souffrance, comment

faire autrement, mais au delà, plus profond que toi qui souffres, il y a la Croix

du Christ qui soulage tous les souffrants de ce moment, leur donnant force et

paix. Regarde la Croix, ne ferme pas les bras, toi non plus.

Regarder Jésus. Lui, le Très-Haut devenu le Très-Bas, pour que, depuis

notre très bas niveau, nous soyons attentifs à son regard qui nous fait lever les

yeux vers lui. En silence, en minutes de silence, nous entendrons beaucoup les

murmures du Cœur de Dieu qui nous transforment en vivants. Une gloire est là.

La vraie gloire, celle de Dieu lui-même venue sur nous, nous transformant et

donnant aux autres envie de vivre.

Fête de la Croix glorieuse, Fête de la Vie. (2014-09-14)