Homélies
Liste des Homélies
Année B - PENTECÔTE
20 MAI 2018 -
Ac 2, 1-11; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26...16,15
Homélie du Père Abbé Luc
« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière ». Telle la promesse que Jésus fait à ses disciples, et à nous aussi frères et sœurs : nous conduire dans la vérité toute entière. A ses disciples, durant sa vie terrestre, Jésus avait dit : « suivez-moi, venez à ma suite ». Mais au moment où Jésus quitte cette terre pour aller vers le Père, comment suivre Jésus qu’on ne verra plus, comment écoutez sa parole ? « L’Esprit de Vérité rendra témoignage en ma faveur, il vous conduira dans la vérité toute entière », nous assure Jésus. Dans un autre passage, Jésus annonce que l’Esprit Saint nous fera souvenir de tout ce qu’il a dit (Jn 14, 26). Oui, désormais, à la suite de Jésus ressuscité, l’Esprit Saint est notre guide, notre maitre intérieur pour nous rappeler les paroles de Jésus, pour nous les faire comprendre, et nous conduire dans la vérité toute entière. En cette fête de Pentecôte, réjouissons-nous de ce don de l’Esprit qui nous est fait, et en Eglise et personnellement.
Si on regarde en arrière, nous pouvons mesurer combien depuis 2000 ans, l’Esprit Saint n’a cessé de conduire l’Eglise vers la vérité toute entière. Peu à peu, à travers la réflexion des théologiens, assumée par les conciles, l’Eglise a mieux compris le mystère de Dieu, en sa vie trinitaire qui unit le Père au Fils dans l’Esprit. Peu à peu, l’Eglise est entrée dans une intelligence plus profonde du mystère du Dieu Amour, plein de miséricorde pour les hommes que nous sommes. L’Esprit l’a conduit au gré des tâtonnements et des impasses humaines, sans jamais l’abandonner dans les ornières où elle pouvait être tombée. Peu à peu, l’Eglise s’ouvre à une autre façon de comprendre son rôle dans l’histoire et dans le monde, comme une Eglise servante et pauvre, tournée vers tous. A l’écoute des aspirations des hommes, le concile Vatican II a tracé de nouvelles perspectives d’ouverture, de dialogue pour aller à la rencontre des autres religions. Certains ont pu craindre qu’on ait changé l’évangile. Mais comme le disait St Jean XXIII, « ce n’est pas l’évangile qui a changé, c’est nous qui commençons à mieux le comprendre ». Oui, l’Esprit Saint conduit l’Eglise et l’humanité vers la vérité toute entière. Une vérité qui dépasse toujours nos vues limitées. Comme la première lecture le suggère en forme de prophétie, l’Esprit conduit son Eglise pour qu’elle aille à la rencontre de tous les peuples, de toutes les cultures, afin de rendre témoignage de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. Dans la rencontre des cultures, l’Eglise grandit dans la compréhension de la vérité dont elle est porteuse, vérité qui la dépasse et qu’elle cherche toujours elle-même à mieux accueillir. Immense travail, et immense confiance de l’Esprit pour les pauvres instruments que nous sommes.
Chacun aussi personnellement, l’Esprit Saint nous conduit vers la vérité toute entière, la vérité que nous sommes et que nous portons en creux. Une des quêtes profondes de tout homme pourrait se résumer dans l’adage de la Grèce antique, qui a inspiré les philosophes : « connais-toi toi-même »… Nous restons un mystère pour nous-mêmes et nous cherchons à mieux nous connaitre. Sur ce chemin, l’Esprit Saint s’offre comme un guide sûr. Paul nous invite à nous mettre sous sa conduite. Si en nous, se vit parfois un affrontement entre les forces obscures et les forces de lumière, Paul nous révèle que l’Esprit Saint est à l’œuvre pour produire en nous « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi »… Notre vérité profonde n’est pas du côté des forces obscures qui nous abaissent, nous divisent intérieurement et collectivement, ou encore du côté des forces qui nous avilissent. Notre vérité profonde est à chercher et à accueillir du côté de tout ce qui nous établit dans la paix, dans la joie, du côté de tout ce qui nous relit aux autres pour tisser la communion dans la reconnaissance des dons de chacun. Notre vérité profonde est moins du côté de l’affirmation de soi que du côté de l’humble présence aux autres pour apporter sa pierre à l’édifice. La lutte est parfois difficile, car les choses sont souvent mélangées. Il nous faut discerner. Travail incessant à reprendre chaque jour. Pour entrer dans cette vérité, tournons nos regards vers Jésus. Sa vie a été toute entière sous la conduite de l’Esprit Saint. Elle a produit « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi ». Regardons tant de témoins de l’évangile qui ont laissé transparaitre dans leur vie la douce et forte présence de l’Esprit. Demandons encore à l’Esprit Saint d’être notre guide. Il nous est offert en cette eucharistie. - 20 mai 2018
Année B - HOMELIE du 7ème dimanche de Pâques - 13 mai 2018
(Actes 1, 15-26 ; 1 Jean 4, 11-16 ; Jean 17, 11-19)
En cette dernière semaine du Temps Pascal et ces 10 jours qui encadrent les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte, la liturgie de l’Eglise nous invite de manière plus insistante et fervente à prier pour la venue de l’esprit, en chacun de nous, sur nos communautés et sur le monde entier.
Dans la seconde lecture, nous avons entendu Saint Jean nous dire : « voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous. Il nous a donné part à son Esprit ». Avoir part à l’Esprit de Dieu qu’est-ce à dire ? Comment caractériser cette participation à la vie divine ? Le passage du 4ème évangile, reprenant la grande prière de Jésus à l’heure de sa Passion peut nous guider et nous éclairer dans notre recherche. Je relèverai 3 aspects que cette prière solennelle souligne à propos de l’esprit : l’Esprit de Dieu est un esprit de Sainteté, c’est un esprit d’Unité et enfin un esprit de Vérité.
