Homélies
Liste des Homélies
Année A - 2° dimanche de Pâques - 23 avril 2017
Act 2 42-47; 1 Pet 1 3-9; Jean 20 19-31
Homélie du F.Hubert
Il nous est bien difficile de percevoir ce qu’ont éprouvé les disciples en si peu de temps :
le repas de la Pâque, la descente au Jardin des oliviers, l’arrestation de Jésus,
son procès, son supplice, sa mort, et ce samedi silencieux, vide…
à travers tout cela, leur abandon de celui qu’ils aimaient,
dont les paroles et les actes leur donnaient vie.
« L’heure vient où vous me laisserez seul. »
Quelle douleur, quelle amertume, quelle honte !
Et la peur qui les emprisonnent…
Jésus leur avait bien dit : « Je m’en vais et je reviens vers vous. »
mais comment auraient-ils pu imaginer de quelle mort il allait mourir,
et de quelle manière il reviendrait auprès d’eux ?
Alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs,
il vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » et après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Comme ils devaient avoir besoin de recevoir de lui cette paix, ces disciples bouleversés et perturbés !
Comment Jésus la leur donne-t-il ?
« Il leur montra ses mains et son côté. » Ses blessures.
Pour se faire reconnaître, bien sûr.
C’est bien lui, Jésus, leur Maître, qui a été crucifié. Il est vivant.
Ce n’est pas un autre, ce n’est pas un fantôme.
Cette identité est fondamentale.
Mais arrêtons-nous à ses blessures.
Jésus ne se présente pas comme un homme « intact » :
il porte les traces de l'agonie, de son supplice,
les stigmates de ses épousailles avec notre inhumanité.
Jésus est celui qui a souffert de l'inhumanité de l'homme.
Le ressuscité et l'outragé sont une seule et même personne,
et la part blessée du Fils de l'homme n'est pas gommée, évaporée.
La réconciliation opérée par Jésus n'est pas un camouflage du mal,
la souffrance n'est pas dissimulée.
Notre réconciliation s'opère dans la blessure infligée au Christ par l’inhumanité présente en chacun de nous.
Blessure à laquelle il ne s'est pas opposé ou soustrait,
qu’il a accueillie sans nous la renvoyer, et dont il est marqué pour l'éternité.
Ses blessures sont désormais resplendissantes de l’Esprit,
resplendissantes de l’amour dont elles sont le signe.
Signe et lieu de notre réconciliation, de notre recréation,
signe de l’amour que rien ne peut vaincre.
Du cœur percé jaillit le fleuve de la vie.
Le Crucifié-Ressuscité est notre paix.
Nous savons bien que nous sommes loin d’accomplir
l’harmonie de la première communauté, évoquée, par Luc dans les Actes,
Si nous ne témoignons pas d’une telle communion fraternelle,
nous devons témoigner d’une communauté qui existe dans et par la Miséricorde.
Il n’y a pas un monde de purs et un monde de mauvais.
Aucun de nous n’est sauvé, aucun de nous n’est saint, sanctifié, sans que le Christ le réconcilie,
l’arrache au mal, ne sauve sa part d’inhumanité.
C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé.
C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé.
il a été compté avec les pécheurs,
alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.
La foi n'est pas une adhésion à une étonnante « happy end ».
Elle survient quand l'homme se présente pour être réconcilié
par Celui qui fait alliance à travers même les blessures reçues.
Le Christ demeure pour toujours le Transpercé.
Dans ses blessures, « le pouvoir de la mort apparaît constamment vaincu par la puissance de l’Esprit » écrivait notre f. Germain dans L’Agneau de la Pâque éternelle.
Comme Pierre, aucun disciple, aucun être humain, n'entrera dans la communauté des réconciliés s’il ne se soumet lui-même à la Miséricorde, s’il ne reconnait en lui une part inhumaine qui doit être guérie et réintégrée, pour que s'accomplisse l'unité de ton être.
Thomas, le jumeau universel de tous ceux dont l’espérance s’est évanouie,
de tous ceux qui sont absents, de tous ceux qui doutent,
témoigne auprès de chacun de nous
que, par sa fidélité, le Christ nous réconcilie avec nous-mêmes,
et nous offre la vie nouvelle d’un amour que rien ne peut vaincre.
Regardons, contemplons, les blessures resplendissantes de fidélité, de notre Sauveur.
En elles se trouve notre paix.
Regardons le Fils de l’homme ressuscité,
marqué pour toujours des marques et de notre inhumanité et de son amour.
Regardons celui que nous avons transpercé, et nous serons guéris.
Il est la résurrection et la vie parce que rien ne peut arrêter, épuiser, empêcher son amour.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que la vie du monde. (23 avril 2017)
Année A - 16 avril 2017 / Dimanche de la Résurrection
Lectures : Ac 10,34a.37-43 / Col 3,1-4 / Jn 20,1-9
Homélie du F.Matthieu
« Alors entra l’autre disciple... Il vit et il crut. »
"Voir" et "croire", ce sont les mots que l’on retient d’abord de l’évangile que nous venons d’entendre…
Mais, avant celui de "voir" et de "croire", il y a pourtant un autre mot de cet évangile, et qui les précède… celui de "courir" !
