Homélies
Liste des Homélies
Année A_19ème Dimanche du T.O. 13 Août 2017
Rois 19. 9a 11-13a Rm 1-5 Mt 14, 22-33
Homélie fr. Antoine
L'Evangile de ce Dimanche déborde de vie. On y parle de mer agitée, d'un vent contraire,
de désert et de montagne, de foules et de solitude, de Jésus avec des disciples et même d'un
fantôme! D'autres mots sont présents, la peur, la prière, le doute, la confiance, la Foi, ainsi
cet évangile nous offre les grands thèmes de la vie chrétienne avec une parole qui domine le
récit «Homme de peu de foi! »
Dans son Evangile, Matthieu met cinq fois cette expression dans la bouche de Jésus, ici, ce
reproche s'adresse à Pierre, homme au destin exceptionnel.
Une foi dont l'Evg nous rappelle qu'elle doit affronter vagues et vents contraires et
affronter ainsi l'épreuve du passage ... d'une foi.. facile et enthousiaste ... à lafoi profonde.
creusée par l'adversité.
Ainsi Pierre, est difficilement passé d'une confiance en ses capacités, à une totale
remise de lui-même en cette main qui le saisit... et s'entendre dire «Homme de peu de
foi, Pourquoi as-tu douté »?
Ces paroles ne sont-elles pas une prophétie, de ce que nous avons à vivre, en tant que
croyant? car ce texte si vivant est entouré d'une atmosphère de mort: la tempête, la
présence de la nuit, l'apparition d'un fantôme, la terreur des disciples, leurs cris de détresse
... images qui font planer l'angoisse de la mort sur le récit et nous renvoient à cette
expérience où notre foi semble noyée, balayée par les agressions de la vie et où ... tout
attendre de Dieu dans la foi et la confiance, ne nous économise pas ces traversées
d'incertitudes parfois chaotiques ... on ne sait plus si on croit. .. on ne sait plus jusqu'où on
croit. .. et finalement. .. en qui on croit!
Les disciples nous font signe que la foi n'est jamais totalement acquise, Ils ont vécu la
peur, l'affolement. .. puis ils se sont ouverts à une confiance totale au Maître, pour
finalement être tragiquement absents au pied de la croix
La foi est une vie sans cesse en croissance ou en décroissance.
Elle est, une histoire en évolution permanente ... celle d'un compagnonnage avec Jésus
Fils de Dieu, embarqué avec chacun d'entre nous dans la traversée de l'existence ... un
compagnonnage qui peut connaître des étapes merveilleuses, l'important n'a pas été que
Jésus marche sur les eaux, l'important a été qu'il réponde immédiatement à la détresse des
disciples .. et que sa main les saisisse et leur sauve ... la Vie.
Toute La finale de cet Evg est un chant au triomphe de la vie.
Jésus marche sur les eaux de la mort et révèle d'une façon éclatante qu'il ess ]« Fils du Dieu
vivant! Sa victoire apparaît ainsi comme une anticipation de sa résurrection et l'annonce de
son triomphe sur la Mort.
Frères et Sœurs.... Cet Evg nous invite à partager cette victoire ... en en faisant une,
une victoire de notre foi sur nos peurs, nos angoisses nos lassitudes tout en gardant les yeux
fixés sur le Maître bien aimé, Jésus vraiment Fils de Dieu, venu nous sauver de nos
tempêtes et ... de nous-mêmes. ! - 13 aout 2017
Année A - Transfiguration- 6 août 2017
Dan7/9-10,13-14, 2Pi 1/16-19, Mt 17/1-9.
Homélie du F.Cyprien
Dans la prière d’ouverture, nous avons demandé de partager un jour l’héritage du Fils, Jésus transfiguré, Jésus ressuscité.
Jésus vient d’annoncer sa passion et sa mort et ses disciples ne comprennent pas que le Christ, le Messie, doive passer par la souffrance…
Alors Dieu leur dévoile la gloire du Fils.
Une remarque pour commencer : la transfiguration a son parallèle plus loin : elle annonce le jardin de Gethsémani ; les trois mêmes Apôtres, Pierre, Jacques et Jean seront les témoins de l’agonie de Jésus.
Et puis l’Evangile de Matthieu nous présente cette transfiguration comme l’accomplissement de ce qu’ont vécu les Hébreux au désert avec Moïse. « Moïse descendant de la montagne ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur. Alors Moïse leur transmit les ordres que le Seigneur lui avait donnés ». De même, depuis la nuée, il est dit aux trois apôtres : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le »… Rencontre avec Dieu qui remplit de crainte les disciples
Transfiguration » pour les trois apôtres une expérience fugitive.
« Transfiguration »… quelque chose d’heureux… de passager aussi…Transfiguration, l’inverse de ce que peut être une « défiguration ». En tout cas un moment où la lumière a rayonné.
Joie immense, vrai bonheur, c’est cela que les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont vécu avec la crainte aussi de la rencontre de Dieu… Les Evangiles veulent nous transmettre quelque chose qui concerne le passé, le présent et le futur avec Dieu.
