vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 26 juin 2016 — 13e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année C
Info :

Année C - 13° dimanche du Temps Ordinaire – 26 juin 2016

1 Roi 19 16-21 ; Gal 5 1-18 ; Luc 9 51-62

Homélie du F.Damase

Texte :

En ce 13° dimanche du Temps Ordinaire, nous commençons la lecture de la seconde partie de l’Evangile de Luc qui nous guide cette année : « Jésus le visage déterminé prit la route de Jérusalem ». Jésus décidé monte vers sa Pâque !!

Dans la 1° lecture, le livre des Rois nous raconte l’histoire d’Elie qui, sur l’ordre de Dieu, choisit Élisée. Elie rencontre Élisée en train de labourer un champ ; il termine son travail, il a fini sa journée! Elie passe et jette son manteau sur lui. Une manière de lui dire : « tu seras mon successeur ». Élisée comprend très bien ce geste et il précise: « Laisse –moi embrasser mon père et ma mère et je te suivrai ». Elie acquiesce et lui répond : « Va retourne chez toi ; je n’ai rien fait » c'est-à-dire : « Va, tu es libre – fais comme bon te semble ». Sur ces mots, Élisée réfléchit : « Il tue ses bœufs, y met le feu avec le bois de son attelage ».

Que fait Élisée ? Il brule ses arrières peut-on dire. Il sacrifie son passé, son présent et son avenir; ses bœufs, son travail, c’est sa raison de vivre, c’est sa liberté.

Face à l’appel d’Elie, Élisée les supprime, puis il se lève et se met à le suivre !!

Cela me rappelle un épisode de l’Evangile, Jésus traverse la Galilée et passe près du lac de Génésareth. Là il appelle ses disciples et immédiatement, sans aucune hésitation, ces hommes quittent leur travail, abandonnent tout – leur filet, leur barque, leur famille - et ils le suivent !!

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus marche vers Jérusalem ; il prend le chemin le plus court entre la Galilée et Jérusalem. Il traverse la Samarie, des gens refusent de le recevoir. Les disciples veulent punir « ces mal élevés ». Jésus, lui au contraire, passe : « Ces personnes sont libres de m’accueillir ou non ; je ne suis pas un potentat ». Il part dans un autre village.

Un homme se présente : « Je te suivrai partout ». Jésus le prévient : « Je n’ai pas de maison pour me reposer » - pas de repos, pas de vacances avec moi. A un autre qui veut faire ses adieux à sa famille, Jésus rétorque : « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ». Avec moi, c’est toute ta vie que tu donnes. Jésus montre l’exemple : il monte résolument vers Jérusalem, vers sa mort !!

A un troisième homme qui demande d’aller enterrer son père. Jésus réplique : « Laisse les morts tranquilles, toi annonce le Règne de Dieu » Toi annonce la vie, la vraie vie !

Ainsi, il en va de chacun d’entre nous. Dieu appelle, il dit à chacun de nous, ce matin, dans cette Église « Suis-Moi ». Puis il attend notre réponse, « Nul n’est plus patient que Dieu », nous dit le Pape François dans la Joie de l’Évangile. Jésus nous laisse libre dans notre choix.

Notre chemin, notre réponse sera faite souvent de Oui et de non, d’un mélange d’acceptation plus ou moins claire - de refus flou ou tiède, mais refus tout de même. Ainsi va la manière dont nous conduisons notre vie – avec souvent des « OUI Mais », des temporisations, des ambigüités, des incertitudes.

Or Jésus attend de chacun de nous : un Oui net, franc, clair, définitif – tout comme il est monté résolument vers Jérusalem pour nous sauver de nos hésitations et de nos tergiversations !!

Disons ce matin, un OUI à notre Dieu qui nous appelle et nous attend !! - 26 juin 2016

Homélie du 19 juin 2016 — 12e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C _12ème Dimanche Ordinaire-19 Juin 2016

Zacharie 12,10-11a Galates 3,26-29 Luc, 9,18-24

Homélie frère Antoine

Texte :

Frères et Sœurs, Notre vie est jalonnée de périodes heureuses et d'épreuves, elles nous conduisent parfois à nous interroger sur nous-mêmes. Aujourd'hui, c'est Jésus qui nous interroge ... sur lui-même !.

Pour vous, qui suis-je ? ... Chacun de nous dans cette église est concerné. Jésus nous demande « qu'est-ce que je représente pour vous ? .. quelle place j'ai dans vos occupations quotidiennes ? .. Si je suis dans votre vie, qu'est-ce que cela change à votre regard ... sur les personnes, les événements, l'actualité si chargée de ces dernières semaines ?

Pour vous qui-je ?nous interroge. Quelle est la place de notre foi au Christ fils de Dieu, quelle est la place de notre espérance, cette petite voix qui nous murmure qu'en Jésus, rien n'est jamais perdu, qu'en Lui, chaque étape de notre existence doit signifier que le Seigneur est proche et que notre vie doit résonner de l'écho de cette Bonne nouvelle.

L'Evangile nous rapporte la réponse de Pierre « Tu es le Christ, le Messie de Dieu» Cette réponse est un cri ... un magnifique cri de foi mais aussi ... un cri de Joie. Les foules attendaient un prophète et voilà que c'est le Messie sauveur.. promis par Dieu .. qui est là au milieu des hommes ... et donne place à la joie!

Nous pouvons comprendre alors à quel point la réplique de Jésus a pu être choquante

« Il faut que le fils de l 'homme souffre beaucoup ... soit rejeté ... tué. » Pourquoi donc ... ce il faut? Serait-ce que l'opposition des hommes serait la plus forte, et que Dieu l'abandonnerait ?

