Homélies
Liste des Homélies
Année A - JEUDI SAINT
13.04.2017
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du Père Abbé
Frères et sœurs,
« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? » demande Jésus à ses disciples… « Plus tard, tu comprendras » disait-il encore un peu avant à Pierre récalcitrant à l’idée de se faire laver les pieds par son maitre… Plusieurs fois, les évangiles se font l’écho de la difficulté des disciples à comprendre ce qu’ils sont en train de vivre avec Jésus. Vous me direz : « il y avait de quoi »… En effet, Jésus semble assez souvent vouloir entretenir un certain « clair-obscur » dans ses paroles quand il parle en paraboles, par ex (cf Mc 4,13) ou quand il pose des actes qui semblent complètement déplacés, au regard des usages habituels. Tout se passe comme si Jésus redoutait que les choses le concernant soient trop évidentes.
Ce soir donc, que comprennent les disciples ? Nous ne le savons pas bien. Le récit nous laisse entendre qu’il y a différents niveaux de compréhension, une compréhension immédiate et une compréhension à posteriori. Dans l’immédiat, Jésus invite ses disciples à comprendre son geste comme un exemple qu’il leur donne. « Si moi, le Seigneur et le Maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Au sens strict, c’est la seule fois où Jésus se donne en exemple dans un geste très concret, invitant à faire comme Lui. Un peu plus loin, il exhortera de façon plus générale ses amis à garder ses commandements, comme lui-même garde les commandements de son Père (15, 10), et à s’aimer les uns les autres comme il les a aimés (15, 12). Ce soir, il nous faut donc prendre la mesure de la force du lavement des pieds, comme l’unique geste de Jésus laissé en exemple à nous ses disciples. Suivre Jésus, l’imiter, n’est donc pas une chose si lointaine : il nous suffit de nous mettre aux pieds de nos frères pour les servir… Une fois, on me racontait, qu’un nouveau supérieur nommé, arrivait dans une communauté religieuse. Après s’être présenté devant les frères qui l’accueillaient comme tel pour la première fois, il a proposé à tous les frères présents qui ne s’y attendaient pas, de leur laver les pieds… En silence, sans plus de paroles, il situait à sa juste place sa nouvelle fonction de supérieur.
Après une compréhension immédiate, les disciples avec Pierre sont invités à une compréhension à postériori de ce qu’ils vivent. Le lavement des pieds contient en effet quelque chose d’inconvenant, voire d’intolérable, comme l’a bien pressenti Pierre. Il n’est pas normal que le Seigneur s’abaisse ainsi. Non, ce n’est pas décent. L’abaissement de Jésus figure ici l’abaissement plus abyssal qu’il vit depuis les premiers instants de sa conception dans le sein de Marie. « Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » a compris Paul. Abaissement qui trouvera toute son expression sur la croix : « devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix », comme nous le chanterons plusieurs fois durant les offices de ces jours saints. Seule la résurrection de Jésus donnera la clé de compréhension du geste prophétique de Jésus. Il lavait les pieds de ses disciples pour les laver de leur péché par le sang de la croix et la régénération de la résurrection. Clé de compréhension dont les disciples apprendront peu à peu à se saisir pour relire dans toutes les Ecritures, le grand projet de Dieu sur les hommes.
Et nous, ce soir, que comprenons-nous ? Peut-être nous faut-il aussi accepter de ne pas tout comprendre. Si notre intelligence saisit la portée du geste de Jésus, notre cœur ou notre volonté ont plus de mal à adhérer. Ainsi sommes-nous souvent capable de résister pour nous mettre à genoux devant nos frères. De même, nous peinons à nous laisser lavés, aimés par le Christ qui attend notre consentement pour transformer nos vies. Oui, dans nos vies, acceptons qu’il y ait plusieurs niveaux de compréhension. Et réjouissons-nous que l’Eglise dans sa liturgie nous offre patiemment d’entrer plus avant dans l’intelligence du mystère du Christ. En nous conviant ce soir à faire mémoire du seul geste de Jésus proposé en exemple, elle nous entraine à devenir avec audace, des instruments et des témoins de l’Amour divin : « Où sont amour et charité, Dieu est présent ».
En nous proposant ce soir ainsi qu’en chaque eucharistie de faire mémoire du corps livré et du sang versé, l’Eglise nous apprend à nous laisser transformer par l’action liturgique. Par elle, le Christ Grand Prêtre nous entraine dans son offrande au-delà de ce que nous pouvons en comprendre. Par elle, la vie du Ressuscité nous est communiquée au-delà de ce que nous pouvons en saisir. D’eucharistie en eucharistie, le Christ rassemble son Eglise. Sans que nous sachions toujours bien en rendre compte, « quand nous mangeons sa chair immolée, nous sommes fortifiés ; quand nous buvons le sang qu’il a versé pour nous, nous sommes purifiés », comme nous le chanterons dans la préface.
