vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 12 décembre 2014 — 2e dim. de l'Avent — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2° Dimanche de l'Avent - 7 décembre 2014

Is 40 1-11; 2 Pet 3 8-14; Mc 1 1-8

Homélie du F.Hubert

Texte :

/Commencement de l’Evangile de Jésus, « Christ », « Fils de Dieu »./

Le désert. La libération de la captivité et le retour d’exil par une

route aplanie, une large vallée.

Le baptême de conversion dans le Jourdain, pour le pardon des péchés.

L’annonce de la venue du plus fort et du baptême dans l’Esprit Saint.

L’attente du ciel nouveau et de la terre nouvelle, avec l’avènement du

jour de Dieu.

Parole vivante de Dieu, pour nous aujourd’hui.

Un commencement, et pas n’importe lequel : le commencement de l’Evangile

« de Jésus ».

Un baptême, et pas n’importe lequel : le baptême « dans l’Esprit Saint ».

/Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement, Dieu

créa l’homme à son image./

Un nouveau commencement, une nouvelle création, adviennent avec Jésus,

en Jésus, /« Christ », « Fils de Dieu »./

/Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !

/entendions-nous dimanche dernier, dans la bouche d’Isaïe.

Dieu est descendu, Dieu est venu. Il vient vers nous, aujourd’hui.

Nous avons du mal à intégrer cette vérité dans nos vies, tellement elle

est grande.

Tellement elle est cachée aussi.

Car Dieu ne vient pas dans le fracas du tonnerre, mais dans le murmure

d’un fin silence.

Jésus vient incognito, avec la seule force de son Esprit d’amour.

Jean Baptiste l’annonce comme plus fort que lui, et ne se sent pas digne

de défaire la courroie de ses sandales :

on imagine celui-là arriver au terme d’un cortège victorieux, éclatant.

Or, Jésus arrive, inconnu, au milieu d’une foule de gens obscurs

qui reconnaissent publiquement leurs péchés.

Lui qui est sans péché, se fait baptiser par Jean dans le Jourdain :

alors il voit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui.

Voilà comment est Dieu, homme parmi les hommes, venant à la rencontre

des hommes.

Dieu présent, Dieu caché.

Le Dieu Très-Haut est le Très-Bas, le Très-Humble.

Il vient tout partager de notre vie humaine, pour nous partager tout de

sa vie divine.

Il vient au désert, avec son peuple, au milieu de son peuple,

pour faire avec lui le chemin de l’Exode définitif vers la Terre promise

qu’est le cœur même de Dieu.

/Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à

la rencontre de ton Fils,/

avons-nous demandé dans la prière d’ouverture.

Quelles sont donc nos tâches présentes, susceptibles d’entraver notre

marche à sa rencontre ?

Quelles sont celles qui favorisent cette marche ?

/Nous attendons un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la

justice,/nous dit st Pierre/./

Il ne peut s’agir d’une attente passive.

Notre vocation et notre mission est de tout faire pour qu’ils adviennent

dès maintenant.

Certes, nous attendons le monde nouveau pour un avenir au-delà de ce

monde qui passe,

comme un don de Dieu, inouï et inimaginable, /selon la promesse du

Seigneur/ qui est vérité.

Mais ce don de Dieu est aussi déjà pour aujourd’hui, et ce don passe par

nos mains, et d’abord par nos cœurs.

Dimanche dernier, le pape François, dans la Divine Liturgie présidée par

le patriarche Bartholomeos, nommait les voix qui crient vers nous :

celles des pauvres souffrant de malnutrition, du chômage, de l’exclusion

sociale,

celles des conflits en tant de parties du monde, celles des jeunes sans

espérance.

Les tâches présentes qui facilitent /notre marche à la rencontre du

Fils/ de Dieu ne sont-elles pas

toutes celles qui, jaillissant d’un cœur fraternel,

cherchent à « vaincre la mondialisation de l’indifférence, et à

construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité » ?

« Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,

c’est à moi que vous l’avez fait. »

Etty Hillesum, cette hollandaise d’origine juive, déportée et morte à

Auschwitz, écrivait en 1942 :

« Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si

chaque individu fait d’abord la paix en soi-même,

extirpe tout sentiment de haine pour quelque race que ce soit, ou bien

domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même à la

longue en amour. »

Cette conversion est notre défi à tous, chaque jour, que nous ayons 6

ans, 15 ans, 30 ans, 80 ans.

/Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent,

/avons-nous chanté avec les psalmistes qui ont précédé Jésus.

Cette rencontre et ce baiser se sont réalisés en perfection en /Jésus,

« Christ », « Fils de Dieu »./

Il les a vécus, concrètement, sur notre terre, et ils demeurent en lui

pour toujours.

Il les a scellés de son sang versé, de son amour offert sans condition,

sans reprise.

Mais nous, qui sommes son corps,

c’est notre vocation, notre mission, notre responsabilité, de les faire

advenir aujourd’hui.

Jésus, descendu d’auprès du Père, est le Fils bien-aimé sur lequel

repose l’Esprit Saint.

C’est pourquoi, il peut nous baptiser dans l’Esprit Saint.

Cet Esprit nous donne la puissance de vivre en fils et en frères,

la grâce d’être pardonnés et de pardonner,

de faire advenir dès maintenant l’humanité telle que Dieu la veut.

Une terre nouvelle.

Alors, comme l’écrit souvent Etty Hillesum : « Et maintenant, au travail. » (2014-12-07)

Homélie du 30 novembre 2014 — 1er dim. de l'Avent — Frère Jean-Noël
Cycle : Année B
Info :

Année B - 1° Dimanche de l’Avent – 30 novembre 2014

Is 63 16 - 64 7; 1 Co 1 3-9; Marc 13 33-37

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

Hier soir pour la prière des vêpres, la communauté entrait gravement, joyeusement, dans l’église derrière la Parole de Dieu, la Bible portée haut par le Père Abbé.

