Homélies
Liste des Homélies
Année C - Messe de Minuit -NOEL 2015
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Une religieuse qui faisait visiter la grotte de Bethléem commentait : « ici Dieu s’est fait petit enfant pour que nous n’ayons plus jamais peur de lui ! ». Et nous en avons des peurs, peurs à l’égard de Dieu, peur des autres et peur de nous-mêmes parfois ! Pour changer nos peurs en confiance et en docilité, notre Dieu choisit de se faire enfant, un nouveau-né vulnérable. L’évangile nous dit simplement : « Voici le signe qui vous est donné, vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Voici le signe, le signe de la petitesse par lequel notre Dieu a voulu se faire reconnaître. Qui aurait peur d’un enfant ? En Jésus, Dieu le Créateur du monde et des univers se laisse approcher, toucher, caresser, nourrir et soigner. Il est là dans une totale impuissance ayant tout à recevoir des autres. Avec Marie et Joseph, les bergers seront les premiers à venir lui rendre hommage. Sans bien comprendre sûrement, ils sont là émerveillés et adorant. Ce soir, laissons-nous attirer par ce mystère, le mystère de l’incarnation, mystère du Fils de Dieu venu dans la chair. A portée de main, Dieu est là suscitant notre adoration aimante. Mystère de proximité que nous accueillerons pleinement dans quelques instants, lors de la communion, quand nous recevrons dans nos mains le Corps du Christ. De la crèche à l’eucharistie, ce mémorial qui actualise la Passion et la Résurrection du Christ, c’est le même mouvement par lequel Dieu nous rejoint. Il se fait proche pour que nous nous approchions de lui avec confiance et amour. Il nous donne ainsi d’entrer sans peur dans « cet échange merveilleux » où notre « nature humaine reçoit une incomparable noblesse », comme nous le chanterons tout à l’heure.
Quand Dieu se fait petit enfant, notre nature humaine en reçoit une incomparable noblesse. C’est un second aspect que je voudrais souligner ce soir. Oui frères et sœurs, Dieu lui-même nous apprend à ne plus avoir peur de notre petitesse et de notre condition limitée, mais à les accepter et à les aimer au contraire. Notre petitesse et nos limites, choisies par Dieu, se trouvent remplis désormais d’une noblesse nouvelle. Nous n’avons plus à mépriser notre faiblesse et celle des autres, ni à en avoir peur. Nos peurs ne sont-elles d’ailleurs pas souvent que l’envers de nos rêves de démesure ? Dans une conférence, commentant l’encyclique « Laudato Si » du pape François, notre frère Ghislain suggérait que la pensée du pape était sous-tendue par le « principe de petitesse ». Selon ce principe, le moteur de l’histoire n’est pas la puissance mais la pauvreté. C’est par les petits qu’advient le changement. Ainsi en bon nombre de passages de l’encyclique, le pape François se plait à inviter au respect et à l’émerveillement devant la création en ces plus petits éléments. Ensuite, il plaide pour un rééquilibrage de l’activité économique en faveur des petits producteurs ainsi que des petites entreprises. Enfin, il fait l’éloge des petites actions et des petits gestes d’amour par lesquels tous peuvent changer notre monde. Je cite : « Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble, et il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie » (211)… “La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas” (222). Cette attention à ce qui est petit, les créatures comme les personnes, ne nous vient-elle pas en droite ligne de la crèche quand Dieu choisit de se faire petit enfant ? Sans bruit, notre Dieu signe un renversement des valeurs en donnant la première place aux petits, aux faibles et aux pauvres. Il nous invite à un nouveau style de vie qui donne place à chacun ; un nouveau style de vie où l’on retrouve le goût de la simplicité ainsi que la noblesse de la sobriété.
En cette nuit de Noël, réjouissons-nous et rendons grâce d’être rejoint par Dieu en notre petitesse. Avec Jésus, nous la lui offrons en sacrifice de louange. (2015-12-25)
Année C - 4° Dimanche de l'Avent - 20 décembre 2015
Michée 5 1-4; Héb 10 5-10; Lc 1 39-45
Homélie du F.Denis
Voici Noël tout proche. Sur la longue façade de la mairie de Saint Léger Vauban, un ruban de lumière annonce les mots toujours attendus, Joyeuses fêtes. Je vous propose, en suivant les trois lectures, de redire les dons que Dieu nous fait pour notre joie chrétienne. Les soucis contemporains ne sont pas loin. Trois mots vont nous guider, Terre, Fraternité, Dieu.
La Terre.
