Homélies
Liste des Homélies
Année A – 1° dimanche de Carême - 5 mars 2017
Gen 2.7 – 3.7 ; Rom 5 12-19 ; Mt 4 1-11
Homélie du F.Jean-Noël
Avez-vous remarqué la prière d’ouverture, sa demande pour ce 1° dimanche de Carême ? Elle ne demande, ni le courage de jeûner trois fois par jour, ni le discernement pour savoir combien réduire café, sucrerie, vagabondage sur la toile et autres drogues. Rien de tout cela. Et cela m’est bien confirmé par le choix des lectures de ces jours-ci : les plus claires mises en garde, tant de l’AT que du NT.
Mais ce matin, c’est ceci : « Accorde-nous tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus-Christ, et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ». Rien que cela. Mais tout cela. Pour tout le Carême. Et pour que ce soit bien clair, nos deux lectures : la Genèse, l’Evangile. Deux chemins (puisque l’on parle de progression) deux chemins contrastés.
La Genèse, le chemin d’Adam. Premier matin du monde. Adam beau comme un dieu. Le jardin. Et curieusement, ce Satan est déjà-là, sans que l’on sache d’où il vient celui-là ! Peut être manière de dire la fragile condition humaine : on n’est pas des robots tout bien programmés. Il y aura à faire des choix, à se déterminer, Adam le premier. Une parole l’a créé, il vivra de la parole accueillie dans la confiance, à moins que… Et nous savons que cela s’est mal passé ! Ne lui jetons pas la pierre. Il était tout nouveau dans le jardin, et comme il sera dit plus tard du petit Samuel – et encore moins que lui, pas du tout habitué à entendre Dieu lui parler. De plus Eve, placée là pour l’aider, ne l’avait pas aidé. C’est le moins qu’on puisse dire. C’est déjà un avertissement pour nous.
Et maintenant, notre page d’Evangile : Dieu, après avoir parlé à bien des reprises et de bien des manières, parlé à des générations de « craignants Dieu », en combien de désert, d’Abraham à Joseph, à Marie, Dieu a parlé comme jamais encore : « Tu es mon Fils bien-aimé », il a parlé et il a été entendu comme jamais encore.
Nouvel Adam, Jésus n’a eu d’oreilles que pour cette parole là qui le constituait, qui le faisait vivre. C’était sa nourriture, le roc qui le fondait, le posait et cela seul. Rien d’autre !
Alors courir en quête de prestige, de notoriété, de ce pouvoir devant prétendument nous poser en homme, très peu pour lui. « Arrière Satan ».
Le choix de Jésus est fait. Tenir jusqu’au bout. Nous le voyons bien à la croix où nous retrouvons Satan et ses mensonges sur les lèvres des chefs du peuple.
« Descends voir de ta croix »
« Fais nous voir, un signe, nous croirons ».
Jésus ne déviera pas de son chemin de confiance en la seule parole du Père. C’est mon chemin. Il nous avait d’ailleurs dit qu’il n’y en avait pas d’autres, pour nous aussi après lui. « Je suis le chemin ». Notre chemin de par notre baptême.
Mais dîtes, qu’est-ce qu’un chemin, s’il n’y a pas de cheminement ? Notre cheminement, « progression » comme dit la prière. Progression vivante, d’une vie de plus en plus croyante, de plus en plus fondée, assurée sur la Parole inlassablement écoutée. Tout un carême pour nous y mettre et nous préparer à donner une réponse claire aux questions qui nous seront posées au cœur de la Vigile Pascale : « Croyez vous en Jésus-Christ ? ».
Pensons-y tout à l’heure : ces quelques pas pour communier, ou enfants, pour recevoir au front le rappel, le signe de notre baptême..
