Homélies
Liste des Homélies
Année C - 16° dimanche du Temps Ordinaire - 17 juillet 2016
Gen 18 1-10; Col 1 24-28; Lc 10 38-42;
Homélie du F.Hubert
Marthe et Marie
Spontanément, tous, nous pensons, à propos de Marthe et Marie,
à la
maison de Béthanie, évoquée par st Jean, tant lors
de la résurrection de
Lazare, leur frère, que lors de lâ onction de Jésus par
Marie avec un
parfum de grand prix. Maison amie, toute proche de Jérusalem.
Telle nâ est pas la mise en Å uvre du récit de Luc.
Jésus était en Galilée.
Mais, après avoir annoncé sa passion, /comme
sâ accomplissait le temps où
il allait être enlevé au ciel,
le visage déterminé, il prit la route de
Jérusalem.
Un village de Samarie, /refuse alors de le recevoir,
/précisément /parce
quâ il se dirigeait vers Jérusalem.
/« Le Fils de lâ homme nâ a pas dâ endroit
où reposer la tête. » /dit-il
alors à un homme qui voulait le suivre.
Or voici quâ après avoir conté la parabole du
samaritain prenant soin de
lâ inconnu blessé au bord de la route, Jésus est
reçu par deux sŠurs dans
un village qui ne lui ferme pas ses portes.
Sommes-nous encore en Samarie ? En tout cas, nullement Ã
proximité de
Jérusalem.
La route est encore longue.
Jéricho est encore loin, où Jésus voudra trouver
lâ hospitalité chez
Zachée, le collecteur dâ impôts.
Jésus traverse villes et villages : qui lâ accueillera ? Qui
prendra soin
de lui ?
Marthe et Marie lâ accueillent. Bénies soient-elles !
Jésus est en route vers un lieu et des jours où il va
souffrir.
Elles sont pour lui comme le bon samaritain pour le blessé.
Manifestement, elles le connaissent, lâ aiment et prennent soin de lui.
De quoi Jésus a-t-il besoin ? De quoi a-t-il besoin _le plus_ ?
Jésus est la parole vivante de Dieu, au milieu des hommes.
Marthe sâ affaire. Elle sâ agite pour recevoir Jésus le
mieux quâ elle
peut, pour préparer un bon repas.
Jésus est sans doute entouré de disciples. Il y a de quoi
faire.
Marie, sans se soucier de cela, sâ est assise aux pieds de Jésus :
elle
écoute sa parole.
« Ma mère et mes frères sont ceux qui
écoutent la parole de Dieu et la
mettent en pratique.
Câ est de cela que Jésus a le plus besoin.
Comment écouter et mettre en pratique ?
Marie et Marthe ne nous donnent-elles pas un bel exemple, Ã elles deux
réunies ?
Beaucoup dâ encre a coulé en commentaires de cet
évangile. Vie
contemplative et vie active.
Luc privilégie-t-il la première ?
Mais comment dévaloriserait-il le service, lui qui vient de mettre la
parabole du bon samaritain sur les lèvres de Jésus ?
Que veut-il nous dire ?
Dâ abord cette bonne nouvelle évangélique : la femme
peut être disciple !
Cela nâ était pas dans la culture juive de
lâ époque. Jésus apporte là une
nouveauté.
Marie nâ est pas à ses pieds seulement pour lâ accueillir
poliment et
amicalement.
Elle « écoute la parole », elle
écoute Dieu se manifestant aux hommes.
Elle réalise cette écoute dont Luc souligne si souvent
lâ importance.
Marthe est-elle celle qui met en pratique ?
Hélas, voici quâ elle _murmure_.
Elle aurait pu servir avec joie, avec amour,
offrant tout son dévouement, dans lâ ardeur de lâ amour,
pour accueillir
son Maître et ami.
Au lieu de cela, elle se replie sur elle-même ; lâ attitude de sa
sÅ ur
lâ irrite ;
et la présence même de Jésus lui devient alors un
fardeau.
« Ce que je fais pour toi me pèse. » /Dis donc
à ma sÅ ur de mâ aider !
Au lieu dâ être tout à la joie de la
présence de Jésus, donnant sa vie
pour lui, et vivant de lui,
elle se centre sur elle-même.
Elle ne devient alors ni libre et disponible.
La Règle de saint Benoît parle à plusieurs reprises
du murmure et est
très sévère à son égard.
Obéir en murmurant sera compté comme une faute.
Marthe aurait pu avoir la meilleure part, comme Marie, si, au cÅ ur
même
de ses préparatifs, elle était demeurée dans une
relation dâ amour et
dâ accueil vis à vis de Jésus, et aussi envers sa
sÅ ur.
Elle aurait pu se réjouir sans jalousie, sans ombre, sans comparaison,
de ce que sa sŠur soit assise aux pieds du Seigneur, écoutant sa
parole.
Je pense au bel exemple que nous ont donné les adultes de
lâ intendance,
lors du pèlerinage des 5^e de Grenoble, venus chez nous au mois de mai.
Ces adultes étaient là , dâ un cÅ ur joyeux,
tout au service des enfants,
pour que tout se passe bien, que chacun reparte avec les meilleurs
souvenirs possibles, que chacun soit heureux et découvre quelque chose
du bien vivre ensemble évangélique.
Belle invitation pour nous, dâ être au service des autres, dans la
joie
du don, et non dans la contrainte dâ un service mal assumé.
Je pense aussi au Festin de Babette, ce beau film que jâ ai revu avec un
groupe il y a quelques jours.
Babette donne tout ce quâ elle a, met en Å uvre tous ses talents, pour un
festin au service de la _communion_ de ceux qui vont en
bénéficier. Elle
nâ a aucun retour sur elle-même. Elle veut donner la vie, rendre
belle et
bonne la vie de ceux à qui elle sâ offre elle-même.
Puissions-nous tous et chacun donner nos vies dans le sourire de la grâce.
