vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 15 août 2016 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - ASSOMPTION - 15 aout 2016

Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Vous avez remarqué qu’au début de la messe, avant l’oraison d’entrée, à l’invitation « prions le Seigneur », les frères se sont inclinés, puis se sont relevés et se sont tournés vers l’autel, pendant que l’oraison était dite… Ce geste d’inclination veut être un geste de préparation corporelle pour entrer davantage dans la prière qui va être prononcée ensuite. Il nous tourne vers Dieu. Il nous rend attentif à la prière qui est prononcée au nom de tous, et que chacun est convié à faire sienne. En effet, les prières dites sont des guides précieux pour nous apprendre à nous adresser à Dieu. Les prières de cette fête de l’Assomption sont particulièrement riches. Eclairées par les textes de l’Ecriture que nous venons d’entendre, elles nous font faire faire un chemin. Je voudrais les reprendre.

La prière d’entrée rappelait ce qui nous réunit aujourd’hui : le fait que Dieu ait fait monter jusqu’à la gloire du ciel, avec son âme et son corps, Marie, la Vierge immaculée, mère de son Fils. Ainsi est affirmée la foi de l’Eglise en ce privilège de Marie, d’avoir été élevée auprès de son Fils Jésus, sans connaitre la corruption de son corps. Marie partage par avance la Gloire de Jésus, « Lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis », comme le proclamait Paul aux Corinthiens. La prière poursuivait en demandant que « nous demeurions attentifs aux choses d’en haut pour obtenir de partager sa gloire ». Que nous demeurions attentifs aux choses d’en haut… Cette fête de l’Assomption est comme une fenêtre ouverte sur le ciel. Elle nous rappelle que notre réalité humaine s’ouvre sur un avenir heureux. Les choses d’en haut, la Gloire de Jésus, l’Assomption de Marie viennent éclairer notre vie terrestre, avec son lot de souffrances et de tâtonnements, mais aussi avec toute sa quête de justice, d’amour et de vérité. Etre attentifs aux choses d’en haut, ce n’est pas fuir cette réalité présente parfois difficile. Mais c’est laisser notre réalité être habitée par une confiance en la Vie plus forte que la mort, une confiance en l’Amour plus fort que la haine, comme la parole de nos évêques l’a proclamé au lendemain des attentats de Nice et de St Etienne du Rouvray.

Je voudrais m’arrêter sur la prière qui sera dite sur les offrandes : « tandis qu’intercède pour nous la très sainte Vierge Marie, emportée au ciel, que nos cœurs, brûlants de charité, aspirent toujours à monter vers toi ». Nous présenterons nos offrandes, le pain et le vin, symbole de notre travail et de nos luttes diverses, pour les unir à celle du Christ. L’intercession de la Vierge Marie nous est assurée, elle qui prie pour nous pécheurs. Marie montée au ciel reste très présente à nos côtés, dans nos combats contre le mal, signifié par le dragon dans la première lecture. Nous demanderons enfin à Dieu que nos cœurs, brûlants de charité, aspirent à toujours monter vers Lui. Après la grâce d’être attentif, nous demandons celle du désir. Grâce d’un désir de Dieu plus grand qui signifie dans le même temps : grâce d’un désir d’être plus libre au regard de qui nous entrave dans notre élan pour aimer vraiment. Chacun de nous connait ses lieux plus intimes où des choses peuvent nous entraver, nous nouer dans notre marche vers Dieu et vers les autres. En ce jour, appuyé sur l’intercession de Marie, nous présentons nos vies à Dieu, en lui demandant de faire grandir notre désir, un désir plus libre, d’aller à sa rencontre.

A la fin de cette célébration, après avoir reçu le Corps et le Sang du Christ, nous demanderons « de parvenir à la gloire de la résurrection ». Etre attentif aux choses d’en Haut, les désirer plus ardemment, pour parvenir nous aussi à la gloire de la résurrection, tel est le but espéré de notre existence chrétienne. Nous ne savons que balbutier sur la réalité de la gloire de la résurrection. En Jésus, apparu vivant à ses apôtres, nous entrevoyons la lumière joyeuse de ce mystère. Et en Jésus Vivant, reçu en son Corps et en son sang, en cette eucharistie, nous participons dans la foi, à cette vie divine qui transfigurera tout notre être. Avec Marie, nous pouvons déjà attester que « le Seigneur fait pour nous nous des merveilles », quand le recevons à la communion. Nous recevons en germe cette vie et cet amour promis à Abraham et à sa descendance à jamais.

Frères et sœurs, laissons-nous guider par cette célébration sur le chemin de la Vie. (15 aout 2016)

Homélie du 14 août 2016 — 20e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

Année C 20e dim TO - 14 août 2016

Jér 34/4-6,8-10, He 12/1-4, Lc 12/49-53.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Jérémie, abandonné dans un puits, qui s’enfonce dans la boue et va périr, Jérémie figure du Christ persécuté, figure de Jésus traversant l’angoisse de sa passion…

… On s’étonnera toujours de la cruauté des bourreaux : ceux-ci ne se rendront peut-être jamais compte de ce qu’ils ont fait à des êtres semblables à eux…

L’épitre aux Hébreux resitue le combat contre le mal ; le combat contre le mal, c’est le combat pour se débarrasser du péché, un combat d’endurance… épreuve à vivre « les yeux fixés sur Jésus » … la si belle expression : « les yeux fixés sur Jésus »…Et à la fin de cette 2e lecture : « Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché ». « Jusqu’au sang… » : c’est-à-dire accepter de perdre sa vie pour ne pas être séparé de Dieu… Rien que ça… !