Frères et sœurs, comprenant sans tout bien comprendre, accueillons avec foi aujourd’hui le geste du Christ qui vient nous sauver.
Année A - RAMEAUX - 09.04.2017
Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26,14 – 27,66
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Un mot ressort fortement du long récit de la passion que nous venons d’entendre, c’est le mot : « Pourquoi ? » Dans la bouche de Jésus, ce mot a jailli comme un cri, comme une ultime prière adressée à Dieu son Père. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Dans la bouche de Jésus, ce « pourquoi » peut surprendre. Ne semblait-il pas dès le début du récit de la passion savoir tout ce qui allait advenir : la trahison de Judas, le reniement de Pierre ? N’avait-il pas célébré la Pâque en présentant le pain et le vin, comme l’offrande anticipée de son corps livré et de son sang versé ? N’a-t-il pas accepté au jardin de Gethsémani d’entrer dans les évènements qu’il pressentait, comme étant la volonté de son Père ? N’a-t-il pas reconnu devant le Grand Prêtre qu’il était le Fils de l’Homme qui siègerait bientôt auprès de Dieu dans sa Gloire ? Tout se passe comme si Jésus qui savait a accepté de ne plus savoir. Tout se passe comme si Jésus qui pouvait a accepté de ne plus pouvoir…Lui, le Fils de Dieu, le Verbe fait chair a accepté d’aller au bout de notre humanité, avec tous ces « pourquoi ». Il a consenti à n’être plus devant les hommes et devant son Père, qu’une chair déchirée par les coups, un esprit humilié par les injures, un cœur broyé par les trahisons et par le sentiment d’être abandonné par son Père…une humanité défigurée qui n’est plus qu’une question : « pourquoi »… Dans ce « pourquoi » de Jésus sont contenus tous nos pourquoi. Le « pourquoi » innocent des jeunes enfants qui assaillent leurs parents de question. Le « pourquoi » du jeune désemparé devant l’adulte qui ne le bafoue ou le piétine dans sa dignité. Le « pourquoi » de la mère qui voit souffrir et mourir son enfant. Le « pourquoi » des hommes et des femmes pris dans des conflits dans lesquels ils n’ont rien à voir. Le « pourquoi » devant le mal qui peut parfois rôder dans nos vies jusqu’à nous faire tomber. Jésus, l’innocent, a laissé s’imprimer en sa chair tous nos « pourquoi » impuissants devant l’injustice, la souffrance et la mort. Porte-parole de tous nos « pourquoi », Jésus reste apparemment sans réponse. Elle viendra au matin de Pâques, comme une espérance, l’espérance qu’en Jésus ressuscité par Dieu, nos « pourquoi » ont été entendus par son Père. La résurrection de Jésus viendra comme une lumière, comme une paix, comme un pardon qui ne résout pas nos « pourquoi », mais qui peut nous permettre de les porter avec Jésus. Avec Lui, nous découvrons qu’en Dieu se trouve la Vie où tout prend sens. Que les célébrations de cette semaine sainte nous fassent passer avec Jésus, de la mort à la Vie. (9 avril 2017)
Année A -5e dimanche de Carême, semaine (2 avril 2017)
Ez. 37, 12-14 Rom. 8, 8-11 Jean 11, 1-44
Homélie du F.Ghislain
Lorsque Jésus apprend la nouvelle de la maladie de Lazare, il a une réflexion inattendue : « cette maladie…servira à la Gloire de Dieu » et il précise : « c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié ». Que veut dire Jésus ? Pour le comprendre, il faut écouter la prière que Jésus adresse à son Père, juste avant de crier à Lazare de sortir du tombeau : « Père,… certes je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé » Ainsi, la Gloire de Dieu, c’est que soit reconnu le lien étroit entre Jésus et Lui. Jésus, - il le répète bien des fois dans l’évangile de saint Jean -, fait toujours la volonté de son Père, et le Père exauce toujours la prière de son Fils. Cet homme, qui vient d’arriver à la prière des sœurs de Lazare, il est en plein accord avec Dieu et Dieu trouve sa joie en Lui. Et pour manifester cette communion parfaite , Jésus va faire ce qu’aucun homme ne peut faire, si cela ne lui est donné d’En Haut : rendre la vie à un mort. La victoire de la vie, dont la sortie de Lazare du tombeau va être le signe, c’est le fruit de la communion entre le Père et le Fils : une communion faite de demande fidèle et de réponse totale. La manifestation de cette communion révèle le lieu de la Gloire de Dieu. Ou encore, ce que les gens voient, quand Lazare sort du tombeau, c’est la Gloire qui résulte de l’accord profond entre le Père et le Fils. Si Jésus dit à Marthe : « Je suis la Résurrection et la vie », cela lui est donné par son Père. Un homme ne peut pas ressusciter un mort, pas plus qu’il ne peut donner la vue à un aveugle, mais s’il demande de faire ces choses qui font triompher la vie et la lumière, cela lui est donné. Comme Jésus le dit ailleurs dans l’évangile : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ».Il me semble que, si nous nous bornions à regarder Lazare qui sort du tombeau, sans accueillir ce que ce signe révèle, l’union du Père et du Fils, nous manquerions le message essentiel de cet évangile.
