vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 22 octobre 2017 — 29e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année A
Info :

Année A - 29ème dim. du T.O. (22octobre 2017)

Is 45,1.4-6 ; 1 Th 1,1-5b ; Mt 22,15-21

Homélie du F.Bernard

Texte :



« Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46). C’est par ces mots que les gardes du Temple répondent au Grand Prêtre qui les a chargés d’arrêter Jésus. Peut-être cette parole nous revient-elle aussi en mémoire quand nous entendons certains évangiles, tant l’autorité de Jésus, son autorité divine, s’y manifeste ? N’y aurait-il pas déjà quelque chose de cela, dans l’Evangile de ce matin, quand les Pharisiens et les partisans d’Hérode, qui pourtant viennent tendre un piège à Jésus, lui disent au préalable : « Maître, tu es toujours vrai, et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ?

Car c’est bien un piège qui est tendu à Jésus, avec la question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur, à César ? » Toute réponse par oui ou par non, comme les adversaires de Jésus le demandent, serait fausse. L’impôt n’est pas de l’ordre de la permission. Il est imposé. Il oblige tous les sujets de la Palestine, sauf à vivre dans la clandestinité et la révolte ouverte, comme les Zélotes. Et la preuve que tous sont soumis au pouvoir romain est que tous ou presque ont dans leur poche ou leur bourse quelque pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur. Elle sert aux transactions commerciales. Elle est le signe concret de l’autorité de Rome.

Que répond Jésus ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Puisque vous utilisez la monnaie qui porte l’image de l’empereur, vous reconnaissez son autorité sur vous, reconnaissez du même coup que vous appartenez à Dieu, puisque vous êtes créés à l’image et ressemblance de Dieu, vous portez son image selon l’enseignement de la première page des Ecritures.

Jésus reconnait ainsi deux pouvoirs, et distingue deux autorités, l’autorité politique, chargée de la gestion de l’espace public et du bien des personnes, avec ses droits et devoirs, et l’autorité spirituelle qui procède de Dieu.

Rome a imposé son pouvoir sur la Palestine en l’an 63 avant Jésus-Christ, sous Pompée, pouvoir mal supporté certes par le nationalisme juif. Mais était-il plus mauvais que le pouvoir exercé auparavant par les ancêtres d’Hérode ? Pas si sûr ! Rome a apporté la paix, une paix armée sans doute, la Pax Romana, mais paix tout de même : ce n’est pas rien. Rome a construit dans tout l’empire un réseau de routes, ces voies romaines qui subsistent encore en bien des endroits dans tout le Bassin Méditerranéen : elles seront une grande aide pour la propagation de l’Evangile. Et Paul préférera se faire juger par la justice de Rome, plutôt que par le tribunal suprême de son peuple, le Sanhédrin de Jérusalem.

Jésus reconnait l’autorité de l’empereur, il reconnait l’autorité de Pilate, nommé par le pouvoir. Jugé par lui, lors de sa Passion, il dira : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19,11). Le prophète Isaïe pour sa part dans la première lecture appelait Cyrus, le vainqueur du roi de Babylone, qui autorisa les Juifs exilés à rejoindre leur patrie et à reconstruire le Temple de Jérusalem, en l’an 538 avant Jésus-Christ, le « consacré du Seigneur », littéralement le Messie du Seigneur. Un texte de l’Ecriture va même jusqu’à nommer Nabuchodonosor, le roi assyro-babylonien qui aura détruit Jérusalem en l’an 587 et exilé les Juifs, le « serviteur de Dieu « (Jr 27,6).

Mais l’autorité politique aura aussi à rendre compte de sa gestion du bien public, au jugement de Dieu. De plus son pouvoir reste limité. Il ne peut prétendre s’exercer sur les consciences. César n’est pas Dieu, ni Cyrus, ni Nabuchodonosor. Quand l’autorité de Rome tendra à être sacralisée, quand les empereurs exigeront des chrétiens qu’ils sacrifient aux dieux de Rome et qu’ils s’érigeront eux-mêmes en quasi-divinités, les chrétiens devront refuser d’obéir au nom de leur foi, préférant mourir plutôt que de sacrifier aux idoles. Cette semaine nous aurons célébré saint Ignace d’Antioche le célèbre évêque, martyr du IIème siècle, et aussi ces autres martyrs qui ont fondé notre Église de Sens-Auxerre, les saints Savinien et Potentien.

« Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Rm13,7), mais « rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est ce que nous voulons faire en cette eucharistie : offrir nos personnes et nos vies, en sacrifice saint, agréable à Dieu. C’est là le sacrifice spirituel que nous avons à rendre (Rm 12,1). - 22 octobre 2017

Homélie du 18 octobre 2017 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

ST LUC 18.10.2017

2 Tm 4, 9-17a ; Ps 144 ; Lc 10, 1-9

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Nous venons d’entendre Jésus qui confie leur lettre de mission aux 72 disciples, c’est-à-dire à chacun de nous. Comment recevoir cette lettre de mission aujourd’hui encore comme un envoi ? Plus précisément, comment à l’instar de tous les disciples de Jésus, pouvons-nous l’entendre, nous, moines, qui restons dans notre monastère ? Qu’est-ce qu’un moine missionnaire ?

Notre Père Muard pensait cette mission, comme la mission d’une communauté dont certains seraient adonnés davantage au silence, à la prière et au travail, d’autres à l’étude et à la prédication dans les paroisses à l’occasion de temps forts. A ses yeux, c’était toute la communauté qui était missionnaire, dans les différentes vocations qui la composaient. Depuis quelques décennies maintenant, nous avons retrouvé les intuitions de la règle de St Benoit sous laquelle le P. Muard s’était placé comme sous un guide sûr. La règle lue davantage dans sa dynamique première nous offre les balises de notre chemin de disciples de Jésus. Nous nous adonnons en un même lieu, à la recherche de Dieu dans la prière, la vie fraternelle, le travail et l’accueil. Cette manière de chercher Dieu prend toute notre énergie. Sommes-nous pour autant moins disciples missionnaires que nos prédécesseurs ? L’évangile entendu ce matin nous offre des repères pour le vérifier…

Tout d’abord, Jésus demande de prier. Elle est le premier moment de la démarche missionnaire. Prier pour entrer dans le désir de Dieu de voir son règne s’étendre. Prier pour s’unir à son désir de susciter d’autres missionnaires.

