vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 15 mai 2016 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C- PENTECÔTE 15 MAI 2016

Ac 2,1-11; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Au début de cette célébration, nous demandions à Dieu dans la prière d’ouverture, « de répandre les dons du Saint Esprit sur l’immensité du monde et de continuer dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique »…

Oui, ce matin nous nous inscrivons dans ce grand élan, dans cette « œuvre d’amour » commencée ce jour de Pentecôte, il y a environ 2000 ans. Ce jour-là, le peuple juif célébrait la fête des semaines, ou fête du cinquantième jour, « Pentecôte » en grec. On faisait alors mémoire du don de la Loi fait à Moïse, au Sinaï. Hier soir, avec les frères, nous entendions durant le repas, le récit de traditions juives qui rappellent que ce don de la Loi était à l’origine proposé à toute l’humanité, mais que seul Israël l’avait accepté. Une de ces traditions disait ainsi que la « voix (de Dieu) partait et se divisait en soixante-dix voix, en soixante-dix langues pour que tous les peuples l’entendent. Chaque peuple entendait la voix dans sa propre langue et ils en mourraient, mais les Israélites l’entendaient sans subir de dommage ». Quand st Luc suggère que toutes les personnes de diverses nations présentes ce jour à Jérusalem entendent la parole des apôtres chacun dans sa propre langue, on peut penser qu’il fait un rapprochement avec cette tradition juive. Il suggère alors que quelque chose de nouveau se passe. Avec le don de l’Esprit en diverses langues, c’est le don de la Loi qui se renouvelle. Non plus sous la forme de commandements écrits sur des tables de pierre, mais comme une parole reçue dans l’Esprit Saint par les apôtres qui la proclament en diverses langues. De plus, par le don de l’Esprit, non seulement est donnée la Loi sous la forme d’une Parole dite en plusieurs langues, mais est donnée à tous la capacité de recevoir cette Parole. Les peuples très divers qui sont là l’entendent et la reçoivent sans peur, avec émerveillement. Oui, en ce jour, Dieu donne par son Esprit la Loi nouvelle et en même temps il vient en aide à notre faiblesse en offrant la capacité de la recevoir. Voilà l’œuvre d’amour qui s’accomplit par le don de l’Esprit.

Frères et sœurs, il nous est bon de prendre toute la mesure de ce don d’amour que Dieu fait aux hommes. Sa loi d’amour, telle qu’elle nous a été révélée par Jésus et rendue présente en nos cœurs par l’Esprit Saint, est une bonne Nouvelle pour chacun de nous. Il nous faut nous émerveiller d’être appelés à aimer par un Dieu qui n’est qu’Amour. Non seulement, il nous appelle à aimer comme Lui, mais Il nous en donne la force. Confesser la présence de l’Esprit Saint en nos vies, le chanter comme nous le faisons ce matin, c’est reconnaitre que nous sommes aimés avant de pouvoir aimer à notre tour. Par nous-mêmes, nous ne savons pas aimer vraiment. Dans notre vie quotidienne, nous faisons l’expérience parfois d’un certain affrontement intérieur entre le désir d’aimer et un autre désir, celui de garder pour soi, de se protéger, ou de rejeter l’autre. Par ce désir plus obscur et plus pesant, nous expérimentons alors ce que Paul nommait « vivre sous l’emprise de la chair ». Nous expérimentons une « non liberté » et une incapacité à aimer vraiment. Nous mesurons alors notre grande faiblesse quand nous sommes laissés à nous-mêmes. Quand Dieu nous appelle à entrer dans son oeuvre d’amour pour le monde, il ne nous demande pas d’être des héros, ni des êtres surhumains. Il ne nous propose pas une loi à appliquer comme on obéit à un règlement. Il vient plutôt comme un Père qui dit à chacun de nous par son Esprit Saint : « Tu es mon fils, ma fille bien-aimée », et par ce même Esprit Saint, Il nous donne de répondre : « Père, tu es mon Père ». Dans cet échange intérieur, il nous soutient et nous entraine à aimer comme Lui, car le monde nous attend.

Dans cette eucharistie, nous venons comme à une source pour puiser les forces de l’Amour. Elles jaillissent de la mort et de la résurrection rappelées et actualisées pour nous : son corps livré, son sang versé, son esprit donné en abondance. (2016-05-15)

Homélie du 01 mai 2016 — 6e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - 6e dimanche après Pâques - 1 mai 2016

Sur l’évangile : Jean 14, 23-29

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Le monde où nous vivons est dur. Il est menaçant et, en fait, il nous blesse tous et chacun. Il nous atteint par les nouvelles qui nous arrivent, qui rongent l’espoir et semble fermer les horizons. Mais il nous atteint personnellement aussi d’une manière ou de l’autre, dans notre travail ou notre chômage, dans notre famille et notre entourage où il y a trop souvent maladies, discordes, impuissances, en nous-mêmes aussi qui ne sommes pas toujours bien dans notre peau. Nous sommes touchés à vif par le mal.

