Homélies
Liste des Homélies
Année B – 3° dimanche de Carême – 8 mars 2015
Ex 20 1-17 ; 1 Co 1 22-25 ; Jn 2 13-25
Homélie du F.Damase
La Première lecture de ce 3° dimanche de Carême donne le ton. Ce qui est malheureux, c’est que nous ayons appris les commandements de Dieu comme une obligation morale à exécuter sous peine de péché ; or ils ne sont pas cela !! Ils ne sont pas une contrainte de l’homme, mais un cadeau de Dieu à l’homme !! La Torah dans le Premier testament est une révélation de ce qu’est Dieu lui-même, dans ce qu’il veut faire aux hommes, au point de les aimer !! Ainsi le peuple devient le témoin de Dieu par la pratique de la loi !!
A noter que le 1° commandement de la loi ne commence pas par une obligation, mais par le souvenir de ce que Dieu a fait pour son peuple : « je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ait fait sortir du pays de l’Egypte, de la maison d’esclavage » !! Le comportement du peuple hébreu sera donc la réponse à cette libération qui lui a permis de retrouver sa digité humaine !!
L’action de Dieu en faveur de son peuple est la base de la Loi donnée à Moïse et, les commandements, la suite à cette libération, invitent au respect que l’on doit avoir pour Dieu et pour les autres !! Ainsi la loi de Dieu ne vient pas limiter la liberté de l’homme, mais au contraire lui permettre de s’épanouir !!
Est-ce que j’ai vraiment du respect pour Dieu, pour mes parents, pour les faibles, les étrangers, pour tout ce qui appartient aux autres ! Voilà les commandements que Dieu a donnés à Moïse pour son peuple !! Ce respect s’applique à la famille, au père, à la mère, aux enfants, à la servante, au serviteur et à tous les biens des autres !! Il s’applique aussi à la maison de Dieu : au Temple !!
Dans l’Evangile, Jésus réagit face au manque de respect que les hommes ont pour Dieu et les uns vis-à-vis des autres. En effet, à l’époque de Jésus, on constatait la domination et l’exploitation du petit peuple par la classe dominante. Jésus annonce que le temple et les sacrifices, c’est fini !! Ce qui est fini, c’est d’offrir des sacrifices à Dieu qui coûtent cher au peuple au lieu de lui parler, au lieu de vivre une vraie présence à Dieu ; c’est à dire que l’« On fait ce que l’on doit faire, et l’on est quitte avec Dieu ». Certes, une telle façon d’agir n’est pas nulle, mais elle est insuffisante !! C’est un peu comme des parents qui couvriraient de cadeaux leurs enfants, mais seraient incapables de passer une demi-journée avec eux !! Jésus appelle les hommes à aimer Dieu et à s’aimer les uns les autres, à se respecter, à se regarder autrement !!
En prenant le fouet, Jésus se brûle face aux autorités d’Israël, pour dire quelque chose aux hommes de son temps et à nous aujourd’hui. Jésus s’engage pour nous ; il veut exprimer son amour pour nous !!
Le nouveau Temple dont il parlait, c’était son corps. Le corps du Christ d’où monte la parole vers Dieu, c’est nous, l’Eglise, corps appelé à la sainteté !! Corps rassemblé par la Parole autour du Christ qui s’offre à son Père dans l’Eucharistie ; corps qui écoute son Seigneur et qui lui parle en s’adressant à lui dans la louange et la supplication.
En entendant nos voix, le Père entend la voix de son fils lui dire « Abba, Père » !! (2015-03-08)
Année B - 2° dimanche de Carême - 1 mars 2015
Gen 2 118; Rom 8 31-34; Mc 9 2-10
Homélie du F.Hubert
Celui-ci est mon Fils bien-aimé : Écoutez-le.
Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes. Isaac, va au pays de Moriah, et là, tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai.
Il commença à leur enseigner qu’l fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit tué et qu’il ressuscite.
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous.
Si Dieu est pour nous
Depuis que le serpent a instillé dans le coeur de l’homme la défiance, nous sommes toujours tentés de croire que Dieu est contre nous.
Tentés de nous méfier ; habités par la peur lorsque nous entendons les pas ou la voix de Dieu.
Tentés de donner foi au serpent qui est menteur, et de mettre en doute
Dieu qui est véridique.
Véridique dans son don de la vie.
Alors, depuis cette fracture dans le coeur de l’homme,
Dieu cherche inlassablement à nous rejoindre là où nous nous cachons pour le fuir.
Il cherche à nous révéler son vrai visage, à renouer une relation de confiance,
À nous détourner des idoles, c’est-à-dire des fausses représentations de lui que nous nous fabriquons dans l’accusation que nous portons contre nous-mêmes.
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste.
Dieu est pour nous. Il nous rend justes, nous qui ne le sommes pas.
Il n’est pas l’accusateur, mais le sauveur. Il nous rend justice.
L’Accusateur est le nom de Satan et non pas de Dieu.
Pour nous rendre justes, Dieu lui-même va prendre notre place, dans le lieu de nos méfiances et de nos peurs, de nos meurtrissures.
Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup.
Jésus, Christ, Fils de Dieu, vint de Nazareth, et fut baptisé par Jean dans le Jourdain, comme tous les judéens qui reconnaissaient publiquement leurs péchés. Aussitôt, il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».
Celui qui, loin d’accuser et de rejeter, s’unit et fait cause commune avec ceux que le péché a blessés, le Père le reconnaît immédiatement comme son Bien-aimé.
