Homélies
Liste des Homélies
Année A - 14e dimanche ordinaire - 9 juillet 2017
Zacharie, 9, 9-10 Rom. 8, 9,11-13 Matt. 11, 25-30
Homélie du F.Ghislain
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus nous invite : « Venez à
moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau ». Tous, en effet, dans cette
église où nous sommes entrés tout à l’heure, nous peinons sous le poids d’un
fardeau. Chacun a le sien, fait de ses douleurs, de ses efforts coûteux, de
ses espérances déçues, de ses relations parfois difficiles, du poids aussi
de la souffrance du monde et de toutes les victimes qui le peuplent. Et ce
poids est parfois aggravé parce que nous sommes plus ou moins ce que
l’évangile appelle les « sages et les savants » : entendons que nous portons
sur les gens et les choses des jugements arrêtés, des convictions
inébranlables mais pas toujours fondées, nous subissons aussi des lois aussi
qui nous obligent sans que nous comprenions pourquoi…Le tout est comme une
sorte de corset plus ou moins étroit qui nous enserre, ne nous libère pas et
rend le fardeau plus lourd.
Or voici que Jésus nous invite au repos : « venez à moi, je vous procurerai
le repos, vous trouverez le repos pour vos âmes ». Entendons cette
invitation, ici, maintenant. La manière d’obtenir ce repos, il nous la dit :
« devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur ». Ici il nous
faut prendre le temps de regarder Jésus : la douceur et l’humilité ne sont
pas des attitudes qu’on puisse définir abstraitement. Il faut ouvrir les
yeux du cœur et les regarder, les contempler chez ceux qui en vivent. Jésus,
doux et humble de cœur. Le prophète Zacharie, dans la première lecture, nous
le montre « pauvre et monté sur un ânon » alors qu’alentour il y a des chars
de guerre et des chevaux de combat. Douceur de Jésus, douceur de l’évangile.
Celui-ci n’est pas une règle de vie facile, mais quand nous l’entendons
sortir des lèvres de Jésus, sourdre de son visage, il n’y a plus de dureté.
La Règle de saint Benoît, qui dessine un genre de vie plutôt austère, se
défend de rien imposer, dit-elle, de pesant ni d’âpre : il faut la prendre
en douceur, car elle vient de quelqu’un qui veut nous donner la vie. De
même, Jésus ne nous adresse-t-il pas alors une invitation à prendre notre
vie en douceur ? Et cette douceur ne va-t-elle pas guérir l’âpreté de notre
fardeau ?
Mais l’évangile va plus loin : la douceur de Jésus est une révélation de
Dieu. S’il nous invite à devenir ses disciples, c’est que Jésus veut nous
enseigner Dieu. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; il demeure un Dieu caché.
Nous ne connaissons pas davantage le détail de son dessein sur le monde,
l’histoire, ni même sur la vie de chacun. Tout cela, c’est ce que l’Ecriture
appelle le Mystère ; c’est un livre scellé auquel nous n’avons pas accès. Un
seul pourtant connaît : le Fils qui est dans le sein du Père, qui est venu
parmi nous et ne désire rien tant que de nous révéler ce qui est caché. En
nous invitant à devenir ses disciples, Jésus veut nous introduire en Dieu,
nous le faire connaître ; mais il désire aussi nous faire comprendre ce que
nous échouons à expliquer, ce qui est plus fort que nous, ce qui parfois
nous scandalise, ce qui frôle l’insupportable. En nous proposant de regarder
sa douceur et son humilité, Jésus nous révèle à la fois le vrai visage de
Dieu et l’art de vivre en douceur dans un monde de violence, l’art de mettre
de la douceur aussi autour de nous.
Nous comprenons alors l’invitation à être des « tout-petits ». Cette
petitesse n’est pas de l’infantilisme. Elle est la racine encore fraîche et
souple de notre être le plus profond. Une sorte de disponibilité sans
condition où nous pouvons atteindre, qui permet d’accueillir sans calcul ce
qui advient, de « prendre tout en gré » comme ses voix le disaient à sainte
Jeanne d’Arc. Alors nous sommes mis sur le chemin de la connaissance de
Dieu, de la vision en Dieu des vicissitudes humaines, de ce que Jésus, qui
connaît le Père, veut nous révéler. Et il en résulte une proximité
respectueuse de tous les hommes, à commencer par les plus proches.
Avec cela, le fardeau avec lequel nous étions entrés dans l’église ne
disparaît pas. Le repos que veut nous donner Jésus comporte aussi un joug et
un fardeau : peut-être est-ce le même que tout à l’heure, mais n’a-t-il a
pas changé de sens ? Accueilli dans la douceur et l’humilité du Christ, son
poids s’allège et il ne blesse plus les épaules qui le portent.
Il me semble, frères et sœurs, que ce passage de saint Matthieu est comme la
quintessence de l’évangile, et en même temps le secret d’une vie, sinon
heureuse, du moins apaisée. Ne le laissons pas passer, mais offrons-nous à
lui. Allons à Jésus doux et humble de cœur, et entrons dans le repos qu’il
nous offre. - 9 juillet 2017
Année A - 13° Dimanche du temps Ordinaire - 2 juillet 2017
2 Roi 4 8-16; Ro 6 3-11; Mt 10 37-42
Homélie du F.Hubert
Les versets que nous venons d’entendre terminent le chapitre 10 de St Matthieu,
consacré au choix des Apôtres et à leur envoi en mission par Jésus.
Proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, donnez gratuitement.
Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.
Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.
Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
Jésus a été touché de compassion devant les foules désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Alors il envoie ses apôtres annoncer le Royaume, et lui-même va partir enseigner et proclamer la Parole.
Urgence et caractère absolu de la mission.
Sauver les brebis abattues, désemparées, perdues. Leur donner sens et espoir. Vie.
Pour les disciples, il ne s’agit de rien moins que de participer à l’œuvre de celui qui le Père a envoyé.
Ils leur faut être totalement disponibles,
et, avec la force de l’Esprit, être capables d’affronter toute contradiction, tout refus, toute persécution.
Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur.
La contradiction peut venir de ceux vers qui ils sont envoyés :
Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux, … le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant.
Mais les résistances peuvent être aussi en eux :
Qui se déclarera pour moi, … qui me reniera devant les hommes…
La mission de Jésus et de ses apôtres est d’annoncer la venue, la présence, du Royaume, d’apporter la paix, celle de Dieu.
Mais cette Bonne Nouvelle suscite contradictions, voire persécutions.
Jésus en sera condamné à mort, beaucoup de disciples seront persécutés.
Les communautés destinataires de l’évangile vivent cela. Le frère livrera son frère à la mort.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi.
Jésus critiquera plus loin ceux qui ne prennent pas soin de leurs parents,
sous prétexte d’offrande à Dieu.
Il ne s’agit donc pas de ne pas aimer son père ou sa mère,
mais d’être disponible pour la mission, pour l’annonce du royaume et de la paix que Jésus apporte.
L’annonce même de cette paix suscite la division :
Au v 13, Jésus dit : Si la maison qui vous accueille en est digne, que votre paix vienne sur elle.
mais au v 34, il affirme : Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
Je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère…
Le Royaume est celui du don et de l’accueil.
L’humanité n’y est pas d’emblée accordée.
Toute attitude contraire au don et à l’accueil devient opposition au Royaume.
« La paix n’aurait plus d’ombre, si nos mains se dépouillaient au lieu de retenir »
chantons-nous dans une hymne du Temps pascal.
Mais celui qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
A travers les contradictions, les séparations, les choix couteux, Jésus nous offre le chemin de la communion. Celle même du Père et du Fils. Le chemin de la paix, le chemin de la vie partagée.
On retrouve là les affirmations si fortes de Jésus dans saint Jean :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Pour éclairer cette mission que le Christ nous confie, reprenons les mots du pape François dans La joie de l’Evangile :
La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus.
Il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu.
Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie.
Dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger »
L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile.
Je termine avec cette hymne pour la Saint Benoît :
N'avoir rien de plus cher que le Christ,
Servir le seul Maître
Dont le joug rende libre :
Ainsi, dans la douceur de l'Esprit,
Benoît se livre.
Benoît, le moine, le disciple du Christ.
Si quelqu’un a accueilli l’amour qui donne sens à sa vie, comment pourrait-il retenir le désir de le communiquer aux autres ? (cf La joie de l’Evangile)
- 2 Juillet 2017
Année A - 12° dimanche du Temps Ordinaire - 25 juin 2017[br
Jér 20 10-13; Rom 5 12-15; Matthieu 10 26-33
Homélie du F.Matthieu
Deux thèmes peuvent nous aider à entrer dans ce passage de l’évangile de Matthieu que nous venons d’entendre :
1er thème, celui de la valeur : quelle est la valeur d’une vie humaine, la nôtre propre mais surtout celle des autres, de tous les autres…
« Soyez donc sans crainte :
vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. »
2ème thème, celui de notre témoignage de l’évangile et du Christ devant les hommes et devant Dieu.
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes,
moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. »
Que valent les hommes ? Que valons-nous, chacun, chacune ? Voilà bien une question lancinante, dramatique même en notre temps comme en tout temps. En effet, hier comme aujourd'hui dans notre monde, les puissants, les bien-portants, les gens de culture, sans parler des riches …, valent plus que les autres.
Jusque dans les circonstances tragiques de notre monde, nous n’avons pas tous la même valeur : entre les milliers d'anonymes qui meurent sous les bombes, ou dans les mers de l’exil, dont on ne donne qu'un nombre approximatif, et dont on ne connaîtra jamais les visages, et les « nôtres », morts ou vivants, dont on raconte la vie afin de garder leur visage singulier, aimé.
Oui, bien tristement et injustement, sur cette Terre, les hommes ne valent pas la même chose !
Et pourtant, Dieu, lui, considère même les moineaux, jusqu'aux cheveux de nos têtes... comme ayant valeur à ses yeux. Et l'humain est ainsi sans prix. Non qu'il vaille cher ou pas. Il échappe à tout commerce. Il est simplement créature et don de Dieu et comme tel, objet de toute l’attention et de l’amour de notre Dieu… et il doit donc être l’objet de tout notre respect !
Toute femme, tout homme ne vaut que par ce que Dieu a fait pour lui : le créer à son image, le sauver de ses impasses en restaurant en lui sa ressemblance !
Voilà tout ce qui fait notre valeur d’hommes : être aimés, attendus, reçus, pour ce que nous sommes et parce que nous sommes. Images - déformées certes - mais images néanmoins, de notre Dieu. Et tel est justement ce dont notre Dieu témoigne. Son don est étranger à toute appréciation mercantile. Rien - pas même nos bonnes œuvres - pour l'acheter. Rien non plus - pas même notre péché - pour l'entamer et le remettre en cause. Et cela est vrai de tout être humain !
