vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 09 septembre 2018 — 23e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 23e dimanche TEMPS ORDINAIRE (B) (09/09/2018)

(Is 35, 4-7a – Ps 145 – Jc 2, 1-5 – Mc 7, 31–37)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

les lectures de ce dimanche ont une vraie cohérence car toutes nous parlent du souci de Dieu pour les plus pauvres, les mal-lotis de la vie, les rejetés. C'est un regard d'espérance qui nous est ici offert. Mais aussi une exigence pour tous ceux qui se disent disciples du Christ.

Les paroles du livre d'Isaïe adressées au peuple en exil à Babylone sont pleines d'espérance. Pourtant, on parle de vengeance, de revanche de Dieu. Il est courant de dire que le Dieu de l’Ancien Testament est le Dieu de la violence, de la colère, de la vengeance ...

Or, en quoi consiste ici la vengeance de Dieu ? Il s'agit de sauver son peuple de l'exil. Il s'agit d'ouvrir les yeux des aveugles, les oreilles des sourds et la bouche du muet. Il s'agit de guérir le boiteux et d'aller jusqu'à faire jaillir l'eau dans le désert, de faire couler des torrents dans les terres arides et de transformer la terre brûlante en lac. Bref, il s'agit d'un renversement complet vers plus de vie, infiniment plus de vie. Nous pouvons voir ici que la vengeance de Dieu n'a rien à voir avec nos vengeances humaines destructrices. Ici, la vengeance de Dieu est créatrice de salut, de vie.

Le psaume qui suit la 1ère lecture montre bien de quel côté est Dieu. Du côté des opprimés, des affamés, des enchaînés, des accablés, de l'étranger, de la veuve et de l'orphelin, bref, du côté des gens fragiles et rejetés de la société, du temps.

La seconde lecture n'est pas écrite par un militant marxiste égaré au 1er siècle mais insiste avec force sur l'attention qui doit être portée, dans les assemblées chrétiennes, aux plus pauvres plutôt que de rendre honneur aux plus riches. Et nous savons bien qu'après 2000 ans de christianisme, il y a encore du travail à faire en ce sens.

Quant à l'évangile, il nous montre Jésus en plein territoire de la Décapole, c'est-à-dire en plein territoire païen. Et tout porte à croire que c'est bien un païen que Jésus guérit. Ce qui ne devait pas manquer de surprendre ceux qui étaient persuadés que le Messie leur était réservé, qu'il était en quelque sorte leur propriété. Pour eux, les païens étaient certainement des gens à éviter et le Christ contredit fortement leurs évidences.

Frères et sœurs, nous connaissons ces textes. Nous les avons sans doute déjà entendus de nombreuses fois. Et pourtant, la réalité montre que la répétition liturgique de ces textes est plus que nécessaire.

Nous le savons bien, il ne manque pas de personnes pour penser que des prêtres, des évêques ou le pape François s'occupent trop de questions sociales et pas assez de questions spirituelles. Qu'ils sont un peu naïfs dans leurs demandes répétées d'accueil des migrants, de plus de justice pour les plus pauvres. Peut-être avons-nous pris l'habitude, pour garder bonne conscience devant les scandales de notre monde, d'aseptiser les écritures saintes et leur contenu. De ne retenir que ce qui nous arrange et nous évite de remettre trop en cause nos modes de vie.

Mais les lectures d’aujourd’hui nous montrent bien que Dieu est du côté de ceux qui sont fragiles, rejetés, méprisés. Nous avons écouté des textes qui sont certainement à l'arrière-fond de la pensée du pape François et de beaucoup de chrétiens qui travaillent à faire évoluer les mécanismes de notre monde. Mécanismes qui maintiennent une majorité des gens dans la pauvreté ou l'exclusion. Le problème, c'est que ni les Écritures, ni le pape ne donnent de recette concrète pour agir aujourd'hui. Nous avons à utiliser notre imagination, notre savoir-faire, notre cœur aussi. Il ne s'agit pas de bouleverser toute la société. Cela ne fera que nous décourager. Il s'agit d'agir là où nous sommes. Nous informer sur ce qui est possible de faire pour qu'il soit fait justice aux opprimés, que le pain soit donné (de façon durable) à tous, que les étrangers soient protégés ...

Tout n'est pas possible mais Dieu compte sur nous. C'est par nous qu'Il compte passer pour accomplir sa volonté.

Dimanche dernier, l’épître de Jacques nous disait : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »

Le Seigneur compte sur nous, et sans doute que si nous acceptons de nous mettre en route sur ce chemin difficile de conversion de nos habitudes de penser et d'agir, nous découvrirons que des chemins de bonheur s'ouvrent également pour nous.

