vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 21 octobre 2018 — 29e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 29° dimanche du Temps Ordinaire - 21 octobre 2018

Is 53 10-11; Héb 4 14-16; Marc 10 35-45

Homélie du F.Hubert

Texte :

Une fois de plus, l’évangile d’aujourd’hui nous montre, sans complaisance,

combien les disciples, et les Douze eux-mêmes, avaient de chemin à faire,

pour entrer dans le mystère d’anéantissement et de glorification de Jésus.

Après les deux premières annonces de la Passion,

Pierre s’est mis en travers de la route de Jésus, lui faisant de vifs reproches,

et les disciples se sont querellés pour savoir qui d’entre eux était le plus grand.

Maintenant, dans leur montée décisive vers Jérusalem,

Jésus vient de prendre à part les Douze et de leur annoncer pour la 3e fois,

son sort douloureux et sa résurrection.

C’est dans ce contexte que Jacques et Jean viennent le trouver :

« Accorde-nous de siéger, l’un à droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

Les « fils du tonnerre » ne manquent pas de grands désirs, ni d’audace !

Avons-nous comme eux, cet immense désir d’être un avec le Christ et de partager sa gloire ?

Sommes-nous désireux de la vie étincelante, glorieuse qu’il est venu nous donner ?

Ou sommes-nous recroquevillés dans l’étroitesse de nos vies, sans regard fixé sur la Promesse ?

Jésus, qui avait coupé court aux remontrances de Pierre, ne repousse pas Jacques et Jean.

Leur demande, toute imparfaite qu’elle soit, ne constitue pas une tentation pour lui.

Ils ne lui barrent pas le chemin.

Il se met à les enseigner et va jusqu’à confirmer la part qu’ils auront dans son chemin pascal :

« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;

vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Mais « siéger à sa droite ou à sa gauche, il ne lui appartient pas de l’accorder :

il y a ceux pour qui ces places sont réservées. »

Dans le Royaume, dans l’abîme de l’amour infini du Dieu Trinité,

il n’y a pas de première et de dernière places, chacun est unique,

et Dieu se donne totalement à chacun.

Alors, pour qui ces places sont-elles préparées ? Pour les plus petits, les serviteurs.

« Parmi les hommes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ;

et pourtant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »

La mère de Jésus n‘est-elle pas la première, au-dessus de tous ?

Eh bien, « quiconque fait la volonté de son Père, voilà son frère, sa sœur, sa mère. »

L’amour de Dieu est déborde toutes nos manières de penser !

Dans l’Apocalypse, l’Esprit dit aux Eglises :

« Ainsi parle le Témoin fidèle et véritable :

le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône,

comme moi aussi j’ai remporté la victoire et suis allé siéger avec mon Père sur son trône. »

Nous voilà appelés, non seulement siéger à sa droite et à sa gauche,

mais à siéger avec lui sur son propre trône, comme lui, il siège avec son Père sur son trône.

Ceci n’est pas seulement pour Jacques et Jean, ou les Douze, mais pour tout « vainqueur » :

le plus petit d’entre nous qui aura fait la volonté du Père et servi ses frères.



N’ayons pas d’ambition pour nous-mêmes, sans en avoir autant pour les autres, pour tous.

Tout dans le Royaume ne sera que don et accueil.

La gloire de la victoire du Christ sera notre gloire,

et la gloire de nos frères et sœurs rejaillira sur nous, comme la nôtre sur eux.

Notre gloire sera d’avoir été aimés jusqu’au cœur de la coupe et du baptême que le Christ a acceptés.

Apprenons donc le chemin ; Jésus est le seul chemin.

Soyons témoins du Dieu serviteur.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Nous servir.

Nous tous qui ne l’ont pas accueilli. Il offre sa vie pour nous.

Ayons le grand désir de partager sa seigneurie,

mais apprenons qu’elle est d’humilité, de service et d’amour.

Puissions-nous aimer comme il nous a aimés,

assumer, à notre mesure, avec lui, la haine et le péché, sans nous départir de l’amour,

afin que tout homme se heurte en nous, unis à lui, à un amour plus vaste que les ténèbres.

« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce. »,nous disait la lettre aux Hébreux.

Laissons Jésus nous apprendre à être évangélisateurs, missionnaires,

en devenant semblables à lui, serviteurs les uns des autres avec grâce, dans son Esprit.

