Homélies
Liste des Homélies
année B - Messe du Jour de Noêl 2017
Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jean 1 1-18
Homélie du F.Bernard
Cette nuit, nous avons célébré, chanté, l’heureuse nuit de Palestine, où rien n’existe hormis l’Enfant, l’Enfant de vie divine, l’enfant de la crèche.
Et cette nuit, nous nous sommes remémoré l’étonnante prophétie du prophète du VIIIème siècle av J-C. Elle annonçait, dans une période de très grand détresse pour le royaume d’Israël, le royaume du nord, dont les tribus étaient emmenées en déportation, la naissance d’un enfant : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Merveilleux-conseiller, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-paix ».
Cette prophétie avait pu certes trouver un début de réalisation dans la naissance d’un enfant de race royale, de la lignée de David, à Jérusalem, elle gardait cependant toute sa force, comme un message d’espérance, qui aura orienté au long des siècles le regard du peuple croyant vers un autre avenir.
Et cette prophétie a trouvé son accomplissement, en cette heureuse nuit de Palestine, où l’Ange de Dieu est venu réveiller les bergers de Bethléem pour leur annoncer cette grande joie : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il et le Messie, le Seigneur ». Et le signe, qui a fait connaître l’Enfant de vie divine, est qu’il était couché dans une crèche, une mangeoire pour animaux. Lui, le Dieu-fort annoncé par Isaïe, n’a pas même eu une maison, un berceau pour l’accueillir. Mystère de l’humilité de notre Dieu, pressenti par la Vierge Marie, en son magnificat : « Le Seigneur a dispersé les hommes au cœur superbe ; il élève les humbles ».
Trois noms ont été donnés cette nuit à l’Enfant de la crèche : il est le Messie, autrement dit le Christ, il et Seigneur, il est Sauveur. Messie, il est celui qu’annonçaient les Ecritures. Seigneur, il est de race divine. Sauveur, il nous rachète de nos péchés Ceux sont ces trois mêmes noms que la prédication apostolique reprendra à partir de la Pentecôte. Pierre dira alors aux foules de Jérusalem : « Ce Jésus, que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ (Ac 2,36). Il est le Sauveur (Ac 4,12) ».
Noël, la naissance de l’Enfant de vie divine, c’est l’irruption de l’éternité, l’éternité qui est Dieu, dans le temps des hommes. Nous n’avons pas fini d’avoir un début d’intelligence de ce mystère. C’est pourquoi la liturgie de Noël se plait à multiplier les célébrations, selon la diversité des heures. Aux messes traditionnelles de la nuit, de l’aurore, du jour, elle ajoute maintenant la messe de la veille au soir.
En cette quatrième messe de Noël, celle du jour, la liturgie donne encore à l’Enfant de la crèche deux autres noms qui viennent s’ajouter à ceux qu’il a reçus cette nuit. Ceux-là le situaient par rapport à nous. Ceux-ci le situent par rapport à Dieu, car s’il est Messie, Seigneur et Sauveur, qu’est-il par rapport à Dieu, le Dieu d’Israël, dont le peuple croyant a toujours proclamé l’unicité : « Shema Israël, écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ? Ce matin l’Enfant de vie divine est désigné comme le Fils, et le Verbe.
Il est le Fils. Déjà l’Ange de l’annonciation avait dit à la Vierge qui allait le concevoir : « Il sera appelé Fils du Très-Haut ». Fils, mais comment ? la lettre aux Hébreux le précisait à l’instant. « En ces jours qui sont les derniers (ces jours qui sont les nôtres), Dieu nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé le monde », et encore : « Tu es mon Fils, dit Dieu, aujourd’hui je t’ai engendré ». Pas l’aujourd’hui de Noël où l’Enfant de vie divine nait de la Vierge, mais l’aujourd’hui d’avant le temps, l’aujourd’hui éternel, où il est engendré par le Père. Et le prologue de l’Evangile de Jean qui nous a été chanté à l’instant, le désignait comme « le Fils unique, plein de grâce et de vérité, le Fils unique qui est dans le sein du Père, et conduit à le connaître ». Tout l’Evangile de Jean, à la suite de ce prologue, sera la révélation du Père par Jésus, et celle de Jésus, le Fils, par le Père et dans l’Esprit.
L’Enfant de vie divine est aussi le Verbe, la Parole de Dieu. Le désignant ainsi, nous rejoignons immédiatement ce même prologue de l’Evangile de Jean, qui, en son début, disait : Au commencent était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu, puis au terme : Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. Ce sont les mots mêmes qui sont inscrits en latin, sur la croix de l’arbre de Jessé, placée derrière l’autel sur la grille.
Et Verbum caro factum est. Impossible de dire en moins de mots le mystère que nous célébrons. Le Verbe qui est Dieu s’est fait chair et il a habité parmi nous. Et à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Car nous le sommes. Aujourd’hui nous naissons à la vie divine, à l’éternité de Dieu, car nous le croyons, le Christ est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, jusqu’à la fin des siècles.