Aux origines Dieu nous a donné la terre y vivre. A Noël, dans la plus grande discrétion, et quand cette vie n'était plus très claire, la terre se renouvelle : on peut, on doit habiter sur la terre comme au ciel, dit Jésus, le Royaume de Dieu est proche. Après beaucoup d'obstacles, c'est le retour possible à une terre habitable, promettait Michée. Avec le Christ venu habiter cette terre, la promesse est tenue et nous devons aimer la terre, la respecter, l'anoblir en beauté, en fécondité, en accueil pour tous. Difficile travail qui fait appel à notre libre activité. Il faut avoir le courage d'aller jusqu'au bout de son humanité », heureuse formule du théologien Theobald. Elle ne conduit pas au stoïcisme païen:- au pur volontarisme, mais a la coopération avec Dieu. Ne compter que ses seules forces personnelles provoque, on le sait, l'obsession personnelle et la tyrannie politique. Travailler avec Dieu donne, au contraire, une vraie liberté. Pourquoi Dieu, qu'on dit si bon, accepte-t-il tant de malheurs sur la terre des vivants ? Parce que ces malheurs, que Dieu n'a pas voulus, demandent pour être vaincus l'effort conjugué de tous, une conquête pacifique mais soutenue, conquête mot qui veut dire quérir ensemble, une conquête qui permet de vivre dans la Paix de Dieu sur la terre comme au ciel. Nous la désirons, Dieu la veut.
Fraternité.
Il y avait deux femmes, deux cousines qui se visitent. Et je vous dis que ce sont deux sœurs ? Ce sont deux sœurs. Sauf l'âge, elles ont en commun, le même désir de Dieu. C'est bien plus qu'un instinct de deux femmes, l'une et l'autre enceintes, soucieuses de s'aider. Elles savent que l'heure vient, non seulement de l'enfantement, mais du salut du monde. Nous sommes bien sur terre, mais, à cette heure, le plus terrestre qu'est un enfantement devient le plus divin. Regardons ce mot sublime de frère. Certains autres noms utilisés pour dire les relations humaines sont, eux aussi, pleins d'humanité, mais Frères dit beaucoup plus. Ce ne sont pas des camarades, partageant la même chambrée et le même combat, soit armé, soit politique et social. Frères et pas seulement des convives ou des copains, ceux qui ont le même pain, les compagnons. Frères et pas seulement des confrères comme sont les médecins, les notaires. Frère, c'est le vrai nom du moine après sa profession. C'est exactement ce que tout homme devient quand il est baptisé dans sa foi au Christ et quand il 'vient communier au corps eucharistique du Christ. Tous frères? Comment cela est-il possible et que faire? Dans vos diocèses, vous avez des guides qui vous orienteront, ce que les moines n'ont pas mission de faire. Mais moines ou pas, nous sommes tous des frères grâce à Dieu, l'Unique.
L'Unique.
L'Unique dans la Bible et sans cesse dans l'Ancien Testament, c'est le nom réservé à Dieu. A Noël, c'est le nom de Jésus. La Lettre aux Hébreux, des juifs devenus chrétiens, insiste en prenant le point central de notre foi, Jésus en donnant son corps en sacrifice a mis fin à tous les sacrifices pour les péchés. Alors que les Grands Prêtres, chaque année donnaient le pardon des péchés de cette année, Jésus, unique grand Prêtre irremplaçable a tout fait et pour toujours en une seule fois. Jésus est l'Unique sauveur de tous les humains devenus en lui des frères.
Qui donc est Jésus? Noël nous pose la question et nous ne cessons pas de chercher à mieux le connaître. Bonne fête pour le cœur de chacun, bonne fête pour le monde. (2015-12-20)
Année C - 3° dimanche de l’Avent – 13 déc 2015
Soph 3 14-18 ; Phil 4 4-7 ; Lc 3 10-18
Homélie du F.Jean Noël
« On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu », la Sagesse populaire le perçoit : ce serait inconvenant. Alors aujourd’hui, juste un mois, jour pour jour, après le vendredi noir, ce vendredi 13, laisser la liturgie de ce dimanche nous inviter à la joie ? De l’inconscience ? Ou quoi ?
Vous me direz : nos lectures ont été programmées bien avant les évènements ! C’est vrai. Et encore ?
1) Un avertissement solennel de Jésus. C’était à Nazareth, dans la synagogue. Sa première prise de parole publique. Il ouvre le livre, fait la lecture et commente : « La parole, c’est aujourd’hui.. » et l’on sait combien les gens ont été remués ? La Parole, c’et pour nous aujourd’hui. Pour notre « aujourd’hui », comme il est.
2) Sophonie. Ses mots lumineux : la joie de Dieu à cause de nous. La Nôtre à cause de lui. Comment ? dans son aujourd’hui. On le sait plus noir que noir ?
3) Et quand Paul nous dit : Ne vous inquiétez de rien. La joie, toujours. Rendre grâce, toujours !
Ce n’était pas bien au chaud, chez lui, à coté d’une tasse de thé fumant ? Tout simplement il était en prison. Pour combien de temps ? Le savait-il seulement ? La joie quand même !!
4) Et Jean-Baptiste ? Quel discours incongru, dans ce monde impitoyable où la joie, c’était d’être le plus fort, le plus dur, le plus grand, le plus… Là, tout le contraire : pas de violence, pas d’injustice, fuir les intrigues, se contenter de ce que l’on a, partager ses biens, sa nourriture. Le monde à l’envers !
