Homélies
Liste des Homélies
Année A -26e dimanche TO - (01/10/2017)
(Ezékiel 18,25-28 – Ps 24 – Philippiens 2, 1-11 – Matthieu 21, 28-32)
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs,
Les lectures de ce jour peuvent nous laisser sur une double impression : de confiance mais aussi d’inquiétude.
Confiance car celui qui fait le bien sera récompensé car, comme dit le psaume chanté tout à l’heure : « l’amour du Seigneur est de toujours à toujours. » Et si nous avons les dispositions qui sont dans le Christ, comme le dit la seconde lecture, nous suivrons le chemin du Christ, obéissant jusqu’à la mort mais exalté par le Père.
Inquiétude car la première lecture, tirée du livre du prophète Ezékiel et l’évangile d’aujourd’hui nous rappellent que rien n’est joué d’avance. Que le juste, s’il se détourne de sa justice, mourra, que le fils qui dit oui immédiatement à la demande de son père, peut ne pas obéir ensuite.
Certes, cette inquiétude peut être tempérée par le fait que le méchant peut lui aussi se convertir et que le fils qui dit non peut ensuite se reprendre et obéir. Mais quand même, ces textes peuvent nous laisser dans un état d’esprit incertain voire inquiet.
Et si nous nous situons, comme les grands prêtres et les anciens, dans le clan des justes, nous devons bien constater que la parole du Christ n’est pas sans inquiéter.
En fait, si nous nous situons dans le clan des justes et d’une justice acquise par nos propres forces, alors nous pouvons craindre d’être un jour moins forts, de nous détourner de cette justice et de commettre le mal comme le dit le prophète Ezékiel. Car nous savons bien que nous sommes fragiles. Ou encore nous pouvons être celui qui dit « oui » mais ne fait pas.
Mais si nous savons, comme le dit le psaume de ce jour, nous laisser enseigner par le Seigneur, si nous reconnaissons que c’est Lui qui nous sauve, si nous croyons que le Seigneur se rappelle sans cesse sa tendresse, son amour de toujours, si nous croyons fermement qu’Il oublie les révoltes, les péchés de notre jeunesse, si nous croyons encore qu’Il est bon, qu’il montre aux pécheurs le chemin, qu’Il enseigne aux humbles son chemin, et que nous nous acceptons humblement comme pécheurs, attendant tout de la grâce de Dieu, alors, nous n’avons rien à craindre.
En fait, nous le savons, nous pouvons être à la fois celui qui dit oui et ne va pas et celui qui ne veut pas aller puis se ravise et obéit. Nous ne sommes pas tout l’un ou tout l’autre. L’erreur serait de se croire définitivement juste. C’est cela que reproche le Christ aux grands prêtres et aux anciens.
Et sa parole est choquante pour les esprits du temps. Les publicains et les prostituées, deux catégories de personnes que tout le monde montre du doigt, précèdent l’élite de la société religieuse du temps dans le Royaume.
Frères et sœurs, le Christ ne cesse de rappeler dans son évangile qu’il est venu pour les pauvres et les pécheurs, les malades et ceux qui sont considérés comme moins que rien par les gens qui se disent religieux.
Nous savons combien il est difficile pour nous d’avoir de la considération pour ceux qui ne sont pas comme nous, pour les étrangers, les migrants, les personnes que nous considérons de mauvaise vie, etc … Il n’est pas difficile de transposer aujourd’hui cet évangile finalement très actuel. Le Christ, ne nous donne pas de recette concrète. Il confie cela à notre imagination. Mais le Christ pose des principes très fermes. Saint Paul les reprends dans la seconde lecture : être assez humble pour estimer les autres supérieurs à soi, ne pas se préoccuper de ses propres intérêts mais de ceux des autres. Soyons humbles comme le Christ a été humble, et de façon radicale.
Tous cela, nous ne le pouvons pas par nos propres forces, mais nous pouvons demander au Seigneur de nous diriger, de nous faire connaître sa route, sa volonté.
Les difficultés qu’a le Pape François à faire passer un message d’accueil et de tolérance montre qu’il n’est pas simple, même pour les chrétiens, de vivre la radicalité de l’Evangile et que nous-mêmes, nous pouvons parfois ou souvent, préférer des arrangements faciles et commodes pour notre confort. Pourtant le Pape persiste à demander non pas d’invoquer une identité chrétienne mais de vivre ses valeurs inspirées du christianisme.
C’est là que vient toucher l’avertissement, du Christ. Cet avertissement sera une bonne Nouvelle, un Evangile, s’il nous conduit à nous convertir, à changer nos regards, mais il sera une parole bien douloureuse, si nous refusons de croire à la vérité d’un Evangile qui peut nous remettre en cause.
Il y a des choix à faire. Ce sont parfois les plus pauvres et les plus méprisés qui les ont faits dans la grâce de Dieu.
Laissons-nous travailler par l’Esprit du Christ. Désirons laisser le Christ changer notre cœur et alors, nous pourrons découvrir des horizons nouveaux offerts par Dieu lui-même.
AMEN. octobre 2017
Année A - 25° Dimanche du Temps Ordinaire - 24 septembre 2017
Isaïe, 55, 6-9 Phil. 1, 24-27 Mt. 20, 1-16
Homélie du F.Ghislain
L’évangile que nous venons d’entendre nous heurte. Spontanément, nous trouvons que les ouvriers de la première heure, « qui ont enduré le poids du jour et de la chaleur », ont raison de se plaindre. S’il y avait eu un conseil de prudhommes au temps de Jésus, il aurait certainement donné tort au patron de la vigne et lui aurait imposé de verser une indemnité à ces ouvriers. Si la bonté du patron le conduit à verser aux ouvriers de la dernière heure, un salaire qui dépasse la valeur de leur travail, sa justice aurait dû le conduire à calculer la somme proportionnelle due à ceux de la première heure. Ou encore : si les ouvriers de la première heure avaient su ce que recevraient ceux de la dernière, ils ne se seraient certainement pas mis d’accord avec le patron sur le salaire d’un denier.