Achevons en reprenant l’hymne que nous citions en commençant :
En prenant chair de notre chair, Dieu a transformé tous nos déserts,
en terre d‘immortels printemps . - 25 décembre 2017
Année B - 4° dimanche de l’Avent – 24 décembre 2017 –
2 Sam 7 1-16 ; Rom 16 25-27 ; Luc 1 26-38
Homélie du F.Damase
Les récits des Évangiles concernant la naissance de Jésus sont remplis d'une très grande humanité, et s'efforcent de nous faire comprendre l'histoire humaine de Dieu.
Quand Jésus est présenté comme fils de David (comme nous venons de l'écouter), ce qui est souligné c'est l'intervention profondément humaine du Sauveur dans l'histoire. Il ne suffit pas de dire que le Fils de Dieu s'est fait homme. Nous devons savoir concrètement « qui est cet homme ». Si notre compréhension de l'Incarnation est abstraite, une dimension essentielle du salut nous échappe.
Le Fils de Dieu ne s'est pas incarné dans l'abstrait. Il est né à un moment particulier de l'histoire, dans un peuple déterminé, d'une famille précise. Il est le descendant de David et Fils de Marie, épouse de Joseph. Tout cet environnement l’a façonné, lui a procuré sa manière de penser, lui a permis de nous parler et de nous expliquer dans une langue humaine le sens de sa mission.
Cette mission s'est réalisée dans une vie humaine toute ordinaire: Un enfant est né d'une femme; il a grandi, devenu adulte, il a exercé le métier de son père. Puis, un jour, il a ressenti une vocation de prophète et s'est mis à prêcher dans son pays. Les pouvoirs en place l'ont trouvé gênant et se sont débarrassés de lui, tout comme ils s'étaient débarrassé de bien d'autres avant lui (et feraient de même à l’avenir). Rien d'extraordinaire à tout cela. C'est précisément par cette existence très humaine, très ordinaire que le salut a été réalisé et que le cours de l'histoire a été bouleversé.
Lorsque Marie devint Mère de Dieu, rien n’a été changé apparemment dans le monde. La vie continua son cours, le soleil continua de se lever et de se coucher, les hommes continuèrent de travailler et de s'amuser. Il n’y a pas eu de changement extérieur dans la vie de Marie et de Joseph. Ils étaient promis en mariage l'un à l'autre et le mariage eut lieu. La vieille cousine de Marie était enceinte et Marie partit lui rendre visite.
Tout cela devrait nous mettre en garde contre la tentation de penser Noël et Pâques comme des événements extraordinaires. Ils ne le sont pas. Ils respectent le quotidien et ne le troublent pas. C'est sans doute la raison pour laquelle il nous arrive souvent de ne pas en percevoir l’importance. Tel le récit que nous venons d'écouter. Ce moment de l'Annonciation est un point clé de l'histoire de l'humanité; et pourtant rien n'apparaît à la surface. Nous devons donc être soupçonneux devant toutes les manifestations du sacré qui sont dramatiques ou extraordinaires.
Notre Dieu est l'Emmanu-El, Dieu avec nous. Il réalise le salut du monde dans et par nos vies humaines de tous les jours – que ce soit la vie d'une mère ou d'un père de famille, celle d'un moine, d'un ouvrier d'usine ou d'un étudiant.
Toute tentative de rencontrer Dieu "là-haut" ou « ailleurs », en dehors des circonstances concrètes de la vie quotidienne, est vouée à l'échec. Dieu n'est ni là-haut, ni ailleurs. Notre Dieu est l'Emmanuel, le Dieu qui vient sans cesse nous rencontrer là où nous sommes, à chaque instant. Tout ce que nous avons à faire est de nous préparer à le recevoir.
Marie est le modèle par excellence de la personne qui accueille Dieu en toute simplicité dans sa situation bien concrète de jeune fille d'Israël, de la lignée de David, fiancée à Joseph le charpentier et cousine d'Élizabeth. Sa réponse toute simple "qu'il me soit fait selon ta parole", rend toute parole de Dieu efficace. -
24 décembre 2017
Année B - NOEL 2017
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14
; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
« Nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu, l’unique Parole survient en nous, et dans l’accueil de sa présence, nous avons rencontré l’Ineffable… »
Frères et sœurs, ces mots tirés d’une hymne que nous chanterons durant le temps de Noël qui s’ouvre, peuvent nous guider dans la méditation du mystère que nous célébrons ce soir : la venue du Fils de Dieu dans la chair.
Oui, « nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu » depuis la venue dans notre humanité de la Parole. Parce que le Fils de Dieu a pris naissance aux profondeurs de l’homme, que nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu…C’est « l’échange merveilleux » par lequel notre nature humaine reçoit une incomparable noblesse », comme nous le chanterons dans la préface… « Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».