Cheminent d’une vie de plus en plus croyante. (5 mars 2017)
Année A - Mercredi des CENDRES -
01.03.2017
Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et Sœurs,
En ce jour, un appel retentit pour chacun de nous et pour toute l’Eglise par le prophète Joël : « revenez au Seigneur de tout votre cœur…car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour »… ou encore par la voix de l’apôtre Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu…ne laissez pas sans effet la grâce de Dieu »…
Oui, quelqu’un nous appelle… De nouveau, notre Dieu nous appelle à revenir vers Lui. Peut-être pouvons-nous avoir l’impression de ne pas nous être éloignés de Dieu. Nous sommes de bons pratiquants, nous faisons tout ce qui nous est demandé. Avons-nous rompu l’alliance avec Dieu ? Pourquoi faire de nouveau ce chemin quadragésimal ? En quoi nous faut-il revenir si nous avons l’impression de ne pas nous être tant éloignés ? L’Eglise nous offre ce temps de conversion dans la conscience que nous n’avons pas fini de connaitre Notre Dieu et de nous ouvrir à son Amour. Penser que nous en avons fait suffisamment, et qu’il suffit de poursuivre sur sa lancée dans une certaine routine, c’est quelque part s’arrêter d’avancer. C’est sans s’en rendre compte se couper de la source d’Amour qui jaillit du cœur de Dieu. C’est bien peu connaitre Celui dont l’Amour dépasse toute connaissance et c’est aussi bien peu connaitre combien son Amour peut nous rendre davantage capable d’aimer à notre tour…
Durant quarante jours, dans le jeûne, la prière et le partage, nous allons nous exercer à nous détourner de nous-mêmes, afin de nous livrer davantage à l’Esprit Saint, comme nous le chanterons dans la préface. La grâce nous est offerte de retrouver une relation plus vivante, plus intime avec notre Dieu, ainsi qu’une relation plus juste avec nos frères. Oui, frères et sœurs, livrons-nous davantage à l’Esprit Saint. Soyons attentif à ce qu’il peut nous suggérer pour aller davantage vers les autres. Soyons à l’écoute des mouvements intérieurs par lesquels il nous incline à prier plus assidument. Sachons aussi le reconnaitre dans les appels qui viennent parfois bousculer nos vies, qui peuvent nous déranger. L’Esprit Saint, grâce de vie nouvelle, nous entraine à marcher à la suite de Jésus pour mourir à nous-mêmes afin de renaitre avec Lui à la Vie nouvelle. Par notre baptême, cette vie est déjà donnée en germe. Librement en consentant à la laisser se déployer en nous, nous devenons ce que nous sommes des enfants de Dieu appelés à rendre gloire à leur Père des Cieux…
Oui, convertissons-nous, revenons au Seigneur et croyons à cette bonne nouvelle de la Vie de Dieu à l’œuvre dans nos existences. (1/03/2017)
Année A - 8e dim TO - 26 février 2017
Is 49/14-15, 1Co 4/1-5, Mt 6/24-34.
Homélie du F.Cyprien
Le sermon sur la montagne n’est pas lu intégralement pendant les dimanches ordinaires : des passages seront lus au Carême qui arrive, et aujourd’hui, après l’amour des ennemis, le titre de la section, dans la Bible que je consultais, est intitulé : « Au lieu de s’inquiéter, chercher d’abord le Royaume ».
« Au lieu de s’inquiéter » : effectivement il y a un mot qui revient plusieurs fois dans l’Evangile de ce jour…se soucier, se faire du souci… « Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »
Il s’agit du souci que nous nous faisons tous les jours pour les choses qui nous occupent …et qui nous empêchent de nous soucier de l’essentiel…
Impressionnant (bis) … le temps que nous passons à penser à des choses pour lesquelles il n’y a pas, vraiment pas de souci à se faire…
Quand Jésus annonce que le Royaume de Dieu s’est approché de nous, il rend attentifs à quelque chose dont l’importance n’est pas tout de suite évidente ; ce Royaume de Dieu est pourtant ce dont nous devons nous soucier d’abord et avant tout.
Parlons un peu, par ex., de nos pensées… nous, roseaux pensants… !
« D’où venons-nous ? Où allons-nous ? » …et surtout souvent… « Que mangerons-nous ce soir ? » !
Quel sens est-ce que je donne à ma vie si je me préoccupe de ce que je vais manger à midi plutôt que d’accepter d’être dérangé par mon prochain qui me sollicite?
Je pense …et souvent je perds du temps à penser …à penser des choses qui m’encombrent…ou même qui polluent mon esprit…
Quel sens est-ce que je donne à ma vie si l’aspect matériel de ma vie m’empêche de regarder au-delà de mes inquiétudes, au-delà de l’immédiat et de ma vie à moi ?
« A chaque jour suffit sa peine » : c’est la fin de l’Evangile de ce jour : Jésus en utilisant le mot de peine (« A chaque jour suffit sa peine ») ne semble pas contester pas la dureté du quotidien pour nous. Oui, nous nous donnons de la peine, c’est vrai…
Mais le début du passage commence ainsi : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, faites-vous des trésors dans le ciel... Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». Et nous avons entendu que nous ne pouvions pas servir deux maitres.
Simple sagesse humaine ? Jésus ne dit rien d’original …mais, mais il nous parle depuis sa vie à Lui, lui le Fils du Père, lui qui vivait dans son intimité, attitude et vie de Jésus, vie de Jésus qui a fasciné les premiers disciples…Pour nous de même il s’agit de notre relation à Dieu et donc de notre destinée, … il est bon d’y réfléchir et surtout d’y revenir!
Jésus nous avertit pour que nous nous attachions au moment présent, le moment « présent » au sens « cadeau »… présent qui est le seul temps que nous pouvons vivre en nous rattachant à Dieu, seul moment qui donnera sens à notre dignité et à notre personne, en lien avec Dieu et avec les autres.
NB Je peux penser que j’ai vécu dans la foi, l’espérance et la charité jusqu’à maintenant, mais ce passé, ce vécu deviennent maintenant l’objet du jugement et de la miséricorde de Dieu… De même l’avenir de ma vie ne m’appartient pas, il ne peut qu’être confié à l’espérance que Dieu me donne, à l’assistance de sa grâce.
