Homélies
Liste des Homélies
Année C - 5° Dimanche du Temps Ordinaire - 7 février 2016
Is 6 1-8; 1 Co 15 1-11; Lc 5 1-11
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Les trois lectures entendues nous disent la force d’une expérience de Dieu : le prophète Isaïe dans le temple qui est saisi par la gloire de Dieu, les disciples dans la barque qui sont sidérés par la pêche abondante réalisée sur la seule parole de Jésus, et Paul qui rappelle l’apparition du Christ ressuscité faisant de lui un ardent apôtre, de persécuteur de l’Eglise qu’il était. Trois expériences à travers lesquelles Dieu se manifeste et bouleverse la vie de ceux qui la font. Trois expériences qui peuvent nous enseigner sur notre propre rencontre de Dieu et nous donner cœur pour nous mettre en route. Je retiendrai trois mots : sidération, parole, et envoi.
Sidération. Isaïe, Pierre et Paul vivent une expérience qui les sidère. Isaïe s’estime perdu, Pierre est effrayé et se met à genoux. Le récit des Actes nous rapporte que Paul tombera à terre. Devant quelque chose qui est tellement extraordinaire, nos trois témoins sont comme cloués au sol. Leur vie est bousculée par cet évènement qui sort de l’ordinaire. Une présence s’impose à eux, et ils ne peuvent rien lui opposer. Présence forte de Dieu qui manifeste par contraste leur petitesse : « Malheur à moi, je suis un homme aux lèvres impures »… « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur »… Dans nos vies, dans notre histoire avec Dieu, peut-être pouvons-nous tous repérer, un de ces moments privilégiés où les choses et de Dieu et de l’homme nous sont apparues dans une lumière forte. Une lumière si claire que dans cet instant nous avons saisi, ou nous avons été saisi par le mystère et de Dieu et de notre propre petitesse devant lui. Sûrement pour la plupart d’entre nous, cette expérience ou ces expériences n’ont rien eu d’extraordinaire ni de merveilleux. Mais quelque chose en nous a été touché, peut-être sidéré, si intimement que nous ne pouvons l’oublier. Frères et sœurs, gardons mémoire de ces moments privilégiés, souvent fondateurs. Non pour essayer de retenir quelque chose de Dieu, mais pour conserver l’élan de vie et de grâce de tel moment.
Parole. La Parole est presque toujours liée à ces évènements forts, à ces expériences. Isaïe entend la voix de Dieu. Pierre obéit à la Parole de Jésus puis est rassuré par sa parole : « soit sans crainte ». Et Paul entend une parole, qu’il reçoit comme une grâce. Dieu dont le mystère est si grand, vient à nous, en nous parlant, en s’adressant à nous. Sa Parole nous introduit dans une relation vivante avec lui. Si la frayeur a pu terrasser, la Parole rassure et relève. Elle remet debout. Notre Dieu n’est pas le Dieu de la sidération, Il est un Dieu de relation. Il désire tisser avec nous une amitié qui respecte chacun de nous, avec sa personnalité et son rythme. Par sa Parole, Dieu propose d’entrer dans une Alliance, un chemin sur lequel nous allons peu à peu découvrir son visage, mieux le connaitre, mieux l’aimer.
Envoi. Il est frappant de voir que la rencontre fulgurante avec Dieu conduit à un envoi. Celui qui a fait cette expérience devient messager de Dieu. Ce qu’il a vécu n’est pas pour lui seul. Isaïe le comprend : « Me voici, envoie-moi ». Pierre l’entends : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Et il suit Jésus en laissant tout. Paul fait l’expérience que la grâce reçue n’a pas été stérile dans sa vie d’envoyé aux nations. Oui, cette expérience de Dieu se révèle être appel, appel à aller vers les autres, en partageant la Bonne Nouvelle de la rencontre vécue, la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui vient à la rencontre de l’homme et qui l’invite à vivre avec lui une relation vivante.
Frères et Sœurs en cette eucharistie, nous faisons mémoire de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus, Bonne Nouvelle d’un évènement d’hier que nous accueillons pleinement aujourd’hui dans la Vie qui nous est offerte. (2016-02-07)
Année C - PRESENTATION DU SEIGNEUR - 02.02.2016
He 2,14-18 ; Lc 2, 22-40
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
« Il lui fallait se rendre en tout semblable à ses frères » nous dit l’épitre aux Hébreux à propos de Jésus. Ce chemin de ressemblance commencé dès sa conception, Jésus le poursuit dans l’accomplissement des rites de la Loi de son peuple, dont nous faisons mémoire aujourd’hui. Comme tout petit juif, lui le premier-né est présenté et pour lui on offre deux petites colombes. Ce geste rituel qui commémore la sortie d’Egypte permet de ne pas oublier que c’est le Seigneur qui sauve et que ce salut a eu un prix, la mort des premiers-nés de l’Egypte. Rien n’est dû, tout est donné par le Seigneur.
Ainsi Jésus a-t-il pu devenir « un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu afin d’enlever les péchés du peuple ». Jésus, le Fils de Dieu, n’avait pas besoin d’offrir ce couple de colombes. Il n’avait pas besoin d’être racheté, sauvé. En assumant avec notre humanité, ces rites de la Loi, il s’offre lui-même, prélude de son offrande sur la croix. Ainsi depuis sa conception jusqu’à la croix, Jésus vit un unique sacerdoce : celui de faire de toute sa vie une totale offrande. Se faisant il rétablit la relation entre Dieu et l’homme. La relation avait été brisée par le péché. Elle est rétablie par cette offrande totale et continue de Jésus à son Père. En notre humanité, il est tout tourné vers son Père, aimant, cherchant, travaillant, souffrant sans se détourner de son Père.