Le message de l’évangile aujourd’hui est que ce monde est aussi, et peut-être surtout, une demeure de Dieu. Il nous invite donc à changer notre regard, à voir plus loin que l’extérieur déprimant, à entrer dans une réalité bienheureuse. Allons-nous entrer dans cette bonne nouvelle ? « Si quelqu’un m’aime… » dit Jésus. Qui est ce quelqu’un ? Nous, chacun de nous. « Vous l’aimez sans l’avoir vu, assure saint Pierre dans sa première épître, vous croyez en lui sans le voir encore ». Serions-nous aujourd’hui dans cette église, si nous ne croyons et aimions ? Et tous les autres qui font comme nous ? « Il gardera ma parole » : cette parole, c’est l’évangile ; or nous le connaissons, cet évangile, nous l’entendons volontiers et nous voulons le suivre, si faibles que nous soyons. Cette parole, c’est aussi le meilleur de tout homme, au fond de son cœur et quelle que soit sa foi ou son incroyance, comme le rappelle saint Paul dans la lettre aux Romains. Un médecin connu, qui se déclare agnostique, Axel Kahn, a écrit un livre dont le titre est une phrase de son père : « un homme bien ne fait pas ça ! ». On pourrait ajouter : un homme bien fait aussi ceci. Or le nombre des hommes et peut-être surtout des femmes « bien » ne dépasse-t-il pas le nombre des autres ?

Quoi qu’il en soit, le Père vient avec le Fils dans le cœur de ces hommes et de ces femmes, il vient dans le nôtre, sans attendre que nous soyons, comme on dit, « bien sous tous les rapports » : c’est sa présence qui va augmenter le bien. Et il nous donne son Esprit, ce je ne sais quoi, cette ambiance, cette sensibilité, qui nous harmonise à la présence vive du Père et du Fils. Le Saint Esprit, c’est comme une musique, comme le Kyrie grégorien du temps pascal, ou celui de la messe en si de Bach, comme le quintette pour clarinette de Mozart… Dès les premières mesures, vous êtes ailleurs, transporté ou plutôt vous rentrez en vous-mêmes et vous redécouvrez le monde. Avec le Saint-Esprit et l’évangile, vous redécouvrez le Père et le Fils, et votre vie s’illumine.

« Mon Père l’aimera » dit encore le texte. En quelque sorte, il sera impressionné, ému, de nous voir lutter pour être fidèles à l’évangile. Pour ne pas nous laisser trop imprégner par le mal ambiant. Pour comprendre les autres, pour voir le bien, si minime soit-il.

Le Père alors fait en nous sa demeure. Le Fils entre chez nous pour souper avec nous comme le dit ailleurs la Bible : « Voici que je suis à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai le repas avec lui et lui avec moi ». L’Esprit nous est donné, qui nous fait sentir, comprendre, apprécier cette présence de la Trinité de Dieu. Nous sommes un peu comme le patriarche Jacob : Dieu est là et nous ne le savions pas. Maintenant, nous le savons, au moins un peu mieux. Il demeure en nous et nous demeurons en Lui.

Et ce qui nous est révélé à chacun est révélé à tous : tôt ou tard, de sorte que, quelle que soit la personne que nous croisions, nous puissions discerner en elle la demeure de Dieu. Plus ou moins grande, plus ou moins large, un réduit peut-être, mais où la vie est maintenue.

La source vive de l’amour, du don, de la bienveillance, du bien et du bonheur, habite en nous. Cela ne requiert qu’un peu d’attention, de silence, d’ouverture.

Ce dimanche est une invitation au bonheur. La paix, non pas celle fragile et éphémère, que le monde peine à donner, mais celle qui se révèle au cœur de l’homme capable d’aller à l’intérieur de soi et d’y retrouver l’espace immaculé et doux qui l’attend. Une invitation à la joie, celle que le Christ souhaite à ses disciples, une joie parfaite, dit-il.

Prions les uns pour les autres ici, dans cette église, mais aussi pour tous les autres, partout dans le monde, afin qu’ils aient part aujourd’hui, si peu que ce soit, à la vie que Dieu veut mener en eux et eux en lui. (1 mai 2016)

Homélie du 10 avril 2016 — 3e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 3° Dimanche du temps Pascal - 10 avril 2016

Ac 5 27-41; Ap 5 11-14; Jn 21 1-19

Homélie du F.Hubert

Texte :

Simon, fils de Jean, mâ aimes-tu vraiment ?

Cette question de Jésus laboure, à la fois avec douleur et

bonheur, le

cÅ ur de Pierre qui nâ est pas un cÅ ur endurci.