Puis, les missionnaires que Jésus envoie le seront davantage par ce qu’ils sont et par leur manière de vivre que par leurs paroles. Les recommandations de Jésus touchent principalement le dépouillement dont les disciples doivent faire preuve – pas de bourse, ni de sac etc…Et plus profondément Jésus invite à la confiance à avoir en Dieu qui prendra soin des missionnaires à travers ceux qui les accueilleront et nourriront. Avant d’ouvrir la bouche les disciples missionnaires doivent montrer par leur vie dépouillée et confiante en la Providence de Dieu que vraiment Dieu règne et qu’Il est là prenant soin de ses amis. Dans une communauté monastique, nous voudrions apprendre cela, et personnellement et communautairement. Etre libre par rapport aux biens ou aux soucis matériels, surtout pas préoccupé à l’excès, ni encore moins avide au gain… Notre manière d’être ici est essentielle aux yeux de beaucoup qui sont loin de Dieu…que leur disons-nous ? Nous avons ici un premier lieu de notre mission.

Jésus invite ensuite ces disciples à annoncer la paix : « paix à cette maison »… avec cette mention que si cette paix n’est pas acceptée par les destinataires, elle revienne à ceux qui l’ont donnée…autrement que si la paix n’est pas reçue, que le disciple lui-même reste en paix et ne s’en trouble pas. St Benoit nous invite à rechercher, à poursuivre la paix. Nous savons le prix de ce labeur, et personnel et communautaire… Un labeur qui nous engage dans une exigeante connaissance de nous-mêmes ainsi que dans une patience redoublée vis-à-vis de nous-mêmes et de nos frères… La recherche de l’humilité à travers l’écoute et l’obéissance voudrait nous conduire vers cette paix qui s’épanouit en charité active. Pour Jésus, comme pour toute la tradition biblique, cette paix est une des manifestations de la venue du règne messianique. Oui, faire œuvre de paix en soi-même et avec nos frères, afin de faire de cette maison de prière une maison de paix, sera une autre part importante de notre vie missionnaire. Nos hôtes viennent chercher la paix, des mots peut-être, mais surtout un climat où la paix se respire. Peut-être alors, sans beaucoup de mots, notre vie fera signe que le Règle de Dieu s’est approché.

Que l’intercession de St Luc, disciple et apôtre, nous donne de désirer toujours progresser dans notre chemin monastique missionnaire pour dire combien le Règle de Dieu est proche et bon à accueillir. - 18 Octobre 2017

Homélie du 15 octobre 2017 — 28e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année A
Info :

Année A – 28° Dimanche du Temps ordinaire – 15 octobre 2017

Is 25 6-9 ; Phil 4 12-20 ; Mt 22 1-14

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

« Poser, plein de questions à Dieu, peut-être une manière élégante – et je dirai même valorisante – de l’empêcher Lui de poser sa question ». C’est ce qu’affirmait un cardinal, il y a bien 50 ans.

Mais pourquoi rappeler cela ? Parce que ce petit jeu stérile des questions sans fin peut nous tenter aussi dans la lecture des Écritures. Et ce n’est pas d’aujourd’hui. On se souvient du reproche de Jésus à des spécialistes de la loi : «Vous scrutez les Écritures, et puis quoi ? » Jn 5/30. Et Il les comparait même à des gamins sourds à toute invitation à se bouger.

Et notre parabole d’aujourd’hui, comparée au texte parallèle de Luc si limpide, se prête fort bien à ce jeu des questions. C’est facile de pointer les étrangetés (ces massacres, cette ville incendiée), les inconséquences, les contradictions avec d’autres pages des Ecritures. Tenez ! Ce mal poli qui ose se présenter au banquet en tous les jours et qui se voit renvoyer se rhabiller! Qu’en penser ? Si je me souviens de cet autre minable bien plus dépenaillé tout étonné, lui d’entendre : « Allons, vite la plus belle robe, l’anneau au doigt, des chaussures, la musique et les danses. A table pour un repas plantureux aux coupes débordantes » comme évoqué par la première lecture et son Psaume. Oui que de questions. Et les divergences dans les traductions, si on s’est entouré des Bibles disponibles : BJ, TOB, Maredsous, Bayard et j’en passe ! Faut-il les renvoyer dos à dos et attendre qu’elles se mettent d’accord. .. Attendre. Attendre tranquille.. Tranquille.

Et voilà bien émoussé le tranchant de la Parole. Et voilà bien étouffée la Parole vivante avant même d’avoir touchée l’oreille du cœur de vie - comme disait fortement Madeleine Delbrel qui avertissait « L’Evangile n’est pas fait pour les esprits inquiets, ou simplement curieux ; il est fait pour des disciples qui veulent obéir ».Ou encore : «Celui qui laisse pénétrer en lui – pénétrer en lui une seule parole du Seigneur ( comme nous le demandons à chaque Eucharistie) et la laisse s’accomplir en lui, celui-là connait plus l’Evangile que celui dont tout l’effort sera méditation abstraite et considérations historiques !

« Laisser pénétrer en soi une seule parole » Une seule ! Alors la parole d’aujourd’hui ? Son appel, c’est bien celui qui retentit d’un bout à l’autre des Ecritures, de la première page de la Genèse : « Adam Où es-tu ?Aux dernières de l’Apocalypse : « Venez venez aux noces ». Appel d’un Dieu qui invite « Venez tous invités ! »

Alors on fait quoi ? On se bouge, ou quoi ? Va-ton retourner à nos petites affaires ? On fait quoi ?