En commençant sa prière Jésus s’adresse à son Père en le nommant : « Père Saint », et c’est ainsi qu’il a appris à ses disciples à prier Dieu, comme lui : Abba Père, que ton Nom soit Saint, sanctifié. La prière eucharistique que nous allons offrir dans un instant commence elle aussi, après les chants de la Préface et du Sanctus (Dieu 3 fois saint) par les invocations : « Toi qui est vraiment Saint, toi qui es la source de toute sainteté » ou bien « Tu es vraiment Saint, Dieu de l’Univers, c’est toi qui sanctifie toute chose par ton Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur, avec la puissance de l’Esprit Saint ».
La Sainteté, c’est donc le propre de Dieu, et Il veut que nous soyons saints, comme lui-même est Saint . A une époque ancienne, la sainteté était assimilée au sacré : elle séparait les lieux (pensons au sanctuaire, au Saint des Saints du Temple de Jérusalem) et les personnes (les prêtres, le Grand Prêtre, les lèvites qui étaient séparés du Peuple). Avec la venue de Jésus, le Saint de Dieu par excellence, la sainteté est répandue sur chacun des baptisés qui reçoit l’Esprit en rémission de ses péchés et le fait accéder à la vie nouvelle en Christ Ressuscité. Désormais, les disciples peuvent se nommer entre eux, saint, et tous les croyants sont appelés par vocation à la sainteté, ainsi que l’a vigoureusement souligné un chapitre de la Constitution du Concile Vatican II sur l’Eglise. Eglise peuple de Dieu, peuple de saints : c’est aussi ce que vient de nous rappeler le pape François dans une récente exhortation apostolique : « Jubilate et exultate ».
Esprit de Sainteté, mais aussi Esprit d’Unité. « Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le Nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient Un, comme nous-mêmes, nous sommes Un, Toi en moi et Moi en Toi » Nous touchons là au grand mystère de la Trinité, ou de la Tri-unité, comme le désignait un théologien du siècle dernier, le Père Congar. Un mystère qui dépasse notre intelligence et notre sagesse humaine, mais qui est le cœur de notre foi chrétienne. Avoir part à l’Esprit de Dieu, c’est entrer dans une communion de personnes divines, communion d’amour entre le Père et le Fils, communion personnifiée elle-même dans l’œuvre de l’Esprit.
Jésus ne prie pas son Père pour lui-même, alors que son existence terrestre va s’achever dans la détresse, dans peu de temps, sur la Croix. A l’heure de sa Passion, il prie pour ses disciples, pour ceux que Dieu lui a confiés, eux qui vont rester dans le monde et qui sont soumis à l’esprit du monde, opposé à la sainteté et à l’unité : « je ne prie pas pour que Tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde ».
L’esprit de sainteté, d’unité ne peut s’entendre avec la mondanité, la division et la dispersion. C’est l’enjeu d’un combat qui reste toujours d’actualité et qui touche au dernier aspect relevé par Jésus dans sa prière : celui de la vérité. « Père Saint, sanctifie-les dans la Vérité. Ta Parole est Vérité. Pour eux, je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la Vérité ». Trop souvent la mondanité, la dispersion dans les soucis de la vie voisinent avec le mensonge. Jésus prie pour que ses disciples ne se laissent pas entrer en tentation, qu’ils soient délivre du Malin, du Mauvais, du Menteur. A la question que lui posait Thomas un peu auparavant : Seigneur montre nous le chemin qu’il faut prendre pour te suivre, Jésus avait répondu : « Moi, Je Suis le Chemin, la Vérité, la Vie ».
Ainsi, avoir part à l’Esprit de Dieu, c’est marcher sur ce chemin de Vérité et de Vie à la suite du Christ. C’est lui qui nous conduit à son Père et Notre Père, afin de demeurer dans l’Amour, puisque Dieu est Amour.
Sainteté, Unité, Vérité. Il y aurait bien d’autres aspects pour qualifier l’action de l’Esprit de Dieu à l’œuvre en nous et autour de nous. L’Ancien Testament, dans le livre d’Isaïe, mentionne 7 dons accordés au Serviteur de Dieu qui apporte la consolation. Saint Paul, dans son épitre aux Galates énumère 9 formes de fruit de l’Esprit dans son combat contre la chair.
Et pour nourrir notre prière à l’Esprit Saint en cette semaine, l’Eglise nous offre aussi dans son répertoire des hymnes très riches tant pour les textes que pour les mélodies. Je pense en particulier aux Veni Creator Spiritus, ou la Séquence de la Pentecôte : Veni Sancte Spiritus, pour les plus anciennes, mais aussi aux compositions plus récentes dues à des compositeurs poètes comme Patrice de la Tour du Pin ou Didier Rimaud. Nous les trouvons facilement dans nos « Prions en Eglise » ou « Magnificat ».
Pour terminer, revenons au cœur de la prière de Jésus de l’évangile de ce dimanche, cette prière toute entière soulevée dans la mouvance de l’Esprit Saint et tournée vers le Père : « maintenant que je viens à toi, je parle ainsi dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils soient comblés de cette joie ».
La JOIE, comme fruit et signe par excellence de notre participation à la vie de l’Esprit. Joie imprenable et plus profonde que tous les plaisirs artificiels du monde.