Ce qui domine cet évangile c’est la course, la hâte de la recherche de Jésus… Ce sera notre fil conducteur.
- "Courir" donc.
"Marie-Madeleine court trouver Simon-Pierre..." Elle est soudain poussée par l’urgence : "On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé." Urgence de l’inquiétude, de la stupéfaction, mais urgence surtout de la recherche, car Jésus, malgré l’échec apparent de la crucifixion, reste pour elle, "le Seigneur", le Maître bien-aimé.
Urgence de l’amour, mais peut-être aussi urgence née d’une obscure espérance, encore informulée. Il s’est passé quelque chose, elle ne formule qu’une hypothèse d’enlèvement, mais "elle court", comme s’il y avait quelque chose à trouver – chercher encore ?
"Pierre et l’autre disciple couraient tous les deux ensemble..." Comme les responsables de la petite communauté des disciples, ils doivent vérifier les dires d’une femme, de Marie - ils auraient pu en rire… ou aller voir posément… non, ils courent. Là encore, espérance informulée ?
Ou urgence de l’amour pour ce Maître qu’ils ont abandonné, et même pour Pierre, renié ? Urgence de la recherche encore !
L’"autre disciple, celui que Jésus aimait" court plus vite.
Quelle que soit son identité personnelle, il est ici la figure de tout disciple, de celui qui est lié au Christ par le lien de l’amour le plus fort, et que cette urgence de l’amour pousse ; "l’autre disciple" est le symbole de tout disciple aimé et aimant, qui court au-devant de Jésus. Il est la figure de chacun de nous dans sa recherche du Seigneur, parce le Seigneur lui-aussi est à notre recherche ! Il a hâte de nous trouver !
A Pâques, tout le monde court, parce que quelque chose d’incroyable, de nouveau, est en train de se produire. Et qu’on ne peut rester là assis dans le deuil et les larmes… ni même dans l’expectative : il faut chercher, aller "voir" !
- "Voir", justement.
Que "voit" Marie-Madeleine ? "Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau" : elle "voit" un tombeau ouvert, pas même un tombeau vide. Elle a deviné, elle a craint, et cela a suffi à la mettre en mouvement pour aller chercher des frères. Un tombeau ouvert, ce n’est pas un signe clair, et cela ne suffit pas pour croire, mais peut-être déjà pour espérer, sans le savoir, que quelque chose de neuf a commencé, que la pierre de la mort a été roulée du destin de l’humanité… qu’il y a plus encore à chercher !
Que "voit" Pierre ? A peine plus, mais lui, il regarde, il fait attention, il veut être témoin, il dresse un constat :"les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place".
L’absence du corps, les signes de la mort abandonnés sur place, mais en bon ordre, en place, et non comme après un enlèvement. Des indices étranges, dont il ne tire aucune conclusion immédiate, on pourrait dire avec les mots d’un autre évangéliste, "il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé".
Que "voit" l’autre disciple. Rien de plus, mais lui : "il vit et il crut". Sa foi ne vient pas uniquement des signes déjà observés par Pierre, elle vient de l’intérieur, de cet amour qui le relie à Jésus – il a couru plus vite ! – et elle va lui permettre surtout, à lui et à tous les disciples après lui de "voir" que, "selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts".
Et ensuite "les disciples retournèrent chez eux." Mais ils savent désormais le lieu premier de la recherche : les Ecritures, là où il faut aller "voir" justement pour parvenir à "croire" …
Oui, voilà bien l’essentiel : avec Marie-Madeleine, avec Pierre, avec le disciple que Jésus aimait, avec tous les disciples de Jésus, nous savons désormais où chercher, que lire, relire et méditer : il est grand temps de ressortir notre Bible, si besoin est, de la mettre à portée de main, de l’ouvrir en hâte… si toutefois nous voulons être sérieux dans notre recherche du Seigneur !
