Homélies
Liste des Homélies
Année B - PRESENTATION DU SEIGNEUR -
02.02.2018
Ml 3, 1-4 ; Lc 2, 22-40
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
« Et soudain viendra dans son temple, le Seigneur que vous cherchez » entrevoyait le prophète Malachie. Pouvait-il imaginer cette venue autrement qu’à la manière d’une théophanie où apparait toute la puissance divine ? « Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera. Car il est pareil au feu des fondeurs… » Le Dieu d’Israël était perçu comme le Tout Autre, si transcendant dans son Temple à Jérusalem, que seuls les prêtres pouvaient accéder au Saint des Saints, lieu privilégié de sa Présence… Le Ps 23 que nous avons chanté ensuite faisait écho à cette vision, en rapportant ce qui était peut-être une liturgie d’intronisation de l’arche. Quand le Seigneur vient dans son temple les portes doivent être surélevées : « Portes, levez vos frontons, levez-les portes éternelles ».
En ce jour, dans la foi, nous confessons Jésus, le Seigneur qui vient dans le Temple, sa Maison. Il n’est point besoin de surélever les portes, car il s’est tellement abaissé à la manière d’un enfant. Il n’y a pas d’espace réservé pour qu’il y prenne place, car avec tout juif venant accomplir les rites de la loi il prend place au milieu des siens… Il n’y a pas de prêtres pour l’accueillir, mais un simple fidèle, juste et religieux et une femme prophète conduits par l’Esprit. Oui, notre foi chrétienne vient réviser toutes les images de Dieu, et toutes ses manifestations. Celui que l’on reconnait comme le Fils de Dieu depuis sa Résurrection d’entre les morts, a consenti à renoncer à toutes les prérogatives divines. Il est entré par la petite porte, celle de tout le monde. Par sa naissance d’une femme Marie, par son obéissance aux rites et aux observances de la Loi, par son lent développement et par sa patiente croissance au rythme d’une existence humaine, il est devenu l’un de nous vraiment….homme parmi les hommes. Et cependant restera toujours une affinité profonde entre Jésus et le Temple… Lieu de l’habitation de Dieu parmi les hommes…où Jésus a souvent enseigné, où il a manifesté son opposition à la conception trop mercantile qu’on en avait, lieu auquel il s’est tellement identifié qu’il a fait comprendre qu’Il était lui-même le nouveau Temple… Ce sera le seul motif que l’on parviendra avec peine à mettre en avant lors de son procès pour le réduire au silence…
Oui en ce jour, rendons grâce en cette eucharistie pour cette Lumière offerte et reconnue dans la foi qu’est Jésus lui-même… Jésus le Vrai Temple parce que le Vrai Grand Prêtre par son offrande de Lui-même sur la Croix. Jésus le Vrai Temple dans lequel nous pouvons prendre place dans la mesure où nous demeurons en Lui par la foi. Laissons sa Lumière et sa Présence nous réconforter. - 2 février 2018
Année B - 4° dimanche du Temps Ordinaire - 28 Janvier 2018
dt 18 15-20; 1 Co 7 32-35; Mc 1 21-28
Homélie de F.Matthieu
“Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?
Ne fermez pas votre cœur comme au désert
où vos pères m'ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit.”
Ps 94, 7-9
Dans cette simple strophe du Psaume que nous venons de chanter, est résumée toute l’aventure du disciple. C’est ce qu’on peut appeler, au vrai sens du terme, la « question de confiance » qui habite la vie de celui qui a entendu un jour l’appel du Christ à le suivre.
Et c’est bien le fil rouge de l’évangile de Marc que nous allons lire tout au long de cette année liturgique : si vous voulez savoir qui est en vérité ce Jésus que vous avez suivi dans un premier mouvement, dont vous essayez d’être les disciples jour après jour, regardez-le agir et parler, écoutez-le ! Et vous pourrez alors le connaître en vérité et confesser du fond du cœur, avec le centurion au pied de la Croix : “Vraiment cet homme est le Fils de Dieu !”
Ce dimanche dans ce que nous venons d’entendre, Jésus entraine Pierre et André, Jacques et Jean qu’il vient d’appeler à le suivre - c’était l’évangile de dimanche dernier -, Jésus les entraine à la Synagogue comme il convient un jour de Shabbat ; il ne les arrache pas à leur Tradition, il les y ramène, mais les invite à son accomplissement.
Ensemble, ils vont se mettre à l’écoute de Moïse et des Prophètes, comme chaque Shabbat, ils vont écouter la Parole Dieu transmise dans la chaire de Moïse, mais voilà que maintenant c’est Jésus qui enseigne, Marc y insiste par trois fois :
“Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.”
Et il y reviendra une quatrième fois, à la fin de notre passage :
“Tous s’interrogeaient : Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité !”
