vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 30 mars 2018 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - VENDREDI SAINT - 30.03.2018

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Texte :

Frères et sœurs,

Pourquoi d’année en année nous arrêter si longtemps sur la passion de Jésus ? Nous l’avons fait déjà dimanche, et de nouveau ce vendredi. N’est-ce pas parce qu’au cœur de l’inacceptable et de l’intolérable, le regard de la foi discerne un renversement de la logique implacable du mal ? A la manière du prophète qui regarde le serviteur humilié et qui reconnait que ce qui est en jeu est à l’opposé de ce que tout le monde pense. « Il était sans apparence ni beauté…nous l’avons méprisé... En fait, c’était nos souffrances qu’il portait…Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu… » Oui Jésus s’est tellement identifié à l’homme qu’il a voulu porter toutes les conséquences de la bassesse dans laquelle on peut tenir un humain. Il s’est laissé dépouiller, humilier, maltraiter comme le dernier de tous. En ce lieu de ténèbres et d’angoisse, Jésus s’est fait très proche de tous. Et en ce lieu de ténèbres et d’angoisse, par sa douce et forte présence le Christ détruit le venin du mal qui veut nous faire croire que tout est fini. Dans la lumière de la résurrection, la passion de Jésus devient l’espace du retournement du mal. « Tout est accompli » afin que s’ouvre un autre espace, celui de la grâce qui guérit, fortifie, éclaire ceux qui sont aux prises avec le mal et la souffrance.

Frères et sœurs, en cette célébration, recueillons cette grâce lorsque nous viendrons adorer la croix, ce lieu du retournement de toute chose en bien. Laissons la grâce de la croix nous élargir le cœur et le regard lorsque nous prierons aux intentions de tous les humains. Laissons la grâce de la croix nous fortifier dans le pain de vie pour nous garder d’être des complices du mal qui oppresse. - 30 mars 2018 -

Homélie du 29 mars 2018 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - JEUDI SAINT - 29.03.2018

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans les textes que nous venons d’entendre, je suis frappé par l’importance donné aux repères de temps : ainsi dans la première lecture, « ce mois-ci sera pour vous le premier des mois…cette nuit-là je frapperai tout premier-né, ce jour-là sera pour vous un mémorial », mais aussi dans la seconde : « la nuit où il était livré »…et enfin dans l’évangile : « avant la fête de la Pâques, sachant que l’heure était venue… » Dans chacun de nos textes, ressort une vive conscience que les évènements qui sont en train d’arriver sont d’une portée unique. Les jours durant lesquels ils se déroulent s’en trouvent marqués. Désormais, il y aura un avant et un après. Un avant et un après la Pâque et la sortie d’Egypte. Un avant et un après la mort et la résurrection de Jésus. Aux yeux du croyant juif comme du croyant chrétien, l’histoire humaine s’en trouve définitivement marquée. Dieu est passé dans l’histoire du peuple d’Israël et ce passage inscrit dans le temps de façon définitive le projet de salut de Dieu. Quand Jésus vient, quand il se livre à l’occasion d’une Pâque juive pour devenir lui-même agneau pascal offert en nourriture, les chrétiens reconnaissent qu’en ces jours-là l’humanité est à jamais rachetée, lavée, sauvée.

Mais paradoxalement, ces jours si importants soient-ils, ni les juifs ni les chrétiens n’ont cherché à en retenir une date fixe dans l’histoire… Il n’a pas semblé intéressant de savoir si la Pâque juive avait eu lieu en telle année, et de même pour la Pâque Chrétienne si elle a eu lieu telle année et tel mois. Non, ce qui a semblé le plus important, c’est de faire mémoire de ces évènements tous les ans. L’évènement de la Pâque juive, comme celui de la Pâque chrétienne qui accomplit la première doit être célébré en mémorial. Le jour retenu n’est pas un jour « j » du calendrier, comme peut l’être le 11 novembre 2018. Ce jour varie en fonction de la lune. Car le plus important n’est pas dans la mémoire d’un jour historique, mais dans la mémoire d’un évènement qui non seulement a eu lieu, mais qui continue de se réaliser et de s’actualiser. Ainsi les juifs, en faisant mémoire de la Pâque, célèbrent les hauts bienfaits de Dieu qui poursuit son œuvre de salut. De même les chrétiens dans la mémoire de la Pâque faite tous les ans, et finalement en chaque eucharistie, célèbre et accueille l’aujourd’hui de l’œuvre d’amour que le Christ vivant continue d’opérer dans le monde. Ainsi vous remarquerez dans le début du récit de l’institution, l’importance d’un petit mot ajouté pour cette célébration du Jeudi Saint : « aujourd’hui… » « La veille du jour où il devait souffrir pour notre salut et celui de tous les hommes, c’est-à-dire aujourd’hui, il prit le pain… ». Oui frères et sœurs, lorsque nous célébrons l’eucharistie, et à fortiori lorsque nous faisons mémoire de la Ste Cène, nous nous inscrivons dans l’aujourd’hui de Dieu. Ce qu’il a accompli hier, il ne cesse de l’accomplir aujourd’hui. Jésus s’est livré pour nous et nous a offert son corps et son sang hier. Par cette célébration mémorial, à travers son Eglise, il vient nous sauver et il nous offre aujourd’hui son corps et son sang. Et ce mémorial nous engage. Quand Jésus nous invite à faire mémoire de son geste, il nous demande pas seulement de le reproduire rituellement, mais encore de devenir comme lui don et offrande de nous-mêmes jusqu’à la mort… Nous pouvons penser à notre f. Albéric ou au gendarme Beltrame de Carcassonne… Et nous le savons, le geste du lavement des pieds que Jésus invite à reproduire en exemple fait partie de l’unique geste de Jésus dont il nous faut faire mémoire…. Nous donner jusqu’à la mort, et laver les pieds de nos frères n’est-ce pas un unique don, mémorial de l’unique don du Seigneur Jésus lui-même…