Alors la Joie comment ?
Je reprends la formule de Jésus à propos de la paix.(Paix et joie sont cousines).
La Joie comment ? « La joie pas comme »
La joie, pas comme le monde la donne : joie par exemple de quinzaine commerciale avant Noël : joie paillettes et chocolats. Non pas ça ! La joie de Dieu ne peut venir que de Dieu. «Dieu centre lumineux de fête et de joie » comme dit le pape François dans sa belle lettre sur, justement, « la joie de l’Evangile ». Dès le n° 4, il cite d’ailleurs notre texte de Sophonie « Dieu qui met en nous son allégresse… » ajoutant aussitôt en confidence : « Relire ce texte me remplit de vie ». Oui, « François au milieu des loups » comme titre un livre récent… eh ! Bien la joie quand même !! Mais une fois encore, la joie comment ?
Ces temps-ci, on nous invite beaucoup à veiller. Veiller ! C’est cela. Arrêter de courir toujours, à toujours plus. Se contenter du suffisant. S’arrêter, tendre l’oreille.
Apprendre, par exemple, du pauvre homme du Ps 141 à dépasser sa plainte « Personne qui me connaisse, Personne qui pense à moi, Je suis pauvre et malheureux » Moi, Moi
Apprendre de celui du Ps 39, lui aussi « pauvre et malheureux » à refaire surface d’un vigoureux « Mais Seigneur, pense à moi ».
Nous le savons par les Evangiles, c’était là le secret de Jésus. Souvent il s’arrêtait, tendait l’oreille, priait son Père dans le secret, reprenant pieds fermement sur le roc de la Parole, jamais oubliée : « Tu es mon Fils, bien-aimé », réactivant son bonheur de se savoir ainsi aimé, s’y plombant pour vivre tout ce qui venait, son aujourd’hui, comme il venait.
Aimé divinement, comme il l’était, que pouvait-il craindre ?
Et nous ? Si jamais on ne s’arrête ? Si jamais on ne tend l’oreille ? Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Je le sais. Mais c’est bien ce à quoi le Pape François ne cesse de nous inviter dans la « joie de l’Evangile ».
On se ferait certainement du bien à le lire, à le relire, un vrai GPS, pour nous diriger, comme le demande la prière d’ouverture : « Pour nous diriger vers la joie d’un si grand mystère ». Essayons voir !! (2015-12-13)
Année C - 8 Décembre 2015 Immaculée Conception
Ouverture de l’année de la miséricorde
Gen 3 9-20;Eph 1 3-12; Lc 1 26-38
Homélie du F.Ghislain
Nous venons d’entendre l’Annonce faite à Marie. Dans son évangile, saint Luc la fait précéder de l’annonce faite à Zacharie, le prêtre de Jérusalem et, par ricochet, à sa femme Elisabeth, et voilà comment il les décrit : « Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient les observances du Seigneur d’une manière irréprochable » (1, 6). Or ces deux personnes qui ont mené une vie de fidélité, qui ont fini par accepter la stérilité de leur foyer, lorsqu’un ange vient leur annoncer que leurs prières ont été exaucées, qu’ils vont enfin avoir un fils et que celui-ci aura un rôle décisif dans l’accomplissement tant attendu des promesses de Dieu à Israël, c’est tellement fort qu’ils ne peuvent pas y croire. Zacharie et Elisabeth sont parfaits dans la Loi, ils se trouvent dépourvus devant la Prophétie !
De Marie, on ne nous dit rien à l’avance, sinon qu’il s’agit d’une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph. Puis, on nous détaille le message de l’ange. D’abord que l’enfant qu’on lui annonce sera le nouveau David, promis dans les Ecritures et jusque là si attendu. Ensuite, en réponse à une question, déconcertante sur les lèvres d’une femme déjà accordée à un homme, l’Ange dit que l’enfant sera conçu du saint Esprit et qu’il sera appelé Fils de Dieu. Et Marie acquiesce, simplement. Peut-être fallait-il l’Immaculée Conception pour que Marie pût donner un consentement si simple à une invitation si immense, démesurée, inattendue. Une situation de pureté intérieure, de familiarité totale et simple avec Dieu, de naïveté sans calcul et de courage d’autant plus fort devant le futur imprévu et imprévisible que cette naissance va amener avec elle,
Aujourd’hui s’ouvre une année de la miséricorde. Dans un monde de violence, d’insécurité, de terrorisme, de crise financière, de replis identitaires… Pour accueillir cette année, il nous faut sans doute doucement, sans discussion inutile, en confiance filiale, retrouver en nous, au-delà même de nos fidélités à la Loi divine, ce petit espace immaculé qui existe, qui existe vraiment, que Dieu n’a pas laissé polluer, dans nos personnes et dans nos communautés. Et dire alors, en communion les uns avec les autres que, devant ce message assez inattendu que Dieu nous adresse par le Pape François, « nous sommes des serviteurs et des servantes ». Chanter le Magnificat. Attendre des merveilles. (2015-12-08)
Année C - 2e dimanche de l'Avent - 6 décembre 2015
Ba 5/1-9, Phil 4-6,8-11, Lc 3/1-6.