L’Evangile nous transmet un message de foi, foi en la personne de Jésus : Jésus vient à la suite de Moïse et d’Elie… Jésus confirme la vérité de l’Alliance conclue entre Dieu et le peuple hébreu ; Jésus confirme l’annonce des prophètes ; il confirme la fidélité de Dieu tout au long des infidélités du peuple. Jésus est au centre, entre Moïse et Elie, il est le personnage principal…
Message d’espérance aussi : Jésus transfiguré en présence de Moïse et d’Elie, c’est une anticipation de sa résurrection. « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ». Jésus sera le premier des ressuscités, le « Premier Né d’entre les morts » : son aspect passager, avec Moïse et Elie, d’ « être de lumière » annonce l’avenir de celui qui allait souffrir et mourir.
Destin de Celui qui est aussi le chemin, notre chemin, celui qui nous enseigne la Vérité, celui qui nous donnera la Vie.
« Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ».
Passé, présent et futur, jouons avec les mots. Les paroles de la première alliance et la vie du peuple choisi … c’est une préfiguration de l’œuvre de Jésus.
La transfiguration de Jésus sur la montagne annonce notre propre transfiguration : nous, nous avons été « appelés selon le dessein de son amour, nous sommes destinés à être configurés à l’image du Fils ».
Dans cette configuration il y a la passion, le don de la vie et la mort … réalité que nous avons à faire nôtre, à prendre-avec-nous, à imiter.
Le moment heureux vécu sur la montagne par Pierre, Jacques et Jean : un instant de révélation, pour ainsi dire une fenêtre entr’ouverte : il nous permet avec Pierre, Jacques et Jean d’avancer dans la foi…dans la paix et l’assurance de l’espérance. Il ne peut nous décevoir celui qui avait dit avant de mourir: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Encore une fois la première façon de suivre Jésus, c’est, « d’écouter sa voix », écouter ses paroles. « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ».
En cette fête, en ce dimanche… nous avons donc demandé de partager un jour l’héritage du Fils : nous proclamons la mort de Jésus jusqu’à ce qu’il vienne ; nous proclamons aussi sa résurrection … Jésus non seulement transfiguré mais vivant, ressuscité…
Nous attendons sa venue dans la gloire : notre vie est aujourd’hui à la suite de la sienne : Que l’Eucharistie nous aide et nous rende forts dans l’union aimante avec Lui, dans la foi et dans l’espérance.
Ainsi soit-il, chers sœurs et frères. - 6 aout 2017
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Année A – 17° dimanche du Temps Ordinaire – 30 juillet 2017
1 Roi 3 5-12 ; Mt 13 44-46
Homélie du F.Jean-Noël
Ce dimanche, vous partez en vacances ? Vous en revenez ? Il y a un mot pour vous dans l’Evangile : CHERCHER. Mot aussi, bien sûr, pour les frères moines puisque st Benoit leur fait devoir se rendre toujours libres, en « vacance » pour CHERCHER Dieu, le chercher partout où on peut le trouver :
- Dans l’écoute de sa parole,
- Dans l’écoute de la prière
- Dans le travail, celui des mains, celui du cœur, et tout cela ensemble.
CHERCHER, c’est le mouvement de fond, le ressort de nos paraboles. Mais je vous l’avoue tout de suite. J’ai bien du mal à entendre : ça résonne trop. Des échos de toute la Bible, en cascade… Finalement, qui cherche qui ? Et qui a commencé le premier ?
Certes je n’ai pas oublié ce que je vous disais tout de suite de l’unique raison d’être du moine, du Chrétien, chercher Dieu. Benoît précise même : « Chercher Dieu vraiment » en y mettant le prix. Mais peut-on acheter Dieu ?
Et saint Paul qui nous assure que c’est nous qui avons été acheté à grand prix !
Alors oui, qui cherche qui ?
Et voilà que résonne aussi le tout premier appel de Dieu : dans la brise du premier soir du monde, il cherche, il appelle « Adam, où es-tu ? ». Appel que Benoit, après beaucoup d’autres répercute comme en écho, à la toute première page aussi de sa Règle pour les moines, comme pour nous dire la première urgence.
C’est bien Dieu le premier qui cherche et qui appelle, une clameur pour nous tirer du sommeil.
Alors vraiment qui cherche qui ?
Quel est donc ce négociant un peu fou – disons plutôt : cet amoureux, car il ne s’agit vraiment plus de commerce – cet amoureux de l’homme et pas de l’homme en général, mais de chacun appelé par son nom - Jésus l’a dit : « Chacun, cet être étonnant que je suis » comme ose dire un vieux psalmiste étonné et qui fait dire à Dieu – autre résonance biblique :
« Tu me fais perdre le sens, ô mon amour
Tu me fais perdre cœur, par un seul de tes regards
Par une seule perle de ton collier – cant 4.9
On ose à peine répéter cela. Mais n’est-ce pas là, toute la Bible qui entre là en résonnance.
Jésus lui-même en augmente le volume, quand il nous décrit :
- Comment Dieu, comment le Père nous cherche : « Jusqu’à ce qu’il nous trouve » - « Jusqu’à ce que »
- Comment le berger cherche sa brebis devenue unique, d’un seul coup parce qu’égarée. Jusqu’à ce que…
- Comment la femme soudain appauvrie par la perte d’une seule petite pièce..
- Comment le Père Prodigue se ronge les sangs depuis que le cadet a claqué la porte
- Comment il guette son retour du haut de son donjon
-
Comme nous le montre la belle grande BD murale du grand couloir de l’hôtellerie (faites-y donc un petit pèlerinage priant). Vous le verrez, longue vue en main pour nous voir de plus loin, enfin revenir. Longue vue ou porte voix ? Pour porter loin, loin son appel, sa clameur, par dessus les 1000 bruits de notre cœur.