Tous ces mots que l’on ose à peine prononcer veulent nous faire entrevoir la grandeur de cette fête de Noël. Plus que les réjouissances autour de la naissance d’un enfant, il faut nous réjouir du mystère de Dieu et de l’homme qui se manifeste en ce jour…S’il est vrai que Dieu s’est fait homme, nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu’est-ce que Dieu ? et qu’est-ce que l’homme ? Qui est ce Dieu qui s’est abaissé, et qui sera bafoué…et qui est cet homme qui se trouve ennobli et glorifié… ? Ces questions ne sont pas anodines aujourd’hui où beaucoup se demandent si on peut dire quelque chose sur Dieu ? Ne vaut-il pas mieux se taire, et se contenter de ne pas savoir ? De même au sujet de l’homme, beaucoup d’interrogations surgissent sur sa naissance, sa mort, sa capacité à être libre : n’est-il pas que le jeu de conditionnements de toutes sortes ?
A la croisée de toutes ces questions, la fête de Noël n’apporte pas de réponse, à la manière d’une doctrine philosophique, mais elle permet un chemin. Elle ouvre un chemin sur lequel chacun de nous peut avancer, à son pas, à la mesure de sa foi, pour aller à la rencontre de Celui qui révèle et la profondeur de Dieu, et la profondeur de l’homme : le Christ. Le Christ enfant, vulnérable qui grandira incognito ; le Christ, cet homme à la parole de feu qui finira sur une croix ; le Christ ressuscité qui se révèle présence d’amour à nos côtés…
Oui, devant la crèche et l’enfant démuni, nous pouvons oser un nouveau regard sur Dieu et sur l’homme. Nous pouvons oser aller à la rencontre de Dieu sans peur, sans préjugé. Nous pouvons laisser de côté, les images qui peut-être nous encombrent d’un Dieu terrifiant, façon Jupiter, ou d’un Dieu Fort bravant toutes les lois de la nature. En Jésus, Fils de Dieu, Dieu est là, donné, offert dans une mangeoire, comme un pain. Dans l’enfant de Bethléem, Dieu se révèle comme le don total, le don sans mesure jusqu’à l’extrême faiblesse, comme le dernier souffle sur la croix le confirmera. Dieu est là, donné et donnant.
Mais devant la crèche, nous pouvons aussi oser un nouvelle manière d’être homme et femme, non plus des hommes et des femmes blindés dans nos convictions, et accrochés à nos connaissances, à nos grades ou à nos fonctions…Devant l’enfant de Bethléem, nous pouvons oser exister avec nos fragilités, nos questions, nos incertitudes, nos doutes. Si l’enfant que nous avons été est devenu adulte, l’adulte que nous sommes est appelé dans la lumière de l’Evangile, à redevenir comme un enfant…Un enfant de Dieu totalement donné lui aussi, totalement offert et disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint… Oui, nous sommes appelés, jour après jour à prendre naissance aux profondeurs de Dieu, à la source du don toujours échangé de la vie divine. A cette source, nous pouvons alors faire de notre vie un don, un échange de dons avec tous ceux que nous côtoyons…Nous pourrons faire de notre vie une offrande à Dieu de tout ce que nous sommes…
Entrons dans cette eucharistie qui est la célébration de cet échange de dons entre Dieu et les hommes en Jésus Christ : En Lui, Dieu nous donne toute sa vie, en Lui, nous nous donnons à Dieu et à nos frères. - 24 décembre 2017
Année B - IMMACULEE CONCEPTION 2017
Gn 3, 9-15, 20 ; Ep 1, 3-6. 11-12 ; Lc 1, 16-38
Homélie du Père Abbé Luc
En célébrant aujourd’hui l’Immaculée Conception, c’est à la contemplation du dessein de Dieu que nous sommes conviés. Ce que Dieu a réalisé en Marie, afin de préparer à son Fils, « une demeure digne de lui », il désire le réaliser pour toute l’humanité. Comme st Paul nous le suggère dans son épitre aux éphésiens : « En Jésus Christ, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard »…En Marie est anticipée cette œuvre de grâce. Si le péché l’avait mis partiellement en échec, la passion et la résurrection du Christ l’ont rendu possible. Désormais, cette œuvre de grâce est à l’œuvre en nos vies de fils et fille adoptifs.
Aussi nous faut-il regarder Marie pour mieux reconnaitre en elle les traits de notre adoption filiale réussie. La regarder, non comme une créature exceptionnelle, mais comme l’une d’entre nous qui nous devance sur le chemin de la sainteté, elle qui est « comblée de grâce ». Sans crainte, nous pouvons chercher à l’imiter car elle donne à voir la juste attitude de toute créature devant son Dieu, Créateur et Sauveur. Dans l’évangile, nous la voyons discrète : elle ne fait pas beaucoup parler d’elle. Elle s’efface dans son rôle de mère du Messie pour mieux le servir et l’accompagner dans sa mission. Nous la voyons humble, vraie et simple quand elle demande : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ». Nous la voyons disponible et à l’écoute de la parole de l’ange : « que tout se passe pour moi selon ta parole ». Marie n’a rien fait d’extraordinaire. Elle fait sa vie de femme dans une disposition de confiance totale au projet de Dieu qu’elle a peu à peu appris à connaitre et à assumer.