Alors oui, avec ce regard-là, il est possible de ne plus avoir peur.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent pas tuer l'âme, dit Matthieu. Mais qu'est-ce que l'âme ? Rien d'autre peut-être que notre capacité à donner et partager, nous aussi, sans calcul, librement et gratuitement. Juste pour aimer et être des vivants au milieu des vivants, reconnus comme tels.
Et c’est à cette conversion que l’évangile nous appelle toujours !
Et c’est à ce témoignage devant les hommes, c’est-à-dire dans la vie de tous les jours, que nous sommes appelés : reconnaître en tout homme, toute femme, rencontrés - le plus pauvre comme le plus riche, le plus capable comme le plus démuni, le bien portant comme le malade, le plus proche comme l’étranger… et la liste est infinie… - l’infini valeur de « fils et fille de Dieu ».
Notre existence se fait véritablement évangélique, c’est-à-dire humaine, quand elle est habitée d'actes, de conduites, que ne commande aucun intérêt sinon la reconnaissance et le service de l’autre pour sa valeur unique de fils de Dieu.
Tout ce qui fait considérer l'autre comme un simple objet, et non l'être singulier qu'il est, est un piège. Un seul chemin pour éviter ce piège : celui du Christ serviteur.
Notre audace de témoins ne repose sur aucune assurance humaine, aucun calcul, ni pour cette vie ni pour l'au-delà. Non, elle trouve sa force dans la proximité du Christ Jésus qui est allé, lui, jusqu'à la mort pour témoigner de l'amour du Père et de sa proximité avec ceux que l'on a mis au loin, avec les plus vulnérables, avec tout être humain.
Nous appartenons tous à la même humanité et nous savons combien nos défenses sont précaires, fragiles. La sécurité qui nous est promise n'est pas d'être des surhommes. Bien au contraire.
Le secret de notre force n'est pas en nous. Mais en Dieu. Voilà ce dont nous avons aussi à témoigner : l'infinie tendresse du Père et son engagement en faveur de tout homme, au nom de l'alliance indéfectible qu'il a scellée avec tous.
Voilà ce dont nous avons à témoigner au milieu de ce monde si oublieux de la grâce que Dieu lui a offert et du chemin qu’il lui donne aujourd’hui encore : saurons-nous être ces « réveilleurs », ces témoins de « la vraie valeur de tout homme et de toute femme », qui seule rendra la société des hommes habitable et heureuse avant même son accomplissement dans le Royaume que Jésus annonce et instaure dès maintenant si nous voulons bien essayer d’en être les artisans après Lui, avec Lui, témoins crédibles pour notre temps !- 25 juin 2017
Année A - SACRE-COEUR
23 Juin 2017
Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, - « En vénérant le Cœur de ton Fils bien-aimé, nous disons les merveilles de ton amour pour nous », ainsi nous sommes-nous adressés à notre Père des Cieux dans l’oraison qui ouvrait cette célébration. En effet, comme nous l’entendions hier soir dans une lecture, le Cœur transpercé de Jésus nous ouvre l’accès au Cœur aimant du Père et nous donne d’avoir part à la source vivifiante de l’Esprit d’Amour. Sur la croix, le mystère de l’Amour de Dieu se déploie sous nos yeux…comme un mystère à contempler et à accueillir. Comme un mystère aussi dans lequel nous sommes introduits, c’est-à-dire dans lequel nous pouvons devenir pleinement acteurs.
Un mystère à contempler et à accueillir. Sur la croix, le coup de lance perce le cœur de Jésus qui vient de mourir. Cet homme qui avait dit : « je suis doux et humble de cœur » est là, transpercé. Sa douceur et son humilité se sont manifestées jusqu’au bout de son existence. Il s’est laissé faire sans répondre aux outrages, sans résister ni se révolter. Il s’est donné librement. Sa douceur n’est pas faiblesse, elle est amour offert à son Père. Son humilité n’est pas résignation, mais libre consentement pour entrer dans le projet d’amour de son Père. « Voyez comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui…Il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés »…nous dit St Jean dans son épitre. La douceur et l’humilité de Jésus jusque sur la croix, révèle l’amour de Dieu son Père pour nous. Celui-ci ne pouvait se résoudre à voir notre humanité aux prises avec le péché et la mort. En Jésus, qui subit et porte le péché des hommes il nous offre son pardon et l’assurance de son amour. En Jésus qui assume la souffrance et la mort violente de la croix en toute liberté, il ouvre une espérance qui éclatera au matin de Pâques. La mort n’est plus une impasse, mais un passage. Pour nous, Dieu notre Père a consenti à livrer son Fils à nos cœurs endurcis, pour que Celui-ci nous ramène par son cœur transpercé vers Dieu notre Père. Et de ce cœur ouvert jailli l’eau et le sang, symbole de la vie de l’Esprit. L’Amour du Père et du fils ne serait pas totalement manifesté si la présence de l’Esprit n’était révélée. Le Cœur de Jésus est plein de cet Amour qui est l’Esprit d‘Amour échangé entre le Père et le Fils. Respiration profonde, respiration aimante qui unit le Père et le Fils dont le Cœur de Jésus est débordant. En regardant le cœur ouvert de Jésus, nous accueillons ce grand mystère de l’Amour du Père, et du Fils et du St Esprit. Il nous est bon de le contempler avec gratitude et reconnaissance. Sachons parfois, nous arrêter devant la Croix de Jésus pour contempler ce mystère d’amour offert.