Et en cela, il faut retrouver tous les disciples bien-aimés, et selon les Ecritures, apprendre avec eux à "courir", à "voir", pour commencer à "croire en Jésus ressuscité, avec nous sur les chemins de notre vie jusqu’à la fin des temps !(16 avril 2017)
Année A - VIGILE PASCALE 15.04.2017
Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et Sœurs,
En cette nuit, comme en toutes nos nuits, le Seigneur de la Vie est à l’œuvre ! Nuit de la création lorsque dans les ténèbres au-dessus de l’abîme, Dieu proféra sa Parole et tout fut créé. Nuit de la foi pour Abraham qui consent à donner son fils espérant en Dieu contre toute espérance. Nuit d’angoisse pour le peuple hébreu poursuivi dans la mer jusqu’à ce qu’elle s’ouvre sous ses pas. Nuit de l’exil où Israël perdu retrouve les chemins de la sagesse et de la connaissance. Nuit de la dispersion parmi les nations dans laquelle luit la promesse d’une vie nouvelle où le cœur est purifié. Nuit de la résurrection enfin où la Vie s’empare d’un cadavre pour laisser au petit matin un tombeau ouvert et vide…
Oui, frères et sœurs, en cette nuit, figure de toutes nos nuits humaines, le Seigneur de la Vie est à l’œuvre. Si nous avons pu penser un moment que c’en était fini, la résurrection de Jésus est là pour nous détromper. Le Seigneur de la Vie est fidèle à son Alliance avec les vivants que nous sommes, avec ceux qui nous ont précédés comme avec ceux qui nous suivront. Depuis le début de cette célébration, nous avons médité comment par le passé, Dieu n’a cessé d’offrir la vie, de la conforter, de la panser parfois, de la susciter toujours. Avec la résurrection de Jésus, nous avons la signature définitive du pacte de Vie que Dieu a établi avec les humains depuis les origines. Les créatures fragiles et mortelles que nous sommes, ne sont pas vouées au néant. La résurrection de Jésus communiquée à travers notre baptême et accueillie en chaque eucharistie nous ouvre un avenir. Si nous sommes faillibles et infidèles à servir la Vie, la résurrection de Jésus, offerte à travers le sacrement de la réconciliation nous libère des impasses de nos aveuglements.
Avec détermination, renouvelons notre confiance en la Vie. La vie reçue des origines, est aujourd’hui vivifiée de l’intérieur par le Vivant pour l’éternité. Accueillons cette puissance de Vie qui, si elle ne nous empêchera pas de vieillir, ni de souffrir ni de mourir, nous renouvelle dans l’Amour et dans le don de nous-mêmes à Dieu et aux autres. Jésus Ressuscité nous offre sa Vie, pour qu’avec Lui, par lui et en Lui, nous aidions tant de personnes autour de nous à retrouver le goût et le sens de la Vie. Voilà le projet du Seigneur de la Vie dont la résurrection de Jésus fait de nous les heureux bénéficiaires et les serviteurs étonnés. Comme nous le priions déjà, demandons au Seigneur « de raviver en son Eglise l’esprit filial, afin que renouvelés dans notre corps et notre âme, nous soyons tout entiers à son service ». (15 avril 2017)
Année A - VENDREDI SAINT 14.04.2017
Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Face à la croix de Jésus, nous restons « bouche bée », comme les foules hébétées devant le serviteur souffrant. La souffrance qui broie un homme impose toujours le silence. Mais l’évangéliste Jean nous entraine plus loin, pour ne pas laisser ce silence nous engloutir dans une sorte de sidération. Il considère cet évènement ignoble comme un aboutissement. Avec la mort de Jésus, quelque chose est pleinement réalisée : « Tout est accompli » dit Jésus. Là, où un premier regard dénonce la plus grande absurdité, l’évangéliste Jean suggère de reconnaitre, à travers chaque parole prononcée, une plénitude de sens. Plénitude de sens pour notre humanité à travers les mots de Pilate : « Voici l’homme ». Plénitude de sens encore pour le peuple juif qui attend le roi-messie : « Voici votre Roi ».
Plénitude de sens pour les disciples et Marie à travers la parole : « Voici ton fils, voici ta mère ». Plénitude de sens sur la bouche de Jésus pour notre destinée humaine en attente de justice et de vie : « J’ai soif ». Plénitude de sens contenue dans les Ecritures et que la Résurrection de Jésus a révélé.
C’est cette plénitude de sens qui nourrit ce soir notre audace pour présenter dans quelques instants à notre Père des Cieux la grande intercession de l’Eglise en faveur de l’humanité.
Désormais aucune peine humaine ne peut être exclue de la sollicitude de notre Dieu. C’est aussi cette plénitude de sens qui anime notre désir de vénérer la Croix. De lieu d’infamie, la Croix de Jésus est devenue lieu de grâce. Dans la Croix de Jésus, se fortifie notre espérance. Quand enfin nous communierons au terme de cette célébration, nous confesserons que la Croix a donné un fruit de vie, la Vie divine offerte dans le Corps livré et dans le Sang versé de Jésus. « Tout est accompli ». (14 avril 2017)
Année A - JEUDI SAINT
13.04.2017
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du Père Abbé
Frères et sœurs,
« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? » demande Jésus à ses disciples… « Plus tard, tu comprendras » disait-il encore un peu avant à Pierre récalcitrant à l’idée de se faire laver les pieds par son maitre… Plusieurs fois, les évangiles se font l’écho de la difficulté des disciples à comprendre ce qu’ils sont en train de vivre avec Jésus. Vous me direz : « il y avait de quoi »… En effet, Jésus semble assez souvent vouloir entretenir un certain « clair-obscur » dans ses paroles quand il parle en paraboles, par ex (cf Mc 4,13) ou quand il pose des actes qui semblent complètement déplacés, au regard des usages habituels. Tout se passe comme si Jésus redoutait que les choses le concernant soient trop évidentes.