Mais il y a encore davantage : ce Jésus, qui est « la Résurrection et la Vie »,et qui donne la vie à celui qui croit, il se manifeste aussi, à ce moment crucial, comme un homme sensible, fragile presque, en proie aux plus humains des sentiments. Alors qu’il s’approche de la tombe de son ami, il « frémit et se trouble », le texte nous le répète deux fois. Et finalement, il pleure. Au point que son amitié pour Lazare est évidente pour tous : « Voyez comme il l’aimait », et elle engendre une sorte de protestation : « Lui, qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, n’a pas été capable d’empêcher la mort de son ami ». Au moment de manifester la puissance qui lui vient de sa relation à son Père, le voici frémissant, désemparé, en pleurs. Personne n’a été plus homme que lui. Manifesté comme Fils de Dieu par, la résurrection dd Lazare, il se révèle un vrai Fils d’homme par la fragilité de sa tendresse. Il faut que les yeux de notre foi se portent ensemble sur ces deux aspects qui nous sont révélés.
Mais il y a encore autre chose : ce que nous venons d’entendre, et qui appelle notre contemplation, se passe à la veille des Rameaux. Il ne faudra pas une semaine pour que le Fils ne soit livré aux mains des pécheurs, qu’il ne soit flagellé, crucifié et qu’il ne meure, le cœur pris entre l’intense désarroi de l’abandon : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » et l’absolue persévérance dans le don : « Tout est consommé ». Thomas le disciple pressentait cela quand Jésus s’est mis en route pour Jérusalem et il a dit : « Allons nous aussi et mourons avec Lui ».
Qu’est-ce que nous pouvons faire de ce récit avec ses trois volets presque contradictoires ?
Il nous faut d’abord, je crois, l’écouter. Puis le relire, le répéter. Le faire nôtre jusqu’à ce qu’il entre en nous, qu’il nous pénètre, comme dit saint Paul, à la jointure de l’âme et de l’esprit.
Dans le discours après la Cène, Jésus, un peu déçu, dit à un de ses disciples : « Depuis si longtemps je suis avec vous et vous ne m’avez pas connu ». Prenons donc le temps de connaître le Christ, dans la gloire de sa Divinité échangée avec le Père. Dans son exquise sensibilité d’homme qui sait aimer, frémir, trembler, pleurer. Dans le trouble d’un être abandonné dans son attente, précipité dans la mort alors qu’il voulait donner la vie, et qui se garde pourtant fidèle. Connaître Jésus ainsi, c’est se disposer à recevoir la vie, moment après moment, à ressusciter.
Prenons aussi le temps de nous connaître nous-mêmes, - chacun de nous. Ce qui nous semble le plus évident peut-être, c’est l’épreuve : nos attentes déçues, nos sensibilités éprouvées, nos échecs sensibles. Mais l’évangile d’aujourd’hui nous invite à aller plus profond, à ne pas rester à la surface de nous-mêmes, à rejoindre cet espace caché en nous dont il faut retrouver le chemin : là où Dieu fait alliance avec nous, là où nous répondons à sa Parole. Chacun de nous a son espace de gloire : le tout est de s’y rendre et, autant que cela nous est donné, y demeurer. Alors, nous aussi, sans le savoir peut-être et ce sera mieux ainsi, nous donnerons la vie en abondance.
Prenons enfin le temps de progresserons dans la connaissance vraie des autres. Eux aussi, - chacun sans exception -, a son jardin secret, sa justice incorrompue, sa relation vive avec lui-même et un Dieu que, peut-être, il ne peut pas nommer. Eux aussi ont leur sensibilité d’homme ou de femme. Eux aussi sont en proie à des blessures inguérissables. Eux aussi donnent parfois, souvent, très souvent la vie à qui sait les accueillir.
Prions, mes frères, les uns pour les autres, afin qu’en Jésus la vie revienne dans notre monde de mort. (2 avril 2017)
Année A - 4ème dimanche de Carême, 26 mars 2017
1 Sam 16 1-13; Eph 5 8-14; Jean 9 1-41;
Homélie du F.Bernard
Réveille-toi, ô toi qui dors
Relève-toi d’entre les morts
Et le Christ t’illuminera
Cette hymne baptismale, nous venons de l’entendre dans la 2ème lecture ; elle est tirée de la lettre aux Ephésiens. Elle s’adresse par priorité aux catéchumènes qui recevront le baptême à la nuit de Pâques. Elle s’adresse aussi à nous tous, jeunes du catéchisme, ou plus âgés qui avons toujours à faire davantage écho à la parole du Christ en nous. Faire écho, c’est cela la tâche de la catéchèse, c’est la tâche de la foi. Nous tous, en cette nuit de Pâques, nous renouvellerons solennellement nos engagements baptismaux, par un triple nous renonçons, nous renonçons au péché et aux voies qui y mènent, et un triple nous croyons, nous croyons en Dieu Père, en Dieu Fils, et dans l’Esprit Saint qui est Dieu.