Et en lui, tous ceux “ tout Être humain “ dont il s’est fait solidaire, dont il s’est fait frère, sont établis fils du Dieu vivant, fils bien-aimés, et Dieu trouve en eux sa joie.
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes. Isaac.
Dieu veut la mort d’Isaac ? La mort d’Abraham ?
L’holocauste était la manière primitive de signifier que la vie de la
victime, comme toute vie, appartenait au dieu qui était vénéré.
Dans l’idolâtrie païenne, pour se concilier la faveur d’un dieu-idole, les hommes ont pu sacrifier leurs enfants, mais ce que commande alors le dieu-idole n’est rien d’autre que ce que l’homme se commande inconsciemment à lui-même.
Si Abraham avait obéi au culte d’une idole, exigeant le sacrifice de son fils, c’est lui-même qui aurait dit : « Je dois offrir mon fils en holocauste ».
Alors, rien ne l’aurait empêché de tuer Isaac.
Le récit biblique indique au contraire le déchirement d’Abraham
A l’Écoute d’une parole qu’il ne s’est pas dite à lui-même, mais qu’il entend d’une Voix qu’il connaît déjà, qui l’a déjà béni et lui a donné son fils, miraculeusement et sans condition.
Abraham et Isaac montent ensemble sur la montagne. Ensemble ! Là, ils vont se reconnaître mutuellement dans la même foi en la Voix qui les appelle.
Là, ils vont devenir véritablement père et fils, quand la présence de Dieu sera révélée entre eux deux.
Une Présence qui les distingue l’un de l’autre, absolument et pour toujours, rendus uniques l’un pour l’autre parce qu’uniques l’un et l’autre pour Dieu.
Si Abraham avait obéi À la toute-puissance imaginaire d’un faux dieu, il aurait tué son fils, car il n’aurait pas rencontré la présence du Vrai Dieu, du Dieu vivant, entre son fils et lui.
Chacun à l’image de Dieu. Chacun « Autre ».
Cette présence du Vrai Dieu ne pouvait aller sans la mort, dans le cœur d’Abraham, de tout attachement à son fils comme à sa propre image, de toute tendresse qui resterait narcissique et enfermerait son fils dans la mort.
Le livre de la Sagesse (10, 5) dit que c’est la Sagesse de Dieu qui rendit Abraham « assez fort pour surmonter sa tendresse envers son enfant ».
Du « J’ai entendu ta voix, j’ai pris peur et je me suis caché » d’Adam, nous passons au « Me voici » d’Abraham, au oui d’Isaac, souligné fortement par la tradition juive, et, dans l’Evangile, à l’acceptation par Jésus de son chemin de solidarité avec les pécheurs que nous sommes, pour que sa sainteté et sa justice deviennent nôtres.
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste.
Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes.
Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous.
Dieu a pris son Fils, celui qu’il aime, pour qu’il lui revienne avec la multitude de tous les hommes, toute l’ humanité, établis fils dans le Fils.
Entre le Père et son Fils, entre Dieu et nous, l’Esprit, l’Esprit d’amour et de vie, qui est communion d’altérités, et non destruction de l’autre au nom du même, de l’indifférenciation.
Le Fils de l’homme, le crucifié qui a porté le mal du monde, est ressuscité, et, avec lui, tous ceux en qui son Esprit murmure « Abba !» « Père ! » (2015-03-01)
Année B – 1° dimanche de Carême – 22 février 2015
Gen 9 8-15 ; Pet 3 18-22 ; Mc 1 12-15
Homélie du F.Jean Noel
C’était il y a presque trois mois. Les frères s’en souviennent, et tous ceux qui nous avaient rejoints ce soir-là, pour ouvrir le temps de l’Avent : cette entrée, grave et heureuse de la communauté, en marche derrière la Parole de Dieu portée haut par le Père Abbé. Manière de bien dire, en marchant notre détermination : être bien de ces marcheurs de Dieu, immense caravane à travers les siècles, dont nous venions à la Toussaint de fêter les premiers arrivés, tout juste derrière le Christ, Seigneur de l’Univers !!
Et maintenant le Carême ! Une pause ? Que non : une relance. La prière d’ouverture donnait le ton. Je vous la redis.
« Accorde-nous tout au long de ce Carême
- De progresser dans la connaissance de Jésus Christ
- Et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle.
Rien que cela. Mais cela impérativement !!
Progresser dans la connaissance de Jésus Christ.
Nous ouvrir à sa lumière.
Mais attention !! Pas question dans le tintamarre ambiant, de se remplir d’informations supplémentaires. C’est plus sérieux que ça et donc pour chacun concrètement : un cheminement, pas à pas, sous la Parole. Une Parole écoutée. Une écoute qui prend son temps, celui de la profondeur, celui des racines avant le fruit.
Parole qui peu à peu va nous apprendre les mots de Dieu. Avec laquelle aussi entrer en résonnance pour trouver les mots justes de la prière, la note juste de nos vies, nos vies s’ajustant à ce Dieu qui fait alliance.
Carême. Avent, la même progression sous la Parole réglant nos pas et les soulevant.
Et encore au temps pascal.
Souvenons-nous : les deux sur la route d’Emmaüs. Le Cœur lourd :
Pourquoi ces têtes ?