Joie de l’Evangile qui rayonne de la parole et du visage de notre Pape François et qui émane de tous les textes du magistère qu’il offre à l’Eglise : « Gaudium Evangelii » en premier lieu, mais ensuite, « Amoris Laeticia », « Laudato Si ‘ », « Gaudete et Jubilate» (à propos de l’appel à la sainteté), jusqu’à ses dernières recommandations à propos des études dans les Universités Catholiques : « Gaudete in veritate »
Cette joie est la note finale de la séquence de la Pentecôte : «Viens Esprit de Sainteté, Donne nous la joie pérenne, la joie éternelle - Da perenne gaudium » - 13 mai 2018
AMEN
Année B - Ascension du Seigneur - 10 mai 2018
Ac 1 1-11; Eph 4 1-13; Mc 16 15-20
Homélie du F.Bernard
L’Ascension du Christ est déjà notre victoire. Nous l’entendions à l’instant dans l’oraison de ce jour. L’Ascension est déjà notre victoire, car une humanité, celle de Jésus-Christ, en tout semblable à la nôtre, hormis le péché, est désormais dans la Gloire de Dieu, à la droite du Père. Et cette humanité n’est pas seulement un modèle que nous aurions à imiter, elle est la Tête dont nous sommes le Corps indissociablement uni à elle.
Et si la Tête est présentement dans le Gloire, le Corps tout entier est destiné à la suivre. Dès maintenant nous avons, selon les mots de l’épitre aux Hébreux, « une ancre aussi solide que ferme à laquelle nous sommes définitivement arrimés » (He 6,19). D’ailleurs Jésus, lui-même, nous l’avait dit : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Je m’en vais vous préparer une place, afin que là où je suis vous soyez vous aussi » (Jn14,1-3).
L’Ascension du Christ est déjà notre victoire. Désormais nous savons pleinement ce que le Seigneur attend de nous. Il l’a dit aux disciples avant de les quitter : « Soyez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8). Il l’avait dit équivalemment aux apôtres après sa Résurrection : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » (Mc 16,15)
Jusqu’aux extrémités de la terre…Nous pourrions dire avec le pape François, jusqu’aux périphéries du monde, partout où il y a des hommes à rejoindre dans leur détresse, dans leur désespérance, dans leurs nuits. Les périphéries de la pauvreté et de l’isolement, les périphéries des souffrances du corps et de l’âme, les périphéries du monde enfermé dans le péché et l’incroyance. Immense programme missionnaire confié en ce jour au Corps tout entier, à chacun de ses membres.
Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Pas seulement toute l’humanité, mais toute la création, tout le cosmos, toute notre Terre. Sans doute ne s’agit-il pas d’aller prêcher aux oiseaux, comme saint François, même si cette belle histoire est pleine de sens. Il s’agit en tout cas de prendre conscience de notre responsabilité vis-à-vis de la Terre qui nous a été confiée par le Créateur. La gérer, la cultiver pour qu’elle aille au bout de sa destinée au service de l’humanité et pour la gloire de Dieu. « Cette Terre, nous dit saint Paul, gémit présentement, en travail d‘enfantement. Elle aussi aspire à être délivrée de la corruption pour entrer dans la liberté des enfants de Dieu. » (Rm 8, 19sq)
L’Ascension est déjà notre victoire. A cette mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, au bout du monde, à toute la création, s’en ajoute inséparablement une autre. Et là je renvoie à la deuxième lecture de ce jour, cette lettre aux phésiens si pleine d’enseignements. Il s’agit de faire grandir le Corps, pour qu’il atteigne à la plénitude de la stature du Christ, à l’état de l’Homme parfait.
Faire grandir le Corps, mais comment ? En progressant dans la voie de l’unité. Un seul Corps, un seul Esprit. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Un seul Dieu et Père de tous, qui règne au- dessus de tous, par tous et en tous. Faut-il promouvoir une uniformité ? Non, mais reconnaître la diversité des dons spirituels distribués par le Christ à chacun d’entre nous. Comment y arriver ? Si non dans l’Esprit qui nous garde dans l’unité par le lien de la paix, et fait grandir le Corps dans l’Amour.
Ainsi le Corps se construit dans l’Amour. C’est la dernière phrase de ce passage de la lettre aux Éphésiens. L’Amour, c’est un autre nom de l’Esprit- Saint. La fête de ce jour nous prépare à la Pentecôte, où nous sera donné celui que le Seigneur avait promis à ses disciples, « L’Esprit de vérité qui les conduira à la vérité tout entière » qui les fera grandir dans la vérité de l’amour jusqu’à atteindre la plénitude de la taille du Christ.
Aujourd’hui c’est déjà notre victoire. 10 mai 2018
Année B - 6e dimanche PÂQUES -
(06/05/2018)
Homélie du F.Jean-Louis
(Actes 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 – 1 Jean 4, 7-10 – Jean 15, 9-17)
Jeudi prochain, l’Eglise fêtera l’Ascension du Christ, sa montée vers le Père. Les lectures de ce dimanche qui précède semblent constituer un testament ou LE Testament du Christ. Dans la première lecture, il y a cette révélation aux chrétiens d’origine juive que l’Esprit saint pouvait être donné aux autres nations, à toutes les nations. C’est ce que nous fêterons dans quinze jours avec la fête de la Pentecôte. Et puis, il y a « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et dans la seconde lecture et l’évangile de ce jour, il n’y a pas moins de 20 emplois des mots aimer, amour, amis, … n’est-ce pas le message fondamental du Christ ? N’est-ce pas la consigne qu’il nous laisse ? Qu’il laisse à tous ses disciples ?
Nous pourrions nous dire : « Eh bien, mettons cela en pratique » … Mais nous savons tous, par expérience, que ce n’est pas si simple. Nous sommes certainement tous d’accord avec ce précepte mais que veut dire aimer comme Le Christ nous a aimé ? Et surtout : comment faire ? N’est-ce pas impossible, hors de notre portée, irréaliste ?