Ce il faut dévoile le caractère irrévocable de la Mission de Jésus où il doit abandonner tout son être .. son devenir .. sa volonté .. à la volonté du Père. Sa Mission est .. unique .. absolue elle incarne l'amour immense de Dieu pour les hommes, un amour qui ne se reprend pas ... qui ne manquera jamais au monde ... et qui passe par un renoncement total, ce renoncement même que Jésus va alors demander à ses disciples.

Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour. Renoncer à soi, frères et sœurs, n'est pas renoncer au bonheur ... c'est d'abord entrer lentement dans une lucidité sur nous-mêmes ... c'est ouvrir un regard plus juste, sur nos fragilités ... plus réel sur cette part d'ombre qui nous empêche de devenir ce que Dieu attend de nous.

Renoncer à soi-même, c'est ouvrir chaque jour une page blanche c'est essayer d'y inscrire une réponse personnelle ... intime ... celle de dire Oui à la croix Oui à notre croix, et d'accepter de prendre le chemin escarpé de ce détour vers les autres où Dieu se cache et nous espère.

Le Pape au cours du pèlerinage des familles à Rome a demandé

« Êtes -vous des témoins? Etes-vous des ferments ? ferments d’unité dans vos familles, dans vos communautés ? « ... Gardez cette parole du Maître Qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera... (19 juin 2016)

Homélie du 12 juin 2016 — 11e dim. ordinaire — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - 12 ° Dim TO

12 Juin 2016

Baptême de Valentin et Timothé

2 Sa 12,7-10,13; Ga 2, 16,19-21 ; Lc 7, 36-8,3

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

En ce jour de leur baptême, je m’adresserai plus spécialement à Valentin et à Timothé, ainsi qu’à leur compagnon de catéchisme…

Les lectures que nous avons entendues nous disent deux choses importantes qui éclairent le sens du baptême des chrétiens : Dieu offre son pardon généreusement très généreusement à nous les hommes et les femmes qui sommes des pécheurs, et la deuxième : le baptême nous transforme et nous donne de vivre tellement uni au Christ Jésus, que comme dit Paul, ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi.

Je vais reprendre ces deux points. Le premier tout d’abord : Dieu offre son pardon aux hommes pécheurs. Vous avez remarqué qu’on a entendu dans les lectures des choses graves. Dans la première lecture, on nous rapporte le fait que le roi David a fait tuer un de ses chefs de guerre pour prendre sa femme…Une chose un peu terrible. David ne réalise la grandeur de sa faute que lorsque le prophète le lui dit, et il regrette beaucoup en reconnaissant : « j’ai péché contre le Seigneur ». Comme nous l’avons chanté au début de la messe : David était « aveugle de cœur »…Il s’est laissé emporter par le mal. Mais Dieu lui a pardonné ce grave péché. Dieu a vu le meilleur de son cœur et lui a gardé sa confiance. De même dans l’évangile, vous avez vu qu’on nous parle d’une femme qui est pécheresse, c’est-à-dire qu’elle est très infidèle dans ses relations avec les hommes. Elle aussi n’est pas fière de ce qu’elle vit. Sa manière à elle de reconnaitre que sa vie n’est pas juste, est de pleurer et de s’agenouiller aux pieds de Jésus, et de lui montrer sa confiance et son amour, avec une grande humilité. Devant Jésus, elle ne veut plus séduire, mais elle se fait toute pauvre et pleine de respect et d’amour. Alors Jésus lui dit : « Tes péchés sont pardonnés, ta foi t’a sauvé, va en paix »…Jésus ne regarde pas son péché, ses fautes passées, mais son amour et sa confiance. Voilà Valentin et Timothé, nous croyons que Jésus est venu de la part de Dieu nous pardonner nos péchés, toutes nos errances, toutes nos fautes. Il l’a dit en parole, et surtout il l’a réalisé grâce au don de lui-même sur la croix. Par sa mort et par sa résurrection, il enlève au péché et au mal son pouvoir. Par le baptême dans l’eau que vous allez vivre dans quelques instants, vous allez recevoir l’assurance du pardon de Dieu et l’assurance de sa force pour lutter contre le mal sous toutes ses formes. Et vous comme vous le direz, vous vous engagerez à lutter contre le mal.

Je voudrais m’arrêter sur le second point. Le baptême nous donne d’être uni à Jésus. Vous connaissez peut-être un peu st Paul. Au départ, il n’aimait pas du tout Jésus. Il était même très violent contre ceux qui croyaient en Jésus. Puis il l’a découvert, et a réalisé que Jésus était vraiment le Fils de Dieu, et que Jésus l’aimait beaucoup. Il a changé de vie, en se mettant totalement au service de Jésus. Il a été baptisé et a reçu la force du St Esprit à tel point qu’il a pu dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ Jésus qui vit en moi ». Sa vie a été transformée. Une joie, un élan, un grand désir d’aimer les autres et de leur faire connaitre Jésus. Voilà Valentin et Timothé, par le baptême, quelque chose dans votre vie va changer. Vous allez être uni au Christ de manière particulière comme l’huile du Saint chrême que je mettrai sur vous le signifiera, ainsi que le vêtement blanc dont vous allez être revêtus. En Jésus vous devenez nouveau. En vous, vont être semées comme des graines de lumière, de joie, de paix…Des graines qui mûriront et grandiront à la mesure où vous en prendrez soin, en grandissant dans l’amitié avec Jésus, en lien avec d’autres amis de Jésus, dans cette grande famille qu’est l’Eglise. Avec vos parents, des copains du caté, les gens de votre paroisse, les frères moines, vous allez apprendre à marcher comme des enfants de lumière. C’est la lumière de Jésus qui éclairent vos routes pour faire le bien, vous tourner vers les autres…comme elle éclaire aussi la nôtre.

Pour la première fois, vous allez recevoir Jésus, en son corps et son sang, en sa vie intime qu’Il nous offre. Une vie qui est une force, qui est un réconfort, une vie qui renforce notre union avec lui…. Vous serez alors vraiment chrétien, et vous pourrez le devenir davantage.

