vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 octobre 2015 — 30e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 30e dimanche ordinaire - 25 Octobre 2015 —

Jérémie 31.7–9 – Hebr 5,1-6 — Mc 10,46-52

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Frères et sœurs, grande joie, c’est le dimanche de la chance, de la chance d’êtres des appelés. Cela, la liturgie l’illustre par trois exemples d’appels qui ont transformé des vies en leur donnant un sens, une utilité, un idéal. Dans la lecture centrale, celle de l’épître aux Hébreux, c’est Jésus qui est appelé, c’est clair, mais je ne peux m’y attarder, pour aller vite aux deux appels qui l’encadrent, celui de Jérémie dans la première lecture, celui de l’aveugle de Jéricho dans l’Évangile. Jérémie est un géant de la Bible, l’aveugle un nain en comparaison, mais tous deux sont très proches de nous, des frères en humanité.

La surprise est de constater que leur monde d’alors était comme le nôtre marqué par des alternatives d’apparitions et de disparitions de superpuissances mondiales, politiques, économiques, religieuses ou pseudo. L’Assyrie, l’Egypte, la Babylonie… valsèrent autour de Jérémie et de ses successeurs. L’Empire romain au temps de l’aveugle avant la prise et le sac de Jérusalem, avant l’effondrement plus tard de l’empire des César. De tels bouleversements s’accompagnent de grandes souffrances. En face de cela, le peuple élu, faible et pécheur, comme nous-mêmes aujourd’hui, ne fit jamais le poids. Mais il y avait Dieu, le vrai, celui des petits moyens.

Il y eut Jérémie, son porte-parole, dont la voix vivante vient encore de faire résonner à nos oreilles l’inouï de l’Alliance nouvelle dans laquelle notre Dieu, en personne, s’engagea tout entier et pour toujours. Il y eut l’aveugle de Jéricho qui passe devant et continue de nous entraîner à la suite de Jésus. Il y eut, il y a les épreuves surmontées qui prouvèrent que l’Alliance était entrée en service, qu’elle savait accompagner des hommes ordinaires, comme vous et moi, comme Jérémie et l’aveugle de Jéricho.

Mais ne nous trompons pas. De caractère, Jérémie est un timide, il se défie de lui-même et redoute le combat, il tente de se dérober à l’appel de Dieu : « je ne sais point parler; car je suis un enfant » : Seigneur, laisse-moi !

C’est un émotif, un sensible. Tout le touche, notamment les choses de la nature. Ses oracles sont parsemés d'images rurales et de rêves villageois» Il aime les arbres, l'eau, les fontaines, la neige du Liban, le chant des oiseaux. Les dégâts causés par la sécheresse. Il pleure avec « la biche qui abandonne sa portée, parce qu'il n'y à plus de verdure. » Il est sensible aux fêtes villageoises, aux rires et aux danses.

Il a un don quasi professionnel de pressentir l'événement, personnel ou mondial, les déportations, les exils, les vagues de migrants fuyants. Il en a des visions, il en pleure abondamment, se décourage, se plaint piteusement et rebondit, pas toujours.

De par sa vocation, ce campagnard doit malgré lui entrer dans les imbroglios politiques et religieux de l’Israël de son temps. Il lui faut parler et écrire à grands risques, avec une pleine conscience de le faire au nom de Dieu « parole du Seigneur », « voici ce que dit le Seigneur….

Au fil des siècles le livre dit de Jérémie a sans cesse été complété, réécrit afin de coller aux événements. Tel un vivant, l’écrit a évolué dans une continuité qui soulignait , comme Osée, la tendresse de Dieu envers son peuple chéri. « Éphraïm est-il donc pour moi un fils si précieux, que, chaque fois que je parle contre lui, je doive encore me souvenir de lui? » Ou encore : « Je t’ai aimé d’un amour éternel, c’est pourquoi je t’ai gardé ma faveur. Je te rebâtirai, vierge d’Israël, et tu seras rebâtie. Tu retrouveras tes tambourins et de nouveau tu sortiras au rythme des danses joyeuses. »

Jérémie semblait destiné à la vie d’un campagnard ignoré. Et voilà que Dieu lui impose une vocation de combattant, dans le tumulte des villes et les arcanes de la politique. Il lui faut lutter contre tous. « Tous me maudissent», dit-il. Ses frères eux-mêmes et la maison de son père, le trahissent

Cet appelé doit vivre seul, sevré des joies que procure l'amitié ou le voisinage. « Son isolement est d’autant plus douloureux qu’il ne peut s’en consoler auprès d’une femme aimante. Le Seigneur lui impose le célibat, qui était en Israël une disgrâce et une honte : « Tu ne prendras pas femme et tu n'auras ni fils ni filles en ce lieu.» Son unique et austère réconfort c’est son Dieu, ce Dieu qui se sert de lui à son gré.

Ses célèbres « Confessions », — une sorte de Journal intime — font sentir le débat douloureux d'un homme qui entend demeurer fidèle malgré tout, mais rêve parfois d’un sort un peu plus doux.

En proie à l'hostilité quasi universelle, seul à porter un écrasant fardeau, il doit encore lutter contre lui-même, vaincre ses inquiétudes, ses angoisses, son découragement, et même se résigner au vécu de l’abandon de Dieu. Son drame spirituel, lui fait anticiper au plus près celui du Fils de l'Homme.

Et l’aveugle de Jéricho ? C’est le nain à côté du géant. Lui aussi est seul, mais plus pour longtemps, seul au milieu de la foule qui s’efforce de le réduire au mutisme. Sa cécité le cloue sur place et le voue à la mendicité. moins pécuniaire que de ce à quoi aspire son âme. Le Messie Fils de David, Il l’attendait si fort qu’il l’identifie sur le champ dans le Jésus de Nazareth qu’on lui annonce. Appelé par lui, il s’élance, malgré ses yeux encore bandés par son infirmité, et se retrouve après un bref dialogue, voyant de tous ses yeux du corps et de l’âme.