C’est dans l’instant présent que nous rejoignons Dieu dans son éternité : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous, le royaume de Dieu est en vous ».
Si l’on veut bien comprendre, ce sont les gens désencombrés qui peuvent vivre pleinement cette présence à Dieu et aux autres : leur trésor est dans ce qui advient; cela les établit dans une paix qui ne vient pas ‘d’ailleurs’ : cette paix dans la charité, dans la confiance, le Royaume la fait effectivement advenir dans le moment présent, à l’intérieur de nous, car « le Royaume s’est approché », Dieu est là, « mon Père et votre Père » disait Jésus, Jésus lui dont nous pouvons vivre de sa Vie aujourd’hui…Y croyons-nous ? - 26 février 2017 -
***
Année A – 7° dimanche du Temps Ordinaire – 19 février 2017 –
Lev 19 1-2, 17-18 ; 1 Co 3 16-23 ; Math 5 38-48 ;
- Homélie du F.Damase
En ce dimanche, l’Evangile nous situe au cœur du Sermon sur la Montagne, Jésus nous adresse un appel fort : «Vous serez parfait, comme votre Père céleste est parfait ». Un appel, difficile à réaliser, si nous sommes seuls ; mais possible si nous adressons à notre Dieu.
Comme le Pape François le répète inlassablement : Dieu est Amour et son amour le pousse à faire miséricorde. Avec notre Dieu comme compagnon de route, nous pouvons espérer « devenir parfait » comme il le désire pour chacun de nous. Nous sommes créés à son image et à sa ressemblance, comme nous le dit la Genèse. Cela signifie que Dieu veut nous communiquer, non seulement son être en nous appelant à la vie, mais aussi sa perfection en nous permettant d’agir comme lui. Comme un père, Dieu désire que son enfant, non seulement vive, mais qu’il développe au maximum ses possibilités, ses qualités, ses dons.
Dieu a donc un seul et unique désir : que chacun de nous aime comme lui aime! La Loi de Moïse avait canalisé la violence humaine en limitant la vengeance « œil pour œil ; dent pour dent ». Le crime de sang est passible de la guillotine – disions nous, il n’y a pas si longtemps ! Jésus nous a montré l’exemple : « Père, pardonne –leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ! Et combien de martyrs l’ont imité depuis ce tragique Vendredi, et aujourd’hui encore combien de victimes disent de leurs bourreaux : « Père, pardonne –leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »!
Dans la seconde lecture, Paul nous donne le fondement de cette nouvelle attitude : « Vous êtes un sanctuaire de Dieu et l’Esprit de Dieu est en vous » - « vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu » - Nous sommes le Temple de Dieu ; nous sommes le lieu de résidence de notre Dieu. Dieu a établi sa demeure en chacun de nous. Non seulement, il nous a donné sa vie en nous faisant naître en ce monde, mais il fait de notre corps, de notre être, le lieu où il demeure, où il habite. Salomon avait construit un immense et prestigieux Temple à Jérusalem pour Dieu, admiré par tous les peuples ; mais Paul nous affirme «Le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous » !!
Depuis notre baptême, nous sommes habités. Ce que nous ne pouvons pas réaliser par nos seules forces, est possible par celles du Père, du Christ et de l’Esprit Saint. Ils ne cessent de se fonder sur ce qui est petit et faible en nous pour réaliser des merveilles.
Certes, nous vivons souvent dans un monde de violence et de haine, où la vengeance peut être sans fin, implacable et féroce. Il nous reste une nouvelle étape à franchir : découvrir qui est Dieu. Un Dieu à genoux qui nous lave les pieds.
Un Dieu qui aime au-delà de toute mesure : qui fait lever son soleil sur les bons et les méchants, qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes. Un Dieu qui aime tout homme et chacun de nous de manière unique et incommensurable, qui espère en chacun de nous et veut nous partager sa sainteté de façon inimaginable. Il nous attire tous vers sa lumière. (17 février 2017)
Année A - 6e dimanche du T.O. -12 Février 2017.
Siracide 15.15–20 — 1•Cor 2.6–10 — Mt 5.17–37
Homélie du F.Sébastien
Frères et sœurs, réjouissons-nous, c’est dimanche, le jour du bonheur qu’il y a à rencontrer le Seigneur, notre Dieu et ses amis.
Les lectures du jour sont exceptionnellement développées, aussi vais-je me limiter à l’admirable première lecture, celle de Ben Sira le sage, un sage juif du 2e siècle avant Jésus-Christ. Je commence un verset avant le découpage officiel de la liturgie, au verset 14, parce qu’il fournit une introduction qui éclaire tout le passage. Dans celui-ci Ben Sira entreprend hardiment de nous conduire au coeur de l’aventure humaine, dès son commencement, avec la question cruciale : comment discerner le bien et le mal, comment choisir pour ne pas se perdre ? On est au cœur de la Bible.?