En fêtant l’Immaculée Conception, nous pouvons doublement rendre grâce. Rendre grâce pour la fidélité de Dieu à son dessein de salut qui s’accomplit patiemment et profondément. Rendre grâce aussi pour la belle dignité de notre humanité régénérée qu’il donne d’entrevoir en Marie. Une humanité humble, simple et vraie. Tout cela nous le recevons de la passion et de la résurrection du Christ dont nous faisons mémoire maintenant. - 08 décembre 2017
Année A - Fête du crist-Roi - 26 novembre 2017
Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28 ; Mt 25 31-46;
Homélie du F.Hubert
Contraste étonnant, en cet évangile, entre un évènement grandiose :
le FH, escorté de tous les anges, venant dans sa gloire, siégeant sur son trône de gloire,
avec toutes les nations, de tous lieux et de tous âges,
et les situations ordinaires de notre vie humaine auquel son jugement se réfère :
avoir faim et soif, être étranger, nu, malade, en prison.
Rencontre du FH dans sa gloire,
rencontre des hommes et des femmes dans notre quotidien
Rencontre du FH dans ses frères et sœurs.
Le FH, appelé "le Roi",
révèle à cette foule sans limites,
qu'en tous les petits qui étaient dans le besoin et qu'il appelle "ses frères",
c'était lui que, sans le savoir, ils ont rencontré et servi, ou ignoré et abandonné.
En effet, ce roi qui vient dans sa gloire, est déjà venu dans l’humilité,
la dépendance et la souffrance.
Il s'est fait l'un de nous. Il s'identifie à chacun de nous.
"Le FH a été livré pour être crucifié."
"Les grands prêtres et les anciens sont tombés d'accord
pour l'arrêter par ruse et le tuer."
Le FH est pour toujours l'homme arrêté, condamné, abandonné, tué.
Dès sa naissance, Mt nous le montre en danger de mort :
Hérode veut le tuer et l'enfant doit fuir en Égypte.
Mais au moment de la Passion, il n'est plus question de fuir.
"Le FH est venu non pour être servi mais pour servir
et donner sa vie en rançon pour la multitude." (20, 28)
Il s'est fait, en perfection, notre prochain, en prenant sur lui nos épreuves.
Parce qu’il s'est fait notre frère, nous sommes ses frères,
et la manière dont nous nous traitons les uns les autres le touche directement.
"Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères,
c'est à moi que vous l'avez fait."
Lui-même est l'un de ces petits qui ont besoin de présences attentives :
"Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours."
Sa vie a du prix comme celle de ses frères, et celle de ses frères comme la sienne.
Qui prendra soin de lui ?
Nous ne pouvons le rejoindre en Palestine, 2000 ans en arrière.
Nous pouvons le rejoindre aujourd'hui en chacun de ceux qui nous entourent.
Nous sommes devant notre Seigneur chaque fois que nous sommes devant notre prochain,
et c’est tous les jours.
Cela est vrai pour ceux qui ont mis leur foi dans le Christ,
et pour les innombrables êtres humains qui n'auront jamais entendu parler du Christ et cru en lui.
Tous ceux qui auront posé les gestes de la miséricorde, de la solidarité, du respect,
le Christ les appellera les "bénis du Père".
Je ne peux pas ne pas reprendre à nouveau les paroles du pape François pour la journée mondiale des pauvres, dimanche dernier :
Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêque Chrysostome : « Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité. »
Bénies, les mains qui surmontent toutes les barrières de culture, de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité. Bénies, les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans ‘‘si’’, sans ‘‘mais’’ et sans ‘‘peut-être’’ : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu.
Les mains du Christ sont des mains qui font descendre sur nous tous, sur tous les hommes,
la bénédiction de Dieu.
Cet évangile nous invite à un style de vie, celui que nous montre Jésus de Nazareth, notre Seigneur. Soyons disciples-missionnaires en vivant comme Jésus a vécu.
Dans chaque eucharistie nous célébrons l’amour avec lequel il a versé son sang pour la multitude. Ne faisons pas la comptabilité de nos bonnes œuvres et de nos omissions, ou de celles des autres,
confions-nous en l'œuvre de guérison et de salut qu’il a accomplie pour tous.
Espérons et prions pour tous, car il est venu non seulement soulager ceux qui souffrent,
mais guérir et réconcilier ceux qui commettent le mal, et ceux-là même qui donnent la mort.
Les mains du Christ, recouvrant et guérissant tout homme,
nous pouvons espérer qu’il n'y aura personne à la gauche du Roi…
Prier pour cela, c’est déjà faire en notre cœur œuvre de réconciliation, nous faire solidaires,
comme le Christ s’est fait solidaire.
