vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 22 septembre 2024 — 25e dim. ordinaire — Frère Charles Andreu
Cycle : Année B
Info :

Année B - dimanche 22 septembre 2024 -25e dimanche TO,

– Sg 2, 12.17-20 ; Jc 3,16-4,3 ; Mc 9, 30-37

Homélie de F. Charles

Texte :

Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. La première lecture résumait ainsi le défi qui se lance bientôt contre celui dont la parole, dont l’existence même, constitue pour les pécheurs une contrariété, un reproche. Mais qui parle ici ? D’où vient sa parole ?

Dans l’Ancien Testament, c’est le prophète, qui surgit du dedans du peuple, porteur d’une parole de Dieu qui dénonce l’injustice. D’Amos à Jean-Baptiste se dessine ainsi une longue tradition que poursuit le Nouveau Testament. Jésus est évidemment, par excellence, cette parole rejetée, même s’il n’est pas le plus « dénonçant » des prophètes, si ce n’est envers quelques pharisiens. Et la mission apostolique poursuit la mission prophétique : Ceux qui commettent des péchés, reprends-les devant tout le monde, conseillait Paul à Timothée.

Ainsi l’Église a-t-elle toujours vécu avec la forte conviction d’être dépositaire d’une parole venue de Dieu, d’un Évangile qui sauve, mais aussi dénonce, exhorte, s’oppose parfois, au risque du rejet, voire de la persécution. Appeler à la justice, être la voix des pauvres et des sans voix, c’est ce que font avec droiture, sans même le savoir, sans le faire savoir en tout cas, tant de gens simples et vrais. Mais voilà, c’est encore ce que prétendaient faire Jean Vanier ou l’abbé Pierre, et nous avions cru reconnaître en eux des prophètes pour notre temps.

Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Nous vivons certainement un temps charnière, celui où la prétention prophétique de l’Église, où la crédibilité de sa parole, craque sous la pression d’autres paroles, car ces paroles dénoncent des violences et même des crimes, car elles dénoncent encore la manière dont on les a traités. Ces paroles ne viennent pas de gens qui « méditent le mal » ; ceux qui les profèrent ne prétendent pas être des prophètes, des envoyés de Dieu, porteurs d’une parole éternelle, d’une parole de salut. Ils parlent, sans autre prétention que leur seule humanité, sans autre autorité que leur bon sens. Leur vie parle, elle nous parle, elle s’oppose, reproche, accuse, non parce qu’elle revendique d’être sainte, mais parce qu’elle est brisée.

Or, paradoxalement, nous peinons à attendre cette parole qui vient à la fois d’ailleurs et de trop près, qui parle au nom de l’humanité, et pas au nom de Dieu.

Oserais-je dire qu’une longue tradition, que l’Écriture Sainte elle-même, n’y pousse guère. Certes, le peuple de Dieu s’y montre souvent ouvert à la parole de l’étranger. Mais de la reine de Saba à Naaman le Syrien, des rois mages au Centurion qui se tient près de la croix, cette parole ne fait que confirmer : Vraiment, ta sagesse est admirable ; vraiment, cet homme était fils de Dieu. Et voilà qu’il faut apprendre à écouter des reproches. L’invitation du Concile Vatican II à se faire attentif aux « signes des temps » porte peut-être ailleurs que prévu.

Devoir de justice et de vérité d’abord, qui par surcroît rendra plus crédible le service que l’Église doit à la parole dont elle est porteuse. Le Christ invite, dans l’évangile de ce dimanche, à être « serviteur ». Mais que serait un serviteur qui sait tout, qui a toujours raison, qui fait la leçon mais auquel on ne peut rien reprocher, et se place ainsi à la première place, au-dessus de ceux qu’il sert. Curieux serviteur, dont les déclarations d’humilité – parfois quelque peu surjouées – ne dissipent guère le malaise qu’il suscite, mais le renforcent.

Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Comment répondons-nous à la parole qui nous est adressée ? Personne n’aime être critiqué, ni devoir se reconnaître « mauvais » : personne n’aime avoir à changer en profondeur les manières de faire, de penser où il s’est installé. Alors bien des réflexes de défense et de déni, de silence et d’inaction nous traversent : réflexes violents, d’une violence d’autant plus grande qu’elle ne hausse pas le ton, qu’elle ne se reconnaît pas comme telle, pièges tendus à celui qui parle et à sa parole, pour s’en débarrasser comme d’autres se sont débarrassés du Christ. La compassion elle-même ne suffit pas. Écoutons de nouveau les paroles de saint Jacques : c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi – et bien aujourd’hui, c’est par mes œuvres que je te dirai ma compassion.

Homélie du 15 septembre 2024 — 24e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 24e dimanche TO – 15 septembre 2024

Is 50, 5-9a ; Jc 2, 14-18, Mc 8, 27-35

Homélie du F. Hubert

Texte :

Qui est Jésus ? C’est la question de st Marc tout au long de son évangile.

Entre l’affirmation de foi qu’il pose dès son premier verset :

« Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu »,

et la proclamation au pied de la croix par le centurion païen qui a présidé à la crucifixion :

« Vraiment, cet homme était Fils de Dieu »,

tout son récit nous sollicite sans cesse :

Qui est celui-là qui chasse les esprits impurs,

pardonne ses péchés au paralytique,

commande avec autorité au vent et à la mer ?

Qui est celui-là que sa parenté cherche en se disant : « Il a perdu la tête ! » ?

À Césarée de Philippe, c’est Jésus lui-même qui pose la question :

« Au dire des gens, et pour vous, qui suis-je ? »

Question cruciale qui concerne tout son être, toute sa mission ; moment décisif.

« Tu es le Christ », répond Pierre ;

mais aussitôt Jésus « défend vivement aux disciples de parler de lui à personne ». Pourquoi ?

Pierre a répondu « avec le qualificatif le plus fort et le plus élevé dont il disposait, mais c'est justement ce qualificatif messianique qui est à l'origine d'idées parfaitement erronées. » dit un commentateur.

