Homélies
Liste des Homélies
Année A - 7ème Dimanche de Pâques- 28 Mai 2017
Actes 1,12-14 1Pierre 4,13-16 Jn,lb-11a
Homélie fr. Antoine
Frères et Sœurs,
• Entre l'Ascension et la fête de la Pentecôte, ce Dimanche nous invite à
entrer dans un climat de prière.
La première lecture évoque la fidélité des apôtres et de Marie à être d'un même cœur,
assidus à la prière
Dans la deuxième lecture, l'apôtre Pierre exhorte les croyants à « être heureux, ils sont
appelés à rendre gloire à Dieu. »
Et l'Evangile n'est qu'une longue prière, centrée sur la gloire de Dieu et sur le don fait aux
hommes de la Vie éternelle.
• Je ne sais pas ce que pour vous évoque La vie éternelle.
C'est une notion qui peut paraître un peu vague.
Elle nous renvoie à une vie sans commencement ni fin, une vie hors de toute temporalité,
dans un au-delà que nous ne pouvons imaginer.
• Or cette vie, l'Evg nous la précise: elle est pour Jésus, un état, un état de
connaissance. « La vie éternelle, dit-il, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu et
de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »
• La vie éternelle est donc loin d'une évasion de la vie présente, elle est une
connaissance de ce qu'il y a de plus réel, ce réel ultime qui s'appelle Dieu, et que Jésus
appelle Père! Connaissance, qui au sens biblique du terme veut dire Connaissance intime ...
profonde ... dé l'ordre d'une expérience, le plus souvent indicible.
• La vie éternelle- expérience de Dieu, est aussi expérience de sortie de
soi ... expérience du don de soi dans une réciprocité dont l'Evg d'aujourd'hui nous donne une
image à travers cette extraordinaire prière de Jésus à son Père, où 28 fois nous voyons éclore
ce tutoiement amoureux du Fils à son Père.
• Vie éternelle, qui est dès ici-bas, expérience de communion comme nous
le suggère la 1 ère lecture où les Il apôtres avec Marie et quelques femmes font monter d'un-
seul- cœur leur prière vers le Père.
• Vie éternelle, qui est expérience d'un visage, le visage du Père vers lequel
Jésus est venu orÎenter notre existence ... orienter notre banal quotidien ... pour le conduire à
devenir un chemin pascal où ... tout évènement ... toute rencontre ... s'offrent à notre Foi
comme un clin d'œil de Dieu à témoigner de Celui qu'il nous a envoyé.
• Mais la vie éternelle que Jésus donne à tout homme, a un autre nom:
L'Esprit Saint. L'espritSaint dont Pierre dans la 2ème lecture nous dit que même dans
l'épreuve, la souffrance ... l'Esprit de Gloire, l'Esprit Saint repose sur nous.
• C'est cet Esprit de Pentecôte que nous allons célébrer dans 8 jours, cet
Esprit qui rend présent le Ressuscité dans notre vie et nous désigne le visage du Père.
C'est cet Esprit de Pentecôte qui nous permet d'être là très modestement, là où nous
sommes, un signe, le Signe de cette vie éternelle qui est connaissance du vrai Dieu et de son
envoyé Jésus Christ notre Seigneur. - 28 mai 2017
Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR
25 mai 2017
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, Cette fête de l’Ascension vient questionner et peut-être aussi renouveler, réveiller notre manière de regarder Jésus et d’approcher son mystère. « Tandis que les Apôtres regardaient, Jésus s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux » nous dit la lecture tirée des Ac… Les Apôtres voudraient bien avoir toujours sous leurs yeux le Maitre Ressuscité, mais il est soustrait à leur regard. Et bientôt, des anges coupent court : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? », comme pour suggérer que ce n’est plus avec les yeux de chair qu’il faut chercher Jésus. Est-ce d’ailleurs avec les yeux de la chair que les Apôtres avaient reconnu Jésus Ressuscité ? L’évangile de Mt que nous venons d’entendre, laisse pressentir que la vue de Jésus Vivant ne suffit pas pour le reconnaitre complètement … « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes »… Ce n’est pas parce que l’on voit que l’on n’a pas de doute. Voir n’entraine pas le croire. Les récits des apparitions de Jésus Ressuscité nous font comprendre que les disciples ont dû apprendre à voir et regarder Jésus sorti du tombeau, autrement qu’ils ne l’avaient vu auparavant. Ces apparitions furtives, inattendues autant qu’insaisissables, les préparaient au départ de Jésus. Elles les entrainaient à regarder autrement la réalité de leur vie quotidienne afin d’y reconnaitre Jésus présent avec eux jusqu’à la fin du monde…
Paul va dans ce sens quand il prie Dieu pour les Ephésiens, « afin qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur »… Oui, la foi nous fait voir les choses d’une autre manière, avec les yeux du cœur. Nos yeux de chair lents à croire, lent à reconnaitre Jésus sur nos routes, comme pour les disciples d’Emmaüs, ont besoin d’être relayés par les yeux du cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le Petit Prince, « l’Essentiel est invisible pour les yeux ». Avec les yeux du cœur, Paul invite à voir non seulement Jésus ressuscité assis à la droite du Père, mais aussi en espérance toute notre humanité élevée à cette dignité insondable. Les yeux de notre cœur croyant ne peuvent décrire cette réalité glorieuse, mais pourtant ils la reconnaissent comme vraie et digne de confiance. En effet, ce que l’on peut entrevoir de la « gloire sans prix » qui nous attend, s’enracine déjà dans une expérience vivifiante qui transforme nos existences. Paul parle « de la puissance incomparable que Dieu déploie pour nous les croyants, l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts… » Croire en Jésus Ressuscité, ce n’est pas seulement savoir qu’il est vivant, mais c’est déjà partager une énergie et une force venant de sa résurrection et qui nous conduisent à vivre d’une façon nouvelle. Les forces de mort que nous pouvons éprouver n’ont pas le dernier mot. La vie de Jésus vivant nous est offerte pleinement. Elle nourrit notre espérance qu’un jour, non seulement notre existence singulière, mais aussi celle de toute l’humanité sera réunie dans la vie divine.
