Homélies
Liste des Homélies
Année A - SACRE-COEUR
23 Juin 2017
Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, - « En vénérant le Cœur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous », ainsi nous sommes-nous adressés à notre Père des Cieux dans l’oraison qui ouvrait cette célébration. En effet, comme nous l’entendions hier soir dans une lecture, le Cœur transpercé de Jésus nous ouvre l’accès au Cœur aimant du Père et nous donne d’avoir part à la source vivifiante de l’Esprit d’Amour. Sur la croix, le mystère de l’Amour de Dieu se déploie sous nos yeux…comme un mystère à contempler et à accueillir. Comme un mystère aussi dans lequel nous sommes introduits, c’est-à-dire dans lequel nous pouvons devenir pleinement acteurs.
Un mystère à contempler et à accueillir. Sur la croix, le coup de lance perce le cœur de Jésus qui vient de mourir. Cet homme qui avait dit : « je suis doux et humble de cœur » est là, transpercé. Sa douceur et son humilité se sont manifestées jusqu’au bout de son existence. Il s’est laissé faire sans répondre aux outrages, sans résister ni se révolter. Il s’est donné librement. Sa douceur n’est pas faiblesse, elle est amour offert à son Père. Son humilité n’est pas résignation, mais libre consentement pour entrer dans le projet d’amour de son Père. « Voyez comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui…Il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés »…nous dit St Jean dans son épitre. La douceur et l’humilité de Jésus jusque sur la croix, révèle l’amour de Dieu son Père pour nous. Celui-ci ne pouvait se résoudre à voir notre humanité aux prises avec le péché et la mort. En Jésus, qui subit et porte le péché des hommes il nous offre son pardon et l’assurance de son amour. En Jésus qui assume la souffrance et la mort violente de la croix en toute liberté, il ouvre une espérance qui éclatera au matin de Pâques. La mort n’est plus une impasse, mais un passage. Pour nous, Dieu notre Père a consenti à livrer son Fils à nos cœurs endurcis, pour que Celui-ci nous ramène par son cœur transpercé vers Dieu notre Père. Et de ce cœur ouvert jailli l’eau et le sang, symbole de la vie de l’Esprit. L’Amour du Père et du fils ne serait pas totalement manifesté si la présence de l’Esprit n’était révélée. Le Cœur de Jésus est plein de cet Amour qui est l’Esprit d‘Amour échangé entre le Père et le Fils. Respiration profonde, respiration aimante qui unit le Père et le Fils dont le Cœur de Jésus est débordant. En regardant le cœur ouvert de Jésus, nous accueillons ce grand mystère de l’Amour du Père, et du Fils et du St Esprit. Il nous est bon de le contempler avec gratitude et reconnaissance. Sachons parfois, nous arrêter devant la Croix de Jésus pour contempler ce mystère d’amour offert.
Et cette contemplation de l’Amour de Dieu pour nous, allant en s’approfondissant, nous introduira de plus en plus dans une nouvelle façon de vivre. La conviction que Jean exprimait deviendra nôtre. « Puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres…Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection »… La contemplation du Cœur transpercé de Jésus nous permet d’entrer dans une autre dynamique de l’amour. Non pas un amour obligation, selon une réduction trop légaliste du commandement. Mais un amour reçu de Dieu comme un cadeau immérité qui transforme peu à peu notre regard et notre attitude vis-à-vis des autres : comme moi, ils sont immensément aimés. De même que l’Amour est la vie de Dieu, il peut devenir vraiment ma vie… Telle est notre vocation la plus profonde : devenir des fils du Père et des frères les uns des autres, qui demeurent en Dieu qui est Amour. Dans cette lumière, aimer, c’est entrer dans cet unique mouvement qui consiste à se laisser aimer par notre Dieu, sans peur, sans retenue, pour mieux aimer à notre tour, sans peur, sans retenue. Sur ce chemin, disciples de Jésus, nous voulons toujours apprendre. Comme nous le demanderons après la communion, nous pouvons faire nôtre cette prière : « brûle-nous d’une charité qui nous attire toujours vers le Christ, et nous apprenne à le reconnaitre en nos frères ». - 23 juin 2017
Année A - Fêt du Corps et du Sang du Christ - 18 juin 2017
Dt 8 2-16; 1 Co 10 16-17; Jn 6 51-58
Homélie du F.Bernard
Ces simples choses- un peu de pain rompu, un peu de vin distribué-ces simples choses, si grandes, sur lesquelles Jésus au soir du Jeudi -Saint a prononcé les paroles décisives pour la foi :
« Prenez, ceci est mon Corps. Ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude. » (Mc14, 22.24)
Dans l’eucharistie, ces simples choses, nous les refaisons, comme le Seigneur lui-même l’a demandé : « Faites ceci en mémoire de moi. » Nous les refaisons, non seulement pour raviver notre mémoire du Seigneur, mais dans la certitude que, ce faisant, par la bouche du célébrant, c’est le Seigneur lui-même qui prononce à nouveau ces mots, les rendant efficaces pour que nous communions effectivement au corps et au sang du Christ.
Et nous nous souvenons de l’hymne bien connu, qui évoque la rencontre du Ressuscité avec les disciples qui cheminaient vers Emmaüs. C’était au soir de Pâques :
Ne manque pas aux pèlerins, mais viens t’asseoir ; la nappe est mise pour le pain et pour la coupe.