Oui, Jésus est le Messie, mais pas n’importe quel messie.

« Nous annonçons un messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens », dira Paul plus tard.

Qui est Jésus ? – Le Christ. Mais on pourrait dire aussi : Qui est le Christ ? c’est Jésus, Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, condamné et crucifié, justifié par Dieu et ressuscité des morts.

Il n’y a pas d’autre Messie que celu-là, cet homme qui a vécu cet itinéraire.

Cet itinéraire, ni Pierre ni ses compagnons, ne peuvent le soupçonner, l’envisager.

Comment envisager un Messie, terminant sa vie, cloué sur une croix ?

Il y a un abîme entre l’attente des disciples, l’attente du peuple élu, nos attentes,

et ce que Jésus vient nous révéler.

Cet abîme est toujours là.

Ne laissons pas l’habitude affadir ce scandale, cette folie.

Nous proclamons un Messie crucifié : rien de moins sage, rien de moins confortable.

Ce que nous croyons, ce que nous proclamons est une énormité : scandale ou folie.

C’est pourquoi, Jésus ne veut pas que les disciples parlent de lui avant de l’avoir suivi jusqu’à Jérusalem,

avoir été confrontés à la passion de leur maître, à leur faiblesse,

et avoir reçu l’Esprit pour comprendre ce mystère de mort et de résurrection,

ce mystère du don total dans la faiblesse et la défiguration absolues.

À Césarée, Jésus ne reprend pas le titre de Messie, trop ambigu, mais celui de Fils de l’homme.

Lui qui est Fils de Dieu, se déclare Fils de l’homme,

et il annonce ses souffrances, sa mort, sa résurrection.

Pierre, en faisant de vifs reproches à Jésus, joue le rôle du Satan

pour Jésus lui-même dont le combat n’est pas feint.

Il est pour lui occasion de chute, l’invitant à accaparer la vie pour lui-même

au lieu de la perdre pour que ceux qu’il aime aient la vie,

au lieu de la recevoir toujours de son Père comme un don.

Aussi, Jésus le repousse vivement comme il a repoussé Satan au désert.

Il faut que l’amour aille jusqu’au bout de l’amour.

Frères et sœurs, nous n’avons pas fini de découvrir le mystère du Christ,

pas fini d’entrer dans le mystère de notre foi.

Si nous annonçons le Christ selon les critères du monde, nous annonçons un faux messie.

Si nous modelons le Christ selon les critères du monde, nous fabriquons un faux messie.

Il nous faut sans cesse écouter la Parole de Dieu, regarder Jésus tel que l’Evangile nous le révèle,

pour progresser dans notre expérience chrétienne,

et mieux témoigner de celui qui est descendu aux enfers

pour nous faire asseoir avec lui dans les cieux.

Il a fallu du temps, beaucoup de temps, aux disciples pour comprendre le mystère de Jésus.

Il aura fallu le don de l’Esprit pour qu’ils commencent à comprendre et qu’ils puissent témoigner.

Que cela nous rassure sur notre propre lenteur à entrer dans le mystère du Christ,

mais que cela ne nous endorme pas !

L’Esprit nous est donné, et pas moins qu’aux apôtres !

nous allons le recevoir en communiant au Corps et au Sang du Christ :

Laissons-le nous instruire.

Laissons-le graver l’Evangile dans nos cœurs, dans nos vies.

Jésus est l’unique Messie, le Chemin, la Vérité et la Vie.

Homélie du 14 septembre 2024 — La Croix glorieuse — Frère Basile
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Croix Glorieuse - 14 septembre 2024

Nombres 21, 4-9 / Psaume 77 - Jean 3, 13-17

Homélie du F. Basile

Texte :

Vous l’avez remarqué, il n’y a aucune mention de la Croix dans cet évangile et pourtant le mystère est bien là de façon voilée : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé », avec le rappel du serpent de bronze élevé par Moïse dans le désert. Oui, c’est clair que Jésus sera élevé lui aussi pour que nous puissions regarder vers lui et avoir la vie.

Dans un autre passage du 4° évangile, Jésus dira : « Quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Oui, dans l’Evangile, tout converge vers le mystère de la Croix où Jésus sera élevé, où il va mourir, où il va nous révéler la Gloire et l’Amour de Dieu. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »

C’est là sur la Croix que Dieu se révèle à nous dépouillé, transpercé, désarmé, prenant sur lui notre péché, notre misère, mais pour la convertir, la recouvrir de sa miséricorde. La Croix du supplice devient alors Croix de lumière, Croix glorieuse, nous ouvrant le chemin du Père.

Comme le disait le P. Christian de Chergé, « c’est bien là notre chemin de croix, et notre chemin de gloire, car c’est là que Jésus nous élève, avec Lui, vers le Père qui nous attend tous, les bras ouverts. »

Regardons vers Lui et nous serons sauvés !

Fête de la Croix Glorieuse

14 septembre 2024

Accueil

Nous fêtons aujourd’hui la Croix Glorieuse :

c’est une fête très ancienne, celle de l’ « Exaltation de la Croix », liée à la Dédicace de la Basilique du St Sépulcre à Jérusalem, lorsque la Croix fut retrouvée. Le 14 septembre est aussi une date charnière dans le calendrier monastique : on commence à regarder vers la Pâque de l’année suivante.

Nous sommes déjà par la Croix en plein mystère pascal, mystère de mort et de résurrection, et au début de cette eucharistie, nous regardons vers Jésus, élevé sur la Croix, devenue l’Arbre de vie, car c’est en Lui que nous avons le pardon, la rédemption de nos péchés.

- Seigneur Jésus, élevé sur la Croix pour guérir tous ceux qui regardent vers toi, Seigneur, prends pitié de nous.

- O Christ Ressuscité, qui donnes la vie aux pécheurs, ô Christ, prends pitié de nous.

- Seigneur, élevé à la droite du Père, où tu intercèdes pour nous, Seigneur, prends pitié de nous.