Peut-être avez-vous remarqué, à plusieurs reprises, j’ai utilisé l’adverbe « déjà »… Dans un premier sens : Jésus élevé auprès de son Père est le gage que déjà notre humanité partage sa victoire, comme nous le priions au début : « l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire ». On retrouvera aussi le « déjà » dans l’oraison de post-communion. Dans un second sens aussi : Jésus élevé auprès de son Père nous partage abondamment sa vie de ressuscité, et à travers elle nous donne de vivre déjà de sa force et de son énergie, par le don de l’Esprit Saint. En Eglise, nous accueillons le mystère de cette plénitude et de cet accomplissement que Jésus ressuscité veut pour son Corps, dès maintenant et pour toujours.
Oui frères et sœurs, avec les yeux de notre cœur croyant, apprenons à accueillir ce double « déjà » : celui de notre victoire assurée en Jésus élevé au Ciel, et celui de cette plénitude de vie et d’énergie déjà offerte dans notre vie pérégrinante sur cette terre. Nourrissons notre foi en méditant les Ecritures, par ex dans les jours qui viennent en reprenant ces textes entendus. Nourrissons notre foi en cette Eucharistie, « échange mystérieux » qui nous fait « vivre du Christ ressuscité » (oraison de l’offertoire). - 25 mai 2017
Année A - 5° dimanche de Pâques - 21 mai 2017
Ac 8/5-8 14-17, 1Pi 3/15-18,
Jn 14/15-21.
Homélie du F.Cyprien
(Une nourriture substantielle, les paroles de l‘Ecriture en ce temps qui nous rapproche de Pentecôte…)
Nous avons entendu les Actes des Apôtres, la première lettre de saint Pierre… L’histoire des premières communautés chrétiennes nous intéresse… Mais surtout la vie et les paroles du Christ, surtout celles de Jésus après le dernier repas avec ses disciples…
Et je me permets ici une remarque : notre mémoire, notre mémoire du coeur doit fonctionner : elle n’est pas la mémoire des ordinateurs et des fichiers informatiques ! la Parole de Dieu devrait habiter notre coeur, … surtout les paroles de Jésus…pour les connaitre par coeur ?!
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes paroles, à mes commandements. Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de Vérité ».
Du dessein de Dieu, l’Evangile de Jean nous explique son accomplissement : quand Jésus va quitter ses disciples – il va mourir, assassiné par ceux qui ne veulent pas de lui -, son testament, sa promesse : c’est de ne pas nous laisser seuls, orphelins… « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », dit-il au moment de l’Ascension.
Ne pas nous laisser orphelins en nous donnant l’Esprit.
Comme sa résurrection, le don du Saint Esprit, c’est l’œuvre du Père et du Fils, du Père dont il ne s’est jamais séparé. Ne pas nous laisser seuls…Lui, Jésus, allant jusqu’au bout de l’obéissance et de l’amour à son Père, nous envoie le Saint Esprit dont il vivait.
Récemment quelqu’un me demandait des précisions, des renseignements sur le Saint Esprit : « Le Père et le Fils, ça va… mais le Saint Esprit c’est qui, c’est quoi ? »
Un élément de réponse, pour dire peut-être l’essentiel… le Saint Esprit est l’union du Père et du Fils ; le Père et le Fils ne sont jamais seuls face l’un à l’autre. Leur Amour mutuel c’est justement ce troisième, cet insaisissable Esprit, nommé souffle, vent, Esprit, parce qu’il est Vie, Mouvement, Elan.
Jésus l’appelle, « l’Avocat », « le Consolateur », « l’Esprit de Vérité », « l’autre Défenseur, qui sera pour toujours avec vous ».
Nous le connaissons : il est en nous, nous sommes le temple de l’Esprit de Dieu par notre baptême, le temple de Dieu par notre vie de foi.