Pour comprendre un peu cette parabole, il faut nous remettre dans l’ambiance qu’a connue Jésus. On est à son époque dans une économie de subsistance au jour le jour. Des hommes arrivent le matin sur la place du village, avec l’espoir d’être embauchés. Un jour, ils le seront, le lendemain non, le surlendemain ils auront seulement une embauche de quelques heures. Ils vont de chômage en chômage, de précarité en précarité, avec une famille à soutenir, nombreuse comme toutes les familles de l’époque. Jésus, à Nazareth, avait sans doute un emploi un peu plus stable, mais il était à la merci d’un défaut de commandes, de retards dans les paiements. Par lui-même ou par ses voisins, il savait ce qu’était manquer du nécessaire, de n’avoir aucune réserve pour le lendemain. Aussi bien, ce qui l’intéresse, dans la vie comme dans la parabole, ce sont les pauvres, les malchanceux. Si le propriétaire de la vigne dit à son intendant de payer d’abord les ouvriers de la dernière heure, c’est parce que ce sont les plus besogneux, et s’il leur fait donner un salaire disproportionné à leur travail, c’est qu’il est à peine proportionné à leurs besoins. Jésus regarde la vie des hommes avant de considérer la valeur marchande de leur travail.
En ce sens, d’une certaine manière, les ouvriers de la première heure, avant de réclamer, auraient pu se réjouir que, ce jour-là, grâce au salaire égal, tous les ouvriers auraient eu de quoi vivre jusqu’au lendemain, eux et leurs familles. Et espérer que la chose se renouvelle le lendemain pour tous, car s’ils se trouvaient alors au bas de l’échelle, ils profiteraient de la bonté du propriétaire.
Dans une société comme la nôtre, où les grosses fortunes et la surconsommation voisinent avec la précarité, le chômage, l’insuffisance même d’un salaire minimum garanti, - ceci pour ne rien dire de sociétés moins développées où les inégalités sont encore plus flagrantes, cette insistance de Jésus sur les hommes d’abord, l’argent ensuite, pourrait nous faire réfléchir. Elle rejoint le message du pape François. Ou plutôt, c’est le pape François qui rejoint l’évangile : les hommes d’abord, parmi eux les plus pauvres d’abord, l’argent ensuite.
Ce qui est dit du denier dans la parabole confirme l’enseignement de Jésus. De quoi s’agit-il en effet sinon du Royaume des Cieux ? De ce qui est la fin de l’histoire où nous nous trouvons. De ce qui est la vérité éternelle du moment éphémère où nous nous trouvons. Ce denier-là est incommensurable à tous les travaux que nous pouvons consentir, même si ceux-ci couvrent toute la durée d’une existence ; il est aussi indispensable, car c’est de lui qu’il s’agit pour chaque homme et pour tous les hommes. Or, si celui qui a consacré sa vie à l’évangile, au prix « du jour et de la chaleur » apprend que son frère en humanité va hériter, lui aussi, du Royaume, comment ne s’en réjouirait-il pas d’abord, avant de discuter. En effet, même s’il a tout donné, il sait bien que la récompense est sans commune mesure avec l’effort. Et ce qui lui importe, en tout cas, est que son frère soit avec lui.
Mes frères, il nous faut penser de temps à autre au Royaume des cieux, à la vie éternelle, au « repos éternel » comme on chante dans la liturgie des funérailles chrétiennes. Nous allons, vers ce que l’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, vers ce que Dieu nous a préparé pour notre bonheur. Dans la seconde lecture, saint Paul dit combien il aimerait que cela advînt tout de suite pour lui ; ce qui le retient, ce sont justement les hommes qui l’entourent et qui ont encore besoin de lui ; alors il reste. Cette pensée de la vie éternelle pourra transfigurer notre regard sur les autres, les proches mais aussi les inconnus : tous ceux, par exemple, auxquels on est collé aux heures de pointe dans le métro : tous et chacun, qu’ils en soient à la onzième ou à la première heure, vont hériter du même denier, et nous serons pour toujours avec eux. Comment ne pas les aimer, s’en sentir solidaires, se laisser aussi aimer par eux ? Ayons le regard bon, car bon est le regard de notre Dieu. - 24 septembre 2017
Année A - 24° dimanche du Temps Ordinaire - 17 septembre 2017
Si 27.30-28.7; Ro 14 7-9 ; Mt 18 21-35
Homélie du F.Hubert
De la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.
Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.
Ces phrases peuvent être assumées et vécues par bien des personnes qui ne vivent pas de la foi au Christ.
La parole évangélique que nous venons d’entendre nous entraine plus loin en nous plongeant directement dans ce que Dieu a fait pour nous, en nous plongeant dans la révélation de ce que Dieu est et fait pour nous, de ce qu’il est et fait en Jésus qui est toute sa Parole. Jésus, notre Sauveur.
Un homme devait à son roi soixante millions de pièces d’argent.
Saisi de compassion, son maître le laissa partir et lui remit sa dette.
Il ne lui dit pas : tu me paieras plus tard, tu me paieras une partie.
Non, il lui remit sa dette. Cette dette au-delà de toute mesure.
La deuxième partie de la parabole, où ce serviteur gracié, ne fait pas grâce à son compagnon qui lui devait seulement cent pièces d’argent, et est livré aux bourreaux jusqu’à ce qu’il est tout remboursé, est là pour souligner l’inconséquence du comportement de ce serviteur, et nous secouer tous dans notre aveuglement.
Mais l’essentiel, c’est l’origine : le comportement du roi qui remet à son serviteur sa dette, une dette impossible à rembourser.
Il s’agit évidemment de l’attitude de Dieu envers nous, lui qui nous rachète de nos fautes, nous libère du péché, et nous revêt de la robe des fils.