Adam où es-tu ?
Adam ? Pierre, Evelyne, Gaël
Alors, pour nous aussi,
Qui que nous soyons.
La prière de Salomon, de notre première lecture :
« Dieu donne moi un cœur attentif un cœur qui écoute, fin, fin
Et se mette en marche » *
Sans trouble, sans retard, sans résistance
Année A DEDICACE DE L’EGLISE
25 Juillet 2017
1R 8, 22-23.27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
« Dans cette maison que tu nous as donnée, tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance » chanterons-nous frères et sœurs dans quelques instants dans la prière de la préface… Oui, une église chrétienne est un signe de l’alliance que Dieu veut nouer avec son peuple…Elle est signe car elle est le lieu où cette alliance prend corps dans un merveilleux échange entre Dieu et les hommes, vécu dans l’écoute et la confession des merveilles de Dieu.
Dans une église, nous écoutons la parole de Dieu…Nous écoutons cette Parole qui a bien des reprises nous dit avec force : « Ecoute », « écoutez ». Et nous-mêmes, confiants dans l’Alliance que Dieu veut nouer avec nous, nous lui disons souvent : « Ecoute Seigneur ». Comme Salomon, entendu dans la première lecture, nous ne cessons de dire au Seigneur : « Ecoute donc la prière que ton serviteur fera en ce lieu…Ecoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël…Toi écoute et pardonne… » C’est le merveilleux échange qui se vit dans une église : celui de l’écoute mutuelle entre Dieu et son peuple, entre Dieu et chacun de nous. Non pas un échange qui serait marchandage, je te demande ceci pour que tu me donnes ceci, mais un échange dans la confiance qui repose sur l’écoute mutuelle. Dans le silence, dans la parole proclamée, comme dans le chant des psaumes ou les prières proférées, se creuse dans nos cœurs cette écoute confiante et de plus en plus attentive à notre Dieu. Et nous croyons qu’en ce lieu, Dieu est là qui écoute nos voix, nos murmures et nos silences avec bonté et bienveillance…Il nous entraine dans un cœur à cœur toujours plus vivant et plus profond avec lui.
Cette église est encore le lieu merveilleux de l’échange et de l’alliance en ce qu’elle fait de nous des pierres vivantes pour la construction du temple saint de Dieu. Ce bâtiment de pierre est comme l’enveloppe protectrice et nourricière de la communauté qui devient jour après jour le corps du Christ. Ou pour prendre une autre image, l’église de pierre est comme la chrysalide au sein de laquelle la chenille devient papillon, la chrysalide où la communauté devient temple de l’Esprit Saint. Comme Simon-Pierre dans l’évangile, jour après jour, nous confessons ici notre foi au Christ, Messie, Seigneur et Fils de Dieu. Et jour après jour, comme Simon-Pierre, nous devenons nous-mêmes pierres spirituelles d’un édifice spirituel qui est temple de l’Esprit. En quelque sorte, à chacun de nous Jésus nous répond : « tu es pierre ». Avec Simon-Pierre, appuyés sur sa foi, transmise de siècle en siècle, nous nous approchons de Jésus, « la pierre angulaire rejetée les hommes ». Et Lui, le Roc éternel, qui s’est laissé tailler par l’épreuve, pour devenir pierre angulaire, nous fait devenir avec lui, rocher et pierre taillée pour l’édifice spirituel. Voilà ce qui se passe dans une église autour de l’autel qui signifie la présence du Christ au milieu de nous ! C’est une œuvre en partie invisible à nos yeux humains, mais qui se réalise profondément à la mesure du don de chacun. Quand nous venons apporter les offrandes pour l’eucharistie, nous nous présentons nous-mêmes avec notre travail, nos préoccupations et nos joies. Nous sommes là devant notre Dieu offrandes disponibles, offertes à son œuvre. Nous rendons grâce à Dieu pour tous ses bienfaits. Avec le prêtre, dans la préface et dans la prière eucharistique, nous chantons Dieu notre Père pour ses merveilles réalisées pour son peuple Israël, et accomplies en Jésus, mort et ressuscité pour nous. Sur l’autel, sous le signe du pain rompu et du vin offert, est actualisée, rendu présente l’œuvre du salut. La vie éternelle nous est offerte en Jésus maintenant, et communiquée à nous tous ici réunis. En recevant le corps et le sang du Christ, nous devenons en Lui pierres vivantes et tous ensembles temple de l’Esprit.
Oui frères et sœurs, il est grand le mystère de naissance, le mystère de cette construction spirituelle qui se vit dans nos églises de pierre. Ensemble, rendons grâce d’y être associés et tous les jours invités, afin que notre communauté, nos communautés deviennent davantage des cellules vivantes de l’Eglise, le Corps du Christ… - 25 juillet 2017
Année A - 16ème dimanche ordinaire - 23 Juillet 2017
Sg 12,13.16-19; Rm 8,26-27; Mt 13,24-43
Homélie de F.Damase
Cet Evangile nous rapporte trois paraboles, je voudrais relire avec vous celle du grain et de l’ivraie ; elle traite d’une question qui nous travaille tous. La présence du mal dans le monde et surtout la nécessité de l’espérance du Royaume !
Si Dieu est bon et tout puissant - Pourquoi tant de souffrance, de violence, d’injustice ?
Certes, Jésus nous donne une réponse.