Bartimée est un impuissant actif qui force son destin ; qui trouve en son Sauveur un ami, un ami qu’il vaut la peine de suivre partout où il ira.

Bartimée, Jésus, deux hommes qui nous ouvrent les yeux, qu’on suit jalousement des yeux le plus longtemps possible tandis qu’on les voit s’éloigner ensemble… la chance des chances.(2015-10-25)

Homélie du 11 octobre 2015 — 28e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

ANNEE B - 28e DIMANCHE Temps Ordinaire – 11 octobre 2015

Sag 7 1-11; Héb 4 12-13; Mc 10 17-30

Homélie du F.Hubert

Texte :

A Césarée de Philippe, après la confession de foi de Pierre, Jésus a annoncé pour la première fois sa passion. De ce territoire, tout au nord de la Palestine, il descend peu à peu vers Jérusalem, lieu de sa Pâque. En route, sur une haute montagne, dans sa relation au Père, il a été transfiguré, puis il a renouvelé l’annonce de sa passion. Bientôt, il le redira une troisième fois.

Dans ce contexte, alors que Jésus se remettait en route, un homme accourut et tomba à ses genoux : Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?

Belle question, beau désir.

Mais qu’est-ce que la vie éternelle ? Qu’est-ce que le véritable héritage ?

Que devons-nous « faire » ?

Vends, donne aux pauvres, suis-moi.

Suis-moi, sur le chemin de Jérusalem.

L’homme s’en alla tout triste

Mystère de la rencontre de cet homme avec Jésus.

Il était plein de désir, et Jésus l’aima.

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. » écrit le pape François.

Et pourtant, cet homme devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. »

Jésus posa son regard sur lui.

Ce regard n’a-t-il pas suffi pour l’attirer au-delà de toute mesure ?

Le regard de Jésus n’est pas un regard séducteur. Il ne force rien.

Il nous laisse toute liberté. Il sait attendre, attendre notre heure, celle de notre oui libre.

N’éveillez pas, ne réveillez pas l’Amour, avant qu’il le veuille. » dit le Cantique des Cantiques.

Dieu écrit droit avec des lignes courbes, dit-on.

Dieu écrit droit avec nos lignes courbes.

L’homme s’en alla tout triste :

j’aime penser que là n’a pas été la dernière décision de son cœur.

Nous avons tous l’expérience de nos réactions contradictoires, de nos réactions premières et de nos réactions secondes.

Nous sommes dans le temps et nous avons besoin de temps.

Dans la vie commune, nous avons l’expérience de telle première réaction immédiate, négative, suivie plus tard d’une autre positive.

St Matthieu nous rapporte la parabole des deux fils auxquels leur père demande d’aller travailler à sa vigne. Le second dit oui et n’y alla pas, le premier dit non puis, s’étant repenti, il y alla.

Acceptons pour les autres et pour nous-mêmes le temps du cheminement, le temps de la conversion. Celle-ci est parfois immédiate, parfois très lente.

Lors même qu’elle est immédiate, il nous faut la monnayer jour après jour, dans la durée. Et nous savons que le chemin est parfois rude.

Le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête.

Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas digne de moi.

Il nous faut alors replonger notre regard dans celui de Jésus pour reprendre cœur, pour reprendre souffle, pour reprendre joie, dans le dépouillement de nos pseudos richesses que nous avons du mal à abandonner.

Quand nous entendons Pierre dire : Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. », nous savons que c’est vrai et que c’est faux tout à la fois. Pierre a tout quitté et n’a pas tout quitté. Il aime son Maître, mais il n’aura pas la force de le suivre jusqu’au bout.

Le regard de Jésus lui signifiera que rien n’est perdu et que Dieu, lui, est fidèle.

Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu.

La vie éternelle, c’est d’être avec Dieu, de partager sa vie.

Avec les psalmistes, puissions-nous dire :

Pour moi, il est bon d’être proche de Dieu.

Ma part, c’est Dieu pour toujours. Ps 72

La part qui me revient fait mes délices ;

j’ai même le plus bel héritage. Ps 15

« Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, dit encore le pape François, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent.

Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. »

Je termine avec une citation de notre f. Servan, envoyant ses poèmes à un frère : « F.Voici mon petit chant du cygne, simple étape vers la Bonté-Beauté finale…

A toi, bonne route, de Beauté-Bonté, en communion ».

Nous pouvons ajouter aujourd’hui : de Sagesse en sagesse…

Bonne route à chacun !

(2015-10-11)

Homélie du 04 octobre 2015 — 27e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B - 27ème Dimanche du T.O.- 4 Octobre 2015

Gn 2.18..24 Hé 2…11 Mc 10, 2-16

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Cet Evangile nous montre qu’Il y a 2000 ans poser une question sur le mariage était déjà « une mise à l’épreuve » Avec le synode sur la famille , elle revient avec force.

Il ne s’agit plus seulement de répudiation et d’indissolubilité du mariage mais de rappeler que, dans presque toutes les civilisations, le mariage concerne un homme et une femme ce qui, de nous jours, ne semble plus évident pour tout le monde

L’Evangile nous met en face d’un piège tendu à Jésus… Il y répond en revenant à l’essentiel : Nous sommes faits à l’image de Dieu…Nous sommes faits pour aimer… car Dieu est amour.

Le verset de l’Alleluia d’aujourd’hui nous le rappelle « Alléluia si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et en nous son amour atteint la perfection Alléluia»

Mais, aimer en vérité, peut se révéler un chemin difficile, un chemin éprouvant.

Nous avons besoin d’aimer et d’être aimés et nous sommes comme paralysés, par l’endurcissement du cœur humain. La Loi de Moïse en tenait déjà compte : « C’est en raison de votre endurcissement et de la dureté de votre cœur, que Moïse a établi cette Loi. »

Le thème de l’endurcissement du cœur de l’homme, comme celui du peuple élu à la nuque raide, est illustré par tout un cortège d’unions brisées, d’adultères, de polygamies, qui traversent l’ensemble de la bible, et parfois Dieu ne semble pas s’en scandaliser, car plusieurs de ces infidélités s’insèrent dans l’histoire du salut et notamment dans la généalogie de Jésus.