C’est dans cette perspective radicale que l’Evangile nous présente Jésus non pas comme un diviseur, mais celui qui provoque la division, parce qu’il nous faut un jour prendre parti pour ou contre lui…

Jésus a été traité de Béelzéboul, de diviseur, de diable par ses adversaires. Diabolos, ce qui sépare # symbolos, ce qui rassemble. Ses accusateurs n’avaient pas raison… ils se trompaient sur la nature de la division provoquée par Jésus… Car…

…* Il y a ceux qui acceptent l’Evangile et ses exigences, qui acceptent de lutter contre le péché…

* et il y a ceux que l’absence de Dieu ne dérange pas, ceux pour qui commettre le mal n’a pas d’importance. Dans les Psaumes, ceux-ci sont appelés les « impies », « les « méchants ».

« Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ». Ce baptême dont parle Jésus est celui du sang, la plongée dans la souffrance, la souffrance qui conduit inéluctablement à la mort. La Passion de Jésus donne la mesure du combat livré …pour aimer jusqu’au bout, pour ne pas céder à la violence en réponse à la violence. L’exemple du Christ nous donne la mesure du combat…pour les disciples …à sa suite.

Sous l’empire romain on traitait les chrétiens d’athées, et ceux-ci avaient bien saisi l’enjeu du témoignage à donner, témoignage à la personne et au message de Jésus.

Le feu que Jésus apporte sur la terre n’est pas celui des pillages et des destructions, des assassinats sauvages et de la haine qui se propage si bien…

Il y a violence et violence. Le feu que Jésus apporte est le feu d’un Amour fou, amour de Miséricorde et de pardon, en toute circonstance, à l’égard de tous… feu d’un cœur ouvert, vulnérable à la tragédie du mal, ce mal que les hommes savent si bien faire exister et répandre.

Si le père et le fils, si la mère et la fille se divisent, c’est à cause de Jésus et des exigences de ce témoignage à donner au Christ… ce Jésus, envoyé de Dieu, mort sur la Croix.

Lui-même avait bien dit aussi : « Vous serez détestés de tous à cause de moi, livrés même par vos parents, vos frères, votre famille », « on aura pour ennemis les gens de sa propre maison »…

F. Hubert, il y a quinze jours, commentait l’Evangile du riche insensé, il disait que ce n’était pas facile d’entendre certaines paroles pendant l’été, moment où l’on a besoin de se reposer, de refaire ses forces.

La parole d’aujourd’hui est plus radicale encore, et je trouve qu’elle vient à point pour savoir la direction …à ne pas prendre ! La violence et la haine (en paroles, en désirs, en actes), les combattre par la douceur, par la justice et le pardon, un amour persévérant, inconditionnel pour le prochain. Ce feu est le feu qui vient de Dieu ; cette violence-là, ce « contre-feu » aura toujours la douceur et l’humilité que seul peut mettre en nous l’Esprit de notre Dieu: …A Pentecôte nous chantons cette hymne:

Comme l’Esprit et sa violence

Qui pourrait le contenir ou l’étouffer ?

Rien ne résiste à sa force,

Amour du Père et de son Fils …

« Rien ne résiste à sa force »…dans le cœur qui s’ouvre.

Ce feu, il peut être la vie même de Dieu en nous. « Amour du Père et du Fils ». Laissons la vie divine nous envahir, nous transformer radicalement. Chrétiens, nous savons que le règne de Dieu est à ce prix.

…« Jusqu’au sang », … « les yeux fixés sur Jésus ».

14 août 2016

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Homélie du 07 août 2016 — 19e dim. ordinaire — Frère Sébastien
Cycle : Année C
Info :

Année C - 19e Dimanche du Temps Ordinaire — 7 août 2016

Sag 18 6-9; Heb 11 1-19; Luc 12 32-48

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Étonnante liturgie avec ses surprises !« En ce temps-là Jésus disait à ses disciples » — et voilà que, - comme par un coup de baguette, non pas magique, mais liturgique, Jésus est vraiment là, vraiment, et nous en train de boire ses paroles. À son habitude il a commencé par nous regarder, un par un, amoureusement, et tous ensemble, à regarder attentivement ce qui se vit aujourd’hui dans notre monde, de l’Extrême Orient à l’occident, dans le calme comme dans les explosions. Il voit, il sait.

Avez-vous bien entendu la parole par laquelle Jésus ouvre l’Évangile de ce dimanche ? : « Sois sans crainte, petit troupeau ». N’aie pas peur ! Ta force est dans ta faiblesse, quand elle se blottit entre les mains de ton Père tout puissant. N’aie pas peur !

Le premier devoir des croyants n’est-il pas de se le dire et de le redire autour d’eux, en paroles ou par des actes ?. C’est bien ce que faisait Julienne de Norwich avec sa communauté aux heures noires du début de l’horrible guerre de Cent ans. Elle ne cessait de lui rrépéter : « All shall be well », tout finira bien, l’amour aura le dernier mot ». Et quand elle parlait, la paix entrait dans les cœurs troublés. On repartait à neuf dans un monde, certes resté en l’état, mais investi par la promesse : « L’amour aura le dernier mot. » C’est sûr !

Nous voici préparés à entendre la première lecture. Elle nous transporte aux origines du peuple hébreu dont nous sommes les héritiers. Je lis : « La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, par lesquelles ils étaient dans la joie.» Ils étaient passés du drame à la joie de croire que tout est dans la main du vrai Dieu.

L’auteur du livre de la sagesse que nous avons entendu dans la deuxième lecture parle, avec le dessein d’aider les croyants de son époque à faire face aux épreuves, épreuves en vue, ou imprévisibles. Par quelles aides ? Il en cite deux, essentielles. D’abord en prenant conscience que les Pères du peuple des croyants savaient, pour l’avoir lu et médité dans leur Bible et célébré dans leurs liturgies, ce qu’avait été la délivrance pascale, relue avec les lumières qu’apportent le recul, la prière, les expériences spirituelles. Quand on sait le sens de l’épreuve, on est plus fort, plus forts que les adversités. Deuxième aide qui permet de se prémunir : les croyants s’appuient sur les promesses que Dieu a faites aux ancêtres dans le passé, promesses qui les avaient confortés, et qui sont toujours actuelles.

Telle est bien aussi la situation des croyants d’aujourd’hui. Traversant la longue nuit pascale de toujours, assurés par les promesses certaines, ils sont invités à la joie, à la joie de la foi.