Dans son ardeur naïve et inconsciente, il sâ était

écrié : /Seigneur,

pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma

vie pour

toi/. Mais il a fait la douloureuse expérience de nier être de

ses

disciples. Le chant du coq lâ a transpercé, mettant en

lumière sa

faiblesse et son inconstance.

/Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je tâ aime.

Aujourdâ hui, Simon peut le dire sans illusion.

Donner sa vie nâ est pas en son pouvoir.

Mais ce qui est impossible à lâ homme est possible Ã

Dieu.

/Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous,

vous serez alors mes témoins./dit Jésus//aux

Apôtres lors de son Ascension.

Sans cette force, fruit de lâ Incarnation et de la Pâque de

Jésus, nous

ne sommes capables de rien.

Pierre a nié être disciple de Jésus quand la peur

lâ a saisi ; il dit

humblement, au petit matin du jour nouveau, sa fidélité

à son Maître,

son amour étant reconnaissance pour lâ amour sans limite de son

Sauveur

pour lui, et pour tous.

Il avait accepté, pour avoir part avec lui, que Jésus lui lave

les pieds.

Son égarement dans la cour du grand-prêtre, sa peur avec tous

les autres

après la croix, lui ont fait comprendre que Jésus le lavait bien

plus

profondément encore.

/Simon, fils de Jean, mâ aimes-tu ? /Cette triple question résonne

en lui

comme une purification, un pardon, un don au-delà de toute

infidélité.

Son Seigneur se donne à lui et à toute

lâ humanité, dans une Alliance

sans retour.

On peut penser à la parabole des deux débiteurs,

racontée par Jésus au

sujet de Simon le pharisien et de la pécheresse éperdue de

reconnaissance : celui à qui on a le plus remis montre le plus

dâ amour.

/Simon, fils de Jean : /

amené à Jésus par son frère

André, Simon avait reçu de Jésus, au

début

du récit évangélique, un nom nouveau, signe de sa

mission, de sa

charge : /Tu es Simon, fils de Jean ; tu tâ appelleras Kephas, ce qui

veut dire Pierre.

En réutilisant son nom originel, Jésus fait reprendre

à son apôtre, en

quelques instants, tout son chemin à suite. Simon sera vraiment Pierre,

dans la grâce offerte par le Crucifié-Ressuscité,

jusquâ Ã rendre gloire

à Dieu par sa mort, son martyre.

Aujourdâ hui, Pierre peut dire en vérité : /Oui,

Seigneur, tu le sais :

je tâ aime.

/

Je tâ aime, parce que toi, tu mâ aimes jusquâ Ã

me sauver de ma lâcheté, de

mon abandon, de mon infidélité.

/Ton amour est plus grand que les cieux,/dit un psaume.

Pierre a fait lâ expérience que lâ amour de

Jésus pour lui, et donc pour

tous les pécheurs, est sans mesure et sans retour.

Il peut alors recevoir la charge de paître les brebis de son Seigneur,

être témoin de la résurrection de

Jésus, et de notre résurrection,

corporelle, morale, spirituelle,

être témoin de la victoire du Seigneur en nous,

témoin de sa miséricorde

vivifiante.

/« Dieu ne se fatigue jamais de pardonner/, ne cesse de

répéter le pape

François, /personne ne pourra nous enlever la dignité que nous

confère

cet amour infini et inébranlable. Ne fuyons pas la résurrection

de Jésus.

/Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?

/

Pierre nâ a pu suivre Jésus au moment de sa Pâque,

mais, comme Jésus le

lui avait dit, il lâ a suivi/plus tard.

/Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et câ est un autre

qui te

mettra ta ceinture, pour tâ emmener là où tu ne

voudrais pas aller. Sur

ces mots, Jésus lui dit : « Suis-moi.

Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis. Pierre, à qui il

les

confie, est appelé à donner sa vie, à sa suite,

dans la force de

lâ Esprit répandu. Pierre peut rejoindre Paul quand il dit : /Je

peux

tout en Celui qui me rend fort.

En cette année jubilaire de la miséricorde, puissions-nous

faire

lâ expérience de la fidélité de Dieu en

Jésus, et en être humblement et

joyeusement les témoins. (10 avril 2016)

Homélie du 27 mars 2016 — Dimanche de Pâques — Frère Damase
Cycle : Année C
Info :

Année C - HOMELIE POUR LE JOUR DE PÂQUES - 27 mars 2016

Ac 10, 34a.37-43. Col 3, 1-4. Jn 20, 1-9

Homélie du F.Damase

Texte :

Cette nuit, frères et sœurs, nous avons suivi le regard de Luc nous dévoilant le mystère de la Résurrection

Ce matin, nous suivons le regard de Jean. Trois personnages interviennent : Marie-Madeleine, Pierre et Jean. Marie-Madeleine, d’abord. Seule, elle représente le groupe des femmes qui ont suivi Jésus depuis la Galilée (Mt 27, 55). Madeleine, donc, s’est rendue au tombeau de grand matin. Il fait encore sombre. Elle constate que la pierre a été enlevée, et elle en conclut que le corps du Seigneur a été enlevé. Sans autre vérification, elle court avertir Pierre et Jean. " On a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ". On a enlevé le Seigneur pour le mettre ailleurs. Qui l’a enlevé ? Où l’a-t-on porté ? Les femmes n’en savent rien. - Il ne vient à l’esprit de personne que Jésus ait pu ressusciter et sortir lui-même du tombeau. Le tombeau vide n’a pas suffi à éveiller chez Madeleine la foi en la résurrection. Son message est purement informatif, une fois délivré à Pierre et à Jean, Madeleine disparaît.