Reste que cet évangile insiste sur lâ écoute de la
parole : câ est là la
source vivifiante de toutes nos activités. Il est une invitation pour
nous tous, moines compris, Ã savoir nous limiter dans nos
activités, ne
pas demeurer à la surface, à savoir prendre de la distance,
et le temps du silence, de lâ écoute, de la relation en
profondeur.
« Ecoute et tends lâ oreille de ton cÅ ur »
nous dit saint Benoît :
Ne nous lassons pas de tendre lâ oreille ?
pour écouter celui qui pris
délibérément le chemin de Jérusalem
pour y
livrer sa vie.
(17 juillet 2016)
Année C - 15e dimanche ordinaire - 10 juillet 2016
Deut. 30, 10-14; Col. 1, 15-20; Luc 10, 25-37;
Homélie du F.Ghislain
Pour comprendre l’évangile que nous venons d’entendre, il faut peut-être que nous commencions par nous poser, ou, mieux, par poser au Christ dans la prière, la question du docteur de la Loi : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? ». En effet, comment comprendrions-nous la réponse que nous donne Jésus, si nous ne posions pas la question, si elle ne nous intéressait pas ?
La réponse que nous donne Jésus à cette question est étonnante : en effet, le Seigneur n’indique pas seulement ce qu’il faut faire aujourd’hui pour avoir plus tard la vie éternelle. En réalité, il dit ce qu’est la vie éternelle : si nous aimons Dieu de toutes les puissances de notre être, si nous aimons le prochain et que nous nous aimons nous-mêmes, que nous manque-t-il ? Aimer : Dieu, tendre vers le Mystère caché en même temps et dévoilé. Aimer : les hommes mais spécialement ceux dont nous sommes proches, et aussi ceux que nous nous rendons proches, au travers desquels nous les rejoignons tous. Aimer. Ce « moi » si peu connu finalement, déconcertant parfois dont nous peinons à découvrir la beauté, parce que peut-être nous ne la cherchons pas où elle est. S’aimer soi-même, un commandement auquel nous ne savons pas bien obéir.
Ainsi, Jésus nous montre-t-il ce qu’on pourrait appeler le « triangle saint de l’amour » qui a trois sommets : Dieu, l’autre, soi. Si les sommets sont en équilibre, à égale distance et à égale proximité l’un de l’autre, alors la vie est d’aplomb, bonne, belle. La vie éternelle, c’est cela, ce peut être cela, ici-bas, maintenant. La recherche de la vie éternelle, c’est peut-être aujourd’hui l’exercice de l’amour. Dans l’au-delà, il n’y aura pas autre chose, mais seulement la manifestation apaisée de ce que déjà ici-bas l’Esprit de Dieu, nous suggère, - cet Esprit que saint Augustin appelle la Loi de l’évangile, qui a été donné au monde à la Résurrection.
Mais voilà, les hommes sont blessés, nous sommes blessés. Or la beauté de l’évangile, la « joie de l’évangile » comme dit le pape François, c’est qu’il ne s’adresse pas aux saints immaculés, mais aux pécheurs et aux blessés : c’est à eux qu’est proposé l’amour, comme un chemin non seulement désirable, mais possible. En effet le blessé de cette parabole où Jésus commente l’essence de la Loi que lui rappelle le docteur, c’est tout homme sur le chemin, donc c’est aussi vous, moi, sur le même chemin. Parce que chacun porte, dans sa chair, dans sa sensibilité, dans son histoire, des blessures, les unes cicatrisées, les autres non, chacun peut rejoindre l’autre dans sa souffrance et travailler à une guérison commune. Le samaritain a saisi cela : lui aussi est un blessé de l’histoire ; il appartient à une autre ethnie, son culte n’est pas pur, ses alliances l’ont éloigné du vrai peuple de Dieu. Comme la samaritaine au puits de Jacob, il en est conscient. Mais il a compris que, justement à cause de cela, il peut travailler à la guérison de quiconque, les vrais juifs et les autres, mais aussi recevoir de quiconque la guérison.
Le prêtre, le lévite, ce sont tous ceux qui, se considérant en bonne santé et donc ne voyant pas en eux la misère, ne l’aperçoivent pas en autrui. N’étant pas sensibles à eux-mêmes, ils ne le sont pas aux autres. Ne travaillant pas à leur propre guérison, puisqu’ils ne se savent pas malades, ils ne sauraient se pencher sur la blessure des autres.
Un dernier point enfin que je ne développerai pas mais que je propose à votre méditation : l’homme blessé, le samaritain, finalement c’est Jésus lui-même. Pourquoi est-ce que je ne le développerai pas ? Parce que la première lecture que nous avons entendue nous dit que l’évangile, c’est-à-dire la révélation en Jésus de l’amour et de la vocation des pauvres, cet évangile habite notre cœur. Il ne faut pas le chercher très loin en haut dans le ciel, au large dans la mer, il ne faut pas multiplier les paroles qui l’affadiraient, il faut retourner à notre cœur et y retrouver, par l’Esprit, l’eau et le sang, le témoignage de Jésus attesté dans les lectures que nous avons entendues.
C’est à partir de ce cœur que nous allons célébrer maintenant l’Eucharistie.
(10 juillet 2016)
Année C - 14° Dimanche du Temps Ordinaire - 3 Juillet 2016
Is 66 10-14; Gal 6 14-18; Luc 10 1-20;
Homélie du F.Vincent
Cette page d’évangile que nous venons d'entendre nous rappelle une fois de plus l'urgence de la mission. Nous les baptisés nous sommes tous envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour témoigner de la Bonne Nouvelle de l'évangile. C'est une mission qui nous incombe à tous, là où nous sommes. Personne n'en est dispensé ; pas même les moines qui, par ce qu'ils sont, par ce qu'ils vivent, veulent aussi témoigner de cette Bonne Nouvelle. Mais voyons de plus près ce que Jésus nous en dit.
