Homélies
Liste des Homélies
Fête de la Transfiguration - 6 aout 2018
Frères et sœurs,
Avec Paul, nous le savons « nous cheminons dans la foi non dans la claire vision » (2 Co 5, 7)… Nous soulignons souvent le côté obscur du cheminement de la foi. Mais en ce jour, la mémoire de cet épisode unique dans la vie de Jésus, nous invite à accueillir le côté lumineux de notre foi. A travers le regard des apôtres Pierre, Jacques et Jean, nous est donné d’entrevoir la beauté du mystère de Jésus… Le mystère de son être se dévoile aux yeux de la foi. Son être de lumière et sa relation unique avec le Père apparaissent de façon éclatante le temps d’un instant. Claire vision éphémère qui vient confirmer le témoignage des prophètes, et conforter les disciples avant l’épreuve de la Passion. Claire vision qui veut aussi fortifier notre foi et nous donner de l’assurance dans notre relation avec le Christ Ressuscité. Lui que nous connaissons à travers le témoignage des Evangiles, mais aussi à travers les sacrements vécus et reçus en Eglise, est le Seigneur, uni à son Père dont il partage la Puissance et la Gloire. Il est le Maitre de l’univers, et le Maitre de nos existences qui nous a fait, qui nous accompagne et qui nous attend au terme de l’histoire…
Mystère de lumière qui reste caché pour ne pas trop nous éblouir et nous permettre d’avancer avec confiance, sans peur avec lui, sous la motion de son Esprit…
En cette eucharistie, entrons un peu plus avec confiance dans cette eucharistie où le Seigneur nous entraine à sa suite dans sa mort et sa résurrection, pour nous donner la vie.
Année B – 18ème dimanche du Temps Ordinaire – 5 Aout 2018
Ex 16, 2...15; Ep 4, 17-24; Jn 6, 24-35
Homélie du F.Damase
Les lectures nous parlent de la situation dramatique de ceux qui sont tenaillés par la faim. Les Hébreux, libérés de l’esclavage d’Egypte, se sont mis en marche vers la Terre promise. Ils traversent le désert. Ils sont affrontés à la faim ; ils rouspètent contre Moïse. Ils regrettent les marmites et le pain qu’ils avaient à satiété en Egypte. Mourir dans le désert n’a jamais eu aucun sens.
Ces récriminations, Dieu les entend. Et l’Exode nous donne la réponse de Dieu. Ce livre nous dit que, même dans les situations les plus difficiles, Dieu ne nous abandonne pas. Il faut lui faire confiance contre vents et marées. Le véritable bonheur c’est de suivre sa loi et son enseignement. C’est le pain que le Seigneur nous donne à manger chaque jour.
L’Evangile de ce dimanche vient compléter cet enseignement. Jésus vient de nourrir une foule affamée. Elle pense avoir trouvé en lui le roi qui répondra à ses besoins. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi. Ce n’est pas sa mission. C’est important pour nous aussi : nos prières se limitent souvent à des demandes terre-à-terre. Nous oublions le plus important. Et c’est cela que Jésus veut nous faire découvrir.
Tout d’abord, pour échapper à l’enthousiasme des foules, Jésus se retire sur « l’autre rive » du lac. C’est un symbole important : « passer sur l’autre rive ». C’est renoncer à la facilité et se mettre sur le chemin de Dieu. Jésus a renoncé à la royauté terrestre. Il s’est retiré pour rejoindre son Père dans le silence et la prière.
Les foules sont à sa recherche. Elles sont également passées sur l’autre rive. Mais elles se sont trompées. Le vrai passage que Jésus attend de nous, c’est celui de la foi et de l’amour. Il nous faut quitter la rive de notre confort et de nos certitudes et rejoindre celle de l’Evangile.
Jésus voit tous ces gens qui travaillent dur pour leur nourriture corporelle. Or c’est « une nourriture périssable pour une vie périssable ». Aujourd’hui, il voudrait leur révéler une autre nourriture.
Jésus nous parle du « vrai pain », « le pain de vie », « le pain venu du ciel ». Le seul vrai pain, c’est Jésus. Il est le pain qui donne la vie. Cette nourriture offerte à tous les hommes c’est la parole de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt. 8. 3). Jésus est également nourriture par son Corps et son Sang donnés dans la célébration Eucharistique.
Aujourd’hui, Christ continue à nous révéler notre faim et notre soif d’absolu. Il nous voit courir vers la « puissance technologique ». Il voit tous ces gens angoissés parce qu’ils sont au chômage, qui souffrent que personne n’ait besoin d’eux.