C’est maintenant le tour de Pierre et de Jean d’être confrontés au mystère du tombeau vide. Le récit de l’évangéliste est subtil. Les deux disciples courent, comme courait Madeleine quand elle est venue les trouver. Cette course souligne la hâte qu’ils ont d’apprendre quelque chose d’important. Ils courent, parce qu’ils aiment. L’amour donne des ailes. Mais Jean court plus vite que Pierre : parce que la caractéristique de Jean, c’est la charité. Il est l’évangéliste de l’amour. Il arrive donc le premier, il regarde, voit le linceul demeuré sur place, mais il n’entre pas. La foi n’est pas encore éveillée en lui. Pierre arrive à son tour. Pierre a reçu du Christ la Primauté : il entre le premier. Il voit les linges. Il distingue du linceul le linge qui avait recouvert la tête, et constate que ce linge n’a pas été plié avec le linceul : il est demeuré à sa place. Il n’en tire aucune conséquence.

Jean entre à son tour. Les deux disciples sont donc réunis dans le tombeau, celui qui a la Primauté dans l’Eglise, et celui que Jésus aime, figure du disciple selon son cœur. Jean vit, et il crut. De même qu’il était arrivé le premier, il crut le premier. L’amour est plus rapide que tous les raisonnements. La vocation de Jean est d’avancer dans la connaissance du mystère, puis de se soumettre à l’autorité de Pierre.

– Il en va toujours ainsi dans l’Eglise : les saints et les prophètes reçoivent des lumières du Saint-Esprit pour faire avancer l’Eglise plus vite à la rencontre du Seigneur; mais toutes leurs intuitions seraient vaines si le Successeur de Pierre et les évêques ne venaient les confirmer de leur autorité.

L’évangéliste ne dit pas exactement que Pierre crut aussitôt après Jean. Mais c’est probable, car il ajoute : " Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ".

– Quant à nous, frères et sœurs, nous accédons à la foi en la Résurrection à travers les signes que nous présente l’Eglise, et en recevant le témoignage des Apôtres qu’elle nous transmet.

Mais chacun de nous suit un itinéraire différent.

Les uns trouvent pour ainsi dire la foi dans leur berceau, d’autres plus tard, après bien des détours et, parfois, des égarements.

Pour les uns, c’est une parole de l’Ecriture, entendue au cours de la liturgie, qui est venue réchauffer leur cœur ; pour les autres, c’est l’exemple d’une vie toute donnée à Dieu qui leur donne envie de suivre Jésus.

Pour tous, c’est la rencontre avec Jésus vivant qui est déterminante.

L’essentiel est que nous parvenions à une foi vive et inébranlable, et que nous soyons, au milieu de nos frères, des témoins fidèles de la Résurrection.

AMEN, ALLELUIA !

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Homélie du 26 mars 2016 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C -VIGILE PASCALE 26.03.2016

Rm 6, 3-11 ; Lc 24,1-12

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » demandent les anges aux femmes avec une petite pointe de provocation. Ils ajoutent : « Il est ressuscité, rappelez-vous ce qu’il vous a dit…». On se met volontiers à la place des femmes portant le poids de leur tristesse, et qui restent ébahies, choquées devant le tombeau vide. Elles ne viennent pas chercher un Vivant. Elles se hâtent pour honorer un mort…Aussi quel choc de ne pas le trouver ! Comment dépasser ce constat traumatisant, et arriver à se faire à l’idée que Jésus est ressuscité ? Les anges les entrainent alors à faire mémoire, à se rappeler de tout ce qu’elles ont déjà entendues de la bouche même de Jésus… « Il faut que le Fils de l’homme… ». « Et les femmes se rappelèrent les paroles qu’il avait dites » poursuit le récit.

Se rappeler, faire mémoire pour comprendre l’évènement inouï de la résurrection, c’est ce que nous faisons en cette nuit pascale. Et nous le faisons de différentes manières. Nous avons commencé à faire mémoire avec nos yeux et avec nos pieds. Avec nos yeux, nous avons accueilli le Christ notre Lumière. Lumière et feu qui ne sont plus menaçants comme le feu peut l’être, mais feu disponible sur une colonne de cire pour nous indiquer la route. A la suite du peuple hébreu, nous avons marché dans la pénombre de l’église, derrière la colonne lumineuse qu’est le Christ Ressuscité. Désormais, c’est Lui qui nous montre le chemin. Il ouvre une voie nouvelle à travers les eaux de la mort, comme l’a célébré le chant de l’exultet.