Nous ne la pouvons comprendre qu’à l’intérieur de la FOI…
Pour expliquer l’origine du mal dans le monde,
Jésus reprend l’enseignement de la Genèse. Tout ce que Dieu a fait est bon. Le mal ne vient pas de Dieu, le semeur n’a semé que du bon grain.
Mais Jésus ajoute une précision importante : le mal ne vient pas non plus du cœur de l’homme. Le mal existe avant, il est plus profond. L’homme est victime de l’Ennemi, du Mauvais, du démon.
A la racine de nos faiblesses, de nos péchés, il y a une puissance qui agit en nous - elle est en nous, mais elle n’est pas nous-mêmes,… nous ne savons pas d’où nous viennent ces « mauvaises idées ».
Jésus ne nous dit-il pas que c’est : « pendant que les gens dorment, que l’ennemi survient ». Alors que le blé a été semé dans la pleine clarté du jour. L’ivraie est semé en cachette, en profitant d’un moment d’inconscience, d’inattention !
N’est-ce pas une expérience que nous faisons souvent ? Le mal s’infiltre, à notre insu même: on ne s’en aperçoit qu’après coup.
Jésus insiste : le pécheur est d’abord une victime - l’ivraie a été semé pendant la nuit! Le cœur de l’homme est BON - Dieu a inscrit en lui ce désir du bien….
Même si telle personne nous semble enfermée dans la violence ou la méchanceté, Il y a encore une lueur d’espoir - le cœur de l’homme est mêlé- Il n’y a pas « d’un côté des bons et de l’autre des méchants » - « au milieu de l’ivraie, il y a du bon grain » !
Cette parabole du bon grain et de l’ivraie souligne une autre réalité très importante, c’est la victoire définitive du bien
Les serviteurs mettent en relief la prolifération de l’ivraie. Il y a tant de mauvaises herbes qu’ils demandent à leur maître (avec un certain humour) si « par hasard, il ne se serait pas trompé de sac » - et s’il n’aurait pas lui-même semé de la mauvaise graine dans le champ !
Et le maître répond du tac au tac : « n’arrachez pas l’ivraie, il ne resterait plus rien dans le champ » !
Cette interdiction d’arracher l’ivraie nous montre que le Maître est parfaitement conscient de l’envahissement de l’ivraie, de la prolifération du mal dans le monde.
Mais cela souligne aussi que le maître est absolument certain du résultat :
- un jour il y aura la moisson finale … un jour il y aura le tri, le jugement..
Le Maître est certain que l’ivraie (le mal) n’arrivera pas à étouffer le bon grain. Quand le monde semble complètement ivre, fou - Jésus invite à l’espérance malgré tout !
Que sera donc ce monde nouveau ?
Ne cherchons pas à nous représenter le Royaume, à la fin des temps !
Il est vain de vouloir imaginer le Royaume « où les justes resplendiront comme le soleil ».
Et avec Jésus, nous rêvons avec joie à ces cieux nouveaux et à cette terre nouvelle, où la justice habitera, où tout ne sera que vérité, amour et bonheur sans fin.
Et sûrs de ce résultat final, travaillons, chaque jour de notre mieux, à ce résultat.
- en faisant confiance à notre frère,
- et surtout en faisant confiance au Maître du champ, au Créateur ! (23 juillet 2017)
Année A - 15e dimanche TO (A) (16/07/2017)
Is 55 10-11; Rom 8 18-23; Mt 13 1-23
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs,
nous voici à la mi-juillet, mois d'été, mois de vacances pour certains, pas pour tous.
Vacances à la mer, à la montagne, à la campagne, en France ou à l’étranger.
Les lectures que nous offre l’Église sont au diapason de cette période estivale, au moins la première lecture et l’Évangile.
Les images agricoles, campagnardes sont évidentes et c'est à travers ces images concrètes que Dieu nous parle aujourd’hui.
Pourtant l’évangile de ce jour ne reflète pas nécessairement la douceur rurale mais plutôt la rude exigence de la terre.
Et de fait, cet Évangile peut avoir quelque chose d’inquiétant. Il semble que la semence ait plus de chance de tomber dans des conditions où elle ne pourra donner du fruit.
Et le Christ est sans concession, il faut bien le reconnaître.
Finalement, le grain ne doit tomber ni sur le chemin, ni sur un sol pierreux, ni dans les ronces. On a l'impression que la quantité tombée dans la bonne terre est le petit reste.
Et d'autant plus que le Christ, reprenant un passage du début du Livre du prophète Isaïe (chapitre 6) nous dit bien qu'on peut écouter et ne pas comprendre, regarder et ne pas voir ...
Passage rude, là aussi.
Suit l'interprétation du Christ qui n’est pas très réjouissante non plus.
Le terrain ensemencé au bord du chemin, c'est celui qui entend la parole du Royaume sans la comprendre. Elle est alors très fragile et le Mauvais s'en empare.
Le sol pierreux, c'est l'homme d'un moment, enthousiaste mais se décourageant vite.
Les ronces, ce sont les soucis et la séduction de la richesse.
Faut-il désespérer de nous-mêmes ?
Finalement, il y a quand même la bonne terre. Mais alors là, la bonne terre, c'est fabuleux. Elle produit 100 ou 60 ou 30 pour un. Et à l'époque, le plus petit de ces rendements indiqués par le Christ, 30 pour un, est déjà énorme et exceptionnel. C'est dire que lorsque la Parole tombe dans une bonne terre, le résultat est extraordinaire, dépassant toute espérance. Voilà au moins une bonne nouvelle.