Ensemble avec Valentin et Timothé, réjouissons-nous du bonheur d’être chrétien, Nous sommes assurés d’être aimé et pardonné par notre Dieu. Et nous apprenons à mieux aimer notre Dieu et nos frères, à vivre en enfants de lumière. (12 juin 2016)

Homélie du 05 juin 2016 — 10e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année C
Info :

Année C – 10° dimanche du Temps Ordinaire – 5 juin 2016

Roi 17 17-24 ; Gal 1 1-11-19 ; Lc 7 11-17

Homélie de F.Jean-Noël -

Texte :

Deux récits de résurrection, ce dimanche ! Envie de prolonger le Temps pascal ? Non, simple hasard de rencontre de deux cycles de lectures évoluant différemment… Belle occasion aussi de faire attention aux mots que nous employons, car enfin, résurrection du fils de ces deux veuves, et Résurrection du Christ, est-ce bien la même chose ?

Nous savons bien que les verbes en « RE » n’annoncent jamais rien de nouveau : on reste dans le même « re-faire ; re-commencer .. Re » et donc nos deux ressuscités de ce matin –ajoutons leur l’ami Lazare de Béthanie – n’ont jamais fait que de re-vivre. Revivre comme avant, et que, bien évidemment, ils ont dû re-mourir. On sait d’ailleurs par l’Évangile de Jean que, pour ce qui était de Lazare, c’était bel et bien programmé par les Autorités du Temple… qu’elles n’en ont pas eu le temps, l’occasion se présentant de liquider plutôt Jésus, ce qui, à leurs yeux était encore le mieux à faire… C’était sans compter sur une autre Résurrection, pas petite celle-là – le même mot pourtant, celle du Christ ! Or pour lui, pas question de re-mourir. « Le Christ ressuscité ne meurt plus ».

C’est donc une chance, à la sortie du Temps Pascal de reprendre conscience qu’il y a résurrection et Résurrection, et que nos mots ne sont pas des passerelles trop étroites, branlantes. On sait d’ailleurs combien les saintes femmes de l’aube pascale ont tremblées de peur, d’impuissance. Les lectures du Temps Pascal nous ont plus d’une fois laissé percevoir cet embarras des premiers témoins du Ressuscité – comme déjà celui de Pierre lors de la Transfiguration : « il ne savait que dire ! ». Il n’avait pas les mots. Personne n’avait les mots. Ils en ont essayé plusieurs : le Christ, ils l’ont dit : « enlevé, élevé ». Ils l’ont dit « monté au ciel, glorifié ». Ils l’ont dit « Ressuscité », répétant seulement – c’était plus simple – le mot de l’Ange : « il est ressuscité ». Précédé d’‘un curieux « il n’est pas ici » », comme si ces pauvres femmes ne s’en étaient pas rendues compte.

« Il n’est pas ici ». Elles ne le voyaient que trop. Elles en pleuraient. Si encore l’ange avait pris soin de préciser : « Il n’est pas ici, il n’est pas ailleurs ». Celles qui quelques jours plus tôt, avaient pu comme tout un chacun à Jérusalem, prendre le chemin de Béthanie, pour re-voir ce Lazare qui re-vivait, elles auraient plus vite compris que cette Résurrection là, annoncée par l’Ange, n’était pas une petite résurrection. Vraiment autre chose. « Il n’est pas ici - il n’est pas ailleurs. Ni ici, Ni ailleurs ». Le Christ ressuscité a échappé, une fois pour toutes, à ces limites contre lesquelles nous nous cognons sans cesse, d’espace, de temps… ce qui pour nous est proprement inimaginable. « Cela ne s’invente pas » dira st Paul (2° lecture)

« Présence sans borne » chante une de nos hymnes liturgiques – « présence sans borne » - Présence proprement divine d’ailleurs clairement annoncée : Je serai avec vous toujours, Emmanuel, Dieu avec nous.

Mais nos saintes femmes, pas aidées par l’ange, pouvaient-elles trouver tout de suite le mot juste ? St Paul a bien raison, cela ne s’invente pas comme ça !

Cela se reçoit dans la foi : dans la confiance. Disons dans la patience… et donc encore du temps. Mais bientôt, les disciples en arriveront à témoigner, le cœur brûlant : « il était là » toutes portes closes. Il était là.

Mais pour nous, pèlerins d’aujourd’hui ? Peut-être comme il est dit des deux d’Emmaüs : nous arrêter. « Il s’arrêtèrent tout triste ». Ils s’arrêtèrent, mais pour écouter. Écouter autre chose que nos récits ressacés de déceptions et d’échecs, de morts. Nous arrêter pour écouter celui qui chemine avec nous « il est là et nous ne le savons pas ». Nous arrêter et apprendre, nous aussi des Écritures (ce à quoi la liturgie s’emploie dimanche après dimanche), apprendre ce que ressusciter veut dire – et pour le Christ, et pour nous. Et peut-être, nous aussi re-partir autrement. Porteur d’une Bonne Nouvelle. (5 juin 2016)

Homélie du 03 juin 2016 — Sacré Cœur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Annéc C - SACRE COEUR

03 Juin 2016

Ez 34,11-16; Rm 5, 5b-11 ; Lc 15, 3-7

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Sœurs et frères,

Quand le berger ramène sa brebis égarée, Jésus précise qu’il est « tout joyeux » et qu’il n’a qu’un désir : partager cette joie à ses amis. Et Jésus de conclure : « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui convertit ». En ce jour où nous fêtons le Cœur du Christ et le mystère de son amour pour nous, il est bon de nous arrêter sur cette joie divine qui ne demande qu’à se diffuser.