Prions les uns pour les autres. Demandons ce cœur profond qui écoute. Disponible. - 15 octobre 2017

Homélie du 08 octobre 2017 — 27e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - 27° dimanche du temps Ordinaire - 8 Octobre 2017

Is 5 1-7 ; Phil 4 6-9 ; Mt 21 33-43

Homélie du F.Damase

Texte :

En ce dimanche, Isaïe et Jésus évoque pour nous l’image de la Vigne, mais pas de la même façon.

Dans la 1° lecture, Isaïe chante l’amour de Dieu pour sa vigne. Un amour tendre et passionné. La vigne, c’est la maison d’Israël que Dieu a construite au fil des siècles; bien des prophètes l’ont arrosé de leur sueur, quelquefois de leur sang !! Dieu en prend soin, avec un très grand amour !! Il attendait de sa vigne de beaux raisins, mais elle ne lui a donné que de mauvais fruits. Il appelle Jérusalem à être juge entre lui et sa vigne; Dieu est d’une sévérité extrême envers sa vigne !! Évidemment Isaïe ne connaissait pas encore le Père de Jésus !!

Dans l’Evangile, Jésus utilise cette image de la vigne de façon différente. Le propriétaire de la vigne n’a pas de problème avec elle ; mais il l’a confiée à des vignerons qui, au lieu de lui consacrer toute leur énergie pour qu’elle porte de bons fruits, veulent en tirer le profit maximum. Ils vont aller jusqu’à tuer le fils, l’héritier de la vigne.

Évidemment, cette parabole adressée aux chefs des prêtres et aux pharisiens décrit leur propre attitude, tant vis à vis du peuple que vis-à-vis de Jésus lui-même, qu’ils mettront bientôt à mort !!

Et cependant, même à leur égard, l’attitude de Jésus est tout autre que celle du Bien-Aimé dans le chant d’Isaïe. Jésus n’est pas intéressé à punir. Il est seulement intéressé à ce que sa vigne porte du fruit, - que son peuple et son Eglise portent du fruit !!

Lorsqu’il pose la question « Quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ». Ses interlocuteurs lui répondent : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront le produit en temps voulu ».

Dans sa réaction, Jésus ne reprend que la seconde partie de leur réponse: « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit ». Jésus n’est pas intéressé par la punition, encore moins par la vengeance !!

De plus, il ne s’agit pas d’enlever le royaume aux juifs pour le donner aux païens ; comme pourrait le faire penser une lecture rapide et superficielle. En réalité la Maison de Dieu est et demeure le peuple choisi, auquel viennent s’ajouter les nations.

Ceux qui sont en cause, ce sont les pasteurs. Il y a là une leçon sévère pour tous ceux qui exercent un ministère dans le Peuple de Dieu. Ce ministère est pour le service du Peuple et non pour la satisfaction du ministre !!

Mais ce qui revient le plus fortement dans cette parabole, c’est la nécessité de porter du fruit. Cela nous concerne tous. Nous n’avons pas reçu le message évangélique pour notre satisfaction personnelle ou simplement pour « faire notre salut ». Nous l’avons reçu pour porter du fruit – des fruits de Justice et de Droiture, selon Isaïe !!

Tous ensembles nous sommes l’Église et l’Église existe pour « évangéliser le monde » !! Demandons-nous si, par notre façon de vivre, nous concourrons à répandre dans notre monde « la Joie et la Paix de l’Evangile » - l'attention aux paumés et aux immigrés, selon le désir du pape François !!

Homélie du 01 octobre 2017 — 26e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Année A -26e dimanche TO - (01/10/2017)

(Ezékiel 18,25-28 – Ps 24 – Philippiens 2, 1-11 – Matthieu 21, 28-32)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Les lectures de ce jour peuvent nous laisser sur une double impression : de confiance mais aussi d’inquiétude.

Confiance car celui qui fait le bien sera récompensé car, comme dit le psaume chanté tout à l’heure : « l’amour du Seigneur est de toujours à toujours. » Et si nous avons les dispositions qui sont dans le Christ, comme le dit la seconde lecture, nous suivrons le chemin du Christ, obéissant jusqu’à la mort mais exalté par le Père.

Inquiétude car la première lecture, tirée du livre du prophète Ezékiel et l’évangile d’aujourd’hui nous rappellent que rien n’est joué d’avance. Que le juste, s’il se détourne de sa justice, mourra, que le fils qui dit oui immédiatement à la demande de son père, peut ne pas obéir ensuite.

Certes, cette inquiétude peut être tempérée par le fait que le méchant peut lui aussi se convertir et que le fils qui dit non peut ensuite se reprendre et obéir. Mais quand même, ces textes peuvent nous laisser dans un état d’esprit incertain voire inquiet.

Et si nous nous situons, comme les grands prêtres et les anciens, dans le clan des justes, nous devons bien constater que la parole du Christ n’est pas sans inquiéter.

En fait, si nous nous situons dans le clan des justes et d’une justice acquise par nos propres forces, alors nous pouvons craindre d’être un jour moins forts, de nous détourner de cette justice et de commettre le mal comme le dit le prophète Ezékiel. Car nous savons bien que nous sommes fragiles. Ou encore nous pouvons être celui qui dit « oui » mais ne fait pas.

Mais si nous savons, comme le dit le psaume de ce jour, nous laisser enseigner par le Seigneur, si nous reconnaissons que c’est Lui qui nous sauve, si nous croyons que le Seigneur se rappelle sans cesse sa tendresse, son amour de toujours, si nous croyons fermement qu’Il oublie les révoltes, les péchés de notre jeunesse, si nous croyons encore qu’Il est bon, qu’il montre aux pécheurs le chemin, qu’Il enseigne aux humbles son chemin, et que nous nous acceptons humblement comme pécheurs, attendant tout de la grâce de Dieu, alors, nous n’avons rien à craindre.

