vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 26 novembre 2017 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - Fête du crist-Roi - 26 novembre 2017

Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28 ; Mt 25 31-46;

Homélie du F.Hubert

Texte :

Contraste étonnant, en cet évangile, entre un évènement grandiose :

le FH, escorté de tous les anges, venant dans sa gloire, siégeant sur son trône de gloire,

avec toutes les nations, de tous lieux et de tous âges,

et les situations ordinaires de notre vie humaine auquel son jugement se réfère :

avoir faim et soif, être étranger, nu, malade, en prison.

Rencontre du FH dans sa gloire,

rencontre des hommes et des femmes dans notre quotidien

Rencontre du FH dans ses frères et sœurs.

Le FH, appelé "le Roi",

révèle à cette foule sans limites,

qu'en tous les petits qui étaient dans le besoin et qu'il appelle "ses frères",

c'était lui que, sans le savoir, ils ont rencontré et servi, ou ignoré et abandonné.

En effet, ce roi qui vient dans sa gloire, est déjà venu dans l’humilité,

la dépendance et la souffrance.

Il s'est fait l'un de nous. Il s'identifie à chacun de nous.

"Le FH a été livré pour être crucifié."

"Les grands prêtres et les anciens sont tombés d'accord

pour l'arrêter par ruse et le tuer."

Le FH est pour toujours l'homme arrêté, condamné, abandonné, tué.

Dès sa naissance, Mt nous le montre en danger de mort :

Hérode veut le tuer et l'enfant doit fuir en Égypte.

Mais au moment de la Passion, il n'est plus question de fuir.

"Le FH est venu non pour être servi mais pour servir

et donner sa vie en rançon pour la multitude." (20, 28)

Il s'est fait, en perfection, notre prochain, en prenant sur lui nos épreuves.

Parce qu’il s'est fait notre frère, nous sommes ses frères,

et la manière dont nous nous traitons les uns les autres le touche directement.

"Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères,

c'est à moi que vous l'avez fait."

Lui-même est l'un de ces petits qui ont besoin de présences attentives :

"Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,

mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours."

Sa vie a du prix comme celle de ses frères, et celle de ses frères comme la sienne.

Qui prendra soin de lui ?

Nous ne pouvons le rejoindre en Palestine, 2000 ans en arrière.

Nous pouvons le rejoindre aujourd'hui en chacun de ceux qui nous entourent.

Nous sommes devant notre Seigneur chaque fois que nous sommes devant notre prochain,

et c’est tous les jours.

Cela est vrai pour ceux qui ont mis leur foi dans le Christ,

et pour les innombrables êtres humains qui n'auront jamais entendu parler du Christ et cru en lui.

Tous ceux qui auront posé les gestes de la miséricorde, de la solidarité, du respect,

le Christ les appellera les "bénis du Père".

Je ne peux pas ne pas reprendre à nouveau les paroles du pape François pour la journée mondiale des pauvres, dimanche dernier :

Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêque Chrysostome : « Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité. »

Bénies, les mains qui surmontent toutes les barrières de culture, de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité. Bénies, les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans ‘‘si’’, sans ‘‘mais’’ et sans ‘‘peut-être’’ : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu.

Les mains du Christ sont des mains qui font descendre sur nous tous, sur tous les hommes,

la bénédiction de Dieu.

Cet évangile nous invite à un style de vie, celui que nous montre Jésus de Nazareth, notre Seigneur. Soyons disciples-missionnaires en vivant comme Jésus a vécu.

Dans chaque eucharistie nous célébrons l’amour avec lequel il a versé son sang pour la multitude. Ne faisons pas la comptabilité de nos bonnes œuvres et de nos omissions, ou de celles des autres,

confions-nous en l'œuvre de guérison et de salut qu’il a accomplie pour tous.

Espérons et prions pour tous, car il est venu non seulement soulager ceux qui souffrent,

mais guérir et réconcilier ceux qui commettent le mal, et ceux-là même qui donnent la mort.

Les mains du Christ, recouvrant et guérissant tout homme,

nous pouvons espérer qu’il n'y aura personne à la gauche du Roi…

Prier pour cela, c’est déjà faire en notre cœur œuvre de réconciliation, nous faire solidaires,

comme le Christ s’est fait solidaire.

En Jésus, Dieu et l’homme, c’est tout un.

Prenons soin de lui qui a pris soin de nous.

A lui appartiennent le règne, la puissance et la gloire. Amen !

Notre humanité n’appartient pas à la mort mais à la vie. - 26 novembre 2017

Homélie du 12 novembre 2017 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année A
Info :

Année A - 32ème Dimanche du Temps ordinaire – 12 novembre 2017

1ere lecture : Livre de la Sagesse 6,12-16

2eme lecture : 1ère Lettre aux Thessaloniciens 4,13-18

Evangile : Matthieu 25,1-13

Homélie du F.Matthieu

Texte :

La parabole des dix jeunes filles, si célèbre qu'elle soit, n'est pas si simple à comprendre dans son enseignement pour nous aujourd’hui. La première lecture tirée du Livre de la Sagesse peut nous y aider. Il y a entre ces deux textes un mot qui revient en écho : Veiller !

