Homélies
Liste des Homélies
Année B- 2ème Dimanche du T.O. - 14 janvier 2018
1 S 3 .. 3b-l0 ... 19 ; lCo 6 13c-15a 17 .. 20 ; Jn l 35 . .42
Homélie du F.Antoine
Frères et Sœurs, nous entrons dans le temps ordinaire qui va nous conduire à suivre la
vie publique du Christ et à écouter son enseignement. .. Suivre ... et ... Ecouter
Le premier point d'attention que l'Evangile d'aujourd'hui souligne c'est l'appel des
disciples de Jésus, il a été précédé dans la liturgie par, celui de Samuel. Deux appels qui
mettent en valeur le fait que, tous, nous sommes appelés, d'une manière ou d'une autre, et
que nous ne le sommes pas à la suite d'une intervention directe de Dieu immédiatement
compréhensible, mais par une intervention de Dieu comme médiatisée, interprétée par
d'autres humains, et qu'il y a, ou qu'il y a eu, quelqu'un qui en est devenu l'interprète, le
médiateur, parfois à son insu.
Ces appels sont fréquents dans une vie pleinement chrétienne, ils le sont le plus souvent
sous forme de signes qui nous invitent à telle démarche, à tel geste envers notre prochain, ou
bien à prendre une décision à la lumière de l'évangile, ou à envisager une vie qui soit plus
conforme à notre foi.
Le deuxième point d'attention concerne le rôle de Jean-Baptiste. D'une certaine façon,
il remplit le rôle d'Elie. Jean-Baptiste pose son regard sur Jésus et interpelle les disciples
« Voici l'Agneau de Dieu» or Jésus n'a aucun signe apparent, aucun signe distinctif qui
pouvait l'identifier comme l'Agneau de Dieu, le Serviteur de Dieu. Une seule parole a suffi
et sur cette parole, les disciples se mettent immédiatement à suivre Jésus. Rien ne nous est
dit de leur état d'âme, rien de ce qu'ils ont éprouvé et qui les a mis en route, mais le rôle
d'intermédiaire, de médiateur de Jean-Baptiste, provoque à son tour la médiation d'André
allant trouver son frère pour lui dire « Nous avons trouvé le Messie! »
Cet enchaînement est clair: devenir disciple du Christ ... suivre Jésus, .. cela veut dire
s'appuyer sur un ou sur des .. témoignages forts, vécus par d'autres ..
Enfin, Le troisième point d'attention de cet évangile, c'est le dialogue que Jésus instaure.
Rien ne nous est transmis de ce qui a motivé les disciples et leur question « où demeures-
tu ?» Mais nous savons que dans l'Evg de Jean, la demeure, c'est le signe de la présence de
Dieu Suivre Jésus est donc demeurer avec lui, rester en communion avec lui tel est
notre vraie destinée de chrétiens, de baptisés.
Mais l'Evg s'achève cependant sur un appel très particulier, celui de Pierre. Aucune
invitation, aucune sollicitation à suivre Jésus, Pierre n'ouvre pas la bouche et reçoit un
nouveau nom qui est déjà une mission ... à laquelle il ne réagit pas!
Pierre prendra du temps à s'engager pleinement mais sera fidèle jusqu'au bout.
En conclusion:
- On ne devient pas chrétien par génération spontanée mais parce qu'on rencontre des
témoins ... ce fut le rôle de Jean-Baptiste.
- On ne devient pas chrétien de façon immédiate mais en se mettant à la suite de Jésus.
- On ne devient pas chrétien parce qu'on sait beaucoup de choses mais parce qu'on accepte
de demeurer avec Jésus, de vivre avec Lui et de tout faire par Lui et en Lui. - 14 janvier 2018
Année B - SAINTE MARIE MERE DE DIEU
01.01.2018
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
En cette période, nous échangeons volontiers nos vœux. Dernièrement, je recevais ce petit poème de Louise Haskins : « Je dis à l’homme qui se tient debout à la porte de l’année : « Donne-moi la lumière, que je puisse marcher en sécurité dans l’inconnu. » Et lui répondit : « Sors dans l’obscurité et pose ta main dans la main de Dieu. Ce sera meilleur pour toi que la lumière. »
« Pose ta main dans la main de Dieu » pour marcher dans l’inconnu de l’année nouvelle, n’est-ce pas une invitation que nous pouvons entendre chacun ce matin… Mais me direz-vous : « Qu’est-ce que poser notre main dans la main de Dieu ? » La liturgie de ce premier jour de l’an nous propose de regarder Marie. Dans l’évangile, nous la voyons accueillir une joyeuse troupe de bergers qui lui disent des choses étonnantes sur son fils nouveau-né. Ces paroles viennent s’ajouter comme des perles sur un collier à toutes celles qu’elle a entendues depuis l’annonciation de la part de l’ange, puis lors de sa visitation à Elisabeth. Entre temps, elle a vécu sa grossesse qui s’achevait avec le déplacement mal aisé à Bethléem, déplacement qu’aujourd’hui bien des médecins auraient déconseillé. Elle s’est avancée dans l’inconnu. Depuis le jour, où elle a dit : « Que tout se passe pour moi selon ta parole », Marie a posé sa main dans la main de Dieu. Elle a mis son assurance dans la parole entendue sans savoir où cette conception tout à fait inhabituelle la conduirait… Et d’évènements en évènements, Marie est demeurée à l’écoute. L’évangéliste Luc nous dit que « Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ». Marie tient la main de Dieu en gardant précieusement ce qu’elle vit. D’évènement en évènement, de parole en parole, elle se laisse conduire, en se tenant dans une écoute confiante. Et alors de mère de Dieu qu’elle est devenue, elle va entrer peu à peu dans l’intelligence de ce qu’elle devient : la Mère d’un Sauveur bafoué, d’un Dieu humilié. Marie offre sa vie de femme, présence maternelle au service de son Fils et de son dessein de salut.