Entrons avec reconnaissance pour le don de la vie reçu de Jésus, laissons fortifier par lui pour devenir nous aussi avec lui, en lui et par lui don et offrande pour Dieu et pour les autres. - 29 mars 2018

Homélie du 25 mars 2018 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - RAMEAUX - 25.03.2018

Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1 – 15, 47

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A l’écoute de ce récit douloureux de la Passion, nous pouvons affirmer que Jésus, le Messie, Roi d’Israël, n’a pas triché avec notre humanité. Lui que nous confessons comme le Fils de Dieu, dans la lumière de sa résurrection, a été au bout de notre réalité humaine. Telle était la volonté de Dieu, son Père, notre Père. Si au jardin de Gethsémani, devant l’horreur qui approchait, il a ressenti un moment d’effroi, il ne s’est pas détourné de ce qu’il recevait comme la volonté de son Père. « Abba…Père, tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ». Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, Dieu proposait à Jésus d’aller jusqu’au bout de la condition humaine mortelle. Il lui proposait d’aller jusqu’au bout, en aimant et en demeurant dans la confiance que Lui le Père, Il le relèverait d’entre les morts. Jésus, tout Fils qu’il était, a consenti. Au moment d’angoisse, il a ratifié ce projet du Père auquel il s’est étroitement uni depuis qu’il est venu en notre chair. Passage très étroit, voie sans issue où Jésus s’est avancé seul, pour ouvrir une brèche dans le mur de la mort. Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, il voulait qu’il vive. Il voulait avec Jésus et en Jésus, donner la Vie à tous ses fils et filles de la terre.

Frères et sœurs, croire en Jésus c’est accepter de marcher avec lui et comme lui, en aimant et en demeurant dans la confiance jusqu’à l’heure de notre mort. Il est avec nous dans notre faiblesse. Puisons dans cette eucharistie, et dans toutes les célébrations de cette semaine sainte, la force de marcher à sa suite.

Homélie du 18 mars 2018 — 5e dim. du Carême — Frère Jean-Noël
Cycle : Année B
Info :

Année B – 5° dimanche de Carême – 18 mars 2018

Jér 31 31-34 ; Heb 5 7-9 ; Jn 12 20-33 ;

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :



« Voir Jésus ». Tout Jérusalem ne parlait que de lui, se bousculait pour le voir, on grippait même aux arbres pour le voir, comme Zacharie. On nous dit même que les deux méchants Hérode – celui de Noël et celui de la Passion – avaient brûlé de le voir. Alors, que quelques non-juifs, des « craignants Dieu » montés en pèlerinage aient demandé à voir celui dont toute la ville parlait, n’a rien d’étonnant.

Ce qui l’est plus, c’est la réponse de Jésus : Bizarre. Apparemment « à côté ». Ce n’est plus le « Venez et Voyez » qui avait engagé les premiers disciples pour un long compagnonnage où il se donnait à voir. Que se passe-t-il donc ?

