Homélies
Liste des Homélies
Année C - le 17 janvier 2016 - 2ème dimanche
Is 62,1-5; 1 Co 12, 4-11; Jn 2, 1-11
Homélie du F.Damase
Cana – un miracle sympathique. Mais Jean n’est pas un journaliste, c’est un théologien. Il veut donc nous faire découvrir la mission de Jésus auprès des hommes. Pour cela, il nous pose quatre questions dans ce récit. A nous de chercher et de trouver la réponse ou tout au moins une réponse.
Ainsi il y a une noce à Cana– mais qui sont les mariés ? – ils sont important pour faire la fête. Qui sont les mariés ? Dans la lecture d’Isaïe : L’époux est « celui qui t’a construite c'est-à-dire le Seigneur ». et le Seigneur dit à Jérusalem et à ses alentours « ma préférée, mon épouse ». C’est donc tout son peuple et à travers lui tous les peules qui seront « comme une jeune mariée » faisant « la joie de son mari… la joie de son Dieu ».
Cette image de Dieu Epoux, courante dans l’Ancien Testament, on la retrouve dans le Nouveau appliquée à Jésus. Mais aux Noces de Cana, le marié n’est pas Jésus. On peut entendre, qu’à Cana, ces noces seront scellées dans la Nouvelle Alliance par le sang de Jésus sur la Croix et par sa Résurrection. Tout en nous souvenant qu’à Cana, nous n’avons que le premier signe : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » !!
2° question : la Gloire ? Il en est question dans Isaïe où il s’agit de « voir la gloire de Jérusalem » et dans l’évangile Jean nous dit « là Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». La gloire de Jérusalem est de recevoir de Dieu, sa Justice, son salut et d’être ainsi sauvé de son péché, pardonné et restauré. Plus encore d’être épousée, la « préférée » de Dieu, sa Bien-aimée. La gloire de Jérusalem représente celle de tous les croyants, la nôtre bien sûr. Elle est un cadeau de Dieu, celui de son amour.
Dans l’Evangile, la gloire de Jésus n’est pas de faire un miracle ; Jésus n’est pas Harry Poter.
Bien sûr, Jésus est Dieu, mais l’important pour lui est de manifester l’amour de Dieu, sa miséricorde et sa tendresse. Certes à travers ce miracle, il sanctifie nos noces humaines ; mais surtout il annonce les noces de Dieu avec l’humanité ; ces noces manifestent aussi l’amour du Père ; ainsi Cana manifeste l’amour qui circule au cœur de la sainte Trinité !!
3° question : Quel est le rôle de Marie au cours de cette noce ?
On ne nous dit pas qu’elle est invitée, mais on sait simplement qu’elle est là ; elle est là complètement du côté des hommes et des femmes dans ce mariage. Elle constate que quelque chose ne va pas, que la fête ne pourra pas être tenue, alors elle le dit à Jésus, elle a confiance en lui.
« Femme ! Quoi entre moi et toi ? Mon heure n’est-elle pas venue ? »
En appelant Marie « Femme », Jésus souligne la solidarité de Marie avec l’humanité entière que Dieu veut épouser. Elle est plus que sa Mère, il s’en détache comme un adulte. « Quoi entre moi et toi ?» Ne veut-il pas faire entendre que l’heure de sa manifestation n’est pas encore arrivée. Certes, l’histoire du salut va vers un accomplissement, vers un achèvement, vers une °dynamique du « vin moins bon au meilleur » - Celui de la Nouvelle Alliance en Lui et par Lui, Jésus.
« Quoiqu’il vous dise faites-le »
Ce n’est pas un ordre, mais l’expression d’une confiance, une injonction maternelle et rassurante : « vous pouvez y aller, ce sera bon pour vous » dit Marie aux serviteurs d’une certaine façon. Mais c’est à chacun de nous que Marie s’adresse, elle nous pousse à agir, à nous engager selon la Parole de Jésus. Allez-y.
Une dernière question : « Six cuves de pierre »
Six cuves et non pas sept; le chiffre parfait. Il y a là un manque, cependant elles sont en pierre donc solide et durable – et elles sont remplies à « ras bord ». Impossible de ne pas voir dans tout cet ensemble le symbole de la Première Alliance avec Israël, qui conduit à Jésus, mais qui n’arrivera à sa plénitude qu’en lui, Jésus.
On peut ajouter que Jésus ne fait pas des miracles « à partir de rien », mais il transforme l’eau puisée par les serviteurs. Jésus transforme nos efforts comme nos misères, pour en faire le vin de son Royaume. Dieu sème largement, il donne au-delà de ce que nous attendons. Il multiplie les pains et les poissons. C’est la plénitude de sa vie divine qu’il veut partager avec chacun de nous.
Oui, en ce dimanche de l’Epiphanie de Cana, laissons-nous envahir par la tendresse de notre Dieu-époux.
Si vous êtes mariés, votre couple est « signe et sacrement », « manifestation de l’amour trinitaire de notre Dieu ».
Si nous sommes « célibataires », nous ne sommes pas sans amour, nous sommes épousés par le plus grand amour qui soit.