C’est le Saint-Esprit qui nous permet de croire, de découvrir le Christ vivant en nous, le Christ vivant dans l’Eglise. C’est par le Saint Esprit que Jésus revient vers nous et ne nous laisse pas orphelins.
« Totale transparence au Père dans sa gloire, l’Esprit est la présence de Jésus en sa victoire », selon une hymne bien connue ici. Présence de Jésus ressuscité dans ses disciples.
Il y a des personnes se plaignent de ne pas être exaucées dans leur prière … Saint Paul nous souffle : « Nous ne savons pas prier comme il faut »…
Alors revenons à la première lettre de saint Pierre :
« Philippe, l’un des sept diacres, proclamait le Christ aux foules en Samarie. Pierre et Jean, venus le rejoindre, prient pour que les Samaritains reçoivent le Saint-Esprit. »
La seule demande qui puisse vraiment être entendue par Dieu, c’est la demande pour nous et pour le monde du Saint-Esprit, Souffle divin d’amour et de tendresse, Vie divine qui est déjà pour nous la vie éternelle, Elan qui vient faire dès ici-bas toute chose nouvelle. Pensons-y quand nous disons : « Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, Que ta volonté soit faite ».
Dans deux semaines c’est Pentecôte, la fin du temps de Pâques, mais depuis la première Pentecôte, l’Esprit est donné en abondance aux cœurs qui s’ouvrent ; il n’est la propriété de personne : il vient bouleverser le monde… d’abord nous-mêmes, lents à croire, lents à nous tourner vers Dieu.
Que cette Eucharistie nous remplisse de cet Esprit : il est le don de Dieu avec le Corps et le Sang du Christ ressuscité. - 21 mai 2017
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Année A – 5° dimanche de Pâques - 14 mai 2017
Act 6 1-7 ; 1 Pet 2 4-9 ; Jn 14 1-12 ;
Homélie du F . Jean Noël
La première lecture. Vous avez bien entendu ? Dans ces premières communautés chrétiennes des Actes des Apôtres souvent présentées comme si bien, si bien : « Un seul cœur, une seule âme, on partageait tout ». Vous avez entendu : « il y avait des tensions, des récriminations ! Plutôt rassurant, Non ? Consolant. Nous sommes normaux, bien dans les normes. Nous leur ressemblons, à condition quand même d’aller jusqu’au bout de la ressemblance en gérant cela comme nous les voyons faire. Et que voyons-nous ?
-Y a-t-il un problème ? Les douze convoquent l’Assemblée des disciples – l’ecclésia – tout le monde.
- On se parle. Le murmure devient parole. Seulement on ne va pas se plier à la voix de celui qui crie le plus fort.
-Bien décidé à ne pas faire n’importe quoi, on se reprécise la hiérarchie des valeurs : service de la prière, service de la Parole, service du frère, mais sans en rester au niveau des idées,
- On se met donc au travail. On se répartit la tâche. On se rait signe : on prie, on appelle des gens qui ont un nom : Philippe, Nicanor. Aujourd’hui ce serait Gaël, Bruno ou Marie-Do.
Et c’est fécond. C’est souligné deux fois dans notre page : « La Parole du Seigneur gagne du terrain » - « Le nombre des disciples augmente fortement ».
Et notre page d’Evangile ? Au fond, pas si éloignée : il y a un problème : les douze sont bouleversés, troublés. Ils ne savent pas. Ils ne savent plus. Si jamais ils ont su – « Où va-t-on ? Mais où va-t-on ? » A la lettre déroutés. Réponse de Jésus : « Je suis le chemin ». Pas un chemin parmi d’autres ! Non, LE Chemin. Pour connaître le lieu, pour aller à Lui, un seul chemin où s’encheminer : Jésus Christ.
Sommes-nous sûrs d’avoir pris la mesure d’une telle déclaration ? Sommes-nous les inconditionnels de ce chemin-là. Bien sûr, nous nous disons chrétiens. Les plus anciens parmi nous se souviennent même de l’avoir chanté à gorge déployée, comme une marseillaise :
« Je suis Chrétien, voilà ma gloire.
Mon espérance et mon soutien.
Mon chant d’amour et de victoire.
Je suis chrétien. Je suis chrétien. »
Mais attention, on n’est pas chrétien, comme on a pu se dire giscardien, sarkosien ou .. le baptême, c’est quand même plus qu’un bulletin de vote !
Alors, chrétien comment ?
- Chrétien d’une certaine culture ? Nous reconnaissant mollement dans un certain nombre de valeurs qui ont fait notre histoire, même en en oubliant leur source évangélique !
- Chrétien de pratique : un chrétien, ça fait maigre le vendredi, ça va à la messe le dimanche.
- Oui, chrétien comment ? Chrétien du Christ. Pratiquant inconditionnel de ce chemin unique. Chrétien enroché, comme dit Pierre dans la 2° lecture, enroché sur le Roc Jésus-Christ, Vérité et Vie. Pas d’alternative. Pas de chrétien sans Christ. Que serait un chrétien déchristianisé ? Un chrétien 0 % ?