Au début de cette année, avec Marie, en un acte de confiance et d’abandon, posons notre main dans la main de Dieu. Avec elle, disons : « que tout se fasse pour moi selon ta parole ». Avec Marie, tenons la main de Dieu qui, d’évènement en évènement, de parole en parole, nous guidera, même si nous ne comprenons pas toujours ce qui se passe. Et si dans l’obscurité nos pas hésitent à telle ou telle croisée de chemin, utilisons la boussole de la foi. Elle nous indique toujours le Nord, c’est-à-dire la certitude que Dieu ne peut vouloir que le bien et notre bien, même si celui-ci passe par des traversées difficiles…Telle l’aiguille aimantée, notre désir oscille et cherche parfois à tâtons, mais il demeure foncièrement attiré par Dieu et par son projet sur nous, sur le monde. Que l’humble et forte assurance de Marie dont nous célébrons le fruit de grâce en cette eucharistie, soit notre appui et notre lumière. Avec elle, confiant en sa prière, nous garderons ferme notre main dans la Main de Dieu. - 1° janvier 2018
Année B - Dimanche de la Ste Famille- 31 décembre 2017 –
Gen 15 1 – 21 3 ; Héb 11 8-19 ; Luc 2 22-40 ;
Homélie du F.Jean-Noël
Une image de la ste Famille présidait à mon sommeil d’enfant : un St Joseph tout chenu, une ste Vierge toute menue, et entre papa et maman, un petit Jésus dont on me disait que, lui, il était bien sage, et encore : que je le faisais pleurer quand je faisais le méchant, mais que je lui faisais plaisir quand du bout des dents et avec mille grimaces, je mangeais ces mauvais épinards.
Dieu merci, ce n’est pas cette ste famille à l’eau de rose, nos rêves, que nous célébrons. Trop lisses, les lectures proposées nous renvoient plutôt au mystère des racines, la force qui leur fait tout traverser. Le secret de leur force. Car il y a un secret.
Voyez Abraham ! Il ne sait pas où il va ; une vie marquée par la mort, il n’a pas connu le bonheur de transmettre la vie. Certes, il y a bien une promesse, mais tellement grosse ! Sarah incrédule en avait pouffé de rire. Abraham, quant à lui plein de bonne volonté et comme pour aider Dieu avait imaginé un arrangement et cela avait été la naissance d’Ismaël…que Dieu généreusement avait béni … en maintenant sa promesse impossible, les laissant tous deux avec leur « comment ?», bientôt alourdis de « Pourquoi ? » dans l’horrible montée au Mont Moria, couteau en main, cœur déchiré. Quelle famille n’a pas ses « comment » et ses « pourquoi ? » Lourds ? déchirants.
Et cette longue attente de Syméon, d’Anne. Et rien ne venait. A leur grand âge !
Et Marie donc. Elle aussi avait ses « comment ? », obscurcis encore, alourdis de terribles « Pourquoi ? » depuis la révélation par Syméon du glaive à venir… et encore 30 ans à retourner ça dans son cœur, jusqu’à la grande déchirure du Golgotha. On est loin des images pieuses… et combien proches de nos familles !
Et alors ? Alors nous lisons bien tout. Et d’abord, cette invitation pleine d’humour, « Compte les étoiles, si tu peux » comme pour guérir Abraham, nous guérir une bonne fois, de nos prétentions à vouloir tout maitriser. Invitation à croire comme Abraham. Mais attentions ! Non pas «croire que » « comme on croit que demain il fera beau, et que ce n’est pas sûr du tout. Non pas ça. Mais « croire en », et c’est béton. La Parole comme un roc sur lequel on peut bâtir, et ça tient dans la tempête ; sur paroles, on peut jeter son filet, ou même se jeter à l’eau, comme Pierre ; Jeter sa vie et, comme le bon Syméon, « s’en aller en paix », ou, en chantant par monts et par vaux, comme Marie, sûre qu’il en sera selon la Parole.
Plus tard, Jésus lui-même rappellera le secret à ces deux pèlerins qui s’en allaient tout tristes sur leur chemin : « Mais voyons vous avez les Ecritures » !
Et encore a-t-on assez remarqué la réponse de Jésus aux « pourquoi ? » et aux « comment ?» qu’on lui posait « Que lis-tu dans l’Ecriture ? – Bon fais cela et tu vivras ! »
Remarqué aussi qu’à l’heure décisive de ses choix au désert, Jésus ne veut, ne peut vivre que de la Parole, c’est sa nourriture. C’est dit encore de façon hautement symbolique, quand sa vie nous est présentée , du début à la fin, portée par les Psaumes : au dire de l’épitre aux Hébreux (10/5-9) son premier souffle se coule dans un psaume (39/8-9) « Me voici pour faire ta volonté »; écho d’ailleurs «qu’il m’advienne selon ta Parole » de sa mère. Et c’est encore dans un Psaume , deux même (21 et 30/6) que son denier souffle trouve la force d’un grand cri et même d’un « Pourquoi ? » qui nous bouleverse encore.