« Seigneur, fais-nous vouloir ce que tu veux,

et servir ta gloire, et celle de nos frères,

d’un cœur sans partage. » Amen ! - 21 octobre 2018

Homélie du 18 octobre 2018 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

St Luc - 18 Octobre 2018

2 Tim 4 9-17; Luc 10 1-9:

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Le règne de Dieu s’est approché de vous »… quel message étonnant, quel mystère à proclamer !! C’est le même message que Jésus a annoncé et qu’il confie maintenant à ses disciples afin qu’ils en poursuivent l’annonce… Ce message est bref. On aimerait savoir davantage ce qu’il faut dire… Non rien que ces paroles. Mais à l’inverse, Jésus est beaucoup plus explicite sur la façon de dire ce bref message, comme si la façon comptait plus que le message lui-même, comme si l’approche demandait plus de soin que les paroles… Jésus délivre alors une sorte de charte du missionnaire : prier d’abord. Prier pour entrer dans le désir du Père de voir se lever des ouvriers qui aillent à la rencontre des hommes en son nom. Prier pour qu’il éveille comme il l’a fait en nous la conscience de son amour qui ne peut que pousser à partager cet amour. C’est ce que nous aimons faire chaque 3° dimanche du mois en fin d’après-midi… Ensuite Jésus recommande de s’avancer comme des agneaux au milieu des loups. Il nous recommande par-là de ne pas avoir peur de notre vulnérabilité, et d’être conscient que l’annonce de l’évangile nous fera rencontrer des obstacles, voire des persécutions. N’a-t-il pas été lui, l’Agneau de Dieu qui offrant sa vulnérabilité a pris sur lui le péché du monde ? Puis Jésus réponds aux questions spontanées que tous nous nous posons : que faut-il emmener, comment s’organiser pour tenir ? La réponse est surprenante : rien, rien emmener, et faire confiance à ce qui sera donné. Autrement dit, renoncez aux sécurités, au désir de maitriser, faites confiance en Celui qui est avec vous et dans les hôtes qui accueilleront et fourniront le nécessaire. Le Royaume à signifier n’est pas au bout de nos efforts de maitrise. Enfin, celui annonce le Royaume est porteur de paix : « paix à cette maison » et aussi de bonheur en apportant la guérison aux malades… La paix et la guérison réconfortent ceux qui accueillent le Royaume et son mystère de Vie….

Frères et sœurs, quand Jésus laisse cette charte du missionnaire, que fait-il sinon nous laisser sa propre ligne de conduite ? Ainsi il a vécu, ainsi il a voulu nous montrer que le Royaume s’est approché de nous. Il l’a fait en étant vulnérable, disponible, sans défense, sans moyens puissants. Ne pouvait-il pas mieux nous signifier ainsi combien Dieu qui désire se faire proche de chacun, vient à nous comme un mendiant, comme un Père qui ne veut surtout pas nous effrayer, mais nous réconforter, nous guérir…nous sauver de l’isolement mortel.

En cette eucharistie, rendons grâce et célébrons notre Dieu tout proche en Jésus, qui ne cesse de s’approcher de nous afin de sauver notre humanité. ( 18 octobre 2018)

Homélie du 14 octobre 2018 — La Croix glorieuse — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 28ème Dimanche du Temps Ordinaire – 14 octobre 2018

Sg 7,7-11; Hé 4,12-13; Mc 10,17-30

Homélie du F.Damase

Texte :

Dans l’Évangile de Marc, que nous venons d’écouter deux thèmes sont entrelacés : Le thème primitif concerne l’incrédulité des Juifs et le second se rapporte à la difficulté d’entrer avec des richesses dans le Royaume de Dieu. Regardons-les séparément.

Jésus rencontre l’opposition grandissante des Juifs ; il est en route vers Jérusalem où il sera mis à mort. Il faut s’en souvenir pour comprendre son invitation : « viens et suis-moi ! ».

Le jeune homme de cet Évangile présente à Jésus une question importante que tous nous portons au cœur : « Comment avoir en héritage la vie éternelle ? » ou « Comment être sauvé ? » Cependant, le jeune homme s’adresse à Jésus en l’appelant « bon maître » ; donc il le traite comme un rabbin parmi d’autres. Il se réserve le droit de juger – d’accepter ou de refuser son enseignement.

En rappelant que Dieu seul est bon, Jésus implique déjà que sa réponse sera un commandement qui exige une action plutôt qu’une discussion.

Jésus rappelle au jeune homme le noyau central de la Loi. Il ne cite que les préceptes qui se rapportent au prochain. Il indique ainsi clairement que la vie éternelle n’est pas une vie après la mort, mais bien le règne de Dieu commencé dès ici-bas dans la justice et la charité. Le jeune homme - un peu piqué par cette réponse - ajoute en bon pharisien: « J’ai fait tout cela depuis ma jeunesse ». J’ai une bonne conscience. Alors, cette attitude légaliste est contrée par Jésus : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres... puis viens et suis-moi ».

À ce moment il devient évident que les questions du jeune homme n’étaient qu’un paravent. Lorsqu’il est invité à laisser de côté ses questions morales, pour rencontrer et suivre Jésus, il se retire. En définitive, croire et être sauvé signifient s’attacher à la personne de Jésus... même lorsqu’il marche droit vers sa mort.

À ce premier thème s’en rattache un second – celui que personne ne peut s’attacher à Jésus s’il n’est pas détaché de tout autre chose ou personne. Ainsi le jeune homme ne pouvait pas s’attacher à Jésus parce qu’il ne pouvait pas abandonner ses richesses pour suivre Jésus.

La leçon de la première partie de ce récit est que le salut est un don gratuit de Dieu. « Qui peut être sauvé ? » La réponse de Jésus est que cela est impossible aux hommes – qu’ils soient riches ou pauvres. Ceux qui peuvent être sauvés sont ceux que Dieu sauve.

Aux hommes, c’est impossible. Mais Dieu offre toujours cette possibilité. Cependant, pour recevoir ce don, on doit créer en soi un vide qui aspire à être comblé.

Jésus répéta sans cesse ce message : « Amen, Amen, je vous le dis, à moins qu’un grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit. » .