Se réveiller, se relever, ce sont les deux verbes qui dans la langue grecque des évangiles disent la Résurrection. Jésus, le premier, s’est réveillé du sommeil de la mort, s’est relevé au matin de Pâques. A sa suite, nous avons part aussi à son Réveil, à son Relèvement. Mais ce que nous avons reçu, la grâce de notre baptême, nous avons à le faire passer dans notre vie.
Aussi, l’Apôtre, dans la lettre aux Ephésiens, continue : « Dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez en enfants de lumière. Or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice, vérité ».
C’est dans cette lumière reçue et pour mieux en vivre, que nous voulons entendre l’Evangile de ce jour. Dimanche dernier, nous était présentée une femme à la vie compliquée, appartenant à un peuple avec lequel les Israélites ne voulaient pas avoir de relations, une Samaritaine. Aujourd’hui u aveugle de naissance, un handicapé. Dans la mentalité de l’époque, comme aujourd’hui encore en bien des groupes humains, on attribuait le handicap à une faute, un péché, péché de la personne atteinte ou de ses parents. Mais pour Jésus, il n’en est pas ainsi : cet handicap est pour manifester l’œuvre de Dieu.
Donc une femme, un homme, et à travers eux deux, c’est toute l’humanité en souffrance, en errance, qui est évoquée, et aussi vous et moi, toute cette humanité que le Fils de l’homme, venu en ce monde, est venu chercher et sauver. On parle souvent de la guérison de l’aveugle né. Ce n’est pas très exact. L’aveugle n’a jamais vu. Il serait plus juste de parler, à mon avis, de création, comme est une création le sacrement du baptême. L’Apôtre le dit expressément : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. L’être ancien a disparu. Un être nouveau est là (2 Cor 5,17) ». Peut-être est-ce pour cela que Jésus enduit les yeux de l’aveugle de boue, comme pour rappeler la boue des origines, dont le Seigneur s’était servi pour façonner le premier homme?
« Va te laver à la piscine de Siloé ». L’aveugle aurait pu répondre : « Il ne m’est pas permis de le faire le jour du sabbat » Alors rien ne se serait produit. De même la Samaritaine aurait pu refuser d’entre en relation avec Jésus, sous le prétexte que Juif et Samaritains ne se parlent pas. A l’origine de tout acte de foi, il y a bien un acte d’obéissance, de confiance. J’accueille ce qui me vient de celui que j’apprends peu-à-peu à reconnaitre comme le Seigneur de ma vie. Progressivement le dialogue avec la Samaritaine s’approfondit, l’aveugle qui maintenant voit de ses yeux de chair, s’enhardit face aux autorités religieuses qui le questionnent.
Car Jésus accomplit cette œuvre de salut un jour de sabbat. Faut-il obéir à la loi du sabbat, ou bien à celui qui parle avec l’autorité de Dieu et accomplit des signes messianiques ? Grave question, qui occupe tout l’Evangile. L’aveugle a reconnu Jésus comme un prophète, un homme venant de Dieu. Il est capable maintenant d’aller plus loin, de rencontrer Jésus pour le confesser comme son Seigneur et Sauveur.
C’est le dialogue final : « Crois-tu au Fils de l’homme ? -- Et qui est-il Seigneur?-- C’est lui qui te parle--Je crois, Seigneur ». Ce sont les mots mêmes que nous prononcerons à la Vigile pascale. Pour nous y préparer, gardons en mémoire les paroles de l’hymne que nous citions au début : » Réveille-toi, ô toi qui dors. Relève-toi d’entre les morts. Et le Christ t’illuminera ».
Fr. Bernard.(26 mars 2017)
Année A - 3 dimanche de Carême - 19 mars 2017
Ex 17 3-7; Rom 5 1-8; Jean 4 5-42;
Homélie du F.Vincent
Midi sur la plaine, Jésus est fatigué par cette route de grand soleil. Il s'est assis au bord d'un puits, celui-là même que fréquentait jadis, Jacob et ses troupeaux. Que de caravanes, de lassitude, et de soif ont abouti là ! Mais aussi que de rencontres, d'alliances et de rendez-vous amoureux se sont tissés auprès de ces eaux vives !
Elle, elle vient avec sa cruche ; elle porte toute la fatigue de sa vie, comme une soif d'amour jamais étanchée. On ne connaît pas son nom, seulement son sobriquet : «la samaritaine ». Un sur-nom d'étrangère, méprisé par les juifs. (La Samarie, on essayait de l'éviter quand, en bon juif on allait de la Galilée en Judée). Une femme seule donc, une samaritaine et qui n'est pas en règle avec le mariage : trois raisons largement suffisante pour un bon juif, d'éviter tout contact !