De quoi s’agit-il ? De la grandeur de l’homme dans sa vocation à la liberté, à la responsabilité, à courir les beaux risques où l’on gagne. Ben Sira focalise notre attention sur le fait que nos vies dépendent constamment de nos choix.
Cela on l’entend dès son premier verset, le verset 14. Je le lis :
Verset 14 – «« Quand, au commencement, le Seigneur a créé l’homme, il l’a remis à sa propre conscience. »
L’homme se trouve alors la dans la solitude de sa conscience, avec pour seul appui la confiance que lui fait son Dieu, « Va, mon garçon ! Je suis là, caché. Mais c’est à toi de grandir par tes actions. »
Ben Sira, l’homme de la Loi de Moïse qui enseigne le bien vivre, ne peut manquer d’enchaîner et de se faire à la fois rassurant et exigeant.
Verset 15 – «Si tu veux, tu peux garder les commandements ; il est en ton pouvoir de rester fidèle. »
Vouloir et pouvoir. On voit la chance et le risque, à en frémir. Mais non, tu as tout ce qu’il te faut. À condition de jouer le jeu de ta vie qui est de faire tes expériences et d’en tirer sagesse quant au bon et au mauvais.
Verset 16 – «Ton Dieu a mis devant toi le feu et l’eau : étends la main vers ce que tu préfères. »
C’est presque de l’humour noir ! mais parfaitement clair. Dans la vie nous faisons constamment des expériences, matérielles, morales, psychologiques… : elles doivent nous apprendre à distinguer le chaud, le froid et leurs effets, sous toutes leurs formes. Ainsi nous voilà remis concrètement aux mains de notre conscience. Et nous arrivons aux enjeux suprêmes ;
Verset 17 – «Vie et mort sont là devant les humains, à chacun sera donné ce qu’il a choisi. »
Choisi. C’est le mot qui clôt la lecture de Ben Sira et ouvre sans le dire sur la valeur suprême qui commande le tout : l’amour, l’amour entre la mort et la vie.
Aimer, c’est choisir et s’enfoncer dans la profondeur de son choix dans la durée. Cette profondeur on l’ignore au moment ou l’on s’engage et on ne peut l’apprendre que par l’expérience, une expérience toujours risquée, d’un risque qui fait sa grandeur, son dynamisme.
Choisi. La conscience d’avoir été choisi est plus importante et plus radicale que celle d’avoir choisi : c’est le socle de l’engagement durable, le fleuron de la confiance, de la foi en l’autre, homme ou Dieu.
Frères et sœurs, je vous laisse à vos choix, pour la joie de Dieu.
(12 février 2017)
Année A -5e dimanche TO (05/02/2017)
(Isaïe 58, 7-10 – Ps 111 – 1 Corinthiens 2,1-5 – Matthieu5, 13-16)
hémlie du F.Jean-Louis
Le vendredi 20 janvier dernier, à l’occasion de l’investiture de Donald Trump comme 45e Président des Etats Unis, le pape François lui écrivait :
«Sous votre direction, puisse la stature de l'Amérique continuer à être mesurée avant tout par son souci pour les pauvres, les exclus et les nécessiteux qui, comme Lazare, se tiennent devant notre porte».
Et il ajoutait : «À une époque où notre famille humaine est assaillie par de graves crises humanitaires exigeant des réponses politiques ambitieuses et unies, je prie pour que vos décisions soient guidées par les riches valeurs spirituelles et éthiques qui ont façonné l'histoire du peuple américain et l'engagement de votre nation à la promotion de la dignité humaine et de la liberté dans le monde entier.
Frères et sœurs, comment ne pas voir la proximité entre cet écrit du pape et la première lecture d’aujourd’hui tirée du livre d’Isaïe :
«Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable».
Tout cela reste bien actuel, malheureusement.
Ne te dérobe pas à ton semblable est peut-être le plus exigeant. Il est parfois plus facile d’aider ceux qui sont loin que ceux qui nous sont tout proches.
Quel est l’enjeu de cette première lecture ? Il s’agit d’être lumière qui se lève dans les ténèbres. Nous rejoignons là l’enseignement du Christ dans l’évangile d’aujourd’hui. Il s’agit également d’être sel de la terre. Non pas bien sûr le sel qui tue le sol, la végétation, mais le sel qui donne du goût, de la saveur aux aliments, à la vie tout simplement.
Les lectures de ce jour sont très cohérentes et nous ouvrent un chemin ou plutôt des chemins. Mais attention, il ne s’agit pas de s’attirer la gloire sur soi. Il ne s’agit pas de se présenter devant Dieu avec son paquet de bonnes actions et de lui réclamer une récompense qu’Il serait obligé de nous donner. Il ne s’agit pas d’entrer dans un marchandage avec Dieu : « Je donne aux pauvres et tu me récompenses. »
Il s’agit d’être lumière pour que Dieu soit glorifié. Et si nous regardons vers la fin de l’évangile de Matthieu, au chapitre 25, lors du Jugement dernier nous voyons qu’il est dit aux justes : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli. » Et ces justes répondent : « Seigneur, quand t’avons-nous donné à manger, à boire, etc … ? » Ces justes sont récompensés alors qu’ils n’avaient même pas eu conscience d’avoir fait du bien à Dieu, au Christ. Ils étaient dans la gratuité totale.