St Luc nous parle des 72 que Jésus envoie en mission. 72 c'est un chiffre symbolique. A l'époque de Jésus c'était, pensait-on, le nombre des nations païennes d'après l'Ancien Testament. Cela signifie que la mission vise donc la terre entière. Le sens est clair : tous sont envoyés en mission pour faire connaître Jésus. Ce que le missionnaire, et nous le sommes tous chacun à notre manière, aura à annoncer en premier, c'est que Dieu est passionné d'amour pour l'humanité. Tout baptisé, tous les baptisés que nous sommes, sont appelés à répondre à cet amour et à en témoigner. Un chrétien ne peut être qu'un passionné de Dieu pour communiquer cette passion aux autres. Dieu n'a que faire des tièdes et des indifférents. Le Christ compte sur chacun d'entre nous et nous envoie comme il a envoyé les 72.
A ces envoyés, ce que Jésus demande d'abord, c'est de prier le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson.
Dans la liturgie du baptême - et on a eu la joie de le vivre il y a quelques semaines avec Valentin et Timothée- il y a un très beau geste qui consiste à recevoir la lumière pour la transmettre. Être chrétien, être baptisé, c'est accueillir Jésus-Christ dans notre vie et le communiquer autour de nous. S'il n'y a pas cet amour passionné du Christ dans notre vie, nous ne pouvons pas dire que nous sommes chrétiens. Nous pouvons mentir aux hommes, mais nous ne pouvons pas mentir à Dieu. Un jour, nous aurons à lui rendre compte de notre responsabilité de baptisé.
Oui, nous sommes envoyés par Jésus lui-même. Il n'est pas question de faire des grands discours mais tout simplement d'apporter la paix de Dieu, A travers toutes nos relations humaines, il s'agit de témoigner de ce Dieu qui nous fait vivre.
Ce témoignage, nous le portons ensemble, les uns avec les autres. Rappelons-nous les paroles de Jésus, « c'est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous serez reconnu pour mes disciples. » Des chrétiens divisés entre eux ne peuvent que porter un contre témoignage. C’est ce que Jésus veut nous faire comprendre quand il envoie ses disciples deux par deux. Saint Léon disait que si le Seigneur les as envoyé deux par deux, c’est pour qu'en enseignant la charité, ils puissent d'abord la pratiquer.
L’évangile nous dit encore ce matin : Quand vous entrez dans une maison, dites : « Paix à cette maison ». La mission de l'Eglise est une mission de paix. Elle est le fruit de la rédemption que le Christ nous a obtenue à grand prix. Nous avons été choisis pour servir en sa présence, comme le dit une prière eucharistique. Si nous marchons avec le Christ, rien ne pourra briser notre élan.
« Nous comptons sur toi Seigneur, rends nous forts dans les épreuves et garde nous fidèles à la mission que tu nous a confié ». (3 juillet 2016)
Année C - 13° dimanche du Temps Ordinaire – 26 juin 2016
1 Roi 19 16-21 ; Gal 5 1-18 ; Luc 9 51-62
Homélie du F.Damase
En ce 13° dimanche du Temps Ordinaire, nous commençons la lecture de la seconde partie de l’Evangile de Luc qui nous guide cette année : « Jésus le visage déterminé prit la route de Jérusalem ». Jésus décidé monte vers sa Pâque !!
Dans la 1° lecture, le livre des Rois nous raconte l’histoire d’Elie qui, sur l’ordre de Dieu, choisit Élisée. Elie rencontre Élisée en train de labourer un champ ; il termine son travail, il a fini sa journée! Elie passe et jette son manteau sur lui. Une manière de lui dire : « tu seras mon successeur ». Élisée comprend très bien ce geste et il précise: « Laisse –moi embrasser mon père et ma mère et je te suivrai ». Elie acquiesce et lui répond : « Va retourne chez toi ; je n’ai rien fait » c'est-à-dire : « Va, tu es libre – fais comme bon te semble ». Sur ces mots, Élisée réfléchit : « Il tue ses bœufs, y met le feu avec le bois de son attelage ».
Que fait Élisée ? Il brule ses arrières peut-on dire. Il sacrifie son passé, son présent et son avenir; ses bœufs, son travail, c’est sa raison de vivre, c’est sa liberté.
Face à l’appel d’Elie, Élisée les supprime, puis il se lève et se met à le suivre !!
Cela me rappelle un épisode de l’Evangile, Jésus traverse la Galilée et passe près du lac de Génésareth. Là il appelle ses disciples et immédiatement, sans aucune hésitation, ces hommes quittent leur travail, abandonnent tout – leur filet, leur barque, leur famille - et ils le suivent !!
Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus marche vers Jérusalem ; il prend le chemin le plus court entre la Galilée et Jérusalem. Il traverse la Samarie, des gens refusent de le recevoir. Les disciples veulent punir « ces mal élevés ». Jésus, lui au contraire, passe : « Ces personnes sont libres de m’accueillir ou non ; je ne suis pas un potentat ». Il part dans un autre village.
Un homme se présente : « Je te suivrai partout ». Jésus le prévient : « Je n’ai pas de maison pour me reposer » - pas de repos, pas de vacances avec moi. A un autre qui veut faire ses adieux à sa famille, Jésus rétorque : « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ». Avec moi, c’est toute ta vie que tu donnes. Jésus montre l’exemple : il monte résolument vers Jérusalem, vers sa mort !!
A un troisième homme qui demande d’aller enterrer son père. Jésus réplique : « Laisse les morts tranquilles, toi annonce le Règne de Dieu » Toi annonce la vie, la vraie vie !
Ainsi, il en va de chacun d’entre nous. Dieu appelle, il dit à chacun de nous, ce matin, dans cette Église « Suis-Moi ». Puis il attend notre réponse, « Nul n’est plus patient que Dieu », nous dit le Pape François dans la Joie de l’Évangile. Jésus nous laisse libre dans notre choix.