Que le Dieu d’amour et de paix …

Homélie du 08 septembre 2024 — 23e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

HOMELIE du 23ème dimanche du TO (Année B) – 08/09/2024

(Isaïe 35, 4-7 ; Jacques 2, 1-5 ; Marc 7, 31-37)

Homélie de F. Guillaume

Texte :



Frères et sœurs

S‘il est un mot qui a pu et qui devrait retenir notre attention dans le passage d’Evangile lu à l’instant, c’est bien celui d’Ephatta,, d’origine araméenne, la langue parlée par Jésus et les juifs de son temps et que l’on traduit par « ouvre-toi ! ». Mais de quelle « ouverture » s’agit-il et comment pouvons-nous l’interpréter aujourd’hui ?

Nous sommes en présence d’un récit de guérison. Jésus « ouvre » les oreilles et la bouche d’un homme sourd et muet. Face à la foule et devant ses disciples, son statut de thaumaturge en est ainsi confirmé, mais il faut aller plus loin.

Nous disons volontiers d’une personne sympathique et intelligente, que c’est une personne « ouverte », ouverte à la vie, aux autres, attentive à la compréhension des évènements, ayant la capacité de se mettre en question, le cas échéant. A la différence des personnes repliées sur elles-mêmes, sur leur souffrance, leurs peurs, leurs échecs, bref leur négatif.

C’est bien cette expérience négative que le peuple d’Israël a vécue en exil à Babylone, et dont le prophète Isaïe annonce la libération dans la 1ère lecture, avec le retour à Jérusalem et la promesse par Dieu de la venue du Messie. « Dieu vient lui-même et va apporter le salut. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds ». Et l’on sait que ce même prophète Isaïe, prophète de la consolation est aussi le prophète de « l’ouverture du salut aux nations ». Israël, le peuple élu par Dieu est envoyé en mission. Le salut messianique ne lui est pas seulement réservé. Dieu aime tous les hommes et la création. Il veut tous les sauver en ouvrant largement son cœur.

C’est bien d’ouverture qu’il s’agit aussi dans la 2nde lecture, quand Saint Jacques demande à l’Assemblée des premiers chrétiens d’ouvrir leurs yeux, mais surtout leurs cœurs, à la présence des pauvres au milieu d’eux. « Ecoutez bien, c’est-à-dire ouvrez bien vos oreilles, frères bien-aimés. Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde. Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume qu’Il a promis à ceux qui l’auront aimé ». Ainsi l’ouverture vers les pauvres, vers ceux qui sont à la périphérie ou sur le seuil, dirions-nous avec le pape François, cette ouverture est la condition d’accès, par la charité, à la foi et à l’héritage du Royaume

Quant au passage de l’Evangile de Marc, on pourrait s’arrêter sur bien des détails. Remarquons que la parole de Jésus : « Effata » s’accompagne d’un lever de ses yeux au Ciel et d’un soupir, littéralement, d’un gémissement, en grec, un terme que l’on retrouve chez Saint Paul dans son épitre aux Romains pour qualifier à la fois les gémissements de l’homme et de la création qui aspirent au Salut, mais aussi et surtout, à la prière de l’Esprit Saint, au fond de nos cœurs dans la prière pour entrer en relation avec Dieu et lui crier : Abba, Père. Dans ce soupir de Jésus et dans cet « Ephatta », c’est toute l’espérance et le désir de l’homme qui rencontrent, en son humanité incarnée, la force, la compassion et l’amour de Dieu Père.

Cette « ouverture aux réalités divines » passant par des réalités et des gestes très concrets du corps : les oreilles, la bouche, les yeux, la salive, etc. l’Eglise les marque dans la célébration des sacrements. Je relèverai plus spécialement ceux du baptême et du mariage, mais on peut le constater pour les 7 sacrements.

Au début de la célébration d’un baptême (qu’il soit enfant ou adulte), l’officiant reprend les gestes et la parole de Jésus dans le rite de l’Ephatta, en touchant de son pouce l’oreille droite et l’oreille gauche, puis les lèvres du catéchumène, en disant : « Efféta, afin que tu proclames la foi que tu as entendue pour la louange et la gloire de Dieu ».

Quand au mariage, il est demandé aux fiancés qui se préparent au sacrement de tenir leur engagement sur 4 piliers : la liberté du consentement, la fidélité dans la durée, l’indissolubilité et l’ouverture à la vie, par l’accueil des enfants et leur éducation selon la volonté de Dieu. Le 4ème pilier de l’ouverture à la vie est tout aussi important que les 3 premiers pour garantir la validité de l’union. Un couple qui se présenterait à l’Eglise avec une ferme intention de ne pas avoir d’enfant peut se voir refuser l’accès au sacrement. Et même si l’intention se révèle après une célébration, ce serait une cause de reconnaissance en nullité de ce mariage.

Ainsi, frères et sœurs, avec cette injonction de Jésus entendue dans l’évangile de ce dimanche : « Ephatta : ouvre-toi ! », nous avons à faire avec une caractéristique fondamentale de notre vie chrétienne, de notre vie de foi. Ouverture à la vie, à l’amour, à la joie, et à la communion.

Je termine en laissant la parole au poète dont nous aimons chanter l’hymne à l’office :

« Ouvre mes yeux, Seigneur

Fais que j’entende, Seigneur

Aux merveilles de ton amour

, Tous mes frères qui crient vers moi

Je suis l’aveugle sur le chemin

A leur souffrance et à leurs appels

Guéris-moi, je veux te voir

Que mon cœur ne soit pas sourd

Garde mon cœur, Seigneur Garde ma foi, Seigneur,

Aussi dur que soit le chemin,

Tant de voix proclament ta mort

Je veux te suivre jusqu’à la fin

Quand vient le soir et le poids du jour

Viens me prendre par la main

O Seigneur, reste avec moi

Ouvre mes mains, Seigneur,

Qui se ferment pour tout garder,

Le pauvre a faim devant ma maison

Apprends-moi à partager,

Homélie du 01 septembre 2024 — 22e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B - 22e dimanche du Temps Ordinaire - 1° sept. 2024

Dt 4/1-2, 6-8 Jac1/17-18,21b-22,27 Mc7/1-8c,14-16,21-23

Homélie du F. Cyprien

Texte :

« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’en retrancherez rien… » « Ecoutez et vous vivrez »…

Plutôt que de parler de textes sacrés, nous venons ici écouter une parole, la PAROLE de Vérité pour nous aujourd’hui, … pour nous et …pour que nous la mettions en pratique ! …Aujourd’hui, …pour nous !