Jésus parle aux pharisiens et aux scribes, qui se présentent comme des rabat-joie. Ils voient d’un mauvais œil que Jésus se réjouisse avec les pécheurs. Ils supportent mal qu’il puisse, lui le maitre, faire une si belle place à ceux qui sont habituellement considérés comme des exclus du cercle de l’assemblée croyante. Aussi Jésus voudrait, patiemment les ouvrir au mystère de sa joie. Ce mystère est si grand, qu’il ne lui faut pas moins de trois paraboles pour l’éclairer, toutes scandées par ce refrain : « réjouissez-vous avec moi ».

La joie de Jésus s’éclaire à la lumière de la joie du pasteur qui retrouve sa brebis, mais aussi de celle de la femme qui retrouve sa pièce précieuse, et enfin de celle de la joie du père qui retrouve son fils. Cette joie immense de Jésus nous fait pressentir combien sa peine doit être grande de voir des hommes et des femmes qui ne partagent pas la vie abondante qu’il offre. Peine de voir des êtres blessés, malades et qui errent loin de la vie généreuse et rassurante qu’offre la vie avec les autres. Peine de voir des êtres de si grand prix comme la pièce qui ne peuvent mettre en commun leurs dons au service de tous. Peine de voir des êtres se couper de son amour paternel et de la joie de vivre en frères… Cette peine de Jésus prendra toute sa mesure sur la croix. Là seulement, nous comprenons mieux quel labeur il a déployé pour venir nous chercher au plus profond de nos résistances et de nos errances. « Alors que nous étions encore capables de rien » nous dit st Paul, « le sang du Christ nous a fait devenir des justes ». En prenant sur lui notre violence, en supportant nos duretés de cœur, il est venu chercher les brebis égarées que nous étions. Il a enlevé notre péché et le poids de tristesse qu’il génère. Telle est sa joie : nous rendre à nous-mêmes, libres, nous rendre à nos frères comme nous le chantons dans l’hymne de ce jour, nous rendre à la joie d’être des fils et filles de notre Père.

Cette belle figure du pasteur qui va chercher sa brebis égarée résonne dans notre mémoire de moniale et de moine. St Benoit recommande en effet à l’abbé, à l’abbesse d’avoir pour des frères et sœurs en difficulté cette même sollicitude et cette même tendresse. Il invite aussi la communauté à s’unir à eux par la prière. Ainsi fait-il de notre vie monastique, comme de toute vie chrétienne, la continuation de l’œuvre de salut que Jésus a accompli. Aujourd’hui encore, Jésus vient à la recherche de chacun de nous. Il nous offre le secours très réconfortant de la vie commune. Sans elle, nous pourrions errer çà et là. Les outils spirituels de la règle et de nos traditions sont là comme des repères qui mettent des limites salutaires à nos désirs irrationnels, à nos passions, diraient les pères. Nous découvrons alors combien la joie est du côté de l’humble acquiescement à cette pédagogie, et combien la peine est vite là quand nous résistons, quand nous nous cabrons. Parfois, il y a des résistances que nous ne mesurons qu’en butant sur une limite, ou lorsqu’une parole vient nous bousculer… Nous restons toujours en partie aveugles sur nous-mêmes. La communauté, les sœurs et les frères sont là comme des guides précieux.

Ce matin, nous contemplons Jésus, et « son cœur plus ouvert qu’un ciel à l’infini ». Nous pouvons le remercier de nous faire cette « joie » de nous attirer vers son cœur de pasteur, de maitre et de frère, à la suite de Benoit et du P. Muard, afin de le rendre semblable au sien. Nous pouvons le remercier de nous donner des frères et des sœurs sans lesquels nous ne pourrions-nous mettre à l’école de l’amour. (3 Juin 2016)

Homélie du 29 mai 2016 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

Année C - Corps et Sang du Christ

Gen 14/18-20, 1Co 11/23-26, Lc 9/11b-17.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

L’Evangile de la multiplication des pains renvoie à la manne quand Dieu a nourri son peuple dans le désert.

Dieu prenait soin de son peuple qu’il avait libéré de l’Egypte et de la servitude.

Dans la 1e lecture, il y a Abraham, l’offrande et le partage du butin …et il y a Melchisédech, le prêtre du Dieu très-Haut, la bénédiction avec le pain et le vin : cet épisode annonce le pain et le vin de l’Eucharistie.

Saint Paul rappelle aux Corinthiens la tradition reçue des apôtres : « Faites cela en mémoire de moi » et Jésus rappelle que son Corps est « donné » pour nous. Nous faisons « cela » en mémoire de la passion de Jésus.

(D’abord les mots et ensuite deux remarques)

Dans l’histoire, la fête d’aujourd’hui a été appelée Fête-Dieu et fête du Saint Sacrement, maintenant c’est la fête du Corps et du Sang du Christ, ce qui est plus juste.

(Ce sacrement serait-il plus saint que les autres… le baptême et la confirmation par exemple ? Y aurait-il un sacrement plus « admirable » que les autres ?)

Le Saint Sacrement, cela fait penser à l’hostie et aux processions, mais le mot Hostie est à comprendre dans son sens premier de « victime ». Dans ce que nous faisons à l’Eucharistie, Jésus est la victime…la seule véritable Hostie, c’est Lui, présent par son corps et son sang…

Déjà le mot « Sacrement » compte : on a parlé, en célébrant l’Eucharistie dans l’Eglise, de la célébration des « saints mystères », sacramentum, traduction latine du mot grec « mysterion ». Mais le grand Mystère, le grand Sacrement c’est la présence de Dieu, Dieu avec nous, Dieu pour nous…

Les « sacrements »… et pas seulement l’Eucharistie…c’est le Verbe fait chair, …pour nous aujourd’hui. Si Dieu est venu chez les siens, ce ne pouvait pas être uniquement pour les contemporains de Jésus. Le Mystère, le Sacramentum auquel nous croyons, c’est la venue du Fils et le don de l’Esprit.