Veiller : "celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci" dit le Livre de la Sagesse. "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure" demande Jésus au terme de la Parabole. Deux emplois différents, mais qui peuvent se rejoindre.

Que veut dire Jésus lorsqu’il nous invite à "veiller" ?

L’évangile de Matthieu parle à des chrétiens qui s'attendaient à voir le retour du Christ très bientôt, et qui s’inquiètent de ce retard apparent ! Certains se sont endormis dans la mort. D’autres s’assoupissent et perdent leur ferveur, se perdent dans les soucis du monde… La parabole se fait réaliste : "comme l'Epoux tardait", les dix jeunes filles "s'assoupirent toutes". Mais "les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, des flacons d’huile". On a beaucoup conjecturé, au cours des siècles, sur ce que représentait cette "huile"... Ce qui est sûr, c'est que ces "prévoyantes" sont prêtes pour l'arrivée de l'Epoux : elles ont "veillé" à ce que la lumière ne leur manque pas au-delà de la nuit et du sommeil inévitable de cette vie. Elles pourraient dire, comme la bien-aimée du Cantique des Cantiques : "Je dors, mais mon cœur veille".

La lecture de la Sagesse nous éclaire encore sur ce qu'est cette "veille".

Dans ce texte, "veiller" c’est "chercher" la Sagesse, c'est-à-dire pour nous, le Christ, d’en faire le premier objet de nos "désirs", de "l'aimer" au profond de notre cœur. Une vie tournée vers le Christ, qui ait son sens dans le Christ, quelle que soit notre situation personnelle ou professionnelle. Alors, au-delà du sommeil, nos "lampes" seront prêtes, et nous pourrons accueillir le Seigneur lorsqu’il "vient à notre rencontre", comme le dit la Parabole, nous pourrons entrer "dans la salle des noces" "quand l'Epoux arrivera" enfin.

Les cinq autres jeunes filles étaient "invitées", elles aussi, mais leur "insouciance" évoque un éparpillement hors de l'essentiel, elles ont perdu le sens de cette recherche de Dieu que décrit si bien le passage de la Sagesse. Elles ne sont pas "prêtes" quand arrive l'Epoux. Et Jésus est sévère avec elles : "Je ne vous connais pas" – l’avertissement est en fait pour nous : ne perdons pas notre vie ici-bas, soyons en quête de Dieu quelle que soit l’obscurité ou la longueur des jours, attentif à l’appel inlassable de l’évangile au profond de notre cœur pour le service de nos frères et sœurs.

Attardons nous pour conclure sur un autre mot, commun, du moins dans la traduction française, aux trois lectures de ce dimanche : le mot "rencontre".

Dans la 1ère lecture, c'est la Sagesse qui "vient à la rencontre" de ceux qui "sont dignes d’elle", constants dans leur recherche. Dans les deux autres textes, ce qui est évoqué, c’est la rencontre du Seigneur : ce sont les "jeunes filles" et "nous" qui allons "à la rencontre du Seigneur" et c’est surtout le Seigneur "qui descend" à notre rencontre.

Laissons-nous guider par ce rapprochement.

La 2ème lecture avec d'autres images que la parabole de Jésus – celles des "apocalypses" courantes à l'époque – reprend le même thème : la résurrection des morts est, dans le Christ, notre avenir, et, pour les morts ressuscités comme pour les ‘encore vivants’ à ce moment-là, elle est rencontre avec le Seigneur ! Et c’est "le Seigneur lui-même qui descend du ciel" pour venir à notre rencontre.

De même, dans la parabole, les dix jeunes filles "sortent à la rencontre de l'Epoux", mais elles ne vont pas bien loin : c'est "l'Epoux" qui vient, c'est "lui qui arrive" à leur rencontre.

Ainsi, toute notre vie devrait être "veille" et marche "à la rencontre du Seigneur", mais il faut surtout comprendre que c’est d’abord lui, Jésus le Ressuscité, qui vient à notre rencontre. Un jour nous serons pleinement "avec lui, c'est notre "espérance". Mais le passage de la Sagesse nous dit qu'il est aussi "avec nous" dès à présent, si nous le cherchons, qu'il ne demande qu'à se laisser "trouver" pour marcher avec nous vers la rencontre.

"Veiller", cela doit d’abord signifier l’attention à la présence du Christ dans toute notre vie, car la "Sagesse" nous devance toujours :"Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte... dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre."