Homélie du F.Cyprien
Baruch : Parole de consolation : « Jérusalem, tes enfants rassemblés se réjouissent parce que Dieu se souvient ».
Saint Paul aux Philippiens : satisfaction de l’apôtre qui constate des progrès chez les fidèles ; il les encourage : « Celui qui a commencé en vous un si beau travail continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus… ainsi serez-vous saints et irréprochables pour le jour du Christ ».
Avec l’Evangile : Jean-Baptiste, celui qui « court devant ». Sa prédication : se préparer au Jour où tout le monde va devoir rendre des comptes…
« La parole de Dieu fut adressé dans le désert à Jean, fils de Zacharie : « Préparez le chemin du Seigneur ».
Jean-Baptiste annonçait la venue de Jésus, « Emmanuel », Dieu-avec-nous : et nous, nous croyons que Jésus reviendra dans sa gloire de Ressuscité, … apportant le salut définitif, en rassemblant, en récapitulant toute l’histoire… Jésus ressuscité jugeant les vivants et les morts…
Dieu se souvient, dit le prophète Baruch, il se souvient et… Il vient ! Le temps est donné à chaque homme pour préparer sa venue…
Mais combien attendent vraiment, combien préparent vraiment cette venue ?
Si Dieu vient, s’il s’approche, il convient de nous préparer… Ce n’est pas n’importe quelle rencontre, celle qui donnera sens à tout ce qui fait notre existence sur cette terre!
Les premières générations chrétiennes ont pensé que le Messie se faisait attendre....
Mais depuis qu’il est venu … se fait-il attendre ?
S’il tarde, ne serait-ce pas parce que nous ne sommes pas prêts à le recevoir ? Le père Teilhard de Chardin écrit : « le Seigneur Jésus ne viendra vite que si nous l’attendons beaucoup.... »
Faudrait-il avouer alors que nous n’attendons plus rien ? Beaucoup de gens attendent une amélioration de leur vie, ils comptent sur un avenir meilleur.
Face à cela ne trouvez-vous pas qu’il y a assez de catastrophes… depuis Jean-Baptiste et Jésus, pour ne pas admettre que Dieu donne sans cesse les avertissements qu’il donnait déjà avant sa Passion ? « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même », … à propos de malheureux massacrés par Pilate et d’autres écrasés sous une tour écroulée.
Il faudrait hâter nous-mêmes cette venue par notre ferveur, par notre sainteté, par notre vigilance… « en veillant dans le foi »…
Nous-mêmes, ne pas remettre à la fin des temps cette venue, nous appuyer sur la promesse de Dieu pour vivre.
Notre Seigneur, notre Dieu est Celui qui est, qui était et qui vient : il vient, il vient maintenant.
« Préparez le chemin du Seigneur » : ceci s’adresse à tous et pour toujours… Oui, ce ne sont pas deux millénaires qui feraient que Dieu oublie de venir. Dieu se souvient et il ne peut se laisser enfermer dans notre compréhension des choses et des événements ; Dieu ne se laisse pas enfermer… il vient !
Parce que Lui n’est plus soumis au temps, nous devons penser que ce retour, cette venue du Fils de l’Homme, c’est de tout temps.
Le temps de l’Avent, de « l’Avènement », c’est aujourd’hui, l’aujourd’hui d’une venue et d’une présence qui nous surprend et qui nous surprendra sans cesse.
Dans la foi au Christ ressuscité, ce qui nous permet de vivre tout ça, cela s’appelle l’espérance.
…Trois façons de vivre de la grâce et du pardon de Dieu :
La foi : notre foi se fonde sur le passé où Dieu, bienveillant, s’est révélé.
La charité : la charité donne vie à nos actions dans le présent de l’Amour divin … à la suite de Jésus « qui est passé ici-bas en faisant le bien ».
C’est l’espérance qui nous fait avancer dans la confiance et la persévérance :
= dans la paix que Dieu donne ;
= Bien plus…dans le pardon et la grâce qui viennent de Lui, nous acceptons le chaos de l’histoire humaine ; Dieu nous donne la force de porter cette histoire … nous confions notre avenir dans ses mains de Père. Cet avenir s’identifie peu à peu à celui de Jésus mort et ressuscité. Par de là l’épreuve et la mort, la vie de Dieu/la vie en Dieu nous est promise.