Comment te saurons-nous vivant et l’un de nous, si tu ne prends ces simples choses ?», ces simples choses où « tu nous partages ton corps brisé. »
Dimanche dernier, pour nous introduire au mystère de la Sainte-Trinité nous entendions l’Evangile : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle. » (Jn3,16-18). Aujourd’hui, c’est un autre Evangile qui peut-être nous vient spontanément à l’esprit : « Sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1), jusqu’à l’extrême, jusqu’au don de sa vie. C’était avant la Pâque, au soir du Jeudi-Saint.
Des mots emprunts de solennité, pour annoncer des gestes tout simples, fais d’humanité et de fraternité, des gestes d’amour. L’Amour toujours présent pour nous faire entrer dans le mystère de Dieu en lui-même, pour nous introduire au dessein de Dieu sur nous, sur notre humanité. Au moment où tout va s’accomplir, Jésus fait les gestes qui donnent sens à sa venue en ce monde, à sa Passion toute proche. Il se lève de table, dépose ses vêtements, se ceint d’un linge et lave les pieds de ses disciples. Les gestes d’un serviteur, les gestes du saint Serviteur de Dieu, qui dans sa mort va laver le péché du monde, les gestes qui annoncent le baptême par lequel nous sommes lavés de notre péché et introduits dans sa vie divine. Alors Jésus célèbre la Cène, partage le pain, distribue la coupe.
Nous le savons, l’Evangile de Jean ne rapporte pas l’institution de l’eucharistie, après le lavement des pieds. Tout a été dit dans le discours sur la Pain de vie, après la multiplication des pains. C’est l’Evangile dont nous venons d’entendre la dernière partie : « Moi, je suis le Pain vivant. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Celui-là demeure en moi et moi en lui. Et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,56-57)
Manger ma chair. Ce mot chair peut nous surprendre. Il faut l’entendre dans son contexte biblique et johannique. Au début de son Evangile, Jean avait écrit : « Le Verbe, la Parole de Dieu, s’est faite chair et elle a habité parmi nous. » la chair, c’est la condition fragile et périssable de l’homme. Jésus, en sa chair, en son humanité, va passer par la mort, sa mort qui va nous sauver du péché et de la mort.
Au soir du Jeudi-Saint, en instituant l’eucharistie, il est vraisemblable que Jésus a dû employer ce mot de chair qui lui était familier, basar en hébreu, bishra en araméen.
Manger ma chair, même la mâcher, si l’on veut traduire précisément le mot grec employé quatre fois dans notre Evangile. L’eucharistie, c’est une action bien concrète, une manducation, pour nous communiquer la vie même de Jésus. Les contemporains de Jésus ont été désorientés par ses paroles. « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » L’eucharistie est certes une épreuve pour la foi hésitante, mais pour ceux qui peuvent dire avec Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » elle est le sacrement pour la vie de la foi.
Partage-nous ton corps brisé, pour que le jour se lève au fond des cœurs troublés où tu reposes.
Ce jour que nous sentons lever, nous le voyons dans la clarté de ton visage.
Ne laisse pas le vent de nuit, ni les démons, éteindre en nous le feu qui luit sur ton passage. » Contemplant ton Visage, nous pourrons alors le rayonner, le révéler à nos frères. - 18 juin 2017
Année A - La Sainte Trinité - 11 juin 2017
Exode 34 4-9; 2 Co 13 11-13; Jn 3 16-18
Homélie du F.Vincent
Une personne que je rencontrais récemment me disait :« Ma foi, c'est que Dieu est Amour, tout est là ». Le Mystère Trinitaire que nous fêtons aujourd'hui, ce n'est pas autre chose.
Ce Mystère d'Amour trinitaire c'est d'abord celui du Père "source de toute paternité au ciel et sur la terre" comme dit St Paul aux Ephésiens, mystère du Père qui aime son Fils lui donnant vie et exprimant envers Lui un Amour infini qui dit toute sa richesse. "Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait" dit St Jean.
La richesse de Dieu se dit toute entière dans son extase, dans sa "sortie de soi" en direction du Fils de son Amour. Le mystère de Dieu, c'est le mystère d'un don total, d'une totale et éternelle remise de soi. Cette "génération" du Fils, cet "engendrement" du Fils fait partie du mystère de Dieu-même; elle ne lui est pas surajoutée et notre Dieu ne pourrait être dit sans elle.
Dieu est tellement Amour qu'il ne saurait dire son Être, dire ce qu'il est, de meilleure manière qu'en engendrant un Fils, éternel comme lui, Dieu comme lui, en toute chose semblable à lui, tout en recevant tout de lui.
Le mystère fondamental de notre Dieu, c'est celui de ce don total de l'Amour, de ce caractère plénier de l'Amour.
Dieu Père aime son Fils et se donne totalement à lui en lui donnant l'Esprit de leur Amour commun. Il lui donne absolument tout: sa vie, sa divinité, ET cette force d'aimer qui le fait aimer lui-même. Il lui donne ce dynamisme d'Amour qui le fait lui-même aimer, et qui est son Esprit. Le Père donne au Fils de l'aimer avec l'Amour même qu'Il reçoit.
Mais regardons aussi le Fils, mais contemplons aussi l'Amour du Fils pour le Père, le merveilleux retour à sa source de l'Amour absolu. C'est ce mouvement là que nous aurons à vivre à notre tour, et c'est pourquoi il est si important d'en parler.
Le Fils aime le Père avec vraiment toute sa force, tout son cœur, toute son intelligence. Et c'est ce que nous voyons vivre à Jésus, le Fils fait homme. Si quelqu'un a jamais aimé le Père autant qu'il le mérite et avec la force même avec laquelle le Père aime, c'est bien Jésus. Jésus qui nous dit la plénitude et la beauté de son amour du Père: "Je fais toujours son bon plaisir", ( Jn 8,29). "Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre", (Jn 4, 34).