A nous comme à Philippe, Jésus pose la question : « Vous ne savez pas encore cela ? Depuis si longtemps avec vous ! » Si – on sait – Dans la tête simplement ? En profondeur ? C’est bien cela qu’il nous faut chaque année, au terme du Carême, à la Vigile pascale nous ré-engager ensemble sur le chemin de Jésus. Nous le savons bien : le chemin exige l’en-cheminement. Le cheminement dans la durée. Et quoi, si nous nous arrêtons ! Non, il faut cheminer, jour après jour. C’est bien le sens de ce mot, martelé sept fois dans l’Evangile de ce jour : « CROIRE, qu’il faut bien entendre. Ce n’est pas « croire que » et ce n’est pas plus assuré que la météo. Mais croire en. Croire en ce chemin, s’y engager, s’y encheminer.
N’est-ce pas là – si je reviens à la 1° lecture - qu’enracinaient les premières communautés chrétiennes pour trouver la force de surmonter leurs tensions. Ces tensions, on pouvait les regarder, on pouvait en parler, les gérer plus facilement dès lors que pour personne, il ne s’agissait de défendre une boutique ; ou même seulement une pratique. Mais bien de ne pas connaître d’autre chemin que Jésus-Christ.
Les quelques pas que nous ferons pour communier ou pour recevoir sur le front le signe, rappel de notre baptême, seront progression de chrétien, ce que je peux aujourd’hui, comme je suis aujourd’hui sur le chemin de Jésus Christ. Oui devenir chrétien.
Prions les uns pour les autres. (14 mai 2017)
Année A -Homélie du 4° dimanche de Pâques – 7 mai 2017
Act 2 14a 36-41 ; 1 Pierre 2 20b-25 ; Jn 10 1-10
Homélie du F.Damase
Dans son message pascal, le Pape François a commenté cet Evangile du Christ « Bon Pasteur » ; je vais donc vous parler d’un autre aspect que cet Evangile mentionne où le Christ se présente comme la Porte de la bergerie.
Tout d’abord qu’est-ce qu’une porte : sinon un lieu de passage. Un lieu qui peut être ouvert ou fermé. Ouvert pour faire communiquer l’extérieur avec l’intérieur. Fermé pour former ou protéger une communauté, une famille, une nation. Ouverte la porte laisse passer, entrer et sortir, permettant la libre circulation : elle exprime l’accueil, une richesse d’échange. Fermée, elle empêche la communication : elle exprime un refus. Elle suggère aussi l’idée d’un tri.
Ainsi dans sa Règle, st Benoit invite l’abbé à choisir comme portier, un sage vieillard qui sache recevoir et donner une réponse. Sa maturité le préservant de courir de tous côtés. Un homme qui s’empresse de répondre. De même Benoit invite l’abbé a disposé le monastère avec tout le nécessaire pour la vie de la communauté, de sorte que les moines ne soient pas obligés de courir au dehors.
Dans l’Evangile Jésus se présente comme la porte de la bergerie. Pour comprendre cette parabole, il faut se rappeler que Jésus s’adresse aux Pharisiens. Or ces pharisiens ont un tel sens du sacré qu’ils ne peuvent imaginer une proximité entre Dieu et l’homme. Pour eux, Dieu est LE saint, l’inaccessible ; l’homme ne peut pas atteindre Dieu par ses seules forces.
Sur ce point entre Dieu et l’homme, Jésus leur donne raison. Mais Jésus nous annonce que lui-même nous ouvre la porte et alors nous pouvons le rencontrer. Cette porte qui nous permet d’aller à Dieu, c’est Jésus lui-même. Si quelqu’un entre par lui, il sera sauvé. Il est le passeur qui nous permet de traverser la mort pour épanouir en nous les forces de la vie.
Cette porte n’est pas celle qui claque brutalement, ni celle qui enferme comme dans une prison. Elle est un lieu de passage ouvert à l’humanité tout entière. Il y a de la place pour la multitude et la diversité. Jésus se présente comme la porte ouverte à l’étranger, au réfugié, à l’immigré, à l’handicapé, au pauvre comme au riche. Cette porte est ouverte à l’inconnu, à la brebis égarée et à tous ceux qui cherchent un sens à leur vie.
En résumé cette porte est ouverte par la miséricorde de Dieu. Chacun de nous est unique pour Dieu; il nous a gravés sur la paume de ses mains. Nous sommes son bien le plus précieux, inscrits dans son cœur de Père
Par le sacrement du baptême et de l’Eucharistie, nous sommes incorporés au Christ. Nous passons au-delà des limites de la vie présente pour entrer dans la perfection de l’humanité, celle de Jésus Ressuscité. « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la Vie, la vie en abondance ». L’Évangile du Christ nous offre un formidable appel à vivre. Il n’est pas une contrainte qui nous enferme, mais un souffle puissant qui nous entraine et nous appelle au bout de ce qui est vital pour chacun de nous : aimer et être aimé.