Mais quelle foi ?

C’est alors que la deuxième lecture arrive à point nommé avec le fabuleux chapitre 11 de l’épître aux Hébreux. On y voit défiler l’immense cohorte de nos ancêtres qui, au long des siècles, depuis l’origine de l’humanité, ont su toucher le cœur de Dieu au point qu’il en fit son peuple, sans y regarder de trop près. Non comme des saints de vitrail plus ou moins retouchés, mais chacun à sa petite manière, depuis les plus scabreuses, voire scandaleuses, jusqu’aux plus purement mystiques, des chefs d’œuvre de sa grâce.

Et nous voici arrivés à la question cruciale : oui, mais par quel secret surent-ils plaire à Dieu ? Ne serait-ce pas tout simplement par leur manière toute personnelle de se glisser, parfois à leur insu, dans le peuple des croyants et là d’y partager la confiance commune envers le vrai Dieu. Une confiance aux formes multiples que l’auteur rassemble sous le terme un peu flou de la foi.

Confiance en quoi, en qui ? En celui que l’Évangile d’aujourd’hui nous présente comme toujours absent, toujours attendu, en décalage avec notre temps des calendriers, des horloges, nous attirant doucement dans le sien : à vrai dire non pas absent – ce n’est pas chic de lui dire cela - mais habilement caché dans notre présent. Il y affleure quand il le juge bon, par mille petites attentions qui nous tiennent en haleine. L’absence rend présent dans le désir. Notre Dieu est un pas encore déjà là. Et cela change tout.

Je termine par une petite remarque. Tous les textes de ce jour attirent l’attention sur l’importance capitale du temps, du rapport au passé et aux promesses qui fondent l’avenir, sur la gestion de l’intendant qui garde présent à l’esprit le retour imprévisible du maître, attendu ou redouté, sur la prévoyance, sur la confiance. À quelque niveau que ce soit, la qualité de notre vie, matérielle ou spirituelle, dépend de notre façon de vivre le temps. La sagesse apprend à le mettre de notre côté, à en faire un ami, un allié, jamais un adversaire qui empêche de dormir.

C’est facile à dire, mais pratiquement comment faire ? Peut-être en apprenant doucement à donner son temps à Dieu pour qu’il nous apprenne à entrer dans le sien, et alors bien des problèmes disparaissent.

Je termine avec le poème bien connu d’une religieuse tuée en Algérie le 11 novembre 1995, il peut parler à notre cœur profond.

Vis le jour d’aujourd’hui :

Dieu te le donne, il est à toi ;

Vis-le en lui.

Le jour de demain est à Dieu,

il ne t’appartient pas.

Ne porte pas sur demain

le souci d’aujourd’hui.

Demain est à Dieu ; remets-le lui.

Le moment présent est une frêle passerelle :

si tu le charges de regrets d’hier,

de l’inquiétude de demain,

la passerelle cède et tu perds pied.

Le passé ? Dieu te pardonne.

L’avenir ? Dieu te le donne.

Vis le jour d’aujourd’hui

en communion avec lui.

7 aout 2016

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Homélie du 06 août 2016 — Transfiguration du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - TRANSFIGURATION - 06 août 2016

(Dn 7, 9-10, 13-14 ; 2P 1,16-19 ; Lc 9, 28b-36)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Notre foi chrétienne vit de paradoxes qui permettent toujours de laisser sa juste place au mystère de Dieu et du Christ dont elle veut témoigner. Ainsi dans ce récit de la Transfiguration où tout nous porte à contempler cette lumière fulgurante, la voix du Père exhorte à écouter le Fils qu’il a choisi. Non pas nous arrêter à contempler cette vision si réconfortante et bienfaisante, mais écouter la voix du Fils, qui se prépare à monter à Jérusalem. Si nous nous reportons à la fin de la vie de Jésus, au moment de sa mort, c’est le mouvement inverse qui se produit. Sur la croix, le Fils mort ne peut plus parler, il n’y a qu’à regarder… « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » relit St Jean. Là où le regard voudrait spontanément se détourner, il s’arrête sur la réalité de ce corps mort pour y voir l’espérance d’une vie nouvelle : le sang et l’eau qui coulent du côté transpercé…

Ainsi en est-il du mystère de Jésus le Christ : nos yeux humains ne peuvent finalement l’approcher au plus près que sur la croix, et de là, apprendre à le reconnaitre dans sa gloire de ressuscité. A la Transfiguration, les apôtres ne pouvaient qu’entrevoir sa dimension glorieuse, pour mieux traverser l’épreuve de la Passion et l’accueillir à l’heure de la Résurrection.

Aujourd’hui encore, nos yeux doivent apprendre à regarder Jésus, et à le contempler dans la faiblesse de notre humanité. Lui-même nous exhorte à le reconnaitre et à le servir dans le plus démuni, le pauvre, le malade, l’étranger. La lumière de la Transfiguration de Jésus, accomplie en sa Résurrection, demeure dans notre cœur de croyant, comme l’expression d’une beauté en germe pour tout homme. Tout homme est porteur de cette beauté qui s’épanouira dans le monde à venir. Mais comme nous l’entendions cette nuit, le soin de nos corps humains, le nôtre et celui des autres, peut être une belle école d’espérance vécue concrètement. Prendre soin, ne pas maltraiter, respecter, rechercher l’unité de tout l’être. Car chaque être en ce monde est porteur d’une beauté et d’une dignité immense dans le regard de Dieu, beauté à la ressemblance du Christ qui s’est fait semblable à nous.

En cette eucharistie, nous remercions Dieu de nous avoir donné part à cette beauté, en Jésus, mort et ressuscité pour nous. Et nous accueillons déjà sa Vie de ressuscité afin qu’elle « nous fasse ressembler davantage à Lui ».