Telle est la lumière qui commence à poindre en ce jour de la Présentation et qui sera plénière lors de la résurrection. Mystère de la vie de Jésus qui est mystère du dévoilement progressif de cette lumière, en passant par l’épreuve de l’obscurcissement de la croix.
Méditer, contempler ce mystère du Christ, Lumière des nations, peut être source de réconfort pour nous. Cette lumière n’a rien d’éblouissant ni de clinquant. Elle est plutôt bienfaisante et réconfortante, si petite parait-elle être à nos yeux, comme l’était la flamme fragile du cierge que nous avons porté au début de cette célébration. Lumière qui accompagne nos pas humains avec leurs hésitations, leurs trébuchements aussi. Lumière qui donne force et direction à nos tâtonnements pour que notre vie soit vraiment humaine, depuis sa conception jusqu’à la mort. Lumière qui est là parce que rien ne notre humanité n’en est indigne. Lumière qui vient remplir de vie et de joie nos quotidiens très simples de moines quand ils consentent à se mettre humblement sous son halo. Oui, laissons-la-nous illuminer, nous fortifier, et faire de nous, une offrande pure et des témoins joyeux de la Bonne Nouvelle. (2016-02-02)
Année C - 4° dimanche du Tems Ordinaire 2016
Jr, 1, 4-5, 17-19 ; Ps 70 ; 1 Co 12, 31-13, 13 ; Lc 4, 21-30
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Le récit que l’on vient d’entendre peut faire surgir en nous cette question : qui est Jésus pour susciter une telle opposition dès le début de son ministère ? Pourquoi le prophète dérange-t-il autant ? Parce qu’il n’a pas d’autres intérêts que l’amour. Amour de Dieu son Père et amour des hommes. Les habitants de Nazareth voudraient retenir Jésus à leur profit afin d’exploiter ses talents de guérisseur. Mais, pour reprendre les mots de St Paul, l’amour ne cherche pas son intérêt ». Ils voudraient bénéficier de l’aura de Jésus dont la renommée grandit. Mais l’amour ne se gonfle pas d’orgueil.
Les habitants de Nazareth n’ont pas compris que Jésus est la voix et le visage de l’amour, et qu’on ne peut pas mettre la main sur lui. Sans compromission aucune, il est la voix de l’amour qui annonce aux pauvres la Bonne Nouvelle. Il est le visage de l’amour qui va son chemin et endure tout dans la patience. Jésus est la voix de l’amour qui ne cesse de dire la vérité qui libère. Et face à l’hostilité, il est le visage de l’amour qui ne s’emporte pas et s’efface, faisant confiance en tout à son Père.
A la suite de Jérémie, d’Elie et d’Elisée, prophètes de l’Ancien Testament, Jésus est vraiment le « grand prophète » attendu. Voix et visage de l’amour au milieu des hommes, il ne recherche pas la reconnaissance humaine. Et il n’aura de cesse jusqu’à la croix que l’amour ait le dernier mot en toute chose.
Frères et sœurs, par notre baptême nous a été donné de devenir des prophètes en Jésus. Avec Lui, par Lui, il nous revient aujourd’hui d’être au milieu de nos contemporains, la voix et le visage de l’amour. Amour fraternel dans nos communautés chrétiennes. Mais aussi amour sans frontière pour tout homme et toute femme rencontrés. « Là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde » nous encourage le pape François, en cette année jubilaire. Prophètes, il nous revient de faire signe de l’amour infini de Dieu pour tous. Chacun est prophète quand il fait un geste d’accueil au lieu d’un mouvement d’énervement spontané ; lorsqu’il ne mesure pas jalousement son temps ; lorsqu’il rend un service en sachant qu’il n’y aura pas de réciproque ; lorsqu’il donne une parole de vérité qui coûte ; lorsqu’il pose à contrecourant un geste de justice… Oui, soyons heureux d’être envoyés comme des prophètes de l’amour là où nous sommes, dans un monastère, dans la famille ou le travail, sur un lit d’hôpital ou dans la prison. Et si nous mesurons spontanément notre faiblesse, regardons Jésus et demandons-lui son aide. Regardons le en reprenant les mots de St Paul : « L’amour prend patience, l’amour rend service…l’amour ne passera pas ». Je vous propose d’apprendre par cœur ces quelques versets (4 à 8), ou de les écrire, et de les répéter en regardant Jésus, la voix et le visage de l’amour. Une autre façon de nous stimuler sur ce chemin exigent est de regarder les amis de Jésus, les saints. Essayons de mieux connaître notre saint patron, ou bien le saint du jour. Ainsi aujourd’hui regardons don Bosco qui a su si bien aimer les jeunes déshérités et leur faire confiance. Avec les saints, laissons l’Esprit nous apprendre à aimer sans mesure. Frères et sœurs, en cette eucharistie, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus. Là se trouve la source de son amour pour nous. Accueillons-le. (2016-01-31)
Année C - 3e DIMANCHE ORDINAIRE - 24 Janvier 2016
1ere lecture : Néhémie 8,1-4a, 5-6, 8-10
2eme lecture : 1 Corinthiens 12,13-30
Évangile : Luc 1,1-4 et 4,14-21
Homélie du F.Matthieu
La première lecture tirée du Vieux Testament consonne tout à fait avec le passage de l’évangile de Luc que nous venons d’entendre et cela peut être certainement source d’enseignement pour nous aujourd’hui.