Nous, chrétiens baptisés, notre tâche est d’être les portiers du Christ, qui montrons la porte « à tous ceux qui frappent », qui cherchent comment passer de la tristesse à la joie, du doute à la confiance, qui cherchent comment entrer dans le grand projet d’amour qui anime le Christ.- 7 mai 2017
Année A - 3° dimanche de Pâques - 30 avril 2017
(Actes 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 Pierre 1,17-21 – Luc 24, 13-35
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs, peut-être certains d’entre vous ont-ils entendu parler de lectio divina sans trop savoir de quoi il s’agissait. Peut-être certains d’entre vous l’ont-ils pratiquée sans le savoir. Les lectures que l’Eglise nous offre pour ce 3e dimanche de Pâques sont en tout cas une belle illustration de cette pratique. Pratique monastique mais qui s’est diffusée dans l’Eglise et heureusement.
La lectio divina, lecture divine, c’est à la fois la lecture, la méditation et la prière à partir d’un texte biblique afin de mieux connaître Dieu, le Christ, afin de dialoguer avec lui tant il est vrai que Dieu nous parle dans les Ecritures saintes, dans la Bible. Une des méthodes, trouvant ses origines dans la tradition juive, consiste à rapprocher des textes bibliques entre eux pour faire jaillir une lumière qui peut éclairer, réchauffer le cœur (notre cœur n’était-il pas brûlant en nous disaient les deux disciples d’Emmaüs). Les lectures de la messe du dimanche sont bâties sur ce principe : éclairer, interpréter la Bible par elle-même.
L’évangile de ce dimanche est un exemple particulièrement fort de ce que la Bible peut nous faire découvrir. Nous y voyons en effet le Christ à l’œuvre. Deux disciples s’en retournent de Jérusalem. Ils sont dans le doute, la déception. Ils croyaient que le Christ allait délivrer politiquement Israël (vision commune du Messie à cette époque d’occupation de la Palestine par les troupes romaines). Or voilà qu’il s’est fait proprement éliminer. Il y a bien eu des femmes qui ont vu des anges disant qu’il était vivant, des compagnons qui sont allés à la tombe mais elle était vide et ils n’ont pas vu le Christ.
Or le Christ, qu’ils ne reconnaissent pas, qu’ils ne peuvent pas reconnaître tant ils sont enfoncés dans leurs questions, les écoute, les prend où ils en sont puis leur donne une véritable leçon de lectio divina. A partir des Ecritures, de Moïse et des prophètes, il montre en quoi la Bible juive, notre Ancien Testament, parle déjà de lui. Nous voudrions bien connaître les textes que le Christ a utilisés mais c’est une tentation. En fait, l’évangéliste Luc se garde de raconter le détail pour nous inviter, nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, à faire ce chemin pour rencontrer le Christ vivant. Mais ce chemin est aussi à faire en communauté. Le Christ et les deux disciples sont trois, c’est déjà une petite communauté. Quand ils auront reconnu le Christ, Cléophas et son compagnon repartiront rejoindre les autres disciples, l’Eglise naissante. C’est en Eglise aussi que nous avons à écouter la Parole de Dieu et à reconnaître le Christ dans la fraction du pain, ce que nous vivrons tout à l’heure.
La première lecture, elle, nous donne un bel exemple de lectio divina car Pierre agit de même que Jésus. A Jérusalem, à la Pentecôte, à partir du don de l’Esprit Saint reçu, Pierre relit le psaume 15 et y voit une parole sur le Christ. Lui qui a été crucifié, supprimé, il est ressuscité. David, en effet, considéré comme l’auteur des psaumes, avait déjà parlé du Christ. Le Seigneur ne peut abandonner son fidèle au séjour des morts ni le laisser voir la corruption. C’est en relisant ce psaume qui a été chanté après la première lecture, que Pierre proclame que le Christ est vraiment ressuscité. Les psaumes sont un résumé de toute la Bible juive. Ils ont été priés par le Christ lui-même comme tout juif pieux. Ils ont aussi servi aux premiers disciples du Christ pour relire ce qu’ils vivaient et y découvrir le Christ déjà annoncé.
Ainsi, Pierre, comme le Christ, revisite l’Ancien Testament pour y voir le destin du Messie : sa mort violente et sa résurrection. Le Christ l’avait plusieurs fois annoncé. Et c’est cela que nous propose l’Eglise dans sa liturgie. Faire la rencontre du Ressuscité dans sa Parole puis dans la fraction du Pain.
Ainsi donc nous pouvons nous sentir invités à nous plonger dans les Ecritures, dans la Bible. On entend souvent dire : « Dieu, le Christ, c’est très bien mais je ne le vois pas, je ne l’entends pas. » Pourtant, en lisant sa Parole et en la méditant, nous pouvons le rencontrer qui nous parle. En cherchant le Christ dans la Bible, dans toute la Bible, c’est lui que nous rencontrons, que nous apprenons à connaître. Mais ce n’est pas qu’une recherche individuelle. C’est en Eglise, en communauté, que nous pouvons aussi approfondir notre connaissance du Christ. Les autres baptisés ont en effet aussi à nous apprendre.