Il y a que le temps presse. Jésus sait son Heure arrivée. Il ne peut plus compter sur un long temps pour se donner à voir. D’ailleurs est-ce que cela aurait même suffi ? On se souvient de son soupir « Depuis si longtemps avec toi, Philippe, et tu ne me connais pas ! » (Jn 14 9). Il lui faut donc se mettre à parler clair. Et les disciples s’en aperçoivent vite : « Voilà maintenant que tu parles ouvertement » (Jn 16 29)

Mais, alors, qu’y-a –t-il donc à voir de Jésus, si la fréquentation quotidienne ne suffit pas, si il ne suffit pas de dire : « Mais voyons, c’est le charpentier de Nazareth ». Il y a que, dans l’urgence, la réponse à cette question de le dernière heure ne doit pas prêter à confusion ! C’est donc le dernier mot, ou presque – de Jésus sur lui-même, comme son secret. C’est tellement vrai qu’une de nos hymnes le reprend avec bonheur : Il nous révèle, - l’âpre secret du grain qui meurt – le sang versé. - L’amour Vainqueur,- et cette croix qui nous relève. - Le fruit porté dans le lumière ».

Oui, son dernier mot et pas adressé à seulement ces quelques craignants Dieu, mais encore à nous, aujourd’hui ; à 15 jours de la Vigile pascale, où, tous ensemble, nous allons nous recaler sur le chemin de Jésus.

Et dans huit jours, ce sera encore plus clair avec ce passage de la lettre aux Philippiens qui a tout l’air de citer une hymne des premières communautés chrétiennes s’inspirant déjà de cette parabole du grain tombé en terre pour chanter leur Seigneur et son chemin : « De condition divine prenant la condition de Serviteur.. abaissé .. obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une croix .. Dieu l’a exalté, l’a doté du Nom au dessus de tout nom ». (Ph 2 6-11)

C’est quand même autre chose que notre parabole. C’est au-delà, mais c’est le même mouvement. Ces premières communautés chrétiennes avaient bien tout compris

Et notons bien : Paul fait précéder sa citation d’un appel pressant : « Ayez entre vous ces sentiments qui étaient dans le Christ Jésus ». C’est donc aussi notre secret, notre chemin à la suite du Christ.

Il ne nous reste plus que quinze jours pour demander ensemble ce « cœur nouveau », évoqué dans la première lecture, ce cœur nouveau requis par la Nouvelle Alliance dont le Christ est le grand Passeur.

Une prière instante donc : « O Seigneur, envoie ton Esprit, renouvelle mon cœur en profondeur ». Tiens –moi sur ton chemin. (18 mars 2018)

Homélie du 04 mars 2018 — 3e dim. du Carême — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - Troisième dimanche de Carême, 4 mars 2018

Ex 20, 1-17 ; 1 Cor 1,22-25 ; Jn 2,13-25

Texte :

L’Évangile de ce jour : un geste et une parole. Le geste est violent, subversif, intolérable pour les autorités du Temple. La parole est la réponse de Jésus à la demande des grands-prêtres de justifier ce qu’il vient de faire : « Quel signe nous donnes-tu pour agir ainsi ? »

Jésus a chassé les vendeurs d’animaux et leur bétail des parvis du Temple, avec des fouets de corde. Il a renversé les tables des changeurs de monnaie avec leurs pièces. Beau désordre !

Dans l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre, l’épisode se situe au début du ministère de Jésus, mais significativement lors d’une fête de la Pâque. Dans les Synoptiques, il est l’aboutissement de la longue montée de Jésus jusqu’à Jérusalem et au Temple ; il est aussi comme le prélude à sa Passion-Résurrection ; il confirme un peu plus les grands- prêtres dans leur décision de le mettre à mort.

Cette scène, telle qu’elle est rapportée, se comprend mieux dans ce dernier contexte, car Jésus a fait son entrée à Jérusalem dans l’enthousiasme des foules, qui l’ont acclamé avec les mots du ps.117 : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au fils de David. » (Mt 21,9). Sans cet enthousiasme les gardiens du Temple auraient très vite arrêté le geste de Jésus. Mais là, à ce moment précis, ils craignaient la foule et ont laissé faire.

Certes les vendeurs d’animaux, avec leurs troupeaux, étaient nécessaires dans l’enceinte du Temple pour permettre aux pèlerins d’acheter des bêtes en vue des sacrifices. De même les changeurs avec leurs comptoirs. La monnaie officielle, à l’effigie de l’empereur, n’avait pas cours au Temple ; il fallait l’échanger contre une autre qu’on devait se procurer sur place. Mais bien sûr, ces transactions commerciales permettaient aussi de fructueux bénéfices. On comprend alors la parole de Jésus : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Une maison pour Mammon, le dieu-Argent. Cela, nous l’entendions déjà dans la première lecture, où le Seigneur avait dit au Sinaï : « Tu n’auras pas d’autre dieu que moi. Je suis un Dieu jaloux. »

Ici Jésus est en continuité avec les prophètes qui bien souvent avaient dénoncé aussi le formalisme du culte, qui restait extérieur à l’homme, ne convertissait pas les cœurs et procurait à bon compte une fausse sécurité. « Le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne l’agrée pas, avait dit le Seigneur, par l’intermédiaire de son prophète. Mais que votre justice coule de vos mains comme un torrent qui ne tarit pas. » (Am 5,23-24)