Et ici, notre première lecture, le chapitre 18 du Deutéronome, nous apporte un éclairage capital, Moïse lui-même témoigne :
“Le SEIGNEUR votre Dieu
fera se lever un prophète comme moi,
et vous l'écouterez.”
Et encore
“je mettrai dans sa bouche mes paroles,
et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.”
Et il est là, dans cette Synagogue de Capharnaüm, ce Prophète comme Moïse, nouveau Moïse en vérité, dont la bouche proclame les paroles mêmes de Dieu. Et la seule attitude juste, plus que le seul émerveillement, c’est l’écoute de cette Parole, qui vient accomplir les Ecritures. Marc ne nous dit pas ce que Jésus a dit car il n’a rien dit d’autre que la Loi et les Prophètes, dont il est la juste interprétation, l’accomplissement promis !
Si nous voulons écouter sa Parole, il faut nous remettre à la lecture inlassable des Ecritures à la lumière de l’évangile, qui nous donne à voir et à entendre les actions comme les paroles de Jésus, accomplissement de la longue Histoire du Salut dont témoigne toutes les Ecritures.
Et aussitôt, Marc nous fait voir une parole de Jésus qui est une action, cet exorcisme qui vient libérer un homme de l’emprise d’un démon.
Ici encore est anticipée toute l’œuvre de Jésus parmi les hommes : il est manifesté par Marc comme celui qui vient libérer l’homme de l’emprise du démon, du mal qui habite ce pauvre homme.
Par sa mort librement consentie dans l’abandon à la volonté du Père, Jésus a reçu la nouvelle vie de la Résurrection qu’il communique à l’humanité entière, libérée du péché et de la mort, échappant enfin à l’empire du Diable, de toutes les forces du Mal. Voilà la Bonne Nouvelle du Salut dans tout son accomplissement !
Si vous voulez suivre Jésus comme disciple, mettez-vous à son école
- écoutez sa Parole, méditez les Ecritures à l’ombre de l’Esprit,
- apprenez de lui l’abandon à la volonté de Dieu en mettant vos pas dans les siens.
Alors vous recevrez jour après jour, l’enseignement nouveau et la vie nouvelle qu’il offre désormais à chacun comme à la multitude !
Amen ! - 28 Janvier 2018
aNN2E B 3e dim ordinaire - 21 janvier 2018
. Jon3/1-5,10, 1 Co 7/29-31, Mc 1/14-20.
Homélie du F.Cyprien
« Encore 40 jours et Ninive sera détruite ! Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu »
« Le temps est limité. Dès lors que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme…ceux qui font des achats comme s’ils ne possédaient rien… car il passe, ce monde tel que nous le voyons »
« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous…Aussitôt laissant leurs filets, ils suivirent Jésus ».
Quand nous entendons des paroles, nous en retenons forcément quelque chose, quelques bribes au moins…
Quand nous entendons la Parole, elle qu’on appelle et qui est la « Parole de Dieu », il serait bien que nous en retenions le plus important, ce que justement Dieu veut nous dire… à moi, à vous personnellement…
C’est normal que nous n’entendions pas tous la même chose : c’est l’Esprit de Jésus qui, en nous, fait entendre ce qu’il nous dit…
Et reconnaissons aussi que nous avons parfois l’impression que Dieu nous dit des choses peu compréhensibles, difficiles ou difficiles à intégrer, à digérer !
« Que ceux qui ont une femme, vivent comme s’ils n’en avaient pas, que ceux qui possèdent comme s’ils ne possédaient rien, etc »… Vous faites quoi avec cela ?
« Les temps sont accomplis ». Le Christ est venu ; le temps est limité : maintenant il est urgent avant toute autre chose d’appartenir à Dieu, et… concrètement, on fait quoi… vous ? et nous les moines ? !
La Parole de Dieu nous interpelle : Jonas proclame un malheur si les gens de Ninive ne se convertissent pas : ce petit écrit nous dit : « Aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu ».
N’est-ce pas un peu trop édifiant pour être vrai, et …c’est Dieu qui nous le dit !
En tout cas …écoutons avec foi, le Seigneur vient nous dire que si nous, nous l’oublions, lui ne nous oublie pas et Il attend…Il nous attend.
Il ne nous attend pas avec l’impatience de celui ou celle qui tapote du pied en se disant « Elle est encore en retard/ Il n’est vraiment pas pressé ! ». Dieu nous attend avec un cœur qui aime, Dieu attend avec le cœur de celui qui sait que la rencontre sera merveilleuse, Dieu attend comme celui qui sait transformer l’attente en fête déjà commencée. Si nous croyons que Dieu nous aime, n’est-ce pas comme cela qu’il faudrait comprendre ? accepter qu’il nous dise sans cesse la même chose, même rude à entendre ?