Mais, Jésus ignore tous ces risques de contamination : Ce n'est pas par hasard qu’il sait que c'est elle, la Samaritaine, qui a vraiment soif. Sans le savoir, elle a soif d'amour, soif de celui qui est amour. Souvent, la demande d'un service ouvre le cœur et donne l'occasion de se confier.
C'est ainsi que la Samaritaine, après avoir exprimé sa surprise de voir Jésus lui demander à boire, en vient à lui dévoiler sa vie, sa vie ratée ! Alors, Jésus se révèle à elle, il lui dit même qu'il est le messie attendu. Il désaltère ce cœur assoiffé et en fait un apôtre dans son milieu. Elle était venue chercher de l’eau mais en repartant elle n'a pas remporté sa cruche ; elle n'avait plus besoin de choses anciennes, puisqu'elle avait découvert la nouveauté du Don de Dieu. « Si tu savais le don de Dieu », ce que Jésus a dit à la Samaritaine ; il le dit aussi à chacun d'entre nous qui sommes à l'écoute de cette parole de Dieu aujourd'hui.
Le don de Dieu, c'est un amour gratuit qui pardonne, qui instaure la paix en nous et qui insuffle l’espérance dans toute vie humaine. Le Don de Dieu, c'est surtout Jésus . Sur notre route pascale, nous, peuple de pèlerins, nous sommes attendus, par Jésus au bord du puits où Il nous offre l'Eau Vive, cette eau vive qui a coulé de son cœur sur la Croix et qui est l'Esprit de renaissance.
Chaque fois que nous sommes rassemblés au nom de Christ nous avons à re-naître à notre baptême ; chaque fois c'est la grâce de notre baptême qui se trouve vivifiée et le don de l'Esprit qui se renouvelle en nous.
Voici une bonne nouvelle pour nous en ce dimanche ! Le Christ est là : il nous rejoint dans touts les situations de notre vie, même les plus compliquées. Il nous offre à tous, la source jaillissante pour la vie éternelle. Cette source qui a transformé la vie de la samaritaine peut aussi transformer la nôtre. Elle peut faire de nous, comme elle l'a fait pour la samaritaine, des messagers de la bonne nouvelle auprès de tous ceux que nous rencontrons. En communion les uns avec les autres nous pouvons proclamer : « Oui, nous savons que tu es vraiment le Sauveur du Monde ».
(diverses sources - 19 mars 2017)
Année A 2ème Dimanche de carême - 12 Mars 2017
Gn 12,1-4a 2ème Tm 1,8b-l0 Mt 17,1-9
Homélie fr. Antoine
Frères et Soeurs, dimanche dernier nous avons vu Jésus sous son aspect
le plus humain, où au cours de ses trois tentations, il se révèle un homme ordinaire, vivant la
condition humaine de son époque, sans aucun privilège.
Aujourd'hui c'est un autre visage de sa personne qui se révèle dans un cadre
exceptionnel: la haute montagne, un grand phénomène lumineux, la nuée ombrée, une
voix qui vient du ciel. .. autant de signes éclatants de la présence de Dieu ... d'une présence
réelle de Dieu ... enveloppant la personne même de Jésus.
La vraie foi chrétienne n'est pas uniquement de penser que Dieu existe, mais d'oser
affirmer que la gloire du Dieu unique, ce Dieu qui domine tout le texte du premier testament,
ce Dieu d'Israël, habite le visage d'un homme totalement humain, d'un homme entré darls
1 'histoire .. à une époque donnée
« Dieu s'est fait homme pour que l 'homme soit fait Dieu» a écrit St Irénée et cet épisode
de la Transfiguration nous renvoie à notre avenir, celui de notre humanité, qui, si fragile
qu'elle soit, n'est pas destinée à finir uniquement en poussières, mais qu'elle est destinée à
être transfigurée à l'image de ce qui est rapporté dans la parabole de l'Ivraie où « les justes
resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. »
Telle est la densité éternelle que prend alors chacun de nos actes. Beaucoup de nos-
dédisions, de nos orientations ne sont pas indifférentes, mais pèsent d'un poids .. d'éternité !.
Les disciples auront le devoir d'annoncer ce qu'ils ont vu et expérimenté non seulement
du Christ transfiguré mais aussi du Christ dans sa passion et sa Résurrection, et la finale de
notre Evg d'aujourd'hui, nous invite à quitter la montagne et à redescendre dans le plat pays
de notre quotidien .... où elle nous pose alors bien des interrogations.
• Les disciples voulaient planter trois tentes, avons-nous le désir d'inscrire nos vies dans l'
histoire d'un compagnonnage avec le Christ? histoire faite de joies et d'épreuves, histoire ..
qui s'achèvera par la résurrection de la chair annoncée par Jésus?
• Espérons-nous en un ciel nouveau, une terre nouvelle où nos corps seront transfigurés où
notre humanité toujours prompte à guerroyer sera enfin rassemblée dans la paix et l'unité?