Vous aviez les Écritures »
Le livre une fois ouvert, quelle promptitude pour reprendre la route, de nuit, porteurs maintenant de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, plutôt portés par elle, et impatients de rejoindre la communauté des disciples, eux-mêmes déjà relancer sur les routes du monde ; eux-mêmes venaient eux aussi de s’ouvrir enfin à la lumière : Ne pas quitter le chemin. Rester dans son rayonnement.
Mais si nous n’ouvrons jamais le livre !!
Si jamais, nous n’en prenons le temps, le temps d’écouter, d’écouter vraiment, le temps de goûter, oui par exemple ce beau mot (un mot ?) révélé à Noé, répété cinq fois dans notre première lecture, encore évoqué dans la seconde, et encore dans l’Évangile quand Jésus nous demande de nous retourner comme les deux d’Emmaüs et de croire à la Bonne Nouvelle. Dieu proche qui fait Alliance.
« Oui, voici que moi, je fais alliance avec vous »
Alliance avec nous
Alliance Nouvelle Éternelle.
Mais vraiment, si nous ne prenons pas le temps d’écouter, de tourner et de retourner en nous ces mots de lumière ? Une Alliance
Comment suivrons –nous le Cierge Pascal ?
Avec des semelles de plomb ?
Et comment renouvellerons- nous notre foi baptismale ? Oui, si nous ne prenons pas le temps de goûter ces mots de lumière et de vie. Nos « Alléluia » auront bien du mal à s’envoler. C’est sûr.
Et c’est dans un mois. Le temps presse.
Alors pour réveiller notre marche pourquoi ne pas se plonger dans la « Joie de l’Évangile », cette exhortation du pape François, dont quelqu’un me disait : « Vraiment, le manuel du Chrétien pour progresser dans la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur, et m’ouvrir à sa lumière" (2015-02-22)
Année B - Mercredi des CENDRES - 18.02.2015
Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18
Homélie du Père Abbé Luc
En ce début de Carême, les trois lectures entendues concordent toutes pour mettre en lumière la visée de ce temps privilégié : retrouver une relation plus vivante avec notre Dieu. Il s’agit de nous rapprocher de Dieu, et de nous unir plus étroitement au Christ en son mystère pascal…Comme le dit St Benoit, nous avons pu être négligents dans cette relation. Nous en avons peut-être perdu le goût profond. Nous avons peut-être oublié combien Dieu est bon et combien il veut nous donner sa vie. Mais le Seigneur, lui, ne se résout pas à cet éloignement ou à cette tiédeur. Il vient questionner notre attitude à son égard car il désire à travers cette relation, cette alliance nous donner la vie en plénitude. On peut en relever des accents différents dans chaque lecture.
Par le prophète Joël, Dieu « le Seigneur tendre et miséricordieux », nous rappelle que notre relation avec lui est une affaire de cœur… « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil. Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements ». L’expression « déchirez votre cœur » est forte, presque choquante…Elle laisse entendre que notre cœur est capable de s’envelopper de multiples protections et de se blinder, de telle manière qu’il devient insensible…Insensible à l’amour de son Dieu, insensible aux besoins ou à la détresse des autres autour de lui. Déchirer notre cœur se jouera dans des attitudes concrètes qui manifesteront un changement intérieur profond, à travers le jeûne, les larmes du repentir, on traduirait aujourd’hui vivre la démarche du sacrement de la réconciliation, mais aussi dans toutes démarches de partage et d’engagement vers les autres…Accepter de recevoir les cendres, humblement dans quelques instants sera une manière de déchirer notre cœur.
Avec St Paul, Dieu nous rappelle que notre relation avec lui est affaire de lâcher prise, et de consentement…à sa grâce. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Ici il nous faut entendre que dans notre relation au Seigneur tout est cadeau de sa part. Depuis la passion de Jésus, depuis sa Résurrection, Dieu nous a donné d’avoir part à sa vie divine. « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu ». Mystérieux échange en Jésus Dieu prend sur lui notre péché, comme le suggère la croix exposé au chœur qui représente Jésus de la couleur même des cochons, image du péché, et en retour Dieu nous offre sa justice. Il nous rend juste. Il nous restaure dans la dignité de fils de Dieu. C’est un cadeau absolument gratuit. C’est la grâce que nous avons reçu lors de notre baptême et que nous sommes invités à laisser tout au long de ce Carême pour l’accueillir de manière renouvelée dans la nuit de Pâques, lorsque nous renouvellerons nos promesses baptismales.
Dans l’évangile, Jésus met en garde contre l’hypocrisie de nos efforts. Car la relation avec notre Père de Cieux, ne peut-être qu’affaire de vérité et d’intimité…Si notre relation à Dieu demande de notre part un engagement dans le jeûne, la prière, dans la charité vis-à-vis des autres, il nous faut aussitôt dire que la relation est beaucoup plus profonde que tout ce que nous pouvons faire. Si nous cherchons trop à faire pour être quitte, si nous cherchons trop à faire les choses pour avoir aux yeux des autres une bonne image, si nous cherchons trop à faire pour avoir à nos propres yeux le sentiment d’être dans les clous…si nous en restons là, nous ne sommes pas encore vraiment entrer en relation avec notre Père des Cieux. Celui-ci nous regarde dans le secret, non dans un regard qui épierait, mais dans un regard de vérité et de grande simplicité, d’humilité. Dans le secret de notre cœur, le Seigneur nous attend. Il désire que nous nous tenions le plus en vérité…
Humblement dans cette eucharistie et durant tout le carême, nous lui demandons : « convertis-nous Seigneur, convertis inlassablement ton peuple »… (2015-02-18)
Année B -6e dimanche du Temps Ordinaire - 15 février 2015
Lev 13 1-46 ; 1 Co 10 31 - 11 1; Mc 1 40-45
Homélie du F.Denis
L'homélie ne peut pas éviter d'en parler. De quoi? de la lèpre, ..