Ce soir donc, que comprennent les disciples ? Nous ne le savons pas bien. Le récit nous laisse entendre qu’il y a différents niveaux de compréhension, une compréhension immédiate et une compréhension à posteriori. Dans l’immédiat, Jésus invite ses disciples à comprendre son geste comme un exemple qu’il leur donne. « Si moi, le Seigneur et le Maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Au sens strict, c’est la seule fois où Jésus se donne en exemple dans un geste très concret, invitant à faire comme Lui. Un peu plus loin, il exhortera de façon plus générale ses amis à garder ses commandements, comme lui-même garde les commandements de son Père (15, 10), et à s’aimer les uns les autres comme il les a aimés (15, 12). Ce soir, il nous faut donc prendre la mesure de la force du lavement des pieds, comme l’unique geste de Jésus laissé en exemple à nous ses disciples. Suivre Jésus, l’imiter, n’est donc pas une chose si lointaine : il nous suffit de nous mettre aux pieds de nos frères pour les servir… Une fois, on me racontait, qu’un nouveau supérieur nommé, arrivait dans une communauté religieuse. Après s’être présenté devant les frères qui l’accueillaient comme tel pour la première fois, il a proposé à tous les frères présents qui ne s’y attendaient pas, de leur laver les pieds… En silence, sans plus de paroles, il situait à sa juste place sa nouvelle fonction de supérieur.
Après une compréhension immédiate, les disciples avec Pierre sont invités à une compréhension à postériori de ce qu’ils vivent. Le lavement des pieds contient en effet quelque chose d’inconvenant, voire d’intolérable, comme l’a bien pressenti Pierre. Il n’est pas normal que le Seigneur s’abaisse ainsi. Non, ce n’est pas décent. L’abaissement de Jésus figure ici l’abaissement plus abyssal qu’il vit depuis les premiers instants de sa conception dans le sein de Marie. « Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » a compris Paul. Abaissement qui trouvera toute son expression sur la croix : « devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix », comme nous le chanterons plusieurs fois durant les offices de ces jours saints. Seule la résurrection de Jésus donnera la clé de compréhension du geste prophétique de Jésus. Il lavait les pieds de ses disciples pour les laver de leur péché par le sang de la croix et la régénération de la résurrection. Clé de compréhension dont les disciples apprendront peu à peu à se saisir pour relire dans toutes les Ecritures, le grand projet de Dieu sur les hommes.
Et nous, ce soir, que comprenons-nous ? Peut-être nous faut-il aussi accepter de ne pas tout comprendre. Si notre intelligence saisit la portée du geste de Jésus, notre cœur ou notre volonté ont plus de mal à adhérer. Ainsi sommes-nous souvent capable de résister pour nous mettre à genoux devant nos frères. De même, nous peinons à nous laisser lavés, aimés par le Christ qui attend notre consentement pour transformer nos vies. Oui, dans nos vies, acceptons qu’il y ait plusieurs niveaux de compréhension. Et réjouissons-nous que l’Eglise dans sa liturgie nous offre patiemment d’entrer plus avant dans l’intelligence du mystère du Christ. En nous conviant ce soir à faire mémoire du seul geste de Jésus proposé en exemple, elle nous entraine à devenir avec audace, des instruments et des témoins de l’Amour divin : « Où sont amour et charité, Dieu est présent ».
En nous proposant ce soir ainsi qu’en chaque eucharistie de faire mémoire du corps livré et du sang versé, l’Eglise nous apprend à nous laisser transformer par l’action liturgique. Par elle, le Christ Grand Prêtre nous entraine dans son offrande au-delà de ce que nous pouvons en comprendre. Par elle, la vie du Ressuscité nous est communiquée au-delà de ce que nous pouvons en saisir. D’eucharistie en eucharistie, le Christ rassemble son Eglise. Sans que nous sachions toujours bien en rendre compte, « quand nous mangeons sa chair immolée, nous sommes fortifiés ; quand nous buvons le sang qu’il a versé pour nous, nous sommes purifiés », comme nous le chanterons dans la préface.
Frères et sœurs, comprenant sans tout bien comprendre, accueillons avec foi aujourd’hui le geste du Christ qui vient nous sauver.