AMEN

Homélie du 02 septembre 2018 — 22e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 22e Dimanche du temps Ordinaire - 2 septembre 2018

Deut. 4, 1-2, 6-8 Jacques 1, 17-18, 21b-22, 27 Marc 7, &-8, 14-15, 21-23

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Des lectures que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir et vous proposer un mot : « intérieur ». Jésus, affronté à des critiques virulentes concernant des pratiques rituelles, renvoie à l’intérieur. Non pas que les rites soient indifférents (« il faut des rites » disait le Renard au Petit Prince), mais pour être signifiants, ils doivent procéder du cœur et reconduire au cœur. Ils sont au service de l’Eglise, Corps du Christ, s’offrant à Dieu avec lui. S’ils sont détachés de cette intention intérieure, s’ils deviennent pure loi liturgique, ils demeurent stériles. Mais s’ils expriment l’amour du Christ pour son Père et pour les hommes et le souci pour nous d’y participer, alors, à leur place, ils construisent ce que le pape Paul VI appelait l’Eglise de la Charité.

Or en fait, dit Jésus, le cœur de l’homme, des hommes est malade. Il fait une liste de tout ce qui l’encombre et crée du malheur. Il y a douze mots négatifs dans ce texte qui touchent à l’argent convoité, à la sexualité non maîtrisée, à l’orgueil. Ils provoquent, l’Ecriture le dit ailleurs, la désunion, l’opposition, les guerres de toute nature, ils détruisent.

N’avons-nous pas là une clef de lecture pour évaluer les difficultés de notre monde qui semblent aller s’additionnant et mettent parfois à l’épreuve notre espérance ? En lisant ou en écoutant les nouvelles de ce monde en ce moment, nous avons l’impression que, une fois de plus, se réalise la description du

prophète Isaïe au début du livre :

Toute tête est malade, tout cœur exténué

De la plante des pieds à la tête, rien d’intact ;

Blessures, plaies récentes ni nettoyées ni bandées, ni adoucies avec de l’huile

Votre pays est désolé, vos villes dévastées

Votre terre devant vous, des étrangers la dévorent

Elle est désolée et comme bouleversée par l’envahisseur » (Is. 1, 6-7).

Ceci concerne les pays, les continents, les religions, les christianismes, et nous voyons aujourd’hui, en ce moment, que notre Eglise catholique n’est pas indemne, loin de là. Nous avons peur pour nous, mais davantage peut-être pour la jeunesse : quel peut être son présent, son avenir ?

Il me semble que cette situation présente est un appel très concret, que chacun d’entre nous doit entendre : retourner au cœur, vérifier notre cœur. Je ne peux pas changer la face du monde, mais je peux essayer d’améliorer la mienne. Reprendre chacun des mots de la liste que nous avons entendue, et voir si et en quoi elle me concerne. Prier pour obtenir la lucidité qui fait voir, le courage qui permet la lutte. Comprendre que, autour de moi, il y a des gens qui attendent ces progrès et pourront en vivre.

Mais aussi, épeler une d’autres listes, positives celles-ci, et voir de même ce qui leur correspond en nous. Voici celle de la lettre aux Galates, que nous lisons en ce moment à l’Office divin ici à la PQV : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ». Cela aussi, grâce Dieu habite le cœur de l’homme. Ce sont des fruits de l’Esprit, répandus en nous au baptême et qui ne nous ont jamais été retirés. Et ceux-là aussi sont à l’œuvre dans le monde, et pas seulement chez les chrétiens. Il est important, je crois, de reconnaître comment ils sont à l’œuvre, eux aussi, en nous, en moi, dans les gens alentour.

Le combat du monde, si on va au fond des choses, n’est pas affaire de chair et de sang, mais d’affrontement des cœurs. Les nouvelles des journaux sont en réalité le compte-rendu de ce combat invisible des cœurs. Il ne nous appartient pas, à chacun, de changer tout le cours des choses, mais nous pouvons, en écoutant le cœur spirituel qui nous habite, mettre quelque chose en route ou soutenir quelque chose de vrai.

Les propos que je vous tiens ce matin sont le fruit de la méditation douloureuse que les événements actuels de la vie de l’Eglise ont suscité en moi et que je partage avec vous. Comment réagir sainement, sinon en examinant notre cœur, en rejoignant les cohortes invisibles d’hommes et de femmes de bonne volonté qui vivent bien, dans la persévérance et l’espérance ? Je pense que, par là, nous pouvons être, dans notre petitesse, à la hauteur de la conjoncture. C’est pourquoi je nous invite à prendre le temps d’examiner devant Dieu où en est votre cœur afin que, malgré les apparences contraires, l’évangile grâce à vous progresse en ce monde. - 2 septembre 2018

Homélie du 26 août 2018 — 21e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 21e Dimanche du Temps Ordinaire - 26 aout 2018

Jos 24 1-18 ; Eph 5 21-32; Jean 6 60-69

Homélie du F.Hubert

Texte :

Au début de l'évangile de Jean, Jésus dit à ses premiers disciples: « Vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme. »

Peu après, il dit à Nicodème : « Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel,

le Fils de l'homme. »

Plus loin encore, Jean-Baptiste affirme : « Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu'il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. »

« Le Verbe est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. » Voilà bien tout l’enjeu de l’Evangile de Jean.