Notre chemin, notre réponse sera faite souvent de Oui et de non, d’un mélange d’acceptation plus ou moins claire - de refus flou ou tiède, mais refus tout de même. Ainsi va la manière dont nous conduisons notre vie – avec souvent des « OUI Mais », des temporisations, des ambigüités, des incertitudes.
Or Jésus attend de chacun de nous : un Oui net, franc, clair, définitif – tout comme il est monté résolument vers Jérusalem pour nous sauver de nos hésitations et de nos tergiversations !!
Disons ce matin, un OUI à notre Dieu qui nous appelle et nous attend !! - 26 juin 2016
Année C _12ème Dimanche Ordinaire-19 Juin 2016
Zacharie 12,10-11a Galates 3,26-29 Luc, 9,18-24
Homélie frère Antoine
Frères et Sœurs, Notre vie est jalonnée de périodes heureuses et d'épreuves, elles nous conduisent parfois à nous interroger sur nous-mêmes. Aujourd'hui, c'est Jésus qui nous interroge ... sur lui-même !.
Pour vous, qui suis-je ? ... Chacun de nous dans cette église est concerné. Jésus nous demande « qu'est-ce que je représente pour vous ? .. quelle place j'ai dans vos occupations quotidiennes ? .. Si je suis dans votre vie, qu'est-ce que cela change à votre regard ... sur les personnes, les événements, l'actualité si chargée de ces dernières semaines ?
Pour vous qui-je ?nous interroge. Quelle est la place de notre foi au Christ fils de Dieu, quelle est la place de notre espérance, cette petite voix qui nous murmure qu'en Jésus, rien n'est jamais perdu, qu'en Lui, chaque étape de notre existence doit signifier que le Seigneur est proche et que notre vie doit résonner de l'écho de cette Bonne nouvelle.
L'Evangile nous rapporte la réponse de Pierre « Tu es le Christ, le Messie de Dieu» Cette réponse est un cri ... un magnifique cri de foi mais aussi ... un cri de Joie. Les foules attendaient un prophète et voilà que c'est le Messie sauveur.. promis par Dieu .. qui est là au milieu des hommes ... et donne place à la joie!
Nous pouvons comprendre alors à quel point la réplique de Jésus a pu être choquante
« Il faut que le fils de l 'homme souffre beaucoup ... soit rejeté ... tué. » Pourquoi donc ... ce il faut? Serait-ce que l'opposition des hommes serait la plus forte, et que Dieu l'abandonnerait ?
Ce il faut dévoile le caractère irrévocable de la Mission de Jésus où il doit abandonner tout son être .. son devenir .. sa volonté .. à la volonté du Père. Sa Mission est .. unique .. absolue elle incarne l'amour immense de Dieu pour les hommes, un amour qui ne se reprend pas ... qui ne manquera jamais au monde ... et qui passe par un renoncement total, ce renoncement même que Jésus va alors demander à ses disciples.
Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour. Renoncer à soi, frères et sœurs, n'est pas renoncer au bonheur ... c'est d'abord entrer lentement dans une lucidité sur nous-mêmes ... c'est ouvrir un regard plus juste, sur nos fragilités ... plus réel sur cette part d'ombre qui nous empêche de devenir ce que Dieu attend de nous.
Renoncer à soi-même, c'est ouvrir chaque jour une page blanche c'est essayer d'y inscrire une réponse personnelle ... intime ... celle de dire Oui à la croix Oui à notre croix, et d'accepter de prendre le chemin escarpé de ce détour vers les autres où Dieu se cache et nous espère.
Le Pape au cours du pèlerinage des familles à Rome a demandé
« Êtes -vous des témoins? Etes-vous des ferments ? ferments d’unité dans vos familles, dans vos communautés ? « ... Gardez cette parole du Maître Qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera... (19 juin 2016)
Année C - 12 ° Dim TO
12 Juin 2016
Baptême de Valentin et Timothé
2 Sa 12,7-10,13; Ga 2, 16,19-21 ; Lc 7, 36-8,3
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
En ce jour de leur baptême, je m’adresserai plus spécialement à Valentin et à Timothé, ainsi qu’à leur compagnon de catéchisme…
Les lectures que nous avons entendues nous disent deux choses importantes qui éclairent le sens du baptême des chrétiens : Dieu offre son pardon généreusement très généreusement à nous les hommes et les femmes qui sommes des pécheurs, et la deuxième : le baptême nous transforme et nous donne de vivre tellement uni au Christ Jésus, que comme dit Paul, ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi.
Je vais reprendre ces deux points. Le premier tout d’abord : Dieu offre son pardon aux hommes pécheurs. Vous avez remarqué qu’on a entendu dans les lectures des choses graves. Dans la première lecture, on nous rapporte le fait que le roi David a fait tuer un de ses chefs de guerre pour prendre sa femme…Une chose un peu terrible. David ne réalise la grandeur de sa faute que lorsque le prophète le lui dit, et il regrette beaucoup en reconnaissant : « j’ai péché contre le Seigneur ». Comme nous l’avons chanté au début de la messe : David était « aveugle de cœur »…Il s’est laissé emporter par le mal. Mais Dieu lui a pardonné ce grave péché. Dieu a vu le meilleur de son cœur et lui a gardé sa confiance. De même dans l’évangile, vous avez vu qu’on nous parle d’une femme qui est pécheresse, c’est-à-dire qu’elle est très infidèle dans ses relations avec les hommes. Elle aussi n’est pas fière de ce qu’elle vit. Sa manière à elle de reconnaitre que sa vie n’est pas juste, est de pleurer et de s’agenouiller aux pieds de Jésus, et de lui montrer sa confiance et son amour, avec une grande humilité. Devant Jésus, elle ne veut plus séduire, mais elle se fait toute pauvre et pleine de respect et d’amour. Alors Jésus lui dit : « Tes péchés sont pardonnés, ta foi t’a sauvé, va en paix »…Jésus ne regarde pas son péché, ses fautes passées, mais son amour et sa confiance. Voilà Valentin et Timothé, nous croyons que Jésus est venu de la part de Dieu nous pardonner nos péchés, toutes nos errances, toutes nos fautes. Il l’a dit en parole, et surtout il l’a réalisé grâce au don de lui-même sur la croix. Par sa mort et par sa résurrection, il enlève au péché et au mal son pouvoir. Par le baptême dans l’eau que vous allez vivre dans quelques instants, vous allez recevoir l’assurance du pardon de Dieu et l’assurance de sa force pour lutter contre le mal sous toutes ses formes. Et vous comme vous le direz, vous vous engagerez à lutter contre le mal.