Frères et sœurs, les lectures de ce jour nous invitent à méditer la Parole de Dieu. Elles nous disent même que l’on peut rencontrer le Christ dans la Bible. Et cette expérience peut se traduire par un cœur brûlant d’annoncer aux autres la Bonne Nouvelle. Notre vie peut en être transformée. N’envions pas les disciples d’avoir vu le Christ de leurs yeux. Le Christ lui-même révèle que c’est dans la méditation de sa Parole et le partage de son Corps et de son Sang en communauté que nous pouvons le rencontrer et qu’alors, il n’a pas besoin d’être visible. A nous de trouver les moyens pour nous préparer, par exemple, en méditant à l’avance les lectures du dimanche. Faisons l’effort. Nous découvrirons des horizons nouveaux qu’il n’est pas besoin d’être moine pour les découvrir. AMEN. (30 avril 2017)
Année A - 2° dimanche de Pâques - 23 avril 2017
Act 2 42-47; 1 Pet 1 3-9; Jean 20 19-31
Homélie du F.Hubert
Il nous est bien difficile de percevoir ce qu’ont éprouvé les disciples en si peu de temps :
le repas de la Pâque, la descente au Jardin des oliviers, l’arrestation de Jésus,
son procès, son supplice, sa mort, et ce samedi silencieux, vide…
à travers tout cela, leur abandon de celui qu’ils aimaient,
dont les paroles et les actes leur donnaient vie.
« L’heure vient où vous me laisserez seul. »
Quelle douleur, quelle amertume, quelle honte !
Et la peur qui les emprisonnent…
Jésus leur avait bien dit : « Je m’en vais et je reviens vers vous. »
mais comment auraient-ils pu imaginer de quelle mort il allait mourir,
et de quelle manière il reviendrait auprès d’eux ?
Alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs,
il vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » et après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Comme ils devaient avoir besoin de recevoir de lui cette paix, ces disciples bouleversés et perturbés !
Comment Jésus la leur donne-t-il ?
« Il leur montra ses mains et son côté. » Ses blessures.
Pour se faire reconnaître, bien sûr.
C’est bien lui, Jésus, leur Maître, qui a été crucifié. Il est vivant.
Ce n’est pas un autre, ce n’est pas un fantôme.
Cette identité est fondamentale.
Mais arrêtons-nous à ses blessures.
Jésus ne se présente pas comme un homme « intact » :
il porte les traces de l'agonie, de son supplice,
les stigmates de ses épousailles avec notre inhumanité.
Jésus est celui qui a souffert de l'inhumanité de l'homme.
Le ressuscité et l'outragé sont une seule et même personne,
et la part blessée du Fils de l'homme n'est pas gommée, évaporée.
La réconciliation opérée par Jésus n'est pas un camouflage du mal,
la souffrance n'est pas dissimulée.
Notre réconciliation s'opère dans la blessure infligée au Christ par l’inhumanité présente en chacun de nous.
Blessure à laquelle il ne s'est pas opposé ou soustrait,
qu’il a accueillie sans nous la renvoyer, et dont il est marqué pour l'éternité.
Ses blessures sont désormais resplendissantes de l’Esprit,
resplendissantes de l’amour dont elles sont le signe.
Signe et lieu de notre réconciliation, de notre recréation,
signe de l’amour que rien ne peut vaincre.
Du cœur percé jaillit le fleuve de la vie.
Le Crucifié-Ressuscité est notre paix.
Nous savons bien que nous sommes loin d’accomplir
l’harmonie de la première communauté, évoquée, par Luc dans les Actes,
Si nous ne témoignons pas d’une telle communion fraternelle,
nous devons témoigner d’une communauté qui existe dans et par la Miséricorde.
Il n’y a pas un monde de purs et un monde de mauvais.
Aucun de nous n’est sauvé, aucun de nous n’est saint, sanctifié, sans que le Christ le réconcilie,
l’arrache au mal, ne sauve sa part d’inhumanité.
C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé.
C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé.
il a été compté avec les pécheurs,
alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.
La foi n'est pas une adhésion à une étonnante « happy end ».
Elle survient quand l'homme se présente pour être réconcilié
par Celui qui fait alliance à travers même les blessures reçues.
Le Christ demeure pour toujours le Transpercé.
Dans ses blessures, « le pouvoir de la mort apparaît constamment vaincu par la puissance de l’Esprit » écrivait notre f. Germain dans L’Agneau de la Pâque éternelle.
Comme Pierre, aucun disciple, aucun être humain, n'entrera dans la communauté des réconciliés s’il ne se soumet lui-même à la Miséricorde, s’il ne reconnait en lui une part inhumaine qui doit être guérie et réintégrée, pour que s'accomplisse l'unité de ton être.
Thomas, le jumeau universel de tous ceux dont l’espérance s’est évanouie,
de tous ceux qui sont absents, de tous ceux qui doutent,
témoigne auprès de chacun de nous
que, par sa fidélité, le Christ nous réconcilie avec nous-mêmes,
et nous offre la vie nouvelle d’un amour que rien ne peut vaincre.