Peut-être l’amour et l’humour de Dieu, c’est de nous raconter des histoires, d’exagérer pour essayer de nous faire comprendre.
Oui, Jean-Baptiste a proclamé que les temps étaient accomplis, Jésus a prêché le Royaume présent parmi nous : eux, ils n’ont pas exagéré ; ils ont seulement souligné l’urgence de prendre au sérieux leurs paroles, les Ecritures, la Parole de Dieu.
Nous qui sommes vivants, l’Esprit de Jésus nous habite ; n’avons pas à gaspiller le temps et la vie qui sont nôtres.
« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » « Alors laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite ».
Pour tous ceux et celles qui se disent chrétiens, urgence de croire en Dieu, de vivre de sa Parole, conformer sa vie aux exigences de l’Evangile : la prière pour l’unité des chrétiens est la demande pour que les disciples de Jésus se convertissent en vérité et …pour que le monde, c’est-à-dire tous les autres… s’approchent de Dieu par leur exemple…
Marcher à la suite de Jésus, l’Eucharistie de ce matin nous apprend le chemin, notre célébration nous apprend le Christ, lui le Chemin, la Vérité et la Vie.
Que Dieu notre Père soit loué dans son Fils, par notre assemblée,
Que l’Eglise qui est son corps, vivant du Saint Esprit, soit réellement plus vivante et donc de plus en plus Une. - 21 janvier 2018
***
Année B- 2ème Dimanche du T.O. - 14 janvier 2018
1 S 3 .. 3b-l0 ... 19 ; lCo 6 13c-15a 17 .. 20 ; Jn l 35 . .42
Homélie du F.Antoine
Frères et Sœurs, nous entrons dans le temps ordinaire qui va nous conduire à suivre la
vie publique du Christ et à écouter son enseignement. .. Suivre ... et ... Ecouter
Le premier point d'attention que l'Evangile d'aujourd'hui souligne c'est l'appel des
disciples de Jésus, il a été précédé dans la liturgie par, celui de Samuel. Deux appels qui
mettent en valeur le fait que, tous, nous sommes appelés, d'une manière ou d'une autre, et
que nous ne le sommes pas à la suite d'une intervention directe de Dieu immédiatement
compréhensible, mais par une intervention de Dieu comme médiatisée, interprétée par
d'autres humains, et qu'il y a, ou qu'il y a eu, quelqu'un qui en est devenu l'interprète, le
médiateur, parfois à son insu.
Ces appels sont fréquents dans une vie pleinement chrétienne, ils le sont le plus souvent
sous forme de signes qui nous invitent à telle démarche, à tel geste envers notre prochain, ou
bien à prendre une décision à la lumière de l'évangile, ou à envisager une vie qui soit plus
conforme à notre foi.
Le deuxième point d'attention concerne le rôle de Jean-Baptiste. D'une certaine façon,
il remplit le rôle d'Elie. Jean-Baptiste pose son regard sur Jésus et interpelle les disciples
« Voici l'Agneau de Dieu» or Jésus n'a aucun signe apparent, aucun signe distinctif qui
pouvait l'identifier comme l'Agneau de Dieu, le Serviteur de Dieu. Une seule parole a suffi
et sur cette parole, les disciples se mettent immédiatement à suivre Jésus. Rien ne nous est
dit de leur état d'âme, rien de ce qu'ils ont éprouvé et qui les a mis en route, mais le rôle
d'intermédiaire, de médiateur de Jean-Baptiste, provoque à son tour la médiation d'André
allant trouver son frère pour lui dire « Nous avons trouvé le Messie! »
Cet enchaînement est clair: devenir disciple du Christ ... suivre Jésus, .. cela veut dire
s'appuyer sur un ou sur des .. témoignages forts, vécus par d'autres ..
Enfin, Le troisième point d'attention de cet évangile, c'est le dialogue que Jésus instaure.
Rien ne nous est transmis de ce qui a motivé les disciples et leur question « où demeures-
tu ?» Mais nous savons que dans l'Evg de Jean, la demeure, c'est le signe de la présence de
Dieu Suivre Jésus est donc demeurer avec lui, rester en communion avec lui tel est
notre vraie destinée de chrétiens, de baptisés.
Mais l'Evg s'achève cependant sur un appel très particulier, celui de Pierre. Aucune
invitation, aucune sollicitation à suivre Jésus, Pierre n'ouvre pas la bouche et reçoit un
nouveau nom qui est déjà une mission ... à laquelle il ne réagit pas!
Pierre prendra du temps à s'engager pleinement mais sera fidèle jusqu'au bout.
En conclusion:
- On ne devient pas chrétien par génération spontanée mais parce qu'on rencontre des
témoins ... ce fut le rôle de Jean-Baptiste.
- On ne devient pas chrétien de façon immédiate mais en se mettant à la suite de Jésus.