Je voudrais m’arrêter sur le second point. Le baptême nous donne d’être uni à Jésus. Vous connaissez peut-être un peu st Paul. Au départ, il n’aimait pas du tout Jésus. Il était même très violent contre ceux qui croyaient en Jésus. Puis il l’a découvert, et a réalisé que Jésus était vraiment le Fils de Dieu, et que Jésus l’aimait beaucoup. Il a changé de vie, en se mettant totalement au service de Jésus. Il a été baptisé et a reçu la force du St Esprit à tel point qu’il a pu dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ Jésus qui vit en moi ». Sa vie a été transformée. Une joie, un élan, un grand désir d’aimer les autres et de leur faire connaitre Jésus. Voilà Valentin et Timothé, par le baptême, quelque chose dans votre vie va changer. Vous allez être uni au Christ de manière particulière comme l’huile du Saint chrême que je mettrai sur vous le signifiera, ainsi que le vêtement blanc dont vous allez être revêtus. En Jésus vous devenez nouveau. En vous, vont être semées comme des graines de lumière, de joie, de paix…Des graines qui mûriront et grandiront à la mesure où vous en prendrez soin, en grandissant dans l’amitié avec Jésus, en lien avec d’autres amis de Jésus, dans cette grande famille qu’est l’Eglise. Avec vos parents, des copains du caté, les gens de votre paroisse, les frères moines, vous allez apprendre à marcher comme des enfants de lumière. C’est la lumière de Jésus qui éclairent vos routes pour faire le bien, vous tourner vers les autres…comme elle éclaire aussi la nôtre.
Pour la première fois, vous allez recevoir Jésus, en son corps et son sang, en sa vie intime qu’Il nous offre. Une vie qui est une force, qui est un réconfort, une vie qui renforce notre union avec lui…. Vous serez alors vraiment chrétien, et vous pourrez le devenir davantage.
Ensemble avec Valentin et Timothé, réjouissons-nous du bonheur d’être chrétien, Nous sommes assurés d’être aimé et pardonné par notre Dieu. Et nous apprenons à mieux aimer notre Dieu et nos frères, à vivre en enfants de lumière. (12 juin 2016)
Année C – 10° dimanche du Temps Ordinaire – 5 juin 2016
Roi 17 17-24 ; Gal 1 1-11-19 ; Lc 7 11-17
Homélie de F.Jean-Noël -
Deux récits de résurrection, ce dimanche ! Envie de prolonger le Temps pascal ? Non, simple hasard de rencontre de deux cycles de lectures évoluant différemment… Belle occasion aussi de faire attention aux mots que nous employons, car enfin, résurrection du fils de ces deux veuves, et Résurrection du Christ, est-ce bien la même chose ?
Nous savons bien que les verbes en « RE » n’annoncent jamais rien de nouveau : on reste dans le même « re-faire ; re-commencer .. Re » et donc nos deux ressuscités de ce matin –ajoutons leur l’ami Lazare de Béthanie – n’ont jamais fait que de re-vivre. Revivre comme avant, et que, bien évidemment, ils ont dû re-mourir. On sait d’ailleurs par l’Évangile de Jean que, pour ce qui était de Lazare, c’était bel et bien programmé par les Autorités du Temple… qu’elles n’en ont pas eu le temps, l’occasion se présentant de liquider plutôt Jésus, ce qui, à leurs yeux était encore le mieux à faire… C’était sans compter sur une autre Résurrection, pas petite celle-là – le même mot pourtant, celle du Christ ! Or pour lui, pas question de re-mourir. « Le Christ ressuscité ne meurt plus ».
C’est donc une chance, à la sortie du Temps Pascal de reprendre conscience qu’il y a résurrection et Résurrection, et que nos mots ne sont pas des passerelles trop étroites, branlantes. On sait d’ailleurs combien les saintes femmes de l’aube pascale ont tremblées de peur, d’impuissance. Les lectures du Temps Pascal nous ont plus d’une fois laissé percevoir cet embarras des premiers témoins du Ressuscité – comme déjà celui de Pierre lors de la Transfiguration : « il ne savait que dire ! ». Il n’avait pas les mots. Personne n’avait les mots. Ils en ont essayé plusieurs : le Christ, ils l’ont dit : « enlevé, élevé ». Ils l’ont dit « monté au ciel, glorifié ». Ils l’ont dit « Ressuscité », répétant seulement – c’était plus simple – le mot de l’Ange : « il est ressuscité ». Précédé d’‘un curieux « il n’est pas ici » », comme si ces pauvres femmes ne s’en étaient pas rendues compte.
« Il n’est pas ici ». Elles ne le voyaient que trop. Elles en pleuraient. Si encore l’ange avait pris soin de préciser : « Il n’est pas ici, il n’est pas ailleurs ». Celles qui quelques jours plus tôt, avaient pu comme tout un chacun à Jérusalem, prendre le chemin de Béthanie, pour re-voir ce Lazare qui re-vivait, elles auraient plus vite compris que cette Résurrection là, annoncée par l’Ange, n’était pas une petite résurrection. Vraiment autre chose. « Il n’est pas ici - il n’est pas ailleurs. Ni ici, Ni ailleurs ». Le Christ ressuscité a échappé, une fois pour toutes, à ces limites contre lesquelles nous nous cognons sans cesse, d’espace, de temps… ce qui pour nous est proprement inimaginable. « Cela ne s’invente pas » dira st Paul (2° lecture)
« Présence sans borne » chante une de nos hymnes liturgiques – « présence sans borne » - Présence proprement divine d’ailleurs clairement annoncée : Je serai avec vous toujours, Emmanuel, Dieu avec nous.