Se tourner vers les autres donc, mais gratuitement.
Et pour nous aujourd’hui ?
Je reprendrai une phrase de saint Paul dans la seconde lecture : « Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. »
Je crois qu’il y a d’abord un acte de foi à faire, et qui n’est pas des plus simples. Reconnaître le Christ dans les plus pauvres, les plus difficiles à supporter, ceux ou celles qu’on préfère avoir loin de soi. Réfléchissons un peu et nous verrons sans doute tous et toutes un visage, un nom, un prénom. Ne nous dérobons pas à notre semblable, à nos copains, nos copines, nos collègues …
Ensuite, quelles sont les situations plus ou moins proches qui nous interpellent, qui nous invitent à réagir ? Et comment agir ? Je pense qu’aujourd’hui, avec les interpellations continues du pape et de divers organismes, nous ne pouvons plus dire : « nous ne savions pas ». Il ne s’agit pas de venir au secours de toutes les détresses du monde mais de savoir faire le choix d’aides efficaces et à notre portée. Sans oublier de se laisser enseigner, enrichir par ceux que nous aidons.
Ne cherchons donc pas à gagner des points pour le Paradis mais à venir en aide, à nous laisser aider aussi, car nous sommes parfois des pauvres. Nous pouvons également agir là d’autres que les chrétiens interviennent car nous n’avons pas le monopole de l’action humanitaire. Travailler avec d’autres que nous, c’est aussi rendre témoignage à l’Evangile, être lumière du monde.
Et surtout, tournons-nous vers l’Esprit Saint et laissons-le nous inspirer les gestes quotidiens qui nous illumineront. Il sait faire ! C’est lui qui nous donnera véritablement d’être lumière, d’être sel de la terre, non pas par nos propres forces mais selon sa volonté.
Frères et sœurs, tout à l’heure, avant de communier, nous nous donnerons mutuellement la paix du Christ. Ce n’est pas d’abord un geste convivial sympa, c’est véritablement la paix qui vient du Christ que nous nous transmettrons. Or, il n’y a pas de paix sans justice. Ce geste nous engage. Mettons en œuvre, de façon concrète ce que les lectures, très actuelles, de ce jour nous invitent à vivre : partageons, accueillons, ne nous dérobons pas, … En étant de plus en plus justes dans nos relations, nous transmettrons un peu plus de paix. Ce n’est pas facile. Mais c’est ainsi que nous pourrons accueillir en nos cœurs la vraie paix, celle qui vient du Christ, et la transmettre autour de nous par nos actes qui nous ferons lumière du monde, sel de la terre.
Je terminerai avec une invitation faite à des jeunes en lien aves les lectures de ce jour :
« Donne du goût et de la lumière autour de toi, pas en discours mais en actes. Le Christ compte sur toi. Partage et accueille … et ta vie sera belle ! »
AMEN. (5 février 2017)
Année A - PRESENTATION DU SEIGNEUR -
02.02.2017
Ml 3, 1-4 ; Lc 2, 22-40
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
« Portes, levez vos frontons, qu’il entre le roi de gloire ! » avons-nous chanté avec le psaume 23 qui suivait la lecture du livre de Malachie. « Et qui est ce roi de gloire ? » se demande le psalmiste, « c’est le Seigneur, le vaillant des combats, c’est le Seigneur, Dieu de l’univers ». En cette fête de la Présentation, la liturgie nous offre un collier de lectures tirées des Ecritures qui, rapprochées les unes des autres, font jaillir du sens. La venue soudaine du Seigneur dans son temple, pressentie comme purificatrice et redoutable par le prophète Malachie, nous la reconnaissons dans la venue de cet enfant conduit par ses parents pour accomplir le rite de purification habituelle. Avec le psalmiste, nous confessons que c’est vraiment lui «le roi de gloire, le Seigneur, le vaillant des combats, le Seigneur, Dieu de l’univers ».
Ainsi pouvons-nous approfondir le mystère de Noël en cette liturgie. En cet enfant, nous reconnaissons le Seigneur, le Dieu de l’univers qui est chez lui dans son temple. En cet enfant, nous contemplons le Roi de Gloire, lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à son peuple Israël. En cet enfant, enfin, nous célébrons le Seigneur, le vaillant des combats qui sera un signe de contradiction jusqu’à sa mort qui purifiera totalement son peuple de ses péchés. En quelque sorte, nous ne cessons d’approfondir le paradoxe de notre foi qui nous fait reconnaitre à travers l’humanité humble et cachée de Jésus, enfant, notre Dieu qui vient à notre rencontre pour nous sauver d’une manière toujours nouvelle.