- On ne devient pas chrétien parce qu'on sait beaucoup de choses mais parce qu'on accepte
de demeurer avec Jésus, de vivre avec Lui et de tout faire par Lui et en Lui. - 14 janvier 2018
Année B - SAINTE MARIE MERE DE DIEU
01.01.2018
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
En cette période, nous échangeons volontiers nos vœux. Dernièrement, je recevais ce petit poème de Louise Haskins : « Je dis à l’homme qui se tient debout à la porte de l’année : « Donne-moi la lumière, que je puisse marcher en sécurité dans l’inconnu. » Et lui répondit : « Sors dans l’obscurité et pose ta main dans la main de Dieu. Ce sera meilleur pour toi que la lumière. »
« Pose ta main dans la main de Dieu » pour marcher dans l’inconnu de l’année nouvelle, n’est-ce pas une invitation que nous pouvons entendre chacun ce matin… Mais me direz-vous : « Qu’est-ce que poser notre main dans la main de Dieu ? » La liturgie de ce premier jour de l’an nous propose de regarder Marie. Dans l’évangile, nous la voyons accueillir une joyeuse troupe de bergers qui lui disent des choses étonnantes sur son fils nouveau-né. Ces paroles viennent s’ajouter comme des perles sur un collier à toutes celles qu’elle a entendues depuis l’annonciation de la part de l’ange, puis lors de sa visitation à Elisabeth. Entre temps, elle a vécu sa grossesse qui s’achevait avec le déplacement mal aisé à Bethléem, déplacement qu’aujourd’hui bien des médecins auraient déconseillé. Elle s’est avancée dans l’inconnu. Depuis le jour, où elle a dit : « Que tout se passe pour moi selon ta parole », Marie a posé sa main dans la main de Dieu. Elle a mis son assurance dans la parole entendue sans savoir où cette conception tout à fait inhabituelle la conduirait… Et d’évènements en évènements, Marie est demeurée à l’écoute. L’évangéliste Luc nous dit que « Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ». Marie tient la main de Dieu en gardant précieusement ce qu’elle vit. D’évènement en évènement, de parole en parole, elle se laisse conduire, en se tenant dans une écoute confiante. Et alors de mère de Dieu qu’elle est devenue, elle va entrer peu à peu dans l’intelligence de ce qu’elle devient : la Mère d’un Sauveur bafoué, d’un Dieu humilié. Marie offre sa vie de femme, présence maternelle au service de son Fils et de son dessein de salut.
Au début de cette année, avec Marie, en un acte de confiance et d’abandon, posons notre main dans la main de Dieu. Avec elle, disons : « que tout se fasse pour moi selon ta parole ». Avec Marie, tenons la main de Dieu qui, d’évènement en évènement, de parole en parole, nous guidera, même si nous ne comprenons pas toujours ce qui se passe. Et si dans l’obscurité nos pas hésitent à telle ou telle croisée de chemin, utilisons la boussole de la foi. Elle nous indique toujours le Nord, c’est-à-dire la certitude que Dieu ne peut vouloir que le bien et notre bien, même si celui-ci passe par des traversées difficiles…Telle l’aiguille aimantée, notre désir oscille et cherche parfois à tâtons, mais il demeure foncièrement attiré par Dieu et par son projet sur nous, sur le monde. Que l’humble et forte assurance de Marie dont nous célébrons le fruit de grâce en cette eucharistie, soit notre appui et notre lumière. Avec elle, confiant en sa prière, nous garderons ferme notre main dans la Main de Dieu. - 1° janvier 2018
Année B - Dimanche de la Ste Famille- 31 décembre 2017 –
Gen 15 1 – 21 3 ; Héb 11 8-19 ; Luc 2 22-40 ;
Homélie du F.Jean-Noël
Une image de la ste Famille présidait à mon sommeil d’enfant : un St Joseph tout chenu, une ste Vierge toute menue, et entre papa et maman, un petit Jésus dont on me disait que, lui, il était bien sage, et encore : que je le faisais pleurer quand je faisais le méchant, mais que je lui faisais plaisir quand du bout des dents et avec mille grimaces, je mangeais ces mauvais épinards.
Dieu merci, ce n’est pas cette ste famille à l’eau de rose, nos rêves, que nous célébrons. Trop lisses, les lectures proposées nous renvoient plutôt au mystère des racines, la force qui leur fait tout traverser. Le secret de leur force. Car il y a un secret.