Cette patience de Dieu envers les faiblesses humaines ne montre-t-elle pas ce que notre Pape François a souvent relevé, à savoir que… la miséricorde et le pardon sont une autre manière de nommer… le commandement divin de l’amour du prochain.

Dans l’Evangile, Jésus en appelle à l’intention originelle du créateur pour présenter l’union de l’homme et de la femme comme une base solide… sur laquelle l’humanité doit s’édifier et non se détruire. L’homme et la femme sont à l’image de Dieu, là réside la grandeur de leur union. Jésus en tire la conséquence voulue par le créateur… tous deux ne feront qu’un… ce que Dieu a uni…que l’homme ne le sépare pas.

Le mariage chrétien est bien ‘plus’ qu’une simple entreprise humaine….

Mais.. sa réalité est là !... En France, 334 divorces sont prononcés chaque jour…334..

Vécus pour beaucoup comme un échec profond, un véritable séisme, une remise en cause totale de la personne et de son avenir et qui engagent époux et enfants…

Quelles souffrances ils supposent… que de drames ils révèlent, dont on sait que les enfants sont les premières victimes. De nombreux médias catholiques ont transmis ces derniers mois, ces appels de détresse venant de divorcés demandant le secours de l’Eglise… Remariés, n’ayant aucune vocation au célibat, c’est dans l’amertume qu’ils entendent à la messe cette parole du prêtre « Heureux les invités au repas du Seigneur ». On peut comprendre que beaucoup d’entre eux s’éloignent définitivement de l’Eglise entrainant avec eux leurs enfants.

Frs et Srs, que cet Evg soit un point fort de notre Prière,...

Prière pour un déroulement fécond du Synode…

Prière pour le Pape, les cardinaux, les évêques, les experts… tous ces hommes de foi qui veulent travailler pour le bien des fidèles…

Prière pour que, devant l’enseignement de l’Eglise et la situation souvent dramatique de milliers de couples et d’enfants en détresse…des solutions courageuses, inspirées de l’Esprit Saint, ne se contentent pas de paroles de compassion mais traduisent une miséricorde qui s’inscrive dans des orientations…décisives et des résolutions… concrètes, effectives.

Aimer Dieu qui nous aime… c’est aimer l’autre… les autres… avec le cœur de Dieu. (2015-10-04)

Homélie du 27 septembre 2015 — 26e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année B
Info :

Année B – 26° dimanche du TO - 27 septembre 2015 –

Nbre 11 25-29 ; Jac 5 1-6 ; Mc 9 38-48

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

« Nous avons vu quelqu’un expulser un démon en ton nom. Nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent »

- Que voilà un « nous » bien appuyé, un rien jaloux ! On sent Jean prêt à faire appel au feu du ciel sur ce concurrent comme il l’avait proposé pour punir ces méchants Samaritains qui n’avaient pas voulu les accueillir avec Jésus. Eh! bien Non! Jésus fait éclater ce « nous » pointilleux !!

Jésus ou Marc ? Qui écrit pour de jeunes communautés chrétiennes tentées par un retour à un Cénacle bien chaud : « Nous » - on sait par Paul, qu’ici ou là, on revendiquait jalousement : « Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos » et moi, à je ne sais plus qui encore. Eh bien, non ! Ce qui compte mais qui compte absolument dit Marc, c’est votre appartenance au Christ à honorer. Et cela peut se faire déjà par cette chose aussi simple qu’un verre d’eau offert en son nom. Mais c’est énorme, un bonheur à préférer à tout. Il faudrait même être prêt à tout perdre pour garder cela. Et là, pas de « nous » protecteur : si ton pied, si ta main, si ton œil est un obstacle arrache, coupe. Plutôt ça que perdre l’appartenance au Christ !

Et ces images horribles de noyades, de mutilations, sont là pour dire la radicalité de la chose. Il faut les recevoir pour ce qu’elles sont : des images sans essayer de s’en faire de petits dessins, surtout quand, naturellement, elles habitent déjà nos imaginaires païens pas encore bien évangélisés, et les réactivent, comme cette image atroce de feu qui ne s’éteint pas ! Et là, de grâce, pour l’honneur de Dieu, ne lui imputons pas ce qui ne peut pas venir de lui : ces inventions d’horreur que sont nos goulags et autres bûchers crématoires. Ces feux là sont bien montés du cœur de l’homme. En ce sens, je trouve la précision du Père Varillon (La joie de croire), bien éclairante :

« C’est le même feu en enfer, au purgatoire et au ciel » et qui n’en fait pas l’expérience ? « (« L’enfer « existe, je l’ai expérimenté » en pastichant un titre célèbre).

- Feu de malheur, quand je me cale sur le refus : Non ! Ca fait mal, mais c’est « Non » quand même ! « Niet »

- Feu qui purifie, qui libère, quand je suis dans l’ouverture du désir, recentré, réorienté.

- Feu qui flamboie, de joie, de lumière, quand je suis dans l’accueil, l’offrande. Dans le don.

- Ce dernier feu, Jésus – il l’a dit- brûlait d’embraser la terre.

Appartenance au Christ. Ne rien lui préférer ( RB)

Souvenons- nous. Il y a 50 ans. La clôture du Concile. Le discours de clôture par Paul VI. Ses presque tout derniers mots. Il parle du Christ. Évidemment :

S’éloigner de lui, c’est

Ou plutôt comme une prière, un engagement :

S’éloigner de toi, c’est périr.

Se tourner vers Toi, c’est ressusciter.

Demeurer en Toi, c’est être inébranlable.

Retourner vers Toi, c’est naître.