S’étonner après cela que l’Eglise ait mis ce livre des Psaumes entre nos mains. Luther (citons-le une dernière fois en cette année mémoire) y voyait un résumé, un concentré de la Parole de Dieu, œuvre de l’Esprit Saint, pour accomplir nos heurs et malheurs. Indispensable assistance respiratoire pour les marcheurs que nous sommes.
Souvenons-nous de la prière de l’Eglise quand, au début du Carême elle veut réactiver en nous la vie chrétienne, elle prie , nous prions :
« Fais-nous trouver dans ta Parole, les vivres dont notre foi a besoin ».
C’est évidemment valable au début de toute année nouvelle et même chaque matin, car enfin qui se résoudrait à ne respirer qu’une fois par an. : « Fais nous trouver dans ta Parole le souffle dont nous avons besoin ». - 31 décembre 2017
année B - Messe du Jour de Noêl 2017
Is 52 7-10; Heb 1 1-6; Jean 1 1-18
Homélie du F.Bernard
Cette nuit, nous avons célébré, chanté, l’heureuse nuit de Palestine, où rien n’existe hormis l’Enfant, l’Enfant de vie divine, l’enfant de la crèche.
Et cette nuit, nous nous sommes remémoré l’étonnante prophétie du prophète du VIIIème siècle av J-C. Elle annonçait, dans une période de très grand détresse pour le royaume d’Israël, le royaume du nord, dont les tribus étaient emmenées en déportation, la naissance d’un enfant : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. On proclame son nom : Merveilleux-conseiller, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-paix ».
Cette prophétie avait pu certes trouver un début de réalisation dans la naissance d’un enfant de race royale, de la lignée de David, à Jérusalem, elle gardait cependant toute sa force, comme un message d’espérance, qui aura orienté au long des siècles le regard du peuple croyant vers un autre avenir.
Et cette prophétie a trouvé son accomplissement, en cette heureuse nuit de Palestine, où l’Ange de Dieu est venu réveiller les bergers de Bethléem pour leur annoncer cette grande joie : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il et le Messie, le Seigneur ». Et le signe, qui a fait connaître l’Enfant de vie divine, est qu’il était couché dans une crèche, une mangeoire pour animaux. Lui, le Dieu-fort annoncé par Isaïe, n’a pas même eu une maison, un berceau pour l’accueillir. Mystère de l’humilité de notre Dieu, pressenti par la Vierge Marie, en son magnificat : « Le Seigneur a dispersé les hommes au cœur superbe ; il élève les humbles ».
Trois noms ont été donnés cette nuit à l’Enfant de la crèche : il est le Messie, autrement dit le Christ, il et Seigneur, il est Sauveur. Messie, il est celui qu’annonçaient les Ecritures. Seigneur, il est de race divine. Sauveur, il nous rachète de nos péchés Ceux sont ces trois mêmes noms que la prédication apostolique reprendra à partir de la Pentecôte. Pierre dira alors aux foules de Jérusalem : « Ce Jésus, que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ (Ac 2,36). Il est le Sauveur (Ac 4,12) ».
Noël, la naissance de l’Enfant de vie divine, c’est l’irruption de l’éternité, l’éternité qui est Dieu, dans le temps des hommes. Nous n’avons pas fini d’avoir un début d’intelligence de ce mystère. C’est pourquoi la liturgie de Noël se plait à multiplier les célébrations, selon la diversité des heures. Aux messes traditionnelles de la nuit, de l’aurore, du jour, elle ajoute maintenant la messe de la veille au soir.
En cette quatrième messe de Noël, celle du jour, la liturgie donne encore à l’Enfant de la crèche deux autres noms qui viennent s’ajouter à ceux qu’il a reçus cette nuit. Ceux-là le situaient par rapport à nous. Ceux-ci le situent par rapport à Dieu, car s’il est Messie, Seigneur et Sauveur, qu’est-il par rapport à Dieu, le Dieu d’Israël, dont le peuple croyant a toujours proclamé l’unicité : « Shema Israël, écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » ? Ce matin l’Enfant de vie divine est désigné comme le Fils, et le Verbe.
Il est le Fils. Déjà l’Ange de l’annonciation avait dit à la Vierge qui allait le concevoir : « Il sera appelé Fils du Très-Haut ». Fils, mais comment ? la lettre aux Hébreux le précisait à l’instant. « En ces jours qui sont les derniers (ces jours qui sont les nôtres), Dieu nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé le monde », et encore : « Tu es mon Fils, dit Dieu, aujourd’hui je t’ai engendré ». Pas l’aujourd’hui de Noël où l’Enfant de vie divine nait de la Vierge, mais l’aujourd’hui d’avant le temps, l’aujourd’hui éternel, où il est engendré par le Père. Et le prologue de l’Evangile de Jean qui nous a été chanté à l’instant, le désignait comme « le Fils unique, plein de grâce et de vérité, le Fils unique qui est dans le sein du Père, et conduit à le connaître ». Tout l’Evangile de Jean, à la suite de ce prologue, sera la révélation du Père par Jésus, et celle de Jésus, le Fils, par le Père et dans l’Esprit.