Comprenons que dans l’Eucharistie Jésus continue de s’offrir, de se donner. « Prenez et mangez … pour devenir Hostie avec moi ». Et ce que nous faisons n’est pas une cérémonie pour se souvenir, c’est le mystère continué… Tous les « sacrements » le sont pour les croyants, au long des étapes de leur vie.

Depuis quelques décennies et le concile Vatican II, on parle de l’Eucharistie que plutôt de la « messe » pour ce « saint » sacrement.

Or Eucharistie veut dire remercier, « rendre grâce »

« Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers… » …« Par Lui, avec Lui et en Lui (Jésus), à toi, Dieu le Père toute gloire… ».

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1ère remarque : quand on parle « du saint Sacrement », on pense au Corps et au Sang du Christ… En vénérant la présence (présence appelée « réelle »), ne pas oublier que nous croyons au Christ, le Verbe fait chair, présence de Dieu aux hommes, Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu pour nous par son Esprit… Car ce Corps et ce Sang ne reste pas sur l’autel : ils sont effectivement la nouvelle manne, le pain de la route pour nous. « Prenez et mangez ».

2e remarque : les chrétiens sont à la suite des disciples de Jésus des « envoyés ». Le terme de « messe » vient de la formule de la fin de célébration : « Allez, allez dans la paix du Christ », traduction de « l’Ite missa est » connu des anciens … « Allez, c’est l’envoi »… on pourrait même dire « Allez, c’est le temps de la mission ».

« Prenez et mangez », oui, pour continuer la route et pour annoncer la Bonne nouvelle, B.N. qui est votre vie …qui doit pouvoir devenir la vie de tous les hommes.

En « prenant et en mangeant », nous faisons UN avec celui qui s’est offert sur la croix et qui continue à s’offrir par ses membres… Hosties nous-mêmes et envoyés…

Si nous nous recueillons après la communion, c’est bien sûr pour accueillir le don qui nous est fait ; recueillement, oui, pour prendre conscience que chacun et tous autour de nous, nous sommes le Corps du Christ, membres les uns des autres pour cette mission : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »…

F. et S., nous n’aurons jamais fini de rendre grâce pour le mystère du Dieu proche, « mysterion », sacrement du Dieu proche en Jésus-Christ …nous n’aurons jamais fini d’entrer dans le mystère, de le com-prendre, de le prendre en vérité.

« Mon corps, mon sang… faites cela en mémoire de moi » - 29 mai 2016

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Homélie du 22 mai 2016 — Sainte Trinité — Frère Sébastien
Cycle : Année C
Info :

Année C - Sainte Trinité - 22 mai 2016

Homélie du F.Sébastien

Texte :

Frères et sœurs, réjouissons-nous ! Aujourd’hui c’est la fête de toutes nos relations, les humaines aussi bien que les divines. Ces relations, nous le savons d’expérience, sont vraiment le tout de nos vies. Il en va de même pour les trois personnes de la Sainte Trinité que nous fêtons aujourd’hui.

Mais certains se disent sans doute : qu’avons-nous de commun avec elles, elles qui ont sur nous une éternité d’avance, une éternité dans laquelle l’épître aux Éphésiens nous dit qu’elles nous rêvaient déjà en destination de la vie éternelle.

Ce que nous avons en commun, et qui nous rend si proches d’elles et de nos frères humains, c’est que nous sommes tous des personnes, des personnes qui ont en commun d’être toutes reliées par et dans le même amour divin.

Notre fierté, notre joie de personnes humaines est d’avoir pour Dieu le Dieu unique, le seul vrai – si différent des idoles ! Notre Dieu s’est bien occupé de nous en nous envoyant son fils Jésus qui nous a révélé que Dieu est Amour, tout l’amour, rien qu’amour. Pas solitaire, mais unique en trois personnes que nous fêtons toutes ensemble et aussi une par une, oui une par une, comme il se doit dans une vraie fête de famille. Cela pourrait nous fournir aujourd’hui une piste de prière aussi simple que profonde, utilisable tous les jours. Je suis sûr que Sœur Elisabeth de la Trinité - et tant d’autres avec elle - s’offrirait à nous accompagner : revoyez sa célèbre prière .

Au long des siècles notre Dieu s’est révélé progressivement aux hommes comme un Dieu vraiment personnel.

C’est ainsi que la première lecture parle de la mystérieuse Sagesse de Dieu comme d’une personne qui existait avant la création du monde, tout en étant celle par qui et avec qui Dieu avait tout créé. Elle faisait les délices du Seigneur et trouvait ses propres délices avec les fils des hommes. On le voit, avec elle la révélation des personnes divines s’amorçait. Au fil des siècles cette Sagesse s’est peu à peu dévoilée jusqu’à porter un nom et présenter un visage : celui d’un certain Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, image de son Père, deuxième personne de la Trinité, toutes deux unies en vue d’une troisième qui leur est égale, celle du Saint Esprit.

Saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « c’est par cet Esprit Saint que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs " pour faire de nous de véritables enfants de l’Amour : l’Amour parfait en trois personnes.

Chacune de ces personnes divines entretient avec chacun d’entre nous, depuis notre naissance, depuis notre baptême si nous avons été baptisés, une relation d’amour personnel. L’Esprit Saint, qui est la joie en personne, peut nous faire prendre conscience de la joie que nous venons de leur offrir tout simplement en faisant le signe de la croix, en osant ajouter : « Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit », en chantant avec foi; « Je crois en Dieu le Père tout puissant, en son Fils unique, notre frère, en l’Esprit Saint qui est l’âme de l’Église dont nous sommes les membres heureux.

Oui, les Trois inséparables d’avant les siècles sont parmi nous, avec nous, en nous.