La Bible, bien sûr, nous parle d’amour, amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » et les commandements de Dieu, dans la Bible , c’est notamment de veiller sur les 3 catégories typiques de personnes défavorisées en Israël : la veuve, l’étranger et l’orphelin. Voilà qui est déjà assez d’actualité.
Une actualisation très récente de l’enseignement biblique sur l’amour nous a été donnée par le pape François dans sa dernière exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » (« Réjouissez-vous et exsultez ») sur l’appel à la sainteté. Je voudrais m’appuyer sur quelques passages de ce long texte pour nous aider à cheminer sur ce chemin de l’amour, de la sainteté.
Le pape François, dans la première partie de son exhortation, écrit :
7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’
Ainsi, pour le pape, le Christ ne nous demande pas d’accomplir des actes extraordinaires pour aimer, pour être saints. Nous risquons souvent de penser qu’aimer comme Dieu est hors de portée à un point tel que ça ne nous concerne pas. Le pape François continue :
14. Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels
Ainsi, la sainteté n’est pas liée à un état de vie particulier. Toutes et tous nous sommes appelés à répondre à l’appel de Dieu dans notre vie quotidienne ordinaire. Le pape François se situe là à la suite de la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux.
Il poursuit encore :
15. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’.
La seconde lecture disait : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »Le péché, la fragilité font partie de notre chemin. Apprenons à nous tourner vers le Christ en n’oubliant pas cette merveilleuse phrase chantée dans l’Exsultet la nuit de Pâques : « Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur. » Tout l’optimisme chrétien est là.
Frères et sœurs, nous pouvons parfois être écrasés par notre propre interprétation de la Parole de Dieu. Nous pouvons parfois y chercher un idéal qui nous décourage. Pourtant, ce que le pape François propose concrètement comme chemin de sainteté n’est pas un chemin de facilité et il demande le secours de l’Esprit Saint. Mais ce chemin est réaliste et surtout il s’appuie non pas sur notre vision de la sainteté, de l’amour, mais sur le réel de ce qui nous est demandé de vivre tout simplement.
Je terminerai par un risque évoqué par le pape et qui est d’autant plus dangereux qu’il peut se cacher derrière une apparence très spirituelle.
26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
27. L’Esprit Saint peut-il nous inciter à accomplir une mission et en même temps nous demander de la fuir, ou d’éviter de nous engager totalement pour préserver la paix intérieure ? Cependant, nous sommes parfois tentés de reléguer au second plan le dévouement pastoral ou l’engagement dans le monde, comme si c’étaient des ‘‘distractions’’ sur le chemin de la sanctification et de la paix intérieure. On oublie que « la vie n’a pas une mission, mais qu’elle est mission ».
Ce danger ne menace pas que les moines. Le critère de la prière juste est l’attitude envers le prochain. Ainsi se trouve résumé, car le pape dit encore bien d’autres choses dans ce document, quelques moyens concrets à mettre en pratique pour vivre les lectures de ce jour. Sachant que l’imagination de l’Esprit peut nous en inspirer bien d’autres.
Sachons nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, c’est Lui qui nous donnera d’accomplir la volonté du Christ.
N’oublions pas non plus que l’Esprit Saint n’est pas réservé aux croyants. La première lecture nous rappelle bien qu’Il est destiné à toutes les nations et toutes les nations sont appelées à la sainteté dans un cheminement dont Dieu seul connaît le parcours. Confions-nous à Lui et confions l’humanité entière à sa Force, à sa Puissance qui peut tout dans l’ordre du Salut.
Alors se réalisera ce que la prière d’ouverture de cette messe énonçait : « que le mystère de pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. » AMEN - 6 mai 2018 -
Année B -
5e dimanche Pâques - 29 avril 2018
Actes, 9, 26-31 1 Jean 18-24 Jean 15, 1-8
Homélie du F.Ghislain
Dans l’évangile d’aujourd’hui, il est question de vignes. Pas très loin d’ici, au nord dans le Chablis, il y a des vignes. Au sud, il y a les prestigieux vignobles de la région de Beaune. Un jour ou l’autre, sans doute nous nous sommes approchés des rangs de vignes et nous avons regardé de près les ceps et les sarments.
Nous avons peut-être remarqué que, souvent, les meilleurs vins sont récoltés sur des vignes très basses, lourdes, contournées, avec de grosses rides. Quant aux sarments, à la fin de l’hiver ou au début du printemps, ils apparaissent dans toute leur réalité austère. Ils sortent du cep, mais ils ont été taillés: on les a coupés sur la longueur, parfois on a supprimé des rejets et on les a fixés sur la ligne de fil de fer, en les courbant et les tordant. Il faut leur faire prendre une forme qui permette à la sève de les pénétrer bien complètement, et aussi qui répartisse le poids des grappes lorsque celles-ci apparaîtront et se développeront. En somme, la situation du sarment n'est pas très agréable, au moins au début. Ensuite peut-être s'habitue-t-il à sa position et s'aperçoit-il qu'elle est juste et exacte; il se sent solidement attaché au cep et sent aussi la sève qui monte et circule en lui. Plus tard, en été, lorsque viennent les feuilles, les fleurs, les fruits, il se sent en état de les porter sans rompre; et, s'il disparaît sous la frondaison, le sarment devient beau et fécond. Il en éprouve sans doute quelque joie. A la vendange en automne, il supporte sans doute d'être privé de tout le raisin, car il sent obscurément que le fruit que l'on porte est pour être donné. Puis le cycle recommencera, jusqu'au jour où, ayant longtemps porté du fruit, le sarment sera trop vieux; on le coupera et de plus jeunes seront, à leur tour, soumis à la taille.