En fait, nous le savons, nous pouvons être à la fois celui qui dit oui et ne va pas et celui qui ne veut pas aller puis se ravise et obéit. Nous ne sommes pas tout l’un ou tout l’autre. L’erreur serait de se croire définitivement juste. C’est cela que reproche le Christ aux grands prêtres et aux anciens.

Et sa parole est choquante pour les esprits du temps. Les publicains et les prostituées, deux catégories de personnes que tout le monde montre du doigt, précèdent l’élite de la société religieuse du temps dans le Royaume.

Frères et sœurs, le Christ ne cesse de rappeler dans son évangile qu’il est venu pour les pauvres et les pécheurs, les malades et ceux qui sont considérés comme moins que rien par les gens qui se disent religieux.

Nous savons combien il est difficile pour nous d’avoir de la considération pour ceux qui ne sont pas comme nous, pour les étrangers, les migrants, les personnes que nous considérons de mauvaise vie, etc … Il n’est pas difficile de transposer aujourd’hui cet évangile finalement très actuel. Le Christ, ne nous donne pas de recette concrète. Il confie cela à notre imagination. Mais le Christ pose des principes très fermes. Saint Paul les reprends dans la seconde lecture : être assez humble pour estimer les autres supérieurs à soi, ne pas se préoccuper de ses propres intérêts mais de ceux des autres. Soyons humbles comme le Christ a été humble, et de façon radicale.

Tous cela, nous ne le pouvons pas par nos propres forces, mais nous pouvons demander au Seigneur de nous diriger, de nous faire connaître sa route, sa volonté.

Les difficultés qu’a le Pape François à faire passer un message d’accueil et de tolérance montre qu’il n’est pas simple, même pour les chrétiens, de vivre la radicalité de l’Evangile et que nous-mêmes, nous pouvons parfois ou souvent, préférer des arrangements faciles et commodes pour notre confort. Pourtant le Pape persiste à demander non pas d’invoquer une identité chrétienne mais de vivre ses valeurs inspirées du christianisme.

C’est là que vient toucher l’avertissement, du Christ. Cet avertissement sera une bonne Nouvelle, un Evangile, s’il nous conduit à nous convertir, à changer nos regards, mais il sera une parole bien douloureuse, si nous refusons de croire à la vérité d’un Evangile qui peut nous remettre en cause.

Il y a des choix à faire. Ce sont parfois les plus pauvres et les plus méprisés qui les ont faits dans la grâce de Dieu.

Laissons-nous travailler par l’Esprit du Christ. Désirons laisser le Christ changer notre cœur et alors, nous pourrons découvrir des horizons nouveaux offerts par Dieu lui-même.

AMEN. octobre 2017

Homélie du 24 septembre 2017 — 25e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 25° Dimanche du Temps Ordinaire - 24 septembre 2017

Isaïe, 55, 6-9 Phil. 1, 24-27 Mt. 20, 1-16

Homélie du F.Ghislain

Texte :

L’évangile que nous venons d’entendre nous heurte. Spontanément, nous trouvons que les ouvriers de la première heure, « qui ont enduré le poids du jour et de la chaleur », ont raison de se plaindre. S’il y avait eu un conseil de prudhommes au temps de Jésus, il aurait certainement donné tort au patron de la vigne et lui aurait imposé de verser une indemnité à ces ouvriers. Si la bonté du patron le conduit à verser aux ouvriers de la dernière heure, un salaire qui dépasse la valeur de leur travail, sa justice aurait dû le conduire à calculer la somme proportionnelle due à ceux de la première heure. Ou encore : si les ouvriers de la première heure avaient su ce que recevraient ceux de la dernière, ils ne se seraient certainement pas mis d’accord avec le patron sur le salaire d’un denier.

Pour comprendre un peu cette parabole, il faut nous remettre dans l’ambiance qu’a connue Jésus. On est à son époque dans une économie de subsistance au jour le jour. Des hommes arrivent le matin sur la place du village, avec l’espoir d’être embauchés. Un jour, ils le seront, le lendemain non, le surlendemain ils auront seulement une embauche de quelques heures. Ils vont de chômage en chômage, de précarité en précarité, avec une famille à soutenir, nombreuse comme toutes les familles de l’époque. Jésus, à Nazareth, avait sans doute un emploi un peu plus stable, mais il était à la merci d’un défaut de commandes, de retards dans les paiements. Par lui-même ou par ses voisins, il savait ce qu’était manquer du nécessaire, de n’avoir aucune réserve pour le lendemain. Aussi bien, ce qui l’intéresse, dans la vie comme dans la parabole, ce sont les pauvres, les malchanceux. Si le propriétaire de la vigne dit à son intendant de payer d’abord les ouvriers de la dernière heure, c’est parce que ce sont les plus besogneux, et s’il leur fait donner un salaire disproportionné à leur travail, c’est qu’il est à peine proportionné à leurs besoins. Jésus regarde la vie des hommes avant de considérer la valeur marchande de leur travail.

En ce sens, d’une certaine manière, les ouvriers de la première heure, avant de réclamer, auraient pu se réjouir que, ce jour-là, grâce au salaire égal, tous les ouvriers auraient eu de quoi vivre jusqu’au lendemain, eux et leurs familles. Et espérer que la chose se renouvelle le lendemain pour tous, car s’ils se trouvaient alors au bas de l’échelle, ils profiteraient de la bonté du propriétaire.