C’est d’abord par Jésus, homme comme nous, que nous entrons en relation personnelle avec la Sainte Trinité. À la suite de son incarnation, Jésus est devenu le modèle de ce que nous sommes en train de devenir, vraiment fils ou fille de Dieu. Il est la passerelle qui conduit à fréquenter consciemment chacune des trois personnes de la Sainte Trinité. « Nul ne va au Père sans passer par moi. » « Le Père et moi nous sommes un (Jn 14,..). Et moi je vous envoie l’Esprit Saint. »

L’Esprit Saint est difficile à imaginer, il n’a pas la visibilité de Jésus de Nazareth, fils d’une jeune femme du pays. Pourtant il lui arrive de se manifester par des coups d’éclat, spectaculaires, tonitruants, comme dans le livre des Actes des Apôtres.

Mais dans le quotidien, le nôtre, il préfère se cacher, pour que les hommes l’expérimentent en eux-mêmes, dans leur cœur . C’est là qu’il se dévoile, à l’usage, si l’on peut dire, comme un pédagogue de génie, présentant tour à tour le doux et l’amer, l’accompagnateur rêvé, humain et spirituel, actif 24 heures sur 24. Pensons-nous assez à l’en remercier ? à le prier pour nous-mêmes et pour ceux qui en ont tant besoin et ne le savent pas ?

Au cœur de notre cœur il se fait la prière en personne qui s’offre à se faire la nôtre. Nous nous ne savons pas prier comme il faut. Lui il sait, car il sait tout de Dieu et nos besoins d’hommes.

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Je termine avec quelques faits concrets.

Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, aimait répéter ce que sa longue expérience auprès des handicapés lui avait appris : « Tout amour est don de soi en vue de créer des personnes… Je suis à l’image de Dieu lorsque j’aide l’autre à devenir une personne… De vraies personnes font naître d’autres personnes. »

Oui ! Mais comment en prendre conscience ? Dans des faits.

Murielle, une fillette de 8 ans, entre dans un magasin derrière son papa, qui fait ses emplettes, paye à la caisse… Et Murielle voit le vendeur, amusé, se pencher vers elle avec bonté, et dire tout fort : « Et pour mademoiselle, ce sera quoi… ? » Surprise, au comble de l’émotion, submergée par la fierté de se voir soudain propulsée dans le monde des adultes, la fillette rougit jusqu’aux oreilles devant tout le monde, en se répétant à mi-voix, les larmes aux yeux : « Moi, une ma-de-moiselle ! » Elle l’était devenue. La bonté crée des personnes. Et si c’était notre vocation à nous tous... ?

Bernadette la jeune bergère de Lourdes vient de traverser le gave. Une belle dame lui apparaît, lui sourit, avec un humble respect qui la met à niveau : « Voulez-vous… me faire la faveur… de venir,… plusieurs fois… » Bernadette en est devenue une autre personne, l’intime de la reine du Ciel en personne.

À Nazareth, c’est l’Archange de la présence du Dieu d’Israël qui vient saluer une fille du pays, pas encore mariée, rien que promise, étonnée de se voir promue mère du messie tant attendu. Marie est oui : « Je suis la servante du Seigneur, » sans tout comprendre de la personne qu’elle est en train de devenir.

Et pour finir. Sainte Catherine de Sienne, la mystique. Elle avait posé au Christ l’inévitable question, douce et cruelle, entre des êtres qui s’aiment : « Seigneur, qui suis-je pour toi ? ». Il avait répondu : « Je suis celui qui suis... et toi tu es celle qui n’est pas. » Une réponse d’une telle vérité qu’elle combla Catherine. Elle exprimait ce qui faisait tout son bonheur : le mystère de leur totale communion à travers l’infini de leur distance. Deux grandes personnes, dont l’une, de la Trinité, osait ce qu’on ne peut se dire qu’entre personnes qui se connaissent bien, parce qu’elles s’aiment beaucoup. - 22 mai 2016

Homélie du 15 mai 2016 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C- PENTECÔTE 15 MAI 2016

Ac 2,1-11; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Au début de cette célébration, nous demandions à Dieu dans la prière d’ouverture, « de répandre les dons du Saint Esprit sur l’immensité du monde et de continuer dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique »…

Oui, ce matin nous nous inscrivons dans ce grand élan, dans cette « œuvre d’amour » commencée ce jour de Pentecôte, il y a environ 2000 ans. Ce jour-là, le peuple juif célébrait la fête des semaines, ou fête du cinquantième jour, « Pentecôte » en grec. On faisait alors mémoire du don de la Loi fait à Moïse, au Sinaï. Hier soir, avec les frères, nous entendions durant le repas, le récit de traditions juives qui rappellent que ce don de la Loi était à l’origine proposé à toute l’humanité, mais que seul Israël l’avait accepté. Une de ces traditions disait ainsi que la « voix (de Dieu) partait et se divisait en soixante-dix voix, en soixante-dix langues pour que tous les peuples l’entendent. Chaque peuple entendait la voix dans sa propre langue et ils en mourraient, mais les Israélites l’entendaient sans subir de dommage ». Quand st Luc suggère que toutes les personnes de diverses nations présentes ce jour à Jérusalem entendent la parole des apôtres chacun dans sa propre langue, on peut penser qu’il fait un rapprochement avec cette tradition juive. Il suggère alors que quelque chose de nouveau se passe. Avec le don de l’Esprit en diverses langues, c’est le don de la Loi qui se renouvelle. Non plus sous la forme de commandements écrits sur des tables de pierre, mais comme une parole reçue dans l’Esprit Saint par les apôtres qui la proclament en diverses langues. De plus, par le don de l’Esprit, non seulement est donnée la Loi sous la forme d’une Parole dite en plusieurs langues, mais est donnée à tous la capacité de recevoir cette Parole. Les peuples très divers qui sont là l’entendent et la reçoivent sans peur, avec émerveillement. Oui, en ce jour, Dieu donne par son Esprit la Loi nouvelle et en même temps il vient en aide à notre faiblesse en offrant la capacité de la recevoir. Voilà l’œuvre d’amour qui s’accomplit par le don de l’Esprit.