La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs, dit Paul dans la lettre aux Romains.
Si le Christ, l’Innocent que nul ne peut convaincre de péché, est mort pour nous alors que nous étions pécheurs, alors, nous n’avons pas à vivre selon une loi morale, mais bouleversés par cet acte gratuit, à vivre dans l’action de grâce, la reconnaissance, et un comportement qui soit l’écho de ce par-don de Dieu dont nous sommes l’objet. C’est à dire, vivre selon l’Esprit, en images de Dieu.
Il faut nous laisser saisir, « prendre par les tripes », par ce que Dieu a fait pour nous. Ma vie, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi, dit Paul aux Galates.
Je pense à ce père de famille sauvé de la mort par le P. Maximilien Kolbe qui a pris sa place de condamné à mort, au camp d’Auschwitz. Combien ce père, qui a été présent à la canonisation de saint Maximilien, a dû avoir toute sa vie le cœur bouleversé et rempli de reconnaissance pour cet acte d’amour gratuit et sauveur ! Il m’a aimé et s’est livré pour moi.
Aimez vos ennemis, vos débiteurs, peut-on dire dans le contexte de notre parabole. Soyez parfaits comme Père céleste est parfait. Il s’agit bien pour nous, de vivre en images de Dieu, de manifester, par notre comportement, qui est Dieu, de quelle grâce nous sommes l’objet, et de quelle grâce identique ceux qui nous apparaissent comme nos débiteurs, sont aussi l’objet.
Dieu n’a pas attendu que nous soyons revenus vers lui, que nous soyons saints, que nous ayons remboursé notre dette, pour nous aimer.
La nouveauté de l’Evangile, c’est avant tout la personne même de Jésus, ce qu’en lui, Dieu a vécu pour nous. Celui qui a été livré aux bourreaux, c’est, en fait, Jésus, lui qui a pris la place du débiteur, lui qui a remboursé pour nous.
Et quel était ce remboursement ? Que devait l’homme à Dieu ? Lui répondre : « Tu es mon Père ! » et répondre à tous ses frères, quels qu’ils soient : « Vous êtes mes frères ! »
Ce double cri d’amour n’était possible que de la part du Fils unique qui, prenant la place du débiteur insolvable, livré aux bourreaux, a livré librement sa vie pour que tous, nous soyons délivrés de nos dettes insolvables.
Jésus, notre Sauveur, a fondé l’Alliance nouvelle en prenant sur lui le mal sans y participer. Avant que le mal lui prenne sa vie, il l’a donnée tout entière.
Le Christ est celui qui aime le premier. Il vient vers l'homme, quel qu'il soit, quelle que soit son inhumanité, en l'aimant.
Alors, s’il nous faut bien entendre la fin de notre évangile : C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. Ou la parole de Jésus après son enseignement du Notre Père : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. S’il nous faut bien entendre ces paroles et ne pas nous anesthésier par une grâce à bon marché qui n’est pas celle de Dieu, nous ne pouvons qu’espérer, pour nous-mêmes et pour tous, que cette remise de dette aille jusqu’à ébranler le serviteur mauvais que nous sommes tous, lorsqu’à notre tour nous ne pardonnons pas à nos frères.
Si le péché est le refus de la grâce de Dieu, le refus de Dieu qui fait grâce, que sa miséricorde détruise ce péché même et nous ouvre enfin à la filiation et à la fraternité que plus rien ne limite.
« Ceci est mon corps livré pour vous ». Nous entendrons à nouveau cette parole tout à l’heure : elle nous ouvre la grâce. Elle nous fait grâce, à chacun de nous comme à la multitude des hommes.
Combien de fois dois-je pardonner ?
Dieu ne se lasse jamais de pardonner, répète le pape François.
Soyons des images de Dieu. - 17 septembre 2017
Année A -23e dimanche du temps ordinaire - 10 septembre 2017
1ere lecture : Ezéchiel 33,7-9
2eme lecture : Lettre aux Romains 13,8-10
Évangile : Matthieu 18,15-20
Homélie du F.Matthieu
L’évangile que nous venons d’entendre forme la seconde partie du quatrième grand discours de l’évangile selon Matthieu, après le discours sur la montagne, le discours missionnaire et le discours en paraboles. Cette seconde partie, dont nous aurons la suite et la fin dimanche prochain, nous présente la pratique du pardon comme une clef, sinon la clef, de la constitution de l’église comme communauté fraternelle vivant de l’amour mutuel reçu du Dieu qui est amour.
Aujourd’hui, il s’agit de l’attitude requise à l’égard du pécheur ; et précisément "celui qui a commis un péché contre toi" selon notre traduction liturgique.
Le contexte nous indique qu’en agissant ainsi le frère pécheur a blessé la communion fraternelle qui est la loi suprême de l’église. Il ne s’agit d’un simple différent, mais d’une affaire suffisamment grave pour mettre en péril la réalité même de la communion ecclésiale.
Il ne s’agit donc pas d’exiger excuses ou réparation, il s’agit de faire la vérité avec ce "pécheur" et de restaurer l’amour fraternel, cette Loi première et dernière dont nous parle l’apôtre Paul dans la lettre aux Romains que nous avons entendue : La Loi "se résume en cette Parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain."
Il ne s’agit pas non plus d’une démarche personnelle, mais d’une responsabilité ecclésiale et la lecture du Livre d’Ezéchiel est là, elle-aussi, pour bien nous rendre attentif à cette mission ;
il s’agit à l’égal d’un "prophète" d’être un "guetteur pour la maison d’Israël", pour la communauté de l’église et pour la vie d’amour mutuel qui est sa raison d’être et sa réalité dans le Seigneur.
Il s’agit d’interpeller un frère sur sa pratique de la communion fraternelle, sans laquelle l’église ne peut pas vraiment subsister. Il s’agit de faire la vérité sur cette situation qui atteint l’être même de l’église.