Dieu vient à nous d’une manière qui déjoue toutes nos attentes. Il ne s’impose pas, il nous surprend pour mieux déjouer nos habitudes et nos forteresses de toutes sortes, conscientes et inconscientes. Nous le savons avec nos têtes, mais comment accueillir jour après jour cette nouveauté incessante, hors de toute catégorie ? Paradoxalement encore, les témoins de cet accueil sans barrière, ne sont pas des jeunes ou des enfants, mais des vieillards, Symeon et Anne. Ces vieillards sont demeurés jeunes. Ils sont restés ouvert à l’Esprit Saint.
Inflexibles dans leur attente de la consolation d’Israël, fidèles dans la prière et le jeûne, ils ont conservé cette jeunesse de cœur qui les laisse prêts à accueillir l’inattendu. C’est peut-être un autre paradoxe, l’inattendu de Dieu respecte la quête patiente de notre humanité. Il vient à la rencontre de notre attente aimante, en travail de recherche, non de notre insouciance ou de notre résignation. N’est-ce pas là la vertu de l’Espérance ? (2 Février 2017)
Année A - Quatrième Dimanche du temps ordinaire
Sophonie 2,3 et 3,12-13 / 1ère Lettre aux Corinthiens 1,26-31 / Evangile selon saint Matthieu 5,1-12a
Homélie du F.Matthieu
Selon l’évangile de Matthieu, dès qu’il rassemble des foules, Jésus fait en quelque sorte son discours programme. Le Sermon sur la montagne rassemble et récapitule l’essentiel de l’Évangile. Les Béatitudes, que nous venons d’entendre, en sont le prologue :
"Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : Heureux..."
Le message du Christ commence par l’annonce du bonheur et c’est à juste titre qu’on l’appelle « Bonne Nouvelle ». Et c’est là le premier mot de l’enseignement de Jésus !
Reste que la suite du texte peut déconcerter à juste titre ; le bonheur semble promis à deux catégories de personnes :
- il est d’abord pour "les pauvres de cœur... les doux... les miséricordieux... les cœurs purs... les artisans de paix... " ! Et vient la question : mais alors est-ce bien pour nous ?
- ce bonheur, il semble réservé aussi à "ceux qui pleurent... ceux qui ont faim et soif de la justice... ceux qui sont persécutés pour la justice... ceux qui sont insultés... ceux qui sont calomniés..." ! Mais ce ne sont pas là des situations très désirables et que nous souhaitons pour nous ! Car le bonheur, ce n’est tout de même pas de pleurer ni d’être persécuté... !
Mais attention, regardons de près le texte évangélique ! Les Béatitudes, entendues de plus près, présentent un programme de bonheur, qui n’est pas si paradoxal qu’on le dit d’habitude.
En fait, il faut les lire ces Béatitudes par l’autre bout : quel bonheur Jésus propose-t-il finalement ?
- d’ "être consolés" / de "recevoir la terre en héritage" / d’ "être rassasiés" / d’ "obtenir miséricorde" "de voir Dieu " / d’ "être appelés fils de Dieu" / d’ "avoir en partage le Royaume des cieux" puisque c’est la promesse principale qui encadre le texte !
Pas si mal, non ?
Et cette promesse de bonheur nous rejoint dans les situations les moins enviables, mais qui sont de fait le lot de notre condition humaine, de notre monde devenu bien inhumain depuis la désobéissance… En effet les pleurs, les persécutions, les malheurs de la vie, … les génocides, les guerres saintes affligent l’humanité et matérialisent durement le non-humain qu’il y a encore en l’homme mais Jésus nous dit qu’elles sont surtout en radicale contradiction avec l’Évangile. Le Christ vient nous révéler que, même si nous sommes les victimes de ces malheurs et de cette violence, nous pouvons recevoir en toute chose, et même en cela, le bonheur. Et c’est la force paradoxale de l’Evangile que d’inscrire en nous et pour nous cette promesse, cette espérance.
Rien, ni la persécution, ni la trahison, ni la maladie, ni la solitude, ne peut nous ravir le bonheur d’être avec Dieu, puisqu’il est venu partout où nous pouvons aller, même à la pire souffrance, même à la mort.
Jésus parle des "vrais gens", qui ont de vrais problèmes. Et il leur propose un bonheur qui dépasse les satisfactions immédiates, un bonheur à la mesure de l’être humain créé à l’image de Dieu, créé pour rencontrer Dieu et vivre avec lui. C’est cela "le Royaume des cieux" : la vie avec Dieu !
Cela nous paraît trop grand, trop difficile ? Certes, et il y a des "conditions" à ce bonheur, Jésus nous le redit, il est pour "les pauvres de cœur...les doux...les miséricordieux...les artisans de paix...les cœurs purs..." !
Alors est-ce possible d’être ou au moins de devenir ces gens-là ?
Non bien sûr : en tout cas pas par nos propres efforts !
Les Béatitudes sont en fait le portrait d’un seul homme : Jésus. Mais en Lui, Jésus, il peut devenir aussi le "nôtre"...!