Il était facile de comprendre – de comprendre en le faisant – qu’on s’insérait bien dans cette caravane immense à travers les siècles des chercheurs de Dieu dont il y a juste un mois, nous fêtions les premiers arrivés. Tout juste derrière le Christ. Facile de comprendre que, si on inaugurait ainsi un nouveau cycle liturgique, ce n’était certainement pas pour tourner en rond, pour ronronner!!

Et pour nous en convaincre – ou nous réveiller - au cas où - ce matin, un rappel vigoureux : « Veillez » et même plus impératif : « Veillez donc ». Et c’est tellement clair qu’il n’y a pas à attendre que les exégètes et les biblistes qualifiés se soient mis d’accord sur le sens que cela pourrait avoir. C’est aussi clair que d’autres injonctions indiscutables des Ecritures :

- Tu n’auras d’idoles

- Tu aimeras ton prochain comme toi-même

- Tu pardonneras soixante dix fois sept fois

Donc « veillez »

Mais attention ! L’évangile, ce n’est pas internet : on tapote, un clic, et la réponse tombe. Point. Question suivante !

S’il nous est dit « veillez ». Ce n’est pas pour que ça glisse sans plus sur nos vitrines, Non ! ça doit pénétrer jusqu’à nos racines, nous travailler comme un ferment, soulever toute notre pâte, pénétrer en profondeur comme un baume. Il y faut un vrai massage en insistant sur les coins rebelles. Image heureuse que je n’ai pas inventée ; il y a beau temps que nos ancêtres dans la vie chrétienne – et bien avant eux, le peuple juif, pratiquaient cette imprégnation lente, la lecture qui prend son temps, la répétition qui n’est pas rabâchage, mais respiration, ouverture à un souffle vital, ne venant pas de nous. Il s parlaient même de « ruminer » - image certes moins poétique – mais qui dit bien cette application doucement têtue pour ne rien perdre du suc nourricier, et à cause de cela, prenant bien son temps, chose pour nous si difficile de nos jours. D’où le rappel vigoureux de ce matin « Veillez donc ! ».

Alors quoi, veiller ?

-Veiller et découvrir – pour parler comme le pape François – que veiller n’est pas la même chose que de ne pas veiller. Pas la même chose !!

- Veiller et découvrir en soi comment se réveillent les échos de tant de paroles de Dieu déjà entendues. Et si cela ne résonne pas, peut-être découvrir mes espaces intérieurs encombrés de tout un bazar, squattés par quelques addictions – qui n’en a pas, petites ou grandes – qui me font fuir dans l’oubli, quand saint Benoît, lui, dans la « Règle des moines » nous demande au contraire de « fuir l’oubli ». Absolument. Ce qui n’est pas on plus la même chose.

- veiller encore.. et des chemins s’ouvrent dans le cœur aux senteurs d’Evangile (François).

- Veiller.. et des aurores se lèvent, timides, douces, heureuses, sûres !!

-Veiller.. et s’infiltrent de petits filets d’une paix qui ne trompe pas, annonçant cette « paix comme un fleuve », promise à ceux qui veillent : « Ah! Si tu écoutais, ta paix tu serais comme un fleuve » (Isaïe.).

Veiller, mais comment ?

- Peut-être déjà, avant ce soir, se relire cet Evangile . plus avec les oreilles (l’oreille cordiale de notre cœur) qu’avec les yeux. En prenant bien son temps. Peut-être ?

- Ou se trouver de petits moyens pour « fuir l’oubli ». Un petit postit en bonne place, un petit carton dans sa poche. Je ne sais pas. Les amoureux sont inventifs.

- Ou sur son dizainier reprendre tranquillement ces mots que nous avons aux Vigiles du Lundi : « Apprends nous à veiller, Seigneur Ressuscité » !! Une bonne vieille méthode qui a fait ses preuves. Essayez – voir !!

- Ou encore, tout de suite, en nous déplaçant pour communier au Corps du Christ, y aller droit comme un veilleur – éveillé, éveillé et solidaire aussi : on ne veille jamais tout seul, ni pour soi tout seul – Toujours avec l’immense caravane des chercheurs de Dieu, à la suite du Christ !!

Et puis, et puis, sans oublier - Bonne Nouvelle –

Il y en a UN qui veille : « il ne dort pas,

Il ne sommeille pas » - Ps 120.4

Du seuil de sa maison, il guette

Impatient comme on n’a pas idée,

Impatient de faire donner la musique et les danses

Oui, apprends nous à veiller, Seigneur ressuscité » (2014-11-30)

Homélie du 23 novembre 2014 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Denis
Cycle : Année A
Info :

Année A - Homélie pour la fête du Christ Roi - 23 novembre 2014

Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28; Mtt 25 31-46

Homélie du F.Denis

Texte :

Nous voici en fin d'année liturgique. Dans une semaine, nous entrons

dans la préparation de ce qui vient, ce qui advient, et c'est Noël. La

fête de ce jour permet donc de faire un bilan des douze mois qui

s'achèvent, bilan heureux, nous sommes en fête : pour nous, le Christ

règne.

Peut-être vous demandez-vous: nous sommes habitués à dire

que Dieu règne. Dans la Bible, l'expression est fréquente et tous les

jours, priant le NOTRE PERE, nous demandons 'à Dieu Que ton règne

vienne. Quel rapport y a-t-il donc entre Dieu règne et le Christ règne?

Essayons de redire les trois étapes des relations à Dieu notre

Père.

Première étape: le bonheur initial de l'homme admirant la création.

Lui-même, créé à l'image et ressemblance de Dieu, vit, heureux, en

présence de Dieu. Aucune peine, aucun isolement. L'homme est

Créateur,-il-est louange.

Seconde étape. L'homme se cache de Dieu. Il n'a pas obéi, il a peur, il

n'a pas été anéanti par Dieu car Dieu n'a pas changé: l'homme est

toujours son fils, créé à son image, et en cet homme, il y a toujours

cette ressemblance capable de retrouver son éclat premier, si l'homme

défiguré, plein de poussière, voire de boue, retourne et demande

pardon à celui qui l'attend. Dieu l'attend et, discrètement, parle à l'homme, à ces hommes devenus son peuple, par des intermédiaires,

par des prophètes.