Oui, grisons-nous du vin de Cana qui ne cesse jamais de couler à profusion et c‘est « du très bon ». Goutez-le et vous verrez. (2016-01-17)
Année C - Fête du Baptême du Christ - 10 janvier 2016
Esaïe 40, 1-5 + 9-11 / Psaume 103
Tite 2, 11-14 + 3, 4-7
Luc 3, 15-16 + 21-22
Homélie du F.Basile Ducruet
F et S, où sommes-nous dans l’Evangile ? St Luc vient de nous rapporter à sa manière le baptême du Christ. Et nous sommes là, avec tout le peuple qui vient se faire baptiser par Jean, nous sommes là à un moment capital de la vie de Jésus, c’est comme son « entrée en scène », son entrée dans la vie publique, mais c’est plus que cela : en écoutant l’Evangile, nous devenons témoins de la révélation par excellence du mystère de Jésus, le Fils bien-aimé que nous montre le Père.
Dans ce court récit de Luc, il y a 2 traits qui lui sont propres. D’abord, Jésus n’est pas seul, il y a tout un peuple avec lui : en recevant le baptême dont il n’avait pas besoin, car il est sans péché, Jésus entre dans le mouvement de conversion de son peuple ; il est là comme les autres, perdu dans la foule. Ce n’est pas lui qu’on regarde, c’est Jean qui baptise, et Jean se défend bien d’être le Messie. Etonnante discrétion de Jésus qui vient humblement se mêler à la foule des pécheurs.
Et puis Luc est seul à nous dire qu’une fois baptisé, Jésus priait. Cela s’enchaîne comme naturellement ; c’est alors seulement que l’événement peut se produire : le ciel s’ouvre, l’Esprit descend sur lui, la voix du Père le révèle : « Tu es mon Fils ! » Oui, Dieu se révèle à nous dans ce dialogue d’amour et Jésus apparaît dans son être profond de Fils de Dieu, Bien-aimé du Père. La nouvelle traduction liturgique a laissé tomber la citation du ps 2, mentionnée par certains manuscrits de l’évangile de Luc, pour reprendre la même parole que Marc et Matthieu : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie. »
En quelques mots, tout est dit, et le mystère demeure. Qui peut le comprendre ? Ici la théologie est précieuse, mais aussi la connaissance des Ecritures (« Elles parlent de moi » dira Jésus) : les paroles s’éclairent l’une par l’autre ; c’est là que se trouve toute la richesse de la lectio divina. Et justement Jésus priait pour accueillir cette parole.
Nous sommes là tout près d’une source, au bord de l’eau, au bord du fleuve : une eau que Jésus a purifiée, diront certains, alors que d’autres insisteront sur l’eau boueuse, où Jésus n’a pas eu peur d’entrer ; une eau qui deviendra pour tous les disciples de Jésus celle du baptême, une eau de source intarissable !
« Jésus priait » et nous ne savons pas ce qu’il disait. Il était en prière. Quand Luc mentionne dans son évangile la prière de Jésus, c’est le plus souvent une prière intérieure, silencieuse, un mouvement profond du cœur qui le relie à Dieu son Père. Il nous est dit seulement : « Alors le ciel s’ouvrit. » Ne serait-ce pas cela la prière ? la prière du pauvre qui traverse les nuées, la prière du Fils qui s’ouvre à son Père dans le mouvement de l’Esprit. La prière chrétienne est trinitaire, dialogue d’amour. Et voilà bien l’important qui nous est révélé aujourd’hui : le baptême de Jésus est l’heure où la brèche s’ouvre pour la 1° fois ; elle s’ouvrira à nouveau lors de la Transfiguration et là encore Luc le soulignera : Jésus priait. J’aime voir cette brèche dans l’architecture de la chapelle de Chauveroche, cet espace de lumière derrière l’autel : le ciel s’ouvre et Dieu se manifeste dans cette unique parole : « Tu es mon Fils ! » Ne serait-ce pas cela l’essentiel de la prière ?
Non pas faire connaître nos demandes et nos besoins (« Le Père sait tout ce dont vous avez besoin, dira Jésus), mais écouter au plus profond de nous la voix du Père : « Tu es mon Enfant bien-aimé ».
Cette parole, nous devrions la graver dans notre cœur, car elle dit déjà toute la bonne nouvelle de l’Evangile : Dieu nous montre, Dieu nous donne son Fils, son propre Fils auquel il tient tellement , et cela pour faire de nous des fils, ses enfants bien-aimés.
Celui qui a compris cela, a déjà tout compris, et le sens du baptême et le sens de la vie : une vie nouvelle donnée par Dieu gratuitement, et qui jamais ne s’arrêtera : au baptême la vie éternelle est déjà commencée.
Pour la plupart d’entre nous, nous n’avons aucun souvenir de notre baptême ; aujourd’hui nous pouvons mieux le comprendre à la lumière du baptême de Jésus : pour chacun de nous, le ciel s’est ouvert ce jour-là, l’Esprit nous a été donné. Comme il est dit dans la 2° lecture : « Par le bain du baptême Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance… » Pour moi, c’est clair : l’Esprit Saint n’est pas donné en morceaux séparés, il est déjà donné entièrement au baptême, et ce don nous est refait sans cesse à chaque sacrement.