Inversement, dans une vigne sauvage ou abandonnée, nous voyons les sarments qui poussent indéfiniment, sans direction particulière, chacun pour soi en quelque sorte. Il y a des gourmands qui s'étendent longuement et rampent sur le sol. Sarments et gourmands ont peut-être une impression de liberté, rien ne les contraint. Mais, quand, au printemps, la sève monte, il y a trop de canaux et ils sont trop longs; alors la sève se perd; chaque sarment en reçoit peu; il porte des feuilles, mais petites; les grappes sont rares et, quand il y en a, les grains sont clairsemés, ils ne grossissent pas ils sont, amers au goût et il n'est pas questions de vendanges. Les sarments finissent par se détacher du cep, ils tombent sur le sol et pourrissent.
En nous proposant cette parabole, Jésus nous rappelle que la vie des hommes est austère, traversée, qu’on le veuille ou non, d’épreuves dont certaines sont à la limite du supportable. Est-elle plus difficile aujourd’hui qu’hier ? Je ne sais pas, mais j’entends souvent des personnes âgées s’inquiéter pour leurs enfants et petits-enfants : c’est plus dur aujourd’hui que de notre temps ; comment vont-ils y arriver. ? En tous cas, il y a là un fait que nous ne comprenons pas, mais qui s’impose à nous. La vie n’est pas une vigne abandonnée et inféconde. C’est une vigne entretenue, belle, féconde et qui porte fruit sans que nous sachions toujours comment et combien, mais il faut y mettre le prix. Et Jésus nous donne aussi une clef pour ne pas être perdus dans l’existence et ne pas désespérer. « Demeurez en moi » dit-il. Et dans la seconde lecture que nous avons entendue, il nous explique ce que veut dire « demeurer » : mettre notre foi dans le nom de Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres. Il y aurait une autre homélie à faire sur ces trois expressions : demeurer, le nom de Jésus, l’amour mutuel. Elles nous disent comment vérifier le lien de nos vies, ce qui leur permet d’être fécondes, de porter du fruit, quelles que soient les apparences contraires. Ne laissons pas s’effacer les propos de Jésus, mais tâchons au contraire de garder toujours vive dans notre cœur, dans notre mémoire, cette image du ceps et des sarments et ces mots qui nous en donnent le sens. Et si parfois, souvent, nous manquons ou ne sentons pas à la hauteur, le texte continue : « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur ». Alors nous pourrons, avec force et douceur, continuer notre chemin, garder la paix et aider les hommes. - 29 avril 2018
Année B - 4e DIMANCHE DE PÂQUES– 22 AVRIL 2018
Ac 4 8-12; 1 Jn 3 1-2 ; Jn 10 1-18
Je suis le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.
En méditant cet évangile, la figure de Pierre s’est imposée à moi en surimpression à celle du Christ.
Je donne ma vie pour mes brebis.
Je donnerai ma vie pour toi ! dit Pierre.
Non, lui dit Jésus, là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant. Tu me suivras plus tard.
Sois les pasteur de mes brebis.
Pierre, celui à qui Jésus à confié son Eglise, ne peut se prévaloir d’avoir été choisi pour cette charge à cause de sa fidélité et du don de sa vie ‘jusqu’au bout’.
Comme Paul, comme chacun de nous, il est « le premier a qui il a été fait miséricorde ».
Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois.
Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.
Je ne connais pas cet homme !
En Jésus seul, rempli de l’Esprit, parce que Fils unique,
en Jésus seul, le mystère du don pouvait vaincre le mystère du Mal.
Seul l’Innocent pouvait vaincre le mystère du Mal
en donnant sa vie sans condition aucune.
Ma vie, personne ne peut me l’enlever, je la donne de moi-même.
Pierre a cru qu’il donnerait sa vie pour son Maître.
Il ne réalisait pas qu’il lui fallait d’abord, par lui, être sauvé du Mal.
Il n’a pas eu la force de se prononcer pour lui, de chercher à le protéger, à le sauver.
C’est Jésus qui a sauvé Pierre, qui nous sauve chacun, qui arrache l’humanité à la Puissance du Mal.
Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.
Pierre a parlé au futur : Je donnerai ma vie pour toi !
Jésus parle au présent : Je donne ma vie pour mes brebis.
Il est toujours en état de don. C’est la forme de son être, de son amour.
A l’heure de la Passion, c’est Jésus qui était la brebis, l’Agneau en danger, le loup était là ;
et Pierre, semblable au mercenaire, a fui. Et tous les disciples avec lui.
Bienheureuse faiblesse, bienheureuse infidélité, qui lui permet d’être témoin de Celui qui le sauve, témoin de l’unique Sauveur, témoin de celui qui n’a pas fui, qui a aimé jusque dans la mort.
Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi, dit Jésus à Pierre lors du lavement des pieds. « Autrement dit, écrit JF Bouthors : tu n'entreras pas dans la communauté des réconciliés si tu ne te soumets pas toi-même à la Miséricorde, si tu ne reconnais pas en toi une part inhumaine qui doit être guérie et réintégrée, pour que s'accomplisse l'unité de ton être. »
Pierre a fait personnellement l'expérience amère de la découverte de la part inhumaine et lâche qui est la sienne, et l’expérience de la miséricorde de son Sauveur, du vrai berger qui risque sa vie pour ses brebis.
C’est par leur voix que nous savons
Quelle peur les a saisis,
Et quel doute devant ta Passion …
Heureux sont-ils
De témoigner de ta grâce !
dit une belle hymne que nous chantons pour les apôtres.