Paul nous le dit, nous l’avons entendu dans la seconde lecture : "C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption".
Il suffit de commencer par le commencement, par la première Béatitude, qui commande toutes les autres : "Heureux les pauvres de cœur..."
Etre pauvre de cœur, c’est ne pas croire que l’on va arriver à la sainteté par ses propres moyens, mais laisser Dieu agir. Se mettre le cœur "en offrande", en réceptacle creux, et vide, pour que le Seigneur puisse l’emplir de tout ce qu’il veut nous donner, c’est-à-dire en fait lui-même. Ainsi recevrons nous la grâce de devenir "pauvres de cœur... doux... miséricordieux... artisans de paix... et de purifier notre cœur" ; ainsi deviendrons nous en vérité "fils de Dieu" : et c’est cela le bonheur !
Ne rêvons pas cependant : il faut toute une vie pour parvenir à cette "pauvreté de cœur", jusqu’au jour où nous devrons renoncer à notre corps lui-même. C’est à ce moment-là seulement que nous pourrons goûter totalement au bonheur promis. En attendant, nous en avons les arrhes. Notre bonheur actuel se fonde tout entier sur notre ouverture au Christ, jour après jour, lui qui est "avec nous jusqu’à la fin des temps". (29 janvier 2017)
ANNEE A –2e DIMANCHE DU TO –15 janvier 2017
Is 49, 3.5-6 – 1 Co 1, 1-3 – Jn 1, 29-34
Homélie du F.Hubert
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »
« J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. »
« J’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
Chez saint Matthieu, alors que Marie est enceinte, l’ange du Seigneur apparait en songe à Joseph et lui dit :
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
On lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Après le grand portail de son Prologue, Jean l’évangéliste, dans les versets que nous venons d’entendre,
nous dit la même chose autrement.
« Dieu avec nous » :
Jean, le Baptiste, voit Jésus venir vers lui.
Jésus est homme parmi les hommes.
Il marche, il vient, il va. Il rencontre d’autres hommes : ses frères en humanité.
Il est déjà venu, incognito parmi ceux que Jean baptisait dans le Jourdain, en signe de conversion.
Et Jean, alors, a vu : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. »
« J’ai vu et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
Ce Jésus, qui vient vers lui, c’est « le Fils de Dieu », le Fils unique, plein de grâce et de vérité »,
celui qui, étant « dans le sein du Père, nous le fait connaître. »
C’est le Verbe de Dieu, qui s’est fait chair pour habiter parmi nous.
Incarnation de Dieu.
Dieu venant à nous. Dieu devenant homme pour nous faire connaître Dieu.
Et Jean ne le connaissait pas.
C’est par révélation qu’il a connu le mystère du Fils.
Il a entendu la parole de Dieu, il a vu l’Esprit descendre et demeurer sur Jésus.
Alors il témoigne.
Le serpent avait insinué le mensonge dans le cœur de l’homme :
insinué une fausse connaissance de Dieu.
Jean le Baptiste, au contraire, rend témoignage à la lumière et à la vérité :
il est venu baptiser dans l’eau pour que soit manifesté celui qui baptise dans l’Esprit Saint.
Et si celui qui baptise dans l’Esprit Saint est au milieu de nous, si celui-là nous baptise,
alors nous sommes renouvelés, revêtus de l’intérieur, de Dieu-même.
« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »
« C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Nous n’avons rien à craindre, nous disait sr Anne en conclusion de la retraite :
l’Agneau de Dieu enlève le péché du monde, tout notre mal-être : le mal accompli et le mal subi.
Il prend sur lui, l’Innocent, l’opprobre, la malédiction, il meurt comme le coupable,
pour que tous nous soyons revêtus de son innocence,
revêtus de sa tunique, unique et sans couture, de Fils bien-aimé.
C’est en acceptant d’être immolé que l’Agneau de Dieu enlève le péché du monde, lui enlève son pouvoir mortifère.
L’Agneau de Dieu endosse nos trahisons et nous revêt de sa fidélité.
Rien ne peut nous séparer de cet amour-là.
Le péché, c’est ce qui abîme l’homme, dans sa relation à Dieu, aux autres, à la création, à lui-même.
La grâce, c’est tout ce qui établit l’homme dans la lumière, dans des relations heureuses et fécondes.
C’est ce qui restaure l’homme quand il est abîmé.
Dieu nous crée, il nous crée et nous veut beaux et gracieux.
Puisque nous nous abîmons nous-mêmes, puisque nous nous abîmons les uns les autres, il nous restaure.
C’est cela ôter le péché.
Il nous promet un ciel nouveau et une terre nouvelle où il n’y aura plus de mal.
La Jérusalem céleste n’est plus que lumière,
et sa lumière, c’est précisément l’Agneau, celui qui ôte le péché en le prenant sur lui.
Nous l’avons maudit et lui, il nous a bénis.