Dans une société comme la nôtre, où les grosses fortunes et la surconsommation voisinent avec la précarité, le chômage, l’insuffisance même d’un salaire minimum garanti, - ceci pour ne rien dire de sociétés moins développées où les inégalités sont encore plus flagrantes, cette insistance de Jésus sur les hommes d’abord, l’argent ensuite, pourrait nous faire réfléchir. Elle rejoint le message du pape François. Ou plutôt, c’est le pape François qui rejoint l’évangile : les hommes d’abord, parmi eux les plus pauvres d’abord, l’argent ensuite.

Ce qui est dit du denier dans la parabole confirme l’enseignement de Jésus. De quoi s’agit-il en effet sinon du Royaume des Cieux ? De ce qui est la fin de l’histoire où nous nous trouvons. De ce qui est la vérité éternelle du moment éphémère où nous nous trouvons. Ce denier-là est incommensurable à tous les travaux que nous pouvons consentir, même si ceux-ci couvrent toute la durée d’une existence ; il est aussi indispensable, car c’est de lui qu’il s’agit pour chaque homme et pour tous les hommes. Or, si celui qui a consacré sa vie à l’évangile, au prix « du jour et de la chaleur » apprend que son frère en humanité va hériter, lui aussi, du Royaume, comment ne s’en réjouirait-il pas d’abord, avant de discuter. En effet, même s’il a tout donné, il sait bien que la récompense est sans commune mesure avec l’effort. Et ce qui lui importe, en tout cas, est que son frère soit avec lui.

Mes frères, il nous faut penser de temps à autre au Royaume des cieux, à la vie éternelle, au « repos éternel » comme on chante dans la liturgie des funérailles chrétiennes. Nous allons, vers ce que l’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, vers ce que Dieu nous a préparé pour notre bonheur. Dans la seconde lecture, saint Paul dit combien il aimerait que cela advînt tout de suite pour lui ; ce qui le retient, ce sont justement les hommes qui l’entourent et qui ont encore besoin de lui ; alors il reste. Cette pensée de la vie éternelle pourra transfigurer notre regard sur les autres, les proches mais aussi les inconnus : tous ceux, par exemple, auxquels on est collé aux heures de pointe dans le métro : tous et chacun, qu’ils en soient à la onzième ou à la première heure, vont hériter du même denier, et nous serons pour toujours avec eux. Comment ne pas les aimer, s’en sentir solidaires, se laisser aussi aimer par eux ? Ayons le regard bon, car bon est le regard de notre Dieu. - 24 septembre 2017

Homélie du 17 septembre 2017 — 24e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 24° dimanche du Temps Ordinaire - 17 septembre 2017

Si 27.30-28.7; Ro 14 7-9 ; Mt 18 21-35

Homélie du F.Hubert

Texte :

De la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.

Ces phrases peuvent être assumées et vécues par bien des personnes qui ne vivent pas de la foi au Christ.

La parole évangélique que nous venons d’entendre nous entraine plus loin en nous plongeant directement dans ce que Dieu a fait pour nous, en nous plongeant dans la révélation de ce que Dieu est et fait pour nous, de ce qu’il est et fait en Jésus qui est toute sa Parole. Jésus, notre Sauveur.

Un homme devait à son roi soixante millions de pièces d’argent.

Saisi de compassion, son maître le laissa partir et lui remit sa dette.

Il ne lui dit pas : tu me paieras plus tard, tu me paieras une partie.

Non, il lui remit sa dette. Cette dette au-delà de toute mesure.

La deuxième partie de la parabole, où ce serviteur gracié, ne fait pas grâce à son compagnon qui lui devait seulement cent pièces d’argent, et est livré aux bourreaux jusqu’à ce qu’il est tout remboursé, est là pour souligner l’inconséquence du comportement de ce serviteur, et nous secouer tous dans notre aveuglement.

Mais l’essentiel, c’est l’origine : le comportement du roi qui remet à son serviteur sa dette, une dette impossible à rembourser.

Il s’agit évidemment de l’attitude de Dieu envers nous, lui qui nous rachète de nos fautes, nous libère du péché, et nous revêt de la robe des fils.

La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs, dit Paul dans la lettre aux Romains.

Si le Christ, l’Innocent que nul ne peut convaincre de péché, est mort pour nous alors que nous étions pécheurs, alors, nous n’avons pas à vivre selon une loi morale, mais bouleversés par cet acte gratuit, à vivre dans l’action de grâce, la reconnaissance, et un comportement qui soit l’écho de ce par-don de Dieu dont nous sommes l’objet. C’est à dire, vivre selon l’Esprit, en images de Dieu.

Il faut nous laisser saisir, « prendre par les tripes », par ce que Dieu a fait pour nous. Ma vie, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi, dit Paul aux Galates.

Je pense à ce père de famille sauvé de la mort par le P. Maximilien Kolbe qui a pris sa place de condamné à mort, au camp d’Auschwitz. Combien ce père, qui a été présent à la canonisation de saint Maximilien, a dû avoir toute sa vie le cœur bouleversé et rempli de reconnaissance pour cet acte d’amour gratuit et sauveur ! Il m’a aimé et s’est livré pour moi.

Aimez vos ennemis, vos débiteurs, peut-on dire dans le contexte de notre parabole. Soyez parfaits comme Père céleste est parfait. Il s’agit bien pour nous, de vivre en images de Dieu, de manifester, par notre comportement, qui est Dieu, de quelle grâce nous sommes l’objet, et de quelle grâce identique ceux qui nous apparaissent comme nos débiteurs, sont aussi l’objet.

Dieu n’a pas attendu que nous soyons revenus vers lui, que nous soyons saints, que nous ayons remboursé notre dette, pour nous aimer.

La nouveauté de l’Evangile, c’est avant tout la personne même de Jésus, ce qu’en lui, Dieu a vécu pour nous. Celui qui a été livré aux bourreaux, c’est, en fait, Jésus, lui qui a pris la place du débiteur, lui qui a remboursé pour nous.