La démarche est si sérieuse qu’elle se déroule en trois temps, : une rencontre "seul à seul", puis la démarche avec "une ou deux personnes" – tout doit se passer dans la discrétion comme dans l’amour fraternel ; enfin, s’il faut aller jusque-là, publiquement "le dire à l’assemblée de l’Eglise".
La démarche a pour but de ramener le frère dans l’amour mutuel, qui est la loi suprême et la condition de vie de la communauté dans le Christ.
Elle peut cependant se conclure par l’exclusion du frère s’il se maintient dans la rupture de la communion qu’il avait engagé…
Et pour donner plus de force encore à toute cette démarche, notre évangile insiste sur la gravité d’actes qui ne s’inscrivent pas seulement sur la terre mais également dans le ciel, marque incontestable qu’ils sont la volonté même de Dieu, notre Père des cieux ! Notons cependant qu’il s’agit non seulement de "lier" mais aussi de "délier" … le pardon n’est jamais exclu !
Une telle démarche est impressionnante et peut nous laisser comme interdit, sans voix. Nous sommes si loin de cet idéal – pourtant présenté dans notre évangile comme un indispensable signe de la communauté chrétienne –, si loin de cet idéal dans nos communautés chrétiennes… et même dans nos communautés religieuses et monastiques !
Mais n’est-il pas aussi nécessaire de nous laisser interpeller par une telle exigence de responsabilité et d’amour mutuel.
La suite de l’évangile nous donne peut-être une ouverture fondamentale, celle de la prière et de la condition même qu’elle porte : il faut avant tout "se mettre d’accord" pour "demander quoi que ce soit" …
Ne serait-ce pas d’abord demander d’être capable de tenir les exigences de l’amour mutuel, de la responsabilité partagée de la communion fraternelle ?
Ne serait-ce pas aussi demander avec insistance au Père de venir en aide au frère pécheur, qui a rompu la communion et s’est enfermé dans une terrible solitude ? Le Christ ne nous a-t-il pas dit aussi : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice ; en effet, je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs." (Mt 9,12-13) … donc aussi "les païens et les publicains" …
Considérons donc que le plus important, c'est de se sentir responsable de ses frères et sœurs chrétiens, et même sans aller leur dire leurs quatre vérités, de chercher dans la prière, et avec d'autres, à faire grandir la communion et l’amour mutuel et surtout de nous présenter ensembles devant le Père pour qu'il convertisse les pécheurs que nous sommes, mais pour lequel le Christ Seigneur est mort et ressuscité pour "être avec nous toujours jusqu’à la fin des temps" ?
Amen.- 10 septembre 2017
Année A - 22ème dimanche du T.O. - 3 septembre 2017
Jér 20 7-9; Rom 12 1-2 ; Mt 16 21-27
Homélie du F.Bernard
« Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ». C’est par ce témoignage de foi, que s’ouvrait l’Evangile de ce jour. Il faisait le lien avec l’Evangile de dimanche dernier, l’Evangile de la confession de foi de Pierre à Césarée au nom des Douze, confession suivie de la parole du Seigneur : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
De fait ces deux Evangiles sont étroitement liés. Ils constituent comme un sommet, un pivot, autour duquel l’Evangile selon Matthieu, que nous lisons cette année est construit. Mais ce serait vrai aussi bien des Evangiles selon Marc ou Luc.
La confession de foi de Pierre était la réponse à la question qui occupait toute la première partie de l’Evangile, à savoir : qui est Jésus ? Maintenant peut débuter la deuxième partie. La question devient : Comment suivre Jésus, celui-là même que Pierre vient de confesser comme le Messie, le Christ ?
Nous l’avons entendu : A partir de ce moment-là, Jésus, le Christ, commença à montrer à ses disciples, qu’il lui fallait monter à Jérusalem, y souffrir beaucoup, être mis à mort et le troisième jour ressusciter. Celui qu’ils viennent de confesser comme le Christ, aura la destinée du Serviteur Souffrant, annoncée par Isaïe et les prophètes, et Pierre le refuse : « Non, cela ne t’arrivera pas. »
Celui-là même que Jésus venait de déclarer heureux, heureux parce qu’il l’avait reconnu comme le Christ, et que cela lui était venu, non de la chair, ni du sang, non par ses propres ressources humaines, mais d’une révélation de Dieu, car « Nul ne sait qui est le Fils, sinon le Père, et celui à qui le Père veut bien le révéler», celui- là ,Jésus le dénonce maintenant comme celui qui veut le détourner de sa mission : « Passe derrière moi Satan, tu m’es un obstacle sur ma route, une pierre de scandale. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais des hommes. »
Pierre était inspiré par l’Esprit de Dieu. Voilà qu’il est mû maintenant par Satan. Il en est de même pour chacun de nous. Comme Pierre, nous recevons l’inspiration de Dieu, mais nous sommes atteints aussi par les sollicitations du Démon.
Alors que dit Jésus ? Le disciple doit renoncer à lui-même, prendre sa croix et le suivre. Prendre sa croix. C’est ici la première mention de la Croix dans l’Evangile. Elle nous concerne directement, alors qu’à ce niveau de l’Evangile, il est seulement dit que Jésus doit souffrir à Jérusalem, y être tué et ressusciter le troisième jour. Prendre sa Croix, bien sûr la Croix de Jésus, la porter, avec Jésus, comme Simon de Cyrène, sur le chemin du Golgotha.
Ces paroles sont tout-de- même dures à entendre. Peut-être nous font-elles penser spontanément à ces autres paroles de Paul aux Corinthiens : Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus, et Jésus crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent ?