Nous rappeler avec nos oreilles. C’est ce que nous venons de faire en écoutant les lectures, les psaumes et les oraisons. Ainsi nous sommes-nous souvenus non seulement des paroles de Jésus, mais aussi de toute l’histoire entre Dieu et les hommes, depuis la création du monde. Comme les premiers disciples, puis les pères de l’Eglise l’ont fait en leur temps, la liturgie de l’Eglise nous enseigne à mieux comprendre que la résurrection de Jésus n’est pas un évènement bizarre et imprévisible. Au regard de la foi et de l’histoire du peuple juif, la résurrection de Jésus donne sens à la longue relation d’alliance entre Dieu et son peuple. Elle vient illuminer et achever l’œuvre de création, depuis le « Que la lumière soit » jusqu’à nos jours. Et elle nous oriente vers la vie plénière du Christ partagée après notre mort pour l’éternité.

Nous rappeler encore, faire mémoire avec nos mains. Dans quelques instants, nous viendrons tremper nos mains dans l’eau, et faire le signe de la croix sur nous. Ce geste nous rappellera l’eau de notre baptême qui nous a unis à la mort du Christ, pour nous faire resurgir dans la vie avec lui. Désormais, la résurrection n’est plus seulement un évènement extérieur à nous. Elle nous concerne aussi en toute notre existence. Grâce à elle, nous ne sommes plus sous l’emprise fatale de la mort et du péché. La vie et la liberté nous sont offertes comme un chemin à parcourir dès maintenant jusqu’à la vie éternelle. Avec nos mains, il nous revient de renoncer au mal et de travailler à l’œuvre de libération commencée dans nos vies depuis notre baptême, pour nous-mêmes et pour tous ceux qui nous entourent.

Nous rappeler enfin, faire mémoire avec le pain et le vin reçu en nourriture. Comme en un sommet, notre célébration s’achèvera par le mémorial de la vie donnée et livrée de Jésus mort et ressuscité. Toute la vie, et la mort de Jésus prennent sens dans son sacrifice, sacrifice rendu présent sur l’autel en chaque eucharistie. Nourris, nous serons fortifiés par le corps et le sang de Jésus. Ils sont unissent à Lui afin que nous devenions comme Lui donnés à notre Père, et à nos frères et sœurs.

Frères et sœurs, laissons ce soir notre mémoire se dilater et nous rendre plus vivants à la mesure de l’œuvre immense réalisée dans la résurrection du Christ. (2016-03-26)

Homélie du 25 mars 2016 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - VENDREDI SAINT 25.03.2016

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42.

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Le mal n’a pas de visage, mais il défigure les visages humains. Le visage du serviteur d’Isaïe était si défiguré… qu’il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Le visage et le corps de Jésus, soumis aux coups et aux crachats, sont méprisés et traités pour rien. Et comme le suggère le Ps 21, le mal défigure le visage même de ceux qui exercent la violence. Ceux-ci deviennent comme des animaux, le lion, le buffle ou le chien qui rugisse, déchire et aboie.

Jésus accepte de se laisser défigurer, Lui l’image du Père. Il prend sur lui la défiguration que le mal ne cesse d’opérer sur les visages humains, les victimes comme les bourreaux. Aujourd’hui, il connaît la défiguration extrême des personnes victimes des attentats aveugles et absurdes qui leur ôtent tout visage.

Ce soir, notre célébration de la Passion, est un cri d’espérance. Elle nous redit avec force que le mal absurde n’a pas le dernier mot. Depuis les premières paroles du chant du serviteur d’Isaïe, « Mon serviteur réussira, il sera exalté » jusqu’à la communion au Corps du Christ Vivant, en passant par la vénération de la Croix, nous proclamons la victoire sur le mal opérée par Jésus. Sur le bois de la Croix, son visage défiguré n’a cessé de se tourner vers son Père, et de porter vers lui un regard d’amour et de pardon en notre faveur. Avec le psalmiste, Jésus a pu dire : « Mes jours sont dans ta main : délivre-moi des mains hostiles qui s’acharnent. Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ». Et son Père a fait resplendir sur lui sa face pour lui donner un visage glorifié et transfiguré, prémices de notre propre visage. Là est notre espérance, en Jésus défiguré et transfiguré, nous recouvrons notre vrai visage d’enfant du Père.