Et cette contemplation de l’Amour de Dieu pour nous, allant en s’approfondissant, nous introduira de plus en plus dans une nouvelle façon de vivre. La conviction que Jean exprimait deviendra nôtre. « Puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres…Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection »… La contemplation du Cœur transpercé de Jésus nous permet d’entrer dans une autre dynamique de l’amour. Non pas un amour obligation, selon une réduction trop légaliste du commandement. Mais un amour reçu de Dieu comme un cadeau immérité qui transforme peu à peu notre regard et notre attitude vis-à-vis des autres : comme moi, ils sont immensément aimés. De même que l’Amour est la vie de Dieu, il peut devenir vraiment ma vie… Telle est notre vocation la plus profonde : devenir des fils du Père et des frères les uns des autres, qui demeurent en Dieu qui est Amour. Dans cette lumière, aimer, c’est entrer dans cet unique mouvement qui consiste à se laisser aimer par notre Dieu, sans peur, sans retenue, pour mieux aimer à notre tour, sans peur, sans retenue. Sur ce chemin, disciples de Jésus, nous voulons toujours apprendre. Comme nous le demanderons après la communion, nous pouvons faire nôtre cette prière : « brûle-nous d’une charité qui nous attire toujours vers le Christ, et nous apprenne à le reconnaitre en nos frères ». - 23 juin 2017
Année A - Fêt du Corps et du Sang du Christ - 18 juin 2017
Dt 8 2-16; 1 Co 10 16-17; Jn 6 51-58
Homélie du F.Bernard
Ces simples choses- un peu de pain rompu, un peu de vin distribué-ces simples choses, si grandes, sur lesquelles Jésus au soir du Jeudi -Saint a prononcé les paroles décisives pour la foi :
« Prenez, ceci est mon Corps. Ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui va être répandu pour une multitude. » (Mc14, 22.24)
Dans l’eucharistie, ces simples choses, nous les refaisons, comme le Seigneur lui-même l’a demandé : « Faites ceci en mémoire de moi. » Nous les refaisons, non seulement pour raviver notre mémoire du Seigneur, mais dans la certitude que, ce faisant, par la bouche du célébrant, c’est le Seigneur lui-même qui prononce à nouveau ces mots, les rendant efficaces pour que nous communions effectivement au corps et au sang du Christ.
Et nous nous souvenons de l’hymne bien connu, qui évoque la rencontre du Ressuscité avec les disciples qui cheminaient vers Emmaüs. C’était au soir de Pâques :
Ne manque pas aux pèlerins, mais viens t’asseoir ; la nappe est mise pour le pain et pour la coupe.
Comment te saurons-nous vivant et l’un de nous, si tu ne prends ces simples choses ?», ces simples choses où « tu nous partages ton corps brisé. »
Dimanche dernier, pour nous introduire au mystère de la Sainte-Trinité nous entendions l’Evangile : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils Unique, afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle. » (Jn3,16-18). Aujourd’hui, c’est un autre Evangile qui peut-être nous vient spontanément à l’esprit : « Sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1), jusqu’à l’extrême, jusqu’au don de sa vie. C’était avant la Pâque, au soir du Jeudi-Saint.
Des mots emprunts de solennité, pour annoncer des gestes tout simples, fais d’humanité et de fraternité, des gestes d’amour. L’Amour toujours présent pour nous faire entrer dans le mystère de Dieu en lui-même, pour nous introduire au dessein de Dieu sur nous, sur notre humanité. Au moment où tout va s’accomplir, Jésus fait les gestes qui donnent sens à sa venue en ce monde, à sa Passion toute proche. Il se lève de table, dépose ses vêtements, se ceint d’un linge et lave les pieds de ses disciples. Les gestes d’un serviteur, les gestes du saint Serviteur de Dieu, qui dans sa mort va laver le péché du monde, les gestes qui annoncent le baptême par lequel nous sommes lavés de notre péché et introduits dans sa vie divine. Alors Jésus célèbre la Cène, partage le pain, distribue la coupe.
Nous le savons, l’Evangile de Jean ne rapporte pas l’institution de l’eucharistie, après le lavement des pieds. Tout a été dit dans le discours sur la Pain de vie, après la multiplication des pains. C’est l’Evangile dont nous venons d’entendre la dernière partie : « Moi, je suis le Pain vivant. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Celui-là demeure en moi et moi en lui. Et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,56-57)
Manger ma chair. Ce mot chair peut nous surprendre. Il faut l’entendre dans son contexte biblique et johannique. Au début de son Evangile, Jean avait écrit : « Le Verbe, la Parole de Dieu, s’est faite chair et elle a habité parmi nous. » la chair, c’est la condition fragile et périssable de l’homme. Jésus, en sa chair, en son humanité, va passer par la mort, sa mort qui va nous sauver du péché et de la mort.
Au soir du Jeudi-Saint, en instituant l’eucharistie, il est vraisemblable que Jésus a dû employer ce mot de chair qui lui était familier, basar en hébreu, bishra en araméen.
Manger ma chair, même la mâcher, si l’on veut traduire précisément le mot grec employé quatre fois dans notre Evangile. L’eucharistie, c’est une action bien concrète, une manducation, pour nous communiquer la vie même de Jésus. Les contemporains de Jésus ont été désorientés par ses paroles. « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » L’eucharistie est certes une épreuve pour la foi hésitante, mais pour ceux qui peuvent dire avec Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » elle est le sacrement pour la vie de la foi.