L’Enfant de vie divine est aussi le Verbe, la Parole de Dieu. Le désignant ainsi, nous rejoignons immédiatement ce même prologue de l’Evangile de Jean, qui, en son début, disait : Au commencent était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu, puis au terme : Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. Ce sont les mots mêmes qui sont inscrits en latin, sur la croix de l’arbre de Jessé, placée derrière l’autel sur la grille.
Et Verbum caro factum est. Impossible de dire en moins de mots le mystère que nous célébrons. Le Verbe qui est Dieu s’est fait chair et il a habité parmi nous. Et à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Car nous le sommes. Aujourd’hui nous naissons à la vie divine, à l’éternité de Dieu, car nous le croyons, le Christ est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, jusqu’à la fin des siècles.
Achevons en reprenant l’hymne que nous citions en commençant :
En prenant chair de notre chair, Dieu a transformé tous nos déserts,
en terre d‘immortels printemps . - 25 décembre 2017
Année B - 4° dimanche de l’Avent – 24 décembre 2017 –
2 Sam 7 1-16 ; Rom 16 25-27 ; Luc 1 26-38
Homélie du F.Damase
Les récits des Évangiles concernant la naissance de Jésus sont remplis d'une très grande humanité, et s'efforcent de nous faire comprendre l'histoire humaine de Dieu.
Quand Jésus est présenté comme fils de David (comme nous venons de l'écouter), ce qui est souligné c'est l'intervention profondément humaine du Sauveur dans l'histoire. Il ne suffit pas de dire que le Fils de Dieu s'est fait homme. Nous devons savoir concrètement « qui est cet homme ». Si notre compréhension de l'Incarnation est abstraite, une dimension essentielle du salut nous échappe.
Le Fils de Dieu ne s'est pas incarné dans l'abstrait. Il est né à un moment particulier de l'histoire, dans un peuple déterminé, d'une famille précise. Il est le descendant de David et Fils de Marie, épouse de Joseph. Tout cet environnement l’a façonné, lui a procuré sa manière de penser, lui a permis de nous parler et de nous expliquer dans une langue humaine le sens de sa mission.
Cette mission s'est réalisée dans une vie humaine toute ordinaire: Un enfant est né d'une femme; il a grandi, devenu adulte, il a exercé le métier de son père. Puis, un jour, il a ressenti une vocation de prophète et s'est mis à prêcher dans son pays. Les pouvoirs en place l'ont trouvé gênant et se sont débarrassés de lui, tout comme ils s'étaient débarrassé de bien d'autres avant lui (et feraient de même à l’avenir). Rien d'extraordinaire à tout cela. C'est précisément par cette existence très humaine, très ordinaire que le salut a été réalisé et que le cours de l'histoire a été bouleversé.
Lorsque Marie devint Mère de Dieu, rien n’a été changé apparemment dans le monde. La vie continua son cours, le soleil continua de se lever et de se coucher, les hommes continuèrent de travailler et de s'amuser. Il n’y a pas eu de changement extérieur dans la vie de Marie et de Joseph. Ils étaient promis en mariage l'un à l'autre et le mariage eut lieu. La vieille cousine de Marie était enceinte et Marie partit lui rendre visite.
Tout cela devrait nous mettre en garde contre la tentation de penser Noël et Pâques comme des événements extraordinaires. Ils ne le sont pas. Ils respectent le quotidien et ne le troublent pas. C'est sans doute la raison pour laquelle il nous arrive souvent de ne pas en percevoir l’importance. Tel le récit que nous venons d'écouter. Ce moment de l'Annonciation est un point clé de l'histoire de l'humanité; et pourtant rien n'apparaît à la surface. Nous devons donc être soupçonneux devant toutes les manifestations du sacré qui sont dramatiques ou extraordinaires.
Notre Dieu est l'Emmanu-El, Dieu avec nous. Il réalise le salut du monde dans et par nos vies humaines de tous les jours – que ce soit la vie d'une mère ou d'un père de famille, celle d'un moine, d'un ouvrier d'usine ou d'un étudiant.
Toute tentative de rencontrer Dieu "là-haut" ou « ailleurs », en dehors des circonstances concrètes de la vie quotidienne, est vouée à l'échec. Dieu n'est ni là-haut, ni ailleurs. Notre Dieu est l'Emmanuel, le Dieu qui vient sans cesse nous rencontrer là où nous sommes, à chaque instant. Tout ce que nous avons à faire est de nous préparer à le recevoir.
Marie est le modèle par excellence de la personne qui accueille Dieu en toute simplicité dans sa situation bien concrète de jeune fille d'Israël, de la lignée de David, fiancée à Joseph le charpentier et cousine d'Élizabeth. Sa réponse toute simple "qu'il me soit fait selon ta parole", rend toute parole de Dieu efficace. -
24 décembre 2017
Année B - NOEL 2017
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14
; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc
« Nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu, l’unique Parole survient en nous, et dans l’accueil de sa présence, nous avons rencontré l’Ineffable… »
Frères et sœurs, ces mots tirés d’une hymne que nous chanterons durant le temps de Noël qui s’ouvre, peuvent nous guider dans la méditation du mystère que nous célébrons ce soir : la venue du Fils de Dieu dans la chair.