Frères et sœurs, il me semble que si nous regardons nos vies, nos vies avec le Christ, avec les autres, nous pouvons constater qu'en général, nous ne sommes pas uniquement le bord du chemin, le sol pierreux, les ronces ou la bonne terre mais un peu de tout cela à la fois ou par moment.
Parfois, nous entendons bien la parole mais nous ne la comprenons pas ou nous ne nous donnons pas le temps de la comprendre, de l'intégrer profondément et de l’appliquer dans notre vie.
A d'autres moments, nous sommes touchés par cette parole de Dieu mais notre enthousiasme retombe vite, surtout si cette parole exige de nous des renoncements, des conversions que nous préférons éviter.
Enfin, les ronces des soucis, du goût de la richesse et du confort nous endorment ou nous distraient des exigences de cette parole. Cela nous ne le savons que trop bien.
Mais heureusement, nous savons aussi être la bonne terre où germe la parole qui produit alors plus que nous ne pouvons imaginer. Et nous avons tous, je pense, vécu ces moments où nous nous sommes sentis transportés, où nous nous sommes étonnés de nous-mêmes.
Pourtant, le Christ nous avertit : nous pouvons écouter et ne pas comprendre (c'est le bord du chemin), avoir le cœur alourdi par les ronces, regarder et ne pas voir, car en fait, nous ne voulons pas entendre ni voir pour rester dans le confort que nous nous sommes bâti.
Alors, faut-il désespérer ? Cette sévérité du Christ est-elle la parole ultime de Dieu ?
C'est là que la sagesse de l'Eglise a pu choisir comme première lecture ce bref mais très beau passage vers la fin du livre d’Isaïe au chapitre 55.
Il y a cette certitude affirmée par Dieu lui-même que sa parole aura un résultat, qu'elle accomplira sa mission aussi sûrement que la pluie et la neige abreuvent la terre et la fécondent. Certitude d'une récolte à venir car c'est la volonté de Dieu. Et pourtant, ce passage d'Isaïe vient dans un contexte difficile d'appel à la conversion des méchants :
« Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. »
Israël a été déporté à Babylone à cause de son injustice, surtout le manque de respect des faibles et des pauvres, et il est sur le chemin du retour à Jérusalem qui connaîtra à nouveau la gloire après avoir été dévastée. C’est un don gratuit de Dieu.
La lecture de l’homélie de saint Jean Chrysostome entendue aux Vigiles hier soir nous montre bien la pédagogie de Dieu. Si, dans le domaine agricole, il peut paraître stupide de semer sur le chemin, sur la pierre, dans les ronces, « dans le domaine spirituel, dit Jean Chrysostome, il n’en va pas de même : la pierre peut devenir une terre fertile, le chemin ne plus être foulé par les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre au grain de fructifier librement. Le Seigneur ne veut pas nous jeter dans le désespoir, mais nous donner une espérance de conversion et nous montrer qu’il est possible de passer des états précédents à celui de la bonne terre. »
Frères et sœurs, l'Évangile d'aujourd’hui, éclairé par la première lecture est donc une bonne nouvelle. Et il faut tenir les deux ensemble. Rien n’est jamais perdu pour Dieu. Dieu veut notre salut et il reste toujours possible de laisser sa parole faire son œuvre bonne en nous.
Acceptons d'écouter sa parole, de prendre le temps de la méditer, de travailler à la comprendre, de ne pas nous laisser distraire, de l’appliquer à notre vie concrète. C'est là notre responsabilité, c'est ainsi que nous pourrons collaborer à la réalisation du désir intime de Dieu pour chacun de nous.
Où est notre sol pierreux, quelles sont nos ronces, etc … ?
Le Christ nous a ouvert le chemin par sa Parole. A son écoute donnons-nous la peine de l’emprunter et devenons de plus en plus, avec sa Grâce, une bonne terre.
Et n’oublions jamais que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur.