Alors comprenons bien notre baptême : il y a l’eau et la plongée dans le mystère pascal du Christ où nous sommes purifiés, il y a l’Esprit Saint répandu avec abondance, et il y a la voix du Père qui nous reconnaît pour son enfant bien-aimé : c’est l’aspect personnel du baptême : une relation unique dans un dialogue d’amour.
N’oublions pas l’autre aspect : communautaire, ecclésial, œcuménique au sens le plus large du mot (toute la terre habitée) : le baptême nous introduit dans le Corps du Christ, dans la famille de Dieu qui n’a pas de frontière, car Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Savoir que ce baptême est commun à tous les chrétiens réjouit notre cœur et nous relance chaque année dans notre marche œcuménique. En Jésus notre Sauveur, nous avons été baptisés, en lui nous sommes tous frères : soyons de vrais témoins de cette fraternité, donnée par le baptême. (2016-01-10)
Année C - EPIPHANIE
03.01.2016
Is 60, 1-6 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du père Abbé LUC
Frères et sœurs,
Depuis Noël, nous ne cessons de méditer le mystère de la venue de Dieu dans notre monde, sous les traits d’un nouveau-né. Nous ne cessons pas non plus de nous émerveiller devant la manière avec laquelle Dieu s’y prend pour révéler ce mystère. Il s’adresse tout d’abord à des bergers pour leur annoncer la venue du Messie afin qu’ils aillent raconter cela tout autour d’eux. Aujourd’hui, il suscite des mages venus de lointains pays pour réveiller Jérusalem. « Son amour les a pris de court », chantons-nous dans une hymne. Ces mages inconnus, étrangers à la religion juive, entrainent les scribes et les prêtres, familiers des Ecritures, à relire leur tradition. Quand Dieu vient dans notre monde, il surgit comme une question que tous sont invités à examiner, sans prétendre atteindre à un savoir. Marie et Joseph se sont laissé enseigner par les bergers, eux-mêmes ayant accepté de se mettre en route dans leur nuit. Les hommes de science de Jérusalem sont conduits par des inconnus à se plonger d’une nouvelle manière dans leurs Ecritures. Il leur faut accepter, non seulement de ne pas tout savoir, mais d’être guidés par des étrangers. Dieu semble se plaire à déjouer les évidences. Il se dévoile en se servant des petits et des ignorants, de telle manière que ceux qui devraient savoir, se reconnaissent eux-aussi comme devant tout apprendre. Personne ne peut savoir par lui-même, mais chacun a besoin des autres pour entrer dans le mystère du Dieu fait homme.
Plus largement, comme Paul nous l’affirme, cet évangile nous donne à comprendre que les nations, c’est-à-dire tous les peuples qui ne sont pas juifs, ont désormais part « au même héritage, au même corps et au partage de la même promesse ». Personne n’est exclu des privilèges qui étaient ceux du peuple juif : privilège de connaître, de servir le vrai Dieu et de nouer avec lui une Alliance d’amour éternelle. Toutes les cultures, tous les peuples sont appelés à entrer dans cette Alliance d’Amour, grâce à la foi en Jésus-Christ le Fils de Dieu fait homme. Et comme le suggère l’évangile, cette entrée dans l’Alliance se fait dans un échange : les nations lointaines et étrangères apportent leur désir de connaître, leurs questions mais aussi la profondeur de leur humanité, le peuple de l’Alliance apporte les Ecritures et une manière de les lire. N’est-ce pas de ce dynamisme-là que vit et doit vivre notre Eglise aujourd’hui ? Des hommes et des femmes très proches et plus lointains portent un désir de vie véritable, posent les questions et apportent leur façon de vivre. Ils viennent nous interroger, et ils nous obligent parfois à revoir nos évidences. Le brassage de la mondialisation démultiplie ce phénomène de recherche tout azimut. Avec toute l’Eglise, nous croyons et nous annonçons le Christ, le Messie, vrai Dieu et vrai homme. Nous apportons cette lumière reçue comme un cadeau. Mais comment le faisons-nous ? Le faisons-nous dans un sentiment de supériorité ou bien le faisons-nous comme des hommes et des femmes qui ne cessent pas de chercher ? Les questions de nos contemporains, ou les interrogations que portent les autres cultures et les autres religions nous font-elles peur ou bien viennent-elles nous remettre en route, si nous nous étions arrêtés, pour chercher avec ces personnes à approfondir le mystère du Christ ?