Partage-nous ton corps brisé, pour que le jour se lève au fond des cœurs troublés où tu reposes.
Ce jour que nous sentons lever, nous le voyons dans la clarté de ton visage.
Ne laisse pas le vent de nuit, ni les démons, éteindre en nous le feu qui luit sur ton passage. » Contemplant ton Visage, nous pourrons alors le rayonner, le révéler à nos frères. - 18 juin 2017
Année A - La Sainte Trinité - 11 juin 2017
Exode 34 4-9; 2 Co 13 11-13; Jn 3 16-18
Homélie du F.Vincent
Une personne que je rencontrais récemment me disait :« Ma foi, c'est que Dieu est Amour, tout est là ». Le Mystère Trinitaire que nous fêtons aujourd'hui, ce n'est pas autre chose.
Ce Mystère d'Amour trinitaire c'est d'abord celui du Père "source de toute paternité au ciel et sur la terre" comme dit St Paul aux Ephésiens, mystère du Père qui aime son Fils lui donnant vie et exprimant envers Lui un Amour infini qui dit toute sa richesse. "Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait" dit St Jean.
La richesse de Dieu se dit toute entière dans son extase, dans sa "sortie de soi" en direction du Fils de son Amour. Le mystère de Dieu, c'est le mystère d'un don total, d'une totale et éternelle remise de soi. Cette "génération" du Fils, cet "engendrement" du Fils fait partie du mystère de Dieu-même; elle ne lui est pas surajoutée et notre Dieu ne pourrait être dit sans elle.
Dieu est tellement Amour qu'il ne saurait dire son Être, dire ce qu'il est, de meilleure manière qu'en engendrant un Fils, éternel comme lui, Dieu comme lui, en toute chose semblable à lui, tout en recevant tout de lui.
Le mystère fondamental de notre Dieu, c'est celui de ce don total de l'Amour, de ce caractère plénier de l'Amour.
Dieu Père aime son Fils et se donne totalement à lui en lui donnant l'Esprit de leur Amour commun. Il lui donne absolument tout: sa vie, sa divinité, ET cette force d'aimer qui le fait aimer lui-même. Il lui donne ce dynamisme d'Amour qui le fait lui-même aimer, et qui est son Esprit. Le Père donne au Fils de l'aimer avec l'Amour même qu'Il reçoit.
Mais regardons aussi le Fils, mais contemplons aussi l'Amour du Fils pour le Père, le merveilleux retour à sa source de l'Amour absolu. C'est ce mouvement là que nous aurons à vivre à notre tour, et c'est pourquoi il est si important d'en parler.
Le Fils aime le Père avec vraiment toute sa force, tout son cœur, toute son intelligence. Et c'est ce que nous voyons vivre à Jésus, le Fils fait homme. Si quelqu'un a jamais aimé le Père autant qu'il le mérite et avec la force même avec laquelle le Père aime, c'est bien Jésus. Jésus qui nous dit la plénitude et la beauté de son amour du Père: "Je fais toujours son bon plaisir", ( Jn 8,29). "Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre", (Jn 4, 34).
Jésus révèle là tout son mystère, tout son être de Fils : aimer le Père, la volonté du Père. Jésus dit là toute sa force et sa raison de vivre. Et cette volonté aimée du Père se traduit pour Jésus par une vie simple, merveilleusement unifiée à l'image de la profonde unité d'Amour qui règne en Dieu.
Mystère de simplicité et de beauté sans aucune note discordante ni aucune ombre mauvaise ou gênante. Il n'y a que la simplicité de cet échange d'Amour où tout ce qui est reçu est rendu.
Prenons-nous assez le temps de nous laisser envelopper de cet amour rayonnant? prenons-nous assez le temps de nous laisser envahir par cet amour trinitaire qui est silence, qui est Paix et Joie dans l'Esprit Saint?
Le Père aime sans cesse le Fils et se donne à lui dans une plénitude qui ne se reprend jamais. Le Fils silencieusement accueille ce don et se donne pleinement en retour.
Il n'y a en eux nulle crainte que cet échange d'Amour s'épuise et se modifie puisqu'il est Amour divin : c'est vraiment la Paix et la Joie! Simplement, le Fils est là et il accepte cet Amour insondable. Il répond à cet Amour par un don total de soi: Paix et Joie! Amour, Paix, Joie qui sont les trois premiers fruits de l'Esprit selon l'épître aux Galates. Et ce n'est pas un hasard, car où l'Esprit donne-t-il ses fruits si ce n'est d'abord dans le Père et le Fils?
Dieu lui, est Paix et il communique à l'homme qui se laisse envahir par lui, quelquechose de sa Paix profonde.
Sa Parole fondatrice au Fils: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur", le Père la dit véritablement au cœur de chacun d'entre nous.
On pourrait encore longtemps parler de ce mystère du Dieu Amour. Mais il faut en laisser pour la prochaine fois ! Retenons déjà que Dieu est Amour et que c'est à cet Amour là qu'il fait participer. 11 Juin 2017
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Année A - PENTECÔTE 4 juin 2017
Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Au début de cette célébration, nous avons fait cette demande à Dieu : « Continue dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication apostolique »…Oui, notre Dieu a entrepris une œuvre d’amour fantastique en donnant son Esprit Saint aux disciples de Jésus. Comment mieux comprendre cette œuvre d’amour ? Il y a plusieurs manières de l’approcher… Chacune des lectures entendues nous ouvre des perspectives.