Jésus révèle là tout son mystère, tout son être de Fils : aimer le Père, la volonté du Père. Jésus dit là toute sa force et sa raison de vivre. Et cette volonté aimée du Père se traduit pour Jésus par une vie simple, merveilleusement unifiée à l'image de la profonde unité d'Amour qui règne en Dieu.
Mystère de simplicité et de beauté sans aucune note discordante ni aucune ombre mauvaise ou gênante. Il n'y a que la simplicité de cet échange d'Amour où tout ce qui est reçu est rendu.
Prenons-nous assez le temps de nous laisser envelopper de cet amour rayonnant? prenons-nous assez le temps de nous laisser envahir par cet amour trinitaire qui est silence, qui est Paix et Joie dans l'Esprit Saint?
Le Père aime sans cesse le Fils et se donne à lui dans une plénitude qui ne se reprend jamais. Le Fils silencieusement accueille ce don et se donne pleinement en retour.
Il n'y a en eux nulle crainte que cet échange d'Amour s'épuise et se modifie puisqu'il est Amour divin : c'est vraiment la Paix et la Joie! Simplement, le Fils est là et il accepte cet Amour insondable. Il répond à cet Amour par un don total de soi: Paix et Joie! Amour, Paix, Joie qui sont les trois premiers fruits de l'Esprit selon l'épître aux Galates. Et ce n'est pas un hasard, car où l'Esprit donne-t-il ses fruits si ce n'est d'abord dans le Père et le Fils?
Dieu lui, est Paix et il communique à l'homme qui se laisse envahir par lui, quelquechose de sa Paix profonde.
Sa Parole fondatrice au Fils: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur", le Père la dit véritablement au cœur de chacun d'entre nous.
On pourrait encore longtemps parler de ce mystère du Dieu Amour. Mais il faut en laisser pour la prochaine fois ! Retenons déjà que Dieu est Amour et que c'est à cet Amour là qu'il fait participer. 11 Juin 2017
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Année A - PENTECÔTE 4 juin 2017
Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Au début de cette célébration, nous avons fait cette demande à Dieu : « Continue dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication apostolique »…Oui, notre Dieu a entrepris une œuvre d’amour fantastique en donnant son Esprit Saint aux disciples de Jésus. Comment mieux comprendre cette œuvre d’amour ? Il y a plusieurs manières de l’approcher… Chacune des lectures entendues nous ouvre des perspectives.
L’œuvre d’amour que Dieu a entreprise ressemble à un feu qui se répand…Le feu d’un élan irrésistible qui transforme des hommes simples, sans culture, en prédicateur audacieux d’une bonne nouvelle qu’ils ne peuvent garder pour eux : Jésus est vivant, et Il nous offre sa vie. Frères et sœurs, si nous sommes là, aujourd’hui, c’est que le feu est parvenu jusqu’à nous après avoir embrasé tant de générations avant nous. Si on regarde un peu en arrière, on peut s’émerveiller que ce feu ne se soit pas éteint, tant il lui a fallu traverser de sombres périodes et des difficultés qui auraient dû l’étouffer. Il a été plus fort que la fragilité humaine dont l’Eglise a fait preuve, car ce feu, c’était le feu de l’Esprit. Oui, l’Esprit Saint a su « faire feu de tout bois », pour reprendre l’expression familière. Même le bois humide ou le bois à moitié pourri, lui a été utile pour se transmettre de génération en génération. Feu purificateur, feu qui illumine, il poursuit son œuvre secrète qui régénère les cœurs, et qui remet debout des femmes et des hommes. A nous aussi le feu est transmis…Laissons-le nous illuminer, nous transformer, nous réjouir…ce sera la meilleure manière de le transmettre à ceux qui nous entourent ou qui nous suivent.
L’oeuvre d’amour que Dieu a entreprise est semence d’unité… Les étrangers résidents à Jérusalem sont tout étonnés d’entendre dans leur langue les disciples qui parlent. Tout se passe comme s’ils faisaient déjà partie de la famille. Les barrières culturelles ne sont plus un obstacle. Le don de l’Esprit rassemble et unifie les personnes. Il édifie le Corps de l’Eglise. « Le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres, et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps » disait Paul. Oui, elle est grande cette œuvre d’amour mené par l’Esprit qui consiste à unifier tout en respectant la diversité de chaque membre… Hier soir, nous entendions le récit de Babel…qui signe l’échec du rêve humain d’unifier en uniformisant… Tous parlaient une seule langue pour une unique entreprise. Telle n’est pas l’unité que Dieu souhaite pour les humains : l’unité se fera au cœur de leur diversité et de leur différence, pas sans elles. Frères et sœurs, nous savons que ces questions demeurent actuelles : certains caressent le rêve que l’unité ou l’identité d’un peuple se fasse en excluant tout ce qui est différent. C’est une autre manifestation du rêve de Babel vouée à l’échec. L’oeuvre d’amour dans laquelle nous entraine notre Dieu consiste à tendre à l’unité en faisant feu de toutes nos différences. Œuvre humainement impossible. Nos vies communautaires, dans un monastère, dans une famille ou dans une paroisse, nous remettent sans cesse devant ce défi de l’unité à réaliser dans le respect de chacun. Laissons l’Esprit Saint nous unifier, chacun et tous ensemble. Apprenons de lui la patience vis-à-vis de nos idéaux. Laissons-le-nous enseigner l’humour qui rime avec amour, vis-à-vis de nos limites et de nos impuissances… Soyons témoins pour notre monde de ce lent travail de l’Esprit Saint qui sait associer tout être à son oeuvre.