Nous chrétiens, nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu pour le communiquer à ceux qui nous entourent.
Paul invite les Ephésiens, à passer sur l’autre rive, à quitter leurs anciennes pratiques.
Nous aussi, nous pouvons être atteints par l’esprit païen de notre temps. Mais le Seigneur nous appelle à passer sur l’autre rive. Il nous attend. Il nous destine à partager sa vie, la Vie éternelle.
- 5 août 2018
Année B - 17ème dimanche du temps ordinaire, 29 juillet 2018
2 Roi 4 42-44; Eph 4 1-6 ; Jn 6 1-15
Homélie du F.Bernard
Dimanche dernier, nous entendions l’Évangile de Marc. Jésus entrainait ses disciples à l’écart, en un lieu désert, pour qu’ils se reposent un peu, après leur tournée apostolique. Peine perdue ! Les foules avaient tôt fait de repérer où ils allaient, et les avaient rejoints. Alors Jésus s’était mis à les instruire longuement.
Ainsi se terminait l’Évangile. Rien n’était dit alors de l’enseignement donné par Jésus en ce moment décisif de son ministère, celui où il allait nourrir les foules. C’est pour combler cette lacune- si ce mot convient, car l’Évangile de Marc a sa logique- que la liturgie fait le choix d’interrompre la lecture de cet Évangile, pour nous faire entendre pendant cinq dimanches consécutifs l’Évangile de Jean, avec la multiplication des pains et le discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm qui lui fait suite.
Bien évidemment, changer d’Évangile, c’est changer de cadre, changer de circonstances, au moins pour une part. L’Évangile de Marc n’est pas celui de Jean, mais de toutes manières l’horizon est pour nous l’eucharistie que nous allons célébrer et à laquelle l’Évangile nous prépare. Ce lieu à l’écart où Jésus convoque les siens, que les foules rejoignent, c’est aussi cette église qui nous rassemble, un peu à l’écart dans la forêt du Morvan, le lieu pour entendre ce matin le Christ nous dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous soulagerai, et vous trouverez le repos pour vos âmes. » (Mt 11, 28-30)
La Montagne où Jésus se rend, c’est aussi le lieu de son enseignement, depuis le Sermon inaugural sur la Montagne. C’est là que Jésus convoque ses disciples après Pâques, pour les envoyer enseigner à toutes les nations. Ce matin, nous sommes aussi sur la Montagne avec le Seigneur. Enfin l’approche de la Pâque rappelle l’évènement fondateur de l’Alliance, lors de l’Exode et de plus pour nous chrétiens l’eucharistie et le sacrifice de la Croix.
Alors Jésus prit les quelques pains d’orge et les poissons que lui donnait un jeune garçon. Il rendit grâces. Il les rompit et les donna aux disciples qui les donnèrent aux foules. Tous furent rassasié. Il y avait environ cinq mille hommes. Et il y eut du reste : douze paniers pleins de morceaux de pain.
Chacun a fait son travail et le Seigneur a fait le reste. Peut-être instinctivement cherchons-nous dans l’Évangile du merveilleux, de l’insolite, du spectaculaire ? Ce serait une erreur. Rien de tel ici, pas plus d’ailleurs quand Élisée nourrit cent personnes avec le peu de provisions dont il dispose (2R 4, 42-44).
Le mot miracle est-il le meilleur ? En tout cas l’Évangile de Jean lui préfère le mot de signe. La multiplication des pains est l’un des sept signes par lesquels cet Évangile entend dire le mystère de Jésus. Dans nos vies de même, ou autour de nous, peut-être sommes-nous trop portés à chercher du miraculeux, au risque de de ne pas voir les signes que le Seigneur inscrit dans le réel de nos vies, et par lesquels il nous manifeste bien plus réellement sa présence ?
La multiplication des pains…un signe. Mais signe de quoi ? Signe de l’attention de Jésus aux besoins prioritaires de la foule qui l’écoute depuis bien longtemps. Sans doute, mais est-ce suffisant ? Signe de la compassion du Seigneur pour la foule sans Pasteur. Certainement. Signe plus encore que la merveille de l’Exode se continue et s’accomplit. Au désert les foules avaient été nourries par un aliment inconnu jusqu’alors, la manne. Elles le recevaient jour après jour comme venant de Dieu, comme don du Ciel. Mais alors ce pain multiplié ne signifie-t-il pas que le prophète annoncé par Moïse pour l’avenir (Dt 18, 15) est là en la personne de Jésus ? « C’est vraiment lui, le grand Prophète, celui qui vient dans le monde » disent les foules avec raison. C’est lui le Messie.