Et encore lorsque Jésus montant vers Jérusalem, dit à son disciple : « viens et suis-moi . N’emporte : ni or, ni argent, ni bâton, pas de sac pour la journée, pas de tunique de rechange, pas de sandale.

Cet évangile raconte l’histoire de l’appel d’un homme par Jésus. Jésus appelle toujours chacun par son propre nom.

Chacun d’entre nous doit découvrir cet appel personnel. Mais, parce que nous sommes tous appelés au salut, nous sommes aussi tous appelés à atteindre sous une forme ou une autre un authentique détachement de tout. - 14 octobre 2018

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Homélie du 07 octobre 2018 — 27e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B - 27° Dimanche du Temps .Ordinaire -. 7 Octobre 2018

Gn 2.18 .. 24 Hé 2, 9c ... 11 Mc 10,2-16

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Cet Evg nous montre qu'Il y a 2000 ans poser une question sur le mariage était déjà « une mise à

l'épreuve» ce mariage qui concerne un homme et une femme, qui, de nous jours, ne semble plus évident

pour tout le monde.

Cet Evg nous met en face d'un piège tendu à Jésus ... Il y répond en revenant à l'essentiel: Dieu a

voulu l'homme et la femme. Dieu a voulu qu'ils deviennent une seule chair, et le verset de l'Alleluia

d'aujourd'hui nous rappelle que nous sommes faits pour aimer... car Dieu est amour.

« Alléluia si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et en nous son amour atteint la

perfection Alléluia»

Aimer en vérité, peut se révéler un chemin difficile, ... Nous avons besoin d'aimer et d'être aimés et

nous sommes comme paralysés, par l'endurcissement du cœur humain. La Loi de Moïse en tenait déjà

compte: « C'est en raison de votre endurcissement et de la dureté de votre cœur, que Moïse a établi la

répudiation. »

Le thème de l'endurcissement du cœur de l'homme, comme celui du peuple élu à la nuque raide, est

illustré par un cortège d'unions brisées, d'adultères, de polygamies, qui traversent l'ensemble de la Bible, et

parfois Dieu ne semble pas s'en scandaliser, car plusieurs de ces infidélités s'insèrent dans l'histoire du

salut, notamment dans la généalogie de Jésus.

Cette patience de Dieu envers les faiblesses humaines ne montre-t-elle pas ce que notre Pape François

a souvent relevé, à savoir ... Qu'il est une autre manière de nommer le commandement divin de l'amour du

prochain c'est en parlant de la miséricorde et du pardon.

Le mariage chrétien est bien plus qu'une simple entreprise humaine ....

Jésus en appelle à l'intention originelle du créateur en présentant l'union de l'homme et de la femme comme

une base solide... sur laquelle l'humanité doit s'édifier et non se détruire. L'homme et la femme voulus à

l'image de Dieu, ne feront qu'un ... ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas.

. .

Mais .. la réalité est là ! ... En 2017, 187 divorces ont été prononcés chaque jour..

V écus pour beaucoup comme un échec profond, un véritable séisme, une remise en cause totale de la

personne et de son avenir qui engagent tout à la fois époux et enfants ...

Quelles souffrances ils supposent. .. que de drames ils révèlent, dont les enfants sont les premières victimes.

Des médias catholiques ont souvent transmis, ces appels de détresse venant de divorcés demandant le

secours de l'Eglise ... Remariés, n'ayant aucune vocation au célibat, c'est dans l'amertume qu'ils entendent

à la messe cette parole « Heureux les invités au repas du Seigneur ». On peut comprendre que beaucoup

d'entre eux s'éloignent alors définitivement de l'Eglise entrainant avec eux leurs enfants.

C'est pourquoi, Frs et Srs, que cet Evg soit un point fort de notre Prière,... Afin que la situation de milliers

de couples et d'enfants en détresse trouve dans l'Eglise des solutions courageuses, qui s'inscrivent dans des

orientations décisives, des résolutions ... concrètes ..., effectives .... qu'oriente à sa façon la finale

magnifique de l'Evg :

« Laissez les enfants venir à moi, le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. »

l'Evg nous présente ainsi l'attitude dont l'Eglise doit s'inspirer: celle des enfants.

Ces enfants qui sont sans cesse en évolution, sans cesse en changement. .. ils gardent la route ouverte .. .ils

ne s'orientent pas fixés sur le passé. .. Remplis de confiance ... ils saisissent la main de l'avenir qui se

présente Heureux ceux qui leur ressemblent, le royaume de Dieu est à eux - 7 octobre 2018

Homélie du 30 septembre 2018 — 26e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

année B, 26ème dimanche du T.O.,30 septembre 2018

Nbre 11 25-29, Jacq 5 1-6, Marc 9 38-43, 47-48

Homélie du F.Bernard

Texte :

Les paroles de Jésus qui suivent les trois annonces de la Passion-Résurrection, dans les Synoptiques, sont particulièrement importantes. Celles que nous venons d’entendre prolongent la deuxième annonce de cette Passion –Résurrection dans l’Évangile de Marc. Elles ne sont pas nécessairement en lien très étroit les unes avec mes autres, et ont pu être prononcées en des moments différents de la vie de Jésus. Mais peu importe !

Retenons en deux ce matin. Et d’abord cette parole étonnante d’optimisme : « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». Jean, l’Apôtre, a voulu empêcher un étranger au groupe des disciples d’opérer des exorcismes, de chasser les démons au nom de Jésus. Le Seigneur a immédiatement réagi : « Ne l’empêchez pas ».