L’oeuvre d’amour que Dieu a entrepris est partage de sa vie même, la vie divine. Ici nous balbutions devant le mystère. En donnant son Esprit Saint, Dieu ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même. Et se donnant lui-même à chacun, il nous introduit en son intimité, au cœur de l’échange d’amour qui unit les trois personnes divines. L’œuvre d’amour de notre Dieu va jusque-là, dès ici-bas sur terre, comme une préparation à ce qui sera éternellement dans la vie au-delà. Dire cela peut paraitre abstrait… Mais si vous voulez, frères et sœurs, prenons conscience de ce que nous vivons déjà : lorsque nous disons à Dieu « Père », « Notre Père », nous pouvons mesurer combien cette prière est un don profond. C’est le don de l’Esprit qui nous unit à Jésus, Lui qui a « soufflé » sur les disciples. Avec Lui et uni à Lui, nous pouvons dire notre confiance à Celui de qui nous venons et vers qui nous allons. Oui, prenons conscience que ce mot « Père » engage notre cœur dans une relation profonde, heureuse et réconfortante. Et cette relation est appelée à aller en s’approfondissant et se simplifiant…jusque dans l’éternité. Oui, frères et sœurs, rendons-grâce à Dieu de nous permettre d’entrer avec confiance dans ce dialogue d’amour avec Lui, petits que nous sommes, mais soutenus par son Esprit. En cette Eucharistie déjà. - 4 Juin 2017
Année A - 7ème Dimanche de Pâques- 28 Mai 2017
Actes 1,12-14 1Pierre 4,13-16 Jn,lb-11a
Homélie fr. Antoine
Frères et Sœurs,
• Entre l'Ascension et la fête de la Pentecôte, ce Dimanche nous invite à
entrer dans un climat de prière.
La première lecture évoque la fidélité des apôtres et de Marie à être d'un même cœur,
assidus à la prière
Dans la deuxième lecture, l'apôtre Pierre exhorte les croyants à « être heureux, ils sont
appelés à rendre gloire à Dieu. »
Et l'Evangile n'est qu'une longue prière, centrée sur la gloire de Dieu et sur le don fait aux
hommes de la Vie éternelle.
• Je ne sais pas ce que pour vous évoque La vie éternelle.
C'est une notion qui peut paraître un peu vague.
Elle nous renvoie à une vie sans commencement ni fin, une vie hors de toute temporalité,
dans un au-delà que nous ne pouvons imaginer.
• Or cette vie, l'Evg nous la précise: elle est pour Jésus, un état, un état de
connaissance. « La vie éternelle, dit-il, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu et
de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »
• La vie éternelle est donc loin d'une évasion de la vie présente, elle est une
connaissance de ce qu'il y a de plus réel, ce réel ultime qui s'appelle Dieu, et que Jésus
appelle Père! Connaissance, qui au sens biblique du terme veut dire Connaissance intime ...
profonde ... dé l'ordre d'une expérience, le plus souvent indicible.
• La vie éternelle- expérience de Dieu, est aussi expérience de sortie de
soi ... expérience du don de soi dans une réciprocité dont l'Evg d'aujourd'hui nous donne une
image à travers cette extraordinaire prière de Jésus à son Père, où 28 fois nous voyons éclore
ce tutoiement amoureux du Fils à son Père.
• Vie éternelle, qui est dès ici-bas, expérience de communion comme nous
le suggère la 1 ère lecture où les Il apôtres avec Marie et quelques femmes font monter d'un-
seul- cœur leur prière vers le Père.
• Vie éternelle, qui est expérience d'un visage, le visage du Père vers lequel
Jésus est venu orÎenter notre existence ... orienter notre banal quotidien ... pour le conduire à
devenir un chemin pascal où ... tout évènement ... toute rencontre ... s'offrent à notre Foi
comme un clin d'œil de Dieu à témoigner de Celui qu'il nous a envoyé.
• Mais la vie éternelle que Jésus donne à tout homme, a un autre nom:
L'Esprit Saint. L'espritSaint dont Pierre dans la 2ème lecture nous dit que même dans
l'épreuve, la souffrance ... l'Esprit de Gloire, l'Esprit Saint repose sur nous.
• C'est cet Esprit de Pentecôte que nous allons célébrer dans 8 jours, cet
Esprit qui rend présent le Ressuscité dans notre vie et nous désigne le visage du Père.