Dans le passage de Néhémie, il s'agit du peuple d’Israël rassemblé pour célébrer la fête des Tentes, au retour de l'Exil à Babylone. Le prêtre Esdras y fait la lecture publique du Livre de la Loi, la Torah de Moïse, dont la lecture sinon tout-à-fait la pratique avaient été sans doute bien délaissées durant les longues années d’exil dans le monde des nations.
Dans le passage de l’évangile, il s'agit de l’assemblée de la synagogue, un jour de shabbat. Ce jour-là, comme chaque shabbat, quelqu'un a lu un passage de la Torah, puis Jésus, un habitué mais qui a déjà acquis une belle renommée dans tout le pays, a été invité à faire l’homélie ; il a choisi alors le passage du Prophète Isaïe dont il veut donner l’interprétation.
Dans les deux cas, nous assistons à une proclamation publique et liturgique des Ecritures, Parole de Dieu actualisée pour que tous comprennent ce qui est en jeu au plus profond du dessein de Dieu pour son peuple et finalement pour tous les hommes, au long des événements, heureux ou tragiques, de leur histoire.
Lecture de la Torah, récit depuis les origines du monde, la création, le péché jusqu’au déluge, puis un nouveau départ, une nouvelle alliance déjà, et l’appel d’Abraham, le croyant, l’histoire des Pères, le séjour en Egypte et la sortie merveilleuse, la libération de l’esclavage, le don de la Loi au Sinaï et le don de la terre sainte… premier achèvement.
Le peuple croit avoir perdu tout cela dans son péché, dans son exil, si long, si lointain, mais Esdras et Néhémie et les lévites sont là pour annoncer la "Bonne Nouvelle" : Dieu renouvelle ses merveilles et le retour sur la terre va être un nouveau départ, le renouvellement de l’Alliance, la reprise du service de Dieu à l’écoute de sa Parole toujours source de vie, de libération et de salut !
Et le peuple est invité à la fête, mais à une fête qui est toute de joie parce qu’elle est l’occasion du partage pour que les pauvres eux aussi, eux d’abord, soient en fête selon le désir de Dieu !
Et Jésus s’inscrit tout naturellement dans cette histoire du salut, Luc est là pour en témoigner dans tout son évangile.
Plongé avec tout le peuple dans les eaux du Baptême de Jean, il a reçu l’onction de l’Esprit et le premier acte de son ministère messianique s’inscrit dans la tradition liturgique de l’assemblée synagogale d’un shabbat, où sont lues les Ecritures – Torah de Moïse, Prophètes et Psaumes – pour que se poursuivent le chemin de l’Alliance, pour que se poursuivent le dessein de salut de Dieu pour son peuple et pour tous les hommes. Mais aujourd’hui dans son évangile, Luc témoigne de la dernière étape de cette histoire du salut : en Jésus, le messie les Ecritures sont accomplies.
Il a reçu l’onction de l’Esprit pour proclamer la "Bonne Nouvelle" aux pauvres, comme annoncé dans le passage d'Isaïe, choisi par Jésus ; c'est ce qu’Il va accomplir, en proclamant le Royaume sur les routes de Galilée, de Judée et jusqu’à Jérusalem, par sa Parole bien sûr, mais aussi par toute sa vie jusqu’au sacrifice suprême, se faisant Péché avec nous et pour nous, pour qu’advienne la libération définitive, le salut enfin accompli, l’alliance nouvelle et éternelle… C'est ce que raconte tout au long l'évangile de Luc comme les trois autres évangiles d’ailleurs.
Que pouvons-nous alors comprendre, pour nous, dans notre aujourd’hui ?
Que la "Bonne Nouvelle", celle de la Torah, celle d'Isaïe comme celle de Luc, c'est Jésus lui-même : sa vie, ses paroles, et toute sa Personne.
Que la "Bonne Nouvelle" c’est que Dieu lui-même est venu vivre en homme parmi les hommes, pour apporter à toute notre humanité le pardon, la libération, le salut.
Et c’est "Bonne Nouvelle" pour nous, aujourd’hui encore !
Dans le texte de Néhémie, Esdras et les lévites disent à tout le peuple : Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu et ils lui prescrivent d'être dans la joie, de faire la fête. Pourquoi ? Parce que Dieu a donné à son peuple, et lui donne à nouveau, aujourd’hui, la libération, le salut et la vie en plénitude.
Et Jésus en lisant Isaïe, ne dit pas autre chose : "Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération..."
Mais, aujourd’hui, et depuis ce Jour, tout est accompli !
Le Seigneur veut le bien des hommes, et Jésus, Dieu incarné, est en lui-même l’accomplissement de cette volonté de salut, donné d’abord aux pauvres et aux opprimés, à ceux qui "n'ont rien de prêt", ni matériellement, ni peut-être même spirituellement, rien pour entrer dans cette fête et qui y sont pourtant les premiers accueillis.
Alors, saurons-nous être simplement de ceux-là ? Nous reconnaissant Pécheurs, et plus radicalement que nous ne le pensons peut-être, mais accueillant humblement le pardon… offert gratuitement… le don du salut et de la joie !