Oui, « nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu » depuis la venue dans notre humanité de la Parole. Parce que le Fils de Dieu a pris naissance aux profondeurs de l’homme, que nous avons pris naissance aux profondeurs de Dieu…C’est « l’échange merveilleux » par lequel notre nature humaine reçoit une incomparable noblesse », comme nous le chanterons dans la préface… « Il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».
Tous ces mots que l’on ose à peine prononcer veulent nous faire entrevoir la grandeur de cette fête de Noël. Plus que les réjouissances autour de la naissance d’un enfant, il faut nous réjouir du mystère de Dieu et de l’homme qui se manifeste en ce jour…S’il est vrai que Dieu s’est fait homme, nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu’est-ce que Dieu ? et qu’est-ce que l’homme ? Qui est ce Dieu qui s’est abaissé, et qui sera bafoué…et qui est cet homme qui se trouve ennobli et glorifié… ? Ces questions ne sont pas anodines aujourd’hui où beaucoup se demandent si on peut dire quelque chose sur Dieu ? Ne vaut-il pas mieux se taire, et se contenter de ne pas savoir ? De même au sujet de l’homme, beaucoup d’interrogations surgissent sur sa naissance, sa mort, sa capacité à être libre : n’est-il pas que le jeu de conditionnements de toutes sortes ?
A la croisée de toutes ces questions, la fête de Noël n’apporte pas de réponse, à la manière d’une doctrine philosophique, mais elle permet un chemin. Elle ouvre un chemin sur lequel chacun de nous peut avancer, à son pas, à la mesure de sa foi, pour aller à la rencontre de Celui qui révèle et la profondeur de Dieu, et la profondeur de l’homme : le Christ. Le Christ enfant, vulnérable qui grandira incognito ; le Christ, cet homme à la parole de feu qui finira sur une croix ; le Christ ressuscité qui se révèle présence d’amour à nos côtés…
Oui, devant la crèche et l’enfant démuni, nous pouvons oser un nouveau regard sur Dieu et sur l’homme. Nous pouvons oser aller à la rencontre de Dieu sans peur, sans préjugé. Nous pouvons laisser de côté, les images qui peut-être nous encombrent d’un Dieu terrifiant, façon Jupiter, ou d’un Dieu Fort bravant toutes les lois de la nature. En Jésus, Fils de Dieu, Dieu est là, donné, offert dans une mangeoire, comme un pain. Dans l’enfant de Bethléem, Dieu se révèle comme le don total, le don sans mesure jusqu’à l’extrême faiblesse, comme le dernier souffle sur la croix le confirmera. Dieu est là, donné et donnant.
Mais devant la crèche, nous pouvons aussi oser un nouvelle manière d’être homme et femme, non plus des hommes et des femmes blindés dans nos convictions, et accrochés à nos connaissances, à nos grades ou à nos fonctions…Devant l’enfant de Bethléem, nous pouvons oser exister avec nos fragilités, nos questions, nos incertitudes, nos doutes. Si l’enfant que nous avons été est devenu adulte, l’adulte que nous sommes est appelé dans la lumière de l’Evangile, à redevenir comme un enfant…Un enfant de Dieu totalement donné lui aussi, totalement offert et disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint… Oui, nous sommes appelés, jour après jour à prendre naissance aux profondeurs de Dieu, à la source du don toujours échangé de la vie divine. A cette source, nous pouvons alors faire de notre vie un don, un échange de dons avec tous ceux que nous côtoyons…Nous pourrons faire de notre vie une offrande à Dieu de tout ce que nous sommes…
Entrons dans cette eucharistie qui est la célébration de cet échange de dons entre Dieu et les hommes en Jésus Christ : En Lui, Dieu nous donne toute sa vie, en Lui, nous nous donnons à Dieu et à nos frères. - 24 décembre 2017
Année B - IMMACULEE CONCEPTION 2017
Gn 3, 9-15, 20 ; Ep 1, 3-6. 11-12 ; Lc 1, 16-38
Homélie du Père Abbé Luc
En célébrant aujourd’hui l’Immaculée Conception, c’est à la contemplation du dessein de Dieu que nous sommes conviés. Ce que Dieu a réalisé en Marie, afin de préparer à son Fils, « une demeure digne de lui », il désire le réaliser pour toute l’humanité. Comme st Paul nous le suggère dans son épitre aux éphésiens : « En Jésus Christ, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard »…En Marie est anticipée cette œuvre de grâce. Si le péché l’avait mis partiellement en échec, la passion et la résurrection du Christ l’ont rendu possible. Désormais, cette œuvre de grâce est à l’œuvre en nos vies de fils et fille adoptifs.
Aussi nous faut-il regarder Marie pour mieux reconnaitre en elle les traits de notre adoption filiale réussie. La regarder, non comme une créature exceptionnelle, mais comme l’une d’entre nous qui nous devance sur le chemin de la sainteté, elle qui est « comblée de grâce ». Sans crainte, nous pouvons chercher à l’imiter car elle donne à voir la juste attitude de toute créature devant son Dieu, Créateur et Sauveur. Dans l’évangile, nous la voyons discrète : elle ne fait pas beaucoup parler d’elle. Elle s’efface dans son rôle de mère du Messie pour mieux le servir et l’accompagner dans sa mission. Nous la voyons humble, vraie et simple quand elle demande : « comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ». Nous la voyons disponible et à l’écoute de la parole de l’ange : « que tout se passe pour moi selon ta parole ». Marie n’a rien fait d’extraordinaire. Elle fait sa vie de femme dans une disposition de confiance totale au projet de Dieu qu’elle a peu à peu appris à connaitre et à assumer.