C'est cet Esprit de Pentecôte qui nous permet d'être là très modestement, là où nous
sommes, un signe, le Signe de cette vie éternelle qui est connaissance du vrai Dieu et de son
envoyé Jésus Christ notre Seigneur. - 28 mai 2017
Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR
25 mai 2017
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, Cette fête de l’Ascension vient questionner et peut-être aussi renouveler, réveiller notre manière de regarder Jésus et d’approcher son mystère. « Tandis que les Apôtres regardaient, Jésus s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux » nous dit la lecture tirée des Ac… Les Apôtres voudraient bien avoir toujours sous leurs yeux le Maitre Ressuscité, mais il est soustrait à leur regard. Et bientôt, des anges coupent court : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? », comme pour suggérer que ce n’est plus avec les yeux de chair qu’il faut chercher Jésus. Est-ce d’ailleurs avec les yeux de la chair que les Apôtres avaient reconnu Jésus Ressuscité ? L’évangile de Mt que nous venons d’entendre, laisse pressentir que la vue de Jésus Vivant ne suffit pas pour le reconnaitre complètement … « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes »… Ce n’est pas parce que l’on voit que l’on n’a pas de doute. Voir n’entraine pas le croire. Les récits des apparitions de Jésus Ressuscité nous font comprendre que les disciples ont dû apprendre à voir et regarder Jésus sorti du tombeau, autrement qu’ils ne l’avaient vu auparavant. Ces apparitions furtives, inattendues autant qu’insaisissables, les préparaient au départ de Jésus. Elles les entrainaient à regarder autrement la réalité de leur vie quotidienne afin d’y reconnaitre Jésus présent avec eux jusqu’à la fin du monde…
Paul va dans ce sens quand il prie Dieu pour les Ephésiens, « afin qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur »… Oui, la foi nous fait voir les choses d’une autre manière, avec les yeux du cœur. Nos yeux de chair lents à croire, lent à reconnaitre Jésus sur nos routes, comme pour les disciples d’Emmaüs, ont besoin d’être relayés par les yeux du cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le Petit Prince, « l’Essentiel est invisible pour les yeux ». Avec les yeux du cœur, Paul invite à voir non seulement Jésus ressuscité assis à la droite du Père, mais aussi en espérance toute notre humanité élevée à cette dignité insondable. Les yeux de notre cœur croyant ne peuvent décrire cette réalité glorieuse, mais pourtant ils la reconnaissent comme vraie et digne de confiance. En effet, ce que l’on peut entrevoir de la « gloire sans prix » qui nous attend, s’enracine déjà dans une expérience vivifiante qui transforme nos existences. Paul parle « de la puissance incomparable que Dieu déploie pour nous les croyants, l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts… » Croire en Jésus Ressuscité, ce n’est pas seulement savoir qu’il est vivant, mais c’est déjà partager une énergie et une force venant de sa résurrection et qui nous conduisent à vivre d’une façon nouvelle. Les forces de mort que nous pouvons éprouver n’ont pas le dernier mot. La vie de Jésus vivant nous est offerte pleinement. Elle nourrit notre espérance qu’un jour, non seulement notre existence singulière, mais aussi celle de toute l’humanité sera réunie dans la vie divine.
Peut-être avez-vous remarqué, à plusieurs reprises, j’ai utilisé l’adverbe « déjà »… Dans un premier sens : Jésus élevé auprès de son Père est le gage que déjà notre humanité partage sa victoire, comme nous le priions au début : « l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire ». On retrouvera aussi le « déjà » dans l’oraison de post-communion. Dans un second sens aussi : Jésus élevé auprès de son Père nous partage abondamment sa vie de ressuscité, et à travers elle nous donne de vivre déjà de sa force et de son énergie, par le don de l’Esprit Saint. En Eglise, nous accueillons le mystère de cette plénitude et de cet accomplissement que Jésus ressuscité veut pour son Corps, dès maintenant et pour toujours.
Oui frères et sœurs, avec les yeux de notre cœur croyant, apprenons à accueillir ce double « déjà » : celui de notre victoire assurée en Jésus élevé au Ciel, et celui de cette plénitude de vie et d’énergie déjà offerte dans notre vie pérégrinante sur cette terre. Nourrissons notre foi en méditant les Ecritures, par ex dans les jours qui viennent en reprenant ces textes entendus. Nourrissons notre foi en cette Eucharistie, « échange mystérieux » qui nous fait « vivre du Christ ressuscité » (oraison de l’offertoire). - 25 mai 2017
Année A - 5° dimanche de Pâques - 21 mai 2017
Ac 8/5-8 14-17, 1Pi 3/15-18,
Jn 14/15-21.
Homélie du F.Cyprien
(Une nourriture substantielle, les paroles de l‘Ecriture en ce temps qui nous rapproche de Pentecôte…)
Nous avons entendu les Actes des Apôtres, la première lettre de saint Pierre… L’histoire des premières communautés chrétiennes nous intéresse… Mais surtout la vie et les paroles du Christ, surtout celles de Jésus après le dernier repas avec ses disciples…
Et je me permets ici une remarque : notre mémoire, notre mémoire du coeur doit fonctionner : elle n’est pas la mémoire des ordinateurs et des fichiers informatiques ! la Parole de Dieu devrait habiter notre coeur, … surtout les paroles de Jésus…pour les connaitre par coeur ?!
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes paroles, à mes commandements. Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de Vérité ».
Du dessein de Dieu, l’Evangile de Jean nous explique son accomplissement : quand Jésus va quitter ses disciples – il va mourir, assassiné par ceux qui ne veulent pas de lui -, son testament, sa promesse : c’est de ne pas nous laisser seuls, orphelins… « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », dit-il au moment de l’Ascension.
Ne pas nous laisser orphelins en nous donnant l’Esprit.
Comme sa résurrection, le don du Saint Esprit, c’est l’œuvre du Père et du Fils, du Père dont il ne s’est jamais séparé. Ne pas nous laisser seuls…Lui, Jésus, allant jusqu’au bout de l’obéissance et de l’amour à son Père, nous envoie le Saint Esprit dont il vivait.