• Désirons-nous témoigner, à notre manière, de la bonne nouvelle de l'Evg, au cœur d'une
société où tant de nos contemporains sont en quête de sens et ne savent.plus aux jours actuels
en qui et en quoi ils peuvent croire et faire confiance?
r
• Acceptons-nous d'entrer dans ce temps du carême qui est un temps de conversion
authentique et profonde un temps de transfiguration où nous déposons le personnage que
nous nous sommes bâti ainsi que l'image que nous nous sommes construite de nous
même, pour devenir disciple et affronter l'obstacle de l'indifférence, parfois de l'ironie ...
professées par ceux qui traitent d'obscurantisme nos valeurs chrétiennes.
• En ce dimanche où le récit de la transfiguration du Christ anticipe la lumière de Pâques
acceptons-nous le défi d'écouter chaque jour cette voix du Père qui, nous dit comme à Pierre,
Jacques et Jean « Celui-ci est mon fils bien aimé ... soyez sans crainte ... écoutez-le » - 12 mars 2017
Année A – 1° dimanche de Carême - 5 mars 2017
Gen 2.7 – 3.7 ; Rom 5 12-19 ; Mt 4 1-11
Homélie du F.Jean-Noël
Avez-vous remarqué la prière d’ouverture, sa demande pour ce 1° dimanche de Carême ? Elle ne demande, ni le courage de jeûner trois fois par jour, ni le discernement pour savoir combien réduire café, sucrerie, vagabondage sur la toile et autres drogues. Rien de tout cela. Et cela m’est bien confirmé par le choix des lectures de ces jours-ci : les plus claires mises en garde, tant de l’AT que du NT.
Mais ce matin, c’est ceci : « Accorde-nous tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus-Christ, et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ». Rien que cela. Mais tout cela. Pour tout le Carême. Et pour que ce soit bien clair, nos deux lectures : la Genèse, l’Evangile. Deux chemins (puisque l’on parle de progression) deux chemins contrastés.
La Genèse, le chemin d’Adam. Premier matin du monde. Adam beau comme un dieu. Le jardin. Et curieusement, ce Satan est déjà-là, sans que l’on sache d’où il vient celui-là ! Peut être manière de dire la fragile condition humaine : on n’est pas des robots tout bien programmés. Il y aura à faire des choix, à se déterminer, Adam le premier. Une parole l’a créé, il vivra de la parole accueillie dans la confiance, à moins que… Et nous savons que cela s’est mal passé ! Ne lui jetons pas la pierre. Il était tout nouveau dans le jardin, et comme il sera dit plus tard du petit Samuel – et encore moins que lui, pas du tout habitué à entendre Dieu lui parler. De plus Eve, placée là pour l’aider, ne l’avait pas aidé. C’est le moins qu’on puisse dire. C’est déjà un avertissement pour nous.
Et maintenant, notre page d’Evangile : Dieu, après avoir parlé à bien des reprises et de bien des manières, parlé à des générations de « craignants Dieu », en combien de désert, d’Abraham à Joseph, à Marie, Dieu a parlé comme jamais encore : « Tu es mon Fils bien-aimé », il a parlé et il a été entendu comme jamais encore.
Nouvel Adam, Jésus n’a eu d’oreilles que pour cette parole là qui le constituait, qui le faisait vivre. C’était sa nourriture, le roc qui le fondait, le posait et cela seul. Rien d’autre !
Alors courir en quête de prestige, de notoriété, de ce pouvoir devant prétendument nous poser en homme, très peu pour lui. « Arrière Satan ».
Le choix de Jésus est fait. Tenir jusqu’au bout. Nous le voyons bien à la croix où nous retrouvons Satan et ses mensonges sur les lèvres des chefs du peuple.
« Descends voir de ta croix »
« Fais nous voir, un signe, nous croirons ».
Jésus ne déviera pas de son chemin de confiance en la seule parole du Père. C’est mon chemin. Il nous avait d’ailleurs dit qu’il n’y en avait pas d’autres, pour nous aussi après lui. « Je suis le chemin ». Notre chemin de par notre baptême.
Mais dîtes, qu’est-ce qu’un chemin, s’il n’y a pas de cheminement ? Notre cheminement, « progression » comme dit la prière. Progression vivante, d’une vie de plus en plus croyante, de plus en plus fondée, assurée sur la Parole inlassablement écoutée. Tout un carême pour nous y mettre et nous préparer à donner une réponse claire aux questions qui nous seront posées au cœur de la Vigile Pascale : « Croyez vous en Jésus-Christ ? ».
Pensons-y tout à l’heure : ces quelques pas pour communier, ou enfants, pour recevoir au front le rappel, le signe de notre baptême..