C’est la "Bonne Nouvelle" pour nous, aujourd’hui ! (2016-01-24)
Année C - le 17 janvier 2016 - 2ème dimanche
Is 62,1-5; 1 Co 12, 4-11; Jn 2, 1-11
Homélie du F.Damase
Cana – un miracle sympathique. Mais Jean n’est pas un journaliste, c’est un théologien. Il veut donc nous faire découvrir la mission de Jésus auprès des hommes. Pour cela, il nous pose quatre questions dans ce récit. A nous de chercher et de trouver la réponse ou tout au moins une réponse.
Ainsi il y a une noce à Cana– mais qui sont les mariés ? – ils sont important pour faire la fête. Qui sont les mariés ? Dans la lecture d’Isaïe : L’époux est « celui qui t’a construite c'est-à-dire le Seigneur ». et le Seigneur dit à Jérusalem et à ses alentours « ma préférée, mon épouse ». C’est donc tout son peuple et à travers lui tous les peules qui seront « comme une jeune mariée » faisant « la joie de son mari… la joie de son Dieu ».
Cette image de Dieu Epoux, courante dans l’Ancien Testament, on la retrouve dans le Nouveau appliquée à Jésus. Mais aux Noces de Cana, le marié n’est pas Jésus. On peut entendre, qu’à Cana, ces noces seront scellées dans la Nouvelle Alliance par le sang de Jésus sur la Croix et par sa Résurrection. Tout en nous souvenant qu’à Cana, nous n’avons que le premier signe : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » !!
2° question : la Gloire ? Il en est question dans Isaïe où il s’agit de « voir la gloire de Jérusalem » et dans l’évangile Jean nous dit « là Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». La gloire de Jérusalem est de recevoir de Dieu, sa Justice, son salut et d’être ainsi sauvé de son péché, pardonné et restauré. Plus encore d’être épousée, la « préférée » de Dieu, sa Bien-aimée. La gloire de Jérusalem représente celle de tous les croyants, la nôtre bien sûr. Elle est un cadeau de Dieu, celui de son amour.
Dans l’Evangile, la gloire de Jésus n’est pas de faire un miracle ; Jésus n’est pas Harry Poter.
Bien sûr, Jésus est Dieu, mais l’important pour lui est de manifester l’amour de Dieu, sa miséricorde et sa tendresse. Certes à travers ce miracle, il sanctifie nos noces humaines ; mais surtout il annonce les noces de Dieu avec l’humanité ; ces noces manifestent aussi l’amour du Père ; ainsi Cana manifeste l’amour qui circule au cœur de la sainte Trinité !!
3° question : Quel est le rôle de Marie au cours de cette noce ?
On ne nous dit pas qu’elle est invitée, mais on sait simplement qu’elle est là ; elle est là complètement du côté des hommes et des femmes dans ce mariage. Elle constate que quelque chose ne va pas, que la fête ne pourra pas être tenue, alors elle le dit à Jésus, elle a confiance en lui.
« Femme ! Quoi entre moi et toi ? Mon heure n’est-elle pas venue ? »
En appelant Marie « Femme », Jésus souligne la solidarité de Marie avec l’humanité entière que Dieu veut épouser. Elle est plus que sa Mère, il s’en détache comme un adulte. « Quoi entre moi et toi ?» Ne veut-il pas faire entendre que l’heure de sa manifestation n’est pas encore arrivée. Certes, l’histoire du salut va vers un accomplissement, vers un achèvement, vers une °dynamique du « vin moins bon au meilleur » - Celui de la Nouvelle Alliance en Lui et par Lui, Jésus.
« Quoiqu’il vous dise faites-le »
Ce n’est pas un ordre, mais l’expression d’une confiance, une injonction maternelle et rassurante : « vous pouvez y aller, ce sera bon pour vous » dit Marie aux serviteurs d’une certaine façon. Mais c’est à chacun de nous que Marie s’adresse, elle nous pousse à agir, à nous engager selon la Parole de Jésus. Allez-y.
Une dernière question : « Six cuves de pierre »
Six cuves et non pas sept; le chiffre parfait. Il y a là un manque, cependant elles sont en pierre donc solide et durable – et elles sont remplies à « ras bord ». Impossible de ne pas voir dans tout cet ensemble le symbole de la Première Alliance avec Israël, qui conduit à Jésus, mais qui n’arrivera à sa plénitude qu’en lui, Jésus.
On peut ajouter que Jésus ne fait pas des miracles « à partir de rien », mais il transforme l’eau puisée par les serviteurs. Jésus transforme nos efforts comme nos misères, pour en faire le vin de son Royaume. Dieu sème largement, il donne au-delà de ce que nous attendons. Il multiplie les pains et les poissons. C’est la plénitude de sa vie divine qu’il veut partager avec chacun de nous.
Oui, en ce dimanche de l’Epiphanie de Cana, laissons-nous envahir par la tendresse de notre Dieu-époux.
Si vous êtes mariés, votre couple est « signe et sacrement », « manifestation de l’amour trinitaire de notre Dieu ».
Si nous sommes « célibataires », nous ne sommes pas sans amour, nous sommes épousés par le plus grand amour qui soit.