Cependant il y a plus. Le geste de Jésus n’est pas seulement contestataire, il est prophétique, il est même messianique, car toute prophétie concerne finalement le Christ. Son geste annonce la fin du culte ancien et le début du nouveau. Cela, les foules qui avaient accueilli Jésus entrant à Jérusalem, l’avaient peut-être pressenti, ne fut-ce qu’un moment. Les disciples sans doute davantage. L’Évangile de Jean nous dit en effet qu’ils se sont alors rappelé la parole de l’Écriture tirée du ps.68,10 : « L’amour de ta maison fera mon tourment. », ce qu’on pourrait traduire aussi: « Le zèle de ta maison me dévorera. », et penser à la mort du Seigneur qui suivra.

Jésus par ce geste accomplit les Écritures. Les disciples ont pu peut-être se remettre en mémoire d’autres paroles des Écritures plus précises, comme celle du prophète Malachie : « Soudain viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez. Il est comme la lessive des blanchisseurs. Il purifiera les fils de Lévi-- les prêtre du Sanctuaire-- qui présenteront l’offrande avec justice. » (Mal 3,1-4) ou encore davantage celle de Zacharie : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur, en ce jour-là. » (Za 14,21).

Jésus à cet instant annonce le culte nouveau, le culte en esprit et vérité, en son propre Corps qui va passer par la mort et ressusciter : « Détruisez ce Sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » Pour justifier son geste, Jésus annonce le signe de Jonas comme il l’a fait au cours de son ministère quand on lui avait demandé un signe authentifiant sa mission. C’est le signe de la Croix que nous recevons dans la foi, cette Croix qui préside à notre célébration.

Alors nous pouvons reprendre les paroles si importantes de l’Apôtre : « les Juifs réclament des signes et le monde grec recherche la sagesse. Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux que Dieu appelle, pour nous, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes. »

Sur la Croix Jésus nous révèle et nous donne son Amour sauveur.

- 04 mars 2018

Homélie du 25 février 2018 — 2e dim. du Carême — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 2° dimanche de Carême – 25 févier 2018

Gen 22, 1-2. 9. 10-13. 15-18; Rom 8, 31-34; Marc 9, 2-10

Homélie du F.Damase

Texte :

Les lectures de ce 2° dimanche de Carême nous parlent d’une marche, d'une véritable expédition. Elles nous conduisent au sommet d'une montagne. Dans la Genèse, il s'agit du mont Moriah ; lieu du sacrifice d'Abraham. Dans l'Evangile, c'est le Tabor, lieu où Jésus a été transfiguré. Dans la seconde lecture, Paul nous renvoie au Calvaire, où Jésus a été livré et crucifié pour nous.

Pourquoi cette insistance sur la montagne ? Dans la Bible, la montage est un lieu symbolique fort : lieu de la rencontre avec Dieu. C'est là que Dieu s'est manifesté à Moïse. Dans l'évangile, Jésus se retire sur la montagne, loin de la foule. C'est pour lui un lieu de rencontre avec le Père dans une prière silencieuse.

Il ne s'agit pas de nous lancer dans l'Alpinisme. L'important c'est de prendre de la hauteur par rapport à notre quotidien. Trop souvent, nous nous laissons accaparer par les soucis de la vie, les problèmes matériels. Et nous avons du mal à entendre les appels du Seigneur à revenir vers lui. Le Carême c'est comme un temps de retraite. Nous sommes en marche vers la Pâque du Christ. Le grand message de ces lectures c'est un appel à avancer.

Dans l'évangile de ce jour, la réalité dépasse toute imagination : Jésus amène trois de ses disciples sur une montagne. C’est là nous dit Marc qu'il fut transfiguré devant eux. Jésus est tout entier donné dans sa prière à son Père. Il se montre avec toute la chaleur de son amour. Cette rencontre veut préparer les disciples à ce qui va suivre. Aujourd'hui, ils voient son visage transfiguré. Demain, ils le verront défiguré. Ils sont invités à lui faire confiance quoi qu'il arrive.

Vivre le Carême, c'est gravir la montagne et se mettre à l'écoute de Jésus. On n'y parvient pas tout de suite. Il faut de la patience et du courage. Il faut monter pour contempler les choses. Gravir la montagne c'est prendre le temps de l'écoute, c'est se réserver chaque jour du temps pour la prière. Si nous ne gravissons pas cette montagne avec Jésus, nous manquerons quelque chose d'essentiel. Comme pour les trois disciples, Jésus veut nous libérer du sommeil de l'individualisme, de la tristesse. Il est urgent que nous mettions le Christ au centre de notre vie. « Christ, Premier servi ». « Ne rien préférer à l’amour du Christ » dit st Benoit.