L’œuvre d’amour que Dieu a entreprise ressemble à un feu qui se répand…Le feu d’un élan irrésistible qui transforme des hommes simples, sans culture, en prédicateur audacieux d’une bonne nouvelle qu’ils ne peuvent garder pour eux : Jésus est vivant, et Il nous offre sa vie. Frères et sœurs, si nous sommes là, aujourd’hui, c’est que le feu est parvenu jusqu’à nous après avoir embrasé tant de générations avant nous. Si on regarde un peu en arrière, on peut s’émerveiller que ce feu ne se soit pas éteint, tant il lui a fallu traverser de sombres périodes et des difficultés qui auraient dû l’étouffer. Il a été plus fort que la fragilité humaine dont l’Eglise a fait preuve, car ce feu, c’était le feu de l’Esprit. Oui, l’Esprit Saint a su « faire feu de tout bois », pour reprendre l’expression familière. Même le bois humide ou le bois à moitié pourri, lui a été utile pour se transmettre de génération en génération. Feu purificateur, feu qui illumine, il poursuit son œuvre secrète qui régénère les cœurs, et qui remet debout des femmes et des hommes. A nous aussi le feu est transmis…Laissons-le nous illuminer, nous transformer, nous réjouir…ce sera la meilleure manière de le transmettre à ceux qui nous entourent ou qui nous suivent.
L’oeuvre d’amour que Dieu a entreprise est semence d’unité… Les étrangers résidents à Jérusalem sont tout étonnés d’entendre dans leur langue les disciples qui parlent. Tout se passe comme s’ils faisaient déjà partie de la famille. Les barrières culturelles ne sont plus un obstacle. Le don de l’Esprit rassemble et unifie les personnes. Il édifie le Corps de l’Eglise. « Le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres, et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps » disait Paul. Oui, elle est grande cette œuvre d’amour mené par l’Esprit qui consiste à unifier tout en respectant la diversité de chaque membre… Hier soir, nous entendions le récit de Babel…qui signe l’échec du rêve humain d’unifier en uniformisant… Tous parlaient une seule langue pour une unique entreprise. Telle n’est pas l’unité que Dieu souhaite pour les humains : l’unité se fera au cœur de leur diversité et de leur différence, pas sans elles. Frères et sœurs, nous savons que ces questions demeurent actuelles : certains caressent le rêve que l’unité ou l’identité d’un peuple se fasse en excluant tout ce qui est différent. C’est une autre manifestation du rêve de Babel vouée à l’échec. L’oeuvre d’amour dans laquelle nous entraine notre Dieu consiste à tendre à l’unité en faisant feu de toutes nos différences. Œuvre humainement impossible. Nos vies communautaires, dans un monastère, dans une famille ou dans une paroisse, nous remettent sans cesse devant ce défi de l’unité à réaliser dans le respect de chacun. Laissons l’Esprit Saint nous unifier, chacun et tous ensemble. Apprenons de lui la patience vis-à-vis de nos idéaux. Laissons-le-nous enseigner l’humour qui rime avec amour, vis-à-vis de nos limites et de nos impuissances… Soyons témoins pour notre monde de ce lent travail de l’Esprit Saint qui sait associer tout être à son oeuvre.
L’oeuvre d’amour que Dieu a entrepris est partage de sa vie même, la vie divine. Ici nous balbutions devant le mystère. En donnant son Esprit Saint, Dieu ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même. Et se donnant lui-même à chacun, il nous introduit en son intimité, au cœur de l’échange d’amour qui unit les trois personnes divines. L’œuvre d’amour de notre Dieu va jusque-là, dès ici-bas sur terre, comme une préparation à ce qui sera éternellement dans la vie au-delà. Dire cela peut paraitre abstrait… Mais si vous voulez, frères et sœurs, prenons conscience de ce que nous vivons déjà : lorsque nous disons à Dieu « Père », « Notre Père », nous pouvons mesurer combien cette prière est un don profond. C’est le don de l’Esprit qui nous unit à Jésus, Lui qui a « soufflé » sur les disciples. Avec Lui et uni à Lui, nous pouvons dire notre confiance à Celui de qui nous venons et vers qui nous allons. Oui, prenons conscience que ce mot « Père » engage notre cœur dans une relation profonde, heureuse et réconfortante. Et cette relation est appelée à aller en s’approfondissant et se simplifiant…jusque dans l’éternité. Oui, frères et sœurs, rendons-grâce à Dieu de nous permettre d’entrer avec confiance dans ce dialogue d’amour avec Lui, petits que nous sommes, mais soutenus par son Esprit. En cette Eucharistie déjà. - 4 Juin 2017
Année A - 7ème Dimanche de Pâques- 28 Mai 2017
Actes 1,12-14 1Pierre 4,13-16 Jn,lb-11a
Homélie fr. Antoine
Frères et Sœurs,
• Entre l'Ascension et la fête de la Pentecôte, ce Dimanche nous invite à
entrer dans un climat de prière.
La première lecture évoque la fidélité des apôtres et de Marie à être d'un même cœur,
assidus à la prière
Dans la deuxième lecture, l'apôtre Pierre exhorte les croyants à « être heureux, ils sont
appelés à rendre gloire à Dieu. »
Et l'Evangile n'est qu'une longue prière, centrée sur la gloire de Dieu et sur le don fait aux
hommes de la Vie éternelle.