"Veiller", c’est "sortir à la rencontre" du Seigneur Jésus, mais c’est d’abord et surtout être à attentif à sa présence, à "sa venue", car il ne cesse de venir à notre rencontre… aux jours de notre vie, au bout de notre nuit ! - 12 novembre 2017

Homélie du 05 novembre 2017 — 31e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année A
Info :

Année A - 31e dimanche du TO - 5 novembre 2017

Mal 1/14b-2/2b.8-10, 1 The 2/7b-9.13 Mt 23/1-12.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

« Ne vous faites pas donner le nom de Rabbi… Ne vous faites pas non plus appeler maîtres » …Ne donnez à personne le nom de Père…

Les petits enfants (et les grands aussi !) devraient-ils renoncer à dire « Père » ou « Papa » à leur propre père… ?

Vous ne trouvez pas qu’avec un Evangile pareil, on est mal ? … pas trop à l’aise avec ces paroles catégoriques de Jésus … du moins les notables, les notaires, les prêtres, les Révérends Pères, ceux qui se font appelés Docteur, Eminence, … « Eminence » : vous vous rendez compte ! Et je n’ai rien contre les cardinaux de sainte Eglise…

« Sa Sainteté le pape François », cela sonne mal maintenant que nous connaissons François : que je sache, il ne doit pas aimer être appelé Sa Sainteté…

Cela me rappelle le petit enfant bien briefé par sa mère avant la venue de « Monseigneur l’évêque » ; ce dernier venait manger à la maison (tu seras polie, tu répondras quand Monseigneur te posera des questions, etc) : quand l’évêque arrive et sonne à la porte, la gamine, trop heureuse de faire l’accueil, se précipite à la porte, ouvre et crie à sa mère : « Maman, c’est ton seigneur qui est arrivé ! »

…le nom de Rabbi… le nom de Père… ne vous faites pas non plus appeler maîtres »

Il y aurait des passages de la bible que nous avons lus et entendus …et qui ne nous gênent pas ?...

L’essentiel, c’est surtout le début et la fin du passage :

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé ».

C’est cela que Jésus veut dire à tous, cela depuis deux mille ans… aux « révérends pères » mais aussi à tous les chrétiens qui se disent ses disciples.

Quand Jésus parlait aux scribes et aux pharisiens, il fustigeait des actes tordus, des comportements hypocrites, des consciences aveuglées :

« N’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ».

Ce danger est de toujours… et toujours possible : ne pas conformer nos actes à nos paroles.

A priori nous sommes convaincus que les hommes sont tous frères : déjà du temps du prophète Malachie les prêtres étaient accusés : « de ne pas glorifier le Nom de Dieu… ils ne prennent pas à cœur de rappeler que nous avons tous le même Père »…

Nous touchons ici le cœur de la vie et de l’enseignement de Jésus, lui le Fils, lui qui a voulu transmettre son zèle pour la gloire de Dieu, son Père.

J’imagine que Jésus enfant, éduqué par sa mère, avait entendu d’elle lui expliquer : son vrai père était le Dieu du Ciel et de la terre ; Joseph était le père qu’ici-bas Dieu lui avait donné. Cela n’était-il pas suffisant pour qu’ensuite Jésus nous dise à nous : « vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »… ?

Les apôtres en prêchant l’Evangile annoncent le Règne de Dieu : témoins de la Résurrection, ils disent qu’au centre de leur message il y a Dieu, le Père, au cœur de la bonne Nouvelle il y a la personne du Père qui veut rassembler ses enfants autour du Christ, le Fils bien-aimé…

Dire et ne pas faire, charger les autres de fardeaux que nous ne voudrions pas porter… nous connaissons !

La Parole de Dieu nous emmène là nous ne voudrions pas forcément aller : prendre conscience une fois encore que nous sommes loin d’être les disciples du Christ que nous avions rêvé d’être !

L’Evangile entendu ce dimanche, et tous les autres, est-il proclamé pour nous culpabiliser un peu plus ? Non, vraiment, car c’est Dieu qui nous parle … il est le médecin de nos âmes : il est venu nous sauver de ce qui nous enferme, de ce qui nous laisse collés à notre médiocrité.

La communauté chrétienne reçoit la force de l’Esprit de Dieu : ensemble, pécheurs pardonnés nous venons célébrer la Bonté et la Miséricorde qui viennent du Père.

Il nous faudra toujours un peu d’humour pour accepter que nous avons soif de notoriété : nous ne sommes pas prêts spontanément à vouloir être les derniers, nous faisant les serviteurs (les « larbins ») de nos frères.

Avant de mériter peut-être d’être appelé un jour « Grand Serviteur de l’Etat », un ministre - le premier ou les autres - doit se rappeler que le mot ministre est équivalent à « serviteur »…Dans la société civile les mots, les titres et les habitudes dérapent aussi!

Ne plus vouloir être appelé Père, Révérend Père, Eminence…

Nous sommes tous frères par le baptême … Chaque rassemblement chrétien non seulement le rappelle, mais chaque Eucharistie le célèbre, avec le Fils bien-aimé, le frère de tous, notre Seigneur Jésus, présence agissante dans l’Esprit.