6 aout 2016

Homélie du 31 juillet 2016 — 18e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C - 18e dimanche TO (31/07/2016)

(Qohèlet 1,2 ; 2, 21-23 – Ps 89 – Colossiens 3, 1-5.9-11 – Luc 12, 13-21)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs, nous sommes à la moitié de la période des vacances, les uns partent et d’autres reviennent, c’est le grand chassé-croisé sur les routes, le week end noir pour la sécurité routière. Il y a ceux qui reviennent avec de beaux souvenirs et ceux qui partent avec l’espoir de se reposer d’une année passée souvent à courir …

Il y a ceux qui sont partis dans la joie et ont rencontré l’horreur à Nice … Il y a ceux aussi, nombreux, qui n’ont pas pu partir en vacances ou encore les migrants et les réfugiés qui ont été forcés de partir de chez eux … Et il ne faudrait pas que, dans la mondialisation de l’indifférence dénoncée par le pape François, nous les oubliions trop vite.

Mais dans cet air dominant de vacances, les lectures de ce dimanche tombent comme une douche froide … que déjà, malheureusement, l’actualité nous a déjà offerte ces derniers jours …

« Vanité des vanités, tout est vanité » nous dit la première lecture.

« Tu fais retourner l’homme à la poussière » renchérit le psaume 89 qui a été chanté tout à l’heure.

Et saint Paul « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre.»

Et encore l’évangile : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? »

Avouons-le, il y a des textes plus gais à écouter en plein cœur de l’été même si cet été 2016 nous laissera certainement un goût amer …

Peut-être que ces textes d’aujourd’hui pourraient nous aider à cheminer et nous ouvrir des horizons alors que beaucoup, dont nous sommes sans doute, sont désorientés par la brutalité des événements ....

La première lecture d’abord dont le début nous est bien connu « Vanité des vanités, tout est vanité. » En Hébreux, le mot traduit par « vanité » signifie « vapeur, buée » et il peut prendre le sens d’éphémère. On comprend bien alors le sens de ce texte. Oui, le résultat du travail, les gains, les salaires, les profits sont éphémères comme la vapeur. Est-ce si faux ? Mais il faut le reconnaître, ce passage ne nous laisse pas dans un enthousiasme débordant.

Et le psaume qui fait écho à la première lecture « en rajoute une couche » si vous me permettez l’expression. « Tu fais retourner l’homme à la poussière », « mille ans sont comme hier », « ce n’est qu’un songe, une herbe changeante qui fleurit le matin et est fanée, desséchée le soir ». Décidément, là aussi, rien de très réjouissant.

Pourtant, le psaume ne nous laisse pas dans un constat désespéré, il ouvre une issue : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours, que nos cœurs pénètrent la sagesse. » Faisons preuve de sagesse, de réalisme, rappelons-nous que notre vie sur terre n’est pas sans fin. Mais le psaume va plus loin : il demande à Dieu de nous rassasier de son amour, de sa douceur (pensons-nous spontanément que notre Dieu est un Dieu doux ? ce serait à creuser). Et nous passerons alors nos jours dans la joie et les chants.

Voilà peut-être une réaction qui nous est proposée face au constat de la vanité, de la fragilité de nos vies. En prendre conscience, surtout pas seuls, mais accompagnés par l’amour et la douceur d’un Dieu qui veut pour nous la vie, mais une vie véritable.

Et saint Paul nous fait faire le grand saut de la foi chrétienne : nous sommes ressuscités avec le Christ. Notre vie ne se termine pas dans le gouffre sans fond de la mort mais elle se poursuit par la vraie vie, celle offerte par le Christ ressuscité, comme le disait Thérèse de Lisieux au moment de son passage : « je ne meurs pas, j’entre dans la vie ». Elle avait tout compris.

Mais pour ressusciter avec le Christ il s’agit déjà aujourd’hui, dans notre vie, de vivre en ressuscités : bannir ce qui n’est finalement qu’illusion et soif de posséder … tout cela est éphémère, tout cela est vapeur…

Et l’évangile, comme c’est souvent le cas, nous plonge dans une situation concrète. Situation malheureusement banale d’un conflit d’héritage. Rien de nouveau sous le soleil. Cela permet au Christ de remettre les pendules à l’heure et nous sentons bien que les contemporains du Christ nous sont très proches. Le Christ, lui, va à l’essentiel : « la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède .»

Le Christ ne demande pas de vivre dans la misère, mais de ne pas nous illusionner des richesses car elles n’ajoutent rien à la durée de nos vies.

Le psaume 61 proclame « aujourd’hui si vous amassez des richesses, n’y mettez pas votre cœur. » Et ce n’est pas facile …

Frères et sœurs, dans la réalité parfois très dure de la vie du monde, de nos vies, ces textes d’aujourd’hui nous offrent un chemin qui peut être salutaire.

Prendre en compte le réel tel qu’il est et non pas tel que nous le rêvons, tel que nous voudrions qu’il soit. Et cela peut être dur « tout est vanité », « tu fais retourner l’homme à la poussière ». Nous pouvons tenter de fuir cette réalité dans l’oubli des distractions mais elle nous rattrapera.

Prendre ce réel avec la conscience que nous sommes aimés d’un amour fou, celui de Dieu, qui nous promet une vie sans fin avec Lui, rien de moins. Mais cette vie n’est pas que pour demain.

Si nous acceptons, dès aujourd’hui de ne pas céder sans cesse à la soif de posséder, si nous acceptons que le Christ soit tout en tous et d’abord en nous-mêmes, alors des chemins de bonheur peuvent s’ouvrir. Alors quoi qu’il arrive, nous pouvons prendre conscience qu’il y a toujours une issue qui nous est offerte dès aujourd’hui. Nous ne sommes plus seuls car Dieu nous invite à la communion fraternelle avec les autres. Alors le ciel peut prendre une autre teinte et tout un horizon à explorer s’offre à nous.