…Trois lectures et une seule Parole, Parole toujours plus facile à comprendre qu’à mettre en pratique, mais c’est elle nous met en face l’exigence de l’Evangile du Christ.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ». Dans le sermon sur la montagne, Jésus n’a pas dit en effet : « Heureux ceux qui se lavent les mains avant d’aller à table »…Jésus a parlé au cœur des hommes de bonne volonté, de ceux qui cherchent le Royaume de Dieu.

…Danger des pratiques extérieures, de tout ce qui dans nos vies aussi s’organise… et parfois plutôt pour nous rassurer.

Nous sacralisons des gestes, des habitudes, et ces habitudes ne sont pas si mauvaises (par ex. se laver les mains avant d’aller manger !)… mais, mais pour certaines choses : « on a bien tout fait ce qu’il fallait et comme il le fallait », et la bonne conscience est là avec une paix dans le coeur… une paix à bon marché !

Guettés par le formalisme et le légalisme nous courons le risque de l’hypocrisie.

« … Ce peuple m’honore en paroles, mais son cœur est loin de moi ».

Nous croyons en effet honorer Dieu par des paroles, des chants, des gestes et toutes sortes de pratiques… et nous pouvons devenir peut-être idolâtres de nos propres idées… idolâtres…vous vous rendez-compte… en croyant être en règle avec Dieu.

Nous savons parfaitement que ce n’est pas ce qui entre dans notre bouche qui va salir notre cœur et notre personne, …nous oublions vite que Dieu parle à notre cœur …et c’est avec notre cœur qu’il nous faut lui répondre… C’est du dedans, du cœur de l’homme que doivent sortir les bonnes pensées, les actions de justice, de miséricorde et de fidélité.

Il s’agit donc de purifier l’intérieur, de travailler au-dedans de nous-mêmes : au lieu de priser plus ce qui parait que ce qui est,

Nous sommes appelés à convertir nos cœurs, sans cesse. Nous souvenir que notre cœur est l’hôte de l’Esprit de Dieu : comment notre demeure pourrait-elle faire cohabiter l’Esprit du Christ et la méchanceté ?

On ne peut penser à Dieu sans éliminer en même temps les pensées et les désirs mauvais, sans ôter ce qui est contraire à l’attention aux autres, à la bienveillance…

Exercice laborieux mais efficace… et nous ne sommes pas assez persuadés que ce qui nous fait du mal, ce qui nous porte à faire mal… « C’est du dedans…C’est du dedans que sortent les pensées perverses, inconduite, vol, meurtre, adultère, cupidité… »

S’exercer à la bienveillance par la pensée, on appelle cela la « garde du cœur », …prévenir les pensées inutiles ou méchantes

.

La pureté que Dieu veut pour nous est belle. Elle est le fruit de l’Esprit du Christ Jésus en nous, elle est bienveillance en pensée, bienveillance en pensée plus rare que la bonté en parole ou en actions … Si notre coeur essaie de fonctionner dans ce registre de la bienveillance et du respect, nous comprendrons mieux les Béatitudes, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, selon l’expression de saint Jacques. Saint Luc écrit aussi : « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ». Du cœur pur peuvent déborder en abondance la prière et la bienveillance…

Oui, Frères et sœurs, confions-nous à l’Esprit du Christ qui nous conduira vers la bienveillance et la bonté…

Homélie du 25 août 2024 — 21e dim. ordinaire — Frère Basile
Cycle : Année B
Info :

Année B - 21° dimanche ord - 25 août 2024

Josué 24, 1…18 / ps 33 - Ephésiens 5, 21-32 - Jean 6, 60-69 -

Homélie du F.Basile -

Texte :

F et S, si nous avions été à la place des disciples ou à la place de Pierre, qu’aurions-nous dit, qu’aurions-nous fait ? On voit bien dans l’évangile ce qui s’est passé : après les paroles si fortes de Jésus sur le pain de vie, sa propre chair donnée en nourriture, paroles qui semblent intolérables à certains, on voit très bien ce mouvement dans la foule, ceux qui se détachent du groupe, en essayant d’entraîner les autres, avec des petites phrases du genre : « Mais il est fou, ce type-là ! il dit n’importe quoi ! vous n’allez pas continuer à l’écouter ! »

Et Jésus s’en rend parfaitement compte. Il sait, dit l’évangile, quels sont ceux qui adhèrent à ses paroles et ceux qui les refusent, quels sont ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Et il lance sa question comme une flèche au cœur des disciples : « Voulez-vous partir vous aussi ? » J’aime ce « voulez-vous », car Jésus ne force personne à le suivre, et j’aime la réponse de Pierre, en forme de question « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? » Comme toujours, c’est lui qui répond le premier et il s’engage au nom des Douze.

Quelle va être notre réponse à la question de Jésus ?

Car ces paroles sont pour nous aujourd’hui, pour chacun de nous, pour la communauté que nous formons en ce dimanche. Au cours de nos vacances, avons-nous pris le temps de nous poser les vraies questions, celles qui touchent au sens de notre vie, de notre foi chrétienne, de notre adhésion au Christ ? Peut-être que si nous tenons à venir chaque dimanche nous rassembler autour de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, c’est non seulement pour nous nourrir de la Parole et du Pain de vie, c’est aussi pour redire notre foi d’une manière ou d’une autre, personnellement et en communauté, car on n’est jamais chrétien tout seul.