Voyez Abraham ! Il ne sait pas où il va ; une vie marquée par la mort, il n’a pas connu le bonheur de transmettre la vie. Certes, il y a bien une promesse, mais tellement grosse ! Sarah incrédule en avait pouffé de rire. Abraham, quant à lui plein de bonne volonté et comme pour aider Dieu avait imaginé un arrangement et cela avait été la naissance d’Ismaël…que Dieu généreusement avait béni … en maintenant sa promesse impossible, les laissant tous deux avec leur « comment ?», bientôt alourdis de « Pourquoi ? » dans l’horrible montée au Mont Moria, couteau en main, cœur déchiré. Quelle famille n’a pas ses « comment » et ses « pourquoi ? » Lourds ? déchirants.
Et cette longue attente de Syméon, d’Anne. Et rien ne venait. A leur grand âge !
Et Marie donc. Elle aussi avait ses « comment ? », obscurcis encore, alourdis de terribles « Pourquoi ? » depuis la révélation par Syméon du glaive à venir… et encore 30 ans à retourner ça dans son cœur, jusqu’à la grande déchirure du Golgotha. On est loin des images pieuses… et combien proches de nos familles !
Et alors ? Alors nous lisons bien tout. Et d’abord, cette invitation pleine d’humour, « Compte les étoiles, si tu peux » comme pour guérir Abraham, nous guérir une bonne fois, de nos prétentions à vouloir tout maitriser. Invitation à croire comme Abraham. Mais attentions ! Non pas «croire que » « comme on croit que demain il fera beau, et que ce n’est pas sûr du tout. Non pas ça. Mais « croire en », et c’est béton. La Parole comme un roc sur lequel on peut bâtir, et ça tient dans la tempête ; sur paroles, on peut jeter son filet, ou même se jeter à l’eau, comme Pierre ; Jeter sa vie et, comme le bon Syméon, « s’en aller en paix », ou, en chantant par monts et par vaux, comme Marie, sûre qu’il en sera selon la Parole.
Plus tard, Jésus lui-même rappellera le secret à ces deux pèlerins qui s’en allaient tout tristes sur leur chemin : « Mais voyons vous avez les Ecritures » !
Et encore a-t-on assez remarqué la réponse de Jésus aux « pourquoi ? » et aux « comment ?» qu’on lui posait « Que lis-tu dans l’Ecriture ? – Bon fais cela et tu vivras ! »
Remarqué aussi qu’à l’heure décisive de ses choix au désert, Jésus ne veut, ne peut vivre que de la Parole, c’est sa nourriture. C’est dit encore de façon hautement symbolique, quand sa vie nous est présentée , du début à la fin, portée par les Psaumes : au dire de l’épitre aux Hébreux (10/5-9) son premier souffle se coule dans un psaume (39/8-9) « Me voici pour faire ta volonté »; écho d’ailleurs «qu’il m’advienne selon ta Parole » de sa mère. Et c’est encore dans un Psaume , deux même (21 et 30/6) que son denier souffle trouve la force d’un grand cri et même d’un « Pourquoi ? » qui nous bouleverse encore.
S’étonner après cela que l’Eglise ait mis ce livre des Psaumes entre nos mains. Luther (citons-le une dernière fois en cette année mémoire) y voyait un résumé, un concentré de la Parole de Dieu, œuvre de l’Esprit Saint, pour accomplir nos heurs et malheurs. Indispensable assistance respiratoire pour les marcheurs que nous sommes.
Souvenons-nous de la prière de l’Eglise quand, au début du Carême elle veut réactiver en nous la vie chrétienne, elle prie , nous prions :
« Fais-nous trouver dans ta Parole, les vivres dont notre foi a besoin ».
C’est évidemment valable au début de toute année nouvelle et même chaque matin, car enfin qui se résoudrait à ne respirer qu’une fois par an. : « Fais nous trouver dans ta Parole le souffle dont nous avons besoin ». - 31 décembre 2017
année B - Messe du Jour de Noêl 2017
Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jean 1 1-18
Homélie du F.Bernard
Cette nuit, nous avons célébré, chanté, l’heureuse nuit de Palestine, où rien n’existe hormis l’Enfant, l’Enfant de vie divine, l’enfant de la crèche.
Et cette nuit, nous nous sommes remémoré l’étonnante prophétie du prophète du VIIIème siècle av J-C. Elle annonçait, dans une période de très grand détresse pour le royaume d’Israël, le royaume du nord, dont les tribus étaient emmenées en déportation, la naissance d’un enfant : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Merveilleux-conseiller, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-paix ».
Cette prophétie avait pu certes trouver un début de réalisation dans la naissance d’un enfant de race royale, de la lignée de David, à Jérusalem, elle gardait cependant toute sa force, comme un message d’espérance, qui aura orienté au long des siècles le regard du peuple croyant vers un autre avenir.