Une conviction devrait alors nous habiter et nous garder vigilant : Dieu dans son dessein d’amour désire que personne ne soit exclu de son Alliance et de la connaissance du Christ qui nous introduit dans une relation filiale avec lui… Personne, les pauvres les riches, les blessés de la vie et les marginaux, les hommes des autres religions, les sans religions…L’évangile d’aujourd’hui voudrait nous renforcer dans cette conviction, aussi dans la vigilance à avoir sur la manière toujours déroutante avec laquelle Dieu s’y prend pour réaliser son dessein. Il nous faut être prêt à la fois à être ses instruments et à la fois à être dérangé, dérouté par la manière avec laquelle le Seigneur désire se servir de nous. Faisons nôtre la prière qui conclura cette célébration : « Puisque tu nous fais communier à ce mystère, puissions-nous désormais le pénétrer d’un regard pur et l’accueillir dans un cœur plus aimant ». (2016-01-03)
Année C - SAINTE MARIE MERE DE DIEU
01.01.2016
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
L’évangile que nous venons d’entendre nous fait toucher du doigt le mystère de notre vie chrétienne : une vie très banale dans laquelle se réalise le grand projet de Dieu. Cette naissance à Bethléem est banale. Une parmi tant d’autres au même moment. Deux parents accueillent et prennent soin d’un nouveau-né. Et cependant la venue des bergers et les propos qu’ils tiennent surprennent. Ils voient quelque chose d’autre. Ils regardent cette naissance ordinaire sous une autre lumière, à la lumière de ce que les anges leur ont dit : « un sauveur vous né… ». Sous les apparences très banales, se joue quelque chose de très grand : le Messie attendu est là, Dieu visite son peuple…
St Paul dans la seconde lecture nous dit quelque chose de semblable quand il affirme que la venue du Fils de Dieu, né d’une femme et soumis à la Loi, comme tout enfant juif, réalise en fait le grand projet de Dieu : faire de nous des fils adoptifs, des héritiers de la vie divine. Jésus le Fils de Dieu a consenti à l’ordinaire d’une vie juive, en s’y soumettant, pour nous donner part à sa vie à Lui… « Admirable échange » que nous chantons depuis Noël.
Ainsi en va-t-il de notre vie chrétienne depuis notre baptême. En apparence rien ne nous distingue des autres hommes et femmes, et c’est heureux. Mais pourtant nous croyons que dans notre vie personnelle et ecclésiale, le grand projet de Dieu est à l’œuvre, pas seulement pour nous, mais pour toute l’humanité. Sa bénédiction repose sur notre race humaine, afin de la rassembler comme un unique peuple de fils et de frères. Paul nous dit que nous avons une preuve de ce profond travail à l’œuvre, dans l’Esprit qui crie en nos cœurs : « Abba », « Père ». En nous vit l’Esprit qui nous découvre notre propre condition de fils. Il nous entraine à entrer dans une relation confiante avec Dieu notre Père. En nous vit l’Esprit qui vient parfois nous bousculer. Il nous pousse à vivre plus résolument entre nous comme des frères. C’est ici que notre vie quotidienne peut rester simplement banale, ou bien peut devenir une vie selon le grand projet de Dieu. Quand nous acceptons de regarder et de servir l’autre comme un frère, au lieu de l’ignorer ou de le mépriser. Quand nous nous tournons vers notre Père de Cieux pour lui demander son aide et pour le remercier, au lieu de l’ignorer ou de le mépriser.
Frères et sœurs, au début de cette année nouvelle, réjouissons-nous d’être rejoints par la bénédiction de Dieu dans notre quotidien le plus banal. Remercions-le de faire route avec nous. Appelons-le dans nos épreuves, car il désire les traverser avec nous pour nous apprendre à les traverser avec lui. Et accueillons son projet d’amour qui veut changer nos vies très banales en des vies riches d’amour, pleine de cette joie de donner et de recevoir. Nos rencontres, nos gestes quotidiens, notre travail en auront une toute autre saveur et force. Appuyons-nous sur Marie qui a su saisir et méditer dans son quotidien très ordinaire, l’irruption de l’inattendu de Dieu.
(01-01-2016)
Année C - SAINTE FAMILLE 27 DECEMBRE 2015
1 Sam 1 20-28; 1 Jn 3 -24; Lc 2 41-52
Homélie du F.Hubert
Etonnant évangile pour fêter la Sainte Famille !
Mais comment l’Evangile ne serait-il pas étonnant ?
Bonne Nouvelle, il est aussi, si je puis dire, « mauvaise » nouvelle,
car il nous invite à nous déplacer, à quitter tout ce qui n’est pas la vraie Vie,
à quitter nos fausses conceptions de la vie, nos égoïsmes, nos idoles,
à nous convertir, et donc à mourir à nous-mêmes comme centres, pour devenir fils et frères.
L’Evangile, Bonne nouvelle qui nous invite de façon pressante
à renoncer à notre vieil homme pour revêtir l’Homme nouveau.
« Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » :
nous pouvons trouver là de quoi conforter l’image spontanée que nous avons d’une « sage » Sainte Famille.
Mais que « Dieu » vive comme un enfant et un homme ordinaires, pendant 30 ans,
dans une modeste bourgade de Galilée, n’a rien de « naturel », de « convenable », de « sage »…
Le pape François nous a tous surpris en décidant, dès le lendemain de son élection, de ne pas habiter dans les appartements pontificaux mais à la résidence Ste Marthe, à revenir à cette résidence, le soir-même de son élection, non dans la limousine préparée pour lui, mais dans le minibus des cardinaux avec lesquels il était arrivé le matin. L’évêque de Rome, homme parmi les hommes.
« Dieu », homme parmi les hommes, c’est bien autre chose encore !
Les parents de Jésus pensaient qu’il était « dans le convoi des pèlerins »…
Le Verbe s’est chair, et il a habité parmi nous, dit st Jean.
« Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes »,
C’est bien Jésus que nous devons regarder pour savoir quel style de vie doit être le nôtre
en tant qu’enfants de Dieu, en tant que disciples du Fils de Dieu.