Dans la suite de l’évangile, je voudrais parler de la foi, de cette foi qui est un don du Père : « Personne ne peut venir à moi, nous dit Jésus, si cela ne lui est donné par le Père ». Jésus réveille notre foi quand il nous dit : « Voulez-vous partir, voulez-vous me lâcher ? »

Il arrive que des gens nous disent « Un de mes enfants a perdu la foi » ou même « Tous nos enfants, que nous avions pourtant élevés dans la foi chrétienne, ne croient plus. Que faut-il leur dire ? Faut-il leur en faire reproche ? »

Je réponds « Non. Ne parlez pas d’un échec » car la foi est vraiment un don de Dieu, mais ce doit être aussi une relation vivante qui grandit avec la découverte de l’Evangile et des paroles de Jésus. La foi n’est pas une croyance, c’est une confiance donnée à Quelqu’un, une réponse libre à une parole entendue d’où l’importance de connaître Jésus, Celui qui nous appelle et de le rencontrer dans la prière, de lui dire « Tu », « Tu as les paroles de la vie éternelle »

Ensuite la foi, c’est une alliance : toute la Bible nous raconte cette alliance de Dieu avec l’humanité, Dieu qui s’engage le premier avec un peuple choisi, 1° alliance conclue avec Moïse au Sinaï, et puis cette alliance nouvelle où Dieu s’engage totalement en nous donnant son Fils devenu l’un de nous.

Qui dit alliance, dit engagement de part et d’autre : c’est un choix que l’on fait et il faut s’y tenir. Dans la 1° lecture où nous avions une des premières célébrations de l’Alliance en terre promise, Josué le disait très bien : « Qui voulez-vous servir ? Les idoles, les dieux des Amorites, ou bien le Seigneur, l’Unique, Celui qui vous a libérés de l’esclavage. »

Nous voyons aussi que cette alliance n’est pas seulement personnelle, individuelle ; Dieu fait alliance avec un peuple, entrer dans son Alliance, c’est être relié à une communauté, à un peuple, à l’Eglise. La foi ne se vit jamais seul. Quand on baptise un enfant ou un adulte, c’est toujours au sein d’une communauté chrétienne.

Mais lorsque l’enfant grandit ou lorsqu’il se convertit à l’âge adulte, Dieu attend de lui, Dieu attend de nous une réponse libre et aimante. Ce n’est pas une obligation ou une contrainte. Dieu ne nous force jamais. C’est une histoire d’amour.

Je donne, je redonne ma parole, ma confiance à Celui qui m’a aimé et s’est livré pour moi, mais qui jamais ne me forcera. C’est là le plus beau de la foi, le plus beau de l’amour : c’est un choix libre. La liberté, çà ne veut pas dire que je peux faire n’importe quoi ou tout ce qui me plaît, mais que je choisis librement qui je veux servir, qui je veux aimer.

Il a fallu se battre au Concile de Vatican 2 pour réaffirmer le droit de toute personne à la liberté religieuse. Hélas dans le passé on a parfois forcé des gens à se convertir, mais çà ne veut rien dire : Dieu n’a pas besoin d’esclaves, il veut être aimé et servi par des hommes et des femmes libres.

Dans une ancienne homélie, j’avais déjà cité le roi Saint Louis : c’est sa fête aujourd’hui. C’est un texte de Charles Péguy qui fait parler Dieu sur st Louis dans le Mystère des Saints Innocents :

« Quand on a connu d’être aimé par des hommes libres, dit Dieu, les prosternements d’esclaves ne vous disent plus rien.

Quand on a vu saint Louis à genoux, on n’a plus envie de voir ces esclaves d’Orient couchés par terre…

Etre aimé librement, rien ne pèse ce poids, rien ne pèse ce prix…

Quand on a une fois goûté d’être aimé librement, tout le reste n’est plus que soumissions…

Quand saint Louis m’aime, dit Dieu, je sais qu’il m’aime.

Au moins je sais qu’il m’aime, celui-là…

Et quand il dit qu’il aimerait mieux être lépreux que de tomber en péché mortel, je sais que c’est vrai…

Il ne dit pas çà pour que çà fasse bien…parce qu’il a vu çà dans les livres. Il dit cela parce que çà est. Il m’aime à ce point. Il m’aime ainsi. Librement. » (p 716-717)

C’est vrai que cette liberté n’est pas facile à apprendre aux enfants : pourtant, quand Dieu nous appelle à la foi, il nous laisse toujours libres de la réponse, de la décision de nous engager.

Jésus nous dit « C’est l’Esprit qui fait vivre »,oui c’est l’Esprit Saint qui nous fait découvrir le « maintenant » de cette décision.

Il nous rappelle les paroles de Jésus. Il nous donne la pleine liberté du présent et nous ouvre à l’avenir, à l’espérance d’une fidélité créatrice.

Homélie du 18 août 2024 — 20e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 20e dimanche ordinaire - (18/08/2024)

(Pr 9, 1-6 ; 2, 23-24 – Ps 33 – Ep 5, 15-20 – Jn 6, 51-58)

Homélie du Frère Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Au cœur du mois d’août, les lectures de ce dimanche nous parlent de sagesse, de repas, de nourriture. Mais comme souvent, les lectures de la messe nous emmènent sur des chemins qui peuvent être inattendus.

Ainsi, dans la première lecture, la Sagesse de Dieu est personnifiée sous les traits d’une maîtresse de maison qui envoie ses servantes pour inviter à son festin. On y retrouve une image que le Christ prendra volontiers pour parler du Royaume des cieux, il s’agira alors d’un maître de maison qui envoie ses serviteurs.

Si nous regardons le texte de près, nous pouvons être légitimement surpris car les personnes que la Sagesse invite à son festin, sont des étourdis, des gens qui manquent de bon sens, des gens sans intelligence. Etonnant, la Sagesse de Dieu invite des personnes qui sont à l’opposé d’elle-même. Et qui plus est, le festin préparé, et qui est symbolique, vise à quitter le chemin de l’étourderie, à prendre le chemin de l’intelligence. Manger le pain, boire le vin pour devenir sages ! Comme assez souvent dans l’Ancien Testament, la relation de Dieu avec son peuple se scelle par un repas. Souvenons-nous du repas pascal.