Que ce temps de vacances puisse nous permettre d’explorer ce que veut dire pour nous, concrètement, que le Christ soit tout en tous et prenons le temps de nous enraciner à nouveau dans une foi qui change notre conception du monde, de la vie, des autres … prendre toujours plus conscience de la tendresse de notre Dieu, même s’Il peut nous paraître absent, c’est cela la foi, non pas une foi faites de certitudes abstraites qui ne résistent pas au réel mais une foi qui est confiance même dans l’obscurité dans l’absurde … C’est la foi du Christ sur la croix … une foi qui ouvre à la Résurrection.

Prenons du temps, cet été, pour ce qui vaut la peine. Méditons ces textes si riches au –delà de leur aspect rude voire brutal. - 31 juillet 2016

Homélie du 25 juillet 2016 — Dédicace de l'église de la PqV — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2016

(1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« Les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent te contenir, encore moins ce temple que j’ai construit » s’exclame Salomon au jour de la consécration du Temple. Oui, qu’est-ce que cette maison, cette église au regard de la majesté et de la grandeur de Dieu ! Maison de Dieu, elle l’est moins comme le lieu qui le contient que comme le lieu où Il nous fait devenir sa maison. Depuis le jour où David a exprimé le désir de bâtir une maison à Dieu, nous savons que tel n’est pas le désir premier de Dieu. Celui-ci désire moins avoir une maison que de donner lui-même une maison à David, de lui donner une descendance. Le plus grand désir de Dieu, c’est d’édifier son peuple, de le rassembler en une seule « assemblée », ce mot qui, de l’hébreu en passant par le grec, a donné notre mot « église ».

Notre église de pierre devient comme l’atelier, le laboratoire dans lequel Dieu façonne son peuple. Par la Parole qui y est proclamée, Dieu nous fait devenir des pierres peu à peu plus solides, plus fermes dans la foi, à l’image de St Pierre qui confesse le Christ Fils de Dieu. Par la grande prière d’action de grâce, qu’est la messe, nous devenons dans le Christ mort et ressuscité, son corps, des membres vivants. Par la prière des psaumes chantées nuit et jour, nous associons toute l’humanité encore en recherche, à la béatitude et à la joie de se tourner vers un Père qui nous aime. Au cœur de chaque église de pierre, si petite soit-elle, c’est l’œuvre du Père qui s’accomplit : rassembler toute l’humanité en un seul corps, en un corps de louange et en un corps fraternel. Il le fait à travers toutes les petites communautés éparpillées sur la surface du globe. Qu’elles soient réunies dans une belle église comme ici, dans une grande cathédrale ou dans une très modeste chapelle de brousse, c’est le même mystère qui est à l’œuvre.

Mystère donné gratuitement, et mystère auquel nous prenons part pleinement. Devenir corps de louange et corps fraternel, c’est tout un. Notre louange aurait-elle toute sa force et toute sa vérité si nous entretenons à l’égard de nos frères rancune ou murmure ? Notre louange offerte à Dieu, ainsi que toutes les intercessions se nourrissent de notre relation avec nos frères. La communauté qui est façonnée par Dieu en cette maison de pierre n’est pas séparable de la communauté qui travaille et vit en dehors de l’église. De la grâce reçue en cette église, nous recevons la force d’aller vers nos frères pour donner, pour pardonner peut-être, pour aimer davantage. Et cette vie partagée avec nos frères, nous l’apportons en cette église, pour la mettre sous la lumière purifiante de la Parole et pour l’offrir avec le travail des hommes.

Oui, ce matin, offrons-nous avec tous nos frères les hommes, à cette œuvre sanctifiante de Dieu, en faisant mémoire de la mort et de la résurrection en qui nous devenons de pierres de plus en plus vivantes. 25 juillet 2016

Homélie du 24 juillet 2016 — 17e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

Année C - 17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, 24 juillet 2016

1ère lecture : Genèse 18, 20-32

2ème lecture : Colossiens 2,12-14

Evangile selon saint Luc 11,1-13

Homélie du F.Matthieu

Texte :

A la demande du disciple : "Apprends-nous à prier", Jésus répond en trois temps : le Notre Père ; une parabole, celle de "l’ami", qui vient demander du pain au milieu de la nuit avec un sans gêne absolu ; une leçon décisive : Dieu, notre Père, donne toujours le meilleur… si nous osons le demander !

Luc nous a dit au début de l’évangile : « Jésus était en prière », mais il ne nous a rien dit malheureusement de ce modèle pourtant si attendu ! Alors, aujourd’hui, comme pour éclairer cet enseignement sur la prière, la liturgie de l’Eglise nous donne, un autre modèle, celui d’Abraham ! Suivons-le, en le relisant à la lumière de l’enseignement de Jésus dans l’évangile…

Abraham a accueilli trois hôtes, il les a reçus avec toutes les prévenances de l’hospitalité du désert ; il s’est mis à leur service, leur lavant les pieds, leur donnant la meilleure nourriture possible… service, respect, noblesse de l’hospitalité… avec en retour la promesse mystérieuse d’un enfant à naître.

Et Abraham se tient là : « il demeure devant le Seigneur ».

Il reconnaît celui qui est son Seigneur : « que ton nom soit sanctifié » :

première démarche de la prière, reconnaître Celui en face de qui l’on se tient… C’est ce que la Bible appelle la « crainte de Dieu »… rien à voir avec la peur, au contraire la confiance qui naît de la reconnaissance et de l’amour !

Et puis, Abraham demande… et il demande… et avec quelle audace

Pour Jésus également, prier le Père, c’est d’abord lui demander ce dont nous avons besoin.

Remarquons qu’Abraham ne demande pas quelque chose pour lui, mais pour les habitants de la ville, et pour la justice. Sa prière est une prière d’intercession – mais Abraham, lui, a déjà reçu… la promesse...

En disant : "Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira", Jésus parle de demander pour soi et c’est sans doute le premier pas de la prière. Mais pourtant il ne faudrait pas négliger le fait que, dans la petite parabole qui introduit ces phrases de Jésus, l’ami « casse-pieds » ne va pas réveiller son ami pour trois pains parce qu’il a faim, mais parce qu’un de ses "amis arrive de voyage". Lui aussi demande pour un autre...