Malheureusement ces mêmes foules attendent du Messie un rôle politique, qu’il libère Israël du joug romain, qu’il rétablisse l’autonomie politique du royaume d’Israël. Jésus n’est pas venu pour cela. Alors il se retire tout seul, dans la montagne. C’est sur la croix, que le saint Serviteur de Dieu clouera le péché du monde, qu’il apportera la libération à Israël et sauvera le monde.
La multiplication des pains est un tournant dans la vie de Jésus. Présentement les foules ne veulent plus le lâcher tant qu’il n’aura pas dit avec quelle autorité il a accompli ce signe. Jésus le fera dans le discours à la synagogue de Capharnaüm. Ce sera une parole dure à entendre pour l’auditoire, « scandaleuse même pour les Juifs, folle pour les païens, mais porteuse de la puissance de Dieu et de la sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent » (1 Cor 1,23-24).
Nous allons à l’instant rompre le pain, selon le commandement du Seigneur, le pain unique distribué à tous pour que tous nous devenions corps du christ. Comme Pierre, nous pouvons redire dans la foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous savons et nous croyons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69) - 29 juillet 2018
DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2018
1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, -
Pourquoi donne-t-on tant de relief à la fête de la dédicace d’une église, comme la célébrons en ce jour, ici à la Pierre qui Vire ? Parce que nous avons conscience que cette maison de prière est un lieu de grâce et de travail à la fois. Lieu de grâce car Dieu nous y donne abondamment sa Parole, son Esprit et sa Vie au gré des sacrements vécus et des offices célébrés. Lieu de travail parce que Dieu fait son œuvre en nous les croyants pour édifier le Temple du Saint Esprit, le Corps du Christ.
Les lectures entendues peuvent nous servir de guide pour mieux réaliser ce qui se passe en cette maison de prière. Lors de la dédicace du temple qu’il vient de construire pour le Seigneur, le roi Salomon est conscient du don qui est fait à ce lieu, désormais investi de la présence particulière de Dieu. Salomon s’étonne que Celui que les cieux ne peuvent contenir puisse habiter un espace si réduit. Il redouble de confiance pour lui manifester sa confiance en lui exprimant sa prière. Par 4 fois, il l’invoque en lui disant « écoute ». A la suite de Salomon, nous pouvons nous émerveiller de cette grâce unique de la présence de Dieu qui nous est faite en chacune de nos églises. Dieu est là. Il se donne à rencontrer. Il nous parle et il nous apprend à lui parler. A lui parler même avec audace. A l’insistance de Salomon, fait écho la foi nue des psalmistes qui n’hésitent pas à interpeller Dieu, par leur cri : « Dieu viens à mon aide »…« Pourquoi dors-tu Seigneur »… A leur suite, nous apprenons à lancer nos cris vers Dieu dans l’espérance qu’il ne peut que les entendre. Ici, nous pouvons nous interroger : est-ce si sûr que nous avons cette même audace et cette même confiance en notre Dieu pour lui exprimer toutes nos demandes ? Est-ce que nous savons nous présenter humblement tel que nous sommes pour demander ce dont nous avons vraiment besoin pour notre marche avec lui ? Oui, osons exprimer à notre Père des Cieux nos désirs profonds pour nous-mêmes et pour les autres.
Dans l’évangile, nous voyons Jésus interroger ses disciples et les faire advenir à la Parole qui les traverse… « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Pierre exprime une Parole qui ne vient pas de lui, et qui va le construire lui-même, pour faire de lui la pierre sur laquelle est édifiée l’Eglise. Dans cette maison de prière, comme une grâce la Parole nous est offerte abondamment. Elle nous traverse pour nous faire entrer dans une connaissance qui nous dépasse toujours. Elle bouscule et fortifie en même temps au fur et à mesure que grandit notre connaissance de Jésus, une connaissance plus intime. De même la célébration de l’Eucharistie nous introduit dans l’action de grâce parfaite, celle de Jésus donnant sa vie à son Père. Par elle nous sommes entrainés à aller plus loin nous aussi dans l’offrande de nos vies pour Dieu et pour les autres. Oui en cette maison de prière, la grâce d’une connaissance et d’une union plus intime avec Jésus nous est offerte, pour que le connaissant toujours mieux, nous devenions avec lui, par lui, en lui instrument de salut…
Avec St Pierre, enfin, nous nous émerveillons de cette mystérieuse alchimie spirituelle, si l’on peut parler ainsi, qui se réalise en chacune de nos églises. De toutes de nos personnes rassemblées nait le Corps du Christ. Chacun de nous, fondé dans la foi au Christ, devient une pierre vivante qui, uni aux autres, forme le Temple de l’Esprit Saint. Merveilleux travail de la grâce offert comme une promesse. Dieu a ce projet sur chacune de nos assemblées. Telle est son œuvre dans laquelle il nous introduit gratuitement et à laquelle il nous invite à collaborer. Chaque église est ce lieu où sous la main délicate de Dieu, nous devenons des croyants, des fils de Dieu et des frères en Christ.