Et quel était ce remboursement ? Que devait l’homme à Dieu ? Lui répondre : « Tu es mon Père ! » et répondre à tous ses frères, quels qu’ils soient : « Vous êtes mes frères ! »

Ce double cri d’amour n’était possible que de la part du Fils unique qui, prenant la place du débiteur insolvable, livré aux bourreaux, a livré librement sa vie pour que tous, nous soyons délivrés de nos dettes insolvables.

Jésus, notre Sauveur, a fondé l’Alliance nouvelle en prenant sur lui le mal sans y participer. Avant que le mal lui prenne sa vie, il l’a donnée tout entière.

Le Christ est celui qui aime le premier. Il vient vers l'homme, quel qu'il soit, quelle que soit son inhumanité, en l'aimant.

Alors, s’il nous faut bien entendre la fin de notre évangile : C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. Ou la parole de Jésus après son enseignement du Notre Père : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. S’il nous faut bien entendre ces paroles et ne pas nous anesthésier par une grâce à bon marché qui n’est pas celle de Dieu, nous ne pouvons qu’espérer, pour nous-mêmes et pour tous, que cette remise de dette aille jusqu’à ébranler le serviteur mauvais que nous sommes tous, lorsqu’à notre tour nous ne pardonnons pas à nos frères.

Si le péché est le refus de la grâce de Dieu, le refus de Dieu qui fait grâce, que sa miséricorde détruise ce péché même et nous ouvre enfin à la filiation et à la fraternité que plus rien ne limite.

« Ceci est mon corps livré pour vous ». Nous entendrons à nouveau cette parole tout à l’heure : elle nous ouvre la grâce. Elle nous fait grâce, à chacun de nous comme à la multitude des hommes.

Combien de fois dois-je pardonner ?

Dieu ne se lasse jamais de pardonner, répète le pape François.

Soyons des images de Dieu. - 17 septembre 2017

Homélie du 10 septembre 2017 — 23e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

Année A -23e dimanche du temps ordinaire - 10 septembre 2017

1ere lecture : Ezéchiel 33,7-9

2eme lecture : Lettre aux Romains 13,8-10

Évangile : Matthieu 18,15-20

Homélie du F.Matthieu

Texte :

L’évangile que nous venons d’entendre forme la seconde partie du quatrième grand discours de l’évangile selon Matthieu, après le discours sur la montagne, le discours missionnaire et le discours en paraboles. Cette seconde partie, dont nous aurons la suite et la fin dimanche prochain, nous présente la pratique du pardon comme une clef, sinon la clef, de la constitution de l’église comme communauté fraternelle vivant de l’amour mutuel reçu du Dieu qui est amour.

Aujourd’hui, il s’agit de l’attitude requise à l’égard du pécheur ; et précisément "celui qui a commis un péché contre toi" selon notre traduction liturgique.

Le contexte nous indique qu’en agissant ainsi le frère pécheur a blessé la communion fraternelle qui est la loi suprême de l’église. Il ne s’agit d’un simple différent, mais d’une affaire suffisamment grave pour mettre en péril la réalité même de la communion ecclésiale.

Il ne s’agit donc pas d’exiger excuses ou réparation, il s’agit de faire la vérité avec ce "pécheur" et de restaurer l’amour fraternel, cette Loi première et dernière dont nous parle l’apôtre Paul dans la lettre aux Romains que nous avons entendue : La Loi "se résume en cette Parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain."

Il ne s’agit pas non plus d’une démarche personnelle, mais d’une responsabilité ecclésiale et la lecture du Livre d’Ezéchiel est là, elle-aussi, pour bien nous rendre attentif à cette mission ;

il s’agit à l’égal d’un "prophète" d’être un "guetteur pour la maison d’Israël", pour la communauté de l’église et pour la vie d’amour mutuel qui est sa raison d’être et sa réalité dans le Seigneur.

Il s’agit d’interpeller un frère sur sa pratique de la communion fraternelle, sans laquelle l’église ne peut pas vraiment subsister. Il s’agit de faire la vérité sur cette situation qui atteint l’être même de l’église.

La démarche est si sérieuse qu’elle se déroule en trois temps, : une rencontre "seul à seul", puis la démarche avec "une ou deux personnes" – tout doit se passer dans la discrétion comme dans l’amour fraternel ; enfin, s’il faut aller jusque-là, publiquement "le dire à l’assemblée de l’Eglise".

La démarche a pour but de ramener le frère dans l’amour mutuel, qui est la loi suprême et la condition de vie de la communauté dans le Christ.

Elle peut cependant se conclure par l’exclusion du frère s’il se maintient dans la rupture de la communion qu’il avait engagé…

Et pour donner plus de force encore à toute cette démarche, notre évangile insiste sur la gravité d’actes qui ne s’inscrivent pas seulement sur la terre mais également dans le ciel, marque incontestable qu’ils sont la volonté même de Dieu, notre Père des cieux ! Notons cependant qu’il s’agit non seulement de "lier" mais aussi de "délier" … le pardon n’est jamais exclu !

Une telle démarche est impressionnante et peut nous laisser comme interdit, sans voix. Nous sommes si loin de cet idéal – pourtant présenté dans notre évangile comme un indispensable signe de la communauté chrétienne –, si loin de cet idéal dans nos communautés chrétiennes… et même dans nos communautés religieuses et monastiques !

Mais n’est-il pas aussi nécessaire de nous laisser interpeller par une telle exigence de responsabilité et d’amour mutuel.

La suite de l’évangile nous donne peut-être une ouverture fondamentale, celle de la prière et de la condition même qu’elle porte : il faut avant tout "se mettre d’accord" pour "demander quoi que ce soit" …

Ne serait-ce pas d’abord demander d’être capable de tenir les exigences de l’amour mutuel, de la responsabilité partagée de la communion fraternelle ?