Elle poursuit :
Heureux sont-ils puisque l’Esprit
Mit en eux un cœur nouveau,
Leur faiblesse devint leur appui.
Ils sont allés en tout pays,
Pour ton nom ils ont souffert,
Mais leur joie proclamait devant tous :
« Il est vivant
Celui qui sauve le monde ! »
Dans les Actes, nous voyons Pierre qui s’était détourné de Jésus,
devenir témoin intrépide.
Ceux devant lesquels il témoigne ne sont pas n’importe qui :
ce sont ceux-là même qui ont arrêté et condamné Jésus, ceux qui ont l’autorité et le pouvoir.
Jésus a livré son Esprit sur la croix.
C’est remplis de l’Esprit Saint, de cette force d’en-haut, promise par Jésus,
que Pierre et Jean peuvent être là avec tant d’assurance,
et confesser le Nom de Jésus avec tant d’intrépidité et de joie.
Il fallait que Jésus aille le premier jusqu’à la mort, la traverse, la retourne
pour que Pierre puisse aller avec lui jusqu’à la mort.
Il fallait que le berger donne sa vie pour ses brebis
pour que les brebis le suivent vraiment en écoutant sa voix.
Il fallait que, du Cœur transpercé, l’Esprit soit répandu
pour que les disciples deviennent témoins, sans crainte, audacieux, joyeux...
Tu me suivras plus tard.
L’Eglise et le monde, aujourd’hui comme hier et demain,
ont besoin de pasteurs, de religieux, de religieuses, de laïcs, d’hommes, de femmes, d’enfants,
dont le regard ait croisé celui de Jésus, dont le cœur se soit laissé saisir par son Esprit,
et qui, au cœur même de leur faiblesse,
annoncent la Bonne Nouvelle
de celui en qui tous les hommes ont le pardon, la vie, le bonheur et la gloire,
Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.
Ecoutons la voix de notre vrai Pasteur, contemplons-le donnant sa vie pour chacun et pour tous, recevons son Esprit pour le suivre et être bergers là où il nous appelle. - 22 avril 2018
Année B - 3ème DIMANCHE DE PAQUES, 15 avril 2018
1ere lecture : Actes des Apôtres, 3,13-15 et 17-19
2eme lecture : 1ère Lettre de Jean, 2,1-5a
Évangile selon saint Luc, 24,35-48
Homélie du F.Matthieu
Dans cet Evangile, comme dans celui qui le précède chez Luc, les "pèlerins d'Emmaüs", Jésus se manifeste à ses disciples et leur donne son dernier enseignement.
Il apparaît au milieu d’eux, ressuscité, vivant, comme pour les rendre familiers à cette nouvelle forme de présence qui est désormais la sienne et dont il sait à quel point elle peut être déconcertante… effrayante même : « saisis de frayeur de de crainte », Jésus les voit « bouleversés ».
Les « disciples croient voir un esprit ». Et le premier soin de Jésus est de leur faire voir « ses mains et ses pieds » pour leur manifester déjà que c’est bien lui, leur maître ! et il se laisse toucher pour qu’ils touchent précisément « sa chair et ses os ».
Et voilà les disciples dans la joie, mais qui « n’osent pas encore y croire et restent saisis d’étonnement. » Alors Jésus va manger devant eux une part de poisson grillé, pour sceller définitivement dans leur esprit sa nouvelle forme de présence. Tout, dans l'ensemble du récit, veut nous faire comprendre que la résurrection affecte le corps et pas seulement ce que l'on nomme « l’esprit ». Il ne s'agit pas d'immortalité mais de résurrection.
Paul, lorsqu’il parlera dans sa première lettre aux Corinthiens (15, 35 et sv.) de la Résurrection, risquera l’expression tout en contraste de « corps spirituel » (1 Co 15,44). La chair, c'est-à-dire l'humanité corporelle concrète, est constamment opposée à l'esprit, mais Paul affirme ici que finalement, dans la suite du Christ ressuscité, la contradiction est surmontée, pour lui d’abord, et le sera pour nous à sa suite. Reste la question : mais qu'est-ce qu'un corps spirituel ? Les Corinthiens se le demandaient déjà. La réponse de Paul, comparant notre corps actuel à la graine décomposée en terre et le corps à venir à l'épi qui en sort, n'est qu'une image, mais elle a le mérite de souligner une continuité entre le corps actuel et le corps à venir, et aussi la transformation extraordinaire de ce dernier par rapport au premier.
Mais, dans notre Evangile, une telle réponse ne semble absolument pas la préoccupation de Jésus ; après s’être fait reconnaître, nous pourrions dire « expérimentalement », pour ce qu’il est maintenant, Jésus passe à un enseignement qu’il juge évidemment beaucoup plus décisif et qui va effectivement illuminer toute la vie de l’Eglise en lui donnant le moyen permanent d’approfondir la vraie connaissance de Dieu et de son mystère de salut dans le Christ mort et ressuscité pour "toutes les nations en commençant par Jérusalem."
Jésus enseigne à ces disciples à lire les Ecritures, Moïse, les Prophètes et les Psaumes avec l’intelligence qu’il nous en donne par son Esprit, et à y trouver tout ce qui le concerne : "...il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Pierre, dans les Actes des Apôtres, qui étaient notre première lecture, a parfaitement intégré l’enseignement : "Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait."
Cette "annonce des prophètes", c'est le dessein de salut qui se réalise dans le Mystère pascal, c'est d’abord cela "la compréhension des Ecritures" à laquelle Jésus ouvre l’esprit des disciples : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et qu’il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour..." Ce à quoi fait encore écho la proclamation de Pierre, rappelant à ses auditeurs de Jérusalem l'histoire toute récente de la Passion. Mais notre évangile ajoute pour éclairer complètement le dessein de salut de Dieu sur le monde : "… et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins."