Récemment quelqu’un me demandait des précisions, des renseignements sur le Saint Esprit : « Le Père et le Fils, ça va… mais le Saint Esprit c’est qui, c’est quoi ? »
Un élément de réponse, pour dire peut-être l’essentiel… le Saint Esprit est l’union du Père et du Fils ; le Père et le Fils ne sont jamais seuls face l’un à l’autre. Leur Amour mutuel c’est justement ce troisième, cet insaisissable Esprit, nommé souffle, vent, Esprit, parce qu’il est Vie, Mouvement, Elan.
Jésus l’appelle, « l’Avocat », « le Consolateur », « l’Esprit de Vérité », « l’autre Défenseur, qui sera pour toujours avec vous ».
Nous le connaissons : il est en nous, nous sommes le temple de l’Esprit de Dieu par notre baptême, le temple de Dieu par notre vie de foi.
C’est le Saint-Esprit qui nous permet de croire, de découvrir le Christ vivant en nous, le Christ vivant dans l’Eglise. C’est par le Saint Esprit que Jésus revient vers nous et ne nous laisse pas orphelins.
« Totale transparence au Père dans sa gloire, l’Esprit est la présence de Jésus en sa victoire », selon une hymne bien connue ici. Présence de Jésus ressuscité dans ses disciples.
Il y a des personnes se plaignent de ne pas être exaucées dans leur prière … Saint Paul nous souffle : « Nous ne savons pas prier comme il faut »…
Alors revenons à la première lettre de saint Pierre :
« Philippe, l’un des sept diacres, proclamait le Christ aux foules en Samarie. Pierre et Jean, venus le rejoindre, prient pour que les Samaritains reçoivent le Saint-Esprit. »
La seule demande qui puisse vraiment être entendue par Dieu, c’est la demande pour nous et pour le monde du Saint-Esprit, Souffle divin d’amour et de tendresse, Vie divine qui est déjà pour nous la vie éternelle, Elan qui vient faire dès ici-bas toute chose nouvelle. Pensons-y quand nous disons : « Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, Que ta volonté soit faite ».
Dans deux semaines c’est Pentecôte, la fin du temps de Pâques, mais depuis la première Pentecôte, l’Esprit est donné en abondance aux cœurs qui s’ouvrent ; il n’est la propriété de personne : il vient bouleverser le monde… d’abord nous-mêmes, lents à croire, lents à nous tourner vers Dieu.
Que cette Eucharistie nous remplisse de cet Esprit : il est le don de Dieu avec le Corps et le Sang du Christ ressuscité. - 21 mai 2017
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Année A – 5° dimanche de Pâques - 14 mai 2017
Act 6 1-7 ; 1 Pet 2 4-9 ; Jn 14 1-12 ;
Homélie du F . Jean Noël
La première lecture. Vous avez bien entendu ? Dans ces premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres souvent présentées comme si bien, si bien : « Un seul cœur, une seule âme, on partageait tout ». Vous avez entendu : « il y avait des tensions, des récriminations ! Plutôt rassurant, Non ? Consolant. Nous sommes normaux, bien dans les normes. Nous leur ressemblons, à condition quand même d’aller jusqu’au bout de la ressemblance en gérant cela comme nous les voyons faire. Et que voyons-nous ?
-Y a-t-il un problème ? Les douze convoquent l’Assemblée des disciples – l’ecclésia – tout le monde.
- On se parle. Le murmure devient parole. Seulement on ne va pas se plier à la voix de celui qui crie le plus fort.
-Bien décidé à ne pas faire n’importe quoi, on se reprécise la hiérarchie des valeurs : service de la prière, service de la Parole, service du frère, mais sans en rester au niveau des idées,
- On se met donc au travail. On se répartit la tâche. On se rait signe : on prie, on appelle des gens qui ont un nom : Philippe, Nicanor. Aujourd’hui ce serait Gaël, Bruno ou Marie-Do.
Et c’est fécond. C’est souligné deux fois dans notre page : « La Parole du Seigneur gagne du terrain » - « Le nombre des disciples augmente fortement ».
Et notre page d’Evangile ? Au fond, pas si éloignée : il y a un problème : les douze sont bouleversés, troublés. Ils ne savent pas. Ils ne savent plus. Si jamais ils ont su – « Où va-t-on ? Mais où va-t-on ? » A la lettre déroutés. Réponse de Jésus : « Je suis le chemin ». Pas un chemin parmi d’autres ! Non, LE Chemin. Pour connaître le lieu, pour aller à Lui, un seul chemin où s’encheminer : Jésus Christ.
Sommes-nous sûrs d’avoir pris la mesure d’une telle déclaration ? Sommes-nous les inconditionnels de ce chemin-là. Bien sûr, nous nous disons chrétiens. Les plus anciens parmi nous se souviennent même de l’avoir chanté à gorge déployée, comme une marseillaise :
« Je suis Chrétien, voilà ma gloire.
Mon espérance et mon soutien.
Mon chant d’amour et de victoire.
Je suis chrétien. Je suis chrétien. »
Mais attention, on n’est pas chrétien, comme on a pu se dire giscardien, sarkosien ou .. le baptême, c’est quand même plus qu’un bulletin de vote !
Alors, chrétien comment ?
- Chrétien d’une certaine culture ? Nous reconnaissant mollement dans un certain nombre de valeurs qui ont fait notre histoire, même en en oubliant leur source évangélique !
- Chrétien de pratique : un chrétien, ça fait maigre le vendredi, ça va à la messe le dimanche.
- Oui, chrétien comment ? Chrétien du Christ. Pratiquant inconditionnel de ce chemin unique. Chrétien enroché, comme dit Pierre dans la 2° lecture, enroché sur le Roc Jésus-Christ, Vérité et Vie. Pas d’alternative. Pas de chrétien sans Christ. Que serait un chrétien déchristianisé ? Un chrétien 0 % ?