Remercions Dieu pour sa Parole qui nous bouscule encore aujourd’hui. - 5 novembre 2017

***

Homélie du 02 novembre 2017 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS - 2 novembre2017

Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Toute la bible est traversée par un immense élan de vie, à l’image des lectures entendues ce matin. Elan de vie qui bute sur la mort et toutes ses manifestations mais qui ne s’arrête pas. Car Dieu est là avec son peuple pour l’éduquer et de le conduire à la vie. Et Jésus vient apporter le sceau à cette lente pédagogie divine. Croire en Lui, lui faire confiance, c’est dès maintenant avoir part à la vie éternelle, à cette vie qui ne finit pas. Et Jésus nous fait la promesse qu’il nous ressuscitera avec lui au dernier jour. Ainsi, Lui sommes-nous liés d’une manière très étroite, qui fait dire à Paul, que nous lui appartenons depuis notre baptême. Plongés dans la mort de Jésus, nous vivons désormais de sa vie. Nous vivons et nous mourons pour lui… C’est cette foi qui nous donne l’audace de prier en ce jour pour tous nos défunts, ceux qui ont appartenu au Christ par le baptême, comme tous les autres. Notre prière filiale et confiante en la miséricorde de notre Père des cieux, se veut éminemment fraternelle. Comme des frères qui se savent appartenir à une même famille humaine aimée par Dieu, nous souhaitons pour tous les défunts la même chose que nous espérons pour nous : qu’ils goûtent en plénitude la vie divine en Christ. Notre propre faiblesse, nos inconstances à croire et à aimer, nos refus parfois, nous rendent plus sensibles aux obstacles qui ont pu se lever sur leurs chemins humains. Aussi dans une commune conscience de notre condition de pécheur, prions-nous pour eux en les associant à notre commune espérance d’être sauvés. Avec toute l’Eglise notre mère, comme des frères, nous confions nos frères humains au Premier Né d’entre les morts. Qu’Il « ouvre à nos défunts sa maison de lumière et de paix ». - 2 novembre 2017

Homélie du 01 novembre 2017 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

TOUSSAINT 2017

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Hier, au téléphone quelqu’un, en me souhaitant une bonne fête de Toussaint, concluait avec une définition de la sainteté qu’il avait entendue : « les saints sont ceux qui sont aimés de Dieu »…Définition toute simple qui nous place dans le regard de Dieu. Aux yeux de Dieu, toute femme et tout homme est digne de son amour… Le regard aimant que Dieu porte sur chacun est don de sainteté…

Peut-être me direz-vous que c’est un peu simple et un peu rapide… Il est vrai que ce n’est pas spontanément notre manière de définir la sainteté. Nous mettons l’accent sur une perfection de vie qui distingue certains hommes et femmes du commun des autres mortels… L’Eglise elle-même ne reconnait-elle pas des figures qu’elle nous donne en exemple ? C’est vrai. Pourtant, cette fête de Toussaint n’oriente-t-elle pas notre regard dans le sens d’une sainteté offerte à tous comme une promesse ? La foule immense, impossible à dénombrer de l’apocalypse et les bienheureux que Jésus reconnait dans l’évangile ne nous invitent-ils pas à élargir notre conception de la sainteté… Moins qu’une performance réalisée n’est-elle pas avant tout un don gratuit, immérité, de la part de Dieu ? Le don de son amour est un amour qui sanctifie, qui fait de cet être de chair fragile que nous sommes, un être digne de respect, un être saint. L’amour de Dieu pour tous est une élection, un choix qui fait de nous des saints, des élus. Paul suggère que ce choix Dieu l’a fait de toute éternité quand il affirme aux Ephésiens, « qu’avant la création du monde, nous avons été appelés à être saints et irréprochables devant Dieu » (Ep 1,4) Oui frères et sœurs, peut-être nous faut-il en ce jour de fête, entrer dans cette vision. « Dieu qui seul est saint », comme nous le prierons dans l’oraison finale, nous offre sa sainteté par le fait même qu’il porte sur nous un regard d’amour, qui que nous soyons, et cela depuis la création du monde…

Mais me direz-vous, si tous sont saints, faut-il encore distinguer certains parmi les humains pour les appeler Saint François, Sainte Thérèse ? Que fait l’Eglise quand elle nous les propose en exemple ? Ne nous donne-t-elle pas à voir des personnes en qui la sainteté de Dieu a trouvé son plein accomplissement ? Oui, les innombrables saints que notre calendrier ne peut contenir, ont laissé prendre corps dans leur existence la sainteté de Dieu. Ils ont reconnu et pris au sérieux l’amour de Dieu pour eux. Et cet amour a transfiguré leur vie. Ils sont devenus des icônes de l’amour de Dieu. Ceux qui les ont approchés, ont été touchés et aidés par eux dans leur propre accueil de la sainteté offerte par Dieu. Les saints nous font pressentir jusqu’où peut aller l’amour de Dieu dans une vie humaine quand nous l’accueillons vraiment. Dès lors, nous pouvons regarder les saints que l’Eglise met à l’honneur, comme nos amis. Ces amis de Dieu deviennent nos amis, des compagnons fidèles sur nos routes humaines. Les regarder, les écouter nous dire leur recherche et leur combat sera un appui dans notre accueil de l’amour de Dieu. Peut-être telle figure de saint nous parlera davantage ? Soyons heureux de trouver en lui, en elle le soutien sur notre chemin de sainteté. Soutien de leurs écrits, ou de leur exemple… Soutien de leur prière eux qui partagent maintenant dans la pleine lumière la sainteté de Dieu. Ils goûtent déjà la joie promise au banquet préparé par Dieu.