Année jubilaire de la Miséricorde et du pardon : année de foi et de charité, année au moins autant d’espérance, de vie vers Jésus le Christ, car, oui, il vient … Il nous aime et veut nous sauver. (2015-12-06)
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Année B -34e Dimanche ordinaire Fête du Christ Roi - 22 novembre 2015
Daniel 7, 13-14 Apoc. 1, 5-8 Jean 18, 33b-37
Homélie du F.Ghislain
Le 13 novembre dernier, à l’annonce de l’attentat terroriste à Paris, à la description du massacre, des victimes, dans la crainte pour les nôtres, dans la colère, peut-être nous sommes-nous souvenu de l’épisode tragique, insoutenable que raconte Elie Wiesel dans son récit intitulé « La Nuit ». Vous le connaissez sans doute : il s’agit du moment où deux hommes et un enfant sont pendus par les nazis dans le camp de Buchenwald. L’enfant, contrairement aux adultes, n’en finit pas de mourir et Wiesel entend quelqu’un derrière lui demander : « Où est le Bon Dieu, où est-il ? » et une seconde fois : « Où donc est Dieu ? ». Et l’auteur ajoute : « Où Il est ? Le voici – il est pendu ici, à cette potence… »
Où était Dieu le 13 novembre à Paris ? Où était-il la veille à Beyrouth ? Où était-il avant-hier à Bamako ?. Ce ne sont pas des questions académiques, c’est la révolte de nos cœurs. Si Dieu existe, s’il est amour, que fait-il devant nos drames ? Dans les psaumes, nous trouvons plusieurs fois cette injonction : « Dieu, sors de ton silence ! »
Aujourd’hui, fête du Christ-Roi, l’Eglise nous fait regarder Jésus devant Pilate. Il arrive après une nuit sans sommeil, des interrogatoires avec voies de fait par des juges décidés à le perdre. Il arrive, ayant échoué dans sa mission de préparer le peuple et la terre d’Israël à être les prémices et les auteurs du Royaume de Dieu son Père. Il a subi l’hostilité des chefs de ce peuple qui auraient dû être les premiers à l’accueillir et à le seconder. Il a vécu l’instabilité des foules, désireuses de guérison miraculeuse et de victoire sans combat contre leurs oppresseurs. Jusqu’au dernier moment, il avait compté sur le soutien des disciples qui l’avaient suivi, qu’il avait formés, auxquels il avait ouvert son coeur mais qui au dernier moment se sont enfuis, après que l’un d’entre eux ait manigancé son arrestation. Le voici devant Pilate, absolument seul, sachant que rien ne le sauvera du massacre préparé, désiré, obtenu d’ennemis vraiment aveuglés par la haine. Et du coté de Dieu son Père, qu’il avait supplié avec des larmes de sang, rien. Regardons-Le. Ne détournons pas les yeux.« O vous qui passez par le chemin, voyez s’il est douleur semblable à ma douleur »
Pilate cependant dialogue. Dans tous les récits de la Passion, les païens sont subjugués par Jésus. Sa dignité que rien n’altère, son silence, la justesse de ses propos. Encore à ce moment Il continue sa mission, et de sa personne émane la grandeur de celui qui n’est habité que par la vérité. A la fin de son procès, le magistrat romain confessera : « Celui-ci est le roi des Juifs ». Et qui est le roi des juifs, dans la Bible, sinon Dieu : « Dieu règne » disent les psaumes. Après sa mort, le centurion romain confessera : « Celui-ci est le Fils de Dieu ».
Où est Dieu, demandait Elie Wiesel ? Le Fils de Dieu est pendu à nos potences. Il est parmi les morts de Saint Denis et du Bataclan, semblable à eux. Il est présent par son Esprit à tous et chacun des massacrés de la terre, mourant avec ceux qui meurent, souffrant avec ceux qui souffrent, pleurant avec ceux qui pleurent, éveillant les uns et les autres à l’Espérance qui finalement ne déçoit pas. Voilà le Christ-Roi !
Où est Dieu ? Le Fils de Dieu est sur le visage de ceux qui viennent au secours des victimes, se dépensent pour aider, il est sur ceux qui souffrent avec dignité, ceux qui affirment la vie, ceux qui, au fur et à mesure que le drame s’éloigne, continuent à s’occuper de ceux qui ont tant perdu.
Où donc est Dieu ? est-il en ceux qui massacrent, car on les a fanatisés au point qu’ils meurent, eux aussi, en même temps que ceux qu’ils tuent, car on les a persuadés, tels les Croisés d’autrefois, qu’ils plaisent à Dieu en exterminant les impies ? Le Christ n’est pas en eux quand ils massacrent mais, quand on le massacrait, Lui, il disait : ‘Père pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Le Fils de Dieu est avec ceux qui pardonnent et avec ceux qui sont pardonnés.
Où donc est Dieu ? En nous aussi qui, en ces jours difficiles, essayons de persévérer sur un chemin d’Evangile dans cet hôpital de campagne qui s’appelle l’Eglise. Jésus est notre Roi. ! (2015-11-22)
Année B - 33° Dimanche du Temps Ordinaire - 15 Novembre 2015
Dan 12 1-3; Heb 10 11-18; Mc 13 24-32;
Homélie du F.Denis
Nous allons vers la fin de l'année liturgique, dimanche prochain nous célébrons le Christ Roi et dans quinze jours, c'est le 1 er dimanche de l'Avent. Avent, à venir, ce qui vient: le Royaume de Dieu selon son plan. Sans m'arrêter sur les trois lectures de cette messe, je vous propose de réfléchir sur ce que signifie la messe, toute messe dans cette venue espérée du Royaume. Pourquoi allons-nous à la messe? Vous savez la réponse : nous allons à la messe pour louer Dieu avec le Christ.