Pierre ne sait pas quoi dire. Il propose à Jésus de dresser trois tentes. Mais la voix du Père se fait entendre pour l'inviter à voir les choses autrement : ces tentes, il faut les construire dans le monde, dans la vie ordinaire, dans les cœurs endurcis des hommes. Dans la Bible, la tente, c'est le lieu de la présence de Dieu.

Dieu voit ce monde défiguré par la haine, les guerres, les violences de toutes sortes. Or c'est dans ce monde que Dieu veut habiter. Et Dieu compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Il nous invite à construire un monde rempli de son amour. Cette beauté qui est en lui, Jésus veut nous en revêtir en nous faisant partager sa divinité. Ecoutons-le dans la prière. Lui seul peut nous transfigurer.

"Seigneur, Mets dans nos ténèbres ton Esprit d'amour, Toi qui es Lumière et Amour. - 25 février 2018

549

Homélie du 18 février 2018 — 1er dim. du Carême — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 1e dimanche CARÊME - (18/02/2018)

(Genèse 9, 8-15 – Ps 24 – 1 Pierre 3, 18-22 – Marc 1, 12-15)

Homélie du F. Jean-Louis

Texte :

Premier dimanche de Carême, l’évangile nous parle de la tentation du Christ au désert. Et en cette année où la liturgie nous donne de parcourir l’évangile de saint Marc, le récit est bien moins détaillé que chez Matthieu ou Luc.

Le temps du Carême, c’est le temps de la conversion du cœur, du jeûne, de la sobriété. De nos jours, si l’Eglise recommande le jeûne alimentaire, elle propose aussi une sobriété dans l’utilisation des médias, l’usage des cigarettes, etc … Bref, un apprentissage à plus de liberté.

Mais lorsque nous regardons les lectures de ce dimanche, elles sont déjà très orientées vers Pâques, vers le Salut offert par Dieu.

Dès la première lecture, nous est rappelée l’Alliance avec Noé et ses fils, ainsi qu’avec tous les êtres vivants, il ne faudrait pas l’oublier. Si la création est déjà Alliance de Dieu qui s’engage vis-à-vis de ce qu’il crée, l’Alliance avec Noé annonce que la terre ne sera plus détruite par le déluge. Dieu se souviendra de son Alliance avec la terre. Plus tard, il y aura encore une Alliance avec Abraham, puis avec Moïse et le peuple d’Israël et, chaque fois, cette Alliance sera définitive. Les dons de Dieu sont sans repentance comme l’a écrit saint Paul.

Or ces Alliances nous orientent vers l’accomplissement de toutes les Alliances, l’Alliance scellée en Jésus Christ par sa mort et sa résurrection. Nous sommes donc bien tournés vers Pâques en écoutant l’évocation de l’Alliance avec Noé.

La seconde lecture tirée de la Première épître de saint Pierre est, elle, très explicite. Au début du Carême, nous sommes déjà propulsés à Pâques car cette lecture pourrait très bien être lue au matin de Pâques :

« Le Christ a souffert pour les péchés, pour les injustes afin de vous introduire devant Dieu. Il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit ». Et l’histoire de Noé, évoquée dans la première lecture devient ici une annonce du baptême. Car comme Noé a été sauvé à travers les eaux du Déluge, nous sommes sauvés par l’eau du baptême dans la mort et la résurrection de Jésus Christ.

Quant à l’évangile qui parle très sobrement des tentations du Christ au désert, il nous évoque discrètement la victoire du Christ sur Satan. En effet, en disant que Jésus vivait parmi les bêtes sauvages, il nous annonce les temps messianiques déjà arrivés. Isaïe parlait en effet, pour ces temps messianiques d’un temps où le loup mangera avec l’agneau, l’enfant étendra son bras sur le nid de la vipère …

réconciliation de l’homme avec la création et des animaux entre eux. Réconciliation accomplie par Jésus, vainqueur du Mal, vivant en paix avec les bêtes sauvages et servi par les anges.

Mais l’évangile nous oriente aussi vers le Règne de Dieu que la résurrection du Christ inaugurera pour de bon. Ce règne est en effet tout proche.

La prière sur les offrandes que je dirai tout à l’heure nous oriente clairement vers Pâques et de même la Préface qui débutera tout à l’heure la prière eucharistique nous dira que le Christ, en déjouant les pièges du Tentateur, nous apprends à résister au péché pour célébrer d’un cœur pur le mystère pascal et parvenir enfin à la Pâque éternelle.

Frères et sœurs, nous pouvons être tentés de voir dans le Carême un temps triste, de privations dont nous ne voyons pas très bien le sens. Un temps sombre, fermé sur lui-même dont il faut espérer sortir le plus vite possible.