Ce style de vie, évangélique, tant désiré par le pape.
Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons.
Et cela nous bouscule, si prenons cela au sérieux.
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
« Ton père et moi » Les parents de Jésus. Joseph, Marie.
Luc nous dit, au début de la vie publique de Jésus :
« Quand il commença, Jésus avait environ 30 ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph. »
et lors de la première prédication de Jésus à Nazareth, les auditeurs disent :
« N’est-ce pas là fils de Joseph ? »
En Joseph, Jésus a eu un vrai père humain qui l’a élevé, fait grandir, l’a entouré de tendresse et d’amour,
en qui il a pu avoir toute confiance pour grandir en humanité, sous le regard de Dieu et des hommes.
Vérité de l’Incarnation.
Rôle irremplaçable de Joseph, pour que le Fils de Dieu soit vraiment homme.
Mais la vérité de Jésus ne s’arrête pas là.
Voici que Jésus, venu avec ses parents pour la fête de la Pâque, reste à Jérusalem à leur insu.
St Luc ne nous parle pas là de la fugue d’un adolescent,
mais de sa filiation plus profonde, cachée, sa filiation divine,
et déjà de sa Pâque, de son chemin pascal.
« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Premières paroles de Jésus rapportées par st Luc ;
les dernières, après la promesse au bon larron, seront :
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
Le Père est sa demeure propre ; toute son œuvre est de nous y introduire avec lui.
Il fallait que Jésus nous le révèle, qu’il le révèle à Marie, sa mère, et à Joseph, son père en humanité.
Lors de l’Annonciation, Marie a dit oui à l’imprévu de Dieu dans sa vie.
Joseph, de son côté, a fait confiance à l’annonce de l’ange :
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
car l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »
Quels bouleversements dans leur vie !
L’un et l’autre, ensemble, ont dit oui à l’imprévu, à ce qui humainement était inimaginable.
Mais leur chemin d’intelligence du mystère de leur Fils était loin d’être achevé.
Les bergers à Bethléem, Siméon au Temple ont eu des paroles de lumière et de feu, éclairantes et brûlantes,
Maintenant, c’est Jésus lui-même qui lève un peu le voile sur son propre mystère.
Au moment de passer de l’enfance à l’âge adulte,
ce n’est plus par des tiers qu’il se manifeste, mais par lui-même.
Il nous signifie là que toute sa vie est une Pâque, un exode vers le Père,
et que sa maison, son lieu de vie, c’est le Père lui-même.
« Ne savez-vous pas que c’est chez mon Père que je dois être ? »
Que Marie et Joseph nous apprennent jour après jour, de plus en plus profondément,
qui est Jésus, leur enfant,
quelle est notre propre origine et vers qui nous allons,
quelle est notre demeure, quel est le visage de Celui qui est notre Source et notre But ultime.
« Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés :
il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (2015-12-27)
Année C- Noël Messe du Jour - 25 Décembre 2015
Isaïe 52.7-10 ... Hé 1..1-6 Jn 1 1-18
Homélie du Frère Antoine
Au commencement. .. Ce début de l'Evangile de Jean nous met face à un espace-temps qui nous échappe, alors que Jésus est né un jour du temps et que nous avons coutume de conjuguer la venue de l'enfant Dieu au passé, un peu au présent, rarement au futur. Il est vrai que cet avènement est daté, situé, et la mémoire que nous en faisons est la mémoire d' une espérance ....
Si Jésus est né un jour du temps, il est surtout à naître en nous, tout au long de notre vie.
Si le sauveur est venu, il reviendra .. et notre existence est une préparation à son retour. ..
Noël, est la parabole de notre avenir ...
Noël est une anticipation de ce monde nouveau annoncé par l'Ecriture où Dieu et l'homme seront reconnus ... et totalement révélés pour ce qu'ils sont.
Noël nous invite à accueillir« l'aujourd'hui de Dieu» dans cet élan d'enthousiasme que manifeste la liturgie de la nativité dans l'antienne du Magnificat.
Aujourd'hui Christ naît pour moi, n'ayons pas peur de naître.
Aujourd'hui Christ naît pour le monde, n'ayons pas peur de témoigner.
Les chants de Noël nous disent que notre naissance humaine n'est pas uniquement dernière nous mais qu'elle est ... devant! car notre situation personnelle, collective et même cosmique .. est une situation de gestation, une situation où s'accomplit un véritable travail d'enfantement où ne sont épargnées à l'homme .. ni les souffrances .. ni les échecs .. ni les
larmes mais où la joie de la naissance du sauveur relayée par la joie de Pâques nous donnent, chacune, le courage du lendemain.
« En vérité, je te le dis déclarait Jésus à Nicodème, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le royaume de Dieu. »
Le Royaume de Dieu .. mais c'est dans l'image de l'enfant Jésus dans la Crèche ... qu'il se manifeste!
... un enfant qui nous projette vers l'avant, qui nous dit le Dieu que nous cherchons à tâtons,
... un enfant dont le visage dans sa pureté, sa vérité, est révélation du visage du Père .