La seconde lecture, tirée de la première lettre de Jean, énonce aussi cette vérité avec force : "… nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier."
Cette Révélation de notre présent comme de notre avenir peut déjà nous combler de joie et elle se déploiera de plus en plus au fil de notre méditation des Ecritures, Premier Testament d’abord, Nouveau Testament ensuite.
C’est notre histoire, l’histoire de notre monde, qui s’éclaire pour nous dans l’écoute et la méditation des Ecritures.
Nous aussi, nous devons aujourd’hui en être les témoins : le salut est définitivement ouvert à tous les hommes en Jésus-Christ, mort et ressuscité, pour nous ! C’est pour toujours la Bonne Nouvelle de Pâques ! - 15 avril 2018
année B - 2e dim Pâques - 8 avril 2018
Ac 4/32-35, 1 Jn 5/1-6, Jn 20/19-31
Homélie du F.Cyprien
„Heureux ceux qui croient sans avoir vu“. Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom“.
Je reprends les lectures dans l’ordre inverse……Voyons d’abord l’Evangile…
Heureux ceux qui croient sans avoir vu : „Sans avoir vu“ : il s’agissait d’avoir vu le Christ Jésus vivant après sa mort sur la Croix. Ceci a été réservé à des proches de Jésus, …et à quelques uns seulement ! Et nous, nous sommes bien plus nombreux à croire sans avoir vu.
Thomas a vu et finalement il a cru : on pourrait croire qu‘absent la première fois il n’a pas reçu comme les autres l’Esprit Saint, le souffle de Jésus ressuscité. Son refus de croire permet probablement la deuxième rencontre : à cette deuxième venue de Jésus, l’Esprit reçu par les autres (Jésus ressuscité irradie l’Esprit) le Saint Esprit lui permet de confesser à son tour : „Mon Seigneur et mon Dieu“. Non seulement Thomas n’a rien perdu, mais grâce à lui, grâce à son hésitation, son incrédulité, nous découvrons que l’Esprit et la foi sont reçus dans la communauté et grâce à elle…Jésus est venu rassembler ceux qui étaient dispersés, de ceux qui se dispersent et se divisent si facilement : c’est l’oeuvre de son Esprit, c’est l’oeuvre voulue depuis toujours par Dieu, rassembler…
Si saint Jean nous dit que nous sommes heureux, c’est parce qu’en croyant nous avons la Vie même de Dieu : „Ressuscités avec le Christ“, notre vie ne va plus vers la mort, mais vers et avec la vie de Dieu.
Oeuvre voulue par Dieu depuis toujours…de cette oeuvre, la suite c’est saint Jean dans sa lettre : „Celui qui croit est né de Dieu, il aime le Père et le Fils ; en aimant Dieu, il aime aussi les enfants de Dieu“. Aimer c’est croire vraiment; c’est rassembler dans le même amour Dieu et les enfants de Dieu. Ce commandement de l’amour ne peut pas être un fardeau, parce que la relation vivante avec le Père et le Fils s’élargit spontanément vers les autres : c’est l’Esprit du Christ qui agit et qui aime en nous.
Est-ce que nous y croyons vraiment ? Croyons-nous que le sacrifice de Jésus donnant sa vie sur la Croix nous permet maintenant de vivre, pas comme les anges dans le ciel, mais comme des frères pour lesquels la vie avec Dieu et la vie tous ensemble c’est l’essentiel, c’est le présent qu’Il fait aux hommes ?
Dans la première lecture (les Actes des apôtres), y correspond la description - qu’on qualifie d’idyllique - de la première communauté chrétienne : „La multitude des croyants avait un seul coeur et une seule âme…ils avaient tout en commun… aucun d’entre eux n’était dans l’indigence… on distribuait en fonction des besoins de chacun“.
L’homme blessé, la personne abimée par la vie, nous mêmes sommes tentés de penser :„C’est trop beau pour être vrai, même pour être possible“)… nous savons que le péché - l’égoïsme surtout - nous coupent de ce projet divin. Et pourtant l’Esprit de Jésus nous est donné, la foi nous dit qu‘Il est là, au fond de nos coeurs, pour nous faire sans cesse rebondir dans l’espérance…
Le pape François a dit un jour quelquechose comme ceci : si les hommes, humblement, partageaient plus leurs fragilités que leurs richesses, le monde irait beaucoup mieux. Nous savons les dégats que font l’avidité de posséder, l’orgueil d’avoir les bonnes places, la soif de profiter… danger le plus mortel pour notre humanité. Avec le pardon que Dieu fait dans sa Divine Miséricorde, il nous remet sans cesse en marche… Rebondir dans l’espérance…
De fait, les chrétiens n’ont pas de solution au désordre du monde…nous n’avons pas de solution… Mais nous voulons entrer dans le dessein de Dieu, nous croyons que Dieu en Jésus a tout fait pour que l’amour advienne : Il est venu Lui-même, Il vient Lui-même : c’est pour cela que nous chantons ce matin : nous célébrons le Christ ressuscité avec toute l’Eglise. - 8 avril 2318
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année B - Homélie Jour de Pâques - 1er Avril 2018
Ac 10,34a.37-43 Co 3, 1-4 Evg Jn 20, 1-9
Homélie du fr. Antoine
Frères et Sœurs,
Pour prolonger notre action de grâces,
commencée cette nuit à la Vigile pascale,
Je vous propose de réfléchir
sur trois personnages de l’Evg de ce matin :
Marie-Madeleine…Simon-Pierre…et le disciple que Jésus aimait.