Le langage de la Croix, comment le recevons-nous ? Sans doute nous est-il, à nous aussi, scandaleux, car pour une part au moins nous sommes bien en continuité avec le peuple de la première Alliance ? Sans doute nous apparait-il aussi folie, dans la mesure où nous avons encore beaucoup à faire pour dépasser nos réactions profondes, encore bien souvent païennes ? Mais puisse aussi notre être chrétien nous affermir progressivement dans la conviction que dans la Croix du Seigneur, il y a à l’œuvre la Puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu pour notre salut.
Mais posons-nous la question. Que faisons-nous de la Croix dans nos vies ? Cette Croix qui, derrière l’autel, préside à toutes nos célébrations liturgiques, nous arrive-t-il de la contempler pensant à cette parole du Seigneur : Elevé de terre, j’attirerai tout à moi ? Que faisons-nous des croix qui prennent place dans nos lieux de vie familiers, notre chambre, notre table de travail, peut-être notre coin de prière ? Simples objets, sitôt mis sitôt oubliés ? Que faisons-nous du signe de la croix que nous traçons sur nous-mêmes, en prononçant ces mots: au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ? Puissions-nous mettre toujours plus de foi dans ce geste qui imprime sur nous l’identité chrétienne. Quant à la Croix Glorieuse, nous la célébrerons liturgiquement dans quinze jours.
Un prêtre vietnamien, aujourd’hui décédé, qui avait vécu de très nombreuses années en détention, pour sa foi, sous les régimes communistes, n’avait eu de cesse, dans son dénuement total, de se constituer, avec deux bouts de bois, une très pauvre croix qui pour lui, dans sa prison, était le signe de la présence du Christ en sa cellule.
Nous avons aussi à placer ce signe dans nos vies, devant nous, sur nous. Saint Paul à sa manière nous y invitait dans la deuxième lecture de ce jour : « Offrez vos vies en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu. C’est là pour vous l’adoration véritable. » (Rm 12,1). Ce sacrifice saint, c’est celui-là même que nous allons offrir au Père, dans l’eucharistie, par le Fils, avec Lui et en Lui, dans l’unité du Saint- Esprit, et pour le salut du monde.- 3 septembre 2017 -
Année A - ASSOMPTION 2017
Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Nous venons d’entendre 3 lectures et de chanter un psaume. Je vous propose de nous arrêter sur ces 3 lectures comme on regarde un tableau…Un grand tableau, digne des grandes tapisseries de l’Apocalypse qui se trouvent à Angers. Ce tableau se présente sous la forme d’un triptyque fait de trois panneaux qui se déploient dans l’ordre de la lecture qui a été faite. Comme dans tout triptyque, c’est le panneau central qui est important et qui donne sens à l’ensemble. Au centre, nous pouvons considérer la 2de lecture, tirée de l’épitre aux Corinthiens. Paul expose sa foi en la résurrection du Christ. Elle est la source et l’origine de la résurrection de tous les hommes. Parmi les fils d’Adam qui étaient voués à la mort, le Christ est le premier à être ressuscité en son corps. Quand Il viendra à la fin des temps, lorsque tout sera achevé, en Lui tous recevront la Vie. L’Assomption de Marie, élevée au Ciel dès le moment de sa mort, que nous fêtons aujourd’hui, représente une anticipation de ce grand mouvement de vie qui récapitulera tous les êtres en Christ. Marie est l’exception reconnue comme telle par les premières générations de chrétiens qui lui ont réservé une place unique dans l’ensemble des fils et filles d’Adam. Marie est le témoin privilégié que les derniers temps sont déjà à l’œuvre depuis la mort et la résurrection du Christ.
Dans cette lumière des derniers temps à l’œuvre depuis la résurrection du Christ, nous pouvons regarder les deux autres panneaux de notre triptyque. Les deux panneaux offrent à leur manière comme un résumé de toute l’histoire de l’humanité, cherchée et sauvée par Dieu. Commençons par le premier, avec la lecture de l’Apocalypse. Trois signes grandioses sont offerts : le sanctuaire de Dieu ouvert qui donner à voir l’Arche de l’Alliance ; second signe, une femme, revêtue de lumière, dans les douleurs de l’enfantement ; et enfin le Dragon postée qui désire dévorer l’enfant à la naissance, mais à qui l’enfant échappe ainsi que la femme. Et notre lecture se conclue par une hymne en la victoire du Christ sur les puissances du mal. Ces images fortes peuvent sûrement être interprétées différemment. Mais une chose est sûre, elles relisent l’histoire de notre humanité, depuis la genèse dont notre texte porte bien des réminiscences, comme l’histoire d’un grand combat. Quand, depuis la Demeure de Dieu, le Christ vient en notre chair, ce combat va être manifesté au grand jour comme Celui de Dieu contre toutes les forces du mal et de la mort. Celles-ci n’ont pas le dernier mot : l’enfant enlevé auprès de Dieu est l’image du Christ ressuscité et élevé auprès de Dieu. Il est vainqueur du mal et de la mort. Et Marie elle-même, à l’image de la femme qui échappe, est préservée. Le récit de l’Apocalypse se poursuit en soulignant que le Dragon va continuer à faire la guerre à la descendance de la femme, c’est-à-dire à ceux « qui observent les commandements de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus » (Ap 12, 17). De cette lecture, nous pouvons retenir l’assurance de la victoire qui nous est offerte, contre toutes les puissances du mal en Jésus. En Jésus Vivant, et soutenus par la présence de Marie, nous pouvons affronter les forces du mal et de la mort qui veulent nous empêcher de naitre. Comme le disait D. Vasse, « la mort, ce n’est pas ce qui vient au terme de notre existence, c’est ce qui nous empêche de naitre ». Naitre à nous-mêmes, naitre à notre vie d’enfant de Dieu.