Et cette prophétie a trouvé son accomplissement, en cette heureuse nuit de Palestine, où l’Ange de Dieu est venu réveiller les bergers de Bethléem pour leur annoncer cette grande joie : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il et le Messie, le Seigneur ». Et le signe, qui a fait connaître l’Enfant de vie divine, est qu’il était couché dans une crèche, une mangeoire pour animaux. Lui, le Dieu-fort annoncé par Isaïe, n’a pas même eu une maison, un berceau pour l’accueillir. Mystère de l’humilité de notre Dieu, pressenti par la Vierge Marie, en son magnificat : « Le Seigneur a dispersé les hommes au cœur superbe ; il élève les humbles ».
Trois noms ont été donnés cette nuit à l’Enfant de la crèche : il est le Messie, autrement dit le Christ, il et Seigneur, il est Sauveur. Messie, il est celui qu’annonçaient les Ecritures. Seigneur, il est de race divine. Sauveur, il nous rachète de nos péchés Ceux sont ces trois mêmes noms que la prédication apostolique reprendra à partir de la Pentecôte. Pierre dira alors aux foules de Jérusalem : « Ce Jésus, que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ (Ac 2,36). Il est le Sauveur (Ac 4,12) ».
Noël, la naissance de l’Enfant de vie divine, c’est l’irruption de l’éternité, l’éternité qui est Dieu, dans le temps des hommes. Nous n’avons pas fini d’avoir un début d’intelligence de ce mystère. C’est pourquoi la liturgie de Noël se plait à multiplier les célébrations, selon la diversité des heures. Aux messes traditionnelles de la nuit, de l’aurore, du jour, elle ajoute maintenant la messe de la veille au soir.
En cette quatrième messe de Noël, celle du jour, la liturgie donne encore à l’Enfant de la crèche deux autres noms qui viennent s’ajouter à ceux qu’il a reçus cette nuit. Ceux-là le situaient par rapport à nous. Ceux-ci le situent par rapport à Dieu, car s’il est Messie, Seigneur et Sauveur, qu’est-il par rapport à Dieu, le Dieu d’Israël, dont le peuple croyant a toujours proclamé l’unicité : « Shema Israël, écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ? Ce matin l’Enfant de vie divine est désigné comme le Fils, et le Verbe.
Il est le Fils. Déjà l’Ange de l’annonciation avait dit à la Vierge qui allait le concevoir : « Il sera appelé Fils du Très-Haut ». Fils, mais comment ? la lettre aux Hébreux le précisait à l’instant. « En ces jours qui sont les derniers (ces jours qui sont les nôtres), Dieu nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé le monde », et encore : « Tu es mon Fils, dit Dieu, aujourd’hui je t’ai engendré ». Pas l’aujourd’hui de Noël où l’Enfant de vie divine nait de la Vierge, mais l’aujourd’hui d’avant le temps, l’aujourd’hui éternel, où il est engendré par le Père. Et le prologue de l’Evangile de Jean qui nous a été chanté à l’instant, le désignait comme « le Fils unique, plein de grâce et de vérité, le Fils unique qui est dans le sein du Père, et conduit à le connaître ». Tout l’Evangile de Jean, à la suite de ce prologue, sera la révélation du Père par Jésus, et celle de Jésus, le Fils, par le Père et dans l’Esprit.
L’Enfant de vie divine est aussi le Verbe, la Parole de Dieu. Le désignant ainsi, nous rejoignons immédiatement ce même prologue de l’Evangile de Jean, qui, en son début, disait : Au commencent était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu, puis au terme : Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. Ce sont les mots mêmes qui sont inscrits en latin, sur la croix de l’arbre de Jessé, placée derrière l’autel sur la grille.
Et Verbum caro factum est. Impossible de dire en moins de mots le mystère que nous célébrons. Le Verbe qui est Dieu s’est fait chair et il a habité parmi nous. Et à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Car nous le sommes. Aujourd’hui nous naissons à la vie divine, à l’éternité de Dieu, car nous le croyons, le Christ est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, jusqu’à la fin des siècles.
Achevons en reprenant l’hymne que nous citions en commençant :
En prenant chair de notre chair, Dieu a transformé tous nos déserts,
en terre d‘immortels printemps . - 25 décembre 2017
Année B - 4° dimanche de l’Avent – 24 décembre 2017 –
2 Sam 7 1-16 ; Rom 16 25-27 ; Luc 1 26-38
Homélie du F.Damase
Les récits des Évangiles concernant la naissance de Jésus sont remplis d'une très grande humanité, et s'efforcent de nous faire comprendre l'histoire humaine de Dieu.
Quand Jésus est présenté comme fils de David (comme nous venons de l'écouter), ce qui est souligné c'est l'intervention profondément humaine du Sauveur dans l'histoire. Il ne suffit pas de dire que le Fils de Dieu s'est fait homme. Nous devons savoir concrètement « qui est cet homme ». Si notre compréhension de l'Incarnation est abstraite, une dimension essentielle du salut nous échappe.