L’évangile de Jean, c’est l’histoire du rejet du Verbe fait chair, et le témoignage de sa victoire, car nul ne peut prendre la vie de celui qui la donne.

Nous qui sommes venus ce matin célébrer son eucharistie, nous désirons le recevoir, recevoir son témoignage, la vie qu’il nous offre ; apprendre de lui comment devenir enfants de Dieu.

« A qui irions-nous ? » Être disciple est un chemin vers un mystère toujours à creuser, pour trouver la vérité et la vie, la lumière et la source, la nourriture de vie éternelle.

Dans le discours de Capharnaüm qui nous a été offert ces derniers dimanches, Jésus affirme : « Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel... Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

La foule était prête à l’enlever pour en faire son roi, après qu’il ait multiplié les pains ;

elle disait : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »

Mais ensuite la parole de Jésus devient source de scandale : « Cette parole est rude. Qui peut l’entendre ? »

Non seulement la foule se retire, mais « beaucoup de ses disciples s’en retournèrent

et cessèrent de l’accompagner. »

« Comment peut-il dire : « Je suis descendu du ciel” ? » « Comment peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus leur dit alors : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. »

Oui, frères et sœurs, celui qui est descendu du ciel est la Parole de vie, le Verbe qui témoigne de Celui qui l’a envoyé, celui qui nous dit en vérité qui est Dieu et qui nous sommes, celui qui nous révèle où est le chemin de la vie.

Il nous révèle que Dieu est celui qui n’est que don,

et que le seul chemin de la vie est celui du don de soi.

« Si tu savais le don de Dieu ! » Dieu se donne à nous sans mesure.

Pour que cela soit possible et ne nous écrase pas, lui qui est Dieu, il s’est fait chair ;

et s’étant fait chair, il s’est fait pain,

pour que nous puissions nous nourrir de lui et devenir son corps.

Il s’est fait pain pour nous transformer. Pour transformer le monde.

L’eucharistie nous est donnée pour que nous devenions images de Dieu, reflet de Dieu les uns pour les autres.

Dieu se donne à nous pour que nous devenions don.

Pour cela, il choisit le moyen le plus humble : il se fait pain, nourriture accessible à tous.

Pain rompu, offert, partagé, en surabondance.

La fraction du pain, avant la communion, est un signe essentiel : nous recevons, même avec une petite hostie prédécoupée, un pain rompu, brisé, partagé.

Ce pain fait de nous son corps, pain pour les autres, offert et partagé lui aussi.

Là est notre vie, là est la vie du monde, là est notre être d’enfants de Dieu.

Le corps livré, le sang versé du Christ nous sont donnés pour que nous devenions humblement les uns pour les autres une offrande vivante.

« Ceci est mon corps, livré pour vous » : « Cette parole, écrit sr A. Lécu, désigne l'hostie, en laquelle Jésus s'efface, mais tout autant son Église qui va la recevoir,. Ces mots nous désignent. A leur tour nos vies sont prises, bénies, rompues, données, pour la multitude. …

L'amour reçu nous transforme en capacité d'amour donné. »

Nous allons manger et boire, non une chose mais une présence,

la chair du Christ vivifiée par l’Esprit qui fait vivre.

Ce langage est folie, mais la folie de Dieu est plus sage que les hommes.

Allons-nous demeurer disciples, continuer de marcher avec Jésus,

pénétrer plus avant dans son mystère, dans notre mystère,

ou partir, nous tenir à distance ?

Si avec Pierre, nous proférons ces paroles : « A qui donc irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle », faisons-le humblement : pas plus que Pierre, nous sommes capables par nous-mêmes de donner notre vie pour le Christ et pour nos frères.

Alors, recevons la Parole, recevons le pain vivant, porteur de l’Esprit,

pour peu à peu donner notre vie à la suite du Christ.

Dès aujourd’hui, le Fils de l’homme, descendu ciel, venu chez les siens, et remonté là où il était auparavant, nous fait demeurer avec lui. - 26 aout 2018

Homélie du 19 août 2018 — 20e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B 20e dim TO - 19 aout 2018

Prov 9/1-6, Eph 5/15-20, Jn 6/51-58.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Parlons… d’abord de folie et de sagesse, avant d’évoquer Jésus le pain vivant :

« Vous étourdis, venez par ici…A qui manque de bon sens, venez… quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence »…

C’est bien à nous que s’adressent ces parole, nous les étourdis, nous qui croyons avoir du bon sens…

« Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages…Ne soyez donc pas des insensés » nous dit encore saint Paul.

Le tort que nous avons souvent, c’est de nous prendre pour des sages, pour des gens qui comprennent les choses, des gens intelligents. Peut-être connaissez-vous le proverbe qui dit : « Le bon sens a beau courir les rues, il n’y a personne qui lui court après »… ?