Et nous pèlerins sur cette terre, déjà marqués du sceau de l’amour de Dieu, entrons en cette eucharistie, dans l’action de grâce du Christ et recevons le pain de la route qu’Il est lui-même.

- 1 Novembre 2017

Homélie du 29 octobre 2017 — 30e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Année A - 30ème Dimanche du T.O. - 29 Octobre 2017'

Ex 22.20 ... 26 1 Th1 SC ... 1 0 Mt 22.34 .. .40

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Frères et Sœurs, la question posée à Jésus est une question

récurrente qui affronte nos vies envahies par nos occupations matérielles. Quelle est la plus

grande, la plus intime dynamique de notre vie ... chercher Dieu ou chercher l'humain ?

Quel doit être le centre de notre vie: La mystique ou la politique? une vie ou l'amour du

prochain a sa place ... ou une vie guidée, dominée, par notre intérêt ?

Quel mystère que l'Amour !

- Comment se fait-il que l'homme pour acquérir sa taille d'homme ... son plein

. développement...ait besoin du regard aimant d'un autre, des autres ?

- Comment se fait-il que notre regard sur le prochain, s'il est fait d'estime ... de respect...de

confiance puisse révéler notre prochain .. à lui-même et le conforter dans sa personnalité ... ?

Mais il y a plus mystérieux!

- Comment se fait-il que Dieu -lui aussi- entre dans cette fécondité de l'amour. .. comme si

Dieu avait besoin de l'amour total de l 'homme pour être totalement Dieu ?

«Maître, quel est le plus grand commandement 7 » ... c'est-à-dire quel est ce que

Dieu attend de nous de plus grand? Quelle est la réponse humaine à laquelle il attache le

plus grand prix ? ... L'évangile nous donne la réponse ... elle peut paraître ... banale ... toute

simple ... en réalité ... elle est extraordinairement difficile à réaliser. On lit dans la vie des

Saints combien au moment de leur mort, ont imploré ... le pardon et la miséricorde de Dieu

pour leurs manques d'amour.

C'est que l'Amour dans la bouche de Jésus, n'est pas de l'ordre du simple conseil

ou du facultatif, il n'est pas du domaine de l'attirance ou de la séduction ni une proposition

sublime pour des chrétiens parfaits, l'amour dans la bouche de Jésus est de l'ordre de

l'impératif. .. Tu aimeras !.. Dieu ... ton prochain ... comme toi-même.

C'est-à-dire que tu n'es pas libre, toi qui est marqué du sceau du Baptême ... de refuser

cette capacité d'amour mise en toi pour répondre de tout ton être à l'attente personnelle de

Dieu ... tu n'es pas Ii bre de laisser en jachères ces dons, ces forces que tu as reçus pour

donner et. .. recevoir car aimer ... c'est aussi ... être capable de recevoir!

« Tu aimeras» là est l'accomplissement de la volonté du Père, réunissant l'humanité

entière sous un seul chef, le Christ ...

« Tu aimeras». .. mais de tout ton cœur, de toute âme, de tout ton esprit. ..

Radicalité qui nous renvoie à celle de Jésus dans sa Passion « Il n'y a pas de plus

grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » ...

Radicalité qui est celle de la « Folie de l'Evg » ... Qui veut être mon disciple, qu'il quitte

Père, Mère, tous ses biens ... ton œil te conduit à pécher? arrache-le. .. vous aimez vos amis,

moi, je vous dis, aimez vos ennemis.

En ce mois d'Octobre où l'Eglise fait mémoire de ces fous de Dieu tel François

d'Assise, Thérèse de l'enfant Jésus, tous ont incarné, certains jusqu'au martyre cette Parole,

qui, à elle seule, résume l'Evg comme la vie de Notre Seigneur.... « Tu aimeras! » -

29 octobre 2017

Homélie du 22 octobre 2017 — 29e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année A
Info :

Année A - 29ème dim. du T.O. (22octobre 2017)

Is 45,1.4-6 ; 1 Th 1,1-5b ; Mt 22,15-21

Homélie du F.Bernard

Texte :



« Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46). C’est par ces mots que les gardes du Temple répondent au Grand Prêtre qui les a chargés d’arrêter Jésus. Peut-être cette parole nous revient-elle aussi en mémoire quand nous entendons certains évangiles, tant l’autorité de Jésus, son autorité divine, s’y manifeste ? N’y aurait-il pas déjà quelque chose de cela, dans l’Evangile de ce matin, quand les Pharisiens et les partisans d’Hérode, qui pourtant viennent tendre un piège à Jésus, lui disent au préalable : « Maître, tu es toujours vrai, et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ?