(2016-03-26)

Homélie du 24 mars 2016 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - JEUDI SAINT - 24.03.2016 -

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Un mot revient dans les trois lectures que nous avons entendues, et parfois plusieurs fois, c’est le mot « faire ». Et le « faire » en question est un commandement. Il s’agit de « faire » pour le Seigneur une fête de pèlerinage en faisant mémoire de la Pâque et de la sortie d’Egypte, ou de « faire mémoire » du pain rompu et de la coupe offerte par Jésus, et enfin de « faire comme Jésus a fait » en lavant les pieds de ses disciples. Retenir ce mot est important, il nous oriente vers un réel engagement. Mais ce serait nous tromper de foncer trop vite dans l’action pour obéir au commandement. Nous risquerions alors de manquer le sens profond du mystère que nous célébrons ce soir et le réduire à la dimension morale, pratique ou rituelle. Si Jésus nous demande de « faire », il nous invite d’abord à « nous laisser faire ». Ce soir, nous le regardons faire et nous l’accueillons ainsi. C’est lui qui agit, comme autrefois, le Seigneur a traversé le pays d’Egypte pour frapper les premiers-nés et pour exercer ses jugements. Jésus agit en nourrissant ses disciples et en leur lavant les pieds. Ce faisant, il donne sens à tout son ministère de prophète, exercé jusqu’alors. Il scelle par le pain rompu et la coupe offerte l’alliance renouvelée entre Dieu et son peuple, alliance qui sera consommée dans son corps livré et dans son sang versé. Dans le lavement des pieds, il manifeste combien sa vie n’a été qu’un service de notre humanité impure et blessée.

Comme le suggère bien, l’évangéliste Jean, Jésus est pleinement maitre de son action. Il ne demande qu’une chose à ses disciples : de le laisser faire et de se laisser faire. Se laisser faire. La réaction de Pierre nous montre combien cela nous est parfois difficile. Autant nous sommes capables de « nous la couler douce » et d’être paresseux, autant en certaines occasions, nous « laisser faire » rencontre l’opposition de notre orgueil, plus ou moins avoué et dissimulé sous de bonnes intentions. Une part en nous peine, voire répugne à être passive, à tout recevoir. Effectivement en ce soir, Jésus nous offre tout gratuitement, sans aucune compensation de notre part, ni aucun mérite. Il donne sa vie, en son corps livré, en son sang versé, et en son engagement total dans le lavement des pieds. Il ne nous demande que de consentir et de nous laisser faire. Il sait ce qu’il fait, et comme les disciples, nous peinons à comprendre. Ce qu’il fait est si radical. Il vient renouveler la vie en ses racines, renouvellement qui éclatera au matin de Pâques. Alors le don de sa vie s’éclairera et jaillira en source de vie, de paix et de joie pour tous. Entre-temps, Jésus va devoir lui aussi se laisser faire. Au moment du dernier repas, s’il a pris les choses en main, c’est pour mieux entrer dans le laisser faire. Il se donne jusqu’à se laisser déposséder de tout, et de lui-même. Il se fait serviteur jusqu’à se livrer au bon plaisir des moqueurs et des violents. Les heures de la Passion, nous révèlent qu’en Jésus, « faire et se laisser faire », c’est tout un. Il est pleinement lui-même et libre, pleinement actif, en acceptant d’être conduit jusqu’à être cloué, impuissant sur une croix. Et au matin de Pâques, nous sera révélé le même mystère : Jésus qui s’est laissé faire jusqu’à remettre à son Père son souffle, permet au Père de le ressusciter. Il se laisse faire, il laisse son Père l’engendrer avec son corps à la vie divine et glorieuse. Désormais en son être de fils ressuscité, Jésus reçoit de son Père une nouvelle capacité d’être et de faire. En son humanité glorifiée, il se fait présent à tous.

Frères et sœurs, réjouissons-nous d’être conviés, en cette célébration de la dernière Cène, ainsi qu’en ces jours saints, à nous laisser faire par Jésus. Laissons-le-nous restaurer aujourd’hui, en notre humanité et en notre dignité de fils. Laissons-le-nous purifier et nous libérer aujourd’hui de nos fardeaux, de tant de peurs, de préjugés, et d’entraves de toute sorte. Nos frères et nos sœurs, à qui les pieds seront lavés, nous représenterons tous dans notre désir d’être plus disponibles et davantage dociles à l’œuvre du Seigneur dans nos vies. Nos mains tendues avec respect, pour recevoir le corps et le sang du Christ, exprimeront la soif de notre terre desséchée ainsi que l’espérance de la vraie vie qui habite notre cœur. Et nous laissant faire vraiment par Jésus, nous apprendrons à faire comme lui, avec lui pour Dieu et pour nos frères…Aimer comme Lui, être miséricordieux comme Lui, servir comme Lui. Laissons-nous faire par Lui pour mieux faire comme Lui. (2016-03-24)

Homélie du 20 mars 2016 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - Dimanche des RAMEAUX - 20.03.2016

Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22,14 – 23,56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Comment se fait-il que dans les évangiles, les récits de la Passion de Jésus tiennent une telle place ? Les trois derniers jours sont racontés avec bien plus de détails que les trois ans de son ministère de prédicateur. Et la liturgie de l’Eglise se fait l’écho de cette insistance en nous proposant d’entendre dans une même semaine, deux récits de la Passion, ce dimanche des Rameaux et le Vendredi Saint. Oui, les trois derniers jours de l’existence de Jésus ont une place unique au regard du reste de sa vie. Sa passion librement consentie donne tout son poids et tout son sens à sa vie. Elle nous révèle que le prophète qu’il était ne s’appuyait pas sur ses propres forces, mais sur Dieu. Elle met en lumière ce lien unique que Jésus avait avec Dieu qu’il appelle son Père, dans une familiarité qui n’a pas d’égal. L’évangéliste Luc souligne cela avec force dans les trois invocations que Jésus lance à Dieu : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne ». Jésus n’a voulu qu’accomplir la volonté de Dieu son Père, volonté mystérieuse dont la portée apparaitra le matin de Pâques. Seconde invocation : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ». Loin de maudire les hommes qui le font souffrir, Jésus se fait l’intercesseur auprès de Dieu son Père pour qu’il les pardonne. Sa passion devient source de pardon de notre péché. Elle nous libère de l’emprise du mal. 3° invocation : « Père, en tes mains, je remets mon esprit ». Jésus va jusqu’au bout de son don : il s’abandonne totalement à Dieu dans la confiance. Celui-ci le relèvera par la résurrection. Il lui donnera le Nom qui est au-dessus de tout nom.

Frères et sœurs, si l’Eglise nous invite à nous arrêter sur la passion de Jésus, ce n’est pas par goût morbide de la souffrance et de la mort. Elle nous invite à entendre au cœur de la souffrance de Jésus, la force et la flamme de son amour pour Dieu son Père et pour nous les hommes. Dans cet amour, se trouve la source de notre propre vie : Jésus nous libère à jamais de l’emprise du mal. Avec Lui, Jésus nous entraine à traverser nos souffrances et notre mort, dans une même confiance, dans un même abandon au Père. Durant cette semaine sainte, laissons-nous conduire par Jésus, avec lui et en lui, de la mort à la Vie. (2016-03-20)

Homélie du 13 mars 2016 — 5e dim. du Carême — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C - 5° Dimanche de Carême- 13 Mars 2016

Isaïe 43, 16-21. .. Philippiens 3,8 -14 ... Jean 8,1-11

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Frères et Sœurs, cet Evangile commence par une scène empreinte de

paix où Jésus enseigne au temple, mais la paix ne va pas durer! un groupe surgit et présente à Jésus une femme accusée d'adultère et là, tout bascule!

De la paix nous passons à la violence où paroles et silence vont s'affronter.

Paroles coléreuses, Paroles trompeuses, car dit le texte, leur but est de piéger Jésus.

Paroles accusatrices et redoutables leur projet est d'accuser Jésus de ne pas respecter la Loi Mosaïque et leur objet est la mort, .... la mort d'une femme qui selon la loi mérite un tel sort.

Paroles mensongères, desséchée par la sécheresse des lois, et qui dans ce microcosme révèlent toute une face du monde, le monde de toujours .. le monde d'aujourd'hui .. !

En réponse à cette violence se dresse alors un mur .. un mur de silence .. un silence immense ... le silence de Dieu .. le silence de l'amour ..... silence accompagné d'un signe énigmatique, totalement silencieux lui aussi: Même aujourd'hui, nous ne savons pas ce que Jésus a écrit sur le sol, mais ce geste alourdit le silence de Jésus, il est comme un refus de ce Mal dont le masque a pris le visage d'une apparente justice.

«Que celui d'entre vous qui est sans péché, soit le premier à lui jeter une pierre»

Brusquement le silence change alors de camp ... et change de sens ...

«Ils s'en allèrent un par un, en commençant par les plus âgés » ....

Un par un ... ces hommes qui partent lentement, sans un mot, évoquent un défilé, ce long défilé de notre humanité qui, générations après générations, est vaincue par cet ennemi sournois, le péché ... le péché, cette infidélité à l'amour!

« Va, et désormais ne pèche plus! »

Ces paroles achèvent cette rencontre extraordinaire entre Jésus et la femme :

Dès son arrivée, elle est accusée, laissée debout, au centre, tandis que Jésus ... assis, regarde le sol,. Les accusations reprenant, Jésus prend la parole et se baisse à nouveau sans adresser-un- seul- regard à ceux qui lentement partent l'un après l'autre ... Jésus les ignore totalement. ..

Et c'est alors qu'il lève la tête et pour la première fois, la regarde ... il ne la jamais regardée en position de faiblesse .. de condamnée plantée, muette, au milieu de ses juges. C'est une fois la menace disparue qu'il la regarde .... Il la regarde du bas vers le haut et, dans une attitude de serviteur, il lève les yeux, s'adresse à elle ... elle ... debout .. .immobile, toute pénétrée de la miséricorde totale du Fils de Dieu ... ,. tout accueil du pardon reçu et de la Vie retrouvée.