De fait quand on voit comment va le monde, comment les humains se débrouillent pour vivre ensemble, on penserait volontiers que nous avons besoin d’une Sagesse qui vienne d’ailleurs…

Ne soyons donc pas des insensés, « comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur », poursuit saint Paul.

Cette volonté de Dieu ? … nous traversons des jours mauvais et la tentation : être menés par l’insouciance, l’excès dans les plaisirs, l’inconduite, l’inconscience.

Être remplis de l’Esprit Saint, c’est cela la volonté du Seigneur, « à tout moment et pour toutes choses rendre grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus-Christ »… pour que tout aille mieux, pour mettre toute chose à sa place…

… Le moyen que Dieu nous donne, … tirer parti du temps présent et du don que Dieu nous fait en Jésus, Jésus le pain vivant.

Manger la chair et boire le sang du Fils de l’homme, recevoir la vie qu’il a donnée. « Celui qui me mange vivra par moi » : Ne serait-ce pas cette Sagesse qui vient d’ailleurs?

« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »… il a la vie même de Dieu en lui, la vie même de Jésus, le Christ ressuscité : comme lui, il ne mourra pas, il vivra éternellement.

Ni Jésus, ni les apôtres, ni toutes celles et ceux qui nous ont transmis la foi n’ont parlé de façon purement «matérielle» : quand Jésus a rompu le pain et partagé la coupe, il a dit : « Faites cela en mémoire de moi » car « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit ».

La vraie manne, c’est Jésus descendu du Ciel, c’est son humanité ressuscitée. « Faire cela en mémoire de Lui », c’est nous nourrir de Lui… Le chemin pour nous tous, c’est le don de nous-mêmes, comme il l’a fait, en mourant pour nous.

« Je suis le pain vivant » … « Sacrement du Corps et du Sang du Christ » : nous parlons d’un sacrement, «sacramentum» en latin, traduisant le mot grec « mysterion ». Mystère : la grâce de Dieu agit par le geste que les hommes posent.

Si nous communions au Corps et au Sang du Christ Jésus, nous nous associons à sa mort, mais pour donner notre vie à sa suite. En recevant « la communion », nous répondons « Amen » c’est-à-dire « Je crois » : nous nous engageons dans un chemin de vie éternelle, chemin d’Intelligence divine, loin de l’étourderie, loin des actes insensés… Aimer comme Dieu, donner sa vie comme Lui pour aimer vraiment … il faudrait ?… il faut ?... bien plutôt l’Esprit Saint va nous permettre de vivre au diapason de la vie du Dieu Amour, donner… donner encore… donner sans cesse.

Ce sacrement, ce « mysterion » du Corps et du Sang du Christ, ce n’est pas une chose où nous ne comprenons rien (« un vrai mystère » !), c’est le moment, c’est le lieu où Dieu nous permet d’être un avec Lui pour continuer ce que Jésus est venu faire pour tous.

« De même que le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi »

C’est bien pour cela que l’Eucharistie qui nous rassemble est le moment privilégié où nous rendons grâce : nous célébrons notre Père des Cieux, en Jésus dont nous devenons le Corps, Jésus par qui nous pouvons à notre tour donner la vie, rayonner la vie éternelle de Dieu dès aujourd’hui… - 19 aout 2018

***

Homélie du 15 août 2018 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

ASSOMPTION - 15 AOÛT 2018

Ap 11,19a, 12,1-6a.10ab; 1 Co 15,20-26 ; Lc 1, 39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs, -

Il n’est pas facile de se tenir sous une forte lumière, et nos yeux supportent mal de fixer en face le soleil. Ils sont aveuglés…Le soleil, ce compagnon de nos journées, celui sans lequel il n’y aurait pas de vie, nous devons accepter de ne pas le regarder en face…Nous jouissons de sa lumière, mais devant lui, il nous faut baisser les yeux…

Aujourd’hui, l’Eglise propose à nos regards, de contempler : « une Femme, le soleil ayant pour manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Une femme qui brille de l’éclat de tous les astres à la fois. Marie élevée dans la Gloire de son Fils ressuscité, est là qui brille de toute la lumière divine…Elle n’est pas Dieu, mais elle est toute entière prise dans sa lumière, sertie dans la lumière de la Gloire divine, comme une perle rare…Or, nos yeux de la foi ne craignent pas de regarder cette Dame si belle, comme dira Bernadette à Lourdes. Cette femme revêtue de lumière n’aveugle pas. Elle ne repousse pas, ni n’oblige de baisser les yeux devant elle…Non, les croyants que nous sommes, gens de toute condition, pécheurs en chemin, nous aimons nous tourner vers elle avec confiance, sans peur, avec la confiance de l’enfant de Dieu.

Oui, la gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui, comme le fruit d’une grâce particulière n’écrase pas. Au contraire, elle rassure, elle réconforte, elle encourage sur la route. Mais quel est donc le secret de la gloire de Marie ?