Ne serait-ce pas aussi demander avec insistance au Père de venir en aide au frère pécheur, qui a rompu la communion et s’est enfermé dans une terrible solitude ? Le Christ ne nous a-t-il pas dit aussi : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice ; en effet, je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs." (Mt 9,12-13) … donc aussi "les païens et les publicains" …

Considérons donc que le plus important, c'est de se sentir responsable de ses frères et sœurs chrétiens, et même sans aller leur dire leurs quatre vérités, de chercher dans la prière, et avec d'autres, à faire grandir la communion et l’amour mutuel et surtout de nous présenter ensembles devant le Père pour qu'il convertisse les pécheurs que nous sommes, mais pour lequel le Christ Seigneur est mort et ressuscité pour "être avec nous toujours jusqu’à la fin des temps" ?

Amen.- 10 septembre 2017

Homélie du 03 septembre 2017 — 22e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année A
Info :

Année A - 22ème dimanche du T.O. - 3 septembre 2017

Jér 20 7-9; Rom 12 1-2 ; Mt 16 21-27

Homélie du F.Bernard

Texte :

« Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ». C’est par ce témoignage de foi, que s’ouvrait l’Evangile de ce jour. Il faisait le lien avec l’Evangile de dimanche dernier, l’Evangile de la confession de foi de Pierre à Césarée au nom des Douze, confession suivie de la parole du Seigneur : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».

De fait ces deux Evangiles sont étroitement liés. Ils constituent comme un sommet, un pivot, autour duquel l’Evangile selon Matthieu, que nous lisons cette année est construit. Mais ce serait vrai aussi bien des Evangiles selon Marc ou Luc.

La confession de foi de Pierre était la réponse à la question qui occupait toute la première partie de l’Evangile, à savoir : qui est Jésus ? Maintenant peut débuter la deuxième partie. La question devient : Comment suivre Jésus, celui-là même que Pierre vient de confesser comme le Messie, le Christ ?

Nous l’avons entendu : A partir de ce moment-là, Jésus, le Christ, commença à montrer à ses disciples, qu’il lui fallait monter à Jérusalem, y souffrir beaucoup, être mis à mort et le troisième jour ressusciter. Celui qu’ils viennent de confesser comme le Christ, aura la destinée du Serviteur Souffrant, annoncée par Isaïe et les prophètes, et Pierre le refuse : « Non, cela ne t’arrivera pas. »

Celui-là même que Jésus venait de déclarer heureux, heureux parce qu’il l’avait reconnu comme le Christ, et que cela lui était venu, non de la chair, ni du sang, non par ses propres ressources humaines, mais d’une révélation de Dieu, car « Nul ne sait qui est le Fils, sinon le Père, et celui à qui le Père veut bien le révéler», celui- là ,Jésus le dénonce maintenant comme celui qui veut le détourner de sa mission : « Passe derrière moi Satan, tu m’es un obstacle sur ma route, une pierre de scandale. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais des hommes. »

Pierre était inspiré par l’Esprit de Dieu. Voilà qu’il est mû maintenant par Satan. Il en est de même pour chacun de nous. Comme Pierre, nous recevons l’inspiration de Dieu, mais nous sommes atteints aussi par les sollicitations du Démon.

Alors que dit Jésus ? Le disciple doit renoncer à lui-même, prendre sa croix et le suivre. Prendre sa croix. C’est ici la première mention de la Croix dans l’Evangile. Elle nous concerne directement, alors qu’à ce niveau de l’Evangile, il est seulement dit que Jésus doit souffrir à Jérusalem, y être tué et ressusciter le troisième jour. Prendre sa Croix, bien sûr la Croix de Jésus, la porter, avec Jésus, comme Simon de Cyrène, sur le chemin du Golgotha.

Ces paroles sont tout-de- même dures à entendre. Peut-être nous font-elles penser spontanément à ces autres paroles de Paul aux Corinthiens : Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus, et Jésus crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent ?

Le langage de la Croix, comment le recevons-nous ? Sans doute nous est-il, à nous aussi, scandaleux, car pour une part au moins nous sommes bien en continuité avec le peuple de la première Alliance ? Sans doute nous apparait-il aussi folie, dans la mesure où nous avons encore beaucoup à faire pour dépasser nos réactions profondes, encore bien souvent païennes ? Mais puisse aussi notre être chrétien nous affermir progressivement dans la conviction que dans la Croix du Seigneur, il y a à l’œuvre la Puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu pour notre salut.

Mais posons-nous la question. Que faisons-nous de la Croix dans nos vies ? Cette Croix qui, derrière l’autel, préside à toutes nos célébrations liturgiques, nous arrive-t-il de la contempler pensant à cette parole du Seigneur : Elevé de terre, j’attirerai tout à moi ? Que faisons-nous des croix qui prennent place dans nos lieux de vie familiers, notre chambre, notre table de travail, peut-être notre coin de prière ? Simples objets, sitôt mis sitôt oubliés ? Que faisons-nous du signe de la croix que nous traçons sur nous-mêmes, en prononçant ces mots: au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ? Puissions-nous mettre toujours plus de foi dans ce geste qui imprime sur nous l’identité chrétienne. Quant à la Croix Glorieuse, nous la célébrerons liturgiquement dans quinze jours.

Un prêtre vietnamien, aujourd’hui décédé, qui avait vécu de très nombreuses années en détention, pour sa foi, sous les régimes communistes, n’avait eu de cesse, dans son dénuement total, de se constituer, avec deux bouts de bois, une très pauvre croix qui pour lui, dans sa prison, était le signe de la présence du Christ en sa cellule.