Oui, grisons-nous du vin de Cana qui ne cesse jamais de couler à profusion et c‘est « du très bon ». Goutez-le et vous verrez. (2016-01-17)
Année C - Fête du Baptême du Christ - 10 janvier 2016
Esaïe 40, 1-5 + 9-11 / Psaume 103
Tite 2, 11-14 + 3, 4-7
Luc 3, 15-16 + 21-22
Homélie du F.Basile Ducruet
F et S, où sommes-nous dans l’Evangile ? St Luc vient de nous rapporter à sa manière le baptême du Christ. Et nous sommes là, avec tout le peuple qui vient se faire baptiser par Jean, nous sommes là à un moment capital de la vie de Jésus, c’est comme son « entrée en scène », son entrée dans la vie publique, mais c’est plus que cela : en écoutant l’Evangile, nous devenons témoins de la révélation par excellence du mystère de Jésus, le Fils bien-aimé que nous montre le Père.
Dans ce court récit de Luc, il y a 2 traits qui lui sont propres. D’abord, Jésus n’est pas seul, il y a tout un peuple avec lui : en recevant le baptême dont il n’avait pas besoin, car il est sans péché, Jésus entre dans le mouvement de conversion de son peuple ; il est là comme les autres, perdu dans la foule. Ce n’est pas lui qu’on regarde, c’est Jean qui baptise, et Jean se défend bien d’être le Messie. Etonnante discrétion de Jésus qui vient humblement se mêler à la foule des pécheurs.
Et puis Luc est seul à nous dire qu’une fois baptisé, Jésus priait. Cela s’enchaîne comme naturellement ; c’est alors seulement que l’événement peut se produire : le ciel s’ouvre, l’Esprit descend sur lui, la voix du Père le révèle : « Tu es mon Fils ! » Oui, Dieu se révèle à nous dans ce dialogue d’amour et Jésus apparaît dans son être profond de Fils de Dieu, Bien-aimé du Père. La nouvelle traduction liturgique a laissé tomber la citation du ps 2, mentionnée par certains manuscrits de l’évangile de Luc, pour reprendre la même parole que Marc et Matthieu : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie. »
En quelques mots, tout est dit, et le mystère demeure. Qui peut le comprendre ? Ici la théologie est précieuse, mais aussi la connaissance des Ecritures (« Elles parlent de moi » dira Jésus) : les paroles s’éclairent l’une par l’autre ; c’est là que se trouve toute la richesse de la lectio divina. Et justement Jésus priait pour accueillir cette parole.
Nous sommes là tout près d’une source, au bord de l’eau, au bord du fleuve : une eau que Jésus a purifiée, diront certains, alors que d’autres insisteront sur l’eau boueuse, où Jésus n’a pas eu peur d’entrer ; une eau qui deviendra pour tous les disciples de Jésus celle du baptême, une eau de source intarissable !
« Jésus priait » et nous ne savons pas ce qu’il disait. Il était en prière. Quand Luc mentionne dans son évangile la prière de Jésus, c’est le plus souvent une prière intérieure, silencieuse, un mouvement profond du cœur qui le relie à Dieu son Père. Il nous est dit seulement : « Alors le ciel s’ouvrit. » Ne serait-ce pas cela la prière ? la prière du pauvre qui traverse les nuées, la prière du Fils qui s’ouvre à son Père dans le mouvement de l’Esprit. La prière chrétienne est trinitaire, dialogue d’amour. Et voilà bien l’important qui nous est révélé aujourd’hui : le baptême de Jésus est l’heure où la brèche s’ouvre pour la 1° fois ; elle s’ouvrira à nouveau lors de la Transfiguration et là encore Luc le soulignera : Jésus priait. J’aime voir cette brèche dans l’architecture de la chapelle de Chauveroche, cet espace de lumière derrière l’autel : le ciel s’ouvre et Dieu se manifeste dans cette unique parole : « Tu es mon Fils ! » Ne serait-ce pas cela l’essentiel de la prière ?
Non pas faire connaître nos demandes et nos besoins (« Le Père sait tout ce dont vous avez besoin, dira Jésus), mais écouter au plus profond de nous la voix du Père : « Tu es mon Enfant bien-aimé ».
Cette parole, nous devrions la graver dans notre cœur, car elle dit déjà toute la bonne nouvelle de l’Evangile : Dieu nous montre, Dieu nous donne son Fils, son propre Fils auquel il tient tellement , et cela pour faire de nous des fils, ses enfants bien-aimés.
Celui qui a compris cela, a déjà tout compris, et le sens du baptême et le sens de la vie : une vie nouvelle donnée par Dieu gratuitement, et qui jamais ne s’arrêtera : au baptême la vie éternelle est déjà commencée.
Pour la plupart d’entre nous, nous n’avons aucun souvenir de notre baptême ; aujourd’hui nous pouvons mieux le comprendre à la lumière du baptême de Jésus : pour chacun de nous, le ciel s’est ouvert ce jour-là, l’Esprit nous a été donné. Comme il est dit dans la 2° lecture : « Par le bain du baptême Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance… » Pour moi, c’est clair : l’Esprit Saint n’est pas donné en morceaux séparés, il est déjà donné entièrement au baptême, et ce don nous est refait sans cesse à chaque sacrement.
Alors comprenons bien notre baptême : il y a l’eau et la plongée dans le mystère pascal du Christ où nous sommes purifiés, il y a l’Esprit Saint répandu avec abondance, et il y a la voix du Père qui nous reconnaît pour son enfant bien-aimé : c’est l’aspect personnel du baptême : une relation unique dans un dialogue d’amour.