Et ceci nous donne à entendre que la prière de demande, d’intercession, est celle que le Seigneur exauce le plus volontiers. Jésus insiste sur la demande : il faut demander avec confiance, avec "sans-gêne" même....

Au premier abord, on ne peut pas parler d’un "sans gêne" d’Abraham, dans la mesure où il s’exprime de manière fort respectueuse envers le Seigneur : "J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre... Que mon Seigneur ne se mette pas en colère...", mais quand même, il ne se gêne pas pour dire sa pensée, ce qui ne colle pas avec ce qu’il connaît de Dieu : "Loin de toi de faire une chose pareille...Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ?" Abraham ose plaider pour Dieu contre Dieu ! Sa prière est bien une prière insistante, jusqu’à la limite – une vraie palabre à l’orientale, familière, comme celle d’un "ami" avec un "ami", respecté et aimé, mais sans concession.

Et le Seigneur est prêt à l’exaucer, sans autre difficulté : " ... je pardonnerai...je ne détruirai pas..."

Car déjà, dans le texte de la Genèse, il s’agit de pardonner : "ne pardonneras pas à toute la ville à cause des cinquante justes...A cause d’eux je pardonnerai à toute la ville." Le Dieu auquel Abraham s’adresse avec tant de simplicité est un Dieu qui pardonne. Bien sûr, au temps du rédacteur de la Genèse, la mentalité ambiante a du mal à faire la différence entre péchés individuels et responsabilité collective... Peu à peu, la Bible corrigera cela. Mais l’image vraie de Dieu se dégage déjà de notre passage : Dieu est un Dieu prêt à pardonner, qui s’arrange en quelque sorte pour se faire "forcer la main" par Abraham, sans doute pour que nous tous, les humains, comprenions ce qu’il est : un Père.

"Pardonne-nous nos péchés car nous-mêmes, nous pardonnons aussi...", nous fait dire Jésus dans le Notre Père. C’est notre plus grand besoin ! Un élément essentiel de toute prière chrétienne.

Abraham s’est arrêté en chemin : "peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ?" Et il n’y en a pas eu dix ! Mais Dieu, notre Père, lui, ne s’arrête pas en chemin !

La lecture de la Lettre aux Colossiens accomplit ce même thème : "Il nous a pardonné toutes nos fautes."

Abraham marchandait avec Dieu le salut de Sodome, jusqu’à dix justes... Paul nous redit que notre salut, celui de toute l’humanité, nous est donné grâce à un seul Juste, le Christ : "Dieu vous a donné la vie avec le Christ…" Dans la prière, il faut savoir demander jusqu’au bout !

En fait, le dernier verset de notre Evangile donne la clef : il s’agit de demander une seule chose : "l’Esprit Saint", pour qu’il guide notre vie et notre prière.

Le Père est toujours prêt, non seulement à pardonner, mais à aller au bout du don, à nous donner l’Esprit, qui fera de nous des fils de Dieu, sauvés.

Même si souvent ses chemins nous déroutent, si nous ne nous sentons pas exaucés, il nous donnera "le pain dont nous avons besoin… l’Esprit Saint", si nous osons le demander ! (24 juillet 2016)

Homélie du 17 juillet 2016 — 16e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 16° dimanche du Temps Ordinaire - 17 juillet 2016

Gen 18 1-10; Col 1 24-28; Lc 10 38-42;

Homélie du F.Hubert

Texte :

Marthe et Marie

Spontanément, tous, nous pensons, à propos de Marthe et Marie,

à la

maison de Béthanie, évoquée par st Jean, tant lors

de la résurrection de

Lazare, leur frère, que lors de lâ onction de Jésus par

Marie avec un

parfum de grand prix. Maison amie, toute proche de Jérusalem.

Telle nâ est pas la mise en Å uvre du récit de Luc.

Jésus était en Galilée.

Mais, après avoir annoncé sa passion, /comme

sâ accomplissait le temps où

il allait être enlevé au ciel,

le visage déterminé, il prit la route de

Jérusalem.

Un village de Samarie, /refuse alors de le recevoir,

/précisément /parce

quâ il se dirigeait vers Jérusalem.

/« Le Fils de lâ homme nâ a pas dâ endroit

où reposer la tête. » /dit-il

alors à un homme qui voulait le suivre.

Or voici quâ après avoir conté la parabole du

samaritain prenant soin de

lâ inconnu blessé au bord de la route, Jésus est

reçu par deux sŠurs dans

un village qui ne lui ferme pas ses portes.

Sommes-nous encore en Samarie ? En tout cas, nullement Ã

proximité de

Jérusalem.

La route est encore longue.

Jéricho est encore loin, où Jésus voudra trouver

lâ hospitalité chez

Zachée, le collecteur dâ impôts.

Jésus traverse villes et villages : qui lâ accueillera ? Qui

prendra soin

de lui ?

Marthe et Marie lâ accueillent. Bénies soient-elles !

Jésus est en route vers un lieu et des jours où il va

souffrir.

Elles sont pour lui comme le bon samaritain pour le blessé.

Manifestement, elles le connaissent, lâ aiment et prennent soin de lui.

De quoi Jésus a-t-il besoin ? De quoi a-t-il besoin _le plus_ ?

Jésus est la parole vivante de Dieu, au milieu des hommes.

Marthe sâ affaire. Elle sâ agite pour recevoir Jésus le

mieux quâ elle

peut, pour préparer un bon repas.

Jésus est sans doute entouré de disciples. Il y a de quoi

faire.

Marie, sans se soucier de cela, sâ est assise aux pieds de Jésus :

elle

écoute sa parole.

« Ma mère et mes frères sont ceux qui

écoutent la parole de Dieu et la

mettent en pratique.

Câ est de cela que Jésus a le plus besoin.

Comment écouter et mettre en pratique ?

Marie et Marthe ne nous donnent-elles pas un bel exemple, Ã elles deux

réunies ?

Beaucoup dâ encre a coulé en commentaires de cet

évangile. Vie

contemplative et vie active.