Nous venons de l’entendre dans l’évangile dans le beau chant que Marie entonne en réponse à la salutation d’Elisabeth, quand elle affirme : « Il élève les humbles ». La Gloire de Marie n’est pas à comprendre à la manière d’une gloire humaine. Elle n’est pas résultat d’une puissance affirmée ou le fruit d’exploits réalisés. Non, c’est la Gloire d’une femme humble. Une humble servante sur laquelle les yeux de Dieu se sont penchés. Une femme qui n’a rien à faire valoir sinon sa disponibilité étonnée et sa foi fidèle à la parole entendue de la part de l’ange Gabriel… Et c’est cette humilité-là, que Dieu s’est plu à couronner. Il a voulu élever son humble servante et lui donner de ne pas connaître la corruption de la mort, pour qu’elle partage sa lumière bienheureuse dès maintenant…

La gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui nous montre ce qui a vraiment du poids aux yeux de Dieu. En hébreu, le mot gloire se traduit littéralement « poids ». La gloire c’est ce qui a du poids. Et qu’est ce qui a du poids aux yeux de Dieu, ce qu’il regarde : c’est l’humilité, l’offrande de soi, l’écoute et l’obéissance. Voilà la Gloire de Marie : elle a été toute disponible, toute à l’écoute durant sa vie, toute abandonnée au dessein du Père et au service de son Fils, Jésus…Cette gloire-là ne fait pas de l’ombre à la Gloire de Dieu. Non elle nous donne au contraire d’en approcher le mystère. Elle nous redit que la Gloire de Dieu est bien loin de nos gloires humaines enveloppées dans leurs richesses et leurs honneurs de toute sorte…Elle nous aide à convertir nos regards. Elle nous aide à laisser de côté nos peurs pour grandir dans la confiance.

Que Marie dans la Gloire du Ciel, comme nous le prions dans l’oraison initiale, une Gloire qui n’est pas de notre terre, mais qui n’est pas loin de notre terre, et ne nos chemins humains nous aide à ajuster nos lunettes, et nos cœurs…Elle nous montre son Fils et nous encourage à marcher à sa suite… - 15 Aout 2018

Homélie du 12 août 2018 — 19e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B- 19ème Dimanche du T.O. - 12 Août 2018

1 R 19,4-8; Ep 4,30 à 5,2; Jn 6, 41-51

Homélie du F.Antoine

Texte :

« Nous connaissons son père et sa mère, comment peut-il dire je suis descendu du

ciel? » La remarque des contemporains de Jésus est compréhensible, mais on peut se

demander .... Et si le ciel n'était pàs là où l'on pense ... et si l'invisible n'était pas forcément

caché dans les hauteurs?

D'ailleurs Jésus précise «Je suis .. le pain ... descendu du Ciel », ce sont les premiers mots

de l'Evg d'aujourd'hui. On peut alors se demander ... et si le Ciel était là ... aux bords du

lac, et s'il était là, à l'endroit même où l'on a partagé le pain ... mais quel pain ?. un pain qui

se multiplie d'une façon mystérieuse ... et en même temps un pain bien réel. .. un pain qui a le

pouvoir de nourrir tout un monde, et même le monde dans sa diversité humaine, un pain qui

envoyé par le Père nourrit et fortifie .. .il est déjà le ciel, le ciel présence de Dieu parmi les

hommes!

Oui, le ciel n'est pas là où l'on pense, il nous invite à se laisser déprendre de ce que nous

croyons savoir déjà, il nous provoque à entrer dans un espace immense ... celui de la Foi. «je

vous le dis: celui qui croit a la vie éternelle» ...

Paroles extraordinaires ... que nous connaissons par cœur! ! !! Elles nous appellent à

une unique attitude, à une unique réponse ... la Foi

Refuser ou ... hésiter à mettre notre Foi en Jésus envoyé par le Père,

-c'est l'enfermer, .. le verrouiller. .. dans une généalogie humaine ...

-c'est en faire un simple descendant de l'homme de Neandertal ou de Croc-magnon ...

-c'est nier l'origine pleinement divine de celui-là ... seul. ..

qui vient de Dieu ... seul a vu le Père ... seul est le pain vivant ... au point ...

qu'à trois reprises .. l'Evg reprendra une affirmation qu'aucun homme n'a jamais faite:

« Celui qui croit, fI la vie éternelle, iI..l' a ..et non .. .il 1 'aura ...

« Je suis le pain de la vie, qui en mange ne mourra pas .. il vivra éternellement. »

Avoir la Foi c'est accueillir en soi Le Christ. .. c'est se nourrir de sa parole, c'est essayer

d'en vivre chaque jour. .. c'est accueillir la plénitude de lumière que nous offre Celui qui a

scellé la vérité de sa Parole ... dans le don de sa vie ... et dans le don de l'Eucharistie.