Car c’est bien un piège qui est tendu à Jésus, avec la question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur, à César ? » Toute réponse par oui ou par non, comme les adversaires de Jésus le demandent, serait fausse. L’impôt n’est pas de l’ordre de la permission. Il est imposé. Il oblige tous les sujets de la Palestine, sauf à vivre dans la clandestinité et la révolte ouverte, comme les Zélotes. Et la preuve que tous sont soumis au pouvoir romain est que tous ou presque ont dans leur poche ou leur bourse quelque pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur. Elle sert aux transactions commerciales. Elle est le signe concret de l’autorité de Rome.

Que répond Jésus ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Puisque vous utilisez la monnaie qui porte l’image de l’empereur, vous reconnaissez son autorité sur vous, reconnaissez du même coup que vous appartenez à Dieu, puisque vous êtes créés à l’image et ressemblance de Dieu, vous portez son image selon l’enseignement de la première page des Ecritures.

Jésus reconnait ainsi deux pouvoirs, et distingue deux autorités, l’autorité politique, chargée de la gestion de l’espace public et du bien des personnes, avec ses droits et devoirs, et l’autorité spirituelle qui procède de Dieu.

Rome a imposé son pouvoir sur la Palestine en l’an 63 avant Jésus-Christ, sous Pompée, pouvoir mal supporté certes par le nationalisme juif. Mais était-il plus mauvais que le pouvoir exercé auparavant par les ancêtres d’Hérode ? Pas si sûr ! Rome a apporté la paix, une paix armée sans doute, la Pax Romana, mais paix tout de même : ce n’est pas rien. Rome a construit dans tout l’empire un réseau de routes, ces voies romaines qui subsistent encore en bien des endroits dans tout le Bassin Méditerranéen : elles seront une grande aide pour la propagation de l’Evangile. Et Paul préférera se faire juger par la justice de Rome, plutôt que par le tribunal suprême de son peuple, le Sanhédrin de Jérusalem.

Jésus reconnait l’autorité de l’empereur, il reconnait l’autorité de Pilate, nommé par le pouvoir. Jugé par lui, lors de sa Passion, il dira : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19,11). Le prophète Isaïe pour sa part dans la première lecture appelait Cyrus, le vainqueur du roi de Babylone, qui autorisa les Juifs exilés à rejoindre leur patrie et à reconstruire le Temple de Jérusalem, en l’an 538 avant Jésus-Christ, le « consacré du Seigneur », littéralement le Messie du Seigneur. Un texte de l’Ecriture va même jusqu’à nommer Nabuchodonosor, le roi assyro-babylonien qui aura détruit Jérusalem en l’an 587 et exilé les Juifs, le « serviteur de Dieu « (Jr 27,6).

Mais l’autorité politique aura aussi à rendre compte de sa gestion du bien public, au jugement de Dieu. De plus son pouvoir reste limité. Il ne peut prétendre s’exercer sur les consciences. César n’est pas Dieu, ni Cyrus, ni Nabuchodonosor. Quand l’autorité de Rome tendra à être sacralisée, quand les empereurs exigeront des chrétiens qu’ils sacrifient aux dieux de Rome et qu’ils s’érigeront eux-mêmes en quasi-divinités, les chrétiens devront refuser d’obéir au nom de leur foi, préférant mourir plutôt que de sacrifier aux idoles. Cette semaine nous aurons célébré saint Ignace d’Antioche le célèbre évêque, martyr du IIème siècle, et aussi ces autres martyrs qui ont fondé notre Église de Sens-Auxerre, les saints Savinien et Potentien.

« Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Rm13,7), mais « rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est ce que nous voulons faire en cette eucharistie : offrir nos personnes et nos vies, en sacrifice saint, agréable à Dieu. C’est là le sacrifice spirituel que nous avons à rendre (Rm 12,1). - 22 octobre 2017

Homélie du 18 octobre 2017 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

ST LUC 18.10.2017

2 Tm 4, 9-17a ; Ps 144 ; Lc 10, 1-9

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Nous venons d’entendre Jésus qui confie leur lettre de mission aux 72 disciples, c’est-à-dire à chacun de nous. Comment recevoir cette lettre de mission aujourd’hui encore comme un envoi ? Plus précisément, comment à l’instar de tous les disciples de Jésus, pouvons-nous l’entendre, nous, moines, qui restons dans notre monastère ? Qu’est-ce qu’un moine missionnaire ?