La liturgie de l’Eglise nous dit, en fait, que ce temps de Carême n’existe pas pour lui-même mais que, dès le début, il est orienté vers la Résurrection du Christ. Il ne s’agit pas de se faire souffrir, il s’agit d’apprendre à être plus libres pour apprendre à vivre en ressuscités, car nous savons que bien des choses ou des habitudes nous enchaînent. Savoir s’abstenir est peut-être nécessaire pour savoir faire la fête.

Et le psaume nous rappelle que c’est le Seigneur qui nous fait connaître sa route, la route qui mène à Lui. C’est le Seigneur qui nous enseigne ses voies, qui nous sauve, qui nous montre à nous, pécheurs, le chemin, si nous avons l’humilité de reconnaître que nous avons un besoin vital de lui. Si nous voulons le mettre au cœur de nos vies.

Frères et sœurs, il ne s’agit donc pas de se lamenter, en ce début de Carême, mais de se tourner vers Pâques en faisant de ce Carême un temps de préparation à la Fête des fêtes. Nous le savons tous, préparer une fête, demande du travail mais c’est aussi un temps d’espérance dans la perspective de ce qui nous attend.

Et si nous connaissons des moments de tempête, rappelons-nous ces mots du curé d’Ars reprenant la question d’une sainte se plaignant au Seigneur après la tentation : « Où étiez-vous donc, mon Jésus tout aimable, pendant cette horrible tempête ? Et le Seigneur lui répondit : «J’étais au milieu de ton cœur»

Eh bien, faisons de ce Carême un temps de travail de libération sur nous-même, avec l’aide de Dieu, en nous tournant vers le Christ, pour progresser dans l’attention aux autres, dans le don que nous pouvons faire de nous-mêmes et alors Pâques sera vraiment LA fête, elle sera le cœur de notre année, de notre vie. AMEN - 18 février 2018

Homélie du 14 février 2018 — Mercredi des Cendres — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Mercredi des CENDRES -

14.02.2018

Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et Sœurs,

Les lectures de ce jour se font toutes pressantes, sur le mode impératif : « Revenez à moi de tout votre cœur, déchirez vos cœurs, non vos vêtements, revenez au Seigneur votre Dieu… » dit le prophète Joël. De son côté st Paul insiste : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Et Jésus dans l’évangile est net : « quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, quand tu pries, retire-toi dans la pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent…quand tu jeûne, parfume-toi la tête et lave-toi le visage … »

Ces demandes nous sont adressées aussi à nous aujourd’hui. Comment allons-nous les accueillir ? Quelle voix allons-nous entendre derrière ces paroles abruptes ? La voix d’un maitre exigeant, voire dur ou bien la voix d’un Père qui nous aime ? Nous n’aimons pas être bousculés. Souvent dans la vie quotidienne, nous supportons avec peine qu’une autre personne nous parle avec des impératifs… « Quand même, mais pour qui se prend-il ? » Notre susceptibilité montre vite son air outré, au risque de ne plus savoir entendre, ni accueillir la vie qui bouscule nos somnolences… Aujourd’hui, c’est la voix d’un Père qui nous aime que nous sommes conviés à entendre dans ces demandes insistantes. Un Père qui a un grand désir que nous partagions plus étroitement son intimité. Il nous redit qu’Il nous accueille gratuitement, depuis que Jésus a opéré l’œuvre de réconciliation en son sang versé. Comme nous le prierons dans la prière eucharistique : « Toi Dieu de tendresse et de pitié, sans te lasser tu offres ton pardon, et tu invites l’homme pécheur à s’en remettre à ta seule bonté. Bien loin de te résigner à nos ruptures d’alliance, tu as noué entre l’humanité et toi, par ton Fils, Jésus, notre Seigneur, un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire ». Notre Père est toujours prêt à faire le premier pas par son pardon offert, par sa grâce qui nous cherche en Jésus, par son Esprit qui nous attire à lui.