Dieu va jusqu’à accepter le désir de son peuple d'avoir la

liberté, pour mener sa propre vie, de se choisir un roi, ainsi que font

les autres peuples. Dieu accepte, tout en prévenant des risques d'un tel

choix, le risque de devenir esclave d'un tyran.

Et voici Samuel, le fidèle Samuel, ordonnant le premier roi,

Saül. Choix heureux, tant est doué cet homme, nous dit le Siracide. Il

est beau, ce qui veut dire bon, il est grand, courageux au combat.

Hélas, il a un défaut, très humain sans doute, il est jaloux. Mais d'une

jalousie morbide qui lui voir dans un rival, un homme à supprimer.

David 1e remplace, jeune encore mais si maître de soi devant le

terrible et ridicule Goliath. David règne, non sans péché, mais

demande pardon et, parlant de lui, qui ne dit le saint roi David ? La

promesse que Dieu lui a faite qu'un homme de sa race règnerait à son

tour se réalise et c'est Salomon. Salomon, un monstre de sagesse,

dirions-nous peut-être, en tout cas capable de se voir admiré par les

plus grands de ce monde. Hélas encore, Salomon ne fut pas sage en

tout domaine et c'est après lui une longue suite de rois qui se

succèdent, parfois détestables et qui finiront en exil. Le peuple de

Dieu n'est plus qu'un petit reste, et vint enfin le roi promis, Jésus de

Nazareth.

Troisième étape. Jésus sera acclamé roi par la foule, et suivi par des

disciples généreux, a bien conscience de l'équivoque: beaucoup

espèrent de lui qu'il devienne le libérateur du peuple « occupé» par

Rome.

Jésus n'est pas venu en libérateur politique d'un petit peuple,

Israël, il est venu en libérateur universel de tous les hommes pour que

_vivant sur terre et aimant leur terre, ils soient tous encore' plus

désireux du règne de Dieu. Et ce règne est celui commencé de l'amour

filial, manifesté en amour fraternel universel.

Aimer même son ennemi et, difficulté plus habituelle peut-être,

comment aimer celui si peu attirant qu'on côtoie chaque jour sans le

rencontrer.

Comment faire pour devenir fraternel ?

Relire les évangiles, en privé, à plusieurs, entrer dans liturgie qui est l'heure du grand appel à la vie fraternelle, pratiquer et éprouver la

joie du service rendu, comme Jésus dit de le faire dans l'évangile.

Fête du Christ Roi, fête pour l'Eglise ouverte à l'universel de

Dieu. Alors le cœur de chacun est, même dans les difficultés réelles de

toute vie, déjà dans la paix de Dieu. Donné et libéré de son égoïsme

fermé. (2014-11-23)

Homélie du 16 novembre 2014 — 33e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année A
Info :

Année A - 33e Dimanche du Temps Ordinaire - 16 novembre 2014

Prov 31/10-13,19-20,30-31, 1The 5/1-6, Mt 25/14-30

Homélie du F.Cyprien

Texte :

(La femme vaillante, la venue du Seigneur et ses délais, le retour du maitre qui avait confié son argent à ses serviteurs).

D’abord la venue du Seigneur : attente ?… surtout la vigilance, (bis)… dans un monde qui s’endort : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité ! ».

Nous sommes prévenus et… nous le vivons peut-être assez mal, comme « les gens » dont parle l’Evangile… « quand les gens diront : Quelle paix, quelle tranquillité… »

Nous sommes pourtant les fils de la lumière, la foi au Christ éclaire, elle oriente nos vies,… a priori la venue du Seigneur devrait être pour nous la bonne surprise… « en cette vie où nous espérons le bonheur que Dieu promet et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ».

Rappelons-nous au moins que « l’amour parfait bannit la crainte » ; si nous avons des progrès (…de grands progrès !) à faire pour mieux aimer, rappelons-nous que c’est LUI Dieu qui nous attend sans cesse.

Celui qui croit au Christ ressuscité ne peut pas être… « comme les autres », « ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres ».

Les autres lectures,… la première, dans les Proverbes, a été choisie en fonction de l’Evangile, … la femme vaillante - dont on fait l’éloge - a été choisie pour accompagner la parabole des talents, la femme qui craint le Seigneur, qui est seule digne de louange

D’un côté une femme dans sa situation bien concrète (la gestion de sa maison) et de l’autre des sommes d’argent à faire fructifier.

Lire ces deux passages de l’Ecriture en parallèle nous aide …

Avec l’Evangile des talents, on aurait tendance à se demander « Ne suis-je pas comme celui qui a peur, qui va cacher l’argent sans le faire fructifier ? ».

Il y a deux serviteurs qui se débrouillent plutôt bien (ils doublent chacun le capital confié) : on aimerait bien s’identifier à eux… Et il y a le 3e … qui a tout faux pour l’argent confié… en plus il a des sentiments pas très purs face au maitre, apparemment dur en affaires.

Je trouve que l’évocation de la femme vaillante, active, qui gère bien sa maison nous permet de mieux entendre l’Evangile des talents.

A sa femme aussi, le mari a confié une partie de ses biens pour la tenue et la marche de la maison. Elle est responsable d’une richesse à gérer et … elle s’en tire très bien.

Non seulement elle est active, mais elle fait le bien en prenant soin de pauvres, de malheureux. Son mari ne lui a pas confié de l’argent comme aux serviteurs de l’Evangile : il lui a fait confiance pour la tâche qui est la sienne.

Quand l’Evangile parle de talents à l’époque de Jésus, il s’agit du talent, unité de mesure monétaire : par la grâce de la Parole de Dieu ce talent désigne maintenant une qualité dans le cœur humain. Dieu a mis au cœur de la femme vaillante ce talent de s’occuper, avec intelligence et cœur, à la marche de sa maison.

Soyons bien persuadés que Dieu confie à chacun d’entre nous une richesse qui n’est pas un trésor, ni en numéraire ni en titres, en pièces d’or ou en bijoux, …

…c’est une richesse qui est dans notre cœur et notre intelligence. C’est cette richesse qu’il faut faire fructifier.

«Décevante est la grâce et vaine la beauté, la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange »… Seul est digne de louange celui ou celle qui met son cœur et son intelligence au service de l’Evangile du Christ.