Trois personnages unis par des attitudes identiques :
Trois personnages qui se mettent soudain à courir.
Marie-Madeleine coure, Pierre et l’autre disciple courent
Vers l’emplacement du tombeau.
Tous les trois voient le tombeau, l’aperçoivent, dit le texte
Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.
Tous les trois n’ont rien vu d’autre..qu’un tombeau vide, des bandelettes abandonnées.
Tous les trois n’ont rien vu d’autre qu’une Absence, l’Absence du Maître bien aimé.
Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.
Que voit ce disciple que Jésus aimait ?
Il voit des signes…signes qu’il est le seul à voir.
Il voit des signes mais…pas de preuves
Dans le domaine de l’amitié, dans le domaine de l’amour,
il n’y a pas de preuves à chercher, il y a des signes,
ces signes qui sont un langage fort et irréfutable.
Devant une preuve…je m’incline…je me soumets
Devant un signe…je m’engage…je donne une réponse personnelle...
Et l’Evg nous dit du disciple que Jésus aimait…qu’il vit et il crut !
Frères et Sœurs,
Quels Signes nous envoie l’Evg d’aujourd’hui ?
Le premier,
C’est celui de notre confrontation à l’absence douloureuse du Christ.
Nul d’entre nous ne l’a vu…ni ne pourra le voir ici-bas.
La vision totale du Christ…la connaissance plénière de Dieu n’est pas pour ce Monde.
Le deuxième signe,
Nous vient du disciple dont il est dit, qu’à la vue du tombeau ouvert :Il vit et Il crut.
- C’est… l’amour qu’il portait au Maître bien-aimé qui lui a fait comprendre,
Qui lui a fait découvrir la réalité de la Résurrection annoncée par Jésus.
- C’est… l’amour qui lui a ouvert toute grandes les Portes de la Foi.
- C’est… Notre amour …vécu dans la Foi au Christ.. qui seul, nous fera…comprendre,
découvrir tous les signes de cette présence du Christ dans les évènements de
notre vie au-delà de son absence physique.
Frères et Sœurs,
Cet Evg nous invite à être pour le Monde…
Témoins…que Jésus est vivant.
Témoins…que sa parole est source de plénitude et d’amour
Témoins…que la vie est plus forte que la mort.
Frères et Sœurs
Aujourd’hui, c’est Pâques
Notre avenir…c’est le Christ.
Année B - VIGILE PASCALE - 31.03.2018
Rm 6, 3-11 ; Mc 16,1-7
Homélie du Père Abbé Luc
« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » ainsi, frères et sœurs s’interrogent les femmes. Sur le corps de Jésus, une lourde pierre s’est fermée. Symbole de la mort qui le retient désormais. « Qui nous roulera la pierre ? » Les femmes se sentent impuissantes à bouger cette pierre qui « est très grande ». « Qui nous roulera la pierre ? » Cette question ne porte-t-elle pas en elle toutes nos impuissances face aux impossibles qui se présentent devant nous ? Impuissance devant la maladie, devant des relations bloquées, impuissance face au chômage ou à la précarité sociale, face à la violence injuste…De nombreuses pierres se dressent souvent devant nous comme des obstacles insurmontables. Et finalement jusqu’à cet obstacle fondamental qu’est la mort sur lequel butent tous nos projets et nos désirs de vie ? Qui pourra nous rouler la lourde pierre qui, avec la mort, se referme sur nous et sur tous ceux que nous aimons ? Qui ?
En arrivant au tombeau, les femmes découvrent que la pierre a été roulée, et plus encore que le tombeau est vide. Un être mystérieux leur dit que Jésus est vivant ressuscité et qu’il les précède en Galilée… Quelque chose s’est passé au-delà de tout ce que les femmes pouvaient imaginer : Jésus est vivant. Elles venaient honorer un mort, elles sont invitées à aller à la rencontre d’un vivant qui les attend en Galilée. La pierre qui a été roulée ouvre une brèche dans l’empire de la mort. Celle-ci n’a pas eu le dernier mot face à la puissance de Jésus ressuscitant. Evènement majeur que nous reconnaissons avec les yeux de la foi. Qui nous roulera la pierre de la mort ? En Jésus vivant, nous croyons que la pierre de la mort n’est plus hermétiquement fermée. Nos tombeaux ne retiennent plus les êtres chers décédés. En Jésus, ils sont promis à une communion de vie. Communion spirituelle dans la lumière déjà commencée et qui sera pleinement accomplie lorsque les corps ressusciteront corps spirituels.
Et non seulement Jésus vivant roule la pierre de la mort, mais en ce temps présent, il est désormais à nos côtés pour rouler toutes les pierres qui nous empêchent de vivre. Nous ne sommes plus seuls avec nos impuissances à affronter les obstacles qui se dressent contre la vie. La résurrection de Jésus nous libère de la fatalité et de la désespérance. Il desserre l’étreinte du mal et de la culpabilité qui peut nous tenir captifs. Faisons-lui confiance. Demandons-lui son aide quand de lourdes pierres nous barrent la route de la Vie. Comme cette colonne lumineuse qui a guidé le peuple hébreu à travers la mer, il conduira nos pas vers plus d’assurance et de liberté. Par sa Parole, entendue et méditée dans les Ecritures, il nous enseignera la vraie sagesse, faite de patience et d’humilité. Comme un bon berger, il veut nous conduire aux eaux vives de notre baptême pour affiner notre conscience dans la lutte contre le mal. Lui le Pain vivant, il vient nous donner la force d’aimer dans la vérité du quotidien le plus simple. Frères et sœurs, en cette célébration, c’est cette grâce de vie que nous recevons tous ensemble, et que nous lui demandons avec confiance. - 31 mars 2018