En fêtant l’Immaculée Conception, nous pouvons doublement rendre grâce. Rendre grâce pour la fidélité de Dieu à son dessein de salut qui s’accomplit patiemment et profondément. Rendre grâce aussi pour la belle dignité de notre humanité régénérée qu’il donne d’entrevoir en Marie. Une humanité humble, simple et vraie. Tout cela nous le recevons de la passion et de la résurrection du Christ dont nous faisons mémoire maintenant. - 08 décembre 2017
Année A - Fête du crist-Roi - 26 novembre 2017
Ez 34 11-17; 1 Co 15 20-28 ; Mt 25 31-46;
Homélie du F.Hubert
Contraste étonnant, en cet évangile, entre un évènement grandiose :
le FH, escorté de tous les anges, venant dans sa gloire, siégeant sur son trône de gloire,
avec toutes les nations, de tous lieux et de tous âges,
et les situations ordinaires de notre vie humaine auquel son jugement se réfère :
avoir faim et soif, être étranger, nu, malade, en prison.
Rencontre du FH dans sa gloire,
rencontre des hommes et des femmes dans notre quotidien
Rencontre du FH dans ses frères et sœurs.
Le FH, appelé "le Roi",
révèle à cette foule sans limites,
qu'en tous les petits qui étaient dans le besoin et qu'il appelle "ses frères",
c'était lui que, sans le savoir, ils ont rencontré et servi, ou ignoré et abandonné.
En effet, ce roi qui vient dans sa gloire, est déjà venu dans l’humilité,
la dépendance et la souffrance.
Il s'est fait l'un de nous. Il s'identifie à chacun de nous.
"Le FH a été livré pour être crucifié."
"Les grands prêtres et les anciens sont tombés d'accord
pour l'arrêter par ruse et le tuer."
Le FH est pour toujours l'homme arrêté, condamné, abandonné, tué.
Dès sa naissance, Mt nous le montre en danger de mort :
Hérode veut le tuer et l'enfant doit fuir en Égypte.
Mais au moment de la Passion, il n'est plus question de fuir.
"Le FH est venu non pour être servi mais pour servir
et donner sa vie en rançon pour la multitude." (20, 28)
Il s'est fait, en perfection, notre prochain, en prenant sur lui nos épreuves.
Parce qu’il s'est fait notre frère, nous sommes ses frères,
et la manière dont nous nous traitons les uns les autres le touche directement.
"Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères,
c'est à moi que vous l'avez fait."
Lui-même est l'un de ces petits qui ont besoin de présences attentives :
"Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
mais moi, vous ne m'avez pas pour toujours."
Sa vie a du prix comme celle de ses frères, et celle de ses frères comme la sienne.
Qui prendra soin de lui ?
Nous ne pouvons le rejoindre en Palestine, 2000 ans en arrière.
Nous pouvons le rejoindre aujourd'hui en chacun de ceux qui nous entourent.
Nous sommes devant notre Seigneur chaque fois que nous sommes devant notre prochain,
et c’est tous les jours.
Cela est vrai pour ceux qui ont mis leur foi dans le Christ,
et pour les innombrables êtres humains qui n'auront jamais entendu parler du Christ et cru en lui.
Tous ceux qui auront posé les gestes de la miséricorde, de la solidarité, du respect,
le Christ les appellera les "bénis du Père".
Je ne peux pas ne pas reprendre à nouveau les paroles du pape François pour la journée mondiale des pauvres, dimanche dernier :
Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies, comme réponse à la communion sacramentelle reçue dans l’Eucharistie. Le Corps du Christ, rompu dans la liturgie sacrée, se laisse retrouver, par la charité partagée, dans les visages et dans les personnes des frères et des sœurs les plus faibles. Toujours actuelles, résonnent les paroles du saint évêque Chrysostome : « Si vous voulez honorer le corps du Christ, ne le méprisez pas lorsqu’il est nu ; n’honorez pas le Christ eucharistique avec des ornements de soie, tandis qu’à l’extérieur du temple vous négligez cet autre Christ qui souffre du froid et de la nudité. »
Bénies, les mains qui surmontent toutes les barrières de culture, de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité. Bénies, les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans ‘‘si’’, sans ‘‘mais’’ et sans ‘‘peut-être’’ : ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu.
Les mains du Christ sont des mains qui font descendre sur nous tous, sur tous les hommes,
la bénédiction de Dieu.
Cet évangile nous invite à un style de vie, celui que nous montre Jésus de Nazareth, notre Seigneur. Soyons disciples-missionnaires en vivant comme Jésus a vécu.
Dans chaque eucharistie nous célébrons l’amour avec lequel il a versé son sang pour la multitude. Ne faisons pas la comptabilité de nos bonnes œuvres et de nos omissions, ou de celles des autres,
confions-nous en l'œuvre de guérison et de salut qu’il a accomplie pour tous.
Espérons et prions pour tous, car il est venu non seulement soulager ceux qui souffrent,
mais guérir et réconcilier ceux qui commettent le mal, et ceux-là même qui donnent la mort.