Et cela aussi… parce que le Maitre qui nous a fait confiance n’est pas un homme dur, un souverain dont il faudrait avoir peur.

Bien plus le « serviteur bon et fidèle » sait cela aussi depuis cette parabole, depuis celle du jugement dernier : c’est son Maitre qu’il sert en servant ses proches ; il sait que c’est en aimant qu’on apprend à aimer, que c’est en donnant de sa joie et de sa peine qu’on récolte le centuple promis.

Petits ou grands talents, chers frères et sœurs, n’oublions jamais que chaque fois que Dieu nous parle, nous entendons une bonne nouvelle… un appel à l’espérance et à la confiance.

C’est pourquoi maintenant nous rendrons grâce, nous remercierons le Seigneur Dieu, notre Père, le Père qui nous donne, par le Fils ressuscité, l’Esprit qui en nous fait fructifier ses dons. ( 2014-11-16)

***

Homélie du 09 novembre 2014 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

Année A - DÉDICACE BASILIQUE DIMANCHE 09 NOVEMBRE 2014

Jn 2, 13-22

Homélie du F.Matthieu

Texte :

L’évangile de ce jour nous présente un épisode dont les quatre évangiles nous donnent le récit. Bien souvent, on n’en retient que la colère de Jésus et l’expulsion spectaculaire des marchands du Temple, mais ce ne sont là qu’éléments de mise en scène ; cette colère d’ailleurs, les disciples la reconnaissent, à la lumière d’un verset du psaume 69 : « l’amour de ta maison fera mon tourment » : C’est le zèle, l’élan prophétique, qui motive l’action de Jésus, et ce zèle est tout entier tourné vers le Temple qui est le vrai centre du récit : « maison de prière pour tous les peuples » selon la belle prophétie d’Isaïe (56, 7), « maison de mon Père » dit Jésus, « sanctuaire » de la rencontre du peuple avec son Dieu, de Dieu avec son peuple, selon le but même de la montée en pèlerinage – et ici du pèlerinage de la Pâque – selon l’interprétation traditionnelle du texte du Deutéronome (16, 16-17) : « Trois fois par an, tous les hommes iront voir la face du Seigneur ton Dieu (et se faire voir par le Seigneur ton Dieu) au Lieu qu’il aura choisi. ».

L’évangile de Jean est le seul à situer cet épisode au début du ministère de Jésus, lors de sa première montée à Jérusalem, alors que les trois autres évangiles le situent à la fin de sa vie, après son entrée glorieuse à Jérusalem, juste avant sa Pâque. En anticipant cette scène du Temple, Jean propose un programme de ce que sera la mission de Jésus, de ce à quoi elle aboutira (un nouveau Temple) et par quel chemin.

Dès son arrivée dans la cité sainte, Jésus se montre tout orienté vers la gloire de son Père, il se présente comme Celui par qui les croyants auront accès à la présence de Dieu. Jésus purifie le temple d’Israël où Dieu a voulu habiter au milieu de son peuple, mais c’est pour annoncer – au-delà – le Temple nouveau, qu’il est lui-même en son corps et surtout qu’il sera, après sa résurrection, pour ceux qui croiront en lui.

Chez Jean, le récit, tel un tympan de cathédrale, présente le mystère de la personne de Jésus, qu’il situe à la fois par rapport à Dieu son Père, dont il est la vraie Présence, par rapport au Temple d’Israël, dont il est l’accomplissement, et par rapport aux disciples, dont il est le passage vers le Royaume.

À la lecture attentive du récit, ce qui s’impose donc c’est l’omniprésence du Temple, mais sous trois appellations différentes. D’abord au début du texte, avec le terme « Temple » ("hierôn"), qui désigne l’ensemble de l’édifice où se rassemblent les pèlerins ; puis, en un contraste littéraire fort, dans la première parole de Jésus : « la maison de mon Père ». Du Temple, Jésus ne veut connaître, en harmonie avec la foi juive, que l’habitation de Dieu, qu’il nomme son Père, où l’homme peut rencontrer Dieu. Ensuite, dans sa réponse aux juifs qui lui demandent un signe, Jésus parle du « temple-sanctuaire » ("naos"), terme qui désigne le Lieu de la Présence à l’intérieur du Temple. Or, Jésus oppose à « ce sanctuaire » un sanctuaire à venir. L’expression « en trois jours » oriente vers le sanctuaire de la fin des temps ; nouveau Temple donc, mais qui sera en continuité avec l’actuel ; Jean montre ici, comme tout au long de son évangile que le don de Dieu à Israël n’est pas supplanté par la nouveauté qu’apporte Jésus, mais accompli.

Enfin le rédacteur de l’évangile, comme en aparté, interprète ce dont parle Jésus : « le sanctuaire, c’était son corps ». C’est dire que le corps de Jésus est le lieu de la Présence de Dieu au milieu des hommes, là où peut se faire la rencontre, à la fois ce qu’annonçait le Temple de pierre et ce que sera en plénitude le Sanctuaire définitif dans le Royaume.

Le Temple c’est le lieu du rassemblement qui permet à la louange d’être unanime. La communauté qui se rassemble dans une église chrétienne pour célébrer la liturgie est dans cette logique qui nous vient du Temple de Jérusalem. En rendant grâces pour un don reçu toujours à nouveau, elle est orientée à une attente qui ne concerne pas seulement la présence de son Seigneur aux fidèles réunis, mais un accomplissement encore à venir, celui du « Temple » ultime, lequel se réalisera quand Dieu sera « tout en tous ».

Les auditeurs de Jésus auraient dû comprendre dans sa parole que cet homme qui avait osé purifier la maison de son Père était appelé à bâtir le Temple annoncé pour la fin des temps. Selon cette perspective, nous aussi aujourd’hui, nous sommes appelé à comprendre que la personne de Jésus ne coïncide pas encore entièrement avec le « Temple spirituel » de toute l’humanité réconciliée en Dieu. Il reste aux hommes, il nous reste, à travers le cours du temps et à travers l’espace, à nous rassembler, grâce au Christ, dans l’unité fraternelle, qui pourra faire du monde la maison de Dieu, ce Royaume, ce Temple qui n’est pas fait de main d’hommes mais création définitive de Dieu.