Le Fils de Dieu ne s'est pas incarné dans l'abstrait. Il est né à un moment particulier de l'histoire, dans un peuple déterminé, d'une famille précise. Il est le descendant de David et Fils de Marie, épouse de Joseph. Tout cet environnement l’a façonné, lui a procuré sa manière de penser, lui a permis de nous parler et de nous expliquer dans une langue humaine le sens de sa mission.
Cette mission s'est réalisée dans une vie humaine toute ordinaire: Un enfant est né d'une femme; il a grandi, devenu adulte, il a exercé le métier de son père. Puis, un jour, il a ressenti une vocation de prophète et s'est mis à prêcher dans son pays. Les pouvoirs en place l'ont trouvé gênant et se sont débarrassés de lui, tout comme ils s'étaient débarrassé de bien d'autres avant lui (et feraient de même à l’avenir). Rien d'extraordinaire à tout cela. C'est précisément par cette existence très humaine, très ordinaire que le salut a été réalisé et que le cours de l'histoire a été bouleversé.
Lorsque Marie devint Mère de Dieu, rien n’a été changé apparemment dans le monde. La vie continua son cours, le soleil continua de se lever et de se coucher, les hommes continuèrent de travailler et de s'amuser. Il n’y a pas eu de changement extérieur dans la vie de Marie et de Joseph. Ils étaient promis en mariage l'un à l'autre et le mariage eut lieu. La vieille cousine de Marie était enceinte et Marie partit lui rendre visite.
Tout cela devrait nous mettre en garde contre la tentation de penser Noël et Pâques comme des événements extraordinaires. Ils ne le sont pas. Ils respectent le quotidien et ne le troublent pas. C'est sans doute la raison pour laquelle il nous arrive souvent de ne pas en percevoir l’importance. Tel le récit que nous venons d'écouter. Ce moment de l'Annonciation est un point clé de l'histoire de l'humanité; et pourtant rien n'apparaît à la surface. Nous devons donc être soupçonneux devant toutes les manifestations du sacré qui sont dramatiques ou extraordinaires.
Notre Dieu est l'Emmanu-El, Dieu avec nous. Il réalise le salut du monde dans et par nos vies humaines de tous les jours – que ce soit la vie d'une mère ou d'un père de famille, celle d'un moine, d'un ouvrier d'usine ou d'un étudiant.
Toute tentative de rencontrer Dieu "là-haut" ou « ailleurs », en dehors des circonstances concrètes de la vie quotidienne, est vouée à l'échec. Dieu n'est ni là-haut, ni ailleurs. Notre Dieu est l'Emmanuel, le Dieu qui vient sans cesse nous rencontrer là où nous sommes, à chaque instant. Tout ce que nous avons à faire est de nous préparer à le recevoir.
Marie est le modèle par excellence de la personne qui accueille Dieu en toute simplicité dans sa situation bien concrète de jeune fille d'Israël, de la lignée de David, fiancée à Joseph le charpentier et cousine d'Élizabeth. Sa réponse toute simple "qu'il me soit fait selon ta parole", rend toute parole de Dieu efficace. -
24 décembre 2017
Année B - NOEL 2017
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14
; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
« Nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu, l’unique Parole survient en nous, et dans l’accueil de sa présence, nous avons rencontré l’Ineffable… »
Frères et sœurs, ces mots tirés d’une hymne que nous chanterons durant le temps de Noël qui s’ouvre, peuvent nous guider dans la méditation du mystère que nous célébrons ce soir : la venue du Fils de Dieu dans la chair.
Oui, « nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu » depuis la venue dans notre humanité de la Parole. Parce que le Fils de Dieu a pris naissance aux profondeurs de l’homme, que nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu…C’est « l’échange merveilleux » par lequel notre nature humaine reçoit une incomparable noblesse », comme nous le chanterons dans la préface… « Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».
Tous ces mots que l’on ose à peine prononcer veulent nous faire entrevoir la grandeur de cette fête de Noël. Plus que les réjouissances autour de la naissance d’un enfant, il faut nous réjouir du mystère de Dieu et de l’homme qui se manifeste en ce jour…S’il est vrai que Dieu s’est fait homme, nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu’est-ce que Dieu ? et qu’est-ce que l’homme ? Qui est ce Dieu qui s’est abaissé, et qui sera bafoué…et qui est cet homme qui se trouve ennobli et glorifié… ? Ces questions ne sont pas anodines aujourd’hui où beaucoup se demandent si on peut dire quelque chose sur Dieu ? Ne vaut-il pas mieux se taire, et se contenter de ne pas savoir ? De même au sujet de l’homme, beaucoup d’interrogations surgissent sur sa naissance, sa mort, sa capacité à être libre : n’est-il pas que le jeu de conditionnements de toutes sortes ?