Cheminent d’une vie de plus en plus croyante. (5 mars 2017)
Année A - Mercredi des CENDRES -
01.03.2017
Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et Sœurs,
En ce jour, un appel retentit pour chacun de nous et pour toute l’Eglise par le prophète Joël : « revenez au Seigneur de tout votre cœur…car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour »… ou encore par la voix de l’apôtre Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu…ne laissez pas sans effet la grâce de Dieu »…
Oui, quelqu’un nous appelle… De nouveau, notre Dieu nous appelle à revenir vers Lui. Peut-être pouvons-nous avoir l’impression de ne pas nous être éloignés de Dieu. Nous sommes de bons pratiquants, nous faisons tout ce qui nous est demandé. Avons-nous rompu l’alliance avec Dieu ? Pourquoi faire de nouveau ce chemin quadragésimal ? En quoi nous faut-il revenir si nous avons l’impression de ne pas nous être tant éloignés ? L’Eglise nous offre ce temps de conversion dans la conscience que nous n’avons pas fini de connaitre Notre Dieu et de nous ouvrir à son Amour. Penser que nous en avons fait suffisamment, et qu’il suffit de poursuivre sur sa lancée dans une certaine routine, c’est quelque part s’arrêter d’avancer. C’est sans s’en rendre compte se couper de la source d’Amour qui jaillit du cœur de Dieu. C’est bien peu connaitre Celui dont l’Amour dépasse toute connaissance et c’est aussi bien peu connaitre combien son Amour peut nous rendre davantage capable d’aimer à notre tour…
Durant quarante jours, dans le jeûne, la prière et le partage, nous allons nous exercer à nous détourner de nous-mêmes, afin de nous livrer davantage à l’Esprit Saint, comme nous le chanterons dans la préface. La grâce nous est offerte de retrouver une relation plus vivante, plus intime avec notre Dieu, ainsi qu’une relation plus juste avec nos frères. Oui, frères et sœurs, livrons-nous davantage à l’Esprit Saint. Soyons attentif à ce qu’il peut nous suggérer pour aller davantage vers les autres. Soyons à l’écoute des mouvements intérieurs par lesquels il nous incline à prier plus assidument. Sachons aussi le reconnaitre dans les appels qui viennent parfois bousculer nos vies, qui peuvent nous déranger. L’Esprit Saint, grâce de vie nouvelle, nous entraine à marcher à la suite de Jésus pour mourir à nous-mêmes afin de renaitre avec Lui à la Vie nouvelle. Par notre baptême, cette vie est déjà donnée en germe. Librement en consentant à la laisser se déployer en nous, nous devenons ce que nous sommes des enfants de Dieu appelés à rendre gloire à leur Père des Cieux…
Oui, convertissons-nous, revenons au Seigneur et croyons à cette bonne nouvelle de la Vie de Dieu à l’œuvre dans nos existences. (1/03/2017)
Année A - 8e dim TO - 26 février 2017
Is 49/14-15, 1Co 4/1-5, Mt 6/24-34.
Homélie du F.Cyprien
Le sermon sur la montagne n’est pas lu intégralement pendant les dimanches ordinaires : des passages seront lus au Carême qui arrive, et aujourd’hui, après l’amour des ennemis, le titre de la section, dans la Bible que je consultais, est intitulé : « Au lieu de s’inquiéter, chercher d’abord le Royaume ».
« Au lieu de s’inquiéter » : effectivement il y a un mot qui revient plusieurs fois dans l’Evangile de ce jour…se soucier, se faire du souci… « Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »
Il s’agit du souci que nous nous faisons tous les jours pour les choses qui nous occupent …et qui nous empêchent de nous soucier de l’essentiel…
Impressionnant (bis) … le temps que nous passons à penser à des choses pour lesquelles il n’y a pas, vraiment pas de souci à se faire…
Quand Jésus annonce que le Royaume de Dieu s’est approché de nous, il rend attentifs à quelque chose dont l’importance n’est pas tout de suite évidente ; ce Royaume de Dieu est pourtant ce dont nous devons nous soucier d’abord et avant tout.
Parlons un peu, par ex., de nos pensées… nous, roseaux pensants… !
« D’où venons-nous ? Où allons-nous ? » …et surtout souvent… « Que mangerons-nous ce soir ? » !
Quel sens est-ce que je donne à ma vie si je me préoccupe de ce que je vais manger à midi plutôt que d’accepter d’être dérangé par mon prochain qui me sollicite?
Je pense …et souvent je perds du temps à penser …à penser des choses qui m’encombrent…ou même qui polluent mon esprit…
Quel sens est-ce que je donne à ma vie si l’aspect matériel de ma vie m’empêche de regarder au-delà de mes inquiétudes, au-delà de l’immédiat et de ma vie à moi ?
« A chaque jour suffit sa peine » : c’est la fin de l’Evangile de ce jour : Jésus en utilisant le mot de peine (« A chaque jour suffit sa peine ») ne semble pas contester pas la dureté du quotidien pour nous. Oui, nous nous donnons de la peine, c’est vrai…
Mais le début du passage commence ainsi : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, faites-vous des trésors dans le ciel... Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Et nous avons entendu que nous ne pouvions pas servir deux maitres.