C’est à Sion qu’Isaïe voit affluer les hommes de toutes nations, venant des pays les plus lointains, pour y rencontrer le Dieu unique. Et le Temple nouveau, qu’est Jésus en son corps, est médiateur du Temple en son accomplissement dans la Jérusalem céleste, où nous serons tous rassemblés en un seul corps. (2014-11-09)

Homélie du 02 novembre 2014 — Défunts — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Année A - Messe des Défunts 2 Novembre 2014

Jn 6. 51-58

Homélie du F.Antoine

Texte :

En ce dimanche où nous faisons mémoire des défunts, L'évangile est un chant à la Vie. Elle est citée par Jésus à neuf reprises, une Vie appelée à dépasser la mort, comme nous

l'affirme la liturgie des défunts: «Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la Vie n'est pas

détruite, elle est transformée».

Une transformation qui est un mystère de la foi. « Je suis le Pain Vivant, , si

quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» Tout est dit dans cette affirmation :

l'identité profonde de Jésus et sa mission.

• Par cette allusion au pain. Jésus donne de lui une image qui peut être comprise de

tous. Il est celui qui vient nous nourrir, nourrir notre foi, nous faire vivre et croître

dans la foi, et entrer dès ici-bas dans cette immense communion des saints qu'est la vie

éternelle.

• La mission de Jésus est de Se donner en se mêlant aux hommes, en entrant dans

l'Histoire, afin que l'humanité se nourrisse de Lui. «Si quelqu'un mange de ce pain.»

Nous sommes ici dans la symbolique du repas où Manger et boire signifient demeurer en

Lui, ne faire qu'un avec Lui. Jésus ne donne pas son corps d'homme terrestre mais son

humanité de Christ ressuscité qui ne connait plus les limites de ce monde.

• Mais ce qui est impressionnant c'est la répétition insistante des paroles de Jésus :

« Je donne ma chair pour que le monde ait la vie»

« Qui me mangera vivra par moi. »

« Qui mange ce Pain vivra éternellement. » Mais Est-ce que nous le croyons vraiment?

Quelles résonnances ont ces paroles en nous ?

Des paroles qui sont une hymne à la Vie, elles débordent d'espérance en l'avenir, elles

sont un chant qui célèbre l'homme et les dons de Dieu. Dons auxquels nous sommes invités

à nous associer par la communion eucharistique où la vie nouvelle du Christ irradie le pain

et le vin qui sont offerts.

• La communion eucharistique, est cet acte où on reçoit ce qu'on ne peut acquérir par nos propres forces, c'est un geste de dépossession de nous- même, elle est un acte de total détachement. Dans la démarche que nous faisons de communier, où nous quittons notre place, notre chaise pour librement s'avancer et-recevoir le Christ, nous acceptons alors de lui remettre tout ce qui fait notre vie d'aujourd'hui, de Lui remettre tout ce qui fera celle de demain et d'entrer ainsi dans l'imitation du Christ qui se donne au Père.

La communion eucharistique n'est pas un simple acte de piété, un acte qu'on fait par habitude chaque dimanche, la communion eucharistique est profondément, un engagement, un engagement personnel et chaque fois renouvelé de continuer à suivre le Christ quoiqu'il arrive de continuer à se laisser transformer par Lui et à accueillir chaque fois avec bonheur ce qu'il nous a promis.

«Qui mangera ce pain vivra par moi, Vraiment ! Est-ce que nous le croyons?

« Qui mangera ce pain vivra éternellement » Est-ce que nous croyons à ce don, ce cadeau

extraordinaire que Dieu nous fait de partager sa vie avec cette foule immense de ceux qui

nous ont précédé dans l'éternité? (2014-11-02)

Homélie du 01 novembre 2014 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A -TOUSSAINT 2014

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Si j’étais St Paul, je me serai certainement adressé à vous, en vous disant, frères et sœurs, vous « les saints » réunis à la Pierre qui Vire, en ce dimanche…Oui, ainsi parlait Paul aux gens de Corinthe et de la Grèce qui étaient devenus croyants en les appelant « les saints »…

Oui, frères et sœurs, nous sommes si peu habitués à ce qu’on nous parle ainsi, qu’on oublie cette réalité très profonde de notre vie chrétienne. Par notre baptême, nous avons été sanctifiés dans le Christ…Nous avons été revêtus de la sainteté de Dieu…comme le signifie bien le vêtement blanc dont on revêt le nouveau baptisé.

Sûrement allez-vous me dire : mais alors qu’est-ce que la sainteté ? Car nous n’avons pas l’impression d’être des saints, et nos vies se déroulent le plus souvent au ras des pâquerettes…

Les trois lectures entendues en ce jour nous offrent des éléments de réponse. La lecture de l’Apocalypse nous rappelle que la sainteté est un don totalement gratuit. « Le salut est donné par notre Dieu »… « Ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ». La foule immense vue par St Jean est notre humanité en chemin. Elle est en butte aux épreuves et aux tribulations de toutes sortes. Humanité que le sang du Christ a purifiée, lavée et rachetée. Etrange et forte image que celle d’un sang qui purifie, qui lave des vêtements jusqu’à les rendre tout blancs. Cette image presque choquante nous parle de notre réalité charnelle. Blessée par le mal et le péché, le Christ l’a assumée pour lui redonner toute sa beauté, au prix de son sang versé. Notre sainteté, ce beau cadeau offert par notre Dieu, nous vient du sang versé par amour pour nous. Chacune de nos eucharisties, nous replace au cœur de ce don de sainteté offert dans le corps et le sang du Christ.