De même, au temps de l’Exode, quand Josué avait voulu empêcher deux anciens d’Israël de prophétiser sous le prétexte qu’ils n’étaient pas avec les autres anciens dans la Tente de Réunion, Moïse l’avait repris ; il s’était écrié : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout le peuple un peuple de prophètes ».

« Qui n’est pas contre nous est pour nous. » Cette parole caractérise peut-être plus particulièrement la communauté chrétienne de Rome, sans doute très accueillante au monde païen qui l’entourait, en dépit des grandes persécutions qu’elle avait subies dans les années précédentes.

« Qui n’est pas contre nous est pour nous ». Sans doute ne s’agit-il pas de donner une étiquette de chrétiens anonymes à ceux qui nous entourent, mais de reconnaitre tout ce qu’il peut y avoir de bon, de beau, d’honnête en eux, dans la conviction que tout cela contribue de quelque manière à la construction du Royaume. Dans l’encyclique du pape, Laudato Si, que le père abbé nous commente actuellement le matin, celui-ci nous invite à redécouvrir la fraternité universelle entre tous les hommes, car nous avons un Père unique, notre Dieu. Et il poursuit : « L’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, se manifeste dans toutes les actions qui essayent de construire un monde meilleur, un monde où règne l’idéal d’une civilisation de l’amour » (LS 230-231).

Peut-être peut-on aussi entendre en écho à la Parole du Seigneur ces mots magnifiques extraits d’une hymne qui célèbre l’Église ? « Ville imprenable, ouverte à tous. Ville sans armes, sans défense que nul empire ne soumet, Cité de veille sur le monde. Son espérance prend en compte le cri du pauvre, du captif. On y entend la voix du Fils, et mille voix qui lui répondent ».

Oui ! Nous voulons présenter au Seigneur tout le bien dont nous sommes les témoins, d’où qu’il vienne, et le mettre en œuvre pour la construction du Royaume.

Mais voici l’autre parole que nous pouvons retenir en ce jour : « Si ton pied, ta main, ton œil te fait chuter, littéralement te scandalise, coupe-le, arrache-le ». L’exigence de Jésus est ici radicale. Nos actes peuvent causer la chute de nos frères, des plus petits. Si nous ne les retranchons pas, ils nous condamneront au jour du Jugement.

La lettre de saint Jacques évoquait à l’instant des situations d’injustice flagrantes : des riches faisant bombance, alors qu’ils ne payent pas le salaire de leurs journaliers. Ces actes blessent le cœur du Christ. Nous sommes prévenus : « Ce que vous n’avez pas fait au plus petit d’entre vos frères, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. »

Ces deux paroles nous font poser un double regard, l’un sur les autres, emprunt d’optimisme : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » ; l’autre sur nous-mêmes, fait d’exigence : « Qui ne vient pas en aide au petit, au pauvre, ne vient pas en aide au Christ, et l’ignore ». Une double parole d’espérance et de vigilance qu’il faut conjoindre. Ces deux paroles, nous les confions au Seigneur. Qu’il renouvelle nos esprits et nos cœurs en cette eucharistie, afin de les mettre plus généreusement en pratique.

Homélie du 23 septembre 2018 — 25e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 25ème dimanche du TO – 23 septembre 2018

(Sagesse 2,12-20; Jacques 3,16 à 4,3 ; Marc 9,30-37)

Homélie de F.Guillaume

Texte :



Frères et sœurs

Les trois textes de la liturgie de ce dimanche que nous venons d’entendre peuvent se comprendre à différents niveaux.

Le premier que je qualifierai de psychologique serait celui d’un tableau des passions humaines composées d’ambition, de rivalités, de manipulation dans une volonté de puissance et de domination sur les autres.

L’extrait du livre de la Sagesse, dans la 1ère lecture, décrit la situation du juste persécuté en raison de sa fidélité à la Loi. Nous sommes au temps de la domination grecque et les notables juifs sont tentés de composer avec le pouvoir païen. La parole de ce juste dérange. Pour le faire taire et l’éliminer, ses adversaires, qui se prétendent des sages, usent de procédés pervers, pour ne pas dire sadiques, afin de l’attirer dans des pièges, le pousser à des reniements, avec des mises à l’épreuve et des menaces de condamnation à mort. C’est ce qu’ont vécu les authentiques prophètes d’autrefois, et en particulier Jérémie, le plus souffrant et le plus persécuté des prophètes, dont la vie et la passion préfiguraient celle de Jésus.

La lettre de Saint Jacques, elle, pointe les jalousies, les tensions et les conflits qui mènent au désordre, au sein même de la communauté des croyants. Ici, c’est l’appétit des plaisirs, les convoitises qui attisent ces passions. Le tableau n’est pas brillant. Il s’étale pour susciter la honte et la confusion des correspondants de la lettre, afin de les conduire à une conversion salutaire.

Enfin, l’évangile de Marc met en avant le goût du pouvoir chez les disciples de Jésus, leur désir de prendre les meilleures places dans le futur Royaume proclamé par leur Maître. Et cela alors même que Jésus vient de leur annoncer pour la seconde fois qu’il lui fallait souffrir, être tué et ressusciter 3 jours après sa mort. Mais dans leur psychologie, cette annonce était totalement incompréhensible, car ils étaient prisonniers de leurs rêves terrestres et politiques.