Notre Père Muard pensait cette mission, comme la mission d’une communauté dont certains seraient adonnés davantage au silence, à la prière et au travail, d’autres à l’étude et à la prédication dans les paroisses à l’occasion de temps forts. A ses yeux, c’était toute la communauté qui était missionnaire, dans les différentes vocations qui la composaient. Depuis quelques décennies maintenant, nous avons retrouvé les intuitions de la règle de St Benoit sous laquelle le P. Muard s’était placé comme sous un guide sûr. La règle lue davantage dans sa dynamique première nous offre les balises de notre chemin de disciples de Jésus. Nous nous adonnons en un même lieu, à la recherche de Dieu dans la prière, la vie fraternelle, le travail et l’accueil. Cette manière de chercher Dieu prend toute notre énergie. Sommes-nous pour autant moins disciples missionnaires que nos prédécesseurs ? L’évangile entendu ce matin nous offre des repères pour le vérifier…

Tout d’abord, Jésus demande de prier. Elle est le premier moment de la démarche missionnaire. Prier pour entrer dans le désir de Dieu de voir son règne s’étendre. Prier pour s’unir à son désir de susciter d’autres missionnaires.

Puis, les missionnaires que Jésus envoie le seront davantage par ce qu’ils sont et par leur manière de vivre que par leurs paroles. Les recommandations de Jésus touchent principalement le dépouillement dont les disciples doivent faire preuve – pas de bourse, ni de sac etc…Et plus profondément Jésus invite à la confiance à avoir en Dieu qui prendra soin des missionnaires à travers ceux qui les accueilleront et nourriront. Avant d’ouvrir la bouche les disciples missionnaires doivent montrer par leur vie dépouillée et confiante en la Providence de Dieu que vraiment Dieu règne et qu’Il est là prenant soin de ses amis. Dans une communauté monastique, nous voudrions apprendre cela, et personnellement et communautairement. Etre libre par rapport aux biens ou aux soucis matériels, surtout pas préoccupé à l’excès, ni encore moins avide au gain… Notre manière d’être ici est essentielle aux yeux de beaucoup qui sont loin de Dieu…que leur disons-nous ? Nous avons ici un premier lieu de notre mission.

Jésus invite ensuite ces disciples à annoncer la paix : « paix à cette maison »… avec cette mention que si cette paix n’est pas acceptée par les destinataires, elle revienne à ceux qui l’ont donnée…autrement que si la paix n’est pas reçue, que le disciple lui-même reste en paix et ne s’en trouble pas. St Benoit nous invite à rechercher, à poursuivre la paix. Nous savons le prix de ce labeur, et personnel et communautaire… Un labeur qui nous engage dans une exigeante connaissance de nous-mêmes ainsi que dans une patience redoublée vis-à-vis de nous-mêmes et de nos frères… La recherche de l’humilité à travers l’écoute et l’obéissance voudrait nous conduire vers cette paix qui s’épanouit en charité active. Pour Jésus, comme pour toute la tradition biblique, cette paix est une des manifestations de la venue du règne messianique. Oui, faire œuvre de paix en soi-même et avec nos frères, afin de faire de cette maison de prière une maison de paix, sera une autre part importante de notre vie missionnaire. Nos hôtes viennent chercher la paix, des mots peut-être, mais surtout un climat où la paix se respire. Peut-être alors, sans beaucoup de mots, notre vie fera signe que le Règle de Dieu s’est approché.

Que l’intercession de St Luc, disciple et apôtre, nous donne de désirer toujours progresser dans notre chemin monastique missionnaire pour dire combien le Règle de Dieu est proche et bon à accueillir. - 18 Octobre 2017

Homélie du 15 octobre 2017 — 28e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année A
Info :

Année A – 28° Dimanche du Temps ordinaire – 15 octobre 2017

Is 25 6-9 ; Phil 4 12-20 ; Mt 22 1-14

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

« Poser, plein de questions à Dieu, peut-être une manière élégante – et je dirai même valorisante – de l’empêcher Lui de poser sa question ». C’est ce qu’affirmait un cardinal, il y a bien 50 ans.

Mais pourquoi rappeler cela ? Parce que ce petit jeu stérile des questions sans fin peut nous tenter aussi dans la lecture des Écritures. Et ce n’est pas d’aujourd’hui. On se souvient du reproche de Jésus à des spécialistes de la loi : «Vous scrutez les Écritures, et puis quoi ? » Jn 5/30. Et Il les comparait même à des gamins sourds à toute invitation à se bouger.

Et notre parabole d’aujourd’hui, comparée au texte parallèle de Luc si limpide, se prête fort bien à ce jeu des questions. C’est facile de pointer les étrangetés (ces massacres, cette ville incendiée), les inconséquences, les contradictions avec d’autres pages des Ecritures. Tenez ! Ce mal poli qui ose se présenter au banquet en tous les jours et qui se voit renvoyer se rhabiller! Qu’en penser ? Si je me souviens de cet autre minable bien plus dépenaillé tout étonné, lui d’entendre : « Allons, vite la plus belle robe, l’anneau au doigt, des chaussures, la musique et les danses. A table pour un repas plantureux aux coupes débordantes » comme évoqué par la première lecture et son Psaume. Oui que de questions. Et les divergences dans les traductions, si on s’est entouré des Bibles disponibles : BJ, TOB, Maredsous, Bayard et j’en passe ! Faut-il les renvoyer dos à dos et attendre qu’elles se mettent d’accord. .. Attendre. Attendre tranquille.. Tranquille.