Simple sagesse humaine ? Jésus ne dit rien d’original …mais, mais il nous parle depuis sa vie à Lui, lui le Fils du Père, lui qui vivait dans son intimité, attitude et vie de Jésus, vie de Jésus qui a fasciné les premiers disciples…Pour nous de même il s’agit de notre relation à Dieu et donc de notre destinée, … il est bon d’y réfléchir et surtout d’y revenir!
Jésus nous avertit pour que nous nous attachions au moment présent, le moment « présent » au sens « cadeau »… présent qui est le seul temps que nous pouvons vivre en nous rattachant à Dieu, seul moment qui donnera sens à notre dignité et à notre personne, en lien avec Dieu et avec les autres.
NB Je peux penser que j’ai vécu dans la foi, l’espérance et la charité jusqu’à maintenant, mais ce passé, ce vécu deviennent maintenant l’objet du jugement et de la miséricorde de Dieu… De même l’avenir de ma vie ne m’appartient pas, il ne peut qu’être confié à l’espérance que Dieu me donne, à l’assistance de sa grâce.
C’est dans l’instant présent que nous rejoignons Dieu dans son éternité : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous, le royaume de Dieu est en vous ».
Si l’on veut bien comprendre, ce sont les gens désencombrés qui peuvent vivre pleinement cette présence à Dieu et aux autres : leur trésor est dans ce qui advient; cela les établit dans une paix qui ne vient pas ‘d’ailleurs’ : cette paix dans la charité, dans la confiance, le Royaume la fait effectivement advenir dans le moment présent, à l’intérieur de nous, car « le Royaume s’est approché », Dieu est là, « mon Père et votre Père » disait Jésus, Jésus lui dont nous pouvons vivre de sa Vie aujourd’hui…Y croyons-nous ? - 26 février 2017 -
***
Année A – 7° dimanche du Temps Ordinaire – 19 février 2017 –
Lev 19 1-2, 17-18 ; 1 Co 3 16-23 ; Math 5 38-48 ;
- Homélie du F.Damase
En ce dimanche, l’Evangile nous situe au cœur du Sermon sur la Montagne, Jésus nous adresse un appel fort : «Vous serez parfait, comme votre Père céleste est parfait ». Un appel, difficile à réaliser, si nous sommes seuls ; mais possible si nous adressons à notre Dieu.
Comme le Pape François le répète inlassablement : Dieu est Amour et son amour le pousse à faire miséricorde. Avec notre Dieu comme compagnon de route, nous pouvons espérer « devenir parfait » comme il le désire pour chacun de nous. Nous sommes créés à son image et à sa ressemblance, comme nous le dit la Genèse. Cela signifie que Dieu veut nous communiquer, non seulement son être en nous appelant à la vie, mais aussi sa perfection en nous permettant d’agir comme lui. Comme un père, Dieu désire que son enfant, non seulement vive, mais qu’il développe au maximum ses possibilités, ses qualités, ses dons.
Dieu a donc un seul et unique désir : que chacun de nous aime comme lui aime! La Loi de Moïse avait canalisé la violence humaine en limitant la vengeance « œil pour œil ; dent pour dent ». Le crime de sang est passible de la guillotine – disions nous, il n’y a pas si longtemps ! Jésus nous a montré l’exemple : « Père, pardonne –leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ! Et combien de martyrs l’ont imité depuis ce tragique Vendredi, et aujourd’hui encore combien de victimes disent de leurs bourreaux : « Père, pardonne –leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »!
Dans la seconde lecture, Paul nous donne le fondement de cette nouvelle attitude : « Vous êtes un sanctuaire de Dieu et l’Esprit de Dieu est en vous » - « vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » - Nous sommes le Temple de Dieu ; nous sommes le lieu de résidence de notre Dieu. Dieu a établi sa demeure en chacun de nous. Non seulement, il nous a donné sa vie en nous faisant naître en ce monde, mais il fait de notre corps, de notre être, le lieu où il demeure, où il habite. Salomon avait construit un immense et prestigieux Temple à Jérusalem pour Dieu, admiré par tous les peuples ; mais Paul nous affirme «Le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous » !!
Depuis notre baptême, nous sommes habités. Ce que nous ne pouvons pas réaliser par nos seules forces, est possible par celles du Père, du Christ et de l’Esprit Saint. Ils ne cessent de se fonder sur ce qui est petit et faible en nous pour réaliser des merveilles.
Certes, nous vivons souvent dans un monde de violence et de haine, où la vengeance peut être sans fin, implacable et féroce. Il nous reste une nouvelle étape à franchir : découvrir qui est Dieu. Un Dieu à genoux qui nous lave les pieds.
Un Dieu qui aime au-delà de toute mesure : qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants, qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes. Un Dieu qui aime tout homme et chacun de nous de manière unique et incommensurable, qui espère en chacun de nous et veut nous partager sa sainteté de façon inimaginable. Il nous attire tous vers sa lumière. (17 février 2017)