Mais, au moment de l'élévation, le prêtre nous fait regarder le Christ, avec les signes de sa mort: dans un grand silence, il montre d'abord l'hostie, puis le calice, d'abord le corps du Christ, puis, le sang du Christ. Le Christ est là présent tel qu'il était quand il meurt. La messe serait-elle un moment de mémoire pour nous souvenir de Jésus mort pour le monde? Bien mieux, elle est un vrai sacrifice agréable à Dieu, mais pas un nouveau sacrifice, elle est le sacrifice unique et définitif de Jésus rendu présent sous nos yeux, pour le salut du monde. Et, à partir de son don total à son Père, total dans sa mort, il nous fait vivre. La messe est un grand moment de vie.
. Expliquons-nous. Et je choisis pour cela un mot qui peut étonner, la messe nous déplace, nous fait marcher, elle donne à notre humanité d'aller loin dans ses possibilités : nous allons regarder, écouter, répondre à une invitation entendue, prendre et donner, échanger la paix avant de manger, oui manger. La messe est un repas qui permet de marcher, d'aller plus loin. On y vient, on en sort plus fort, plein d'allant, capable de nous déplacer encore. Disons que la messe qui est un acte bref nous fait expérimenter trois déplacements majeurs, trois marches :
D'abord, première marche, celle de l'offertoire, vraie procession de quelques-uns d'entre nous et qui nous représentent tous. Ils s'approchent paisiblement de l'autel où le prêtre attend et, incliné, reçoit silencieusement les dons offerts, puis les offre. Nos yeux les suivent, là est notre vie offerte.
Le prêtre lève alors les bras pour chanter Dieu. Ce geste, reprenant les gestes des juifs au Temple, était devenu celui du Christ, du Christ en croix particulièrement. Le prêtre, donc les bras levés, commence alors la grande louange de Dieu, l'Unique et définitif sacrifice de louange qui puisse plaire à Dieu puisque que là est dit l'amour du Père et du Fils.
Seconde marche vers l'autel. Cette fois, c'est pour manger et boire. Oui, manger Pour manger le Corps du Christ. L'acte de la bouche, de la manducation, est la façon la plus naturelle d'assurer une vie durable indispensable et permettant à la vie chrétienne d'être ce que Dieu nous offre : partager sa vie dès la terre. Moment capital, jadis ignoré dans nos paroisses où la communion était donnée et reçue après la messe, sous prétexte de libérer l'autel pour la messe suivante. Non, se déplacer vers l'autel pour communier, dans une fraternité de baptisés, nulle part aussi naturelle et vraie.
Troisième marche. Et c'est pourquoi on dit de la Messe qu'elle est un Mystère. Quel mystère? Ce Pain, le Corps du Christ, ce peu de vin que nous recevons, mais c'est vraiment le sang du Christ, nous font grandir divinement, aux horizons de Dieu.
Le Christ immolé à en mourir a été ressuscité par son Père, et ce que Dieu projette et qu'il nous a dit, par Jésus, dans la prière dominicale, le Notre Père, devient possible: que sur terre comme au ciel son Nom, son règne, sa volonté soient le réel de notre vie quotidienne. Allez, dit donc le prêtre à l'assemblée, demeurez en présence de Dieu et annoncez, par votre vie, vos travaux, votre silence même, que le Royaume de Dieu est proche.
Présence de Dieu dans la messe, force dans nos vies, et dans toute l'humanité, amour fraternel à l'image de l'amour éternel du Père, du Fils de l'Esprit (2015-11-15)
Année B - 32° dimanche du Temps Ordinaire - 8/11/2015
1 R 17 10-16; Héb 9 24-28; Mc 12 38-44
Homélie du F.Vincent
L'Évangile de ce matin me fait penser à un petit récit de Tagore, le grand poète indien, vous connaissez sûrement! C’est l'histoire d'un pauvre mendiant qui croise le cortège rutilant du roi. En le voyant, il se dit que c'est son jour de chance. Alors il tend la main vers le char en or. A sa grande surprise le roi lui demande « Qu'as-tu à me donner ? » Le mendiant déçu cherche au fond de son sac quelques grains de riz et il en donne un au roi. A la fin de la journée, le mendiant fait ses comptes et dans ses pauvres grains, il en trouve un en or. Il se dit alors : Que n'ai-je donné mon tout ?»
C'est vrai ce n'est qu’un conte mais c'est comme le négatif des textes bibliques de ce dimanche. Quand Dieu envoie le prophète Élie au désert, ce n'est pas pour convertir mais pour mendier. Et c'est à une pauvre veuve qu'il fait appel. Contrairement au poème de Tagore, elle donne tout le peu dont elle dispose. Et c'est avec ce peu que le Seigneur a réalisé de grandes choses. La veuve de notre Évangile fait de même.