Habiter en Toi, c’est vivre. Paul VI

Et aujourd’hui, le Pape François continue :

« Avec Jésus, la vie devient beaucoup plus pleine. Avec lui il devient facile de trouver un sens » EG 121

« Connaitre Jésus, ce n’est pas la même chose que de ne pas le connaître. Marcher avec Lui, pas la même chose que de marcher à tâtons. Écouter sa parole, ou l’ignorer, ce n’est pas la même chose. C’est le §266 de la « Joie de l’Évangile »

Si vous ne l’avez pas encore lue, c’est le moment, pour votre rentrée chrétienne et même pour tout votre quotidien. Un vrai GPS. Essayez voir. Du bonheur !!(2015-09-27)

Homélie du 20 septembre 2015 — 25e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 25e dimanche du Temps ordinaire -

Sag 2/1217-20, Jac 3/16-4/3, Mt 9/30-37.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Quand l’Evangile est lu, nous écoutons debout, signe de respect pour la Parole de Dieu, foi en la parole du Christ pour nous aujourd’hui.

Il arrive que des personnes, après cette lecture, s’assoient très vite, comme si elles venaient d’apprendre une nouvelle bouleversante, comme quand on dit à quelqu’un : « Reste assis, je vais te dire quelque chose d’important ».

Et de fait nous entendons tous les dimanches des choses importantes, des paroles qui nous bousculent…qui devraient nous bouleverser, nous déranger.

Dimanche dernier Jésus interrogeait ses disciples (« Pour les gens, pour vous, qui suis-je ? »). Après la réponse de Pierre, il reprenait ce dernier vertement, Pierre ne pouvant comprendre le destin d’un Messie humilié, persécuté.

Aujourd’hui ce sont les disciples qui n’osent plus interroger Jésus, eux qui, en plus, après avoir discuté, s’être disputés pour savoir qui était le plus grand, n’osent pas répondre à Jésus : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Le dialogue avec Jésus est-il difficile ? La rencontre avec lui pose-t-elle des problèmes ? Cette difficulté de compréhension entre Jésus et les disciples pourrait rassurer nombre d’entre nous pour leur relation avec Dieu…

Il se trouve que Jésus nous surprend souvent là on ne voudrait pas qu’il nous trouve, ou bien il nous fait un cadeau plutôt imprévu : avec ses paroles nous nous apercevons que nous sommes vraiment à côté de la plaque, …nous qui avions cru bien faire… !

Dans l’Écriture, la Parole de Dieu est comparée à une épée à deux tranchants, une lame qui coupe et pénètre, réalité à laquelle rien n’échappe…

Oui, rien n’échappe à la Parole de Dieu …et quand cette parole nous rejoint, sa signification nous échappe… !

« Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger ».

• Nous n’aurions pas fait mieux que les disciples en entendant l’annonce des souffrances, la passion, la mort de Jésus… « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

• Nous pourrions peut-être faire mieux en ne cherchant pas à savoir qui est le plus grand parmi nous, …persuadés que la dernière place, celle du serviteur est en vérité la place du disciple de Jésus, Jésus qui s’est fait lui-même le serviteur de tous.

Accueillir le plus petit, se faire le dernier, cela conduit à la rencontre avec le Christ, la rencontre avec Dieu notre Père, Dieu, en fait, notre plus proche prochain…

Quand le livre de la Sagesse évoque le juste persécuté et la jalousie des méchants qui ne comprennent pas, il parle de ces derniers comme des gens tordus…tordus par leur jalousie. Ils sont, dans leur pensée, jaloux et inquiets, malveillants et trompés : face à eux le juste, c’est l’homme doux et patient, dont les actes et les paroles témoignent pour lui.

Le mal s’introduit dans les cœurs par les pensées, les désirs, les jalousies. Ce qui parle en faveur du juste c’est sa conduite, ses paroles, ses actes…

Les paroles de Jésus sont à entendre… à méditer : …rester assis et les faire nôtres, …qu’elles pénètrent en nous.

Ce qu’a fait Jésus est au moins autant à méditer : il est allé à la rencontre d’une mort infâme ; il a compté sur Dieu son Père qui interviendrait pour lui. Cette mort de Jésus est unique, son don de soi est indépassable ; mais c’est ainsi que Jésus nous montre le chemin… « pour que nous marchions sur ses traces », comme dit saint Pierre dans son épitre.

Le dialogue avec le Christ se fait difficilement parce que nous sentons que nous ne pourrons jamais, avec nos propres forces, faire ce chemin.

« Quelqu’un interviendra pour lui, Dieu l’assistera, l’arrachera aux mains de ses adversaires »…

Pour nous aussi, il faudrait, il faut croire que quelqu’un interviendra, que Dieu nous assistera, …

• d’abord pour mieux comprendre les paroles de Jésus… paroles dures à entendre en vérité,

• …mais pour comprendre aussi que si nous donnons notre vie comme serviteurs, Lui a déjà commencé le chemin pour nous … il va le continuer avec nous. Nous complétons, nous compléterons dans nos vies ici-bas l’œuvre d’amour du Fils. Lui Jésus, il est le Fils bien-aimé, le Vivant, le Ressuscité, il est avec nous pour toujours.

Maintenant, unis dans l’Esprit, unis dans la foi et l’espérance nous chantons l’œuvre du Christ, à la louange de Dieu notre Père, Il s’est fait proche, lui notre plus proche prochain. (2015-09-20)

***

Homélie du 13 septembre 2015 — 24e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

ANNÉE B - 24e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - 13 septembre 2015

> 1ère lecture : Is 50, 5-9a

> Psaume 114, 1-2, 3-4, 5-6, 8-9

> 2e lecture : Jc 2, 14-18

> Évangile : Mc 8, 27-35

Homélie par le F.Matthieu

Texte :

"Tu es le Christ", dit Pierre. Belle réponse mais franc malentendu.

"Tu es le Messie" : Pierre désigne ainsi, le Roi-Messie attendu, successeur de David sur son trône à la fin des temps, victorieux de tous les ennemis… Mais Jésus prend ses distances, il refuse que l’on parle ainsi de lui… Il redoute trop la pente facile qui conduit là où il sait qu’il ne doit pas aller.