• Je ne sais pas ce que pour vous évoque La vie éternelle.
C'est une notion qui peut paraître un peu vague.
Elle nous renvoie à une vie sans commencement ni fin, une vie hors de toute temporalité,
dans un au-delà que nous ne pouvons imaginer.
• Or cette vie, l'Evg nous la précise: elle est pour Jésus, un état, un état de
connaissance. « La vie éternelle, dit-il, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu et
de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »
• La vie éternelle est donc loin d'une évasion de la vie présente, elle est une
connaissance de ce qu'il y a de plus réel, ce réel ultime qui s'appelle Dieu, et que Jésus
appelle Père! Connaissance, qui au sens biblique du terme veut dire Connaissance intime ...
profonde ... dé l'ordre d'une expérience, le plus souvent indicible.
• La vie éternelle- expérience de Dieu, est aussi expérience de sortie de
soi ... expérience du don de soi dans une réciprocité dont l'Evg d'aujourd'hui nous donne une
image à travers cette extraordinaire prière de Jésus à son Père, où 28 fois nous voyons éclore
ce tutoiement amoureux du Fils à son Père.
• Vie éternelle, qui est dès ici-bas, expérience de communion comme nous
le suggère la 1 ère lecture où les Il apôtres avec Marie et quelques femmes font monter d'un-
seul- cœur leur prière vers le Père.
• Vie éternelle, qui est expérience d'un visage, le visage du Père vers lequel
Jésus est venu orÎenter notre existence ... orienter notre banal quotidien ... pour le conduire à
devenir un chemin pascal où ... tout évènement ... toute rencontre ... s'offrent à notre Foi
comme un clin d'œil de Dieu à témoigner de Celui qu'il nous a envoyé.
• Mais la vie éternelle que Jésus donne à tout homme, a un autre nom:
L'Esprit Saint. L'espritSaint dont Pierre dans la 2ème lecture nous dit que même dans
l'épreuve, la souffrance ... l'Esprit de Gloire, l'Esprit Saint repose sur nous.
• C'est cet Esprit de Pentecôte que nous allons célébrer dans 8 jours, cet
Esprit qui rend présent le Ressuscité dans notre vie et nous désigne le visage du Père.
C'est cet Esprit de Pentecôte qui nous permet d'être là très modestement, là où nous
sommes, un signe, le Signe de cette vie éternelle qui est connaissance du vrai Dieu et de son
envoyé Jésus Christ notre Seigneur. - 28 mai 2017
Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR
25 mai 2017
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, Cette fête de l’Ascension vient questionner et peut-être aussi renouveler, réveiller notre manière de regarder Jésus et d’approcher son mystère. « Tandis que les Apôtres regardaient, Jésus s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux » nous dit la lecture tirée des Ac… Les Apôtres voudraient bien avoir toujours sous leurs yeux le Maitre Ressuscité, mais il est soustrait à leur regard. Et bientôt, des anges coupent court : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? », comme pour suggérer que ce n’est plus avec les yeux de chair qu’il faut chercher Jésus. Est-ce d’ailleurs avec les yeux de la chair que les Apôtres avaient reconnu Jésus Ressuscité ? L’évangile de Mt que nous venons d’entendre, laisse pressentir que la vue de Jésus Vivant ne suffit pas pour le reconnaitre complètement … « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes »… Ce n’est pas parce que l’on voit que l’on n’a pas de doute. Voir n’entraine pas le croire. Les récits des apparitions de Jésus Ressuscité nous font comprendre que les disciples ont dû apprendre à voir et regarder Jésus sorti du tombeau, autrement qu’ils ne l’avaient vu auparavant. Ces apparitions furtives, inattendues autant qu’insaisissables, les préparaient au départ de Jésus. Elles les entrainaient à regarder autrement la réalité de leur vie quotidienne afin d’y reconnaitre Jésus présent avec eux jusqu’à la fin du monde…
Paul va dans ce sens quand il prie Dieu pour les Ephésiens, « afin qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur »… Oui, la foi nous fait voir les choses d’une autre manière, avec les yeux du cœur. Nos yeux de chair lents à croire, lent à reconnaitre Jésus sur nos routes, comme pour les disciples d’Emmaüs, ont besoin d’être relayés par les yeux du cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le Petit Prince, « l’Essentiel est invisible pour les yeux ». Avec les yeux du cœur, Paul invite à voir non seulement Jésus ressuscité assis à la droite du Père, mais aussi en espérance toute notre humanité élevée à cette dignité insondable. Les yeux de notre cœur croyant ne peuvent décrire cette réalité glorieuse, mais pourtant ils la reconnaissent comme vraie et digne de confiance. En effet, ce que l’on peut entrevoir de la « gloire sans prix » qui nous attend, s’enracine déjà dans une expérience vivifiante qui transforme nos existences. Paul parle « de la puissance incomparable que Dieu déploie pour nous les croyants, l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts… » Croire en Jésus Ressuscité, ce n’est pas seulement savoir qu’il est vivant, mais c’est déjà partager une énergie et une force venant de sa résurrection et qui nous conduisent à vivre d’une façon nouvelle. Les forces de mort que nous pouvons éprouver n’ont pas le dernier mot. La vie de Jésus vivant nous est offerte pleinement. Elle nourrit notre espérance qu’un jour, non seulement notre existence singulière, mais aussi celle de toute l’humanité sera réunie dans la vie divine.