A un second niveau de lecture, nous pourrions placer ces textes sur un registre moral, du bien et du mal. D’un côté, il y a des bons, des fidèles, des victimes, et nous serions enclins à nous ranger de ce côté, bien sûr. En face, les méchants, les coupables, les pécheurs responsables de toutes les injustices ou des horreurs. Lecture dualiste, par trop simpliste, car nous savons bien que les situations ne sont pas toujours aussi facilement tranchées. La vérité en morale suppose l’exercice du discernement et la juste délimitation des frontières, ce qui est plus subtil en réalité.

Nous sommes alors invités à passer à un niveau plus spirituel, plus théologal. Celui de la vraie Sagesse qui vient d’en Haut, qui est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans hypocrisie, ainsi qu’en parle la lettre de Jacques.

Cette Sagesse, c’est celle que Salomon, jeune roi a demandé à son Dieu, plutôt que la richesse matérielle, ou la victoire guerrière sur ses ennemis. Dans une belle prière, il demandait la sagesse et le discernement afin de gouverner son peuple avec droiture et dans la vérité.

C’est aussi cette Sagesse qui jouait auprès de Dieu, comme un enfant (était-ce déjà celui de l’évangile ?) au moment de la création du monde. Elle faisait les délices du Créateur.

Cette Sagesse s’est peu à peu identifiée à une Personne Divine, en qui les premiers chrétiens ont reconnu le Christ Jésus lui-même, au sein de la Trinité.

Que dit cette Sagesse, Verbe de Dieu, fait chair, venu partager notre condition humaine sur notre terre ? Elle nous enseigne la volonté d’un Père qui nous aime et elle rend témoignage à la Vérité. Mais en disant cela, elle prend à rebours les souhaits trop naturels de l’homme, épris de grandeur, de désir de possession et de domination.

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, et qu’il se fasse le serviteur de tous ! »

En appelant ses disciples à se servir mutuellement, Jésus les invite à se situer sur le plan de l’amour gratuit, et à faire le don de leur vie, généreusement, sans attente de retour, comme lui-même il le fera jusqu’à l’extrême, jusqu’à la mort sur une croix.

Frères et sœurs, ces textes n’ont rien perdu de leur actualité. Nous les entendons alors que notre église catholique vit un moment de crise profonde et grave. Les mots, le vocabulaire peuvent être différents : On dénoncera ainsi volontiers aujourd’hui, le cléricalisme, le consumérisme, le narcissisme ou l’individualisme, que sais-je encore... Mais la réalité des passions en jeu, le discernement moral qu’elles impliquent et qu’il nous faut exercer à leur égard, la nécessité d’une conversion spirituelle sont bien les mêmes qu’aux temps de Jérémie, de l’auteur du livre de la Sagesse, de Jésus ou de Saint Jacques.

Oui, il nous faut retrouver un esprit d’enfance, de sagesse simple et humble, non pas sous un mode infantile et déresponsabilisé mais dans une attitude de confiance, d’abandon et de dépendance de tout-petits face à leurs parents. Nul ne l’exprime mieux que le psaume 130 que nous aimons chanter à l’office et à l’intime de nous-mêmes :

« Seigneur, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Je ne poursuis ni grand dessein, ni merveille qui me dépasse. Non, mais je tiens mon âme, égale et silencieuse. Mon âme est en moi, comme un enfant, un tout-petit enfant contre sa mère. Attend le Seigneur, maintenant et toujours. «

AMEN - 23 septembre 2018

Homélie du 16 septembre 2018 — 24e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 24° Dimanche du temps ordinaire - 16 septembre 2018

1ere lecture : Isaïe 50, 5-9a

2eme lecture : Lettre de Jacques 2,14-18

Evangile selon saint Marc 8,27-35

Homélie de F.Matthieu

Texte :

A la question directe posée par Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », Pierre vient d’oser la réponse la plus décisive que l’on pouvait imaginer à l’époque : « Tu es le Christ. »

On peut être surpris de la réaction de Jésus ; il ne refuse pas le titre, mais aussitôt il donne une stricte consigne de silence. Il est trop tôt pour dire à tous que Jésus est le Christ, parce que ce titre est trop ambigu. Car Jésus est bien le Christ qu’on attend, mais pas du tout comme on l’attend !

C’est ce qu’il va essayer de faire comprendre à ses disciples… et à nous-mêmes : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. »

Pour des oreilles juives, ce discours était complètement paradoxal : au moment même où Jésus acceptait le titre de Christ (Fils de l’homme était un synonyme, mais dans le livre de Daniel, au chapitre 7, il insistait encore davantage sur la gloire et la royauté qui lui était promise), Jésus au contraire annonçait, prévoyait l’échec, la souffrance, la mort… et la résurrection ! Un autre chemin !

‘Christ’, ‘Fils de l’homme’, pas question de souffrance dans tout cela ! Quelle idée ! Pierre s’insurge et il dit ce que tout le monde pense… et nous aussi ! On attendait un Messie-roi, chassant une bonne fois du pays l’occupant romain, triomphant, glorieux, et puissant. Alors ce qu’annonce Jésus est inacceptable, le Dieu tout-puissant ne peut pas laisser faire des choses pareilles !