Regardons, contemplons, les blessures resplendissantes de fidélité, de notre Sauveur.
En elles se trouve notre paix.
Regardons le Fils de l’homme ressuscité,
marqué pour toujours des marques et de notre inhumanité et de son amour.
Regardons celui que nous avons transpercé, et nous serons guéris.
Il est la résurrection et la vie parce que rien ne peut arrêter, épuiser, empêcher son amour.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que la vie du monde. (23 avril 2017)
Année A - 16 avril 2017 / Dimanche de la Résurrection
Lectures : Ac 10,34a.37-43 / Col 3,1-4 / Jn 20,1-9
Homélie du F.Matthieu
« Alors entra l’autre disciple... Il vit et il crut. »
"Voir" et "croire", ce sont les mots que l’on retient d’abord de l’évangile que nous venons d’entendre…
Mais, avant celui de "voir" et de "croire", il y a pourtant un autre mot de cet évangile, et qui les précède… celui de "courir" !
Ce qui domine cet évangile c’est la course, la hâte de la recherche de Jésus… Ce sera notre fil conducteur.
- "Courir" donc.
"Marie-Madeleine court trouver Simon-Pierre..." Elle est soudain poussée par l’urgence : "On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé." Urgence de l’inquiétude, de la stupéfaction, mais urgence surtout de la recherche, car Jésus, malgré l’échec apparent de la crucifixion, reste pour elle, "le Seigneur", le Maître bien-aimé.
Urgence de l’amour, mais peut-être aussi urgence née d’une obscure espérance, encore informulée. Il s’est passé quelque chose, elle ne formule qu’une hypothèse d’enlèvement, mais "elle court", comme s’il y avait quelque chose à trouver – chercher encore ?
"Pierre et l’autre disciple couraient tous les deux ensemble..." Comme les responsables de la petite communauté des disciples, ils doivent vérifier les dires d’une femme, de Marie - ils auraient pu en rire… ou aller voir posément… non, ils courent. Là encore, espérance informulée ?
Ou urgence de l’amour pour ce Maître qu’ils ont abandonné, et même pour Pierre, renié ? Urgence de la recherche encore !
L’"autre disciple, celui que Jésus aimait" court plus vite.
Quelle que soit son identité personnelle, il est ici la figure de tout disciple, de celui qui est lié au Christ par le lien de l’amour le plus fort, et que cette urgence de l’amour pousse ; "l’autre disciple" est le symbole de tout disciple aimé et aimant, qui court au-devant de Jésus. Il est la figure de chacun de nous dans sa recherche du Seigneur, parce le Seigneur lui-aussi est à notre recherche ! Il a hâte de nous trouver !
A Pâques, tout le monde court, parce que quelque chose d’incroyable, de nouveau, est en train de se produire. Et qu’on ne peut rester là assis dans le deuil et les larmes… ni même dans l’expectative : il faut chercher, aller "voir" !
- "Voir", justement.
Que "voit" Marie-Madeleine ? "Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau" : elle "voit" un tombeau ouvert, pas même un tombeau vide. Elle a deviné, elle a craint, et cela a suffi à la mettre en mouvement pour aller chercher des frères. Un tombeau ouvert, ce n’est pas un signe clair, et cela ne suffit pas pour croire, mais peut-être déjà pour espérer, sans le savoir, que quelque chose de neuf a commencé, que la pierre de la mort a été roulée du destin de l’humanité… qu’il y a plus encore à chercher !
Que "voit" Pierre ? A peine plus, mais lui, il regarde, il fait attention, il veut être témoin, il dresse un constat :"les linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place".
L’absence du corps, les signes de la mort abandonnés sur place, mais en bon ordre, en place, et non comme après un enlèvement. Des indices étranges, dont il ne tire aucune conclusion immédiate, on pourrait dire avec les mots d’un autre évangéliste, "il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé".
Que "voit" l’autre disciple. Rien de plus, mais lui : "il vit et il crut". Sa foi ne vient pas uniquement des signes déjà observés par Pierre, elle vient de l’intérieur, de cet amour qui le relie à Jésus – il a couru plus vite ! – et elle va lui permettre surtout, à lui et à tous les disciples après lui de "voir" que, "selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts".
Et ensuite "les disciples retournèrent chez eux." Mais ils savent désormais le lieu premier de la recherche : les Ecritures, là où il faut aller "voir" justement pour parvenir à "croire" …
Oui, voilà bien l’essentiel : avec Marie-Madeleine, avec Pierre, avec le disciple que Jésus aimait, avec tous les disciples de Jésus, nous savons désormais où chercher, que lire, relire et méditer : il est grand temps de ressortir notre Bible, si besoin est, de la mettre à portée de main, de l’ouvrir en hâte… si toutefois nous voulons être sérieux dans notre recherche du Seigneur !