. . . un enfant qui nous renvoie à nos vulnérabilités .. à notre dépendance de l'amour du père car c'est toujours en se découvrant aimé de Dieu, que l'homme naît pleinement à son humanité.
Noël nous révèle que la toute- puissance de Dieu est celle d'un amour qui se bat les mains nues, un amour qui oppose la non-violence à la violence, le pardon à l'offense et que Paix, Justice et Miséricorde dessinent ensemble le portrait de Dieu et nous indiquent de quel côté chercher notre réalisation d'enfant de Dieu ainsi que les responsabilités fraternelles qui en découlent.
Tout se résume dans cette parole du Cardinal Martini, archevêque de Milan:
Le sens ultime de la naissance de Jésus à Bethléem c'est sa naissance dans notre cœur ! (2015-12-25)
Année C - Messe de Minuit -NOEL 2015
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Une religieuse qui faisait visiter la grotte de Bethléem commentait : « ici Dieu s’est fait petit enfant pour que nous n’ayons plus jamais peur de lui ! ». Et nous en avons des peurs, peurs à l’égard de Dieu, peur des autres et peur de nous-mêmes parfois ! Pour changer nos peurs en confiance et en docilité, notre Dieu choisit de se faire enfant, un nouveau-né vulnérable. L’évangile nous dit simplement : « Voici le signe qui vous est donné, vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Voici le signe, le signe de la petitesse par lequel notre Dieu a voulu se faire reconnaître. Qui aurait peur d’un enfant ? En Jésus, Dieu le Créateur du monde et des univers se laisse approcher, toucher, caresser, nourrir et soigner. Il est là dans une totale impuissance ayant tout à recevoir des autres. Avec Marie et Joseph, les bergers seront les premiers à venir lui rendre hommage. Sans bien comprendre sûrement, ils sont là émerveillés et adorant. Ce soir, laissons-nous attirer par ce mystère, le mystère de l’incarnation, mystère du Fils de Dieu venu dans la chair. A portée de main, Dieu est là suscitant notre adoration aimante. Mystère de proximité que nous accueillerons pleinement dans quelques instants, lors de la communion, quand nous recevrons dans nos mains le Corps du Christ. De la crèche à l’eucharistie, ce mémorial qui actualise la Passion et la Résurrection du Christ, c’est le même mouvement par lequel Dieu nous rejoint. Il se fait proche pour que nous nous approchions de lui avec confiance et amour. Il nous donne ainsi d’entrer sans peur dans « cet échange merveilleux » où notre « nature humaine reçoit une incomparable noblesse », comme nous le chanterons tout à l’heure.
Quand Dieu se fait petit enfant, notre nature humaine en reçoit une incomparable noblesse. C’est un second aspect que je voudrais souligner ce soir. Oui frères et sœurs, Dieu lui-même nous apprend à ne plus avoir peur de notre petitesse et de notre condition limitée, mais à les accepter et à les aimer au contraire. Notre petitesse et nos limites, choisies par Dieu, se trouvent remplis désormais d’une noblesse nouvelle. Nous n’avons plus à mépriser notre faiblesse et celle des autres, ni à en avoir peur. Nos peurs ne sont-elles d’ailleurs pas souvent que l’envers de nos rêves de démesure ? Dans une conférence, commentant l’encyclique « Laudato Si » du pape François, notre frère Ghislain suggérait que la pensée du pape était sous-tendue par le « principe de petitesse ». Selon ce principe, le moteur de l’histoire n’est pas la puissance mais la pauvreté. C’est par les petits qu’advient le changement. Ainsi en bon nombre de passages de l’encyclique, le pape François se plait à inviter au respect et à l’émerveillement devant la création en ces plus petits éléments. Ensuite, il plaide pour un rééquilibrage de l’activité économique en faveur des petits producteurs ainsi que des petites entreprises. Enfin, il fait l’éloge des petites actions et des petits gestes d’amour par lesquels tous peuvent changer notre monde. Je cite : « Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie » (211)… “La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas” (222). Cette attention à ce qui est petit, les créatures comme les personnes, ne nous vient-elle pas en droite ligne de la crèche quand Dieu choisit de se faire petit enfant ? Sans bruit, notre Dieu signe un renversement des valeurs en donnant la première place aux petits, aux faibles et aux pauvres. Il nous invite à un nouveau style de vie qui donne place à chacun ; un nouveau style de vie où l’on retrouve le goût de la simplicité ainsi que la noblesse de la sobriété.
En cette nuit de Noël, réjouissons-nous et rendons grâce d’être rejoint par Dieu en notre petitesse. Avec Jésus, nous la lui offrons en sacrifice de louange. (2015-12-25)
Année C - 4° Dimanche de l'Avent - 20 décembre 2015
Michée 5 1-4; Héb 10 5-10; Lc 1 39-45
Homélie du F.Denis
Voici Noël tout proche. Sur la longue façade de la mairie de Saint Léger Vauban, un ruban de lumière annonce les mots toujours attendus, Joyeuses fêtes. Je vous propose, en suivant les trois lectures, de redire les dons que Dieu nous fait pour notre joie chrétienne. Les soucis contemporains ne sont pas loin. Trois mots vont nous guider, Terre, Fraternité, Dieu.
La Terre.