Lui, l’Innocent, nous l’avons condamné et rejeté ;
nous, pécheurs, accusateurs, il nous a justifiés et unis à lui.
Il a voulu être baptisé dans l’eau comme nous, pécheurs,
afin de nous baptiser dans l’Esprit et nous établir fils de Dieu à jamais.
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »
Nous allons entendre cette parole au moment de la communion :
ce n’est pas une parole passe-partout, une formule vide :
elle engage la foi de celui qui la proclame, elle invite à la foi ceux et celles qui l’entendent.
C’est à nous, par notre foi, notre amour, de lui donner tout son poids de sens,
de lui laisser porter tout son fruit,
son fruit de paix, la paix qui vient de Dieu, dont parlait la prière d’ouverture et la lecture de saint Paul. (15 janvier 2017)
Année A -EPIPHANIE 08.01.2017
Is 60, 1-6 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
Pour ce jour de fête, nos frères Pierre et Gottfried ont ajouté les mages dans la crèche de l’église...Nous aimons retrouver ces personnages hauts en couleur, avec leurs beaux vêtements, leurs présents...Ainsi les a-t-on imaginés à la manière de rois distingués et de races différentes. Ainsi aime-t-on les retrouver chaque année dans les crèches de nos églises...surtout en n’oubliant pas le chameau !
Depuis que Dieu s’est fait chair, les images ont acquis tout leur titre de noblesse pour nous aider à entrer dans le mystère de sa présence si proche et si cachée à la fois...Déjà l’AT ne manquait pas d’essayer d’exprimer l’espérance d’Israël avec des images très concrètes, parfois presqu’exubérantes. Ainsi en ce jour, le prophète Isaïe voit une belle lumière et la gloire du Seigneur qui se lève sur Jérusalem. Il décrit alors Jérusalem qui resplendit à la manière d’une femme radieuse, avec des rois et des nations qui se dirigent vers elle, avec des chameaux, des dromadaires chargés d’or et d’encens. Le prophète veut suggérer par là son espérance du temps qui verra l’unification de tous les peuples autour de Jérusalem pour proclamer les louanges du Seigneur...
Mt dans son évangile reprend ces images bibliques dans le récit que nous venons d’entendre. Il s’insère dans la même espérance du prophète Isaïe. A sa suite, il comprend que la manifestation de Dieu est en train de s’accomplir en ce nouveau-né de la crèche. Ces mages venus d’Orient avec l’or, l’encens et la myrrhe sont les représentants de ces nations annoncées par Isaïe. Dans l’humble naissance de Jésus, Mt le reconnaît le mystère entrevu par Isaïe. Mais le ton est plus sobre. La gloire de Dieu brille d’un éclat caché : seule une étoile fait signe. Et Jérusalem ne semble pas se réjouir complètement à la venue de ses mages. Elle s’inquiète même plutôt qu’un roi soit né, alors qu’on ne l’attendait pas, ou que parmi les personnalités en place on ne l’attendait plus...Mt se fait une autre image de la manifestation de Dieu à toutes les nations. Image plus en nuance qui ne fait pas l’économie de la contradiction et de l’opposition qu’Israël fait au salut de Dieu et que la croix de Jésus mettra en lumière...Il n’est pas encore venu le temps où Jérusalem sera pleinement radieuse et toute entière unifiée pour accueillir les nations et chanter avec elles les louanges du Seigneur...L’espérance est encore en chemin, en attente de son plein accomplissement...Elle devra passer l’épreuve de la croix et de la résurrection du Christ.
Paul à son tour, dira qu’il a eu par révélation la connaissance du mystère du Christ et que ce mystère Dieu l’a manifesté à toutes les nations par l’annonce de l’évangile...Paul se fait une autre image de la révélation du mystère du Christ à toutes les nations : à travers la prédication de l’évangile dont il est un des apôtres fervents, les nations enfin peuvent avoir part à l’héritage d’Israël, et aux promesses de Dieu.
Frères et soeurs, cette fête de la manifestation de Dieu en la crèche nous donne de célébrer la manière avec laquelle Dieu patiemment rejoint les hommes et les fait entrer dans sa vie et dans lumière peu à peu. Et cette oeuvre de salut continue jusqu’à nos jours. Nous continuons d’accueillir le mystère du Christ pour que sa vie triomphe de toutes nos morts, pour que sa lumière vienne illuminer nos faces sombres...pour que sa joie nous habite et habite tous les hommes. Oui, frères et soeurs, cette fête peut-être une belle occasion pour nous demander : quelles sont mes images de Dieu et du déploiement de son salut, de son règne ? Comment j’essaie de reconnaître dans ma vie et dans celle du monde ce mystère à l’oeuvre ? Suis-je accroché à une image tellement élevée que je suis aveugle pour reconnaître Dieu présent déjà à l’oeuvre dans la simplicité des jours, la présence d’un frère ? Les Ecritures nous apprennent à faire dialoguer entre elles nos images de Dieu et de son salut...Laissons-nous enseigner par elles... (8 janvier 2017)