La seconde lecture nous assure que la sainteté c’est entrer dans une relation filiale avec Dieu notre Père. « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés, s’exclame Jean, il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes »… Quand Dieu nous donne part à sa sainteté, il ne s’impose pas. Il ne désire qu’une chose : nous partager sa vie et son amour. Par ce partage, il voudrait nous faire entrer dans une relation toujours plus intime avec Lui. Dieu le Maitre de tout, le Seigneur de la Vie, se présente à nous comme un père désireux de converser avec ses enfants. Comme un père qui aime ses enfants, Dieu cherche par tous les moyens à nous élever, à nous faire grandir dans notre dignité, dans notre liberté à dire oui à la vraie vie…

L’évangile des béatitudes nous entraine un peu plus loin dans la compréhension de la sainteté…Je retiendrai le seul mot : « heureux »…Quand Dieu nous partage sa sainteté, c’est pour nous rendre heureux, de son bonheur à lui. La sainteté, c’est l’irruption du bonheur de Dieu dans nos vies humaines. Bonheur qui est là déjà et bonheur qui est à venir comme une promesse. Jésus renverse l’échelle du bonheur en mettant en avant les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, les cœurs purs, les affamés de justice, les miséricordieux, les artisans de paix. Sans le dire, c’est de son propre bonheur qu’il nous parle. Un bonheur qui ne doit rien à la richesse ou aux honneurs, ni à la réussite…Lui-même ne sera-t-il pas méprisé et rejeté ? Dans la quête du bonheur, il nous invite à ne pas nous tromper de direction. Il nous engage à nous mettre à son école pour découvrir que la vraie joie sera toujours du côté de ce qui simple, petit, pur, dans l’ouverture aux autres, dans la quête de la vérité et de la justice…C’est la sainteté de Jésus, c’est son bonheur qu’il nous invite à accueillir et à chercher sous sa conduite.

Frères et sœurs, nous sommes les saints que Dieu choisit aujourd’hui pour faire briller sa sainteté dans notre monde, pour partager son bonheur à tant d’hommes et de femmes qui le cherchent souvent bien péniblement. Nous avons conscience de notre pauvreté et de notre faiblesse. En suivant l’exemple de tant de saints qui nous ont précédés, les connus comme les tout proches de nous, mettons toute notre confiance en Dieu notre Père. Il nous appelle à grandir dans sa sainteté parce qu’il désire nous voir grandir dans son bonheur. (2014-11-01)

Homélie du 26 octobre 2014 — 30e dim. ordinaire — Frère Servan
Cycle : Année A
Info :

Année A - 30° dimanche du Temps Ordinaire

Ex 22 20-26; 1 Th 1 5-10; Mt 22 34-40

Homélie du F.Servan

Texte :

Tu aimeras! Un évangile bref mais percutant, essentiel ...

En entendant à nouveau ce double appel à poursuivre sur cette autoroute royale de la

terre et du ciel (autoroute à deux voies ... mais on parle aussi de « voie étroite », on

pourrait faire dans la culpabilité, car " la mesure d'aimer Dieu est d'aimer sans

mesure " (St Bernard); et nous, nous sommes des créatures limitées! Quant à

l'amour du prochain, nous pouvons bien sûr faire mieux.

Mieux vaut rendre grâce!

En voyant par exemple comment Jésus de Nazareth (à la fin de sa vie publique) recueille et rassemble ici le meilleur de la tradition de son peuple: " Ecoute

Israël! (shema Israel) Le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu l'aimeras de tout ton cœur ... (C'est le ch 6 du Deutéronome, et c'est encore la prière quotidienne du juif fervent).

"Tu aimeras ton prochain (surtout le plus faible) comme toi-même" se lit au

ch 19 du Lévitique, et nous en avons un équivalent dans la première Lecture de ce

dimanche (prise au Livre de l'Exode). " Tu n'opprimeras pas le faible, l'immigré; car

vous-mêmes vous étiez des immigrés opprimés en Egypte ".

'Notons ici comment ces deux « tu aimeras » sont des réponses à une action première et libératrice de Dieu qui aime toujours le premier !

De même pour nous, une lettre de St Jean nous le rappelle: ''Nous, nous

aimons, parce que lui le premier nous a aimés "(1 Jn 4,19). Par la mort et la

résurrection, par la Pâque du Christ, nous sommes libérés du péché, des idoles (il y

en a encore !) pour servir et aimer le Dieu vivant et véritable. Avec le Psaume nous

avons chanté : « Je t'aime, Dieu mon libérateur ... Il m'a libéré, mis au large, il m'a

libéré, car il m'aime ».

Rendre grâce encore parce que Jésus, et à sa suite les premiers écrits chrétiens ont souligné en rouge le " Tu aimeras le prochain ", lui donnant toute son amplitude

et le renouvelant profondément, de sorte qu'il devient semblable au premier, inséparable, jumelé au premier ; et inventif, inépuisable : voyez la parabole du

bon samaritain: le prochain ? .. celui dont tu te fais proche, en veillant déjà sur

ses besoins vitaux mais aussi attentif à son visage, à sa personne ...

« Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour

eux .Voilà la Loi et les prophètes » (la Règle d'or). « Celui qui aime autrui

accomplit la Loi dans sa plénitude » (St Paul) – « celui qui n'aime pas son frère

qu'il voit, ne peut aimer Dieu qu'il ne voit pas » (St Jean) et tant d'autres

paroles que vous connaissez bien....

Rendre grâce, parce que sans qu'il y ait « donnant-donnant », il arrive que

chacun de nous soit aidé (aimé concrètement) par notre prochain, de l'enfance

jusqu'à notre dernier souffle.

Rendre grâce enfin pour ce troisième objet d'amour qui se cache entre les deux autres, c’est à dire l'amour de soi-même (dont toute une réflexion psycho-spirituelle nous parle aujourd'hui). Car, dans un monde instable, ce ne semble pas si facile de bien s'aimer soit même: ni trop - ni trop peu, avec courage et sagesse ... entre plaisir et épreuve (estime de soi et résilience, sans exaltation, ni autodépréciation.

« Charité bien ordonnée commence par soi-même! » L'adage nous semble un peu étroit. Il faut aussi « habiter en soi-même » et y pressentir plus ou moins

fortement le mystère de l'homme, créé à l'image, et fait pour être habité: « Ton

Père est là dans le secret » et à partir de là s'ouvrir et aimer les autres ....