Luc privilégie-t-il la première ?

Mais comment dévaloriserait-il le service, lui qui vient de mettre la

parabole du bon samaritain sur les lèvres de Jésus ?

Que veut-il nous dire ?

Dâ abord cette bonne nouvelle évangélique : la femme

peut être disciple !

Cela nâ était pas dans la culture juive de

lâ époque. Jésus apporte là une

nouveauté.

Marie nâ est pas à ses pieds seulement pour lâ accueillir

poliment et

amicalement.

Elle « écoute la parole », elle

écoute Dieu se manifestant aux hommes.

Elle réalise cette écoute dont Luc souligne si souvent

lâ importance.

Marthe est-elle celle qui met en pratique ?

Hélas, voici quâ elle _murmure_.

Elle aurait pu servir avec joie, avec amour,

offrant tout son dévouement, dans lâ ardeur de lâ amour,

pour accueillir

son Maître et ami.

Au lieu de cela, elle se replie sur elle-même ; lâ attitude de sa

sÅ ur

lâ irrite ;

et la présence même de Jésus lui devient alors un

fardeau.

« Ce que je fais pour toi me pèse. » /Dis donc

à ma sÅ ur de mâ aider !

Au lieu dâ être tout à la joie de la

présence de Jésus, donnant sa vie

pour lui, et vivant de lui,

elle se centre sur elle-même.

Elle ne devient alors ni libre et disponible.

La Règle de saint Benoît parle à plusieurs reprises

du murmure et est

très sévère à son égard.

Obéir en murmurant sera compté comme une faute.

Marthe aurait pu avoir la meilleure part, comme Marie, si, au cÅ ur

même

de ses préparatifs, elle était demeurée dans une

relation dâ amour et

dâ accueil vis à vis de Jésus, et aussi envers sa

sÅ ur.

Elle aurait pu se réjouir sans jalousie, sans ombre, sans comparaison,

de ce que sa sŠur soit assise aux pieds du Seigneur, écoutant sa

parole.

Je pense au bel exemple que nous ont donné les adultes de

lâ intendance,

lors du pèlerinage des 5^e de Grenoble, venus chez nous au mois de mai.

Ces adultes étaient là , dâ un cÅ ur joyeux,

tout au service des enfants,

pour que tout se passe bien, que chacun reparte avec les meilleurs

souvenirs possibles, que chacun soit heureux et découvre quelque chose

du bien vivre ensemble évangélique.

Belle invitation pour nous, dâ être au service des autres, dans la

joie

du don, et non dans la contrainte dâ un service mal assumé.

Je pense aussi au Festin de Babette, ce beau film que jâ ai revu avec un

groupe il y a quelques jours.

Babette donne tout ce quâ elle a, met en Å uvre tous ses talents, pour un

festin au service de la _communion_ de ceux qui vont en

bénéficier. Elle

nâ a aucun retour sur elle-même. Elle veut donner la vie, rendre

belle et

bonne la vie de ceux à qui elle sâ offre elle-même.

Puissions-nous tous et chacun donner nos vies dans le sourire de la grâce.

Reste que cet évangile insiste sur lâ écoute de la

parole : câ est là la

source vivifiante de toutes nos activités. Il est une invitation pour

nous tous, moines compris, Ã savoir nous limiter dans nos

activités, ne

pas demeurer à la surface, à savoir prendre de la distance,

et le temps du silence, de lâ écoute, de la relation en

profondeur.

« Ecoute et tends lâ oreille de ton cÅ ur »

nous dit saint Benoît :

Ne nous lassons pas de tendre lâ oreille ?

pour écouter celui qui pris

délibérément le chemin de Jérusalem

pour y

livrer sa vie.

(17 juillet 2016)

Homélie du 10 juillet 2016 — 15e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - 15e dimanche ordinaire - 10 juillet 2016

Deut. 30, 10-14; Col. 1, 15-20; Luc 10, 25-37;

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Pour comprendre l’évangile que nous venons d’entendre, il faut peut-être que nous commencions par nous poser, ou, mieux, par poser au Christ dans la prière, la question du docteur de la Loi : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? ». En effet, comment comprendrions-nous la réponse que nous donne Jésus, si nous ne posions pas la question, si elle ne nous intéressait pas ?

La réponse que nous donne Jésus à cette question est étonnante : en effet, le Seigneur n’indique pas seulement ce qu’il faut faire aujourd’hui pour avoir plus tard la vie éternelle. En réalité, il dit ce qu’est la vie éternelle : si nous aimons Dieu de toutes les puissances de notre être, si nous aimons le prochain et que nous nous aimons nous-mêmes, que nous manque-t-il ? Aimer : Dieu, tendre vers le Mystère caché en même temps et dévoilé. Aimer : les hommes mais spécialement ceux dont nous sommes proches, et aussi ceux que nous nous rendons proches, au travers desquels nous les rejoignons tous. Aimer. Ce « moi » si peu connu finalement, déconcertant parfois dont nous peinons à découvrir la beauté, parce que peut-être nous ne la cherchons pas où elle est. S’aimer soi-même, un commandement auquel nous ne savons pas bien obéir.

Ainsi, Jésus nous montre-t-il ce qu’on pourrait appeler le « triangle saint de l’amour » qui a trois sommets : Dieu, l’autre, soi. Si les sommets sont en équilibre, à égale distance et à égale proximité l’un de l’autre, alors la vie est d’aplomb, bonne, belle. La vie éternelle, c’est cela, ce peut être cela, ici-bas, maintenant. La recherche de la vie éternelle, c’est peut-être aujourd’hui l’exercice de l’amour. Dans l’au-delà, il n’y aura pas autre chose, mais seulement la manifestation apaisée de ce que déjà ici-bas l’Esprit de Dieu, nous suggère, - cet Esprit que saint Augustin appelle la Loi de l’évangile, qui a été donné au monde à la Résurrection.