Et en cela, il faut retrouver tous les disciples bien-aimés, et selon les Ecritures, apprendre avec eux à "courir", à "voir", pour commencer à "croire en Jésus ressuscité, avec nous sur les chemins de notre vie jusqu’à la fin des temps !(16 avril 2017)
Année A - VIGILE PASCALE 15.04.2017
Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et Sœurs,
En cette nuit, comme en toutes nos nuits, le Seigneur de la Vie est à l’œuvre ! Nuit de la création lorsque dans les ténèbres au-dessus de l’abîme, Dieu proféra sa Parole et tout fut créé. Nuit de la foi pour Abraham qui consent à donner son fils espérant en Dieu contre toute espérance. Nuit d’angoisse pour le peuple hébreu poursuivi dans la mer jusqu’à ce qu’elle s’ouvre sous ses pas. Nuit de l’exil où Israël perdu retrouve les chemins de la sagesse et de la connaissance. Nuit de la dispersion parmi les nations dans laquelle luit la promesse d’une vie nouvelle où le cœur est purifié. Nuit de la résurrection enfin où la Vie s’empare d’un cadavre pour laisser au petit matin un tombeau ouvert et vide…
Oui, frères et sœurs, en cette nuit, figure de toutes nos nuits humaines, le Seigneur de la Vie est à l’œuvre. Si nous avons pu penser un moment que c’en était fini, la résurrection de Jésus est là pour nous détromper. Le Seigneur de la Vie est fidèle à son Alliance avec les vivants que nous sommes, avec ceux qui nous ont précédés comme avec ceux qui nous suivront. Depuis le début de cette célébration, nous avons médité comment par le passé, Dieu n’a cessé d’offrir la vie, de la conforter, de la panser parfois, de la susciter toujours. Avec la résurrection de Jésus, nous avons la signature définitive du pacte de Vie que Dieu a établi avec les humains depuis les origines. Les créatures fragiles et mortelles que nous sommes, ne sont pas vouées au néant. La résurrection de Jésus communiquée à travers notre baptême et accueillie en chaque eucharistie nous ouvre un avenir. Si nous sommes faillibles et infidèles à servir la Vie, la résurrection de Jésus, offerte à travers le sacrement de la réconciliation nous libère des impasses de nos aveuglements.
Avec détermination, renouvelons notre confiance en la Vie. La vie reçue des origines, est aujourd’hui vivifiée de l’intérieur par le Vivant pour l’éternité. Accueillons cette puissance de Vie qui, si elle ne nous empêchera pas de vieillir, ni de souffrir ni de mourir, nous renouvelle dans l’Amour et dans le don de nous-mêmes à Dieu et aux autres. Jésus Ressuscité nous offre sa Vie, pour qu’avec Lui, par lui et en Lui, nous aidions tant de personnes autour de nous à retrouver le goût et le sens de la Vie. Voilà le projet du Seigneur de la Vie dont la résurrection de Jésus fait de nous les heureux bénéficiaires et les serviteurs étonnés. Comme nous le priions déjà, demandons au Seigneur « de raviver en son Eglise l’esprit filial, afin que renouvelés dans notre corps et notre âme, nous soyons tout entiers à son service ». (15 avril 2017)
Année A - VENDREDI SAINT 14.04.2017
Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Face à la croix de Jésus, nous restons « bouche bée », comme les foules hébétées devant le serviteur souffrant. La souffrance qui broie un homme impose toujours le silence. Mais l’évangéliste Jean nous entraine plus loin, pour ne pas laisser ce silence nous engloutir dans une sorte de sidération. Il considère cet évènement ignoble comme un aboutissement. Avec la mort de Jésus, quelque chose est pleinement réalisée : « Tout est accompli » dit Jésus. Là, où un premier regard dénonce la plus grande absurdité, l’évangéliste Jean suggère de reconnaitre, à travers chaque parole prononcée, une plénitude de sens. Plénitude de sens pour notre humanité à travers les mots de Pilate : « Voici l’homme ». Plénitude de sens encore pour le peuple juif qui attend le roi-messie : « Voici votre Roi ».
Plénitude de sens pour les disciples et Marie à travers la parole : « Voici ton fils, voici ta mère ». Plénitude de sens sur la bouche de Jésus pour notre destinée humaine en attente de justice et de vie : « J’ai soif ». Plénitude de sens contenue dans les Ecritures et que la Résurrection de Jésus a révélé.
C’est cette plénitude de sens qui nourrit ce soir notre audace pour présenter dans quelques instants à notre Père des Cieux la grande intercession de l’Eglise en faveur de l’humanité.
Désormais aucune peine humaine ne peut être exclue de la sollicitude de notre Dieu. C’est aussi cette plénitude de sens qui anime notre désir de vénérer la Croix. De lieu d’infamie, la Croix de Jésus est devenue lieu de grâce. Dans la Croix de Jésus, se fortifie notre espérance. Quand enfin nous communierons au terme de cette célébration, nous confesserons que la Croix a donné un fruit de vie, la Vie divine offerte dans le Corps livré et dans le Sang versé de Jésus. « Tout est accompli ». (14 avril 2017)