Pour le chrétien, le baptisé, c'est l'Esprit saint qui habite et respire en son cœur

le tournant avec confiance vers lui-même, vers le prochain et vers le Père qui a

mis en nous le dynamisme de la vie.

TU AIMERAS! (2014-10-26)

Homélie du 19 octobre 2014 — 29e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année A
Info :

Année A -29e dimanche TO - 19 octobre 2014

Isaïe 45,1,4-6 – 1 Th 1,1-5 – – Matthieu 22.15–21

Homélie de F.Sébastien

Texte :

frères et sœurs, aidez-moi ! Je ne peux me dérober au thème qui aujourd’hui fait surface aussi bien dans le texte d’Isaïe que dans l’Évangile : à savoir la politique... Le pape François nous dit : je le cite « qu’elle est une vocation très noble, une des formes les plus précieuses de la charité, parce qu’elle cherche le bien commun... Et que la participation à la vie politique est une obligation morale. » (§§ 205 et 220).

Très bien, mais comment s’y retrouver dans la complexité de notre monde moderne ? La liturgie de ce jour est un bon exemple du va et vient fructueux entre la lecture du journal et la méditation de la Bible.

La lecture d’Isaïe puis celle de l’Évangile nous plongent dans un contexte étonnement semblable à celui d’aujourd’hui, avec ses super puissances avides de domination mondiale.

Cyrus, roi de Perse de 550 à 530 avant Jésus-Christ, est un conquérant célèbre qui, par la puissance de ses armées, s’est taillé glaive au poing le premier empire historique. On se rappelle qu’il permit aux Juifs exilés à Babylone de rentrer chez eux. Il trouve son homologue en la personne de César qui, au temps de Jésus, règne par la force sur un immense empire à prétention universelle. César est détesté des Juifs comme envahisseur, mais l’homme fait régner la pax romana avec ses bienfaits.

Cela, saint Paul le savait mais, remontant plus haut, il enseignait, comme dans son épître aux Romains, que je cite « Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu, et celles qui existent sont établies par lui... 6 C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts.» (Romains 13 1, sv). C’est donc finalement à Dieu qu’on obéit, ce qui change tout, mais il y faut la foi et l’assistance pratique de l’Esprit Saint.

Saint Paul éclaire à sa manière l’adage fameux de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » L’adage n’enseigne évidemment pas que l’empereur et Dieu sont deux créanciers à égalité, distingués seulement par leurs domaines respectifs, mais qu’à travers toute autorité constituée ici-bas c’est l’autorité suprême de Dieu lui-même que l’on doit honorer. Mais il y faut la foi !

En tout ceci les principes sont clairs, mais leur application dans notre vie moderne est loin d’être évidente. Heureusement L’Esprit Saint est là et s’offre à nous guider, à chaque fois de manière adaptée, surtout à travers les Écritures. Il lui arrive de projeter une lumière surprenante, finalement positive, sur des événements apparus au premier abord comme catastrophiques. Parler de Cyrus le libérateur c’était évoquer en amont, deux siècles plus tôt, la destruction de Jérusalem et du temple, l’exil des Juifs à Babylone, autrement dit la catastrophe absolue, mais aussi en aval qu’elle avait été suivie par l’inouï de la libération. Ainsi les événements de la terre peuvent-ils être transfigurés par une lumière venue du Ciel.

Dans la première lecture un auteur inspiré se cache derrière le grand Isaïe du 8e siècle avant notre ère. Cet auteur ose – et c’est l’unique fois dans la Bible – mettre en scène le Dieu d’Israël parlant avec un païen, Cyrus, qui n’était pas un ange, qui ne connaissait pas Dieu, qui ne se convertira pas, qui restera toujours un païen pratiquant sa religion païenne. Et voilà que nous entendons Dieu lui faire savoir qu’il l’a choisi, lui, pour être, à son insu, l’instrument grâce auquel il réalisera la libération de son peuple, une impressionnante préfiguration de son dessein de libération universelle, dans lequel les païens auront toute leur part.

Chaque mot de l’oracle est chargé d’allusions bibliques qui n’hésitent pas à placer hardiment la figure du païen Cyrus à hauteur de celles des grands hommes d’Israël.

Reprenons la lecture.

•Is 45,1 Voici ce que dit le Seigneur au roi Cyrus,

qu’il a consacré par l’onction,

« consacré, ce païen », est-ce possible ? Ne savons-nous pas qu’en Israël l’onction sacrée d’un personnage lui donne part à la puissance de Dieu ? Cyrus ici est donc présenté comme l’égal des rois et des prophètes d’Israël qui étaient oints. Lui aussi l’est, il est un oint, un messie qui, aux yeux de la foi, préfigure le Messie définitif attendu !

Je continue :

« Dieu l’a pris par la main »,

l’expression est souvent utilisée pour désigner des israélites dont Dieu a fait ses instruments de choix. On peut songer, par exemple, à la parole de Jérémie (Jr 31,32), « Dieu a pris par la main les Pères d’Israël lorsqu’il les fit sortir d’Égypte. » Encore une sortie par grâce !

Puis vient le face à face de Dieu avec son païen qui se tait tandis qu’il lui parle:

« Je t’ai appelé par ton nom, alors que tu ne me connaissais pas –

tout comme Abraham qui était encore païen lorsque Dieu l’appela à devenir une bénédiction pour toutes les nations de la terre,

je t’ai appelé,

comme fut appelé le fameux serviteur de Dieu selon Isaïe.

Vient ensuite la grande révélation de Dieu sur lui-même :

« Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre »,

du coup tous les dieux des païens, dont ceux de Cyrus, sont renvoyés à leur néant.

« Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour qu’on sache de l’Orient à l’Occident, »

qu’il n’y a rien en dehors de moi. » Amen !

On le voit, l’auteur inspiré passe de l’événement avéré, politique parfois, à l’évocation d’un ordre de choses qui relève de la seule lumière de l’Esprit Saint. Lui peut nous faire comprendre cette autre parole de Dieu en Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies ! » (Isaïe 55,8).