La lèpre, vraiment pas une question actuelle ! Eh bien, c'est un beau
sujet, essayons de voir en quoi. Il suffit de constater l'importance que
lui donne la Bible dans la vie quotidienne. Procédons en trois
tableaux.
1 er tableau, six siècles avant la naissance de Jésus. Le peuple
hébreu, le peuple juif dont Jésus va naître est obsédé par le désir d'une
vie sans tache. Avoir les mains et tout le corps purs. Avoir des paroles
pures de tout mensonge. Des intentions vraiment pure, des vêtements
purs, sans taches, des maisons pures, des aliments purs. Et cela à cause
de Dieu, la Pureté même. Avec une conséquence immédiate, les
continuelles ablutions, laveries, mise au rebut et au feu des objets
sales. On appelle lépreux les murs des maisons dont l'enduit est taché,
on détruira les taudis, on brûlera les vêtements. La loi de Moïse
habitue les hébreux à cette discipline. Et ; s'il s'agit d'un être humain
dont le corps se couvre de moisissure, on les appelle des lépreux et ils
vivent à l'écart des autres..
_
Avez-vous visité une léproserie? Inoubliable spectacle ..
.
2e tableau. Jésus. Envoyé par Dieu son Père pour guérir et sauver tous
les hommes, Jésus, après une longue période discrète sans bruit ni
parole publique, annonce la Bonne Nouvelle. Il circule en tout village,
chasse ce qui est ténébreux, démoniaque, impur, manifeste une telle
lumière dans toute sa personne que les foules le cherchent, le suivent.
Qui donc est-il? Dans le récit de saint Marc, il donne la réponse en-
guérissant le pire des malades, un lépreux, l'homme qu'il faut éviter et
surtout ne pas toucher pour ne pas devenir lépreux à son tour, impur.
Jésus touche le lépreux, le lépreux est guéri et il n'a qu'à faire
reconnaître officiellement sa guérison pour être immédiatement reçu
en communauté de vie.
Incroyable Jésus, qui, loin de chercher un succès personnel, veut
échapper à ses admirateurs.
3e tableau. Il n'y a plus de lépreux qu'on sépare sans pitié. Et, donc,
Jésus est inutile ?
Il y a un troisième tableau et Jésus le connaît. Il veille et nous aide à le
regarder. Et ce tableau, c'est moi. Je dirais aussi bien c'est toi, ou c'est
nous, le singulier ici n'est pas une confession, c'est d'abord la-constat
que le moi que je suis est un curieux tableau. Je suis baptisé, donc je
suis devenu fils de Dieu dans le Christ et j'aime le Christ, je ne mens
pas quand je dis cela, oui le baptisé que je suis ne veut pas le renier,
être un renégat, je suis un fidèle, et, terrible à dire, me voici partagé.
Saint Paul l'a dit clairement: le bien que je veux faire je ne le fais pas,
le mal que je ne veux pas faire, je le fais. Et je le répète moi aussi : je
suis partagé. L'apparence est peut-être passable, acceptable, je fais
mon possible pour ne pas choquer les autres qui me voient et même je
peux affirmer, comme saint Paul ce matin vient de le dire: dans mon
dévouement pour vous, Corinthiens, je ne cherche pas mon intérêt,
mon cœur est pur. Et cela aussi, je peux le dire en regardant ma vie.
Reste qu'il y a en moi des choses qui ressemblent à de la lèpre qui
ronge mon cœur.
Que dire alors? Que ce tableau n'est pas achevé, qu'il peut être
plus vrai, plus vivant, sans moisissure. Et le peintre, qui est-ce? C'est
lui, Jésus-Christ qui est vivant en moi, et le peintre c'est moi qui veux
vraiment devenir chrétien dans tous les moments et lieux de ma vie .
Magnifique Bonne Nouvelle: Tout homme est appelé à devenir
ce qu'il est : la belle image de Dieu. " (2015-02-15)
Année B - 5e Dimanche du Temps Ordinaire - 8 Février 2015
Job 7/1-4,6-7 1 Co 9/16-19,22-23, Mc 1/29-39
Homélie du F.Cyprien
Dès le début de sa mission, Jésus « empêche les esprits mauvais de parler, parce qu’ils savent qui il est ». A la mort de Jésus au pied de la croix, le centurion païen s’écrie : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ».
C’est quand Jésus donne sa vie sur la Croix que tout homme peut comprendre qui est ce Jésus,… « le Fils de Dieu ».
Qu’est donc venu faire le Fils de Dieu, nous guérir, nous rendre la vie, la vie véritable, quand nous reconnaissons qu’il est, Lui, la Promesse accomplie? « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, chassez les démons ».
(« Guérissez les malades… »
Je me risque à parler de la maladie, du mal et du malheur, de cette réalité que nous ne pouvons pas attribuer à Dieu… en présence ici du Christ crucifié et ressuscité … lui que nous chantons ensemble avec foi dans cette célébration…)
On dit souvent au seuil de l’année nouvelle : «Bonne année, bonne santé … Meilleurs vœux, et surtout la santé ». La santé, la bonne santé...
toujours la santé… un bien précieux, coûteux même. Mais nous souhaitons-nous que Jésus nous guérisse ?