A nous comme à Philippe, Jésus pose la question : « Vous ne savez pas encore cela ? Depuis si longtemps avec vous ! » Si – on sait – Dans la tête simplement ? En profondeur ? C’est bien cela qu’il nous faut chaque année, au terme du Carême, à la Vigile pascale nous ré-engager ensemble sur le chemin de Jésus. Nous le savons bien : le chemin exige l’en-cheminement. Le cheminement dans la durée. Et quoi, si nous nous arrêtons ! Non, il faut cheminer, jour après jour. C’est bien le sens de ce mot, martelé sept fois dans l’Evangile de ce jour : « CROIRE, qu’il faut bien entendre. Ce n’est pas « croire que » et ce n’est pas plus assuré que la météo. Mais croire en. Croire en ce chemin, s’y engager, s’y encheminer.
N’est-ce pas là – si je reviens à la 1° lecture - qu’enracinaient les premières communautés chrétiennes pour trouver la force de surmonter leurs tensions. Ces tensions, on pouvait les regarder, on pouvait en parler, les gérer plus facilement dès lors que pour personne, il ne s’agissait de défendre une boutique ; ou même seulement une pratique. Mais bien de ne pas connaître d’autre chemin que Jésus-Christ.
Les quelques pas que nous ferons pour communier ou pour recevoir sur le front le signe, rappel de notre baptême, seront progression de chrétien, ce que je peux aujourd’hui, comme je suis aujourd’hui sur le chemin de Jésus Christ. Oui devenir chrétien.
Prions les uns pour les autres. (14 mai 2017)
Année A -Homélie du 4° dimanche de Pâques – 7 mai 2017
Act 2 14a 36-41 ; 1 Pierre 2 20b-25 ; Jn 10 1-10
Homélie du F.Damase
Dans son message pascal, le Pape François a commenté cet Evangile du Christ « Bon Pasteur » ; je vais donc vous parler d’un autre aspect que cet Evangile mentionne où le Christ se présente comme la Porte de la bergerie.
Tout d’abord qu’est-ce qu’une porte : sinon un lieu de passage. Un lieu qui peut être ouvert ou fermé. Ouvert pour faire communiquer l’extérieur avec l’intérieur. Fermé pour former ou protéger une communauté, une famille, une nation. Ouverte la porte laisse passer, entrer et sortir, permettant la libre circulation : elle exprime l’accueil, une richesse d’échange. Fermée, elle empêche la communication : elle exprime un refus. Elle suggère aussi l’idée d’un tri.
Ainsi dans sa Règle, st Benoit invite l’abbé à choisir comme portier, un sage vieillard qui sache recevoir et donner une réponse. Sa maturité le préservant de courir de tous côtés. Un homme qui s’empresse de répondre. De même Benoit invite l’abbé a disposé le monastère avec tout le nécessaire pour la vie de la communauté, de sorte que les moines ne soient pas obligés de courir au dehors.
Dans l’Evangile Jésus se présente comme la porte de la bergerie. Pour comprendre cette parabole, il faut se rappeler que Jésus s’adresse aux Pharisiens. Or ces pharisiens ont un tel sens du sacré qu’ils ne peuvent imaginer une proximité entre Dieu et l’homme. Pour eux, Dieu est LE saint, l’inaccessible ; l’homme ne peut pas atteindre Dieu par ses seules forces.
Sur ce point entre Dieu et l’homme, Jésus leur donne raison. Mais Jésus nous annonce que lui-même nous ouvre la porte et alors nous pouvons le rencontrer. Cette porte qui nous permet d’aller à Dieu, c’est Jésus lui-même. Si quelqu’un entre par lui, il sera sauvé. Il est le passeur qui nous permet de traverser la mort pour épanouir en nous les forces de la vie.
Cette porte n’est pas celle qui claque brutalement, ni celle qui enferme comme dans une prison. Elle est un lieu de passage ouvert à l’humanité tout entière. Il y a de la place pour la multitude et la diversité. Jésus se présente comme la porte ouverte à l’étranger, au réfugié, à l’immigré, à l’handicapé, au pauvre comme au riche. Cette porte est ouverte à l’inconnu, à la brebis égarée et à tous ceux qui cherchent un sens à leur vie.
En résumé cette porte est ouverte par la miséricorde de Dieu. Chacun de nous est unique pour Dieu; il nous a gravés sur la paume de ses mains. Nous sommes son bien le plus précieux, inscrits dans son cœur de Père
Par le sacrement du baptême et de l’Eucharistie, nous sommes incorporés au Christ. Nous passons au-delà des limites de la vie présente pour entrer dans la perfection de l’humanité, celle de Jésus Ressuscité. « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la Vie, la vie en abondance ». L’Évangile du Christ nous offre un formidable appel à vivre. Il n’est pas une contrainte qui nous enferme, mais un souffle puissant qui nous entraine et nous appelle au bout de ce qui est vital pour chacun de nous : aimer et être aimé.
Nous, chrétiens baptisés, notre tâche est d’être les portiers du Christ, qui montrons la porte « à tous ceux qui frappent », qui cherchent comment passer de la tristesse à la joie, du doute à la confiance, qui cherchent comment entrer dans le grand projet d’amour qui anime le Christ.- 7 mai 2017
Année A - 3° dimanche de Pâques - 30 avril 2017
(Actes 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 Pierre 1,17-21 – Luc 24, 13-35
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs, peut-être certains d’entre vous ont-ils entendu parler de lectio divina sans trop savoir de quoi il s’agissait. Peut-être certains d’entre vous l’ont-ils pratiquée sans le savoir. Les lectures que l’Eglise nous offre pour ce 3e dimanche de Pâques sont en tout cas une belle illustration de cette pratique. Pratique monastique mais qui s’est diffusée dans l’Eglise et heureusement.