Mais nos saintes femmes, pas aidées par l’ange, pouvaient-elles trouver tout de suite le mot juste ? St Paul a bien raison, cela ne s’invente pas comme ça !
Cela se reçoit dans la foi : dans la confiance. Disons dans la patience… et donc encore du temps. Mais bientôt, les disciples en arriveront à témoigner, le cœur brûlant : « il était là » toutes portes closes. Il était là.
Mais pour nous, pèlerins d’aujourd’hui ? Peut-être comme il est dit des deux d’Emmaüs : nous arrêter. « Il s’arrêtèrent tout triste ». Ils s’arrêtèrent, mais pour écouter. Écouter autre chose que nos récits ressacés de déceptions et d’échecs, de morts. Nous arrêter pour écouter celui qui chemine avec nous « il est là et nous ne le savons pas ». Nous arrêter et apprendre, nous aussi des Écritures (ce à quoi la liturgie s’emploie dimanche après dimanche), apprendre ce que ressusciter veut dire – et pour le Christ, et pour nous. Et peut-être, nous aussi re-partir autrement. Porteur d’une Bonne Nouvelle. (5 juin 2016)
Annéc C - SACRE COEUR
03 Juin 2016
Ez 34,11-16; Rm 5, 5b-11 ; Lc 15, 3-7
Homélie du Père Abbé Luc
Sœurs et frères,
Quand le berger ramène sa brebis égarée, Jésus précise qu’il est « tout joyeux » et qu’il n’a qu’un désir : partager cette joie à ses amis. Et Jésus de conclure : « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui convertit ». En ce jour où nous fêtons le Cœur du Christ et le mystère de son amour pour nous, il est bon de nous arrêter sur cette joie divine qui ne demande qu’à se diffuser.
Jésus parle aux pharisiens et aux scribes, qui se présentent comme des rabat-joie. Ils voient d’un mauvais œil que Jésus se réjouisse avec les pécheurs. Ils supportent mal qu’il puisse, lui le maitre, faire une si belle place à ceux qui sont habituellement considérés comme des exclus du cercle de l’assemblée croyante. Aussi Jésus voudrait, patiemment les ouvrir au mystère de sa joie. Ce mystère est si grand, qu’il ne lui faut pas moins de trois paraboles pour l’éclairer, toutes scandées par ce refrain : « réjouissez-vous avec moi ».
La joie de Jésus s’éclaire à la lumière de la joie du pasteur qui retrouve sa brebis, mais aussi de celle de la femme qui retrouve sa pièce précieuse, et enfin de celle de la joie du père qui retrouve son fils. Cette joie immense de Jésus nous fait pressentir combien sa peine doit être grande de voir des hommes et des femmes qui ne partagent pas la vie abondante qu’il offre. Peine de voir des êtres blessés, malades et qui errent loin de la vie généreuse et rassurante qu’offre la vie avec les autres. Peine de voir des êtres de si grand prix comme la pièce qui ne peuvent mettre en commun leurs dons au service de tous. Peine de voir des êtres se couper de son amour paternel et de la joie de vivre en frères… Cette peine de Jésus prendra toute sa mesure sur la croix. Là seulement, nous comprenons mieux quel labeur il a déployé pour venir nous chercher au plus profond de nos résistances et de nos errances. « Alors que nous étions encore capables de rien » nous dit st Paul, « le sang du Christ nous a fait devenir des justes ». En prenant sur lui notre violence, en supportant nos duretés de cœur, il est venu chercher les brebis égarées que nous étions. Il a enlevé notre péché et le poids de tristesse qu’il génère. Telle est sa joie : nous rendre à nous-mêmes, libres, nous rendre à nos frères comme nous le chantons dans l’hymne de ce jour, nous rendre à la joie d’être des fils et filles de notre Père.
Cette belle figure du pasteur qui va chercher sa brebis égarée résonne dans notre mémoire de moniale et de moine. St Benoit recommande en effet à l’abbé, à l’abbesse d’avoir pour des frères et sœurs en difficulté cette même sollicitude et cette même tendresse. Il invite aussi la communauté à s’unir à eux par la prière. Ainsi fait-il de notre vie monastique, comme de toute vie chrétienne, la continuation de l’œuvre de salut que Jésus a accompli. Aujourd’hui encore, Jésus vient à la recherche de chacun de nous. Il nous offre le secours très réconfortant de la vie commune. Sans elle, nous pourrions errer çà et là. Les outils spirituels de la règle et de nos traditions sont là comme des repères qui mettent des limites salutaires à nos désirs irrationnels, à nos passions, diraient les pères. Nous découvrons alors combien la joie est du côté de l’humble acquiescement à cette pédagogie, et combien la peine est vite là quand nous résistons, quand nous nous cabrons. Parfois, il y a des résistances que nous ne mesurons qu’en butant sur une limite, ou lorsqu’une parole vient nous bousculer… Nous restons toujours en partie aveugles sur nous-mêmes. La communauté, les sœurs et les frères sont là comme des guides précieux.
Ce matin, nous contemplons Jésus, et « son cœur plus ouvert qu’un ciel à l’infini ». Nous pouvons le remercier de nous faire cette « joie » de nous attirer vers son cœur de pasteur, de maitre et de frère, à la suite de Benoit et du P. Muard, afin de le rendre semblable au sien. Nous pouvons le remercier de nous donner des frères et des sœurs sans lesquels nous ne pourrions-nous mettre à l’école de l’amour. (3 Juin 2016)
Année C - Corps et Sang du Christ
Gen 14/18-20, 1Co 11/23-26, Lc 9/11b-17.