A la croisée de toutes ces questions, la fête de Noël n’apporte pas de réponse, à la manière d’une doctrine philosophique, mais elle permet un chemin. Elle ouvre un chemin sur lequel chacun de nous peut avancer, à son pas, à la mesure de sa foi, pour aller à la rencontre de Celui qui révèle et la profondeur de Dieu, et la profondeur de l’homme : le Christ. Le Christ enfant, vulnérable qui grandira incognito ; le Christ, cet homme à la parole de feu qui finira sur une croix ; le Christ ressuscité qui se révèle présence d’amour à nos côtés…
Oui, devant la crèche et l’enfant démuni, nous pouvons oser un nouveau regard sur Dieu et sur l’homme. Nous pouvons oser aller à la rencontre de Dieu sans peur, sans préjugé. Nous pouvons laisser de côté, les images qui peut-être nous encombrent d’un Dieu terrifiant, façon Jupiter, ou d’un Dieu Fort bravant toutes les lois de la nature. En Jésus, Fils de Dieu, Dieu est là, donné, offert dans une mangeoire, comme un pain. Dans l’enfant de Bethléem, Dieu se révèle comme le don total, le don sans mesure jusqu’à l’extrême faiblesse, comme le dernier souffle sur la croix le confirmera. Dieu est là, donné et donnant.
Mais devant la crèche, nous pouvons aussi oser un nouvelle manière d’être homme et femme, non plus des hommes et des femmes blindés dans nos convictions, et accrochés à nos connaissances, à nos grades ou à nos fonctions…Devant l’enfant de Bethléem, nous pouvons oser exister avec nos fragilités, nos questions, nos incertitudes, nos doutes. Si l’enfant que nous avons été est devenu adulte, l’adulte que nous sommes est appelé dans la lumière de l’Evangile, à redevenir comme un enfant…Un enfant de Dieu totalement donné lui aussi, totalement offert et disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint… Oui, nous sommes appelés, jour après jour à prendre naissance aux profondeurs de Dieu, à la source du don toujours échangé de la vie divine. A cette source, nous pouvons alors faire de notre vie un don, un échange de dons avec tous ceux que nous côtoyons…Nous pourrons faire de notre vie une offrande à Dieu de tout ce que nous sommes…
Entrons dans cette eucharistie qui est la célébration de cet échange de dons entre Dieu et les hommes en Jésus Christ : En Lui, Dieu nous donne toute sa vie, en Lui, nous nous donnons à Dieu et à nos frères. - 24 décembre 2017
Année B - IMMACULEE CONCEPTION 2017
Gn 3, 9-15, 20 ; Ep 1, 3-6. 11-12 ; Lc 1, 16-38
Homélie du Père Abbé Luc
En célébrant aujourd’hui l’Immaculée Conception, c’est à la contemplation du dessein de Dieu que nous sommes conviés. Ce que Dieu a réalisé en Marie, afin de préparer à son Fils, « une demeure digne de lui », il désire le réaliser pour toute l’humanité. Comme st Paul nous le suggère dans son épitre aux éphésiens : « En Jésus Christ, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard »…En Marie est anticipée cette œuvre de grâce. Si le péché l’avait mis partiellement en échec, la passion et la résurrection du Christ l’ont rendu possible. Désormais, cette œuvre de grâce est à l’œuvre en nos vies de fils et fille adoptifs.
Aussi nous faut-il regarder Marie pour mieux reconnaitre en elle les traits de notre adoption filiale réussie. La regarder, non comme une créature exceptionnelle, mais comme l’une d’entre nous qui nous devance sur le chemin de la sainteté, elle qui est « comblée de grâce ». Sans crainte, nous pouvons chercher à l’imiter car elle donne à voir la juste attitude de toute créature devant son Dieu, Créateur et Sauveur. Dans l’évangile, nous la voyons discrète : elle ne fait pas beaucoup parler d’elle. Elle s’efface dans son rôle de mère du Messie pour mieux le servir et l’accompagner dans sa mission. Nous la voyons humble, vraie et simple quand elle demande : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ». Nous la voyons disponible et à l’écoute de la parole de l’ange : « que tout se passe pour moi selon ta parole ». Marie n’a rien fait d’extraordinaire. Elle fait sa vie de femme dans une disposition de confiance totale au projet de Dieu qu’elle a peu à peu appris à connaitre et à assumer.
En fêtant l’Immaculée Conception, nous pouvons doublement rendre grâce. Rendre grâce pour la fidélité de Dieu à son dessein de salut qui s’accomplit patiemment et profondément. Rendre grâce aussi pour la belle dignité de notre humanité régénérée qu’il donne d’entrevoir en Marie. Une humanité humble, simple et vraie. Tout cela nous le recevons de la passion et de la résurrection du Christ dont nous faisons mémoire maintenant. - 08 décembre 2017