Son appel nous entraine sur un chemin concret, non un chemin qui serait une sorte de parcours du combattant pour accomplir des exploits. Non, mais un chemin qui nous engage à plus de vérité sous le regard de notre Père. Il pourrait y avoir une façon de vivre l’appel à la prière, au jeûne et à l’aumône, comme des prescriptions à accomplir par obéissance, en les vivant du dehors. Ou encore, en se regardant soi-même en train de faire de bonnes choses au risque d’en tirer orgueil ou vaine gloire aux yeux des autres. Jésus dans l’évangile veut nous éviter cette dérive où l’on se met au centre. Il nous engage à remettre Dieu au centre. Vivre la prière, le jeûne et toute une discipline de vie, ainsi que l’aumône et toutes les marques de charité sous le seul regard de Dieu. Ce faisant, il donne laisse pressentir à quelle intimité avec notre Père nous sommes appelés, une intimité que lui-même a vécu. Oui, notre cœur, notre vie la plus intime a du prix aux yeux de Dieu. Et il désire que nous nous présentions en vérité devant lui, sans faux semblants, purifiés de toute recherche de nous-mêmes, pauvre comme nous sommes, mais vrais. Oui accueillons avec joie ce désir de notre Dieu de nous voir plus simple, vrai et libre sous son regard. Les cendres que nous allons recevoir nous remettent devant cette vérité, non pour nous abaisser, mais pour nous purifier de toute illusion sur nous-mêmes. Poussière, nous sommes mais poussière animée très aimée par Dieu, poussière appelée à se donner par amour.

Dans le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ célébré maintenant, laissons-nous purifier et sauver, pour aimer comme Lui, par Lui, avec Lui et en Lui. 14 février 2018

Homélie du 11 février 2018 — 6e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 6e dimanche ordinaire - 11 février 2018

Lev. 13, 1-2 et 45-46 Ps. 31 Marc 1. 40-45

Homélie du F.Ghislain

Texte :

De l’évangile que nous venons d’entendre, je voudrais retenir une seule chose, une question. Un lépreux a eu foi en Jésus, il a quitté son ghetto malgré les interdits, il a demandé la guérison et Jésus, ému de compassion, l’a lui a accordée, dans les termes mêmes de la demande : « Si tu veux, tu peux me guérir. – Je le veux, sois guéri ». Alors pourquoi Jésus le renvoie-t-il immédiatement, et de manière, on peut bien le dire, peu agréable.

Le texte que nous avons entendu : « avec fermeté, Jésus le renvoya » est la traduction très adoucie d’un original grec beaucoup plus carré, presque désagréable, et qu’on pourrait rendre ainsi : « J‘ai fait ce que tu me demandais : te voilà guéri. D’accord ! Maintenant, tais-toi et va-t-en. Tu connais notre Loi. Un lépreux guéri doit offrir des sacrifices, oiseaux et petit bétail, et accomplir des rites de purification. Ne traîne pas, va au Temple, trouve un prêtre et fais ce qui est prescrit pour obéir à la Loi de Dieu. Si le prêtre te demande comment tu as été guéri, dis le lui sans faire de phrases : «j’ai été guéri par une parole de Jésus de Nazareth », puis retourne chez toi et tâche désormais de vivre comme il faut. Et maintenant file et garde ta langue ».

Le lépreux guéri a dû être un peu abasourdi et ne pas en croire ses oreilles. En fait il n’a pas réalisé le pourquoi cette sortie, il ne l’a pas vraiment entendue. Certes, il est parti, mais à tous les présents, à tous les passants, à tous les gens rencontrés, avec force gestes et faconde orientale, il a raconté ce qui lui était arrivé et a fait en quelque sorte de la publicité à Jésus. Du coup, celui-ci s’est trouvé encore plus assailli par les foules en quête de miracle pour eux ou pour leurs proches, et il dû fuir la ville, pour être rattrapé d’ailleurs à la campagne par les gens.

Mais pourquoi donc Jésus voulait-il ce silence sur le miracle ? Parce que, à faire trop de bruit sur le prodige, on risque de se tromper sur l’identité de Jésus. Jésus n’est pas un thaumaturge. A le voir comme un faiseur de miracles, on le regarde du côté du bien qu’il peut faire aux uns et aux autres, on ne s’attarde pas à le connaître, Lui. Qui est-il ? Si le lépreux guéri avait suivi les consignes de Jésus, il aurait rapporté les faits au seul prêtre, et celui-ci alors se serait posé les vraies questions. Ce Jésus de Nazareth est un juif fidèle, puisqu’il envoie le guéri accomplir la Loi. Et en même temps, il fait des choses que personne ne peut faire par soi-même. Il faut donc que l’Esprit de Dieu soit en lui. Il importe alors au plus haut point de l’écouter, d’entendre ce qu’il dit sur le Royaume de Dieu, sur sa mission…Petit à petit, au prêtre de bonne volonté ou au pharisien fidèle, il apparaîtrait pour ce qu’il est : le Messie, l’envoyé de Dieu, le prophète du Royaume, finalement le Fils. Parce qu’il est cela, il fait des miracles. Si on s’arrête au miracle, on ne va pas jusqu’à la personne elle-même du Christ, on ne se convertit pas à Lui, on reste à la surface, on n’entre pas vraiment dans l’évangile.