Homélie du F.Cyprien
L’Evangile de la multiplication des pains renvoie à la manne quand Dieu a nourri son peuple dans le désert.
Dieu prenait soin de son peuple qu’il avait libéré de l’Egypte et de la servitude.
Dans la 1e lecture, il y a Abraham, l’offrande et le partage du butin …et il y a Melchisédech, le prêtre du Dieu très-Haut, la bénédiction avec le pain et le vin : cet épisode annonce le pain et le vin de l’Eucharistie.
Saint Paul rappelle aux Corinthiens la tradition reçue des apôtres : « Faites cela en mémoire de moi » et Jésus rappelle que son Corps est « donné » pour nous. Nous faisons « cela » en mémoire de la passion de Jésus.
(D’abord les mots et ensuite deux remarques)
Dans l’histoire, la fête d’aujourd’hui a été appelée Fête-Dieu et fête du Saint Sacrement, maintenant c’est la fête du Corps et du Sang du Christ, ce qui est plus juste.
(Ce sacrement serait-il plus saint que les autres… le baptême et la confirmation par exemple ? Y aurait-il un sacrement plus « admirable » que les autres ?)
Le Saint Sacrement, cela fait penser à l’hostie et aux processions, mais le mot Hostie est à comprendre dans son sens premier de « victime ». Dans ce que nous faisons à l’Eucharistie, Jésus est la victime…la seule véritable Hostie, c’est Lui, présent par son corps et son sang…
Déjà le mot « Sacrement » compte : on a parlé, en célébrant l’Eucharistie dans l’Eglise, de la célébration des « saints mystères », sacramentum, traduction latine du mot grec « mysterion ». Mais le grand Mystère, le grand Sacrement c’est la présence de Dieu, Dieu avec nous, Dieu pour nous…
Les « sacrements »… et pas seulement l’Eucharistie…c’est le Verbe fait chair, …pour nous aujourd’hui. Si Dieu est venu chez les siens, ce ne pouvait pas être uniquement pour les contemporains de Jésus. Le Mystère, le Sacramentum auquel nous croyons, c’est la venue du Fils et le don de l’Esprit.
Comprenons que dans l’Eucharistie Jésus continue de s’offrir, de se donner. « Prenez et mangez … pour devenir Hostie avec moi ». Et ce que nous faisons n’est pas une cérémonie pour se souvenir, c’est le mystère continué… Tous les « sacrements » le sont pour les croyants, au long des étapes de leur vie.
Depuis quelques décennies et le concile Vatican II, on parle de l’Eucharistie que plutôt de la « messe » pour ce « saint » sacrement.
Or Eucharistie veut dire remercier, « rendre grâce »
« Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers… » …« Par Lui, avec Lui et en Lui (Jésus), à toi, Dieu le Père toute gloire… ».
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1ère remarque : quand on parle « du saint Sacrement », on pense au Corps et au Sang du Christ… En vénérant la présence (présence appelée « réelle »), ne pas oublier que nous croyons au Christ, le Verbe fait chair, présence de Dieu aux hommes, Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu pour nous par son Esprit… Car ce Corps et ce Sang ne reste pas sur l’autel : ils sont effectivement la nouvelle manne, le pain de la route pour nous. « Prenez et mangez ».
2e remarque : les chrétiens sont à la suite des disciples de Jésus des « envoyés ». Le terme de « messe » vient de la formule de la fin de célébration : « Allez, allez dans la paix du Christ », traduction de « l’Ite missa est » connu des anciens … « Allez, c’est l’envoi »… on pourrait même dire « Allez, c’est le temps de la mission ».
« Prenez et mangez », oui, pour continuer la route et pour annoncer la Bonne nouvelle, B.N. qui est votre vie …qui doit pouvoir devenir la vie de tous les hommes.
En « prenant et en mangeant », nous faisons UN avec celui qui s’est offert sur la croix et qui continue à s’offrir par ses membres… Hosties nous-mêmes et envoyés…
Si nous nous recueillons après la communion, c’est bien sûr pour accueillir le don qui nous est fait ; recueillement, oui, pour prendre conscience que chacun et tous autour de nous, nous sommes le Corps du Christ, membres les uns des autres pour cette mission : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »…
F. et S., nous n’aurons jamais fini de rendre grâce pour le mystère du Dieu proche, « mysterion », sacrement du Dieu proche en Jésus-Christ …nous n’aurons jamais fini d’entrer dans le mystère, de le com-prendre, de le prendre en vérité.
« Mon corps, mon sang… faites cela en mémoire de moi » - 29 mai 2016
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Année C - Sainte Trinité - 22 mai 2016
Homélie du F.Sébastien
Frères et sœurs, réjouissons-nous ! Aujourd’hui c’est la fête de toutes nos relations, les humaines aussi bien que les divines. Ces relations, nous le savons d’expérience, sont vraiment le tout de nos vies. Il en va de même pour les trois personnes de la Sainte Trinité que nous fêtons aujourd’hui.
Mais certains se disent sans doute : qu’avons-nous de commun avec elles, elles qui ont sur nous une éternité d’avance, une éternité dans laquelle l’épître aux Éphésiens nous dit qu’elles nous rêvaient déjà en destination de la vie éternelle.
Ce que nous avons en commun, et qui nous rend si proches d’elles et de nos frères humains, c’est que nous sommes tous des personnes, des personnes qui ont en commun d’être toutes reliées par et dans le même amour divin.