Année A - RAMEAUX - 09.04.2017
Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26,14 – 27,66
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Un mot ressort fortement du long récit de la passion que nous venons d’entendre, c’est le mot : « Pourquoi ? » Dans la bouche de Jésus, ce mot a jailli comme un cri, comme une ultime prière adressée à Dieu son Père. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Dans la bouche de Jésus, ce « pourquoi » peut surprendre. Ne semblait-il pas dès le début du récit de la passion savoir tout ce qui allait advenir : la trahison de Judas, le reniement de Pierre ? N’avait-il pas célébré la Pâque en présentant le pain et le vin, comme l’offrande anticipée de son corps livré et de son sang versé ? N’a-t-il pas accepté au jardin de Gethsémani d’entrer dans les évènements qu’il pressentait, comme étant la volonté de son Père ? N’a-t-il pas reconnu devant le Grand Prêtre qu’il était le Fils de l’Homme qui siègerait bientôt auprès de Dieu dans sa Gloire ? Tout se passe comme si Jésus qui savait a accepté de ne plus savoir. Tout se passe comme si Jésus qui pouvait a accepté de ne plus pouvoir…Lui, le Fils de Dieu, le Verbe fait chair a accepté d’aller au bout de notre humanité, avec tous ces « pourquoi ». Il a consenti à n’être plus devant les hommes et devant son Père, qu’une chair déchirée par les coups, un esprit humilié par les injures, un cœur broyé par les trahisons et par le sentiment d’être abandonné par son Père…une humanité défigurée qui n’est plus qu’une question : « pourquoi »… Dans ce « pourquoi » de Jésus sont contenus tous nos pourquoi. Le « pourquoi » innocent des jeunes enfants qui assaillent leurs parents de question. Le « pourquoi » du jeune désemparé devant l’adulte qui ne le bafoue ou le piétine dans sa dignité. Le « pourquoi » de la mère qui voit souffrir et mourir son enfant. Le « pourquoi » des hommes et des femmes pris dans des conflits dans lesquels ils n’ont rien à voir. Le « pourquoi » devant le mal qui peut parfois rôder dans nos vies jusqu’à nous faire tomber. Jésus, l’innocent, a laissé s’imprimer en sa chair tous nos « pourquoi » impuissants devant l’injustice, la souffrance et la mort. Porte-parole de tous nos « pourquoi », Jésus reste apparemment sans réponse. Elle viendra au matin de Pâques, comme une espérance, l’espérance qu’en Jésus ressuscité par Dieu, nos « pourquoi » ont été entendus par son Père. La résurrection de Jésus viendra comme une lumière, comme une paix, comme un pardon qui ne résout pas nos « pourquoi », mais qui peut nous permettre de les porter avec Jésus. Avec Lui, nous découvrons qu’en Dieu se trouve la Vie où tout prend sens. Que les célébrations de cette semaine sainte nous fassent passer avec Jésus, de la mort à la Vie. (9 avril 2017)
Année A -5e dimanche de Carême, semaine (2 avril 2017)
Ez. 37, 12-14 Rom. 8, 8-11 Jean 11, 1-44
Homélie du F.Ghislain
Lorsque Jésus apprend la nouvelle de la maladie de Lazare, il a une réflexion inattendue : « cette maladie…servira à la Gloire de Dieu » et il précise : « c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié ». Que veut dire Jésus ? Pour le comprendre, il faut écouter la prière que Jésus adresse à son Père, juste avant de crier à Lazare de sortir du tombeau : « Père,… certes je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé » Ainsi, la Gloire de Dieu, c’est que soit reconnu le lien étroit entre Jésus et Lui. Jésus, - il le répète bien des fois dans l’évangile de saint Jean -, fait toujours la volonté de son Père, et le Père exauce toujours la prière de son Fils. Cet homme, qui vient d’arriver à la prière des sœurs de Lazare, il est en plein accord avec Dieu et Dieu trouve sa joie en Lui. Et pour manifester cette communion parfaite , Jésus va faire ce qu’aucun homme ne peut faire, si cela ne lui est donné d’En Haut : rendre la vie à un mort. La victoire de la vie, dont la sortie de Lazare du tombeau va être le signe, c’est le fruit de la communion entre le Père et le Fils : une communion faite de demande fidèle et de réponse totale. La manifestation de cette communion révèle le lieu de la Gloire de Dieu. Ou encore, ce que les gens voient, quand Lazare sort du tombeau, c’est la Gloire qui résulte de l’accord profond entre le Père et le Fils. Si Jésus dit à Marthe : « Je suis la Résurrection et la vie », cela lui est donné par son Père. Un homme ne peut pas ressusciter un mort, pas plus qu’il ne peut donner la vue à un aveugle, mais s’il demande de faire ces choses qui font triompher la vie et la lumière, cela lui est donné. Comme Jésus le dit ailleurs dans l’évangile : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ».Il me semble que, si nous nous bornions à regarder Lazare qui sort du tombeau, sans accueillir ce que ce signe révèle, l’union du Père et du Fils, nous manquerions le message essentiel de cet évangile.
Mais il y a encore davantage : ce Jésus, qui est « la Résurrection et la Vie »,et qui donne la vie à celui qui croit, il se manifeste aussi, à ce moment crucial, comme un homme sensible, fragile presque, en proie aux plus humains des sentiments. Alors qu’il s’approche de la tombe de son ami, il « frémit et se trouble », le texte nous le répète deux fois. Et finalement, il pleure. Au point que son amitié pour Lazare est évidente pour tous : « Voyez comme il l’aimait », et elle engendre une sorte de protestation : « Lui, qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, n’a pas été capable d’empêcher la mort de son ami ». Au moment de manifester la puissance qui lui vient de sa relation à son Père, le voici frémissant, désemparé, en pleurs. Personne n’a été plus homme que lui. Manifesté comme Fils de Dieu par, la résurrection dd Lazare, il se révèle un vrai Fils d’homme par la fragilité de sa tendresse. Il faut que les yeux de notre foi se portent ensemble sur ces deux aspects qui nous sont révélés.