Les lectures d’aujourd’hui nous invitent donc à nous interroger sur notre connaissance de Jésus. Tout de suite, nous allons chanter le Credo. Nous pourrions prendre le temps aujourd’hui de vérifier ce qu’il signifie pour nous, concrètement, du matin jusqu’au soir, jour après jour : « Je crois en Jésus Christ, fils unique de Dieu, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout puissant, d’où il viendra pour juger les vivants et les morts ». Est-ce que nous croyons cela, est-ce nous connaissons ce Jésus-là, de plus en plus, de mieux en mieux ? Est-ce que nous écoutons la parole qui sort de ses lèvres ? Est-ce que nous méditons inlassablement sa mort et sa résurrection ? Sûrement, nous pouvons dire oui, mais sûrement aussi nous pouvons progresser à l’infini. C’est ce qu’il nous faut désirer aujourd’hui et demander les uns pour les autres. Connaître Jésus,

connaître Jésus,

connaitre Jésus. - 11 février 2018

Homélie du 04 février 2018 — 5e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 5e dimanche de T. O. - 4 février 2018

Job 7 1-7; 1 Co 9 16-23; Mc 1 29-39

Homélie du F.HUbert

Texte :

« Ma vie n’est qu’un souffle ; mes yeux ne verront plus le bonheur », dit Job.

Oui, notre vie n’est qu’un souffle, si nous regardons seulement notre respiration corporelle. Mais avec le souffle du corps, Dieu a insufflé en nous un souffle plus profond, plus grand, un souffle que rien ne peut atteindre : son souffle divin que rien ne peut altérer. C’est en respirant de cette respiration divine que nous devenons vraiment humains.

Qui, mieux que Dieu, peut nous dire qui est l’homme, puisque c’est lui qui est notre origine, puisque nous sommes sortis de ses mains, de son Cœur ?

Or voici qu’il est venu lui-même vers nous. Il est venu marcher avec nous. Il a vécu au milieu de nous. Il a pris notre chair, notre souffle qui n’est qu’un souffle, pour que son souffle divin soit notre vie incorruptible.

Il a marché en Galilée, en Judée, dans les villages et au désert, il a franchi les frontières qui séparent les hommes : il a marché pour dire à chacun et à tous : sois vivant, comme Dieu est vivant !

Il a appelé quelques hommes pour en faire des « pêcheurs d’hommes ». Avec eux, il a marché, il les a envoyés eux aussi, proclamer comme lui la Bonne Nouvelle, proclamer le désir de Dieu sur l’homme : « Sois vivant ! »

Il est venu expulser les puissances du mal, arracher le mal mortifère, guérir les maladies, et offrir le souffle de la vie divine. Il est venu proclamer la parole vraie, celle de l’Alliance, celle qui donne la vie.

Au terme, il a pris sur lui tout ce qui défigure l’homme, le péché et la mort, pour que l’homme reçoive son visage divin, vivant de l’Esprit.

La parole vraie, il la puise dans sa relation unique avec son Père. Il l’écoute dans le silence du désert, dans le silence du cœur. Auprès de lui, il cherche son chemin d’homme, la manière dont il doit être Témoin du Royaume, Témoin de ce que Dieu veut pour l’homme.

A l’écoute de son Père, il marche. Il n’est pas sans racine : il est enraciné en son Père.

Il boit sans cesse à sa source, sa seule source.

Sa prière l’a affermi dans sa décision : il est venu pour tous. Il ne peut se laisser accaparer par personne. Il ne peut ni s’arrêter ni se laisser enfermer. Il lui faut partir "ailleurs", avec ceux qu’il a appelés.

« Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » « Et il parcouru toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »

« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! »

Cette parole de Paul, combien elle est vraie pour Jésus !

La pêche des hommes oblige à partir, à se déplacer vers d’autres lieux sans se laisser accaparer.

Frères et sœurs, nous, aujourd’hui, si nous avons rencontré le Christ, si nous sommes ses disciples, nous avons le devoir, nous dit le pape François, « d’annoncer l’Evangile sans exclure personne, comme des gens qui partagent une joie, offrent un banquet désirable. » Il poursuit : « L’intimité de l’Église avec Jésus est une intimité itinérante. […] Fidèle au modèle du maître, il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu.

L’Église « en sortie » […] se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s’abaisse jusqu’à l’humiliation si c’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple. […] Elle accompagne l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être. »

Frères et sœurs, St Marc nous invite à nous laisser guérir, remettre debout, à laisser le Christ saisir notre main, à nous remettre en marche et à sortir avec lui, pour à la rencontre de l’autre, découvrir son visage, lui offrir le nôtre, et dans cet échange, laisser advenir la lumière du Visage du Père.

Laissons résonner et fructifier en nous la Parole de vie, recevons le Corps du Ressuscité, le Vivant, vivons de l’Esprit Saint, le Souffle de Dieu ! - 4 février 2018