Aujourd'hui, le Seigneur vient nous dire à chacun:

Va, .. tout pardon accueilli engage à suivre l'Unique Loi, la Loi d'amour.

Va ... tout pardon accueilli est un envoi, un envoi à aimer un peu moins mal.

Homélie du 28 février 2016 — 3e dim. du Carême — Frère Jean-Noël
Cycle : Année C
Info :

Année C – 3° dimanche de Carême – 28 Février 2016 –

Ex 5 1-15 ; 1 Co 10 1-12 ; Lc 13 1-9

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

Un bel évangile pour ce dimanche au cœur du Carême de l’année jubilaire de la miséricorde ! Un figuier dans sa vigne. Le vigneron. Un homme.

Donc un figuier dans la vigne. A l’époque, cela faisait bon ménage, tous deux objets de soins jaloux, tous deux riches de symboles. Mais là, un figuier stérile.

En face, un homme. Un homme sans plus. Mais le regard mauvais : je m’en vais couper ça, vite fait. Il ne donne rien.

Troisième partenaire, le vigneron. Un autre regard. Vigneron de ce figuier là. Son figuier. Bien.

Mais qui est ce figuier ? Le figuier c’est nous, tout comme ailleurs nous sommes vigne ayant besoin d’être taillée pour porter du fruit, ou terre ingrate ne donnant rien. Le figuier c’est nous, ne répondant pas à l’attente du vigneron.

Et ce vigneron, c‘est qui ? C’est celui qui ne vit pas pour sa vigne, son figuier, comme le vrai berger pour ses brebis, sa brebis car chacune est unique, on le sait. Il ne ménage pas sa peine. Ô ma vigne ! Ce figuier peut bien épuiser la terre, mais pas la patience de ce vigneron amoureux. Ô mon figuier ! On l’a deviné, ce vigneron, c’est Dieu.

Et cet homme qui s’en vient dire froidement : « Attends voir ! Je vais te couper ça. Vite fait » C’est qui ? Certainement pas un vigneron. Un vrai vigneron ne ferait jamais chose pareille. Tout comme un vrai berger n’abandonnerait sa brebis. Il n’est pas mercenaire lui. Alors qui est cet homme sans entrailles qui n’a pas pitié de ce figuier ? Un figuier qui n’a pas l’air d’être son figuier. Cela ne peut pas être Dieu. Ô ma vigne.. mon figuier.

Voyons cela. Est-ce que ce ne serait pas le même qui disait « Arrache-moi vite cet ivraie ». Le même encore qui après l’accident de la tour de Siloé (18 morts) ou devant le handicap de ce malheureux aveugle-né, soupirait : » ce devait être de bien gros pécheurs ! » Un homme encore, sans entrailles, comme le frère ainé du prodigue voyant d’un mauvais œil l’accueil incroyable que le père fait à son propre à rien de cadet ? Un homme encore de la famille de ce bon Jonas n’admettant pas que le Seigneur ait souci de ces pauvres gens de Ninive ; Tous ces gens là, c’était clair, ne mériteraient pas de vivre. Vite le feu du ciel ! De la famille encore de. ..une famille finalement très nombreuse, tellement que nous en sommes peut être bien, nous aussi :

Quand impatients et durs, nous jouons les justiciers même pour nous aussi des fois. Quand nous désespérons de nous voir si minables. Quand nous ne tenons pas compte du beau cadeau que Dieu nous fait à tous – au dire de st Benoît – en nous ménageant du temps et encore du temps. Quand nous désespérons de sa miséricorde. La chose à ne jamais faire (encore st Benoît). Quand avec nos gros sabots, nous méconnaissons ce qui brûle au cœur de Dieu. Et qu’est-ce dons qui brûle au cœur de Dieu ? C’est notre première lecture :

« J’ai vu, oui, j’ai vue la misère de mon peuple ; j’ai entendu ses cris sous les coups ; oui je connais ses souffrances ; je suis descendu pour le délivrer ! » Ô ma vigne, Ô mon peuple.

Vous allez m’objecter que dans notre Evangile, c’est tout de même bien le vigneron qui dit : « Attends voir un an que je bêche et mette du fumier. Après toi, tu le couperas ». Dans un an, oui, c’est vrai. Mais lui, le vigneron le sait bien : un an renouvelable. « De toujours à toujours » comme dit un Psaume.

La conclusion, je la reçois du Pape François. Ce pourrait être de l’étonnant n° 153 de « La joie de l’Evangile » - un peu long, mais déjà au n° 3, il dit :

J’insiste : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner ; c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde »

Cela ne nous dispense quand même pas de nous laisser bêcher, creuser, retourner, approfondir par la Parole de Dieu. Amender. (28-02-2016)