Christ / Messie. Le mot est une allusion à l’onction divine du sacre royal : on versait de l’huile sur la tête du futur roi. Quand la Bible parle du Messie à venir, elle invite à l’attente d’un personnage détenteur d’une royauté qui surclasse toutes les autres, d’une autorité absolue. Comme l’huile, Dieu lui-même l’imprègne tout entier. Sa tâche consistera à restaurer la justice, à établir la vérité dans un monde plein d’erreurs et de mensonges. Mais Jésus le sait déjà, le Messie, selon le vouloir de Dieu, son Père, n’imposera pas la justice et la vérité par la violence et la contrainte mais simplement en se comportant selon cette justice et cette vérité… et en en acceptant les conséquences. Ainsi, la liberté des hommes, cette liberté qui les fait ressembler à Dieu, sera respectée et même instaurée. Le règne du Messie s’effectue par attraction, par appel. Il faudra le suivre pour appartenir à son Royaume.

Et dès lors, Jésus, pour la première fois, annonce sa Passion, il instaure l’identification du "Messie" à la mystérieuse figure du "Serviteur souffrant" d’Isaïe. Il indique le seul chemin qui le conduira dans le Royaume du Père, le rejet par son peuple, la souffrance, la Croix, la mort, abandonné de tous…

Jésus annonce les souffrances de sa Passion, sans détail. L’oracle d’Isaïe, un des "chants du Serviteur souffrant" que nous avons entendu en première lecture, précise davantage : "J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats." Outre ces épreuves physiques, les deux textes se rapprochent par l’évocation du rejet, plus détaillé cette fois dans l’Evangile, car il est sans doute le plus douloureux pour Jésus : "qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes..." Dans la 1ère lecture, à la violence des hommes s’oppose le secours venu de Dieu : "Le Seigneur Dieu vient à mon secours...Voici le Seigneur Dieu qui vient prendre ma défense...". Il se sait innocent, et sera vainqueur en cas de procès. Cela peut fournir une clé de lecture pour la discrète mention : "...trois jours après, il ressuscitera.", sous-entendu : "Dieu le ressuscitera", le fera prendre possession de son Royaume.

Plus mystérieusement encore, les deux textes laissent entendre que ces épreuves font partie du plan de Dieu. C’est de Lui, en quelque sorte, que tout part, dans l’oracle d’Isaïe : " Le Seigneur m’a ouvert l’oreille..." Que veut-il bien dire ? "Le Seigneur m’a fait entendre... il m’a fait comprendre..." Quoi ? Des choses assez désagréables pour qu’on puisse être tenté de se "révolter", de se "dérober". Mais il ne l’a pas fait : et il lui arrive ce qui est raconté dans les versets suivants jusqu’à la reconnaissance finale.

C’est ce que Pierre précisément ne peut accepter. Et il devient donc pour Jésus un Adversaire, un "Satan", aux "pensées" trop humaines de triomphe et de victoire. Les "pensées" de Dieu, au contraire, sont l’identification du visage du Messie avec l’humble figure du Crucifié, Visage véritable de Dieu.

Il "fallait" : l’expression désigne dans les Evangiles la nécessité pour Jésus de se conformer au dessein de salut du Père. Nous sommes ici devant le Mystère, celui de la Rédemption ; nous pouvons seulement dire, grâce à ces deux passages entendus, que ce n’est pas Dieu qui veut la souffrance, mais que cette violence, ce péché, sont le fait des hommes, et qu’Il va les transformer, par son "passage", par son obéissance, en puissance de vie et de salut : "Il est proche, celui qui me justifie", qui me rend juste, qui me sauve.

Nous sommes au cœur du Mystère du salut apporté par Jésus !

MAIS y-sommes-nous en vérité ? Avons-nous compris, ouvert l’oreille de notre cœur ? L’exemple de Pierre doit nous rendre circonspect … ce n’est pas si simple à comprendre. Sommes-nous au moins désireux de nous y accorder ?

Comment le savoir ?

Les deux derniers versets de notre Evangile sont là pour nous le dire : suis-je seulement disposé à entendre l’appel du Christ à renoncer à moi-même, à prendre ma croix et perdre ma vie sur le chemin qu’il me propose ? Suis-je disposé à consentir à ce que Dieu voudra au cœur de ma vie quotidienne ?

Terrible programme ? Mais non…

Il s’agit de "sauver sa vie" ; en l’offrant, en la donnant, Jésus nous a montré, nous montre le seul chemin qui mène vers son Père et notre Père ! - 2015-09-13

Homélie du 06 septembre 2015 — 23e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 23° dimanche du Temps Ordinaire - 6-09-2015

Isaïe 35, 4-7a Jacques, 2, 1-5 Marc 7, 31-37

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Le prophète Isaïe, que nous avons entendu en première lecture, nous annonce une complète victoire de Dieu, une revanche contre tout le mal du monde, dont la cécité et la surdité pour les hommes, la sécheresse et l’aridité pour la terre, sont des signes permanents. Ce mal du monde, qui affecte notre « maison commune » comme dit le pape François, au point que nous craignons pour son avenir, Dieu pourtant en aura raison, la Parole de Dieu nous en assure.

Nous pourrions demander, comme la Vierge Marie à l’Annonciation : « Comment cela se fera-t-il ? » Une réponse nous est donnée dans l’évangile. Nous y voyons Jésus qui fait des kilomètres : de Tyr à la Décapole en passant par Sidon et le lac de Génésareth, il n’y en a pas loin de 200 par les routes incertaines et les sentiers de montagne. Et ce long périple le conduit non pas aux gens aux vêtements rutilants et aux bagues dorées dont parle la lecture de la lettre de saint Jacques,, mais à une seule personne, dont nous n’avons même pas le nom, un sourd-muet qu’on supplie Jésus de guérir.