Mais voilà, les hommes sont blessés, nous sommes blessés. Or la beauté de l’évangile, la « joie de l’évangile » comme dit le pape François, c’est qu’il ne s’adresse pas aux saints immaculés, mais aux pécheurs et aux blessés : c’est à eux qu’est proposé l’amour, comme un chemin non seulement désirable, mais possible. En effet le blessé de cette parabole où Jésus commente l’essence de la Loi que lui rappelle le docteur, c’est tout homme sur le chemin, donc c’est aussi vous, moi, sur le même chemin. Parce que chacun porte, dans sa chair, dans sa sensibilité, dans son histoire, des blessures, les unes cicatrisées, les autres non, chacun peut rejoindre l’autre dans sa souffrance et travailler à une guérison commune. Le samaritain a saisi cela : lui aussi est un blessé de l’histoire ; il appartient à une autre ethnie, son culte n’est pas pur, ses alliances l’ont éloigné du vrai peuple de Dieu. Comme la samaritaine au puits de Jacob, il en est conscient. Mais il a compris que, justement à cause de cela, il peut travailler à la guérison de quiconque, les vrais juifs et les autres, mais aussi recevoir de quiconque la guérison.

Le prêtre, le lévite, ce sont tous ceux qui, se considérant en bonne santé et donc ne voyant pas en eux la misère, ne l’aperçoivent pas en autrui. N’étant pas sensibles à eux-mêmes, ils ne le sont pas aux autres. Ne travaillant pas à leur propre guérison, puisqu’ils ne se savent pas malades, ils ne sauraient se pencher sur la blessure des autres.

Un dernier point enfin que je ne développerai pas mais que je propose à votre méditation : l’homme blessé, le samaritain, finalement c’est Jésus lui-même. Pourquoi est-ce que je ne le développerai pas ? Parce que la première lecture que nous avons entendue nous dit que l’évangile, c’est-à-dire la révélation en Jésus de l’amour et de la vocation des pauvres, cet évangile habite notre cœur. Il ne faut pas le chercher très loin en haut dans le ciel, au large dans la mer, il ne faut pas multiplier les paroles qui l’affadiraient, il faut retourner à notre cœur et y retrouver, par l’Esprit, l’eau et le sang, le témoignage de Jésus attesté dans les lectures que nous avons entendues.

C’est à partir de ce cœur que nous allons célébrer maintenant l’Eucharistie.

(10 juillet 2016)

Homélie du 03 juillet 2016 — 14e dim. ordinaire — Frère Vincent
Cycle : Année C
Info :

Année C - 14° Dimanche du Temps Ordinaire - 3 Juillet 2016

Is 66 10-14; Gal 6 14-18; Luc 10 1-20;

Homélie du F.Vincent

Texte :

Cette page d’évangile que nous venons d'entendre nous rappelle une fois de plus l'urgence de la mission. Nous les baptisés nous sommes tous envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour témoigner de la Bonne Nouvelle de l'évangile. C'est une mission qui nous incombe à tous, là où nous sommes. Personne n'en est dispensé ; pas même les moines qui, par ce qu'ils sont, par ce qu'ils vivent, veulent aussi témoigner de cette Bonne Nouvelle. Mais voyons de plus près ce que Jésus nous en dit.

St Luc nous parle des 72 que Jésus envoie en mission. 72 c'est un chiffre symbolique. A l'époque de Jésus c'était, pensait-on, le nombre des nations païennes d'après l'Ancien Testament. Cela signifie que la mission vise donc la terre entière. Le sens est clair : tous sont envoyés en mission pour faire connaître Jésus. Ce que le missionnaire, et nous le sommes tous chacun à notre manière, aura à annoncer en premier, c'est que Dieu est passionné d'amour pour l'humanité. Tout baptisé, tous les baptisés que nous sommes, sont appelés à répondre à cet amour et à en témoigner. Un chrétien ne peut être qu'un passionné de Dieu pour communiquer cette passion aux autres. Dieu n'a que faire des tièdes et des indifférents. Le Christ compte sur chacun d'entre nous et nous envoie comme il a envoyé les 72.

A ces envoyés, ce que Jésus demande d'abord, c'est de prier le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson.

Dans la liturgie du baptême - et on a eu la joie de le vivre il y a quelques semaines avec Valentin et Timothée- il y a un très beau geste qui consiste à recevoir la lumière pour la transmettre. Être chrétien, être baptisé, c'est accueillir Jésus-Christ dans notre vie et le communiquer autour de nous. S'il n'y a pas cet amour passionné du Christ dans notre vie, nous ne pouvons pas dire que nous sommes chrétiens. Nous pouvons mentir aux hommes, mais nous ne pouvons pas mentir à Dieu. Un jour, nous aurons à lui rendre compte de notre responsabilité de baptisé.

Oui, nous sommes envoyés par Jésus lui-même. Il n'est pas question de faire des grands discours mais tout simplement d'apporter la paix de Dieu, A travers toutes nos relations humaines, il s'agit de témoigner de ce Dieu qui nous fait vivre.

Ce témoignage, nous le portons ensemble, les uns avec les autres. Rappelons-nous les paroles de Jésus, « c'est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que vous serez reconnu pour mes disciples. » Des chrétiens divisés entre eux ne peuvent que porter un contre témoignage. C’est ce que Jésus veut nous faire comprendre quand il envoie ses disciples deux par deux. Saint Léon disait que si le Seigneur les as envoyé deux par deux, c’est pour qu'en enseignant la charité, ils puissent d'abord la pratiquer.

L’évangile nous dit encore ce matin : Quand vous entrez dans une maison, dites : « Paix à cette maison ». La mission de l'Eglise est une mission de paix. Elle est le fruit de la rédemption que le Christ nous a obtenue à grand prix. Nous avons été choisis pour servir en sa présence, comme le dit une prière eucharistique. Si nous marchons avec le Christ, rien ne pourra briser notre élan.

« Nous comptons sur toi Seigneur, rends nous forts dans les épreuves et garde nous fidèles à la mission que tu nous a confié ». (3 juillet 2016)