Les mains du Christ, recouvrant et guérissant tout homme,
nous pouvons espérer qu’il n'y aura personne à la gauche du Roi…
Prier pour cela, c’est déjà faire en notre cœur œuvre de réconciliation, nous faire solidaires,
comme le Christ s’est fait solidaire.
En Jésus, Dieu et l’homme, c’est tout un.
Prenons soin de lui qui a pris soin de nous.
A lui appartiennent le règne, la puissance et la gloire. Amen !
Notre humanité n’appartient pas à la mort mais à la vie. - 26 novembre 2017
Année A - 32ème Dimanche du Temps ordinaire – 12 novembre 2017
1ere lecture : Livre de la Sagesse 6,12-16
2eme lecture : 1ère Lettre aux Thessaloniciens 4,13-18
Evangile : Matthieu 25,1-13
Homélie du F.Matthieu
La parabole des dix jeunes filles, si célèbre qu'elle soit, n'est pas si simple à comprendre dans son enseignement pour nous aujourd’hui. La première lecture tirée du Livre de la Sagesse peut nous y aider. Il y a entre ces deux textes un mot qui revient en écho : Veiller !
Veiller : "celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci" dit le Livre de la Sagesse. "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure" demande Jésus au terme de la Parabole. Deux emplois différents, mais qui peuvent se rejoindre.
Que veut dire Jésus lorsqu’il nous invite à "veiller" ?
L’évangile de Matthieu parle à des chrétiens qui s'attendaient à voir le retour du Christ très bientôt, et qui s’inquiètent de ce retard apparent ! Certains se sont endormis dans la mort. D’autres s’assoupissent et perdent leur ferveur, se perdent dans les soucis du monde… La parabole se fait réaliste : "comme l'Epoux tardait", les dix jeunes filles "s'assoupirent toutes". Mais "les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, des flacons d’huile". On a beaucoup conjecturé, au cours des siècles, sur ce que représentait cette "huile"... Ce qui est sûr, c'est que ces "prévoyantes" sont prêtes pour l'arrivée de l'Epoux : elles ont "veillé" à ce que la lumière ne leur manque pas au-delà de la nuit et du sommeil inévitable de cette vie. Elles pourraient dire, comme la bien-aimée du Cantique des Cantiques : "Je dors, mais mon cœur veille".
La lecture de la Sagesse nous éclaire encore sur ce qu'est cette "veille".
Dans ce texte, "veiller" c’est "chercher" la Sagesse, c'est-à-dire pour nous, le Christ, d’en faire le premier objet de nos "désirs", de "l'aimer" au profond de notre cœur. Une vie tournée vers le Christ, qui ait son sens dans le Christ, quelle que soit notre situation personnelle ou professionnelle. Alors, au-delà du sommeil, nos "lampes" seront prêtes, et nous pourrons accueillir le Seigneur lorsqu’il "vient à notre rencontre", comme le dit la Parabole, nous pourrons entrer "dans la salle des noces" "quand l'Epoux arrivera" enfin.
Les cinq autres jeunes filles étaient "invitées", elles aussi, mais leur "insouciance" évoque un éparpillement hors de l'essentiel, elles ont perdu le sens de cette recherche de Dieu que décrit si bien le passage de la Sagesse. Elles ne sont pas "prêtes" quand arrive l'Epoux. Et Jésus est sévère avec elles : "Je ne vous connais pas" – l’avertissement est en fait pour nous : ne perdons pas notre vie ici-bas, soyons en quête de Dieu quelle que soit l’obscurité ou la longueur des jours, attentif à l’appel inlassable de l’évangile au profond de notre cœur pour le service de nos frères et sœurs.
Attardons nous pour conclure sur un autre mot, commun, du moins dans la traduction française, aux trois lectures de ce dimanche : le mot "rencontre".
Dans la 1ère lecture, c'est la Sagesse qui "vient à la rencontre" de ceux qui "sont dignes d’elle", constants dans leur recherche. Dans les deux autres textes, ce qui est évoqué, c’est la rencontre du Seigneur : ce sont les "jeunes filles" et "nous" qui allons "à la rencontre du Seigneur" et c’est surtout le Seigneur "qui descend" à notre rencontre.
Laissons-nous guider par ce rapprochement.
La 2ème lecture avec d'autres images que la parabole de Jésus – celles des "apocalypses" courantes à l'époque – reprend le même thème : la résurrection des morts est, dans le Christ, notre avenir, et, pour les morts ressuscités comme pour les ‘encore vivants’ à ce moment-là, elle est rencontre avec le Seigneur ! Et c’est "le Seigneur lui-même qui descend du ciel" pour venir à notre rencontre.
De même, dans la parabole, les dix jeunes filles "sortent à la rencontre de l'Epoux", mais elles ne vont pas bien loin : c'est "l'Epoux" qui vient, c'est "lui qui arrive" à leur rencontre.
Ainsi, toute notre vie devrait être "veille" et marche "à la rencontre du Seigneur", mais il faut surtout comprendre que c’est d’abord lui, Jésus le Ressuscité, qui vient à notre rencontre. Un jour nous serons pleinement "avec lui, c'est notre "espérance". Mais le passage de la Sagesse nous dit qu'il est aussi "avec nous" dès à présent, si nous le cherchons, qu'il ne demande qu'à se laisser "trouver" pour marcher avec nous vers la rencontre.