Cette guérison, Jésus semble ne pas la faire facilement, ou plutôt, il prend le temps de la faire humainement : ses doigts pénètrent les oreilles du sourd, sa salive touche la langue, ses yeux vont vers le Ciel d’où descend tout don, sa poitrine soupire comme si l’effort était trop grand, une parole enfin achève tout ce travail : « ouvre-toi ». Jésus s’implique corps, âme et esprit dans cette guérison, puis, comme si tout ce qu’il avait fait de chemin et de geste n’était pas important, il impose silence au guéri. Celui-ci voulait entendre et parler, eh ! bien, qu’il le fasse sans attendre : qu’il écoute les autres, qu’il accueille leur parole, qu’il réponde en homme désormais libéré. La victoire de Jésus, la victoire de Dieu par Jésus, c’est l’homme restitué en humanité, capable donc désormais de travailler dans et pour la « maison commune ».

Pour avoir accès à Jésus, il faut donc nous ranger parmi les pauvres, les sourds qui ne savent pas entendre les appels, les muets qui ne savent pas dire les paroles justes ; il faut donc demander la grâce, la lucidité pour ce faire ce que nous ne savons pas. Laisser résonner en nous ces paroles un peu dures que nous trouvons dans l’Apocalypse de saint Jean : « Tu dis : ‘je suis riche, je me suis enrichi, je n’ai besoin de rien’, et tu ne sais pas que tu es misérable, pitoyable, pauvre, aveugle et nu » (3.17). Et nous tourner alors vers le Christ qui vient de loin pour nous sauver : prendre le temps de laisser ses doigts toucher nos oreilles, de laisser la guérison pénétrer peu à peu en nous, et alors agir, faire nous aussi les gestes que la vie attend de nous : écouter puisque nous avons des oreilles et répondre. Vous me direz peut-être : « mais où est-il, ce Christ qui vient me sauver ? ». Je vous répondrai : soyez attentifs, regardez les personnes qui vous entourent, laissez-vous atteindre et guérir par celles, - et il y en a partout, - qui pensent et vivent parce qu’elles ont compris que l’amour est plus fort. Mais écoutez aussi celles-là mêmes qui apparemment n’ont rien compris, mais qui, sans le savoir, ont sur les lèvres la parole qui nous sauvera si nous savons l’écouter.

Avoir accès à Jésus, c’est aussi nous mettre concrètement à la place du Christ tel qu’il apparaît dans cet évangile : ainsi ne pas reculer devant les kilomètres ne serait-ce que pour une personne ; ne pas vouloir « sauver le monde » mais nous investir, corps, âme et esprit dans ce qu’il nous est possible de faire pour le pauvre concret qui nous sollicite ici et maintenant, pas nécessairement avec des paroles, mais par sa situation même. Le Pape François nous le répète dans ses messages, et particulièrement l’encyclique Laudate sì. Il nous invite - je cite - à « avoir la passion d’aider les autres à vivre, avec plus de dignité et moins de souffrances » Est-ce que ce ne serait pas cette passion qui animait le Christ quand il sortait pour guérir ? N’est-ce pas cette passion que son Esprit nous met au cœur pour que, nous aussi, nous levions les eux vers le ciel, que nous soupirions, et que nous puissions dire à tout homme, sourd et muet : « ouvre-toi » ?

Frères et sœurs, le salut de la « maison commune » perturbée et violente où nous demeurons ne lui viendra pas autrement aujourd’hui qu’il ne lui est venu autrefois en Terre Sainte. C’est ainsi que, contemplant Jésus, il nous est proposé de le recevoir d’abord et de le transmettre ensuite. Ainsi soit-il ! (2015-09-06)

Homélie du 30 août 2015 — 22e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B HOMELIE du 22ème dimanche du temps ordinaire - 30/08/2015

(Deut. 4,1-8 ; Jacques 1,17-27 ; Marc 7,1…23)

Homélie du F.Guilaume

Texte :

Frères et sœurs

Dans cette page d’évangile que nous venons d’entendre, il me semble que l’on peut distinguer 3 registres d’opposition soulignés par Jésus face à ses adversaires, pharisiens : le premier a trait au « pur et à l’impur », le second à « l’extérieur et à l’intérieur », le 3ème à « la Loi de Dieu et à la tradition des hommes ».

Les termes antithétiques de « pur et d’impur » sont sans doute assez peu parlants pour nous chrétiens aujourd’hui, alors qu’ils étaient fondamentaux pour les juifs au temps de Jésus, pour l’interprétation orthodoxe de la Loi de Moïse, pour discerner le juste comportement dans la vie ordinaire (ici il est question de préparations alimentaires et de rite de repas). Mais si ces termes de pur et d’impur sont moins utilisés, il n’en va pas de même pour ceux de « sacré et de profane » qui recouvrent plus ou moins les mêmes réalités. N’entendons nous pas dire autour de nous que tel lieu, tel temps, telle personne sont marqués par un caractère sacré et que c’est une profanation que de les voir détournés de leur propos religieux. Par exemple une église utilisée pour un concert rock ou un spectacle exotique, bien loin d’un service liturgique. Ou bien le travail du dimanche, l’ouverture des commerces, respectent-t-il le repos sacré dûs au Jour du Seigneur. Un prêtre ou une religieuse ne portant aucun signe distinctif peuvent-ils être considérés comme des personnes « con-sacrées » Certains reprochent même à notre pape François d’avoir dé-sacralisé la fonction pontificale ? On pourrait trouver d’autres exemples. Que répond Jésus à de telles critiques ? « Hypocrites êtes-vous, si vous ne faites de la religion qu’une affaire de pratiques extérieures, de rites, de gestes ou de paroles qui ne vous engagent pas en profondeur. Hypocrites êtes-vous si vous réduisez la vie de croyant à cela, car l’essentiel en vérité se joue dans l’intention avec laquelle vous pratiquez votre religion. Et Jésus alors déplace l’opposition du « pur et de l’impur » (ou celle du « sacré et du profane » que je propose) vers l’opposition entre l’extérieur et l’intérieur. Il invite ses adversaires à un examen de conscience, à un examen de ce qu’il y a dans leur cœur, des pensées qui se livrent dans cette partie la plus intime de leur être, selon la conception anthropologique de la Bible : « ce qui sort du cœur, voilà ce qui rend l’homme impur, c’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses »

On peut rapprocher ces paroles d’un autre passage du sermon sur la Montagne où Jésus disait à ses disciples : « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »

Et comment procéder à cet examen de notre cœur, si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter un peu dans nos vies, si remplies, si agitées, si superficielles bien souvent ? C’est là me semble-t-il que la prière joue son meilleur rôle, à condition de lui laisser la place qui lui revient dans notre vie de chrétien. La prière, bien plus que de longs débats ou discussions sur les questions d’actualité, fussent-elles religieuses. La prière, comme étant ce lieu et ce temps de la rencontre intime avec notre Dieu, dans un échange cœur à cœur avec lui, dans la confiance.