Nous avons aussi à placer ce signe dans nos vies, devant nous, sur nous. Saint Paul à sa manière nous y invitait dans la deuxième lecture de ce jour : « Offrez vos vies en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu. C’est là pour vous l’adoration véritable. » (Rm 12,1). Ce sacrifice saint, c’est celui-là même que nous allons offrir au Père, dans l’eucharistie, par le Fils, avec Lui et en Lui, dans l’unité du Saint- Esprit, et pour le salut du monde.- 3 septembre 2017 -

Homélie du 15 août 2017 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - ASSOMPTION 2017

Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Nous venons d’entendre 3 lectures et de chanter un psaume. Je vous propose de nous arrêter sur ces 3 lectures comme on regarde un tableau…Un grand tableau, digne des grandes tapisseries de l’Apocalypse qui se trouvent à Angers. Ce tableau se présente sous la forme d’un triptyque fait de trois panneaux qui se déploient dans l’ordre de la lecture qui a été faite. Comme dans tout triptyque, c’est le panneau central qui est important et qui donne sens à l’ensemble. Au centre, nous pouvons considérer la 2de lecture, tirée de l’épitre aux Corinthiens. Paul expose sa foi en la résurrection du Christ. Elle est la source et l’origine de la résurrection de tous les hommes. Parmi les fils d’Adam qui étaient voués à la mort, le Christ est le premier à être ressuscité en son corps. Quand Il viendra à la fin des temps, lorsque tout sera achevé, en Lui tous recevront la Vie. L’Assomption de Marie, élevée au Ciel dès le moment de sa mort, que nous fêtons aujourd’hui, représente une anticipation de ce grand mouvement de vie qui récapitulera tous les êtres en Christ. Marie est l’exception reconnue comme telle par les premières générations de chrétiens qui lui ont réservé une place unique dans l’ensemble des fils et filles d’Adam. Marie est le témoin privilégié que les derniers temps sont déjà à l’œuvre depuis la mort et la résurrection du Christ.

Dans cette lumière des derniers temps à l’œuvre depuis la résurrection du Christ, nous pouvons regarder les deux autres panneaux de notre triptyque. Les deux panneaux offrent à leur manière comme un résumé de toute l’histoire de l’humanité, cherchée et sauvée par Dieu. Commençons par le premier, avec la lecture de l’Apocalypse. Trois signes grandioses sont offerts : le sanctuaire de Dieu ouvert qui donner à voir l’Arche de l’Alliance ; second signe, une femme, revêtue de lumière, dans les douleurs de l’enfantement ; et enfin le Dragon postée qui désire dévorer l’enfant à la naissance, mais à qui l’enfant échappe ainsi que la femme. Et notre lecture se conclue par une hymne en la victoire du Christ sur les puissances du mal. Ces images fortes peuvent sûrement être interprétées différemment. Mais une chose est sûre, elles relisent l’histoire de notre humanité, depuis la genèse dont notre texte porte bien des réminiscences, comme l’histoire d’un grand combat. Quand, depuis la Demeure de Dieu, le Christ vient en notre chair, ce combat va être manifesté au grand jour comme Celui de Dieu contre toutes les forces du mal et de la mort. Celles-ci n’ont pas le dernier mot : l’enfant enlevé auprès de Dieu est l’image du Christ ressuscité et élevé auprès de Dieu. Il est vainqueur du mal et de la mort. Et Marie elle-même, à l’image de la femme qui échappe, est préservée. Le récit de l’Apocalypse se poursuit en soulignant que le Dragon va continuer à faire la guerre à la descendance de la femme, c’est-à-dire à ceux « qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). De cette lecture, nous pouvons retenir l’assurance de la victoire qui nous est offerte, contre toutes les puissances du mal en Jésus. En Jésus Vivant, et soutenus par la présence de Marie, nous pouvons affronter les forces du mal et de la mort qui veulent nous empêcher de naitre. Comme le disait D. Vasse, « la mort, ce n’est pas ce qui vient au terme de notre existence, c’est ce qui nous empêche de naitre ». Naitre à nous-mêmes, naitre à notre vie d’enfant de Dieu.

Regardons le troisième volet, la lecture de l’évangile. En face du panneau aux scènes apocalyptiques effrayantes, nous avons une scène plus tranquille et familière qui présente elle-aussi le thème de l’attente d’une naissance. Nous voyons la rencontre de deux femmes enceintes. La jeune Marie visite et vient aider sa cousine Elisabeth qui va bientôt mettre au monde celui qui sera Jean le Baptiste. Cette rencontre banale devient l’heureux moment de la révélation du grand mystère de Vie auquel elles sont toutes deux associées. Elisabeth reconnait la Mère de son Seigneur, bénie entre toutes les femmes. Et Marie chante le grand dessein d’amour dont elle est l’instrument « en faveur d’Abraham et de sa descendance jamais ». Cette scène familière, qu’on appelle habituellement « visitation », nous permet d’entrer d’une autre manière dans l’intelligence du combat qui se vit en ces derniers temps où nous sommes. C’est le combat de Dieu qui se penche sur son humble servante, qui élève les humbles et qui renverse les puissants, qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides. C’est le combat de Dieu auquel Marie a prêté main forte, non par des actions éclatantes, mais par sa seule écoute disponible et humble. Marie s’est associée au combat de Dieu venant sauver le monde, en croyant en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites, et en se laissant conduire par l’Esprit…. Ce dernier tableau, frères et sœurs, peut nous enseigner, comment chacun nous pouvons prendre notre place dans le combat des derniers temps dans lesquels nous sommes : comme Marie, il nous est proposé de croire, de faire confiance au Christ Vivant qui conduit l’Histoire et nos histoires personnelles. Portons sur notre monde en travail d’enfantement, avec les conflits qui l’habitent, un regard d’espérance. Nourrissons par la prière l’aspiration de tous à la paix et à la justice. Avec humilité, disponibilité, engageons-nous là où nous sommes à faire le bien, à aller vers l’autre sans peur. Comme nous le chanterons dans la préface, Marie, dont nous célébrons la présence lumineuse auprès de Dieu, « guide et soutient l’espérance du Peuple de Dieu encore en chemin ». Confions-nous à son intercession et entrons dans le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, l’assurance de notre victoire. - 15 aout 2017