Remarquons donc qu’ici, les personnes appelées sont des gens sans mérite, sans sagesse. Ce ne sont pas des gens de qualité mais des gens finalement pas très recommandables selon nos critères. On retrouvera cela aussi chez saint Paul écrivant à la communauté chrétienne de Corinthe : « Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages. »

Le psaume entendu nous rappelle que ce sont les pauvres qui sont en fête et non les riches qui ont tout perdu et ont faim. Et il donne comme condition du bonheur de garder sa langue du mal et ses lèvres des paroles perfides, d’éviter le mal et de poursuivre la paix, de la rechercher. N’est-ce pas là la vraie sagesse ? En tout cas, ce psaume nous rappelle la prédilection de Dieu pour les pauvres. Cela parcourt tout l’Ancien et le Nouveau Testament.

Saint Paul, aujourd’hui, nous parle de notre conduite en y recommandant la sagesse. Tirer parti du temps présent, ne pas être insensé mais comprendre la volonté du Seigneur. Ne pas s’enivrer de vin. Paul est très concret et réaliste. Il s’attache surtout à inviter à la prière par des psaumes, des hymnes des chants inspirés. Nous y retrouvons nos offices liturgiques. Il s’agit, en fait de rendre grâce au Seigneur. Voilà la vraie sagesse.

Quant au Christ, il nous parle d’un repas qui a une toute autre dimension. : manger la chair du Fils de l’homme et boire son Sang. Le saut est tellement immense que ses contemporains ne peuvent le comprendre. Et était-ce compréhensible avant la mort et la résurrection du Christ ? N’est-ce pas sa passion et sa mort, annoncées dans le dernier repas de la Cène (encore un repas), qui ont donné la clé pour comprendre ces paroles obscures et inacceptables pour un juif contemporain de Jésus ?

Mais la sagesse de Dieu est folie pour les hommes et il faudra le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ pour faire comprendre que la Cène qui accomplit la Pâque juive nous fait passer de l’image de la libération des Hébreux de l’esclavage d’Egypte à notre libération de la souffrance et de la mort par la résurrection du Christ. Certes, mort et souffrance sont toujours présentes dans nos vies, mais elles n’ont plus cet aspect définitif qui ôte tout espoir. Le mal n’aura pas le dernier mot.

La chair du Christ et son sang sont vraie nourriture et vraie boisson en ce sens qu’elles donnent la vraie vie, c’est-à-dire la vie par le Christ.

Frères et sœurs, les lectures de ce jour peuvent nous dire beaucoup sur Dieu, sur le Christ, si nous les accueillons dans la foi et la confiance, ce qui n’est pas toujours facile, surtout si notre vie connaît des périodes de turbulence.

Dieu n’attend pas que nous soyons sages pour nous inviter à la sagesse. Nous l’avons entendu dans la première lecture, la Sagesse de Dieu invite des gens qui sont tout sauf sages pour les faire cheminer vers la sagesse. Nous le savons si nous connaissons un peu les évangiles : le Christ a la réputation de côtoyer les pécheurs, les femmes de mauvaise vie, les collecteurs d’impôts. Et, du temps de saint Paul, la communauté de Corinthe ne sera pas réputée pour la sagesse et la bonne tenue de ses membres. Là nous est dit quelque chose d’essentiel sur Dieu si nous nous percevons comme fragiles, pécheurs, pas à la hauteur des exigences de l’évangile, tout est possible avec Dieu et sa grâce et bien plus, c’est vers nous qu’il se tourne de façon préférentielle. Mais si nous nous estimons parfaits, vertueux, si nous comptons sur nos propres forces, avons-nous encore besoin de Dieu ?

Saint Paul nous signale cependant qu’être invités par Dieu, par le Christ, cela ne signifie pas ne rien avoir à faire, car il nous rappelle fermement la nécessité de comprendre quelle est la volonté du Seigneur. Cela implique de prendre le temps d’un retour sur soi, de descendre en nous-mêmes pour y rencontrer le Christ. A nous de nous libérer dans un emploi du temps parfois si rempli.

Moyennant cela, dans la foi, sachons nous rappeler que la chair du Christ, reçue dans l’eucharistie est vraie nourriture pour avoir la vraie vie, sans oublier que, dans la tradition chrétienne, et notamment dans la tradition monastique, méditer, ruminer la Parole de Dieu est aussi une nourriture pour notre vie spirituelle qui a toute son importance. Laissons-nous une place suffisante dans nos vies à cette nourriture de la Parole de Dieu ? Lui consacrons-nous du temps ? L’eucharistie est le lieu qui unit la Parole et le Pain eucharistique comme nourriture pour notre vie avec le Christ. Sachons rendre grâce pour ce don qui nous est fait, et en faire profiter les autres …

AMEN

Homélie du 15 août 2024 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année - ASSOMPTION - 15-08-2024

Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab ; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Il n’est pas facile de se tenir sous une forte lumière, et nos yeux supportent mal de fixer en face le soleil. Ils sont aveuglés…Le soleil, ce compagnon de nos journées, celui sans lequel il n’y aurait pas de vie, nous devons accepter de ne pas le regarder en face…Nous jouissons de sa lumière, mais devant lui, il nous faut baisser les yeux…

Aujourd’hui, l’Eglise propose à nos regards, de contempler : « une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Une femme qui brille de l’éclat de tous les astres à la fois. Marie élevée dans la Gloire de son Fils ressuscité, est là qui brille de toute la lumière divine…Elle n’est pas Dieu, mais elle est toute entière prise dans sa lumière, sertie dans la lumière de la Gloire divine, comme une perle rare…Or, nos yeux de la foi ne craignent pas de regarder cette Dame si belle, comme dira Bernadette à Lourdes. Cette femme revêtue de lumière n’aveugle pas. Elle ne repousse pas, ni n’oblige de baisser les yeux devant elle…Non, les croyants que nous sommes, gens de toute condition, pécheurs en chemin, nous aimons nous tourner vers elle avec confiance, sans peur, avec la confiance de l’enfant de Dieu.