Frères et sœurs, il nous est bon de prendre toute la mesure de ce don d’amour que Dieu fait aux hommes. Sa loi d’amour, telle qu’elle nous a été révélée par Jésus et rendue présente en nos cœurs par l’Esprit Saint, est une bonne Nouvelle pour chacun de nous. Il nous faut nous émerveiller d’être appelés à aimer par un Dieu qui n’est qu’Amour. Non seulement, il nous appelle à aimer comme Lui, mais Il nous en donne la force. Confesser la présence de l’Esprit Saint en nos vies, le chanter comme nous le faisons ce matin, c’est reconnaitre que nous sommes aimés avant de pouvoir aimer à notre tour. Par nous-mêmes, nous ne savons pas aimer vraiment. Dans notre vie quotidienne, nous faisons l’expérience parfois d’un certain affrontement intérieur entre le désir d’aimer et un autre désir, celui de garder pour soi, de se protéger, ou de rejeter l’autre. Par ce désir plus obscur et plus pesant, nous expérimentons alors ce que Paul nommait « vivre sous l’emprise de la chair ». Nous expérimentons une « non liberté » et une incapacité à aimer vraiment. Nous mesurons alors notre grande faiblesse quand nous sommes laissés à nous-mêmes. Quand Dieu nous appelle à entrer dans son oeuvre d’amour pour le monde, il ne nous demande pas d’être des héros, ni des êtres surhumains. Il ne nous propose pas une loi à appliquer comme on obéit à un règlement. Il vient plutôt comme un Père qui dit à chacun de nous par son Esprit Saint : « Tu es mon fils, ma fille bien-aimée », et par ce même Esprit Saint, Il nous donne de répondre : « Père, tu es mon Père ». Dans cet échange intérieur, il nous soutient et nous entraine à aimer comme Lui, car le monde nous attend.

Dans cette eucharistie, nous venons comme à une source pour puiser les forces de l’Amour. Elles jaillissent de la mort et de la résurrection rappelées et actualisées pour nous : son corps livré, son sang versé, son esprit donné en abondance. (2016-05-15)

Homélie du 01 mai 2016 — 6e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - 6e dimanche après Pâques - 1 mai 2016

Sur l’évangile : Jean 14, 23-29

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Le monde où nous vivons est dur. Il est menaçant et, en fait, il nous blesse tous et chacun. Il nous atteint par les nouvelles qui nous arrivent, qui rongent l’espoir et semble fermer les horizons. Mais il nous atteint personnellement aussi d’une manière ou de l’autre, dans notre travail ou notre chômage, dans notre famille et notre entourage où il y a trop souvent maladies, discordes, impuissances, en nous-mêmes aussi qui ne sommes pas toujours bien dans notre peau. Nous sommes touchés à vif par le mal.

Le message de l’évangile aujourd’hui est que ce monde est aussi, et peut-être surtout, une demeure de Dieu. Il nous invite donc à changer notre regard, à voir plus loin que l’extérieur déprimant, à entrer dans une réalité bienheureuse. Allons-nous entrer dans cette bonne nouvelle ? « Si quelqu’un m’aime… » dit Jésus. Qui est ce quelqu’un ? Nous, chacun de nous. « Vous l’aimez sans l’avoir vu, assure saint Pierre dans sa première épître, vous croyez en lui sans le voir encore ». Serions-nous aujourd’hui dans cette église, si nous ne croyons et aimions ? Et tous les autres qui font comme nous ? « Il gardera ma parole » : cette parole, c’est l’évangile ; or nous le connaissons, cet évangile, nous l’entendons volontiers et nous voulons le suivre, si faibles que nous soyons. Cette parole, c’est aussi le meilleur de tout homme, au fond de son cœur et quelle que soit sa foi ou son incroyance, comme le rappelle saint Paul dans la lettre aux Romains. Un médecin connu, qui se déclare agnostique, Axel Kahn, a écrit un livre dont le titre est une phrase de son père : « un homme bien ne fait pas ça ! ». On pourrait ajouter : un homme bien fait aussi ceci. Or le nombre des hommes et peut-être surtout des femmes « bien » ne dépasse-t-il pas le nombre des autres ?

Quoi qu’il en soit, le Père vient avec le Fils dans le cœur de ces hommes et de ces femmes, il vient dans le nôtre, sans attendre que nous soyons, comme on dit, « bien sous tous les rapports » : c’est sa présence qui va augmenter le bien. Et il nous donne son Esprit, ce je ne sais quoi, cette ambiance, cette sensibilité, qui nous harmonise à la présence vive du Père et du Fils. Le Saint Esprit, c’est comme une musique, comme le Kyrie grégorien du temps pascal, ou celui de la messe en si de Bach, comme le quintette pour clarinette de Mozart… Dès les premières mesures, vous êtes ailleurs, transporté ou plutôt vous rentrez en vous-mêmes et vous redécouvrez le monde. Avec le Saint-Esprit et l’évangile, vous redécouvrez le Père et le Fils, et votre vie s’illumine.

« Mon Père l’aimera » dit encore le texte. En quelque sorte, il sera impressionné, ému, de nous voir lutter pour être fidèles à l’évangile. Pour ne pas nous laisser trop imprégner par le mal ambiant. Pour comprendre les autres, pour voir le bien, si minime soit-il.

Le Père alors fait en nous sa demeure. Le Fils entre chez nous pour souper avec nous comme le dit ailleurs la Bible : « Voici que je suis à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai le repas avec lui et lui avec moi ». L’Esprit nous est donné, qui nous fait sentir, comprendre, apprécier cette présence de la Trinité de Dieu. Nous sommes un peu comme le patriarche Jacob : Dieu est là et nous ne le savions pas. Maintenant, nous le savons, au moins un peu mieux. Il demeure en nous et nous demeurons en Lui.