On pourrait presque intituler ce texte : « Le premier reniement de Pierre », premier refus de suivre le Christ dans la souffrance. Jésus affronte ce refus spontané de Pierre comme une véritable tentation, et d’abord pour lui-même, et il le lui dit avec véhémence : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

À la différence de Matthieu et Luc, Marc n’a pas raconté le détail des tentations de Jésus au désert, mais nul doute qu’il nous en décrit une ici, une particulièrement grave et qui suscite une réaction très vive de Jésus, preuve qu’il doit livrer ici un véritable combat : « voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! »

Pourquoi Marc note-t-il ici que c’est à cause de la présence des disciples que Jésus a réagi de cette manière ? Sinon parce que la méprise de Pierre est d’autant plus grave qu’il risque d’entraîner les autres dans son erreur ? Le titre de Satan (« l’adversaire ») dit bien quel est l’enjeu : comme le Serviteur d’Isaïe de notre première lecture, Jésus est résolu à « écouter » son Père, à se laisser instruire, et à accomplir jusqu’au bout sa mission selon le dessein de Dieu, quitte à subir les outrages, les crachats, les coups.

« Je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. »

Car le plan de salut de Dieu ne s’accommode pas d’un Christ triomphant. Pour que les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité », comme dit saint Paul (1 Tm 2, 4), il faut qu’ils découvrent le Dieu de tendresse et de pardon, de miséricorde et de pitié, et cela ne peut se faire dans des actes de puissance mais seulement dans le don suprême de la vie du Fils : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13). Et il invite à sa suite tous ses disciples, de tous les temps.

Marc note que Jésus, alors, a appelé la foule et poursuivi son enseignement sur les exigences de l’Evangile :

« Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. »

Triste programme ?! Mais non !...

"Perdre sa vie" ne signifie pas d’emblée le martyre. "Perdre sa vie", c'est la donner, la perdre pour soi, mais la donner aux autres, au jour le jour… pour la recevoir en retour comme un don … et donc la "sauver" ! - 16 septembre 2018

Homélie du 09 septembre 2018 — 23e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 23e dimanche TEMPS ORDINAIRE (B) (09/09/2018)

(Is 35, 4-7a – Ps 145 – Jc 2, 1-5 – Mc 7, 31–37)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

les lectures de ce dimanche ont une vraie cohérence car toutes nous parlent du souci de Dieu pour les plus pauvres, les mal-lotis de la vie, les rejetés. C'est un regard d'espérance qui nous est ici offert. Mais aussi une exigence pour tous ceux qui se disent disciples du Christ.

Les paroles du livre d'Isaïe adressées au peuple en exil à Babylone sont pleines d'espérance. Pourtant, on parle de vengeance, de revanche de Dieu. Il est courant de dire que le Dieu de l’Ancien Testament est le Dieu de la violence, de la colère, de la vengeance ...

Or, en quoi consiste ici la vengeance de Dieu ? Il s'agit de sauver son peuple de l'exil. Il s'agit d'ouvrir les yeux des aveugles, les oreilles des sourds et la bouche du muet. Il s'agit de guérir le boiteux et d'aller jusqu'à faire jaillir l'eau dans le désert, de faire couler des torrents dans les terres arides et de transformer la terre brûlante en lac. Bref, il s'agit d'un renversement complet vers plus de vie, infiniment plus de vie. Nous pouvons voir ici que la vengeance de Dieu n'a rien à voir avec nos vengeances humaines destructrices. Ici, la vengeance de Dieu est créatrice de salut, de vie.

Le psaume qui suit la 1ère lecture montre bien de quel côté est Dieu. Du côté des opprimés, des affamés, des enchaînés, des accablés, de l'étranger, de la veuve et de l'orphelin, bref, du côté des gens fragiles et rejetés de la société, du temps.

La seconde lecture n'est pas écrite par un militant marxiste égaré au 1er siècle mais insiste avec force sur l'attention qui doit être portée, dans les assemblées chrétiennes, aux plus pauvres plutôt que de rendre honneur aux plus riches. Et nous savons bien qu'après 2000 ans de christianisme, il y a encore du travail à faire en ce sens.

Quant à l'évangile, il nous montre Jésus en plein territoire de la Décapole, c'est-à-dire en plein territoire païen. Et tout porte à croire que c'est bien un païen que Jésus guérit. Ce qui ne devait pas manquer de surprendre ceux qui étaient persuadés que le Messie leur était réservé, qu'il était en quelque sorte leur propriété. Pour eux, les païens étaient certainement des gens à éviter et le Christ contredit fortement leurs évidences.

Frères et sœurs, nous connaissons ces textes. Nous les avons sans doute déjà entendus de nombreuses fois. Et pourtant, la réalité montre que la répétition liturgique de ces textes est plus que nécessaire.

Nous le savons bien, il ne manque pas de personnes pour penser que des prêtres, des évêques ou le pape François s'occupent trop de questions sociales et pas assez de questions spirituelles. Qu'ils sont un peu naïfs dans leurs demandes répétées d'accueil des migrants, de plus de justice pour les plus pauvres. Peut-être avons-nous pris l'habitude, pour garder bonne conscience devant les scandales de notre monde, d'aseptiser les écritures saintes et leur contenu. De ne retenir que ce qui nous arrange et nous évite de remettre trop en cause nos modes de vie.