En Jésus, Dieu et l’homme, c’est tout un.
Prenons soin de lui qui a pris soin de nous.
A lui appartiennent le règne, la puissance et la gloire. Amen !
Notre humanité n’appartient pas à la mort mais à la vie. - 26 novembre 2017
Année A - 32ème Dimanche du Temps ordinaire – 12 novembre 2017
1ere lecture : Livre de la Sagesse 6,12-16
2eme lecture : 1ère Lettre aux Thessaloniciens 4,13-18
Evangile : Matthieu 25,1-13
Homélie du F.Matthieu
La parabole des dix jeunes filles, si célèbre qu'elle soit, n'est pas si simple à comprendre dans son enseignement pour nous aujourd’hui. La première lecture tirée du Livre de la Sagesse peut nous y aider. Il y a entre ces deux textes un mot qui revient en écho : Veiller !
Veiller : "celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci" dit le Livre de la Sagesse. "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure" demande Jésus au terme de la Parabole. Deux emplois différents, mais qui peuvent se rejoindre.
Que veut dire Jésus lorsqu’il nous invite à "veiller" ?
L’évangile de Matthieu parle à des chrétiens qui s'attendaient à voir le retour du Christ très bientôt, et qui s’inquiètent de ce retard apparent ! Certains se sont endormis dans la mort. D’autres s’assoupissent et perdent leur ferveur, se perdent dans les soucis du monde… La parabole se fait réaliste : "comme l'Epoux tardait", les dix jeunes filles "s'assoupirent toutes". Mais "les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, des flacons d’huile". On a beaucoup conjecturé, au cours des siècles, sur ce que représentait cette "huile"... Ce qui est sûr, c'est que ces "prévoyantes" sont prêtes pour l'arrivée de l'Epoux : elles ont "veillé" à ce que la lumière ne leur manque pas au-delà de la nuit et du sommeil inévitable de cette vie. Elles pourraient dire, comme la bien-aimée du Cantique des Cantiques : "Je dors, mais mon cœur veille".
La lecture de la Sagesse nous éclaire encore sur ce qu'est cette "veille".
Dans ce texte, "veiller" c’est "chercher" la Sagesse, c'est-à-dire pour nous, le Christ, d’en faire le premier objet de nos "désirs", de "l'aimer" au profond de notre cœur. Une vie tournée vers le Christ, qui ait son sens dans le Christ, quelle que soit notre situation personnelle ou professionnelle. Alors, au-delà du sommeil, nos "lampes" seront prêtes, et nous pourrons accueillir le Seigneur lorsqu’il "vient à notre rencontre", comme le dit la Parabole, nous pourrons entrer "dans la salle des noces" "quand l'Epoux arrivera" enfin.
Les cinq autres jeunes filles étaient "invitées", elles aussi, mais leur "insouciance" évoque un éparpillement hors de l'essentiel, elles ont perdu le sens de cette recherche de Dieu que décrit si bien le passage de la Sagesse. Elles ne sont pas "prêtes" quand arrive l'Epoux. Et Jésus est sévère avec elles : "Je ne vous connais pas" – l’avertissement est en fait pour nous : ne perdons pas notre vie ici-bas, soyons en quête de Dieu quelle que soit l’obscurité ou la longueur des jours, attentif à l’appel inlassable de l’évangile au profond de notre cœur pour le service de nos frères et sœurs.
Attardons nous pour conclure sur un autre mot, commun, du moins dans la traduction française, aux trois lectures de ce dimanche : le mot "rencontre".
Dans la 1ère lecture, c'est la Sagesse qui "vient à la rencontre" de ceux qui "sont dignes d’elle", constants dans leur recherche. Dans les deux autres textes, ce qui est évoqué, c’est la rencontre du Seigneur : ce sont les "jeunes filles" et "nous" qui allons "à la rencontre du Seigneur" et c’est surtout le Seigneur "qui descend" à notre rencontre.
Laissons-nous guider par ce rapprochement.
La 2ème lecture avec d'autres images que la parabole de Jésus – celles des "apocalypses" courantes à l'époque – reprend le même thème : la résurrection des morts est, dans le Christ, notre avenir, et, pour les morts ressuscités comme pour les ‘encore vivants’ à ce moment-là, elle est rencontre avec le Seigneur ! Et c’est "le Seigneur lui-même qui descend du ciel" pour venir à notre rencontre.
De même, dans la parabole, les dix jeunes filles "sortent à la rencontre de l'Epoux", mais elles ne vont pas bien loin : c'est "l'Epoux" qui vient, c'est "lui qui arrive" à leur rencontre.
Ainsi, toute notre vie devrait être "veille" et marche "à la rencontre du Seigneur", mais il faut surtout comprendre que c’est d’abord lui, Jésus le Ressuscité, qui vient à notre rencontre. Un jour nous serons pleinement "avec lui, c'est notre "espérance". Mais le passage de la Sagesse nous dit qu'il est aussi "avec nous" dès à présent, si nous le cherchons, qu'il ne demande qu'à se laisser "trouver" pour marcher avec nous vers la rencontre.