C’est dans la prière que se fera le partage entre nos pensées trop humaines et la Pensée de Dieu pour nous, pour son projet, sa volonté, comme nous le disons dans le « Notre Père ». C’’est aussi dans la prière que nous expérimentons combien nos vies sont le terrain d’un combat spirituel entre la chair et l’esprit. Saint Paul dans son épître aux Galates reprend la liste des péchés entendus dans notre évangile en les qualifiant de « fruits de la chair ». En regard, il dresse la liste de ceux de l’Esprit Saint : « amour, joie, paix, bonté, patience, foi, bienveillance, douceur, maîtrise de soi. Contre de telles choses, il n’y a pas de Loi ».

Celui qui vit dans l’Esprit est protégé de toute tentation de légalisme, de tout formalisme extérieur et de fausse tradition. Il répond pleinement au commandement de Dieu, et ne s’attache pas aveuglément à la tradition des hommes. Ce qui nous amène à la 3ème opposition soulignée par Jésus : « ce peuple m’honore en paroles, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’il me rend. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes ».

Or quel est le commandement de Dieu ? Nous le savons depuis notre première leçon de catéchisme. «tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C’est là le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces 2 commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes » Est-ce à dire que l’amour d’une part et la tradition d’autre part doivent s’opposer durement et simplement. Est-ce qu’au nom de l’amour et de la miséricorde qui va avec, on puisse tout relativiser ou justifier en matière de doctrine ou de morale ? Certes non. Jésus invite ses disciples et nous-mêmes à un juste discernement des situations. Il nous est demandé d’établir la juste distance entre la Parole de Dieu et les traditions humaines qui sont bonnes aussi, à bien évaluer les priorités. Nous entendons dans l’Ecriture ces versets : « Le ciel et la terre passeront, ma Parole ne passera pas ». Traduisons cette affirmation en disant que les institutions, les règles, les formes (de liturgie entre autres) passeront, mais le mystère de Dieu, les sacrements, l’Eglise, le commandement de l’amour de Dieu et du prochain, tout cela ne passera pas.

Et je termine cette homélie en citant un simple verset de psaume qui au lieu de diviser ou d’opposer brutalement, cherche à unifier et à réconcilier. Il est tiré du Psaume 84. « l’amour et la vérité se rencontrent. La Justice et la Paix s’embrassent »

AMEN (2015-08-30)

Homélie du 23 août 2015 — 21e dim. ordinaire — Frère Vincent
Cycle : Année B
Info :

Année - 21ème dimanche - 23 aout 2015

Jos 24,1-2a.15-17.18b; Ép 5,21-32; Jn 6,60-69

Homélie de F.Vincent

Texte :

Au cours des quatre derniers dimanches, nous avons lu le long discours sur le pain de vie, qui se trouve dans le chapitre 6 de l'Évangile de Jean. Jésus s’y déclare lui-même le pain vivant donné au monde par son Père, et il appelle à une foi totale en sa personne et en son message. L'épilogue de ce discours, que nous lisons aujourd’hui, fut un tournant d'une grande importance dans le ministère de Jésus et surtout dans sa relation avec la foule des disciples qui le suivaient et en particulier les douze Apôtres.

Il fait partie de la psychologie de tout peuple, surtout s'il est opprimé ou occupé par un autre pouvoir, d'attendre un libérateur. Les Juifs attendaient un messie qui les délivrerait de l'oppression des Romains. Dès que Jésus se met à enseigner, et surtout dès qu'il fait quelques miracles, les foules nombreuses se mettent à sa suite. Il aurait facilement assez de fidèles pour organiser une sédition. D'ailleurs, lorsqu'il nourrit la foule en multipliant les pains, on veut déjà le couronner roi. Le moment est venu pour Jésus de les obliger à choisir entre leurs rêves et qui Il est vraiment.

De fait, lorsque Jésus, par cette phrase mystérieuse : "c'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien", leur indique clairement qu'il n'est pas venu rétablir un royaume matériel et politique, les foules l'abandonnent en masse. Alors Jésus se tourne vers les "Douze", (appellation qui apparaît ici pour la première fois dans l'Évangile de Jean) et leur dit : "Voulez-vous partir, vous aussi?"

Cette question montre à quel point l'obéissance à la mission reçue de son Père est importante pour Jésus. Aucune compromission n'est possible sur ce point. Il est prêt à voir partir non seulement la foule des disciples qui le suivent, mais même les Douze, qu'il a lui-même choisis. D'ailleurs il est conscient que tous ne lui seront pas fidèles jusqu'au bout. Lorsque Pierre s'empressera de répondre au nom des Douze, Jésus répondra avec tristesse: "Ne vous ai-je pas choisi (tous) les Douze?... et pourtant l'un de vous me trahira."

Déjà dans l'Ancien Testament le Peuple de Dieu avait fait face à diverses reprises à des situations où il avait dû prendre position: Ou bien croire au Seigneur et en accepter toutes les conséquences, ou bien faire comme les païens. Nous en avions un exemple dans la première lecture d'aujourd'hui, où Josué oblige les douze tribus d'Israël à prendre position pour ou contre le Seigneur. C'est d'ailleurs dans cet acte de foi collectif que ces tribus si diverses, avec chacune, pourrait-on dire, ses traditions et ses croyances, fut constitué en un véritable peuple.