Regardons le troisième volet, la lecture de l’évangile. En face du panneau aux scènes apocalyptiques effrayantes, nous avons une scène plus tranquille et familière qui présente elle-aussi le thème de l’attente d’une naissance. Nous voyons la rencontre de deux femmes enceintes. La jeune Marie visite et vient aider sa cousine Elisabeth qui va bientôt mettre au monde celui qui sera Jean le Baptiste. Cette rencontre banale devient l’heureux moment de la révélation du grand mystère de Vie auquel elles sont toutes deux associées. Elisabeth reconnait la Mère de son Seigneur, bénie entre toutes les femmes. Et Marie chante le grand dessein d’amour dont elle est l’instrument « en faveur d’Abraham et de sa descendance jamais ». Cette scène familière, qu’on appelle habituellement « visitation », nous permet d’entrer d’une autre manière dans l’intelligence du combat qui se vit en ces derniers temps où nous sommes. C’est le combat de Dieu qui se penche sur son humble servante, qui élève les humbles et qui renverse les puissants, qui comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides. C’est le combat de Dieu auquel Marie a prêté main forte, non par des actions éclatantes, mais par sa seule écoute disponible et humble. Marie s’est associée au combat de Dieu venant sauver le monde, en croyant en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites, et en se laissant conduire par l’Esprit…. Ce dernier tableau, frères et sœurs, peut nous enseigner, comment chacun nous pouvons prendre notre place dans le combat des derniers temps dans lesquels nous sommes : comme Marie, il nous est proposé de croire, de faire confiance au Christ Vivant qui conduit l’Histoire et nos histoires personnelles. Portons sur notre monde en travail d’enfantement, avec les conflits qui l’habitent, un regard d’espérance. Nourrissons par la prière l’aspiration de tous à la paix et à la justice. Avec humilité, disponibilité, engageons-nous là où nous sommes à faire le bien, à aller vers l’autre sans peur. Comme nous le chanterons dans la préface, Marie, dont nous célébrons la présence lumineuse auprès de Dieu, « guide et soutient l’espérance du Peuple de Dieu encore en chemin ». Confions-nous à son intercession et entrons dans le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, l’assurance de notre victoire. - 15 aout 2017
Année A_19ème Dimanche du T.O. 13 Août 2017
Rois 19. 9a 11-13a Rm 1-5 Mt 14, 22-33
Homélie fr. Antoine
L'Evangile de ce Dimanche déborde de vie. On y parle de mer agitée, d'un vent contraire,
de désert et de montagne, de foules et de solitude, de Jésus avec des disciples et même d'un
fantôme! D'autres mots sont présents, la peur, la prière, le doute, la confiance, la Foi, ainsi
cet évangile nous offre les grands thèmes de la vie chrétienne avec une parole qui domine le
récit «Homme de peu de foi! »
Dans son Evangile, Matthieu met cinq fois cette expression dans la bouche de Jésus, ici, ce
reproche s'adresse à Pierre, homme au destin exceptionnel.
Une foi dont l'Evg nous rappelle qu'elle doit affronter vagues et vents contraires et
affronter ainsi l'épreuve du passage ... d'une foi.. facile et enthousiaste ... à lafoi profonde.
creusée par l'adversité.
Ainsi Pierre, est difficilement passé d'une confiance en ses capacités, à une totale
remise de lui-même en cette main qui le saisit... et s'entendre dire «Homme de peu de
foi, Pourquoi as-tu douté »?
Ces paroles ne sont-elles pas une prophétie, de ce que nous avons à vivre, en tant que
croyant? car ce texte si vivant est entouré d'une atmosphère de mort: la tempête, la
présence de la nuit, l'apparition d'un fantôme, la terreur des disciples, leurs cris de détresse
... images qui font planer l'angoisse de la mort sur le récit et nous renvoient à cette
expérience où notre foi semble noyée, balayée par les agressions de la vie et où ... tout
attendre de Dieu dans la foi et la confiance, ne nous économise pas ces traversées
d'incertitudes parfois chaotiques ... on ne sait plus si on croit. .. on ne sait plus jusqu'où on
croit. .. et finalement. .. en qui on croit!
Les disciples nous font signe que la foi n'est jamais totalement acquise, Ils ont vécu la
peur, l'affolement. .. puis ils se sont ouverts à une confiance totale au Maître, pour
finalement être tragiquement absents au pied de la croix
La foi est une vie sans cesse en croissance ou en décroissance.
Elle est, une histoire en évolution permanente ... celle d'un compagnonnage avec Jésus
Fils de Dieu, embarqué avec chacun d'entre nous dans la traversée de l'existence ... un
compagnonnage qui peut connaître des étapes merveilleuses, l'important n'a pas été que
Jésus marche sur les eaux, l'important a été qu'il réponde immédiatement à la détresse des
disciples .. et que sa main les saisisse et leur sauve ... la Vie.
Toute La finale de cet Evg est un chant au triomphe de la vie.
Jésus marche sur les eaux de la mort et révèle d'une façon éclatante qu'il ess ]« Fils du Dieu
vivant! Sa victoire apparaît ainsi comme une anticipation de sa résurrection et l'annonce de
son triomphe sur la Mort.
Frères et Sœurs.... Cet Evg nous invite à partager cette victoire ... en en faisant une,
une victoire de notre foi sur nos peurs, nos angoisses nos lassitudes tout en gardant les yeux
fixés sur le Maître bien aimé, Jésus vraiment Fils de Dieu, venu nous sauver de nos
tempêtes et ... de nous-mêmes. ! - 13 aout 2017
Année A - Transfiguration- 6 août 2017
Dan7/9-10,13-14, 2Pi 1/16-19, Mt 17/1-9.
Homélie du F.Cyprien
Dans la prière d’ouverture, nous avons demandé de partager un jour l’héritage du Fils, Jésus transfiguré, Jésus ressuscité.
Jésus vient d’annoncer sa passion et sa mort et ses disciples ne comprennent pas que le Christ, le Messie, doive passer par la souffrance…
Alors Dieu leur dévoile la gloire du Fils.