"Veiller", cela doit d’abord signifier l’attention à la présence du Christ dans toute notre vie, car la "Sagesse" nous devance toujours :"Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte... dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre."
"Veiller", c’est "sortir à la rencontre" du Seigneur Jésus, mais c’est d’abord et surtout être à attentif à sa présence, à "sa venue", car il ne cesse de venir à notre rencontre… aux jours de notre vie, au bout de notre nuit ! - 12 novembre 2017
Année A - 31e dimanche du TO - 5 novembre 2017
Mal 1/14b-2/2b.8-10, 1 The 2/7b-9.13 Mt 23/1-12.
Homélie du F.Cyprien
« Ne vous faites pas donner le nom de Rabbi… Ne vous faites pas non plus appeler maîtres » …Ne donnez à personne le nom de Père…
Les petits enfants (et les grands aussi !) devraient-ils renoncer à dire « Père » ou « Papa » à leur propre père… ?
Vous ne trouvez pas qu’avec un Evangile pareil, on est mal ? … pas trop à l’aise avec ces paroles catégoriques de Jésus … du moins les notables, les notaires, les prêtres, les Révérends Pères, ceux qui se font appelés Docteur, Eminence, … « Eminence » : vous vous rendez compte ! Et je n’ai rien contre les cardinaux de sainte Eglise…
« Sa Sainteté le pape François », cela sonne mal maintenant que nous connaissons François : que je sache, il ne doit pas aimer être appelé Sa Sainteté…
Cela me rappelle le petit enfant bien briefé par sa mère avant la venue de « Monseigneur l’évêque » ; ce dernier venait manger à la maison (tu seras polie, tu répondras quand Monseigneur te posera des questions, etc) : quand l’évêque arrive et sonne à la porte, la gamine, trop heureuse de faire l’accueil, se précipite à la porte, ouvre et crie à sa mère : « Maman, c’est ton seigneur qui est arrivé ! »
…le nom de Rabbi… le nom de Père… ne vous faites pas non plus appeler maîtres »
Il y aurait des passages de la bible que nous avons lus et entendus …et qui ne nous gênent pas ?...
L’essentiel, c’est surtout le début et la fin du passage :
« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé ».
C’est cela que Jésus veut dire à tous, cela depuis deux mille ans… aux « révérends pères » mais aussi à tous les chrétiens qui se disent ses disciples.
Quand Jésus parlait aux scribes et aux pharisiens, il fustigeait des actes tordus, des comportements hypocrites, des consciences aveuglées :
« N’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ».
Ce danger est de toujours… et toujours possible : ne pas conformer nos actes à nos paroles.
A priori nous sommes convaincus que les hommes sont tous frères : déjà du temps du prophète Malachie les prêtres étaient accusés : « de ne pas glorifier le Nom de Dieu… ils ne prennent pas à cœur de rappeler que nous avons tous le même Père »…
Nous touchons ici le cœur de la vie et de l’enseignement de Jésus, lui le Fils, lui qui a voulu transmettre son zèle pour la gloire de Dieu, son Père.
J’imagine que Jésus enfant, éduqué par sa mère, avait entendu d’elle lui expliquer : son vrai père était le Dieu du Ciel et de la terre ; Joseph était le père qu’ici-bas Dieu lui avait donné. Cela n’était-il pas suffisant pour qu’ensuite Jésus nous dise à nous : « vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »… ?
Les apôtres en prêchant l’Evangile annoncent le Règne de Dieu : témoins de la Résurrection, ils disent qu’au centre de leur message il y a Dieu, le Père, au cœur de la bonne Nouvelle il y a la personne du Père qui veut rassembler ses enfants autour du Christ, le Fils bien-aimé…
Dire et ne pas faire, charger les autres de fardeaux que nous ne voudrions pas porter… nous connaissons !
La Parole de Dieu nous emmène là nous ne voudrions pas forcément aller : prendre conscience une fois encore que nous sommes loin d’être les disciples du Christ que nous avions rêvé d’être !
L’Evangile entendu ce dimanche, et tous les autres, est-il proclamé pour nous culpabiliser un peu plus ? Non, vraiment, car c’est Dieu qui nous parle … il est le médecin de nos âmes : il est venu nous sauver de ce qui nous enferme, de ce qui nous laisse collés à notre médiocrité.
La communauté chrétienne reçoit la force de l’Esprit de Dieu : ensemble, pécheurs pardonnés nous venons célébrer la Bonté et la Miséricorde qui viennent du Père.
Il nous faudra toujours un peu d’humour pour accepter que nous avons soif de notoriété : nous ne sommes pas prêts spontanément à vouloir être les derniers, nous faisant les serviteurs (les « larbins ») de nos frères.