Aux origines Dieu nous a donné la terre y vivre. A Noël, dans la plus grande discrétion, et quand cette vie n'était plus très claire, la terre se renouvelle : on peut, on doit habiter sur la terre comme au ciel, dit Jésus, le Royaume de Dieu est proche. Après beaucoup d'obstacles, c'est le retour possible à une terre habitable, promettait Michée. Avec le Christ venu habiter cette terre, la promesse est tenue et nous devons aimer la terre, la respecter, l'anoblir en beauté, en fécondité, en accueil pour tous. Difficile travail qui fait appel à notre libre activité. Il faut avoir le courage d'aller jusqu'au bout de son humanité », heureuse formule du théologien Theobald. Elle ne conduit pas au stoïcisme païen:- au pur volontarisme, mais a la coopération avec Dieu. Ne compter que ses seules forces personnelles provoque, on le sait, l'obsession personnelle et la tyrannie politique. Travailler avec Dieu donne, au contraire, une vraie liberté. Pourquoi Dieu, qu'on dit si bon, accepte-t-il tant de malheurs sur la terre des vivants ? Parce que ces malheurs, que Dieu n'a pas voulus, demandent pour être vaincus l'effort conjugué de tous, une conquête pacifique mais soutenue, conquête mot qui veut dire quérir ensemble, une conquête qui permet de vivre dans la Paix de Dieu sur la terre comme au ciel. Nous la désirons, Dieu la veut.
Fraternité.
Il y avait deux femmes, deux cousines qui se visitent. Et je vous dis que ce sont deux sœurs ? Ce sont deux sœurs. Sauf l'âge, elles ont en commun, le même désir de Dieu. C'est bien plus qu'un instinct de deux femmes, l'une et l'autre enceintes, soucieuses de s'aider. Elles savent que l'heure vient, non seulement de l'enfantement, mais du salut du monde. Nous sommes bien sur terre, mais, à cette heure, le plus terrestre qu'est un enfantement devient le plus divin. Regardons ce mot sublime de frère. Certains autres noms utilisés pour dire les relations humaines sont, eux aussi, pleins d'humanité, mais Frères dit beaucoup plus. Ce ne sont pas des camarades, partageant la même chambrée et le même combat, soit armé, soit politique et social. Frères et pas seulement des convives ou des copains, ceux qui ont le même pain, les compagnons. Frères et pas seulement des confrères comme sont les médecins, les notaires. Frère, c'est le vrai nom du moine après sa profession. C'est exactement ce que tout homme devient quand il est baptisé dans sa foi au Christ et quand il 'vient communier au corps eucharistique du Christ. Tous frères? Comment cela est-il possible et que faire? Dans vos diocèses, vous avez des guides qui vous orienteront, ce que les moines n'ont pas mission de faire. Mais moines ou pas, nous sommes tous des frères grâce à Dieu, l'Unique.
L'Unique.
L'Unique dans la Bible et sans cesse dans l'Ancien Testament, c'est le nom réservé à Dieu. A Noël, c'est le nom de Jésus. La Lettre aux Hébreux, des juifs devenus chrétiens, insiste en prenant le point central de notre foi, Jésus en donnant son corps en sacrifice a mis fin à tous les sacrifices pour les péchés. Alors que les Grands Prêtres, chaque année donnaient le pardon des péchés de cette année, Jésus, unique grand Prêtre irremplaçable a tout fait et pour toujours en une seule fois. Jésus est l'Unique sauveur de tous les humains devenus en lui des frères.
Qui donc est Jésus? Noël nous pose la question et nous ne cessons pas de chercher à mieux le connaître. Bonne fête pour le cœur de chacun, bonne fête pour le monde. (2015-12-20)
Année C - 3° dimanche de l’Avent – 13 déc 2015
Soph 3 14-18 ; Phil 4 4-7 ; Lc 3 10-18
Homélie du F.Jean Noël
« On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu », la Sagesse populaire le perçoit : ce serait inconvenant. Alors aujourd’hui, juste un mois, jour pour jour, après le vendredi noir, ce vendredi 13, laisser la liturgie de ce dimanche nous inviter à la joie ? De l’inconscience ? Ou quoi ?
Vous me direz : nos lectures ont été programmées bien avant les évènements ! C’est vrai. Et encore ?
1) Un avertissement solennel de Jésus. C’était à Nazareth, dans la synagogue. Sa première prise de parole publique. Il ouvre le livre, fait la lecture et commente : « La parole, c’est aujourd’hui.. » et l’on sait combien les gens ont été remués ? La Parole, c’et pour nous aujourd’hui. Pour notre « aujourd’hui », comme il est.
2) Sophonie. Ses mots lumineux : la joie de Dieu à cause de nous. La Nôtre à cause de lui. Comment ? dans son aujourd’hui. On le sait plus noir que noir ?
3) Et quand Paul nous dit : Ne vous inquiétez de rien. La joie, toujours. Rendre grâce, toujours !
Ce n’était pas bien au chaud, chez lui, à coté d’une tasse de thé fumant ? Tout simplement il était en prison. Pour combien de temps ? Le savait-il seulement ? La joie quand même !!