Une remarque pour commencer : la transfiguration a son parallèle plus loin : elle annonce le jardin de Gethsémani ; les trois mêmes Apôtres, Pierre, Jacques et Jean seront les témoins de l’agonie de Jésus.
Et puis l’Evangile de Matthieu nous présente cette transfiguration comme l’accomplissement de ce qu’ont vécu les Hébreux au désert avec Moïse. « Moïse descendant de la montagne ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur. Alors Moïse leur transmit les ordres que le Seigneur lui avait donnés ». De même, depuis la nuée, il est dit aux trois apôtres : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le »… Rencontre avec Dieu qui remplit de crainte les disciples
Transfiguration » pour les trois apôtres une expérience fugitive.
« Transfiguration »… quelque chose d’heureux… de passager aussi…Transfiguration, l’inverse de ce que peut être une « défiguration ». En tout cas un moment où la lumière a rayonné.
Joie immense, vrai bonheur, c’est cela que les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont vécu avec la crainte aussi de la rencontre de Dieu… Les Evangiles veulent nous transmettre quelque chose qui concerne le passé, le présent et le futur avec Dieu.
L’Evangile nous transmet un message de foi, foi en la personne de Jésus : Jésus vient à la suite de Moïse et d’Elie… Jésus confirme la vérité de l’Alliance conclue entre Dieu et le peuple hébreu ; Jésus confirme l’annonce des prophètes ; il confirme la fidélité de Dieu tout au long des infidélités du peuple. Jésus est au centre, entre Moïse et Elie, il est le personnage principal…
Message d’espérance aussi : Jésus transfiguré en présence de Moïse et d’Elie, c’est une anticipation de sa résurrection. « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ». Jésus sera le premier des ressuscités, le « Premier Né d’entre les morts » : son aspect passager, avec Moïse et Elie, d’ « être de lumière » annonce l’avenir de celui qui allait souffrir et mourir.
Destin de Celui qui est aussi le chemin, notre chemin, celui qui nous enseigne la Vérité, celui qui nous donnera la Vie.
« Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ».
Passé, présent et futur, jouons avec les mots. Les paroles de la première alliance et la vie du peuple choisi … c’est une préfiguration de l’œuvre de Jésus.
La transfiguration de Jésus sur la montagne annonce notre propre transfiguration : nous, nous avons été « appelés selon le dessein de son amour, nous sommes destinés à être configurés à l’image du Fils ».
Dans cette configuration il y a la passion, le don de la vie et la mort … réalité que nous avons à faire nôtre, à prendre-avec-nous, à imiter.
Le moment heureux vécu sur la montagne par Pierre, Jacques et Jean : un instant de révélation, pour ainsi dire une fenêtre entr’ouverte : il nous permet avec Pierre, Jacques et Jean d’avancer dans la foi…dans la paix et l’assurance de l’espérance. Il ne peut nous décevoir celui qui avait dit avant de mourir: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Encore une fois la première façon de suivre Jésus, c’est, « d’écouter sa voix », écouter ses paroles. « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ».
En cette fête, en ce dimanche… nous avons donc demandé de partager un jour l’héritage du Fils : nous proclamons la mort de Jésus jusqu’à ce qu’il vienne ; nous proclamons aussi sa résurrection … Jésus non seulement transfiguré mais vivant, ressuscité…
Nous attendons sa venue dans la gloire : notre vie est aujourd’hui à la suite de la sienne : Que l’Eucharistie nous aide et nous rende forts dans l’union aimante avec Lui, dans la foi et dans l’espérance.
Ainsi soit-il, chers sœurs et frères. - 6 aout 2017
***
Année A – 17° dimanche du Temps Ordinaire – 30 juillet 2017
1 Roi 3 5-12 ; Mt 13 44-46
Homélie du F.Jean-Noël
Ce dimanche, vous partez en vacances ? Vous en revenez ? Il y a un mot pour vous dans l’Evangile : CHERCHER. Mot aussi, bien sûr, pour les frères moines puisque st Benoit leur fait devoir se rendre toujours libres, en « vacance » pour CHERCHER Dieu, le chercher partout où on peut le trouver :
- Dans l’écoute de sa parole,
- Dans l’écoute de la prière
- Dans le travail, celui des mains, celui du cœur, et tout cela ensemble.
CHERCHER, c’est le mouvement de fond, le ressort de nos paraboles. Mais je vous l’avoue tout de suite. J’ai bien du mal à entendre : ça résonne trop. Des échos de toute la Bible, en cascade… Finalement, qui cherche qui ? Et qui a commencé le premier ?
Certes je n’ai pas oublié ce que je vous disais tout de suite de l’unique raison d’être du moine, du Chrétien, chercher Dieu. Benoît précise même : « Chercher Dieu vraiment » en y mettant le prix. Mais peut-on acheter Dieu ?
Et saint Paul qui nous assure que c’est nous qui avons été acheté à grand prix !
Alors oui, qui cherche qui ?
Et voilà que résonne aussi le tout premier appel de Dieu : dans la brise du premier soir du monde, il cherche, il appelle « Adam, où es-tu ? ». Appel que Benoit, après beaucoup d’autres répercute comme en écho, à la toute première page aussi de sa Règle pour les moines, comme pour nous dire la première urgence.
C’est bien Dieu le premier qui cherche et qui appelle, une clameur pour nous tirer du sommeil.
Alors vraiment qui cherche qui ?
Quel est donc ce négociant un peu fou – disons plutôt : cet amoureux, car il ne s’agit vraiment plus de commerce – cet amoureux de l’homme et pas de l’homme en général, mais de chacun appelé par son nom - Jésus l’a dit : « Chacun, cet être étonnant que je suis » comme ose dire un vieux psalmiste étonné et qui fait dire à Dieu – autre résonance biblique :
« Tu me fais perdre le sens, ô mon amour
Tu me fais perdre cœur, par un seul de tes regards
Par une seule perle de ton collier – cant 4.9
On ose à peine répéter cela. Mais n’est-ce pas là, toute la Bible qui entre là en résonnance.