N’oublions pas l’autre aspect : communautaire, ecclésial, œcuménique au sens le plus large du mot (toute la terre habitée) : le baptême nous introduit dans le Corps du Christ, dans la famille de Dieu qui n’a pas de frontière, car Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Savoir que ce baptême est commun à tous les chrétiens réjouit notre cœur et nous relance chaque année dans notre marche œcuménique. En Jésus notre Sauveur, nous avons été baptisés, en lui nous sommes tous frères : soyons de vrais témoins de cette fraternité, donnée par le baptême. (2016-01-10)
Année C - EPIPHANIE
03.01.2016
Is 60, 1-6 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du père Abbé LUC
Frères et sœurs,
Depuis Noël, nous ne cessons de méditer le mystère de la venue de Dieu dans notre monde, sous les traits d’un nouveau-né. Nous ne cessons pas non plus de nous émerveiller devant la manière avec laquelle Dieu s’y prend pour révéler ce mystère. Il s’adresse tout d’abord à des bergers pour leur annoncer la venue du Messie afin qu’ils aillent raconter cela tout autour d’eux. Aujourd’hui, il suscite des mages venus de lointains pays pour réveiller Jérusalem. « Son amour les a pris de court », chantons-nous dans une hymne. Ces mages inconnus, étrangers à la religion juive, entrainent les scribes et les prêtres, familiers des Ecritures, à relire leur tradition. Quand Dieu vient dans notre monde, il surgit comme une question que tous sont invités à examiner, sans prétendre atteindre à un savoir. Marie et Joseph se sont laissé enseigner par les bergers, eux-mêmes ayant accepté de se mettre en route dans leur nuit. Les hommes de science de Jérusalem sont conduits par des inconnus à se plonger d’une nouvelle manière dans leurs Ecritures. Il leur faut accepter, non seulement de ne pas tout savoir, mais d’être guidés par des étrangers. Dieu semble se plaire à déjouer les évidences. Il se dévoile en se servant des petits et des ignorants, de telle manière que ceux qui devraient savoir, se reconnaissent eux-aussi comme devant tout apprendre. Personne ne peut savoir par lui-même, mais chacun a besoin des autres pour entrer dans le mystère du Dieu fait homme.
Plus largement, comme Paul nous l’affirme, cet évangile nous donne à comprendre que les nations, c’est-à-dire tous les peuples qui ne sont pas juifs, ont désormais part « au même héritage, au même corps et au partage de la même promesse ». Personne n’est exclu des privilèges qui étaient ceux du peuple juif : privilège de connaître, de servir le vrai Dieu et de nouer avec lui une Alliance d’amour éternelle. Toutes les cultures, tous les peuples sont appelés à entrer dans cette Alliance d’Amour, grâce à la foi en Jésus-Christ le Fils de Dieu fait homme. Et comme le suggère l’évangile, cette entrée dans l’Alliance se fait dans un échange : les nations lointaines et étrangères apportent leur désir de connaître, leurs questions mais aussi la profondeur de leur humanité, le peuple de l’Alliance apporte les Ecritures et une manière de les lire. N’est-ce pas de ce dynamisme-là que vit et doit vivre notre Eglise aujourd’hui ? Des hommes et des femmes très proches et plus lointains portent un désir de vie véritable, posent les questions et apportent leur façon de vivre. Ils viennent nous interroger, et ils nous obligent parfois à revoir nos évidences. Le brassage de la mondialisation démultiplie ce phénomène de recherche tout azimut. Avec toute l’Eglise, nous croyons et nous annonçons le Christ, le Messie, vrai Dieu et vrai homme. Nous apportons cette lumière reçue comme un cadeau. Mais comment le faisons-nous ? Le faisons-nous dans un sentiment de supériorité ou bien le faisons-nous comme des hommes et des femmes qui ne cessent pas de chercher ? Les questions de nos contemporains, ou les interrogations que portent les autres cultures et les autres religions nous font-elles peur ou bien viennent-elles nous remettre en route, si nous nous étions arrêtés, pour chercher avec ces personnes à approfondir le mystère du Christ ?
Une conviction devrait alors nous habiter et nous garder vigilant : Dieu dans son dessein d’amour désire que personne ne soit exclu de son Alliance et de la connaissance du Christ qui nous introduit dans une relation filiale avec lui… Personne, les pauvres les riches, les blessés de la vie et les marginaux, les hommes des autres religions, les sans religions…L’évangile d’aujourd’hui voudrait nous renforcer dans cette conviction, aussi dans la vigilance à avoir sur la manière toujours déroutante avec laquelle Dieu s’y prend pour réaliser son dessein. Il nous faut être prêt à la fois à être ses instruments et à la fois à être dérangé, dérouté par la manière avec laquelle le Seigneur désire se servir de nous. Faisons nôtre la prière qui conclura cette célébration : « Puisque tu nous fais communier à ce mystère, puissions-nous désormais le pénétrer d’un regard pur et l’accueillir dans un cœur plus aimant ». (2016-01-03)
Année C - SAINTE MARIE MERE DE DIEU
01.01.2016
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
L’évangile que nous venons d’entendre nous fait toucher du doigt le mystère de notre vie chrétienne : une vie très banale dans laquelle se réalise le grand projet de Dieu. Cette naissance à Bethléem est banale. Une parmi tant d’autres au même moment. Deux parents accueillent et prennent soin d’un nouveau-né. Et cependant la venue des bergers et les propos qu’ils tiennent surprennent. Ils voient quelque chose d’autre. Ils regardent cette naissance ordinaire sous une autre lumière, à la lumière de ce que les anges leur ont dit : « un sauveur vous né… ». Sous les apparences très banales, se joue quelque chose de très grand : le Messie attendu est là, Dieu visite son peuple…
St Paul dans la seconde lecture nous dit quelque chose de semblable quand il affirme que la venue du Fils de Dieu, né d’une femme et soumis à la Loi, comme tout enfant juif, réalise en fait le grand projet de Dieu : faire de nous des fils adoptifs, des héritiers de la vie divine. Jésus le Fils de Dieu a consenti à l’ordinaire d’une vie juive, en s’y soumettant, pour nous donner part à sa vie à Lui… « Admirable échange » que nous chantons depuis Noël.