La santé…A contrario, la maladie fait prendre conscience d’un désordre dans nos vies… Et ce désordre n’est pas seulement du physiologique, du corporel… Désordre… ?
Nous savons que le mal commis par méchanceté, par violence, (par fanatisme, on en parle beaucoup maintenant, hélas), cela c’est pire que du désordre, c’est du péché.
Nous savons aussi que nous ne pouvons pas supprimer toutes les souffrances, même si nous savons en accompagner et atténuer certaines…
Accompagner, atténuer…
Ambroise Paré, le célèbre médecin, c’est lui -je crois- qui disait : « Je le soignay, Dieu le guérit » (bis).
C’est Dieu seul qui guérit… Au temps de Jésus les esprits viennent troubler les personnes et même les habiter … et Jésus guérit.
Le message de l’Evangile, c’est Jésus qui guérit, il guérit l’homme et le remet debout ; il guérit la personne, il la rend libre ; il la relève, il lui redonne la possibilité de servir, d’être utile aux autres : la belle-mère de Simon-Pierre est guérie pour reprendre sa place parmi les siens…
Jésus guérit et ce sont des signes, des guérisons pour susciter la foi, on pourrait dire des « guérisons-promesses ».
Et nous notons que Jésus n’a pas guéri tous les malades de son temps, ni même tous les malades qu’il a pu rencontrer… (tous les malades qui vont à Lourdes avec foi ne sont pas guéris, loin de là).
En plus les miracles ne supprimeront jamais le scandale de la souffrance des innocents, celle des petits enfants…
Guérisons-signes, guérisons-promesses, reste ce désordre de la souffrance, des maux, des maladies… Ces questions sont-elles sans réponse ??...
La réponse est celle de la foi. Notre foi de chrétiens nous dit que le Fils de l’homme est venu pour porter, emporter le péché du monde…
Son message ne serait-il pas que la seule maladie qu’il vient guérir,
c’est notre ignorance ou notre oubli, …oubli de la Bonne Nouvelle,
l’ignorance ou l’oubli de ce qu’il nous apporte, Lui,
l’ignorance ou l’oubli … de Dieu tout simplement ?
Le Règne de Dieu, c’est mettre, remettre Dieu à la première place.
C’est pour cela que Paul s’exclame qu’annoncer l’Evangile est pour lui une nécessité…
La vie, l’enseignement, la mort de Jésus sont la venue, la présence de Dieu avant son Règne définitif : Il est le Seul qui puisse donner sens à nos vies. « Vraiment cet homme était Fils de Dieu », « cet homme torturé…le Fils de Dieu ».
Le péché fait de nous des malades et «ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin »… Dieu par son Fils, veut nous relever, nous mettre debout.
Frères et sœurs, dans l’Eucharistie, ressuscités déjà en espérance par l’Esprit Saint qui habite en nous, nous rendons grâce à Dieu pour « le médecin des âmes et des corps », Jésus le Vivant. C’est à Lui que nous confions toutes nos questions sur ce mal et ces malheurs…ce mal, ces malheurs qui empêchent le Règne de Dieu d’advenir…
(2015-02-08)
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PRESENTATION DU SEIGNEUR - 02.02.2015
Ml 3, 1-4 ; Lc 2, 22-40
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, Depuis notre baptême, nous sommes devenus des enfants de lumière, renouvelés dans le Christ Lumière. Chacun selon nos vocations diverses, laïcs, prêtres, évêques, religieux, nous sommes appelés à accueillir ce don et à le laisser se déployer dans nos vies chrétiennes. Ainsi en nous voyant, d’autres auront peut-être le goût de venir se réchauffer à cette Lumière, qui est le Christ. Cette liturgie de la Présentation du Seigneur s’offre comme une belle manifestation de notre itinéraire chrétien dont j’aimerais maintenant souligner quelques points saillants. En cette année de la vie consacrée, en ce jour particulier où nous rendons grâce pour le don de la vie consacrée, je le ferai en citant notre pape François s’adressant à tous les consacrés dans sa lettre du 21 novembre 2014.
Nous avons commencé notre célébration autour du cierge pascal allumé. C’est une même foi en la résurrection du Christ, vivant au milieu de nous qui nous a rassemblés. Le Christ Vivant est devenu la lumière de nos vies, selon la prophétie de Syméon : « lumière qui se révèle aux nations ». Par nos vœux religieux, le Christ est devenu le préféré, l’ami que l’on cherche à toujours mieux connaitre afin que toute notre vie lui appartienne vraiment. Le pape François pose ici la question : « Nous devons nous demander encore : Jésus est-il vraiment notre premier et unique amour, comme nous nous le sommes proposés quand nous avons professé nos vœux ? » (I, 2).
Nous avons reçu la flamme du cierge pascal, la lumière du Christ, puis nous nous la sommes donnés. Recevoir et donner…Depuis notre baptême, ainsi en va-t-il de notre vie chrétienne. Nous nous recevons toujours du Christ par d’autres chrétiens qui nous en communiquent la Parole, et à notre tour nous la portons à d’autres. Dynamisme de la transmission chrétienne qui nous tient les uns et les autres dans la joie de dépendre du Christ pour mieux partager sa vie et sa lumière. Dans notre vie religieuse, nous gardons cette conscience vive d’avoir reçu un charisme propre, à travers nos fondateurs, pour nous, le P. Muard et tous ses fils qui, jusqu’à nous, nous ont transmis le flambeau…celui de la vie monastique selon St Benoit. Le pape François nous dit : « il sera opportun que chaque famille charismatique se souvienne de ses débuts et de son développement historique…pour y cueillir l’étincelle inspiratrice, les idéaux, les projets…C’est une manière de prendre conscience de la manière dont le charisme a été vécu au long de l’histoire, quelle créativité il a libérée, quelles difficultés il a dû affronter…On pourra découvrir des incohérences, fruit des faiblesses humains…Tout est instructif et devient…appel à la conversion. Raconter son histoire, c’est rendre louange à Dieu et le remercier pour tous ses dons » (I, 1).