Mais il y a encore autre chose : ce que nous venons d’entendre, et qui appelle notre contemplation, se passe à la veille des Rameaux. Il ne faudra pas une semaine pour que le Fils ne soit livré aux mains des pécheurs, qu’il ne soit flagellé, crucifié et qu’il ne meure, le cœur pris entre l’intense désarroi de l’abandon : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » et l’absolue persévérance dans le don : « Tout est consommé ». Thomas le disciple pressentait cela quand Jésus s’est mis en route pour Jérusalem et il a dit : « Allons nous aussi et mourons avec Lui ».
Qu’est-ce que nous pouvons faire de ce récit avec ses trois volets presque contradictoires ?
Il nous faut d’abord, je crois, l’écouter. Puis le relire, le répéter. Le faire nôtre jusqu’à ce qu’il entre en nous, qu’il nous pénètre, comme dit saint Paul, à la jointure de l’âme et de l’esprit.
Dans le discours après la Cène, Jésus, un peu déçu, dit à un de ses disciples : « Depuis si longtemps je suis avec vous et vous ne m’avez pas connu ». Prenons donc le temps de connaître le Christ, dans la gloire de sa Divinité échangée avec le Père. Dans son exquise sensibilité d’homme qui sait aimer, frémir, trembler, pleurer. Dans le trouble d’un être abandonné dans son attente, précipité dans la mort alors qu’il voulait donner la vie, et qui se garde pourtant fidèle. Connaître Jésus ainsi, c’est se disposer à recevoir la vie, moment après moment, à ressusciter.
Prenons aussi le temps de nous connaître nous-mêmes, - chacun de nous. Ce qui nous semble le plus évident peut-être, c’est l’épreuve : nos attentes déçues, nos sensibilités éprouvées, nos échecs sensibles. Mais l’évangile d’aujourd’hui nous invite à aller plus profond, à ne pas rester à la surface de nous-mêmes, à rejoindre cet espace caché en nous dont il faut retrouver le chemin : là où Dieu fait alliance avec nous, là où nous répondons à sa Parole. Chacun de nous a son espace de gloire : le tout est de s’y rendre et, autant que cela nous est donné, y demeurer. Alors, nous aussi, sans le savoir peut-être et ce sera mieux ainsi, nous donnerons la vie en abondance.
Prenons enfin le temps de progresserons dans la connaissance vraie des autres. Eux aussi, - chacun sans exception -, a son jardin secret, sa justice incorrompue, sa relation vive avec lui-même et un Dieu que, peut-être, il ne peut pas nommer. Eux aussi ont leur sensibilité d’homme ou de femme. Eux aussi sont en proie à des blessures inguérissables. Eux aussi donnent parfois, souvent, très souvent la vie à qui sait les accueillir.
Prions, mes frères, les uns pour les autres, afin qu’en Jésus la vie revienne dans notre monde de mort. (2 avril 2017)
Année A - 4ème dimanche de Carême, 26 mars 2017
1 Sam 16 1-13; Eph 5 8-14; Jean 9 1-41;
Homélie du F.Bernard
Réveille-toi, ô toi qui dors
Relève-toi d’entre les morts
Et le Christ t’illuminera
Cette hymne baptismale, nous venons de l’entendre dans la 2ème lecture ; elle est tirée de la lettre aux Ephésiens. Elle s’adresse par priorité aux catéchumènes qui recevront le baptême à la nuit de Pâques. Elle s’adresse aussi à nous tous, jeunes du catéchisme, ou plus âgés qui avons toujours à faire davantage écho à la parole du Christ en nous. Faire écho, c’est cela la tâche de la catéchèse, c’est la tâche de la foi. Nous tous, en cette nuit de Pâques, nous renouvellerons solennellement nos engagements baptismaux, par un triple nous renonçons, nous renonçons au péché et aux voies qui y mènent, et un triple nous croyons, nous croyons en Dieu Père, en Dieu Fils, et dans l’Esprit Saint qui est Dieu.
Se réveiller, se relever, ce sont les deux verbes qui dans la langue grecque des évangiles disent la Résurrection. Jésus, le premier, s’est réveillé du sommeil de la mort, s’est relevé au matin de Pâques. A sa suite, nous avons part aussi à son Réveil, à son Relèvement. Mais ce que nous avons reçu, la grâce de notre baptême, nous avons à le faire passer dans notre vie.
Aussi, l’Apôtre, dans la lettre aux Ephésiens, continue : « Dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière. Vivez en enfants de lumière. Or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice, vérité ».