Avant de mériter peut-être d’être appelé un jour « Grand Serviteur de l’Etat », un ministre - le premier ou les autres - doit se rappeler que le mot ministre est équivalent à « serviteur »…Dans la société civile les mots, les titres et les habitudes dérapent aussi!
Ne plus vouloir être appelé Père, Révérend Père, Eminence…
Nous sommes tous frères par le baptême … Chaque rassemblement chrétien non seulement le rappelle, mais chaque Eucharistie le célèbre, avec le Fils bien-aimé, le frère de tous, notre Seigneur Jésus, présence agissante dans l’Esprit.
Remercions Dieu pour sa Parole qui nous bouscule encore aujourd’hui. - 5 novembre 2017
***
COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS - 2 novembre2017
Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40
Homélie du Père Abbé Luc
Toute la bible est traversée par un immense élan de vie, à l’image des lectures entendues ce matin. Elan de vie qui bute sur la mort et toutes ses manifestations mais qui ne s’arrête pas. Car Dieu est là avec son peuple pour l’éduquer et de le conduire à la vie. Et Jésus vient apporter le sceau à cette lente pédagogie divine. Croire en Lui, lui faire confiance, c’est dès maintenant avoir part à la vie éternelle, à cette vie qui ne finit pas. Et Jésus nous fait la promesse qu’il nous ressuscitera avec lui au dernier jour. Ainsi, Lui sommes-nous liés d’une manière très étroite, qui fait dire à Paul, que nous lui appartenons depuis notre baptême. Plongés dans la mort de Jésus, nous vivons désormais de sa vie. Nous vivons et nous mourons pour lui… C’est cette foi qui nous donne l’audace de prier en ce jour pour tous nos défunts, ceux qui ont appartenu au Christ par le baptême, comme tous les autres. Notre prière filiale et confiante en la miséricorde de notre Père des cieux, se veut éminemment fraternelle. Comme des frères qui se savent appartenir à une même famille humaine aimée par Dieu, nous souhaitons pour tous les défunts la même chose que nous espérons pour nous : qu’ils goûtent en plénitude la vie divine en Christ. Notre propre faiblesse, nos inconstances à croire et à aimer, nos refus parfois, nous rendent plus sensibles aux obstacles qui ont pu se lever sur leurs chemins humains. Aussi dans une commune conscience de notre condition de pécheur, prions-nous pour eux en les associant à notre commune espérance d’être sauvés. Avec toute l’Eglise notre mère, comme des frères, nous confions nos frères humains au Premier Né d’entre les morts. Qu’Il « ouvre à nos défunts sa maison de lumière et de paix ». - 2 novembre 2017
TOUSSAINT 2017
Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Hier, au téléphone quelqu’un, en me souhaitant une bonne fête de Toussaint, concluait avec une définition de la sainteté qu’il avait entendue : « les saints sont ceux qui sont aimés de Dieu »…Définition toute simple qui nous place dans le regard de Dieu. Aux yeux de Dieu, toute femme et tout homme est digne de son amour… Le regard aimant que Dieu porte sur chacun est don de sainteté…
Peut-être me direz-vous que c’est un peu simple et un peu rapide… Il est vrai que ce n’est pas spontanément notre manière de définir la sainteté. Nous mettons l’accent sur une perfection de vie qui distingue certains hommes et femmes du commun des autres mortels… L’Eglise elle-même ne reconnait-elle pas des figures qu’elle nous donne en exemple ? C’est vrai. Pourtant, cette fête de Toussaint n’oriente-t-elle pas notre regard dans le sens d’une sainteté offerte à tous comme une promesse ? La foule immense, impossible à dénombrer de l’apocalypse et les bienheureux que Jésus reconnait dans l’évangile ne nous invitent-ils pas à élargir notre conception de la sainteté… Moins qu’une performance réalisée n’est-elle pas avant tout un don gratuit, immérité, de la part de Dieu ? Le don de son amour est un amour qui sanctifie, qui fait de cet être de chair fragile que nous sommes, un être digne de respect, un être saint. L’amour de Dieu pour tous est une élection, un choix qui fait de nous des saints, des élus. Paul suggère que ce choix Dieu l’a fait de toute éternité quand il affirme aux Ephésiens, « qu’avant la création du monde, nous avons été appelés à être saints et irréprochables devant Dieu » (Ep 1,4) Oui frères et sœurs, peut-être nous faut-il en ce jour de fête, entrer dans cette vision. « Dieu qui seul est saint », comme nous le prierons dans l’oraison finale, nous offre sa sainteté par le fait même qu’il porte sur nous un regard d’amour, qui que nous soyons, et cela depuis la création du monde…
Mais me direz-vous, si tous sont saints, faut-il encore distinguer certains parmi les humains pour les appeler Saint François, Sainte Thérèse ? Que fait l’Eglise quand elle nous les propose en exemple ? Ne nous donne-t-elle pas à voir des personnes en qui la sainteté de Dieu a trouvé son plein accomplissement ? Oui, les innombrables saints que notre calendrier ne peut contenir, ont laissé prendre corps dans leur existence la sainteté de Dieu. Ils ont reconnu et pris au sérieux l’amour de Dieu pour eux. Et cet amour a transfiguré leur vie. Ils sont devenus des icônes de l’amour de Dieu. Ceux qui les ont approchés, ont été touchés et aidés par eux dans leur propre accueil de la sainteté offerte par Dieu. Les saints nous font pressentir jusqu’où peut aller l’amour de Dieu dans une vie humaine quand nous l’accueillons vraiment. Dès lors, nous pouvons regarder les saints que l’Eglise met à l’honneur, comme nos amis. Ces amis de Dieu deviennent nos amis, des compagnons fidèles sur nos routes humaines. Les regarder, les écouter nous dire leur recherche et leur combat sera un appui dans notre accueil de l’amour de Dieu. Peut-être telle figure de saint nous parlera davantage ? Soyons heureux de trouver en lui, en elle le soutien sur notre chemin de sainteté. Soutien de leurs écrits, ou de leur exemple… Soutien de leur prière eux qui partagent maintenant dans la pleine lumière la sainteté de Dieu. Ils goûtent déjà la joie promise au banquet préparé par Dieu.