Nous sommes entrés dans l’Eglise en procession, acclamant le Christ notre lumière et en veillant à ce que la flamme de notre cierge ne s’éteigne pas. C’est une image de notre marche chrétienne : nous sommes illuminés par la lumière du Christ qui éclaire nos pas, au milieu des obscurités et des hésitations parfois…Et en même temps, il nous faut tous veiller à ce que la flamme ne s’éteigne pas. Elle nous éclaire, mais nous devons veiller sur elle. Le pape François invite les religieux à demeurer vigilants dans l’Espérance face aux difficultés que peut rencontrer aujourd’hui la vie religieuse. « Ne cédez pas à la tentation du nombre et de l’efficacité, moins encore à celle de se fier à ses propres forces. Scrutez les horizons de votre vie et du moment actuel en veille vigilante…Revêtez-vous de Jésus Christ et revêtez les armes de lumière…en demeurant éveillés et vigilants… » (I, 3)
Enfin nous avons déposés nos cierges dans une même vasque à l’autel en signe d’offrande et de communion dans la prière. Tous réunis dans un même but : briller et brûler ensemble pour le Christ et pour son Evangile, dans le don de nous-mêmes à son Esprit pour le service de la gloire de Dieu et de nos frères. Notre vie de communauté dans la recherche de la communion nous donne de nous exercer continuellement dans ce rassemblement de nos petites lumière personnelles… Le pape François nous interpelle ici : « Les religieux et religieuses …sont appelés à être experts en communion. J’attends par conséquent que la spiritualité de la communion, indiquée par le Saint Jean Paul II, devienne réalité, et que vous soyez en première ligne pour recueillir le grand défi qui se trouve devant nous en ce nouveau millénaire : faire de l’Eglise la maison et l’école de la communion » (II, 3).
Nous avons entendu la Parole de Dieu tous ensemble. C’est elle la source de notre vie chrétienne. Dieu nous parle, c’est la spécificité de notre foi chrétienne au regard d’autres mystiques ou religions, nous rappelait hier soir un frère… « Ecoute » est le premier mot de la Règle de Benoit, mot qui sonne comme une chance pour demeurer toujours ouverts, jamais arrêtés, toujours prêts à avancer à la suite d’un appel sans cesse renouvelé et approfondi. Le pape François nous dit encore : « J’attends que toute forme de vie consacrée s’interroge sur ce que Dieu et l’humanité d’aujourd’hui demandent. Les monastères pourraient se rencontrer …pour échanger les expériences sur la vie de prière, sur comment grandir dans la communion avec toute l’Eglise, sur comment soutenir les chrétiens persécutés, sur comment accueillir et accompagner ceux qui sont en recherche d’une vie spirituelle plus intense ou qui ont besoin d’un soutien moral ou matériel » (II, 5)
Nous voici maintenant pour nous unir à l’action de grâce du Christ. En rappelant sa mort et sa résurrection du Christ, nous accueillons la Vie dans laquelle Il nous entraine pour faire à notre tour de notre vie, une offrande qui lui soit agréable. Entrons avec joie et confiance dans l’action de grâce du Christ. (2015-02-02)
ANNÉE B - 4e DIMANCHE du Temps ORDINAIRE, 1 février 2015
Deutéronome 18,15-20 ; Marc 1, 21-28
Homélie du F.Matthieu
La première lecture, tirée du Deutéronome, vaut la peine que nous nous y arrêtions, car elle est singulière à plus d’un titre.
Dans l’Exode, les israélites avaient entendu la Loi de la bouche même de Dieu, Moïse le rappelle, mais c’est pour rappeler aussi que le peuple avait alors été saisi d’une terreur sacrée en constatant l’impressionnante majesté de Dieu, sa voix comme son apparence flamboyante et il n’avait pas été capables d’écouter ; les israélites, tels qu’ils se voyaient face au Seigneur, craignaient de mourir.
Et voilà la première surprise de ce texte : le Seigneur reconnaît que les israélites avaient raison !... Oui, le Seigneur est trop impressionnant pour les hommes que nous sommes, fragiles et marqués par le péché, et ils « font bien de le reconnaître » : et cela nous enseigne que la première attitude lucide en présence du Seigneur, c’est la conscience de la distance, qui suscite la peur !
Mais évidemment ce n’est que le premier mot de la Révélation !
La seconde surprise, c’est que Dieu lui-même a l’air de s’en rendre compte pour la première fois, et Il trouve aussitôt une « solution » à ce qui pourrait enfermer l’homme dans sa peur et l’empêcher ainsi d’ « écouter » la Parole de son Dieu : il fera lever, au milieu de ses frères, un prophète, Moïse : « je mettrai mes paroles dans sa bouche et vous l’écouterez ».