Ainsi en va-t-il de notre vie chrétienne depuis notre baptême. En apparence rien ne nous distingue des autres hommes et femmes, et c’est heureux. Mais pourtant nous croyons que dans notre vie personnelle et ecclésiale, le grand projet de Dieu est à l’œuvre, pas seulement pour nous, mais pour toute l’humanité. Sa bénédiction repose sur notre race humaine, afin de la rassembler comme un unique peuple de fils et de frères. Paul nous dit que nous avons une preuve de ce profond travail à l’œuvre, dans l’Esprit qui crie en nos cœurs : « Abba », « Père ». En nous vit l’Esprit qui nous découvre notre propre condition de fils. Il nous entraine à entrer dans une relation confiante avec Dieu notre Père. En nous vit l’Esprit qui vient parfois nous bousculer. Il nous pousse à vivre plus résolument entre nous comme des frères. C’est ici que notre vie quotidienne peut rester simplement banale, ou bien peut devenir une vie selon le grand projet de Dieu. Quand nous acceptons de regarder et de servir l’autre comme un frère, au lieu de l’ignorer ou de le mépriser. Quand nous nous tournons vers notre Père de Cieux pour lui demander son aide et pour le remercier, au lieu de l’ignorer ou de le mépriser.
Frères et sœurs, au début de cette année nouvelle, réjouissons-nous d’être rejoints par la bénédiction de Dieu dans notre quotidien le plus banal. Remercions-le de faire route avec nous. Appelons-le dans nos épreuves, car il désire les traverser avec nous pour nous apprendre à les traverser avec lui. Et accueillons son projet d’amour qui veut changer nos vies très banales en des vies riches d’amour, pleine de cette joie de donner et de recevoir. Nos rencontres, nos gestes quotidiens, notre travail en auront une toute autre saveur et force. Appuyons-nous sur Marie qui a su saisir et méditer dans son quotidien très ordinaire, l’irruption de l’inattendu de Dieu.
(01-01-2016)
Année C - SAINTE FAMILLE 27 DECEMBRE 2015
1 Sam 1 20-28; 1 Jn 3 -24; Lc 2 41-52
Homélie du F.Hubert
Etonnant évangile pour fêter la Sainte Famille !
Mais comment l’Evangile ne serait-il pas étonnant ?
Bonne Nouvelle, il est aussi, si je puis dire, « mauvaise » nouvelle,
car il nous invite à nous déplacer, à quitter tout ce qui n’est pas la vraie Vie,
à quitter nos fausses conceptions de la vie, nos égoïsmes, nos idoles,
à nous convertir, et donc à mourir à nous-mêmes comme centres, pour devenir fils et frères.
L’Evangile, Bonne nouvelle qui nous invite de façon pressante
à renoncer à notre vieil homme pour revêtir l’Homme nouveau.
« Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » :
nous pouvons trouver là de quoi conforter l’image spontanée que nous avons d’une « sage » Sainte Famille.
Mais que « Dieu » vive comme un enfant et un homme ordinaires, pendant 30 ans,
dans une modeste bourgade de Galilée, n’a rien de « naturel », de « convenable », de « sage »…
Le pape François nous a tous surpris en décidant, dès le lendemain de son élection, de ne pas habiter dans les appartements pontificaux mais à la résidence Ste Marthe, à revenir à cette résidence, le soir-même de son élection, non dans la limousine préparée pour lui, mais dans le minibus des cardinaux avec lesquels il était arrivé le matin. L’évêque de Rome, homme parmi les hommes.
« Dieu », homme parmi les hommes, c’est bien autre chose encore !
Les parents de Jésus pensaient qu’il était « dans le convoi des pèlerins »…
Le Verbe s’est chair, et il a habité parmi nous, dit st Jean.
« Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes »,
C’est bien Jésus que nous devons regarder pour savoir quel style de vie doit être le nôtre
en tant qu’enfants de Dieu, en tant que disciples du Fils de Dieu.
Ce style de vie, évangélique, tant désiré par le pape.
Dieu n’est pas tel que nous l’imaginons.
Et cela nous bouscule, si prenons cela au sérieux.
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
« Ton père et moi » Les parents de Jésus. Joseph, Marie.
Luc nous dit, au début de la vie publique de Jésus :
« Quand il commença, Jésus avait environ 30 ans ; il était, à ce que l’on pensait, fils de Joseph. »
et lors de la première prédication de Jésus à Nazareth, les auditeurs disent :
« N’est-ce pas là fils de Joseph ? »
En Joseph, Jésus a eu un vrai père humain qui l’a élevé, fait grandir, l’a entouré de tendresse et d’amour,
en qui il a pu avoir toute confiance pour grandir en humanité, sous le regard de Dieu et des hommes.