Mais les lectures d’aujourd’hui nous montrent bien que Dieu est du côté de ceux qui sont fragiles, rejetés, méprisés. Nous avons écouté des textes qui sont certainement à l'arrière-fond de la pensée du pape François et de beaucoup de chrétiens qui travaillent à faire évoluer les mécanismes de notre monde. Mécanismes qui maintiennent une majorité des gens dans la pauvreté ou l'exclusion. Le problème, c'est que ni les Écritures, ni le pape ne donnent de recette concrète pour agir aujourd'hui. Nous avons à utiliser notre imagination, notre savoir-faire, notre cœur aussi. Il ne s'agit pas de bouleverser toute la société. Cela ne fera que nous décourager. Il s'agit d'agir là où nous sommes. Nous informer sur ce qui est possible de faire pour qu'il soit fait justice aux opprimés, que le pain soit donné (de façon durable) à tous, que les étrangers soient protégés ...

Tout n'est pas possible mais Dieu compte sur nous. C'est par nous qu'Il compte passer pour accomplir sa volonté.

Dimanche dernier, l’épître de Jacques nous disait : « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. »

Le Seigneur compte sur nous, et sans doute que si nous acceptons de nous mettre en route sur ce chemin difficile de conversion de nos habitudes de penser et d'agir, nous découvrirons que des chemins de bonheur s'ouvrent également pour nous.

AMEN

Homélie du 02 septembre 2018 — 22e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 22e Dimanche du temps Ordinaire - 2 septembre 2018

Deut. 4, 1-2, 6-8 Jacques 1, 17-18, 21b-22, 27 Marc 7, &-8, 14-15, 21-23

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Des lectures que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir et vous proposer un mot : « intérieur ». Jésus, affronté à des critiques virulentes concernant des pratiques rituelles, renvoie à l’intérieur. Non pas que les rites soient indifférents (« il faut des rites » disait le Renard au Petit Prince), mais pour être signifiants, ils doivent procéder du cœur et reconduire au cœur. Ils sont au service de l’Eglise, Corps du Christ, s’offrant à Dieu avec lui. S’ils sont détachés de cette intention intérieure, s’ils deviennent pure loi liturgique, ils demeurent stériles. Mais s’ils expriment l’amour du Christ pour son Père et pour les hommes et le souci pour nous d’y participer, alors, à leur place, ils construisent ce que le pape Paul VI appelait l’Eglise de la Charité.

Or en fait, dit Jésus, le cœur de l’homme, des hommes est malade. Il fait une liste de tout ce qui l’encombre et crée du malheur. Il y a douze mots négatifs dans ce texte qui touchent à l’argent convoité, à la sexualité non maîtrisée, à l’orgueil. Ils provoquent, l’Ecriture le dit ailleurs, la désunion, l’opposition, les guerres de toute nature, ils détruisent.

N’avons-nous pas là une clef de lecture pour évaluer les difficultés de notre monde qui semblent aller s’additionnant et mettent parfois à l’épreuve notre espérance ? En lisant ou en écoutant les nouvelles de ce monde en ce moment, nous avons l’impression que, une fois de plus, se réalise la description du

prophète Isaïe au début du livre :

Toute tête est malade, tout cœur exténué

De la plante des pieds à la tête, rien d’intact ;

Blessures, plaies récentes ni nettoyées ni bandées, ni adoucies avec de l’huile

Votre pays est désolé, vos villes dévastées

Votre terre devant vous, des étrangers la dévorent

Elle est désolée et comme bouleversée par l’envahisseur » (Is. 1, 6-7).

Ceci concerne les pays, les continents, les religions, les christianismes, et nous voyons aujourd’hui, en ce moment, que notre Eglise catholique n’est pas indemne, loin de là. Nous avons peur pour nous, mais davantage peut-être pour la jeunesse : quel peut être son présent, son avenir ?

Il me semble que cette situation présente est un appel très concret, que chacun d’entre nous doit entendre : retourner au cœur, vérifier notre cœur. Je ne peux pas changer la face du monde, mais je peux essayer d’améliorer la mienne. Reprendre chacun des mots de la liste que nous avons entendue, et voir si et en quoi elle me concerne. Prier pour obtenir la lucidité qui fait voir, le courage qui permet la lutte. Comprendre que, autour de moi, il y a des gens qui attendent ces progrès et pourront en vivre.

Mais aussi, épeler une d’autres listes, positives celles-ci, et voir de même ce qui leur correspond en nous. Voici celle de la lettre aux Galates, que nous lisons en ce moment à l’Office divin ici à la PQV : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ». Cela aussi, grâce Dieu habite le cœur de l’homme. Ce sont des fruits de l’Esprit, répandus en nous au baptême et qui ne nous ont jamais été retirés. Et ceux-là aussi sont à l’œuvre dans le monde, et pas seulement chez les chrétiens. Il est important, je crois, de reconnaître comment ils sont à l’œuvre, eux aussi, en nous, en moi, dans les gens alentour.

Le combat du monde, si on va au fond des choses, n’est pas affaire de chair et de sang, mais d’affrontement des cœurs. Les nouvelles des journaux sont en réalité le compte-rendu de ce combat invisible des cœurs. Il ne nous appartient pas, à chacun, de changer tout le cours des choses, mais nous pouvons, en écoutant le cœur spirituel qui nous habite, mettre quelque chose en route ou soutenir quelque chose de vrai.