En écoutant cet Évangile, je repensais aussi à une phrase du Père Michel Rondet, un grand jésuite, il disait: « Toute la vie spirituelle, toute la vie chrétienne, c'est passer de la sainteté désirée à la pauvreté offerte. » ; oui, c'est tout l'Évangile, l'Évangile de ce matin!
Ce n'est pas à nous de condamner les gens riches passés avant la pauvre veuve. D'ailleurs le texte très sobre ne les condamne pas. Ils mettaient leur offrande dans le tronc du Trésor. Par là ils faisaient une démarche pour exprimer à Dieu leur adhésion. On peut supposer, je pense, qu'ils désiraient la sainteté.
Mais c'est quand nous avons tout donné, quand notre confiance ne repose plus que sur Dieu seul (et non plus sur nos richesses), sur Dieu seul qui est tendresse, qui est tout Amour, c'est quand nous comprenons que nous ne serons pas le moine, le chrétien, la chrétienne que nous avions rêvé, c'est alors que Dieu pourra réaliser en nous les merveilles de sa grâce. C'est alors que nous pourrons commencer à accueillir l'Eternelle nouveauté de Dieu. C'est alors que nous pourrons commencer à devenir des saints en accueillant l'Eternelle et toujours nouvelle sainteté de Dieu.
C'est vrai, il nous est difficile d'admettre que notre seule richesse aux yeux de Dieu soit notre pauvreté; et pourtant c'est bien çà le cœur de l'Évangile.
Ce qu'il nous faut, c'est tout donner mais comme un DON reçu gratuitement; le donner comme une reconnaissance joyeuse du DON de Dieu.
Car Dieu ne cesse de combler, en nous la révélant, notre radicale pauvreté. C'est à chaque instant que ce don nous est fait et que nous avons à lâcher dans le trésor de Dieu notre minuscule piécette.
Si nous savons accueillir de plus en plus et de mieux en mieux ce DON inestimable que Dieu nous fait, le DON de son Amour, si nous savons de plus en plus lui rendre grâce, alors nous pourrons l'entendre de mieux en mieux, l'entendre de plus en plus nous dire et nous redire : "Toi, oui toi, tu es mon Fils bien-aimé. En toi je suis heureux !".
*AMEN* (205-11-08)
Année B - 2 Novembre 2015 - Messe des défunts
2 Mac 12 43-46; Jn 6 37-40
Homélie du F.Damase
Je suis la Résurrection et la Vie.
Mon Père, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob,
n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Celui qui croit en moi, vivra à jamais.
La mort n'est pas une réalité abstraite.
Elle est bien présente dans nos existences.
C'est pour cela que nous cherchons à l'escamoter de mille manières,
à faire comme si ce temps allait se poursuivre sans interruption.
Nous chrétiens, nous croyons au Christ,
vainqueur de la mort et vivant à jamais.
Mais nous connaissons aussi cette lutte entre la vie et la mort,
ce combat pour accepter notre mort, afin que la vie du Christ triomphe en nous.
Un jour, comme tout homme, nous aurons à affronter notre mort.
Ce ne sera pas plus facile, ni plus difficile, du seul fait que nous avons la foi.
En ce jour, nous pouvons seulement dire que
nous désirons vivre cette étape, comme Dieu voudra, et quand il voudra.
Nous souhaitons que nos derniers instants sur cette terre
soient un passage avec le Christ et vers Lui.
Aujourd'hui, avec toute l'Eglise, nous prions pour tous les défunts.
Certains ont pour nous un visage et une voix.
Ils évoquent des souvenirs, heureux ou difficiles.
Nos frères Nicolas, Orsise, Servan et Ernest
nos parents, des voisins ou des amis sont là
présents à notre cœur et à notre prière.
Dans quelques jours, nous égrènerons leurs noms,
D'autres sont membres de cette foule d'inconnus, d'oubliés, d'anonymes, disparus dans les guerres, prisons, cataclysmes, hôpitaux, nos frontières et autres déserts multiples...
Oui, nous voulons et nous devons nous souvenir d'eux,
car ils sont les amis très chers du cœur de Dieu.
Ils sont ces heureux énumérés hier par la litanie des Béatitudes.
Ils n'ont laissé aucun nom, aucune trace sur cette terre,
alors leur souvenir est précieux à tout le Peuple de Dieu,
spécialement au très humble et très pauvre Fils de Dieu lui-même,
Sa mission est de n'en perdre aucun,
Son amour donne la vie à chacun.
Aujourd'hui, nous confessons que Jésus n'a pas simulé la mort.
Il l'a assumée douloureusement, dans son corps et dans son coeur :
"Mon Dieu, mon Dieu pour quoi m'as-tu abandonné ?"
Il l'a assumée amoureusement, pour son Père et pour nous.