C’est dans cette lumière reçue et pour mieux en vivre, que nous voulons entendre l’Evangile de ce jour. Dimanche dernier, nous était présentée une femme à la vie compliquée, appartenant à un peuple avec lequel les Israélites ne voulaient pas avoir de relations, une Samaritaine. Aujourd’hui u aveugle de naissance, un handicapé. Dans la mentalité de l’époque, comme aujourd’hui encore en bien des groupes humains, on attribuait le handicap à une faute, un péché, péché de la personne atteinte ou de ses parents. Mais pour Jésus, il n’en est pas ainsi : cet handicap est pour manifester l’œuvre de Dieu.
Donc une femme, un homme, et à travers eux deux, c’est toute l’humanité en souffrance, en errance, qui est évoquée, et aussi vous et moi, toute cette humanité que le Fils de l’homme, venu en ce monde, est venu chercher et sauver. On parle souvent de la guérison de l’aveugle né. Ce n’est pas très exact. L’aveugle n’a jamais vu. Il serait plus juste de parler, à mon avis, de création, comme est une création le sacrement du baptême. L’Apôtre le dit expressément : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. L’être ancien a disparu. Un être nouveau est là (2 Cor 5,17) ». Peut-être est-ce pour cela que Jésus enduit les yeux de l’aveugle de boue, comme pour rappeler la boue des origines, dont le Seigneur s’était servi pour façonner le premier homme?
« Va te laver à la piscine de Siloé ». L’aveugle aurait pu répondre : « Il ne m’est pas permis de le faire le jour du sabbat » Alors rien ne se serait produit. De même la Samaritaine aurait pu refuser d’entre en relation avec Jésus, sous le prétexte que Juif et Samaritains ne se parlent pas. A l’origine de tout acte de foi, il y a bien un acte d’obéissance, de confiance. J’accueille ce qui me vient de celui que j’apprends peu-à-peu à reconnaitre comme le Seigneur de ma vie. Progressivement le dialogue avec la Samaritaine s’approfondit, l’aveugle qui maintenant voit de ses yeux de chair, s’enhardit face aux autorités religieuses qui le questionnent.
Car Jésus accomplit cette œuvre de salut un jour de sabbat. Faut-il obéir à la loi du sabbat, ou bien à celui qui parle avec l’autorité de Dieu et accomplit des signes messianiques ? Grave question, qui occupe tout l’Evangile. L’aveugle a reconnu Jésus comme un prophète, un homme venant de Dieu. Il est capable maintenant d’aller plus loin, de rencontrer Jésus pour le confesser comme son Seigneur et Sauveur.
C’est le dialogue final : « Crois-tu au Fils de l’homme ? -- Et qui est-il Seigneur?-- C’est lui qui te parle--Je crois, Seigneur ». Ce sont les mots mêmes que nous prononcerons à la Vigile pascale. Pour nous y préparer, gardons en mémoire les paroles de l’hymne que nous citions au début : » Réveille-toi, ô toi qui dors. Relève-toi d’entre les morts. Et le Christ t’illuminera ».
Fr. Bernard.(26 mars 2017)
Année A - 3 dimanche de Carême - 19 mars 2017
Ex 17 3-7; Rom 5 1-8; Jean 4 5-42;
Homélie du F.Vincent
Midi sur la plaine, Jésus est fatigué par cette route de grand soleil. Il s'est assis au bord d'un puits, celui-là même que fréquentait jadis, Jacob et ses troupeaux. Que de caravanes, de lassitude, et de soif ont abouti là ! Mais aussi que de rencontres, d'alliances et de rendez-vous amoureux se sont tissés auprès de ces eaux vives !
Elle, elle vient avec sa cruche ; elle porte toute la fatigue de sa vie, comme une soif d'amour jamais étanchée. On ne connaît pas son nom, seulement son sobriquet : «la samaritaine ». Un sur-nom d'étrangère, méprisé par les juifs. (La Samarie, on essayait de l'éviter quand, en bon juif on allait de la Galilée en Judée). Une femme seule donc, une samaritaine et qui n'est pas en règle avec le mariage : trois raisons largement suffisante pour un bon juif, d'éviter tout contact !
Mais, Jésus ignore tous ces risques de contamination : Ce n'est pas par hasard qu’il sait que c'est elle, la Samaritaine, qui a vraiment soif. Sans le savoir, elle a soif d'amour, soif de celui qui est amour. Souvent, la demande d'un service ouvre le cœur et donne l'occasion de se confier.
C'est ainsi que la Samaritaine, après avoir exprimé sa surprise de voir Jésus lui demander à boire, en vient à lui dévoiler sa vie, sa vie ratée ! Alors, Jésus se révèle à elle, il lui dit même qu'il est le messie attendu. Il désaltère ce cœur assoiffé et en fait un apôtre dans son milieu. Elle était venue chercher de l’eau mais en repartant elle n'a pas remporté sa cruche ; elle n'avait plus besoin de choses anciennes, puisqu'elle avait découvert la nouveauté du Don de Dieu. « Si tu savais le don de Dieu », ce que Jésus a dit à la Samaritaine ; il le dit aussi à chacun d'entre nous qui sommes à l'écoute de cette parole de Dieu aujourd'hui.