Et voilà bien émoussé le tranchant de la Parole. Et voilà bien étouffée la Parole vivante avant même d’avoir touchée l’oreille du cœur de vie - comme disait fortement Madeleine Delbrel qui avertissait « L’Evangile n’est pas fait pour les esprits inquiets, ou simplement curieux ; il est fait pour des disciples qui veulent obéir ».Ou encore : «Celui qui laisse pénétrer en lui – pénétrer en lui une seule parole du Seigneur ( comme nous le demandons à chaque Eucharistie) et la laisse s’accomplir en lui, celui-là connait plus l’Evangile que celui dont tout l’effort sera méditation abstraite et considérations historiques !

« Laisser pénétrer en soi une seule parole » Une seule ! Alors la parole d’aujourd’hui ? Son appel, c’est bien celui qui retentit d’un bout à l’autre des Ecritures, de la première page de la Genèse : « Adam Où es-tu ?Aux dernières de l’Apocalypse : « Venez venez aux noces ». Appel d’un Dieu qui invite « Venez tous invités ! »

Alors on fait quoi ? On se bouge, ou quoi ? Va-ton retourner à nos petites affaires ? On fait quoi ?

Prions les uns pour les autres. Demandons ce cœur profond qui écoute. Disponible. - 15 octobre 2017

Homélie du 08 octobre 2017 — 27e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - 27° dimanche du temps Ordinaire - 8 Octobre 2017

Is 5 1-7 ; Phil 4 6-9 ; Mt 21 33-43

Homélie du F.Damase

Texte :

En ce dimanche, Isaïe et Jésus évoque pour nous l’image de la Vigne, mais pas de la même façon.

Dans la 1° lecture, Isaïe chante l’amour de Dieu pour sa vigne. Un amour tendre et passionné. La vigne, c’est la maison d’Israël que Dieu a construite au fil des siècles; bien des prophètes l’ont arrosé de leur sueur, quelquefois de leur sang !! Dieu en prend soin, avec un très grand amour !! Il attendait de sa vigne de beaux raisins, mais elle ne lui a donné que de mauvais fruits. Il appelle Jérusalem à être juge entre lui et sa vigne; Dieu est d’une sévérité extrême envers sa vigne !! Évidemment Isaïe ne connaissait pas encore le Père de Jésus !!

Dans l’Evangile, Jésus utilise cette image de la vigne de façon différente. Le propriétaire de la vigne n’a pas de problème avec elle ; mais il l’a confiée à des vignerons qui, au lieu de lui consacrer toute leur énergie pour qu’elle porte de bons fruits, veulent en tirer le profit maximum. Ils vont aller jusqu’à tuer le fils, l’héritier de la vigne.

Évidemment, cette parabole adressée aux chefs des prêtres et aux pharisiens décrit leur propre attitude, tant vis à vis du peuple que vis-à-vis de Jésus lui-même, qu’ils mettront bientôt à mort !!

Et cependant, même à leur égard, l’attitude de Jésus est tout autre que celle du Bien-Aimé dans le chant d’Isaïe. Jésus n’est pas intéressé à punir. Il est seulement intéressé à ce que sa vigne porte du fruit, - que son peuple et son Eglise portent du fruit !!

Lorsqu’il pose la question « Quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ». Ses interlocuteurs lui répondent : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront le produit en temps voulu ».

Dans sa réaction, Jésus ne reprend que la seconde partie de leur réponse: « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit ». Jésus n’est pas intéressé par la punition, encore moins par la vengeance !!

De plus, il ne s’agit pas d’enlever le royaume aux juifs pour le donner aux païens ; comme pourrait le faire penser une lecture rapide et superficielle. En réalité la Maison de Dieu est et demeure le peuple choisi, auquel viennent s’ajouter les nations.

Ceux qui sont en cause, ce sont les pasteurs. Il y a là une leçon sévère pour tous ceux qui exercent un ministère dans le Peuple de Dieu. Ce ministère est pour le service du Peuple et non pour la satisfaction du ministre !!

Mais ce qui revient le plus fortement dans cette parabole, c’est la nécessité de porter du fruit. Cela nous concerne tous. Nous n’avons pas reçu le message évangélique pour notre satisfaction personnelle ou simplement pour « faire notre salut ». Nous l’avons reçu pour porter du fruit – des fruits de Justice et de Droiture, selon Isaïe !!

Tous ensembles nous sommes l’Église et l’Église existe pour « évangéliser le monde » !! Demandons-nous si, par notre façon de vivre, nous concourrons à répandre dans notre monde « la Joie et la Paix de l’Evangile » - l'attention aux paumés et aux immigrés, selon le désir du pape François !!