Notre fierté, notre joie de personnes humaines est d’avoir pour Dieu le Dieu unique, le seul vrai – si différent des idoles ! Notre Dieu s’est bien occupé de nous en nous envoyant son fils Jésus qui nous a révélé que Dieu est Amour, tout l’amour, rien qu’amour. Pas solitaire, mais unique en trois personnes que nous fêtons toutes ensemble et aussi une par une, oui une par une, comme il se doit dans une vraie fête de famille. Cela pourrait nous fournir aujourd’hui une piste de prière aussi simple que profonde, utilisable tous les jours. Je suis sûr que Sœur Elisabeth de la Trinité - et tant d’autres avec elle - s’offrirait à nous accompagner : revoyez sa célèbre prière .
Au long des siècles notre Dieu s’est révélé progressivement aux hommes comme un Dieu vraiment personnel.
C’est ainsi que la première lecture parle de la mystérieuse Sagesse de Dieu comme d’une personne qui existait avant la création du monde, tout en étant celle par qui et avec qui Dieu avait tout créé. Elle faisait les délices du Seigneur et trouvait ses propres délices avec les fils des hommes. On le voit, avec elle la révélation des personnes divines s’amorçait. Au fil des siècles cette Sagesse s’est peu à peu dévoilée jusqu’à porter un nom et présenter un visage : celui d’un certain Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, image de son Père, deuxième personne de la Trinité, toutes deux unies en vue d’une troisième qui leur est égale, celle du Saint Esprit.
Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « c’est par cet Esprit Saint que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs " pour faire de nous de véritables enfants de l’Amour : l’Amour parfait en trois personnes.
Chacune de ces personnes divines entretient avec chacun d’entre nous, depuis notre naissance, depuis notre baptême si nous avons été baptisés, une relation d’amour personnel. L’Esprit Saint, qui est la joie en personne, peut nous faire prendre conscience de la joie que nous venons de leur offrir tout simplement en faisant le signe de la croix, en osant ajouter : « Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit », en chantant avec foi; « Je crois en Dieu le Père tout puissant, en son Fils unique, notre frère, en l’Esprit Saint qui est l’âme de l’Église dont nous sommes les membres heureux.
Oui, les Trois inséparables d’avant les siècles sont parmi nous, avec nous, en nous.
C’est d’abord par Jésus, homme comme nous, que nous entrons en relation personnelle avec la Sainte Trinité. À la suite de son incarnation, Jésus est devenu le modèle de ce que nous sommes en train de devenir, vraiment fils ou fille de Dieu. Il est la passerelle qui conduit à fréquenter consciemment chacune des trois personnes de la Sainte Trinité. « Nul ne va au Père sans passer par moi. » « Le Père et moi nous sommes un (Jn 14,..). Et moi je vous envoie l’Esprit Saint. »
L’Esprit Saint est difficile à imaginer, il n’a pas la visibilité de Jésus de Nazareth, fils d’une jeune femme du pays. Pourtant il lui arrive de se manifester par des coups d’éclat, spectaculaires, tonitruants, comme dans le livre des Actes des Apôtres.
Mais dans le quotidien, le nôtre, il préfère se cacher, pour que les hommes l’expérimentent en eux-mêmes, dans leur cœur . C’est là qu’il se dévoile, à l’usage, si l’on peut dire, comme un pédagogue de génie, présentant tour à tour le doux et l’amer, l’accompagnateur rêvé, humain et spirituel, actif 24 heures sur 24. Pensons-nous assez à l’en remercier ? à le prier pour nous-mêmes et pour ceux qui en ont tant besoin et ne le savent pas ?
Au cœur de notre cœur il se fait la prière en personne qui s’offre à se faire la nôtre. Nous nous ne savons pas prier comme il faut. Lui il sait, car il sait tout de Dieu et nos besoins d’hommes.
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Je termine avec quelques faits concrets.
Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, aimait répéter ce que sa longue expérience auprès des handicapés lui avait appris : « Tout amour est don de soi en vue de créer des personnes… Je suis à l’image de Dieu lorsque j’aide l’autre à devenir une personne… De vraies personnes font naître d’autres personnes. »
Oui ! Mais comment en prendre conscience ? Dans des faits.
Murielle, une fillette de 8 ans, entre dans un magasin derrière son papa, qui fait ses emplettes, paye à la caisse… Et Murielle voit le vendeur, amusé, se pencher vers elle avec bonté, et dire tout fort : « Et pour mademoiselle, ce sera quoi… ? » Surprise, au comble de l’émotion, submergée par la fierté de se voir soudain propulsée dans le monde des adultes, la fillette rougit jusqu’aux oreilles devant tout le monde, en se répétant à mi-voix, les larmes aux yeux : « Moi, une ma-de-moiselle ! » Elle l’était devenue. La bonté crée des personnes. Et si c’était notre vocation à nous tous... ?
Bernadette la jeune bergère de Lourdes vient de traverser le gave. Une belle dame lui apparaît, lui sourit, avec un humble respect qui la met à niveau : « Voulez-vous… me faire la faveur… de venir,… plusieurs fois… » Bernadette en est devenue une autre personne, l’intime de la reine du Ciel en personne.
À Nazareth, c’est l’Archange de la présence du Dieu d’Israël qui vient saluer une fille du pays, pas encore mariée, rien que promise, étonnée de se voir promue mère du messie tant attendu. Marie est oui : « Je suis la servante du Seigneur, » sans tout comprendre de la personne qu’elle est en train de devenir.
Et pour finir. Sainte Catherine de Sienne, la mystique. Elle avait posé au Christ l’inévitable question, douce et cruelle, entre des êtres qui s’aiment : « Seigneur, qui suis-je pour toi ? ». Il avait répondu : « Je suis celui qui suis... et toi tu es celle qui n’est pas. » Une réponse d’une telle vérité qu’elle combla Catherine. Elle exprimait ce qui faisait tout son bonheur : le mystère de leur totale communion à travers l’infini de leur distance. Deux grandes personnes, dont l’une, de la Trinité, osait ce qu’on ne peut se dire qu’entre personnes qui se connaissent bien, parce qu’elles s’aiment beaucoup. - 22 mai 2016