Oui, la gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui, comme le fruit d’une grâce particulière n’écrase pas. Au contraire, elle rassure, elle réconforte, elle encourage sur la route. Mais quel est donc le secret de la gloire de Marie ?

Nous venons de l’entendre dans l’évangile dans le beau chant que Marie entonne en réponse à la salutation d’Elisabeth, quand elle affirme : « Il élève les humbles ». La Gloire de Marie n’est pas à comprendre à la manière d’une gloire humaine. Elle n’est pas résultat d’une puissance affirmée ou le fruit d’exploits réalisés. Non, c’est la Gloire d’une femme humble. Une humble servante sur laquelle les yeux de Dieu se sont penchés. Une femme qui n’a rien à faire valoir sinon sa disponibilité étonnée et sa foi fidèle à la parole entendue de la part de l’ange Gabriel…Humblement, elle s’est laissée conduire et traverser en tout son être de chair, par cette mission unique d’être la mère du Messie, le fils du Dieu Vivant. Et c’est cette humilité-là, que Dieu s’est plu à couronner. Il a voulu élever son humble servante et lui donner de ne pas connaître la corruption de la mort, pour qu’elle partage sa lumière bienheureuse dès maintenant…

La gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui nous montre ce qui a vraiment du poids aux yeux de Dieu. En hébreu, le mot gloire se traduit littéralement « poids ». La gloire c’est ce qui a du poids. Et qu’est ce qui a du poids aux yeux de Dieu, ce qu’il regarde : c’est l’humilité, l’offrande de soi, l’écoute et l’obéissance. Voilà la Gloire de Marie : elle a été toute disponible, toute à l’écoute durant sa vie, toute abandonnée au dessein du Père et au service de son Fils, Jésus…Cette gloire-là ne fait pas de l’ombre à la Gloire de Dieu. Non elle nous donne au contraire d’en approcher le mystère. Elle nous redit que la Gloire de Dieu est bien loin de nos gloires humaines enveloppées dans leurs richesses et leurs honneurs de toute sorte…Elle nous aide à convertir nos regards. Elle nous aide à laisser de côté nos peurs pour grandir dans la confiance en ce qui surgit petitement, imprévu.

Que Marie dans la Gloire du Ciel, comme nous le prions dans l’oraison initiale, une Gloire qui n’est pas de notre terre, mais qui n’est pas loin de notre terre, et de nos chemins humains, nous aide à ajuster nos lunettes, et nos cœurs…Faisons mémoire en cette eucharistie, de ce mystère de Gloire dans lequel le Christ mort et ressuscité nous introduit. En Lui, nous rendons grâce d’en avoir déjà un avant-goût.

Homélie du 11 août 2024 — 19e dim. ordinaire — Frère Vincent
Cycle : Année B
Info :

Année B - 19 ème dim. Temps ordinaire - 11 aout 2024

1 Roi 19 4-8 ; Eph 4.30-5.2 ; Jn 6 41-51 ;

Homélie du F. Vincent

Texte :

Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de la nourriture que Dieu nous donne. La première lecture nous rapporte le témoignage du prophète Élie. Son grand souci était de ramener le peuple d’Israël à la fidélité au vrai Dieu. Il n’a jamais cessé de dénoncer ceux qui se vautraient dans le péché. Se sentant menacé, il a dû s’enfuir dans le désert. Il pensait en finir avec cette vie. Mais Dieu ne l’a pas abandonné. Il lui a envoyé le pain qui lui donnera les forces nécessaires pour continuer sa longue marche.

Nous aussi, nous connaissons parfois des périodes difficiles. Mais notre Dieu ne nous abandonne pas. Il nous donne le pain dont nous avons be-soin pour continuer notre route. Chacun de nous peut penser à une parole d’encouragement, une rencontre qui nous a fait du bien, un geste d’amitié. Mais le seul vrai pain, nous le trouvons dans l’assemblée du dimanche. C’est Jésus lui-même qui se donne. Il est le vrai pain de la route par sa Parole et par son Eucharistie. Nous chrétiens, nous avons tous besoin de cette nourriture que Dieu nous donne pour continuer notre marche.

C’est ce message que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour. Saint Jean a longuement médité sur les paroles de Jésus. Ce qui le fait souffrir c’est la désaffection des communautés chrétiennes vis-à-vis de l’Eucharistie. Et aujourd’hui, il voudrait nous ramener à l’essentiel. Le Christ se présente à tous comme “le Pain descendu du ciel”. Il est le plus beau cadeau que Dieu ait pu faire à l’humanité. C’est Jésus qui se donne à nous pour que nous puissions vivre éternellement. C’est un cadeau imprévu et inattendu. Nous n’avons rien fait pour le mériter. Il s’agit d’un don gratuit de Dieu. Mais pour l’accueillir en vérité, un acte de foi est absolument nécessaire.

C’est ainsi que Jésus nous révèle qui il est, en vérité. Et cette révélation va provoquer une crise. Il y a ceux qui croient et ceux qui refusent de croire. Et dans notre monde d’aujourd’hui, ça n’a guère changé. Beaucoup se sont installés dans l’indifférence ou le refus. Ils ne voient en Jésus que le côté humain. Ils refusent de reconnaître sa divinité. Cet Évangile vient remettre en question ce que nous croyons savoir sur Jésus. Il n’est pas seule-ment l’homme de Nazareth ; il est le “pain du ciel”, la nourriture pour la route. Il nous dit qu’il faut le “manger”. Venir à lui, c’est croire en sa Parole, c’est s’en nourrir, c’est l’accueillir comme un don de Dieu.