Frères et Sœurs, l'Evg d'aujourd'hui a commencé à un niveau pas très élevé: celui

d'une récrimination contre un fils de charpentier. .. mais .... il s'achève sur une ouverture

grandiose:

Ce fils de charpentier, et Lui seul a donné sa chair. .. son être total de Fils de Dieu, animé,

pénétré de l'Esprit Saint ... .ill'a donnée, il nous la donne chaque jour et illa donne sans

. cesse à la totalité de notre monde d'aujourd'hui. - 12 aout 2018

Homélie du 06 août 2018 — Transfiguration du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Transfiguration - 6 aout 2018

Texte :

Frères et sœurs,

Avec Paul, nous le savons « nous cheminons dans la foi non dans la claire vision » (2 Co 5, 7)… Nous soulignons souvent le côté obscur du cheminement de la foi. Mais en ce jour, la mémoire de cet épisode unique dans la vie de Jésus, nous invite à accueillir le côté lumineux de notre foi. A travers le regard des apôtres Pierre, Jacques et Jean, nous est donné d’entrevoir la beauté du mystère de Jésus… Le mystère de son être se dévoile aux yeux de la foi. Son être de lumière et sa relation unique avec le Père apparaissent de façon éclatante le temps d’un instant. Claire vision éphémère qui vient confirmer le témoignage des prophètes, et conforter les disciples avant l’épreuve de la Passion. Claire vision qui veut aussi fortifier notre foi et nous donner de l’assurance dans notre relation avec le Christ Ressuscité. Lui que nous connaissons à travers le témoignage des Evangiles, mais aussi à travers les sacrements vécus et reçus en Eglise, est le Seigneur, uni à son Père dont il partage la Puissance et la Gloire. Il est le Maitre de l’univers, et le Maitre de nos existences qui nous a fait, qui nous accompagne et qui nous attend au terme de l’histoire…

Mystère de lumière qui reste caché pour ne pas trop nous éblouir et nous permettre d’avancer avec confiance, sans peur avec lui, sous la motion de son Esprit…

En cette eucharistie, entrons un peu plus avec confiance dans cette eucharistie où le Seigneur nous entraine à sa suite dans sa mort et sa résurrection, pour nous donner la vie.

Homélie du 05 août 2018 — 18e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 18ème dimanche du Temps Ordinaire – 5 Aout 2018

Ex 16, 2...15; Ep 4, 17-24; Jn 6, 24-35

Homélie du F.Damase

Texte :

Les lectures nous parlent de la situation dramatique de ceux qui sont tenaillés par la faim. Les Hébreux, libérés de l’esclavage d’Egypte, se sont mis en marche vers la Terre promise. Ils traversent le désert. Ils sont affrontés à la faim ; ils rouspètent contre Moïse. Ils regrettent les marmites et le pain qu’ils avaient à satiété en Egypte. Mourir dans le désert n’a jamais eu aucun sens.

Ces récriminations, Dieu les entend. Et l’Exode nous donne la réponse de Dieu. Ce livre nous dit que, même dans les situations les plus difficiles, Dieu ne nous abandonne pas. Il faut lui faire confiance contre vents et marées. Le véritable bonheur c’est de suivre sa loi et son enseignement. C’est le pain que le Seigneur nous donne à manger chaque jour.

L’Evangile de ce dimanche vient compléter cet enseignement. Jésus vient de nourrir une foule affamée. Elle pense avoir trouvé en lui le roi qui répondra à ses besoins. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi. Ce n’est pas sa mission. C’est important pour nous aussi : nos prières se limitent souvent à des demandes terre-à-terre. Nous oublions le plus important. Et c’est cela que Jésus veut nous faire découvrir.

Tout d’abord, pour échapper à l’enthousiasme des foules, Jésus se retire sur « l’autre rive » du lac. C’est un symbole important : « passer sur l’autre rive ». C’est renoncer à la facilité et se mettre sur le chemin de Dieu. Jésus a renoncé à la royauté terrestre. Il s’est retiré pour rejoindre son Père dans le silence et la prière.

Les foules sont à sa recherche. Elles sont également passées sur l’autre rive. Mais elles se sont trompées. Le vrai passage que Jésus attend de nous, c’est celui de la foi et de l’amour. Il nous faut quitter la rive de notre confort et de nos certitudes et rejoindre celle de l’Evangile.

Jésus voit tous ces gens qui travaillent dur pour leur nourriture corporelle. Or c’est « une nourriture périssable pour une vie périssable ». Aujourd’hui, il voudrait leur révéler une autre nourriture.

Jésus nous parle du « vrai pain », « le pain de vie », « le pain venu du ciel ». Le seul vrai pain, c’est Jésus. Il est le pain qui donne la vie. Cette nourriture offerte à tous les hommes c’est la parole de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt. 8. 3). Jésus est également nourriture par son Corps et son Sang donnés dans la célébration Eucharistique.

Aujourd’hui, Christ continue à nous révéler notre faim et notre soif d’absolu. Il nous voit courir vers la « puissance technologique ». Il voit tous ces gens angoissés parce qu’ils sont au chômage, qui souffrent que personne n’ait besoin d’eux.

Nous chrétiens, nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu pour le communiquer à ceux qui nous entourent.