Le don de Dieu, c'est un amour gratuit qui pardonne, qui instaure la paix en nous et qui insuffle l’espérance dans toute vie humaine. Le Don de Dieu, c'est surtout Jésus . Sur notre route pascale, nous, peuple de pèlerins, nous sommes attendus, par Jésus au bord du puits où Il nous offre l'Eau Vive, cette eau vive qui a coulé de son cœur sur la Croix et qui est l'Esprit de renaissance.
Chaque fois que nous sommes rassemblés au nom de Christ nous avons à re-naître à notre baptême ; chaque fois c'est la grâce de notre baptême qui se trouve vivifiée et le don de l'Esprit qui se renouvelle en nous.
Voici une bonne nouvelle pour nous en ce dimanche ! Le Christ est là : il nous rejoint dans touts les situations de notre vie, même les plus compliquées. Il nous offre à tous, la source jaillissante pour la vie éternelle. Cette source qui a transformé la vie de la samaritaine peut aussi transformer la nôtre. Elle peut faire de nous, comme elle l'a fait pour la samaritaine, des messagers de la bonne nouvelle auprès de tous ceux que nous rencontrons. En communion les uns avec les autres nous pouvons proclamer : « Oui, nous savons que tu es vraiment le Sauveur du Monde ».
(diverses sources - 19 mars 2017)
Année A 2ème Dimanche de carême - 12 Mars 2017
Gn 12,1-4a 2ème Tm 1,8b-l0 Mt 17,1-9
Homélie fr. Antoine
Frères et Soeurs, dimanche dernier nous avons vu Jésus sous son aspect
le plus humain, où au cours de ses trois tentations, il se révèle un homme ordinaire, vivant la
condition humaine de son époque, sans aucun privilège.
Aujourd'hui c'est un autre visage de sa personne qui se révèle dans un cadre
exceptionnel: la haute montagne, un grand phénomène lumineux, la nuée ombrée, une
voix qui vient du ciel. .. autant de signes éclatants de la présence de Dieu ... d'une présence
réelle de Dieu ... enveloppant la personne même de Jésus.
La vraie foi chrétienne n'est pas uniquement de penser que Dieu existe, mais d'oser
affirmer que la gloire du Dieu unique, ce Dieu qui domine tout le texte du premier testament,
ce Dieu d'Israël, habite le visage d'un homme totalement humain, d'un homme entré darls
1 'histoire .. à une époque donnée
« Dieu s'est fait homme pour que l 'homme soit fait Dieu» a écrit St Irénée et cet épisode
de la Transfiguration nous renvoie à notre avenir, celui de notre humanité, qui, si fragile
qu'elle soit, n'est pas destinée à finir uniquement en poussières, mais qu'elle est destinée à
être transfigurée à l'image de ce qui est rapporté dans la parabole de l'Ivraie où « les justes
resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. »
Telle est la densité éternelle que prend alors chacun de nos actes. Beaucoup de nos-
dédisions, de nos orientations ne sont pas indifférentes, mais pèsent d'un poids .. d'éternité !.
Les disciples auront le devoir d'annoncer ce qu'ils ont vu et expérimenté non seulement
du Christ transfiguré mais aussi du Christ dans sa passion et sa Résurrection, et la finale de
notre Evg d'aujourd'hui, nous invite à quitter la montagne et à redescendre dans le plat pays
de notre quotidien .... où elle nous pose alors bien des interrogations.
• Les disciples voulaient planter trois tentes, avons-nous le désir d'inscrire nos vies dans l'
histoire d'un compagnonnage avec le Christ? histoire faite de joies et d'épreuves, histoire ..
qui s'achèvera par la résurrection de la chair annoncée par Jésus?
• Espérons-nous en un ciel nouveau, une terre nouvelle où nos corps seront transfigurés où
notre humanité toujours prompte à guerroyer sera enfin rassemblée dans la paix et l'unité?
• Désirons-nous témoigner, à notre manière, de la bonne nouvelle de l'Evg, au cœur d'une
société où tant de nos contemporains sont en quête de sens et ne savent.plus aux jours actuels
en qui et en quoi ils peuvent croire et faire confiance?
r
• Acceptons-nous d'entrer dans ce temps du carême qui est un temps de conversion
authentique et profonde un temps de transfiguration où nous déposons le personnage que
nous nous sommes bâti ainsi que l'image que nous nous sommes construite de nous
même, pour devenir disciple et affronter l'obstacle de l'indifférence, parfois de l'ironie ...
professées par ceux qui traitent d'obscurantisme nos valeurs chrétiennes.
• En ce dimanche où le récit de la transfiguration du Christ anticipe la lumière de Pâques
acceptons-nous le défi d'écouter chaque jour cette voix du Père qui, nous dit comme à Pierre,
Jacques et Jean « Celui-ci est mon fils bien aimé ... soyez sans crainte ... écoutez-le » - 12 mars 2017