Jésus lui-même en augmente le volume, quand il nous décrit :
- Comment Dieu, comment le Père nous cherche : « Jusqu’à ce qu’il nous trouve » - « Jusqu’à ce que »
- Comment le berger cherche sa brebis devenue unique, d’un seul coup parce qu’égarée. Jusqu’à ce que…
- Comment la femme soudain appauvrie par la perte d’une seule petite pièce..
- Comment le Père Prodigue se ronge les sangs depuis que le cadet a claqué la porte
- Comment il guette son retour du haut de son donjon
-
Comme nous le montre la belle grande BD murale du grand couloir de l’hôtellerie (faites-y donc un petit pèlerinage priant). Vous le verrez, longue vue en main pour nous voir de plus loin, enfin revenir. Longue vue ou porte voix ? Pour porter loin, loin son appel, sa clameur, par dessus les 1000 bruits de notre cœur.
Adam où es-tu ?
Adam ? Pierre, Evelyne, Gaël
Alors, pour nous aussi,
Qui que nous soyons.
La prière de Salomon, de notre première lecture :
« Dieu donne moi un cœur attentif un cœur qui écoute, fin, fin
Et se mette en marche » *
Sans trouble, sans retard, sans résistance
Année A DEDICACE DE L’EGLISE
25 Juillet 2017
1R 8, 22-23.27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
« Dans cette maison que tu nous as donnée, tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance » chanterons-nous frères et sœurs dans quelques instants dans la prière de la préface… Oui, une église chrétienne est un signe de l’alliance que Dieu veut nouer avec son peuple…Elle est signe car elle est le lieu où cette alliance prend corps dans un merveilleux échange entre Dieu et les hommes, vécu dans l’écoute et la confession des merveilles de Dieu.
Dans une église, nous écoutons la parole de Dieu…Nous écoutons cette Parole qui a bien des reprises nous dit avec force : « Ecoute », « écoutez ». Et nous-mêmes, confiants dans l’Alliance que Dieu veut nouer avec nous, nous lui disons souvent : « Ecoute Seigneur ». Comme Salomon, entendu dans la première lecture, nous ne cessons de dire au Seigneur : « Ecoute donc la prière que ton serviteur fera en ce lieu…Ecoute la supplication de ton serviteur et de ton peuple Israël…Toi écoute et pardonne… » C’est le merveilleux échange qui se vit dans une église : celui de l’écoute mutuelle entre Dieu et son peuple, entre Dieu et chacun de nous. Non pas un échange qui serait marchandage, je te demande ceci pour que tu me donnes ceci, mais un échange dans la confiance qui repose sur l’écoute mutuelle. Dans le silence, dans la parole proclamée, comme dans le chant des psaumes ou les prières proférées, se creuse dans nos cœurs cette écoute confiante et de plus en plus attentive à notre Dieu. Et nous croyons qu’en ce lieu, Dieu est là qui écoute nos voix, nos murmures et nos silences avec bonté et bienveillance…Il nous entraine dans un cœur à cœur toujours plus vivant et plus profond avec lui.
Cette église est encore le lieu merveilleux de l’échange et de l’alliance en ce qu’elle fait de nous des pierres vivantes pour la construction du temple saint de Dieu. Ce bâtiment de pierre est comme l’enveloppe protectrice et nourricière de la communauté qui devient jour après jour le corps du Christ. Ou pour prendre une autre image, l’église de pierre est comme la chrysalide au sein de laquelle la chenille devient papillon, la chrysalide où la communauté devient temple de l’Esprit Saint. Comme Simon-Pierre dans l’évangile, jour après jour, nous confessons ici notre foi au Christ, Messie, Seigneur et Fils de Dieu. Et jour après jour, comme Simon-Pierre, nous devenons nous-mêmes pierres spirituelles d’un édifice spirituel qui est temple de l’Esprit. En quelque sorte, à chacun de nous Jésus nous répond : « tu es pierre ». Avec Simon-Pierre, appuyés sur sa foi, transmise de siècle en siècle, nous nous approchons de Jésus, « la pierre angulaire rejetée les hommes ». Et Lui, le Roc éternel, qui s’est laissé tailler par l’épreuve, pour devenir pierre angulaire, nous fait devenir avec lui, rocher et pierre taillée pour l’édifice spirituel. Voilà ce qui se passe dans une église autour de l’autel qui signifie la présence du Christ au milieu de nous ! C’est une œuvre en partie invisible à nos yeux humains, mais qui se réalise profondément à la mesure du don de chacun. Quand nous venons apporter les offrandes pour l’eucharistie, nous nous présentons nous-mêmes avec notre travail, nos préoccupations et nos joies. Nous sommes là devant notre Dieu offrandes disponibles, offertes à son œuvre. Nous rendons grâce à Dieu pour tous ses bienfaits. Avec le prêtre, dans la préface et dans la prière eucharistique, nous chantons Dieu notre Père pour ses merveilles réalisées pour son peuple Israël, et accomplies en Jésus, mort et ressuscité pour nous. Sur l’autel, sous le signe du pain rompu et du vin offert, est actualisée, rendu présente l’œuvre du salut. La vie éternelle nous est offerte en Jésus maintenant, et communiquée à nous tous ici réunis. En recevant le corps et le sang du Christ, nous devenons en Lui pierres vivantes et tous ensembles temple de l’Esprit.
Oui frères et sœurs, il est grand le mystère de naissance, le mystère de cette construction spirituelle qui se vit dans nos églises de pierre. Ensemble, rendons grâce d’y être associés et tous les jours invités, afin que notre communauté, nos communautés deviennent davantage des cellules vivantes de l’Eglise, le Corps du Christ… - 25 juillet 2017