AMEN. - 16 juillet 2017
Année A - Saint Benoît - 11 Juillet 2017
(Pr 2, 1-9 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a)
Homélie du Père Abbé Luc
« Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience », ainsi frères et sœurs, s’adresse Paul à l’Eglise de Colosses. « Revêtez-vous »… Peut-on ainsi revêtir la tendresse, l’humilité, la douceur, la patience comme on revêt un manteau ? Il suffirait de dire aujourd’hui j’enfile ma veste d’humilité ou mon aube de douceur… Plusieurs fois on trouve dans la bible cette façon de parler… « Que tes prêtres soient vêtus de justice » dit le psalmiste (Ps 131, 9)…Paul l’utilise particulièrement : « Vous tous que le baptême a uni au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 17) ou encore à propos de la vie à venir : « il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable…il faut que cet être mortel revête l’immortalité » (1 Co 15, 53). Le vêtement représente une condition, une fonction ou une profession qui implique une certaine manière de vivre et de se situer dans la vie… Changer de vêtement, en enfiler un nouveau sur un autre, c’est une manière de dire qu’on change de condition, de fonction…ou de vie…
Quand Paul demande aux Colossiens de se revêtir se tendresse, d’humilité et patience, il ne fait qu’expliciter ce qu’il leur a dit auparavant : « vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau ». Il leur demande d’aller au bout de la cohérence de leur baptême. En effet, Paul est habité par la conviction que par le baptême, tout homme et toute femme revêt un être nouveau, car il revêt le Christ. Il y a quelque chose de radicalement donné, et radicalement nouveau. Et « qu’il n’y a plus le païen, et le juif,…l’esclave et l’homme libre : mais il y a le Christ, il est tout et en tous » (Col 3,11). Se revêtir de tendresse, d’humilité et de patience, c’est laisser la vie et les sentiments du Christ devenir nôtres…
Frères et sœurs, en cette fête de St Benoit, il nous est bon de nous rappeler cela : tous par le baptême, nous avons revêtu le Christ, et tous nous sommes appelés à revêtir, à laisser s’exprimer ses sentiments, sa manière de vivre à travers toute notre vie. Notre vie est déjà empreinte de sa grâce de nouveauté comme le signifie le vêtement blanc du baptisé. Et notre vie est toujours en quête d’être revêtue de cette manière de vivre qui donne à voir le Christ. Quand un moine reçoit l’habit monastique, il accepte de recevoir une pédagogie concrète pour que sa vie se revête des sentiments et des dispositions de l’homme nouveau dans le Christ. Traditionnellement pour les bénédictins, cet habit était noir, simple et sobre en signe de renoncement à tout désir de briller ou d’exister par soi-même. Ici à la Pierre qui Vire, nous aimons bien porter, et la coule blanche et la coule noire, cette sorte d’aube que revêtons pour la prière. La coule blanche, portée les dimanches et fêtes, nous rappellent notre condition de baptisé, d’homme nouveau dans le Christ, condition totalement reçue comme un cadeau. La coule noire, portée les autres jours du quotidien, nous rappelle notre engagement monastique à demeurer des veilleurs et des lutteurs afin que la douceur, l’humilité et la patience du Christ deviennent davantage nôtre. Ces vêtements sont des signes. Car « l’habit ne fait pas le moine » dit avec justesse la sagesse populaire. Il exprime un désir, une volonté de s’engager. Car le travail spirituel se vit dans le cœur. St Benoit nous le laisse bien entendre lorsqu’il décrit dans le chapitre sur l’humilité le chemin de libération du moine. C’est en consentant, sous la conduite de l’Esprit Saint, à purifier son cœur qui peu à peu, douceur, humilité, charité empliront sa vie et sa manière de vivre. A nous moines, est toujours adressée cette continuelle invitation à ne pas nous contenter des apparences, ni à nous appuyer sur elles, mais à chercher à nous ajuster en vérité à la Parole du Christ qui habite nos cœurs et à nous conformer à la paix du Christ qui veut transfigurer nos visages.
Frères et sœurs, dans notre prière nous nous associons à votre vie chrétienne et votre quête. En ce jour, merci de prier pour vos frères moines, afin qu’ils soient vraiment des chercheurs de Dieu qui vont au bout de l’appel de leur baptême. 11 Juillet 2017
Année A - 14e dimanche ordinaire - 9 juillet 2017
Zacharie, 9, 9-10 Rom. 8, 9,11-13 Matt. 11, 25-30
Homélie du F.Ghislain
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus nous invite : « Venez à
moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau ». Tous, en effet, dans cette
église où nous sommes entrés tout à l’heure, nous peinons sous le poids d’un
fardeau. Chacun a le sien, fait de ses douleurs, de ses efforts coûteux, de
ses espérances déçues, de ses relations parfois difficiles, du poids aussi
de la souffrance du monde et de toutes les victimes qui le peuplent. Et ce
poids est parfois aggravé parce que nous sommes plus ou moins ce que
l’évangile appelle les « sages et les savants » : entendons que nous portons
sur les gens et les choses des jugements arrêtés, des convictions
inébranlables mais pas toujours fondées, nous subissons aussi des lois aussi
qui nous obligent sans que nous comprenions pourquoi…Le tout est comme une
sorte de corset plus ou moins étroit qui nous enserre, ne nous libère pas et
rend le fardeau plus lourd.
Or voici que Jésus nous invite au repos : « venez à moi, je vous procurerai
le repos, vous trouverez le repos pour vos âmes ». Entendons cette
invitation, ici, maintenant. La manière d’obtenir ce repos, il nous la dit :
« devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur ». Ici il nous
faut prendre le temps de regarder Jésus : la douceur et l’humilité ne sont
pas des attitudes qu’on puisse définir abstraitement. Il faut ouvrir les
yeux du cœur et les regarder, les contempler chez ceux qui en vivent. Jésus,
doux et humble de cœur. Le prophète Zacharie, dans la première lecture, nous
le montre « pauvre et monté sur un ânon » alors qu’alentour il y a des chars
de guerre et des chevaux de combat. Douceur de Jésus, douceur de l’évangile.
Celui-ci n’est pas une règle de vie facile, mais quand nous l’entendons
sortir des lèvres de Jésus, sourdre de son visage, il n’y a plus de dureté.
La Règle de saint Benoît, qui dessine un genre de vie plutôt austère, se
défend de rien imposer, dit-elle, de pesant ni d’âpre : il faut la prendre
en douceur, car elle vient de quelqu’un qui veut nous donner la vie. De
même, Jésus ne nous adresse-t-il pas alors une invitation à prendre notre
vie en douceur ? Et cette douceur ne va-t-elle pas guérir l’âpreté de notre
fardeau ?
Mais l’évangile va plus loin : la douceur de Jésus est une révélation de
Dieu. S’il nous invite à devenir ses disciples, c’est que Jésus veut nous
enseigner Dieu. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; il demeure un Dieu caché.