Paul invite les Ephésiens, à passer sur l’autre rive, à quitter leurs anciennes pratiques.

Nous aussi, nous pouvons être atteints par l’esprit païen de notre temps. Mais le Seigneur nous appelle à passer sur l’autre rive. Il nous attend. Il nous destine à partager sa vie, la Vie éternelle.

- 5 août 2018

Homélie du 29 juillet 2018 — 17e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 17ème dimanche du temps ordinaire, 29 juillet 2018

2 Roi 4 42-44; Eph 4 1-6 ; Jn 6 1-15

Homélie du F.Bernard

Texte :



Dimanche dernier, nous entendions l’Évangile de Marc. Jésus entrainait ses disciples à l’écart, en un lieu désert, pour qu’ils se reposent un peu, après leur tournée apostolique. Peine perdue ! Les foules avaient tôt fait de repérer où ils allaient, et les avaient rejoints. Alors Jésus s’était mis à les instruire longuement.

Ainsi se terminait l’Évangile. Rien n’était dit alors de l’enseignement donné par Jésus en ce moment décisif de son ministère, celui où il allait nourrir les foules. C’est pour combler cette lacune- si ce mot convient, car l’Évangile de Marc a sa logique- que la liturgie fait le choix d’interrompre la lecture de cet Évangile, pour nous faire entendre pendant cinq dimanches consécutifs l’Évangile de Jean, avec la multiplication des pains et le discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm qui lui fait suite.

Bien évidemment, changer d’Évangile, c’est changer de cadre, changer de circonstances, au moins pour une part. L’Évangile de Marc n’est pas celui de Jean, mais de toutes manières l’horizon est pour nous l’eucharistie que nous allons célébrer et à laquelle l’Évangile nous prépare. Ce lieu à l’écart où Jésus convoque les siens, que les foules rejoignent, c’est aussi cette église qui nous rassemble, un peu à l’écart dans la forêt du Morvan, le lieu pour entendre ce matin le Christ nous dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous soulagerai, et vous trouverez le repos pour vos âmes. » (Mt 11, 28-30)

La Montagne où Jésus se rend, c’est aussi le lieu de son enseignement, depuis le Sermon inaugural sur la Montagne. C’est là que Jésus convoque ses disciples après Pâques, pour les envoyer enseigner à toutes les nations. Ce matin, nous sommes aussi sur la Montagne avec le Seigneur. Enfin l’approche de la Pâque rappelle l’évènement fondateur de l’Alliance, lors de l’Exode et de plus pour nous chrétiens l’eucharistie et le sacrifice de la Croix.

Alors Jésus prit les quelques pains d’orge et les poissons que lui donnait un jeune garçon. Il rendit grâces. Il les rompit et les donna aux disciples qui les donnèrent aux foules. Tous furent rassasié. Il y avait environ cinq mille hommes. Et il y eut du reste : douze paniers pleins de morceaux de pain.

Chacun a fait son travail et le Seigneur a fait le reste. Peut-être instinctivement cherchons-nous dans l’Évangile du merveilleux, de l’insolite, du spectaculaire ? Ce serait une erreur. Rien de tel ici, pas plus d’ailleurs quand Élisée nourrit cent personnes avec le peu de provisions dont il dispose (2R 4, 42-44).

Le mot miracle est-il le meilleur ? En tout cas l’Évangile de Jean lui préfère le mot de signe. La multiplication des pains est l’un des sept signes par lesquels cet Évangile entend dire le mystère de Jésus. Dans nos vies de même, ou autour de nous, peut-être sommes-nous trop portés à chercher du miraculeux, au risque de de ne pas voir les signes que le Seigneur inscrit dans le réel de nos vies, et par lesquels il nous manifeste bien plus réellement sa présence ?

La multiplication des pains…un signe. Mais signe de quoi ? Signe de l’attention de Jésus aux besoins prioritaires de la foule qui l’écoute depuis bien longtemps. Sans doute, mais est-ce suffisant ? Signe de la compassion du Seigneur pour la foule sans Pasteur. Certainement. Signe plus encore que la merveille de l’Exode se continue et s’accomplit. Au désert les foules avaient été nourries par un aliment inconnu jusqu’alors, la manne. Elles le recevaient jour après jour comme venant de Dieu, comme don du Ciel. Mais alors ce pain multiplié ne signifie-t-il pas que le prophète annoncé par Moïse pour l’avenir (Dt 18, 15) est là en la personne de Jésus ? « C’est vraiment lui, le grand Prophète, celui qui vient dans le monde » disent les foules avec raison. C’est lui le Messie.

Malheureusement ces mêmes foules attendent du Messie un rôle politique, qu’il libère Israël du joug romain, qu’il rétablisse l’autonomie politique du royaume d’Israël. Jésus n’est pas venu pour cela. Alors il se retire tout seul, dans la montagne. C’est sur la croix, que le saint Serviteur de Dieu clouera le péché du monde, qu’il apportera la libération à Israël et sauvera le monde.