4) Et Jean-Baptiste ? Quel discours incongru, dans ce monde impitoyable où la joie, c’était d’être le plus fort, le plus dur, le plus grand, le plus… Là, tout le contraire : pas de violence, pas d’injustice, fuir les intrigues, se contenter de ce que l’on a, partager ses biens, sa nourriture. Le monde à l’envers !
Alors la Joie comment ?
Je reprends la formule de Jésus à propos de la paix.(Paix et joie sont cousines).
La Joie comment ? « La joie pas comme »
La joie, pas comme le monde la donne : joie par exemple de quinzaine commerciale avant Noël : joie paillettes et chocolats. Non pas ça ! La joie de Dieu ne peut venir que de Dieu. «Dieu centre lumineux de fête et de joie » comme dit le pape François dans sa belle lettre sur, justement, « la joie de l’Evangile ». Dès le n° 4, il cite d’ailleurs notre texte de Sophonie « Dieu qui met en nous son allégresse… » ajoutant aussitôt en confidence : « Relire ce texte me remplit de vie ». Oui, « François au milieu des loups » comme titre un livre récent… eh ! Bien la joie quand même !! Mais une fois encore, la joie comment ?
Ces temps-ci, on nous invite beaucoup à veiller. Veiller ! C’est cela. Arrêter de courir toujours, à toujours plus. Se contenter du suffisant. S’arrêter, tendre l’oreille.
Apprendre, par exemple, du pauvre homme du Ps 141 à dépasser sa plainte « Personne qui me connaisse, Personne qui pense à moi, Je suis pauvre et malheureux » Moi, Moi
Apprendre de celui du Ps 39, lui aussi « pauvre et malheureux » à refaire surface d’un vigoureux « Mais Seigneur, pense à moi ».
Nous le savons par les Evangiles, c’était là le secret de Jésus. Souvent il s’arrêtait, tendait l’oreille, priait son Père dans le secret, reprenant pieds fermement sur le roc de la Parole, jamais oubliée : « Tu es mon Fils, bien-aimé », réactivant son bonheur de se savoir ainsi aimé, s’y plombant pour vivre tout ce qui venait, son aujourd’hui, comme il venait.
Aimé divinement, comme il l’était, que pouvait-il craindre ?
Et nous ? Si jamais on ne s’arrête ? Si jamais on ne tend l’oreille ? Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Je le sais. Mais c’est bien ce à quoi le Pape François ne cesse de nous inviter dans la « joie de l’Evangile ».
On se ferait certainement du bien à le lire, à le relire, un vrai GPS, pour nous diriger, comme le demande la prière d’ouverture : « Pour nous diriger vers la joie d’un si grand mystère ». Essayons voir !! (2015-12-13)
Année C - 8 Décembre 2015 Immaculée Conception
Ouverture de l’année de la miséricorde
Gen 3 9-20;Eph 1 3-12; Lc 1 26-38
Homélie du F.Ghislain
Nous venons d’entendre l’Annonce faite à Marie. Dans son évangile, saint Luc la fait précéder de l’annonce faite à Zacharie, le prêtre de Jérusalem et, par ricochet, à sa femme Elisabeth, et voilà comment il les décrit : « Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient les observances du Seigneur d’une manière irréprochable » (1, 6). Or ces deux personnes qui ont mené une vie de fidélité, qui ont fini par accepter la stérilité de leur foyer, lorsqu’un ange vient leur annoncer que leurs prières ont été exaucées, qu’ils vont enfin avoir un fils et que celui-ci aura un rôle décisif dans l’accomplissement tant attendu des promesses de Dieu à Israël, c’est tellement fort qu’ils ne peuvent pas y croire. Zacharie et Elisabeth sont parfaits dans la Loi, ils se trouvent dépourvus devant la Prophétie !
De Marie, on ne nous dit rien à l’avance, sinon qu’il s’agit d’une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph. Puis, on nous détaille le message de l’ange. D’abord que l’enfant qu’on lui annonce sera le nouveau David, promis dans les Ecritures et jusque là si attendu. Ensuite, en réponse à une question, déconcertante sur les lèvres d’une femme déjà accordée à un homme, l’Ange dit que l’enfant sera conçu du saint Esprit et qu’il sera appelé Fils de Dieu. Et Marie acquiesce, simplement. Peut-être fallait-il l’Immaculée Conception pour que Marie pût donner un consentement si simple à une invitation si immense, démesurée, inattendue. Une situation de pureté intérieure, de familiarité totale et simple avec Dieu, de naïveté sans calcul et de courage d’autant plus fort devant le futur imprévu et imprévisible que cette naissance va amener avec elle,
Aujourd’hui s’ouvre une année de la miséricorde. Dans un monde de violence, d’insécurité, de terrorisme, de crise financière, de replis identitaires… Pour accueillir cette année, il nous faut sans doute doucement, sans discussion inutile, en confiance filiale, retrouver en nous, au-delà même de nos fidélités à la Loi divine, ce petit espace immaculé qui existe, qui existe vraiment, que Dieu n’a pas laissé polluer, dans nos personnes et dans nos communautés. Et dire alors, en communion les uns avec les autres que, devant ce message assez inattendu que Dieu nous adresse par le Pape François, « nous sommes des serviteurs et des servantes ». Chanter le Magnificat. Attendre des merveilles. (2015-12-08)