Vérité de l’Incarnation.
Rôle irremplaçable de Joseph, pour que le Fils de Dieu soit vraiment homme.
Mais la vérité de Jésus ne s’arrête pas là.
Voici que Jésus, venu avec ses parents pour la fête de la Pâque, reste à Jérusalem à leur insu.
St Luc ne nous parle pas là de la fugue d’un adolescent,
mais de sa filiation plus profonde, cachée, sa filiation divine,
et déjà de sa Pâque, de son chemin pascal.
« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Premières paroles de Jésus rapportées par st Luc ;
les dernières, après la promesse au bon larron, seront :
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
Le Père est sa demeure propre ; toute son œuvre est de nous y introduire avec lui.
Il fallait que Jésus nous le révèle, qu’il le révèle à Marie, sa mère, et à Joseph, son père en humanité.
Lors de l’Annonciation, Marie a dit oui à l’imprévu de Dieu dans sa vie.
Joseph, de son côté, a fait confiance à l’annonce de l’ange :
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
car l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »
Quels bouleversements dans leur vie !
L’un et l’autre, ensemble, ont dit oui à l’imprévu, à ce qui humainement était inimaginable.
Mais leur chemin d’intelligence du mystère de leur Fils était loin d’être achevé.
Les bergers à Bethléem, Siméon au Temple ont eu des paroles de lumière et de feu, éclairantes et brûlantes,
Maintenant, c’est Jésus lui-même qui lève un peu le voile sur son propre mystère.
Au moment de passer de l’enfance à l’âge adulte,
ce n’est plus par des tiers qu’il se manifeste, mais par lui-même.
Il nous signifie là que toute sa vie est une Pâque, un exode vers le Père,
et que sa maison, son lieu de vie, c’est le Père lui-même.
« Ne savez-vous pas que c’est chez mon Père que je dois être ? »
Que Marie et Joseph nous apprennent jour après jour, de plus en plus profondément,
qui est Jésus, leur enfant,
quelle est notre propre origine et vers qui nous allons,
quelle est notre demeure, quel est le visage de Celui qui est notre Source et notre But ultime.
« Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés :
il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » (2015-12-27)
Année C- Noël Messe du Jour - 25 Décembre 2015
Isaïe 52.7-10 ... Hé 1..1-6 Jn 1 1-18
Homélie du Frère Antoine
Au commencement. .. Ce début de l'Evangile de Jean nous met face à un espace-temps qui nous échappe, alors que Jésus est né un jour du temps et que nous avons coutume de conjuguer la venue de l'enfant Dieu au passé, un peu au présent, rarement au futur. Il est vrai que cet avènement est daté, situé, et la mémoire que nous en faisons est la mémoire d' une espérance ....
Si Jésus est né un jour du temps, il est surtout à naître en nous, tout au long de notre vie.
Si le sauveur est venu, il reviendra .. et notre existence est une préparation à son retour. ..
Noël, est la parabole de notre avenir ...
Noël est une anticipation de ce monde nouveau annoncé par l'Ecriture où Dieu et l'homme seront reconnus ... et totalement révélés pour ce qu'ils sont.
Noël nous invite à accueillir« l'aujourd'hui de Dieu» dans cet élan d'enthousiasme que manifeste la liturgie de la nativité dans l'antienne du Magnificat.
Aujourd'hui Christ naît pour moi, n'ayons pas peur de naître.
Aujourd'hui Christ naît pour le monde, n'ayons pas peur de témoigner.
Les chants de Noël nous disent que notre naissance humaine n'est pas uniquement dernière nous mais qu'elle est ... devant! car notre situation personnelle, collective et même cosmique .. est une situation de gestation, une situation où s'accomplit un véritable travail d'enfantement où ne sont épargnées à l'homme .. ni les souffrances .. ni les échecs .. ni les
larmes mais où la joie de la naissance du sauveur relayée par la joie de Pâques nous donnent, chacune, le courage du lendemain.
« En vérité, je te le dis déclarait Jésus à Nicodème, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le royaume de Dieu. »
Le Royaume de Dieu .. mais c'est dans l'image de l'enfant Jésus dans la Crèche ... qu'il se manifeste!
... un enfant qui nous projette vers l'avant, qui nous dit le Dieu que nous cherchons à tâtons,
... un enfant dont le visage dans sa pureté, sa vérité, est révélation du visage du Père .
. . . un enfant qui nous renvoie à nos vulnérabilités .. à notre dépendance de l'amour du père car c'est toujours en se découvrant aimé de Dieu, que l'homme naît pleinement à son humanité.
Noël nous révèle que la toute- puissance de Dieu est celle d'un amour qui se bat les mains nues, un amour qui oppose la non-violence à la violence, le pardon à l'offense et que Paix, Justice et Miséricorde dessinent ensemble le portrait de Dieu et nous indiquent de quel côté chercher notre réalisation d'enfant de Dieu ainsi que les responsabilités fraternelles qui en découlent.
Tout se résume dans cette parole du Cardinal Martini, archevêque de Milan:
Le sens ultime de la naissance de Jésus à Bethléem c'est sa naissance dans notre cœur ! (2015-12-25)