Moïse a pris le relais, il est le médiateur de la Parole, le « répétiteur », et c’est sa parole que le peuple reçoit dans le Deutéronome, sa parole, écho de la Parole de Dieu. Et déjà, dans cette écoute ainsi rendue possible, la peur pourra se transformer en « crainte de Dieu », et le Deutéronome va préciser cette possibilité nouvelle de relation avec le Seigneur : une relation à hauteur d’homme, si l’on peut dire, dans la conscience toujours de qui est Le Seigneur.
Et aujourd’hui, Moïse peut annoncer une autre bonne nouvelle : un prophète, « comme moi » se lèvera « au milieu de vous » pour perpétuer cette possibilité d’un accès au Seigneur, d’une écoute fidèle de sa Parole.
De prophète en prophète, quel est donc finalement ce Prophète que le Seigneur annonce par la voix de Moïse et suscite pour nous ?
« Au milieu de vous, se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas », c’est la parole de Jean-Baptiste, qui après avoir décliné pour lui-même d’être ce prophète, annonce, avec les paroles mêmes du Deutéronome, la venue de Jésus, celui que le Seigneur Dieu, à son baptême, nous dit précisément d’écouter !
Et le voilà, dans l’évangile que nous venons d’entendre, ce Jésus, qui proclame la Parole à la synagogue de Capharnaüm ; et il le fait de manière nouvelle : « avec autorité »… dit notre traduction liturgique ; le texte grec est incroyablement plus fort, qui parle d’« exousia », de puissance extraordinaire ; et le mot renvoie à une expression clef de l’attente juive du Messie : il parlera, lui, « mi-pi ha gevourah », de la bouche de la Toute Puissance… Il est la voix même de Dieu ! Et c’est Jésus, qui annonce la Parole, qui est la Parole même de Dieu au milieu de nous.
Le démon, qui est encore le seul à le connaître pour ce qu’il est, « le Saint de Dieu », est saisi de peur ! Quant aux auditeurs, ils sont interloqués, partagés entre la peur et l’étonnement.
Et nous-même ?
N’y-a-t-il pas en nous quelque chose qui se trouble quand nous visite le Christ Jésus ? Une sorte de peur ?
Oui, reconnaissons-le, une part de nous-mêmes peut se mettre en posture de défense quand la Parole de Dieu nous rejoint et nous sollicite ?
Eh oui, il faut passer de la peur à la « crainte de Dieu » pour parvenir à cette écoute qui ouvre au véritable amour, qui « bannit la crainte » !
Oui, il y a souvent en nous la peur, peur d'avoir à nous convertir, à renoncer à nos manières de nous comporter, à nos habitudes… Allons plus loin : au fond, il y a la peur de ne pas être à la hauteur de Dieu !
Cette prise de conscience doit-elle nous culpabiliser ?
Non, car nous avons raison ! Prenons conscience de cette peur, car elle dit une part de vérité sur nous-mêmes ; mais prenons conscience que le Christ est venu et vient pour chasser cette peur, pour surmonter la distance entre le Seigneur et nous : voilà bien la Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !
Avec Jésus, c’est la fin définitive de nos peurs ; c’est l’ouverture vers ce que sommes : vraiment pécheurs, en attente d’être sauvés… et le Sauveur est là !
Et voici le paradoxe : c'est en nous reconnaissant pécheurs, en reconnaissant notre « peur » en présence du Saint, qui nous parle et nous appelle, c’est ainsi que nous commençons à être vraiment nous-mêmes. Nous nous trouvons quand nous ne nous cherchons plus, quand notre regard porte tout entier sur Jésus : la peur nous quitte, le Sauveur la change en « crainte de Dieu » et nous ouvre à l’écoute de sa Parole, à son amour, qui est l’amour même de Dieu.
Voilà la Bonne Nouvelle de notre salut : Dieu s’est approché par ses prophètes, de Moïse à Jésus ; Il est venu définitivement à notre rencontre pour que nous puissions l’écouter, passer de la peur à la crainte, pour entrer enfin en relation filiale avec Lui, avant de Le voir, un jour, dans la flamme de sa Gloire.
Voilà la volonté de notre Dieu, voilà notre vocation, notre chemin… (2015-02-01)
Année B - 3° dimanche du temps Ordinaire - 25 Janvier 2015
Jon 3 1-10; 1 Co 7 29-31; Mc 1 14-20
Homélie du F.Antoine
Frères et Sœurs,
Essayons de regarder la scène que l’Evangile nous a décrite.
Sur les bords du lac de Galilée, des hommes sont à leurs activités de pêcheurs, deux ont jeté leurs filets, deux préparent les leurs….Une scène qui me rappelle la Promenade des Anglais à Nice. Certes, on y rencontrait pas beaucoup d’apôtres, mais on voyait, séchés au soleil, des filets de pêche que des hommes s’efforçaient de hisser dans leurs barques avant la pêche de nuit. Les futurs disciples faisaient la même chose, ils travaillaient en hommes simples…ils étaient eux-mêmes… quand soudain Jésus fait irruption dans leur vie.
Être soi-même, c’est assumer tout un passé, toute une histoire, c’est atteindre cette simplicité du cœur qui rend capable de tout attendre de Dieu, cet abandon qui accepte de tout recevoir de Dieu, même et surtout… l’Inattendu !
Rappelons- nous qu’après le drame de la Passion, ces mêmes hommes reprennent
leur travail de pêcheurs sur le lac de Galilée, quand surgit cet inattendu de la présence de Jésus, Pierre se jette à l’eau avec impétuosité pour aller retrouver sur la rive son Maître ressuscité des morts… un inattendu qui brusquement fait jaillir un geste…commandé par le cœur !