Que retenir de tout cela ? Peut-être, d’abord, que, pour accomplir son œuvre tout au long des siècles, Dieu se sert de qui il veut, aussi bien de païens qui resteront païens que d’hommes religieux de grande foi, que d’incroyants de toutes sortes, même de grands conquérants, voire d’ennemis de l’église.

Une seule question demeure : quelle est la grâce qui est cachée dans chacun des événements, heureux ou malheureux, d’hier, d’aujourd’hui ou de demain ? (2014-10-19)

Homélie du 12 octobre 2014 — 28e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 28° dimanche du Temps Ordinaire - 12 Octobre 2014

Mt 22 1-14 Parabole du festin des noces

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Cette phrase nous étonne, nous reste peut-être en travers du cœur.

En serait-il comme de ces immigrés clandestins qui fuient leur pays pour

en atteindre un autre où ils espèrent une vie meilleure, et dont bon

nombre périssent en mer ou sont refoulés aux frontières ?

Le Royaume des cieux comporte-t-il des exclus, comme notre monde présent ?

Notons d’abord qu’il s’agit d’appelés. Ce ne sont pas les invités qui

prennent l’initiative de venir. C’est le roi qui appelle, qui invite.

Ces gens – nous tous – sont désirés, tellement désirés qu’ils sont

invités avec insistance et répétition. Le roi – Dieu même – fait tout ce

qu’il peut pour qu’ils viennent.

Rien ne peut mettre en échec son projet. Si d’aucuns ne veulent pas

venir, son invitation se fait encore plus large : « Allez donc aux

croisées des chemins »… Et l’Evangile se terminera par cet ordre de

Jésus : « Allez ! De toute les nations, faites des disciples. »

Rien ne peut mettre en échec le projet de Dieu ?

Pourtant, les premiers invités, de leur propre chef, refusent de venir,

d’accueillir l’invitation et le don qui leur sont faits.

Ce n’est pas le roi qui les exclue, il se reprend pas,

mais ses appels ne sont pas accueillis et restent sans réponse adéquate ;

car ses appels sont des appels d’amour et de vie : seuls l’amour et le

don de la vie peuvent y correspondre.

Cette double parabole est là pour nous secouer, nous réveiller, nous

inviter instamment à accueillir le don de Dieu. Il y a urgence, parce

qu’en Jésus tout est accompli. Il n’y a rien d’autre à attendre que

lui-même.

Les premiers appelés n’ayant rien voulu entendre,

« les mauvais comme les bons » sont introduits et rassemblés dans la

salle des noces.

Mais pour ceux-là comme pour les premiers, il n’y a pas d’automatisme ;

si l’amour ne répond pas à l’amour, au lieu des noces, des épousailles,

de l’intimité de la communion, c’est le rejet dans les ténèbres du dehors.

Alors, le projet de Dieu est-il mis en échec par le refus des premiers,

par l’inadéquation de celui qui n’a pas l’habit de noce ? Y a-t-il

vraiment des exclus du Royaume des cieux ?

*« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »*

C’est là un mystère – le mystère du jeu de la grâce et de notre liberté

– que nous ne pouvons que remettre à l’Amour infini du cœur de Dieu.

L’amour ne peut être le fait que d’êtres libres. Telle est notre

condition : nous sommes libres.

Nous avons le pouvoir d’accueillir ou de refuser l’amour. Dieu ne veut

ni des esclaves ni des robots.

Nous avons notre réponse à donner, notre liberté à engager.

Mais en même temps, son amour vient nous sauver de tous nos choix

erronés, de tous nos replis sur nous-mêmes et sur les idoles que nous

nous fabriquons, sur ce qu’avec erreur nous croyons notre bonheur. Il

nous sauve de tous nos choix mortifères, de nos refus mêmes d’être avec lui.

Il donne sa vie, pour sauver, réconcilier, ceux-là même que le refus

plonge dans la mort.

Il va dans les ténèbres du dehors pour sauver ceux qui s’y trouvent.

Ecoutons st Paul :

« Dieu a jugé bon que _tout_, par le Christ, lui soit enfin réconcilié,

faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour _tous les êtres_

sur la terre et dans le ciel. » 1 Co

Ou le livre de Jonas : « Comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la

grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent

vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de

leur gauche ? »

St Paul dit encore : « La charité couvre une multitude de péchés. » : la

charité du Christ couvre nos péchés.

Jésus prend sur lui l’inhumain, il prend sur lui la mort, pour nous

rendre à l’humain et à la vie.

« Tuons l’héritier, et nous aurons l’héritage ! » disaient les vignerons

de dimanche dernier.

Eh bien, Dieu est tel que le Fils donne sa vie, assume le rejet et la mort,

pour que ceux-là même qui ont fait œuvre de mort, reçoivent l’héritage

et deviennent fils en lui.

Dans le registre des noces qui est le nôtre aujourd’hui, non seulement

ils entrent dans la salle du festin, mais ils deviennent l’Epouse, à

jamais sauvée et divinisée.

C’est ce mystère de salut et d’Alliance que nous célébrons et dont nous

recevons la grâce dans l’eucharistie.

Nous avons chanté en commençant cette célébration :

Heureux les invités de la noce, l’Époux leur donne sa joie !

Il fait toutes choses nouvelles, celui qui nous apporte

la justice et le droit, l'amour et la tendresse.

C’est bien lui-même qui nous apporte la justice et le droit, l’amour et

la tendresse.

Cela ne vient pas de nous.

Si l’homme sans vêtement de noce avait répondu au roi :

« Donne-moi toi-même ce vêtement, dans ton grand amour ! », le roi lui

aurait-il refusé ce don ?

Confions-nous les uns les autres à son amour qui nous veut saints et

immaculés en sa présence.

Venons aux noces !

St Benoît dans sa Règle nous dit :

/^19 //Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite,

frères bien-aimés ? ^20 Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous

montre le chemin de la vie. ^21 […] avançons sur ses voies, sous la

conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés

à son royaume./

Et si les bonnes actions nous font défaut, à nous ou à d’autres,

écoutons le dernier instrument de l’art spirituel que st Benoît nous

indique : /Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu./

Frères et sœurs, « Tout est prêt : venons à la noce. »

Rendons grâce à Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière. (2014-10-12)