La multiplication des pains est un tournant dans la vie de Jésus. Présentement les foules ne veulent plus le lâcher tant qu’il n’aura pas dit avec quelle autorité il a accompli ce signe. Jésus le fera dans le discours à la synagogue de Capharnaüm. Ce sera une parole dure à entendre pour l’auditoire, « scandaleuse même pour les Juifs, folle pour les païens, mais porteuse de la puissance de Dieu et de la sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent » (1 Cor 1,23-24).

Nous allons à l’instant rompre le pain, selon le commandement du Seigneur, le pain unique distribué à tous pour que tous nous devenions corps du christ. Comme Pierre, nous pouvons redire dans la foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous savons et nous croyons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69) - 29 juillet 2018

Homélie du 25 juillet 2018 — Dédicace de notre église — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2018

1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs, -

Pourquoi donne-t-on tant de relief à la fête de la dédicace d’une église, comme la célébrons en ce jour, ici à la Pierre qui Vire ? Parce que nous avons conscience que cette maison de prière est un lieu de grâce et de travail à la fois. Lieu de grâce car Dieu nous y donne abondamment sa Parole, son Esprit et sa Vie au gré des sacrements vécus et des offices célébrés. Lieu de travail parce que Dieu fait son œuvre en nous les croyants pour édifier le Temple du Saint Esprit, le Corps du Christ.

Les lectures entendues peuvent nous servir de guide pour mieux réaliser ce qui se passe en cette maison de prière. Lors de la dédicace du temple qu’il vient de construire pour le Seigneur, le roi Salomon est conscient du don qui est fait à ce lieu, désormais investi de la présence particulière de Dieu. Salomon s’étonne que Celui que les cieux ne peuvent contenir puisse habiter un espace si réduit. Il redouble de confiance pour lui manifester sa confiance en lui exprimant sa prière. Par 4 fois, il l’invoque en lui disant « écoute ». A la suite de Salomon, nous pouvons nous émerveiller de cette grâce unique de la présence de Dieu qui nous est faite en chacune de nos églises. Dieu est là. Il se donne à rencontrer. Il nous parle et il nous apprend à lui parler. A lui parler même avec audace. A l’insistance de Salomon, fait écho la foi nue des psalmistes qui n’hésitent pas à interpeller Dieu, par leur cri : « Dieu viens à mon aide »…« Pourquoi dors-tu Seigneur »… A leur suite, nous apprenons à lancer nos cris vers Dieu dans l’espérance qu’il ne peut que les entendre. Ici, nous pouvons nous interroger : est-ce si sûr que nous avons cette même audace et cette même confiance en notre Dieu pour lui exprimer toutes nos demandes ? Est-ce que nous savons nous présenter humblement tel que nous sommes pour demander ce dont nous avons vraiment besoin pour notre marche avec lui ? Oui, osons exprimer à notre Père des Cieux nos désirs profonds pour nous-mêmes et pour les autres.

Dans l’évangile, nous voyons Jésus interroger ses disciples et les faire advenir à la Parole qui les traverse… « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Pierre exprime une Parole qui ne vient pas de lui, et qui va le construire lui-même, pour faire de lui la pierre sur laquelle est édifiée l’Eglise. Dans cette maison de prière, comme une grâce la Parole nous est offerte abondamment. Elle nous traverse pour nous faire entrer dans une connaissance qui nous dépasse toujours. Elle bouscule et fortifie en même temps au fur et à mesure que grandit notre connaissance de Jésus, une connaissance plus intime. De même la célébration de l’Eucharistie nous introduit dans l’action de grâce parfaite, celle de Jésus donnant sa vie à son Père. Par elle nous sommes entrainés à aller plus loin nous aussi dans l’offrande de nos vies pour Dieu et pour les autres. Oui en cette maison de prière, la grâce d’une connaissance et d’une union plus intime avec Jésus nous est offerte, pour que le connaissant toujours mieux, nous devenions avec lui, par lui, en lui instrument de salut…

Avec St Pierre, enfin, nous nous émerveillons de cette mystérieuse alchimie spirituelle, si l’on peut parler ainsi, qui se réalise en chacune de nos églises. De toutes de nos personnes rassemblées nait le Corps du Christ. Chacun de nous, fondé dans la foi au Christ, devient une pierre vivante qui, uni aux autres, forme le Temple de l’Esprit Saint. Merveilleux travail de la grâce offert comme une promesse. Dieu a ce projet sur chacune de nos assemblées. Telle est son œuvre dans laquelle il nous introduit gratuitement et à laquelle il nous invite à collaborer. Chaque église est ce lieu où sous la main délicate de Dieu, nous devenons des croyants, des fils de Dieu et des frères en Christ.

Offrons-nous ce matin à cette grâce et à ce travail de notre Père des Cieux réalisé dans le Christ par l’Esprit Saint. Que cette célébration fasse grandir en nous ce désir d’être plus docile dans ses mains. - 25 juillet 2018