Ainsi en est-il de nous. Nous rencontrons tous des circonstances dans nos vies – dans nos vies personnelles aussi bien que communautaires – où nous sommes obligés de prendre position. Il s'agit en général de circonstances où, pour être fidèles à la foi que nous professons, nous devons poser certains actes, ou refuser de les poser. Dans de telles circonstances, non seulement notre identité chrétienne se manifeste, mais cette identité nous est même alors donnée ou confortée.

En chacune de ces circonstances Dieu nous met devant notre liberté humaine et nous dit : "veux-tu me quitter toi aussi?". Demandons-lui d'avoir toujours le courage de dire avec Pierre et comme lui, quel que soit le prix que nous ayons à payer : "Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle " ? - 2015-08-23

(sources diverses)

Homélie du 15 août 2015 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - ASSOMPTION 2015

Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15,20-26; Le 1,39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Quel contraste entre les textes que nous venons d'entendre! Les deux premiers textes nous présentent deux visions grandioses: celle d'une femme sur le point d'enfanter et menacée par un dragon, puis la vision du Christ ressuscité et celle de notre propre résurrection lorsque le Christ viendra après avoir mis tous ses ennemis sous ses pieds. En contraste, le troisième texte, l'évangile nous relate la scène familière de la rencontre entre deux cousines, heureuses de se retrouver et de se reconnaître dans l'Esprit Saint. Quel rapport entre ces deux visions grandioses de la destinée humaine renouvelée dans le Christ et cette rencontre familiale? Ces textes nous suggèrent qu'en Marie, le très grand se mêle au très simple, et le triomphal au très humble.

Le très grand, c'est le fait que Dieu a choisi de naitre de cette femme. Dès lors, sans que celle-ci s'en rende compte, elle se trouve au centre d'une lutte grandiose: la lutte entre le bien et le mal, la lutte entre le Dieu vivant et les forces du mal. Elle est la femme en train d'enfanter dont le dragon veut dévorer le fils. Ce Fils, le Christ ressuscité, sera finalement vainqueur du mal et de la mort, en mettant ses ennemis sous ses pieds. Et Marie sera la première bénéficiaire de cette victoire, en son Assomption.

Le très humble et le très simple éclate dans la petitesse de Marie qui demeure ce qu'elle est, tout en devenant la Mère de Dieu. Elle reste une simple femme qui honore ses liens familiaux. Qu'elle offre à Dieu, c'est sa petitesse, sa totale disponibilité. Et Dieu a besoin de cette petitesse pour sauver l'histoire humaine. Marie reconnaît cet inouï: « Le Puissant fit pour moi des merveilles ... Il s'est penché sur son humble servante ... » Marie sera la servante toute entière docile et donnée à la volonté de Dieu sur elle.

Oui en Marie, le très grand se mêle au très humble. Et Marie aujourd'hui est grande, toute baignée dans la lumière divine parce qu'elle a été très humble.

Que retenir pour nous aujourd'hui de ces textes? Par notre baptême, ne faisons-nous pas, nous aussi, l'expérience que le très grand se mêle au très humble? Nous croyons en effet que nous sommes unis au Christ qui nous donne part à son Esprit? La vie divine irrigue déjà nos existences humaines limitées et fragiles. De même à notre mesure, ne percevons-nous pas aussi que nos vies chrétiennes nous placent de facon singulière au cœur d'un combat qui nous dépasse, la lutte entre le bien et le mal, entre la vie et la mort? Nous portons aujourd'hui davantage dans notre prière les chrétiens d'Orient. Ceux-ci sont affrontés à une très grande épreuve. Leur fidélité au Christ leur vaut d'être chassés de leur pays, voire d'être maltraités ou tués. Ils connaissent l'exil et voient leurs maisons détruites. Ils sont au cœur du mystère dont nous parlent aujourd'hui les textes. Ils sont là au creuset de l'épreuve ayant pour seule force l'espérance de la victoire du Christ sur le mal et la solidarité de leur frère dans la foi, c'est-à- dire de nous tous. Ces frères persécutés nous aident à prendre au sérieux les paroles du Christ qui n'avait pas caché à ses disciples que la persécution faisait partie du chemin à sa suite. Dans nos pays occidentaux, nous ne connaissons pas aujourd'hui cette franche hostilité déclarée à l'évangile du Christ. Le mal ne montre pas un visage ouvertement découvert. Mais nous avons à l'affronter sous des formes plus ou moins sournoises qui mettent aussi à l'épreuve notre fidélité au Christ: tout ce qui nous entrai ne à la lâcheté, aux demi-mesures, au mensonge, aux infidélités, à la paresse, à l'oubli de Dieu et des autres, à la dureté, au mépris, à l'égoïsme ... La situation de nos frères persécutés peut réveiller notre désir de suivre le Christ, de nous donner vraiment à Lui, et de nous donner comme Lui à sa manière, dans nos choix et dans nos engagements.

La fête de ce jour nous invite à l'espérance, celle de «parvenir avec Marie à la gloire de la résurrection », comme nous le prierons. Dans cette lutte présente contre toutes les formes du mal, déclarées ou plus sournoises, Marie reste un phare. Sa vie effacée, humble et cachée se révèle aujourd'hui dans toute sa fécondité. Elle resplendit en son corps de la gloire qu'elle a portée cachée, avec constance et ferme empressement. Sans un mot, Marie nous montre par sa vie le chemin, et surtout la manière de marcher à la suite du Christ. Une manière toute de vérité et d'humilité. Sans faux semblant, ni fard, en grande fidélité à la parole reçue et donnée.

Frères et sœurs, en rendant grâce ce matin au Seigneur qui a préservé Marie de la dégradation du tombeau, nous accueillons déjà dans cette eucharistie, les prémices de la vie éternelle. Que cette vie divine offerte dans la parole, dans le corps et le sang du Christ soit pour nous et pour nos frères chrétiens d'orient persécutés notre force et notre joie. (2015-08-15)