L’inattendu dans l’Evangile d’aujourd’hui, c’est que des pêcheurs s’apprêtant à jeter leur filet sont soudain appelés par Jésus. Le connaissaient-ils ?
Ils laissent tout tomber, ils laissent… tout et aussitôt !
Promptitude déraisonnable, un peu folle.
Simon et André, laissent leur filet… Jacques et Jean laissent leur père.
Tous partent à la suite de Jésus, ils partent vers l’inconnu, sans sac pour la route, ni deux tuniques ni sandales, ni bâton, ils ignorent tout de ce qui les attend.
Leur cœur a parlé…C’est leur cœur qu’ils ont écouté.. et la concision même du récit fait ressortir l’une des plus grandes conquêtes intérieures de l’homme…sa Liberté.
Simon, André, Jacques et Jean ont aussitôt répondu… parce qu’ils étaient libres !
Totalement libres…par rapport à leur passé… !
Totalement libres… devant l’avenir inconnu qui va les prendre et les emmener très loin. …!
Ils laissent, leurs filets, leur barque, ce qu’ils possèdent…tout indique que rien, absolument rien ne les retient, libres devant eux-mêmes, devant les autres, libres devant la
Parole entendue « les temps sont accomplis, le règne de Dieu est là, convertissez-vous, croyez à la bonne nouvelle. »
Leurs oreilles ont écouté…mais c’est leur cœur qui a entendu…alors ils ont cru !
Ils se sont ouverts à une immense espérance… à cette espérance incroyable mise entre leurs
mains « Je vous ferai pécheurs d’hommes…venez à ma suite. »
Pour Simon, André, Jacques et Jean commence alors l’âge de la fidélité… l’âge de
l’enfouissement fidèle dans un accueil particulier : l’accueil silencieux, de ce à quoi Dieu nous appelle chaque jour, malgré et peut-être à cause, de notre pauvreté. (2015-01-25)
Année B - 2ème dimanche ordinaire - 18 janvier 2015
1 Sam 3 3-19; 1 Co 6 13-20; Jn 1 35-42
Homélie du F.Vincent
"Voici l'Agneau de Dieu". Nous venons de l’entendre, c’est ainsi que Jean-Baptiste désigne Jésus qui passe. Un peu plus haut dans l'évangile Jean avait précisé : "l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Des différentes interprétations possibles on peut retenir celle qui est probablement la plus cohérente compte tenu de l'ensemble de l'évangile : "l'Agneau pascal". Pour l’évangéliste Jean, Jésus est l'Agneau pascal, cet agneau égorgé dont le sang avait servi de marque sur les portes des Israélites pour les protéger de l'extermination, la nuit de leur départ d'Egypte. Le sang de l'agneau pascal qui est signe de libération. D'autre part c'est à l'heure où les juifs apportent au temple l'agneau pascal afin qu'il soit égorgé et consommé durant le repas du soir que Jésus est crucifié, selon ce que dira Jean. On peut se demander si l'indication de l'horaire de notre passage ne renvoie pas justement à cet évènement ?
Ce contexte pascal se trouve aussi dans la question que pose Jésus : "Que cherchez vous ?". Question que l'on ne retrouvera en effet que 2 autres fois : à son arrestation au mont des oliviers et au matin de la Résurrection, question posée à Marie-Madeleine qui cherche Jésus dans le jardin. Grande inclusion, au commencement et à la fin, qui encadre tout le 4° évangile. Mais entre temps on est passé du "que" au "qui". C'est tout l'itinéraire de la foi et de l'évangile qui se situe entre ces deux mots : il s'agit de passer d'une recherche qui ne peut pas se nommer (que cherchez vous?) à une confession de foi résolue, au Christ (qui cherchez vous?), confession de foi qui vient combler toute quête au cœur de l'homme.
La question des disciples : "Où demeures-tu ?" nous oriente également vers le mystère pascal. Demeurer, pour Jean, c'est entrer dans une communion intime avec Jésus, percevoir et faire l'expérience qu'une vie donnée est source de vie. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui". Jésus "demeure", dans celui qui "demeure" en Jésus, comme il sera dit au chapitre 15. C'est en vue de cette communion intime que Jésus "a planté sa tente" et a "demeuré" parmi nous. Communion de vie, d'amour, de mission. En vue de cela, il faut durer, il faut "demeurer".
Mais cette inhabitation mutuelle de Jésus et du croyant se réalise dans un mystère de mort et de résurrection. Jean a perçu comme aucun autre évangéliste combien le mystère de la croix était vraiment la parfaite manifestation de la gloire mutuelle du Père et du Fils, c'est-à-dire de leur amour manifesté, livré et vainqueur.
La réponse que donne Jésus aux deux disciples, "venez et voyez" est invitation à l'expérience de la foi. Il s'agit d'apprendre à l'école du Maître que le parcours qui va de la mort à la vie, de la nuit à la lumière, de la croix à la gloire, est bien le parcours qui doit nous conduire à travers une transformation nécessaire, vers une communion de vie et d'amour avec Dieu.
Passer du "que cherchez vous?" au "qui cherchez vous?", c'est tout l'itinéraire de l'évangile de Jean, c'est à suivre cet itinéraire que nous sommes appelés en ce début d'année. Met-tons-nous courageusement en route, comme les 2 disciples de ce matin, à la recherche de Jésus.
(18 janvier 2015)
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