"Veiller", cela doit d’abord signifier l’attention à la présence du Christ dans toute notre vie, car la "Sagesse" nous devance toujours :"Celui qui la cherche dès l'aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte... dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre."
"Veiller", c’est "sortir à la rencontre" du Seigneur Jésus, mais c’est d’abord et surtout être à attentif à sa présence, à "sa venue", car il ne cesse de venir à notre rencontre… aux jours de notre vie, au bout de notre nuit ! - 12 novembre 2017
Année A - 31e dimanche du TO - 5 novembre 2017
Mal 1/14b-2/2b.8-10, 1 The 2/7b-9.13 Mt 23/1-12.
Homélie du F.Cyprien
« Ne vous faites pas donner le nom de Rabbi… Ne vous faites pas non plus appeler maîtres » …Ne donnez à personne le nom de Père…
Les petits enfants (et les grands aussi !) devraient-ils renoncer à dire « Père » ou « Papa » à leur propre père… ?
Vous ne trouvez pas qu’avec un Evangile pareil, on est mal ? … pas trop à l’aise avec ces paroles catégoriques de Jésus … du moins les notables, les notaires, les prêtres, les Révérends Pères, ceux qui se font appelés Docteur, Eminence, … « Eminence » : vous vous rendez compte ! Et je n’ai rien contre les cardinaux de sainte Eglise…
« Sa Sainteté le pape François », cela sonne mal maintenant que nous connaissons François : que je sache, il ne doit pas aimer être appelé Sa Sainteté…
Cela me rappelle le petit enfant bien briefé par sa mère avant la venue de « Monseigneur l’évêque » ; ce dernier venait manger à la maison (tu seras polie, tu répondras quand Monseigneur te posera des questions, etc) : quand l’évêque arrive et sonne à la porte, la gamine, trop heureuse de faire l’accueil, se précipite à la porte, ouvre et crie à sa mère : « Maman, c’est ton seigneur qui est arrivé ! »
…le nom de Rabbi… le nom de Père… ne vous faites pas non plus appeler maîtres »
Il y aurait des passages de la bible que nous avons lus et entendus …et qui ne nous gênent pas ?...
L’essentiel, c’est surtout le début et la fin du passage :
« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé ».
C’est cela que Jésus veut dire à tous, cela depuis deux mille ans… aux « révérends pères » mais aussi à tous les chrétiens qui se disent ses disciples.
Quand Jésus parlait aux scribes et aux pharisiens, il fustigeait des actes tordus, des comportements hypocrites, des consciences aveuglées :
« N’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ».
Ce danger est de toujours… et toujours possible : ne pas conformer nos actes à nos paroles.
A priori nous sommes convaincus que les hommes sont tous frères : déjà du temps du prophète Malachie les prêtres étaient accusés : « de ne pas glorifier le Nom de Dieu… ils ne prennent pas à cœur de rappeler que nous avons tous le même Père »…
Nous touchons ici le cœur de la vie et de l’enseignement de Jésus, lui le Fils, lui qui a voulu transmettre son zèle pour la gloire de Dieu, son Père.
J’imagine que Jésus enfant, éduqué par sa mère, avait entendu d’elle lui expliquer : son vrai père était le Dieu du Ciel et de la terre ; Joseph était le père qu’ici-bas Dieu lui avait donné. Cela n’était-il pas suffisant pour qu’ensuite Jésus nous dise à nous : « vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »… ?
Les apôtres en prêchant l’Evangile annoncent le Règne de Dieu : témoins de la Résurrection, ils disent qu’au centre de leur message il y a Dieu, le Père, au cœur de la bonne Nouvelle il y a la personne du Père qui veut rassembler ses enfants autour du Christ, le Fils bien-aimé…
Dire et ne pas faire, charger les autres de fardeaux que nous ne voudrions pas porter… nous connaissons !
La Parole de Dieu nous emmène là nous ne voudrions pas forcément aller : prendre conscience une fois encore que nous sommes loin d’être les disciples du Christ que nous avions rêvé d’être !
L’Evangile entendu ce dimanche, et tous les autres, est-il proclamé pour nous culpabiliser un peu plus ? Non, vraiment, car c’est Dieu qui nous parle … il est le médecin de nos âmes : il est venu nous sauver de ce qui nous enferme, de ce qui nous laisse collés à notre médiocrité.
La communauté chrétienne reçoit la force de l’Esprit de Dieu : ensemble, pécheurs pardonnés nous venons célébrer la Bonté et la Miséricorde qui viennent du Père.
Il nous faudra toujours un peu d’humour pour accepter que nous avons soif de notoriété : nous ne sommes pas prêts spontanément à vouloir être les derniers, nous faisant les serviteurs (les « larbins ») de nos frères.
Avant de mériter peut-être d’être appelé un jour « Grand Serviteur de l’Etat », un ministre - le premier ou les autres - doit se rappeler que le mot ministre est équivalent à « serviteur »…Dans la société civile les mots, les titres et les habitudes dérapent aussi!
Ne plus vouloir être appelé Père, Révérend Père, Eminence…
Nous sommes tous frères par le baptême … Chaque rassemblement chrétien non seulement le rappelle, mais chaque Eucharistie le célèbre, avec le Fils bien-aimé, le frère de tous, notre Seigneur Jésus, présence agissante dans l’Esprit.
Remercions Dieu pour sa Parole qui nous bouscule encore aujourd’hui. - 5 novembre 2017
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