Tout cela n’est possible qu’avec la foi. La tentation est grande de nous en tenir aux évidences. Aujourd’hui, le Christ vient nous appeler à une dé-marche de confiance. C’est une question de vie ou de mort. Nous sommes invités à choisir la vie qui vient de Dieu. Ses paroles viennent nous bousculer mais elles sont celles de la Vie éternelle. Chaque dimanche, le Seigneur vient nous nourrir de cette Parole et de son Eucharistie. C’est un don extraordinaire dont nous ne mesurons peut-être pas l’importance. Nous n’aurons jamais fini d’en découvrir la grandeur, à savoir que le Christ vient nous donner sa vie en se donnant Lui-même. Que Le Christ a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude. La messe c’est Dieu qui vient à notre rencontre et qui nous attend. C’est un rendez-vous d’amour qui nous est offert à tous.

Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul nous rappelle les dispositions à adopter pour accueillir ce don de Dieu. Il nous invite à vivre dans l’amour et l’unité. C’est une condition indispensable pour vivre l’Eucharistie en vérité. Nous ne pourrons vraiment témoigner de l’amour de Dieu que si nous en vivons. Notre référence c’est Dieu ; c’est Lui que nous devons imiter. C’est en lui seul que nous trouvons la joie et le bonheur, même dans les moments les plus difficiles.

En ce dimanche, nous sommes venus à Jésus. C’est lui qui nous accueille. Comme l’a écrit le pape François, il est “le visage de la miséricorde”. Alors oui, nous te prions : , Dieu notre Père, ouvre le cœur de tes enfants à celui que tu leur as donné comme “Pain vivant descendu du ciel”. Que grandisse en nous le désir de nous laisser attirer par toi. AMEN.

(Sources diverses)

Homélie du 04 août 2024 — 18e dim. ordinaire — Frère Charles Andreu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 18e dimanche TO, dimanche 4 août 2024

– Ex 16, 2-4.12-15 ; Ep 4, 17.20-24 ; Jn 6, 24-35

Homélie du F. Charles Andreu

Texte :

La satiété et la faim. Les lectures de ce dimanche, à travers l’image du pain, entendent évidemment susciter un discernement : quelle nourriture me fera vivre vraiment ? Mais plus radicalement encore, elles interrogent notre expérience de la satiété et de la faim.

La question est d’ordinaire vite résolue : la faim est mise du côté de la souffrance et de la peine, de ce manque que doit combler la satiété : être heureux, c’est être rassasié. Dieu n’est-il pas celui qui « comble de biens les affamés » ? Jésus ne promet-il pas : « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » ?

Pourtant, la Sagesse divine, au livre de Sirac, promettait exactement le contraire : « Ceux qui me mangent auront encore faim, ceux qui me boivent auront encore soif. » (Si 24,21) Ou encore, dans la première lecture, la satiété est le propre de l’esclavage d’Égypte, et c’est la faim que Dieu fait d’abord connaître au peuple qu’il a libéré.

Sommes-nous faits pour la satiété, ou pour la faim ?

L’expérience de la satiété est évidemment fondamentale. Elle porte bien au-delà du fait d’avoir le ventre plein. Car dès le premier instant de notre vie, la satiété est liée à la relation. Le nourrisson, incapable de se nourrir lui-même, fait l’expérience d’être nourri, d’être objet d’attention et de soin, et dès lors il apprend la confiance, il trouve la sécurité intérieure qui lui sera nécessaire toute la vie.

Nous l’oublions facilement ensuite, mais la satiété repose toujours sur un don, sur la grâce d’une altérité. Même à cuisiner les légumes de mon propre jardin, je n’ai pas fait tomber la pluie, ni inventé l’eau chaude : tout cela je l’ai reçu des autres, d’une culture, d’une société, de Dieu. L’auto-suffisance, l’auto-satisfaction sont toujours une illusion, un mensonge dont il faut se détromper pour entrer enfin dans l’action de grâce : la vie est un don.

Pourtant cette vie est encore traversée par la faim. Et la faim aussi est une bénédiction. Entendons-nous : il y a aujourd’hui encore des hommes et des femmes qui meurent de faim, de toutes sortes de faim, et c’est un scandale. Mais ce n’est pas la faim qui tue, c’est l’absence de nourriture, c’est l’égoïsme qui refuse de partager les biens, l’attention, l’affection. Au contraire, si j’ai de quoi me nourrir, c’est une très bonne chose d’avoir faim. Car aujourd’hui, on meurt aussi de ne plus avoir faim, de perdre cette ouverture, ce désir, cette espérance indispensables pour accueillir le don de la vie, le don de l’autre qui me fait vivre.

L’autre n’est d’ailleurs pas seulement celui qui me nourrit ou que je nourris, il est celui dont j’ai faim. Dès lors que je l’aime, il est mon « manque », ce que je ne peux ni posséder, ni me donner à moi-même. L’illusion la plus courante et la plus tenace sur l’amour, c’est de croire que je vais finir par rencontrer celui ou celle qui me comblera enfin ; illusion spirituelle, encore, de croire que Dieu va me combler, va rassasier en moi toute faim. Au contraire : l’amour est une satiété qui creuse la faim, car elle déploie le désir.

Aussi la tentation est-elle grande de fuir l’amour véritable dans ses succédanés, de se ruer sur les piteux mate-faim de jouissances grossières, ou sur les coupe-faim du moralisme et de l’idéologie. Tentation encore de s’amputer de tout amour irréductible aux seuls devoirs de la charité, ou de le refouler. Certains détachements, loin d’être l’expression d’une liberté, ne sont qu’une défense contre le risque de la relation et de la faim. C’est tellement facile d’aimer son détachement ; c’est tellement plus difficile d’aimer quelqu’un. Accepter le lien, et donc aussi accepter le manque, est la seule vraie liberté, si du moins j’accepte encore que ce lien soit toujours retravaillé, élaboré, si j’accepte que la faim me travaille et me change.

La satiété et la faim. L’eucharistie est ce pain qui rassasie notre foi en éveillant notre faim, faim de voir face à face celui que nous rencontrons sous le signe du sacrement. Que le Seigneur comble notre attente ; qu’il creuse notre faim.