Et nous pèlerins sur cette terre, déjà marqués du sceau de l’amour de Dieu, entrons en cette eucharistie, dans l’action de grâce du Christ et recevons le pain de la route qu’Il est lui-même.
- 1 Novembre 2017
Année A - 30ème Dimanche du T.O. - 29 Octobre 2017'
Ex 22.20 ... 26 1 Th1 SC ... 1 0 Mt 22.34 .. .40
Homélie du Frère Antoine
Frères et Sœurs, la question posée à Jésus est une question
récurrente qui affronte nos vies envahies par nos occupations matérielles. Quelle est la plus
grande, la plus intime dynamique de notre vie ... chercher Dieu ou chercher l'humain ?
Quel doit être le centre de notre vie: La mystique ou la politique? une vie ou l'amour du
prochain a sa place ... ou une vie guidée, dominée, par notre intérêt ?
Quel mystère que l'Amour !
- Comment se fait-il que l'homme pour acquérir sa taille d'homme ... son plein
. développement...ait besoin du regard aimant d'un autre, des autres ?
- Comment se fait-il que notre regard sur le prochain, s'il est fait d'estime ... de respect...de
confiance puisse révéler notre prochain .. à lui-même et le conforter dans sa personnalité ... ?
Mais il y a plus mystérieux!
- Comment se fait-il que Dieu -lui aussi- entre dans cette fécondité de l'amour. .. comme si
Dieu avait besoin de l'amour total de l 'homme pour être totalement Dieu ?
«Maître, quel est le plus grand commandement 7 » ... c'est-à-dire quel est ce que
Dieu attend de nous de plus grand? Quelle est la réponse humaine à laquelle il attache le
plus grand prix ? ... L'évangile nous donne la réponse ... elle peut paraître ... banale ... toute
simple ... en réalité ... elle est extraordinairement difficile à réaliser. On lit dans la vie des
Saints combien au moment de leur mort, ont imploré ... le pardon et la miséricorde de Dieu
pour leurs manques d'amour.
C'est que l'Amour dans la bouche de Jésus, n'est pas de l'ordre du simple conseil
ou du facultatif, il n'est pas du domaine de l'attirance ou de la séduction ni une proposition
sublime pour des chrétiens parfaits, l'amour dans la bouche de Jésus est de l'ordre de
l'impératif. .. Tu aimeras !.. Dieu ... ton prochain ... comme toi-même.
C'est-à-dire que tu n'es pas libre, toi qui est marqué du sceau du Baptême ... de refuser
cette capacité d'amour mise en toi pour répondre de tout ton être à l'attente personnelle de
Dieu ... tu n'es pas Ii bre de laisser en jachères ces dons, ces forces que tu as reçus pour
donner et. .. recevoir car aimer ... c'est aussi ... être capable de recevoir!
« Tu aimeras» là est l'accomplissement de la volonté du Père, réunissant l'humanité
entière sous un seul chef, le Christ ...
« Tu aimeras». .. mais de tout ton cœur, de toute âme, de tout ton esprit. ..
Radicalité qui nous renvoie à celle de Jésus dans sa Passion « Il n'y a pas de plus
grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » ...
Radicalité qui est celle de la « Folie de l'Evg » ... Qui veut être mon disciple, qu'il quitte
Père, Mère, tous ses biens ... ton œil te conduit à pécher? arrache-le. .. vous aimez vos amis,
moi, je vous dis, aimez vos ennemis.
En ce mois d'Octobre où l'Eglise fait mémoire de ces fous de Dieu tel François
d'Assise, Thérèse de l'enfant Jésus, tous ont incarné, certains jusqu'au martyre cette Parole,
qui, à elle seule, résume l'Evg comme la vie de Notre Seigneur.... « Tu aimeras! » -
29 octobre 2017