"La volonté de mon Père est que tout homme
qui voit le Fils et croit en Lui obtienne la vie éternelle ;
et moi je le ressusciterai au dernier jour".
Désormais, la mort est derrière nous ; la vie est devant nous.
Thérèse de Lisieux disait avec exactitude :
"je ne meurs pas, j'entre dans la vie".
En ces jours de novembre,
nous prions pour nos défunts, tous les défunts,
Ils ont semé dans les larmes, qu'ils récoltent dans la joie!
Leur orgueil est d'avoir espéré partager la Gloire de Dieu" (cf Rom 5, 2). (2015-11-02)
Année B -TOUSSAINT 2015
Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Il y a quelques années, un livre sortait avec pour titre : « Jésus, l’ami déroutant ». Ce titre pourrait s’appliquer tout à fait à l’évangile que nous venons d’entendre. Jésus s’y révèle l’ami ou plus encore le « maitre déroutant ». Jésus ami et maitre, ne veut que notre bonheur, mais quel bonheur ! « Heureux ceux qui pleurent…, heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute… » Qui d’entre nous oserait dire ces paroles à quelqu’un qui pleure ? Qui oserait dire aux chrétiens persécutés d’Irak et de Syrie : « heureux êtes-vous parce que l’on vous persécute » ? Nous touchons du doigt ici combien ces paroles de Jésus ne sont pas des paroles humaines comme les autres. Lui seul pouvait et peut encore aujourd’hui parler ainsi à chacun d’entre nous. Et pourquoi Lui seul ? Parce qu’à la lumière de sa mort et de sa résurrection nous croyons aujourd’hui que ces paroles sont vraies. Lui, le doux, le pacifique, le miséricordieux, il a été persécuté pour la justice, insulté. Et aujourd’hui, Lui le Vivant, il connaît le bonheur dans la Gloire de son Père … Inaccessible à nos efforts de perfection et à nos vertus, Jésus nous a partagé ce bonheur et il veut nous le partager pour toujours. Telle est l’espérance qui motive la célébration en ce jour.
Telle est la Bonne Nouvelle que fêtons aujourd’hui. Comme le suggère la première lecture, le sang versé de Jésus, l’Agneau innocent, blanchit les vêtements d’une foule innombrable…C’est notre humanité déjà rachetée, « la cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en haut » comme nous le chanterons dans la préface. C’est notre humanité promise à une joie sans pareille. Joie demain, mais aussi joie dès aujourd’hui.
« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse » conclue Jésus « car votre récompense est grande dans les cieux ». Frères et sœurs, cette fête voudrait nous apprendre dès maintenant à recueillir et peut-être aussi à cultiver la joie de Jésus. Mais une joie, au milieu des persécutions, est-ce possible ? Comment au milieu des adversités et des combats, entrer dans cette joie ? Avec vous, j’entends cette exhortation de Jésus, et avec vous je cherche moi aussi, là où spontanément j’aurai tendance à m’attrister et me lamenter…Certainement Jésus nous invite à laisser l’espérance de le rejoindre un jour, nourrir toujours plus profondément notre joie présente. Cette espérance est la source imprenable de notre joie. Elle ne donne pas une certitude, mais elle est comme socle sur lequel on peut prendre appui pour rebondir. Mais pour nourrir encore davantage notre joie, ne faut-il pas aussi laisser l’espérance du bonheur à venir changer notre manière de vivre. Vivons-nous comme si seul le présent comptait, ou bien vivons-nous dans la conscience que notre temps passe et qu’il est orienté vers un avenir en Dieu ? Cherchons-nous à tout prix à maitriser et à remplir le temps présent comme si Dieu n’existait pas, ou bien laissons-nous à notre quotidien une ouverture ? Pour nous chrétiens, la prière joue ce rôle, ainsi que la lecture…savoir s’arrêter pour scander le temps de ces moments qui donnent à notre quotidien son goût d’éternité. Quand Jésus proclame heureux les pauvres de cœurs, les doux, les miséricordieux, les artisans de paix, ne nous indique-t-il pas un style de vie, plus qu’un modèle ? Le style d’une vie qui ne prend pas pour soi, mais qui accepte d’être ouverte aux autres, sans rien retenir. Les pauvres de cœurs ne sont pas encombrés d’eux-mêmes, mais ouverts à ce qui vient, dans la conscience de leur petitesse. Les doux, les miséricordieux et les artisans de paix ont renoncé à la prétention d’imposer leurs vues aux autres. Ils leur donnent plutôt une place de choix par leur accueil et par leur disponibilité. Oui l’espérance du Royaume des cieux et du bonheur partagé en Dieu peut nous apprendre le style d’une vie décentrée de nous-même, source d’une joie d’un autre goût.
Rendons grâce en cette eucharistie pour cette joie que Jésus a offerte en partage à tous les saints et amis de Dieu durant leur existence, et maintenant dans sa gloire. Rendons grâce et accueillons maintenant sa Vie offerte qui vient nourrir et fortifier notre joie. (2015-11-01)