La lectio divina, lecture divine, c’est à la fois la lecture, la méditation et la prière à partir d’un texte biblique afin de mieux connaître Dieu, le Christ, afin de dialoguer avec lui tant il est vrai que Dieu nous parle dans les Ecritures saintes, dans la Bible. Une des méthodes, trouvant ses origines dans la tradition juive, consiste à rapprocher des textes bibliques entre eux pour faire jaillir une lumière qui peut éclairer, réchauffer le cœur (notre cœur n’était-il pas brûlant en nous disaient les deux disciples d’Emmaüs). Les lectures de la messe du dimanche sont bâties sur ce principe : éclairer, interpréter la Bible par elle-même.
L’évangile de ce dimanche est un exemple particulièrement fort de ce que la Bible peut nous faire découvrir. Nous y voyons en effet le Christ à l’œuvre. Deux disciples s’en retournent de Jérusalem. Ils sont dans le doute, la déception. Ils croyaient que le Christ allait délivrer politiquement Israël (vision commune du Messie à cette époque d’occupation de la Palestine par les troupes romaines). Or voilà qu’il s’est fait proprement éliminer. Il y a bien eu des femmes qui ont vu des anges disant qu’il était vivant, des compagnons qui sont allés à la tombe mais elle était vide et ils n’ont pas vu le Christ.
Or le Christ, qu’ils ne reconnaissent pas, qu’ils ne peuvent pas reconnaître tant ils sont enfoncés dans leurs questions, les écoute, les prend où ils en sont puis leur donne une véritable leçon de lectio divina. A partir des Ecritures, de Moïse et des prophètes, il montre en quoi la Bible juive, notre Ancien Testament, parle déjà de lui. Nous voudrions bien connaître les textes que le Christ a utilisés mais c’est une tentation. En fait, l’évangéliste Luc se garde de raconter le détail pour nous inviter, nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, à faire ce chemin pour rencontrer le Christ vivant. Mais ce chemin est aussi à faire en communauté. Le Christ et les deux disciples sont trois, c’est déjà une petite communauté. Quand ils auront reconnu le Christ, Cléophas et son compagnon repartiront rejoindre les autres disciples, l’Eglise naissante. C’est en Eglise aussi que nous avons à écouter la Parole de Dieu et à reconnaître le Christ dans la fraction du pain, ce que nous vivrons tout à l’heure.
La première lecture, elle, nous donne un bel exemple de lectio divina car Pierre agit de même que Jésus. A Jérusalem, à la Pentecôte, à partir du don de l’Esprit Saint reçu, Pierre relit le psaume 15 et y voit une parole sur le Christ. Lui qui a été crucifié, supprimé, il est ressuscité. David, en effet, considéré comme l’auteur des psaumes, avait déjà parlé du Christ. Le Seigneur ne peut abandonner son fidèle au séjour des morts ni le laisser voir la corruption. C’est en relisant ce psaume qui a été chanté après la première lecture, que Pierre proclame que le Christ est vraiment ressuscité. Les psaumes sont un résumé de toute la Bible juive. Ils ont été priés par le Christ lui-même comme tout juif pieux. Ils ont aussi servi aux premiers disciples du Christ pour relire ce qu’ils vivaient et y découvrir le Christ déjà annoncé.
Ainsi, Pierre, comme le Christ, revisite l’Ancien Testament pour y voir le destin du Messie : sa mort violente et sa résurrection. Le Christ l’avait plusieurs fois annoncé. Et c’est cela que nous propose l’Eglise dans sa liturgie. Faire la rencontre du Ressuscité dans sa Parole puis dans la fraction du Pain.
Ainsi donc nous pouvons nous sentir invités à nous plonger dans les Ecritures, dans la Bible. On entend souvent dire : « Dieu, le Christ, c’est très bien mais je ne le vois pas, je ne l’entends pas. » Pourtant, en lisant sa Parole et en la méditant, nous pouvons le rencontrer qui nous parle. En cherchant le Christ dans la Bible, dans toute la Bible, c’est lui que nous rencontrons, que nous apprenons à connaître. Mais ce n’est pas qu’une recherche individuelle. C’est en Eglise, en communauté, que nous pouvons aussi approfondir notre connaissance du Christ. Les autres baptisés ont en effet aussi à nous apprendre.
Frères et sœurs, les lectures de ce jour nous invitent à méditer la Parole de Dieu. Elles nous disent même que l’on peut rencontrer le Christ dans la Bible. Et cette expérience peut se traduire par un cœur brûlant d’annoncer aux autres la Bonne Nouvelle. Notre vie peut en être transformée. N’envions pas les disciples d’avoir vu le Christ de leurs yeux. Le Christ lui-même révèle que c’est dans la méditation de sa Parole et le partage de son Corps et de son Sang en communauté que nous pouvons le rencontrer et qu’alors, il n’a pas besoin d’être visible. A nous de trouver les moyens pour nous préparer, par exemple, en méditant à l’avance les lectures du dimanche. Faisons l’effort. Nous découvrirons des horizons nouveaux qu’il n’est pas besoin d’être moine pour les découvrir. AMEN. (30 avril 2017)