Peut-être avez-vous remarqué, à plusieurs reprises, j’ai utilisé l’adverbe « déjà »… Dans un premier sens : Jésus élevé auprès de son Père est le gage que déjà notre humanité partage sa victoire, comme nous le priions au début : « l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire ». On retrouvera aussi le « déjà » dans l’oraison de post-communion. Dans un second sens aussi : Jésus élevé auprès de son Père nous partage abondamment sa vie de ressuscité, et à travers elle nous donne de vivre déjà de sa force et de son énergie, par le don de l’Esprit Saint. En Eglise, nous accueillons le mystère de cette plénitude et de cet accomplissement que Jésus ressuscité veut pour son Corps, dès maintenant et pour toujours.
Oui frères et sœurs, avec les yeux de notre cœur croyant, apprenons à accueillir ce double « déjà » : celui de notre victoire assurée en Jésus élevé au Ciel, et celui de cette plénitude de vie et d’énergie déjà offerte dans notre vie pérégrinante sur cette terre. Nourrissons notre foi en méditant les Ecritures, par ex dans les jours qui viennent en reprenant ces textes entendus. Nourrissons notre foi en cette Eucharistie, « échange mystérieux » qui nous fait « vivre du Christ ressuscité » (oraison de l’offertoire). - 25 mai 2017
Année A - 5° dimanche de Pâques - 21 mai 2017
Ac 8/5-8 14-17, 1Pi 3/15-18,
Jn 14/15-21.
Homélie du F.Cyprien
(Une nourriture substantielle, les paroles de l‘Ecriture en ce temps qui nous rapproche de Pentecôte…)
Nous avons entendu les Actes des Apôtres, la première lettre de saint Pierre… L’histoire des premières communautés chrétiennes nous intéresse… Mais surtout la vie et les paroles du Christ, surtout celles de Jésus après le dernier repas avec ses disciples…
Et je me permets ici une remarque : notre mémoire, notre mémoire du coeur doit fonctionner : elle n’est pas la mémoire des ordinateurs et des fichiers informatiques ! la Parole de Dieu devrait habiter notre coeur, … surtout les paroles de Jésus…pour les connaitre par coeur ?!
« Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes paroles, à mes commandements. Moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de Vérité ».
Du dessein de Dieu, l’Evangile de Jean nous explique son accomplissement : quand Jésus va quitter ses disciples – il va mourir, assassiné par ceux qui ne veulent pas de lui -, son testament, sa promesse : c’est de ne pas nous laisser seuls, orphelins… « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde », dit-il au moment de l’Ascension.
Ne pas nous laisser orphelins en nous donnant l’Esprit.
Comme sa résurrection, le don du Saint Esprit, c’est l’œuvre du Père et du Fils, du Père dont il ne s’est jamais séparé. Ne pas nous laisser seuls…Lui, Jésus, allant jusqu’au bout de l’obéissance et de l’amour à son Père, nous envoie le Saint Esprit dont il vivait.
Récemment quelqu’un me demandait des précisions, des renseignements sur le Saint Esprit : « Le Père et le Fils, ça va… mais le Saint Esprit c’est qui, c’est quoi ? »
Un élément de réponse, pour dire peut-être l’essentiel… le Saint Esprit est l’union du Père et du Fils ; le Père et le Fils ne sont jamais seuls face l’un à l’autre. Leur Amour mutuel c’est justement ce troisième, cet insaisissable Esprit, nommé souffle, vent, Esprit, parce qu’il est Vie, Mouvement, Elan.
Jésus l’appelle, « l’Avocat », « le Consolateur », « l’Esprit de Vérité », « l’autre Défenseur, qui sera pour toujours avec vous ».
Nous le connaissons : il est en nous, nous sommes le temple de l’Esprit de Dieu par notre baptême, le temple de Dieu par notre vie de foi.
C’est le Saint-Esprit qui nous permet de croire, de découvrir le Christ vivant en nous, le Christ vivant dans l’Eglise. C’est par le Saint Esprit que Jésus revient vers nous et ne nous laisse pas orphelins.
« Totale transparence au Père dans sa gloire, l’Esprit est la présence de Jésus en sa victoire », selon une hymne bien connue ici. Présence de Jésus ressuscité dans ses disciples.
Il y a des personnes se plaignent de ne pas être exaucées dans leur prière … Saint Paul nous souffle : « Nous ne savons pas prier comme il faut »…
Alors revenons à la première lettre de saint Pierre :
« Philippe, l’un des sept diacres, proclamait le Christ aux foules en Samarie. Pierre et Jean, venus le rejoindre, prient pour que les Samaritains reçoivent le Saint-Esprit. »
La seule demande qui puisse vraiment être entendue par Dieu, c’est la demande pour nous et pour le monde du Saint-Esprit, Souffle divin d’amour et de tendresse, Vie divine qui est déjà pour nous la vie éternelle, Elan qui vient faire dès ici-bas toute chose nouvelle. Pensons-y quand nous disons : « Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, Que ta volonté soit faite ».
Dans deux semaines c’est Pentecôte, la fin du temps de Pâques, mais depuis la première Pentecôte, l’Esprit est donné en abondance aux cœurs qui s’ouvrent ; il n’est la propriété de personne : il vient bouleverser le monde… d’abord nous-mêmes, lents à croire, lents à nous tourner vers Dieu.
Que cette Eucharistie nous remplisse de cet Esprit : il est le don de Dieu avec le Corps et le Sang du Christ ressuscité. - 21 mai 2017
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