Les propos que je vous tiens ce matin sont le fruit de la méditation douloureuse que les événements actuels de la vie de l’Eglise ont suscité en moi et que je partage avec vous. Comment réagir sainement, sinon en examinant notre cœur, en rejoignant les cohortes invisibles d’hommes et de femmes de bonne volonté qui vivent bien, dans la persévérance et l’espérance ? Je pense que, par là, nous pouvons être, dans notre petitesse, à la hauteur de la conjoncture. C’est pourquoi je nous invite à prendre le temps d’examiner devant Dieu où en est votre cœur afin que, malgré les apparences contraires, l’évangile grâce à vous progresse en ce monde. - 2 septembre 2018

Homélie du 26 août 2018 — 21e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 21e Dimanche du Temps Ordinaire - 26 aout 2018

Jos 24 1-18 ; Eph 5 21-32; Jean 6 60-69

Homélie du F.Hubert

Texte :

Au début de l'évangile de Jean, Jésus dit à ses premiers disciples: « Vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l'homme. »

Peu après, il dit à Nicodème : « Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel,

le Fils de l'homme. »

Plus loin encore, Jean-Baptiste affirme : « Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu'il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. »

« Le Verbe est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. » Voilà bien tout l’enjeu de l’Evangile de Jean.

L’évangile de Jean, c’est l’histoire du rejet du Verbe fait chair, et le témoignage de sa victoire, car nul ne peut prendre la vie de celui qui la donne.

Nous qui sommes venus ce matin célébrer son eucharistie, nous désirons le recevoir, recevoir son témoignage, la vie qu’il nous offre ; apprendre de lui comment devenir enfants de Dieu.

« A qui irions-nous ? » Être disciple est un chemin vers un mystère toujours à creuser, pour trouver la vérité et la vie, la lumière et la source, la nourriture de vie éternelle.

Dans le discours de Capharnaüm qui nous a été offert ces derniers dimanches, Jésus affirme : « Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel... Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

La foule était prête à l’enlever pour en faire son roi, après qu’il ait multiplié les pains ;

elle disait : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »

Mais ensuite la parole de Jésus devient source de scandale : « Cette parole est rude. Qui peut l’entendre ? »

Non seulement la foule se retire, mais « beaucoup de ses disciples s’en retournèrent

et cessèrent de l’accompagner. »

« Comment peut-il dire : « Je suis descendu du ciel” ? » « Comment peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus leur dit alors : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. »

Oui, frères et sœurs, celui qui est descendu du ciel est la Parole de vie, le Verbe qui témoigne de Celui qui l’a envoyé, celui qui nous dit en vérité qui est Dieu et qui nous sommes, celui qui nous révèle où est le chemin de la vie.

Il nous révèle que Dieu est celui qui n’est que don,

et que le seul chemin de la vie est celui du don de soi.

« Si tu savais le don de Dieu ! » Dieu se donne à nous sans mesure.

Pour que cela soit possible et ne nous écrase pas, lui qui est Dieu, il s’est fait chair ;

et s’étant fait chair, il s’est fait pain,

pour que nous puissions nous nourrir de lui et devenir son corps.

Il s’est fait pain pour nous transformer. Pour transformer le monde.

L’eucharistie nous est donnée pour que nous devenions images de Dieu, reflet de Dieu les uns pour les autres.

Dieu se donne à nous pour que nous devenions don.

Pour cela, il choisit le moyen le plus humble : il se fait pain, nourriture accessible à tous.

Pain rompu, offert, partagé, en surabondance.

La fraction du pain, avant la communion, est un signe essentiel : nous recevons, même avec une petite hostie prédécoupée, un pain rompu, brisé, partagé.

Ce pain fait de nous son corps, pain pour les autres, offert et partagé lui aussi.

Là est notre vie, là est la vie du monde, là est notre être d’enfants de Dieu.

Le corps livré, le sang versé du Christ nous sont donnés pour que nous devenions humblement les uns pour les autres une offrande vivante.

« Ceci est mon corps, livré pour vous » : « Cette parole, écrit sr A. Lécu, désigne l'hostie, en laquelle Jésus s'efface, mais tout autant son Église qui va la recevoir,. Ces mots nous désignent. A leur tour nos vies sont prises, bénies, rompues, données, pour la multitude. …

L'amour reçu nous transforme en capacité d'amour donné. »

Nous allons manger et boire, non une chose mais une présence,

la chair du Christ vivifiée par l’Esprit qui fait vivre.

Ce langage est folie, mais la folie de Dieu est plus sage que les hommes.

Allons-nous demeurer disciples, continuer de marcher avec Jésus,

pénétrer plus avant dans son mystère, dans notre mystère,

ou partir, nous tenir à distance ?

Si avec Pierre, nous proférons ces paroles : « A qui donc irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle », faisons-le humblement : pas plus que Pierre, nous sommes capables par nous-mêmes de donner notre vie pour le Christ et pour nos frères.

Alors, recevons la Parole, recevons le pain vivant, porteur de l’Esprit,

pour peu à peu donner notre vie à la suite du Christ.

Dès aujourd’hui, le Fils de l’homme, descendu ciel, venu chez les siens, et remonté là où il était auparavant, nous fait demeurer avec lui. - 26 aout 2018