Nous ne connaissons pas davantage le détail de son dessein sur le monde,
l’histoire, ni même sur la vie de chacun. Tout cela, c’est ce que l’Ecriture
appelle le Mystère ; c’est un livre scellé auquel nous n’avons pas accès. Un
seul pourtant connaît : le Fils qui est dans le sein du Père, qui est venu
parmi nous et ne désire rien tant que de nous révéler ce qui est caché. En
nous invitant à devenir ses disciples, Jésus veut nous introduire en Dieu,
nous le faire connaître ; mais il désire aussi nous faire comprendre ce que
nous échouons à expliquer, ce qui est plus fort que nous, ce qui parfois
nous scandalise, ce qui frôle l’insupportable. En nous proposant de regarder
sa douceur et son humilité, Jésus nous révèle à la fois le vrai visage de
Dieu et l’art de vivre en douceur dans un monde de violence, l’art de mettre
de la douceur aussi autour de nous.
Nous comprenons alors l’invitation à être des « tout-petits ». Cette
petitesse n’est pas de l’infantilisme. Elle est la racine encore fraîche et
souple de notre être le plus profond. Une sorte de disponibilité sans
condition où nous pouvons atteindre, qui permet d’accueillir sans calcul ce
qui advient, de « prendre tout en gré » comme ses voix le disaient à sainte
Jeanne d’Arc. Alors nous sommes mis sur le chemin de la connaissance de
Dieu, de la vision en Dieu des vicissitudes humaines, de ce que Jésus, qui
connaît le Père, veut nous révéler. Et il en résulte une proximité
respectueuse de tous les hommes, à commencer par les plus proches.
Avec cela, le fardeau avec lequel nous étions entrés dans l’église ne
disparaît pas. Le repos que veut nous donner Jésus comporte aussi un joug et
un fardeau : peut-être est-ce le même que tout à l’heure, mais n’a-t-il a
pas changé de sens ? Accueilli dans la douceur et l’humilité du Christ, son
poids s’allège et il ne blesse plus les épaules qui le portent.
Il me semble, frères et sœurs, que ce passage de saint Matthieu est comme la
quintessence de l’évangile, et en même temps le secret d’une vie, sinon
heureuse, du moins apaisée. Ne le laissons pas passer, mais offrons-nous à
lui. Allons à Jésus doux et humble de cœur, et entrons dans le repos qu’il
nous offre. - 9 juillet 2017
Année A - 13° Dimanche du temps Ordinaire - 2 juillet 2017
2 Roi 4 8-16; Ro 6 3-11; Mt 10 37-42
Homélie du F.Hubert
Les versets que nous venons d’entendre terminent le chapitre 10 de St Matthieu,
consacré au choix des Apôtres et à leur envoi en mission par Jésus.
Proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, donnez gratuitement.
Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.
Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.
Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Jésus a été touché de compassion devant les foules désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Alors il envoie ses apôtres annoncer le Royaume, et lui-même va partir enseigner et proclamer la Parole.
Urgence et caractère absolu de la mission.
Sauver les brebis abattues, désemparées, perdues. Leur donner sens et espoir. Vie.
Pour les disciples, il ne s’agit de rien moins que de participer à l’œuvre de celui qui le Père a envoyé.
Ils leur faut être totalement disponibles,
et, avec la force de l’Esprit, être capables d’affronter toute contradiction, tout refus, toute persécution.
Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur.
La contradiction peut venir de ceux vers qui ils sont envoyés :
Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux, … le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant.
Mais les résistances peuvent être aussi en eux :
Qui se déclarera pour moi, … qui me reniera devant les hommes…
La mission de Jésus et de ses apôtres est d’annoncer la venue, la présence, du Royaume, d’apporter la paix, celle de Dieu.
Mais cette Bonne Nouvelle suscite contradictions, voire persécutions.
Jésus en sera condamné à mort, beaucoup de disciples seront persécutés.
Les communautés destinataires de l’évangile vivent cela. Le frère livrera son frère à la mort.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi.
Jésus critiquera plus loin ceux qui ne prennent pas soin de leurs parents,
sous prétexte d’offrande à Dieu.
Il ne s’agit donc pas de ne pas aimer son père ou sa mère,
mais d’être disponible pour la mission, pour l’annonce du royaume et de la paix que Jésus apporte.
L’annonce même de cette paix suscite la division :
Au v 13, Jésus dit : Si la maison qui vous accueille en est digne, que votre paix vienne sur elle.
mais au v 34, il affirme : Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
Je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère…
Le Royaume est celui du don et de l’accueil.
L’humanité n’y est pas d’emblée accordée.
Toute attitude contraire au don et à l’accueil devient opposition au Royaume.
« La paix n’aurait plus d’ombre, si nos mains se dépouillaient au lieu de retenir »
chantons-nous dans une hymne du Temps pascal.
Mais celui qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
A travers les contradictions, les séparations, les choix couteux, Jésus nous offre le chemin de la communion. Celle même du Père et du Fils. Le chemin de la paix, le chemin de la vie partagée.
On retrouve là les affirmations si fortes de Jésus dans saint Jean :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Pour éclairer cette mission que le Christ nous confie, reprenons les mots du pape François dans La joie de l’Evangile :
La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus.
Il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu.
Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie.
Dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger »
L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile.
Je termine avec cette hymne pour la Saint Benoît :
N'avoir rien de plus cher que le Christ,
Servir le seul Maître
Dont le joug rende libre :
Ainsi, dans la douceur de l'Esprit,
Benoît se livre.