Et ce qui nous est révélé à chacun est révélé à tous : tôt ou tard, de sorte que, quelle que soit la personne que nous croisions, nous puissions discerner en elle la demeure de Dieu. Plus ou moins grande, plus ou moins large, un réduit peut-être, mais où la vie est maintenue.

La source vive de l’amour, du don, de la bienveillance, du bien et du bonheur, habite en nous. Cela ne requiert qu’un peu d’attention, de silence, d’ouverture.

Ce dimanche est une invitation au bonheur. La paix, non pas celle fragile et éphémère, que le monde peine à donner, mais celle qui se révèle au cœur de l’homme capable d’aller à l’intérieur de soi et d’y retrouver l’espace immaculé et doux qui l’attend. Une invitation à la joie, celle que le Christ souhaite à ses disciples, une joie parfaite, dit-il.

Prions les uns pour les autres ici, dans cette église, mais aussi pour tous les autres, partout dans le monde, afin qu’ils aient part aujourd’hui, si peu que ce soit, à la vie que Dieu veut mener en eux et eux en lui. (1 mai 2016)

Homélie du 10 avril 2016 — 3e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 3° Dimanche du temps Pascal - 10 avril 2016

Ac 5 27-41; Ap 5 11-14; Jn 21 1-19

Homélie du F.Hubert

Texte :

Simon, fils de Jean, mâ aimes-tu vraiment ?

Cette question de Jésus laboure, à la fois avec douleur et

bonheur, le

cÅ ur de Pierre qui nâ est pas un cÅ ur endurci.

Dans son ardeur naïve et inconsciente, il sâ était

écrié : /Seigneur,

pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma

vie pour

toi/. Mais il a fait la douloureuse expérience de nier être de

ses

disciples. Le chant du coq lâ a transpercé, mettant en

lumière sa

faiblesse et son inconstance.

/Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je tâ aime.

Aujourdâ hui, Simon peut le dire sans illusion.

Donner sa vie nâ est pas en son pouvoir.

Mais ce qui est impossible à lâ homme est possible Ã

Dieu.

/Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous,

vous serez alors mes témoins./dit Jésus//aux

Apôtres lors de son Ascension.

Sans cette force, fruit de lâ Incarnation et de la Pâque de

Jésus, nous

ne sommes capables de rien.

Pierre a nié être disciple de Jésus quand la peur

lâ a saisi ; il dit

humblement, au petit matin du jour nouveau, sa fidélité

à son Maître,

son amour étant reconnaissance pour lâ amour sans limite de son

Sauveur

pour lui, et pour tous.

Il avait accepté, pour avoir part avec lui, que Jésus lui lave

les pieds.

Son égarement dans la cour du grand-prêtre, sa peur avec tous

les autres

après la croix, lui ont fait comprendre que Jésus le lavait bien

plus

profondément encore.

/Simon, fils de Jean, mâ aimes-tu ? /Cette triple question résonne

en lui

comme une purification, un pardon, un don au-delà de toute

infidélité.

Son Seigneur se donne à lui et à toute

lâ humanité, dans une Alliance

sans retour.

On peut penser à la parabole des deux débiteurs,

racontée par Jésus au

sujet de Simon le pharisien et de la pécheresse éperdue de

reconnaissance : celui à qui on a le plus remis montre le plus

dâ amour.

/Simon, fils de Jean : /

amené à Jésus par son frère

André, Simon avait reçu de Jésus, au

début

du récit évangélique, un nom nouveau, signe de sa

mission, de sa

charge : /Tu es Simon, fils de Jean ; tu tâ appelleras Kephas, ce qui

veut dire Pierre.

En réutilisant son nom originel, Jésus fait reprendre

à son apôtre, en

quelques instants, tout son chemin à suite. Simon sera vraiment Pierre,

dans la grâce offerte par le Crucifié-Ressuscité,

jusquâ Ã rendre gloire

à Dieu par sa mort, son martyre.

Aujourdâ hui, Pierre peut dire en vérité : /Oui,

Seigneur, tu le sais :

je tâ aime.

/

Je tâ aime, parce que toi, tu mâ aimes jusquâ Ã

me sauver de ma lâcheté, de

mon abandon, de mon infidélité.

/Ton amour est plus grand que les cieux,/dit un psaume.

Pierre a fait lâ expérience que lâ amour de

Jésus pour lui, et donc pour

tous les pécheurs, est sans mesure et sans retour.

Il peut alors recevoir la charge de paître les brebis de son Seigneur,

être témoin de la résurrection de

Jésus, et de notre résurrection,

corporelle, morale, spirituelle,

être témoin de la victoire du Seigneur en nous,

témoin de sa miséricorde

vivifiante.

/« Dieu ne se fatigue jamais de pardonner/, ne cesse de

répéter le pape

François, /personne ne pourra nous enlever la dignité que nous

confère

cet amour infini et inébranlable. Ne fuyons pas la résurrection

de Jésus.

/Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?

/

Pierre nâ a pu suivre Jésus au moment de sa Pâque,

mais, comme Jésus le

lui avait dit, il lâ a suivi/plus tard.

/Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et câ est un autre

qui te

mettra ta ceinture, pour tâ emmener là où tu ne

voudrais pas aller. Sur

ces mots, Jésus lui dit : « Suis-moi.

Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis. Pierre, à qui il

les

confie, est appelé à donner sa vie, à sa suite,

dans la force de

lâ Esprit répandu. Pierre peut rejoindre Paul quand il dit : /Je

peux

tout en Celui qui me rend fort.

En cette année jubilaire de la miséricorde, puissions-nous

faire

lâ expérience de la fidélité de Dieu en

Jésus, et en être humblement et

joyeusement les témoins. (10 avril 2016)