Benoît, le moine, le disciple du Christ.
Si quelqu’un a accueilli l’amour qui donne sens à sa vie, comment pourrait-il retenir le désir de le communiquer aux autres ? (cf La joie de l’Evangile)
- 2 Juillet 2017
Année A - 12° dimanche du Temps Ordinaire - 25 juin 2017[br
Jér 20 10-13; Rom 5 12-15; Matthieu 10 26-33
Homélie du F.Matthieu
Deux thèmes peuvent nous aider à entrer dans ce passage de l’évangile de Matthieu que nous venons d’entendre :
1er thème, celui de la valeur : quelle est la valeur d’une vie humaine, la nôtre propre mais surtout celle des autres, de tous les autres…
« Soyez donc sans crainte :
vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. »
2ème thème, celui de notre témoignage de l’évangile et du Christ devant les hommes et devant Dieu.
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes,
moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »
Que valent les hommes ? Que valons-nous, chacun, chacune ? Voilà bien une question lancinante, dramatique même en notre temps comme en tout temps. En effet, hier comme aujourd'hui dans notre monde, les puissants, les bien-portants, les gens de culture, sans parler des riches …, valent plus que les autres.
Jusque dans les circonstances tragiques de notre monde, nous n’avons pas tous la même valeur : entre les milliers d'anonymes qui meurent sous les bombes, ou dans les mers de l’exil, dont on ne donne qu'un nombre approximatif, et dont on ne connaîtra jamais les visages, et les « nôtres », morts ou vivants, dont on raconte la vie afin de garder leur visage singulier, aimé.
Oui, bien tristement et injustement, sur cette Terre, les hommes ne valent pas la même chose !
Et pourtant, Dieu, lui, considère même les moineaux, jusqu'aux cheveux de nos têtes... comme ayant valeur à ses yeux. Et l'humain est ainsi sans prix. Non qu'il vaille cher ou pas. Il échappe à tout commerce. Il est simplement créature et don de Dieu et comme tel, objet de toute l’attention et de l’amour de notre Dieu… et il doit donc être l’objet de tout notre respect !
Toute femme, tout homme ne vaut que par ce que Dieu a fait pour lui : le créer à son image, le sauver de ses impasses en restaurant en lui sa ressemblance !
Voilà tout ce qui fait notre valeur d’hommes : être aimés, attendus, reçus, pour ce que nous sommes et parce que nous sommes. Images - déformées certes - mais images néanmoins, de notre Dieu. Et tel est justement ce dont notre Dieu témoigne. Son don est étranger à toute appréciation mercantile. Rien - pas même nos bonnes œuvres - pour l'acheter. Rien non plus - pas même notre péché - pour l'entamer et le remettre en cause. Et cela est vrai de tout être humain !
Alors oui, avec ce regard-là, il est possible de ne plus avoir peur.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l'âme, dit Matthieu. Mais qu'est-ce que l'âme ? Rien d'autre peut-être que notre capacité à donner et partager, nous aussi, sans calcul, librement et gratuitement. Juste pour aimer et être des vivants au milieu des vivants, reconnus comme tels.
Et c’est à cette conversion que l’évangile nous appelle toujours !
Et c’est à ce témoignage devant les hommes, c’est-à-dire dans la vie de tous les jours, que nous sommes appelés : reconnaître en tout homme, toute femme, rencontrés - le plus pauvre comme le plus riche, le plus capable comme le plus démuni, le bien portant comme le malade, le plus proche comme l’étranger… et la liste est infinie… - l’infini valeur de « fils et fille de Dieu ».
Notre existence se fait véritablement évangélique, c’est-à-dire humaine, quand elle est habitée d'actes, de conduites, que ne commande aucun intérêt sinon la reconnaissance et le service de l’autre pour sa valeur unique de fils de Dieu.
Tout ce qui fait considérer l'autre comme un simple objet, et non l'être singulier qu'il est, est un piège. Un seul chemin pour éviter ce piège : celui du Christ serviteur.
Notre audace de témoins ne repose sur aucune assurance humaine, aucun calcul, ni pour cette vie ni pour l'au-delà. Non, elle trouve sa force dans la proximité du Christ Jésus qui est allé, lui, jusqu'à la mort pour témoigner de l'amour du Père et de sa proximité avec ceux que l'on a mis au loin, avec les plus vulnérables, avec tout être humain.
Nous appartenons tous à la même humanité et nous savons combien nos défenses sont précaires, fragiles. La sécurité qui nous est promise n'est pas d'être des surhommes. Bien au contraire.
Le secret de notre force n'est pas en nous. Mais en Dieu. Voilà ce dont nous avons aussi à témoigner : l'infinie tendresse du Père et son engagement en faveur de tout homme, au nom de l'alliance indéfectible qu'il a scellée avec tous.
Voilà ce dont nous avons à témoigner au milieu de ce monde si oublieux de la grâce que Dieu lui a offert et du chemin qu’il lui donne aujourd’hui encore : saurons-nous être ces « réveilleurs », ces témoins de « la vraie valeur de tout homme et de toute femme », qui seule rendra la société des hommes habitable et heureuse avant même son accomplissement dans le Royaume que Jésus annonce et instaure dès maintenant si nous voulons bien essayer d’en être les artisans après Lui, avec Lui, témoins crédibles pour notre temps !- 25 juin 2017