Offrons-nous ce matin à cette grâce et à ce travail de notre Père des Cieux réalisé dans le Christ par l’Esprit Saint. Que cette célébration fasse grandir en nous ce désir d’être plus docile dans ses mains. - 25 juillet 2018
Année B - HOMELIE du 16ème dimanche du TO - 22 juillet 2018
(Jér. 23,1-6 ; Eph. 2,13-18 ; Marc 6,30-34)
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs
Dimanche dernier, dans un passage de l’évangile selon St Marc, précédent celui que nous venons d’entendre, Jésus avait inauguré l’envoi en mission de ses disciples, 2 par 2. Il les exhortait à ne rien emporter avec eux, ni pain, ni sac, ni argent. Il leur demandait seulement de proclamer la Bonne Nouvelle, en invitant leurs auditeurs à la conversion, tout en chassant les démons et en guérissant les malades avec des onctions d’huile.
Aujourd’hui, nous assistons au retour de cette première mission. Les apôtres font un rapport à leur Maître de ce qu’ils ont fait et enseigné. Cela apparaît plutôt comme une réussite et une bonne performance. On s’attendrait alors que leur maître les félicite et les encourage à continuer. Mais non. Jésus se préoccupe avant tout de leur état physique, de leur fatigue. Il sait par expérience ce qu’il en coûte d’efforts pour annoncer l’Evangile. Lui-même a connu la faim, la soif, la fatigue des longues marches à travers la Galilée, la Judée et la Samarie. Il connaît le prix du repos, le bienfait de se mettre à l’écart, dans des endroits déserts, loin des foules avant de reprendre la route. Il sait qu’il faut prendre le temps de s’alimenter, alors même qu’il avait demandé de ne pas prendre de provision de pain, et de compter sur la générosité de ceux qui les accueilleraient.
Un apôtre doit donc veiller à son corps, être en bonne santé. Vous le savez sans doute : la langue anglaise dispose de 2 mots pour exprimer le soin à apporter à une personne. « Cure » vise le soin médical, thérapeutique, en vue de la guérison d’un malade, et c’est de ce soin qu’ont fait preuve avec succès Jésus et ses disciples, mais il y a aussi le « Care » qui est le soin attentif et attentionné à la personne, malade ou non, et c’est également de ce soin-là que fait preuve Jésus à l’égard de ses proches. Un soin que chacun est invité à porter à soi-même : « take care of yourself » comme on se le souhaite couramment.
Si la 1ère partie de notre page d’évangile concerne la relation de Jésus à ses apôtres, la 2nde partie, elle, met en avant la foule. Une foule de gens qui cherchent à approcher Jésus pour le voir, pour l’écouter, pour le toucher. Ce sont des gens affamés, fatigués aussi d’une autre manière, dans l’attente de soin et de pain. L’évangéliste Saint Marc nous dit alors que Jésus fut saisi de compassion envers eux. Un terme très fort en grec « splangma », qui serait mieux traduit par « il fut remué jusqu’aux entrailles », comme le sentiment d’une mère devant la souffrance de son enfant malade. C’est le mot de la miséricorde, dans ce qu’elle a de plus profond et de révélateur de l’Amour de Dieu pour nous. On le trouve dans la parabole du Bon Samaritain qui fut, lui aussi, touché de compassion devant la détresse d’un homme à demi-mort, abandonné au bord de la route par des bandits, tandis qu’un prêtre et un lévite étaient passés sans lui prêter attention, sans cure, sans care, sans cœur…
Face à la détresse de cette foule, comparée à un troupeau de brebis sans berger, la réponse de Jésus sera de lui proposer d’abord un enseignement, et même un long enseignement. Ce ne sera qu’ensuite qu’il pourvoira à leur restauration, par la multiplication des pains. Un épisode que nous aurons dimanche prochain, rapporté dans le IV° évangile.
Saint Marc veut nous faire comprendre ainsi qu’il n’y a pas d’évangélisation sans enseignement, et sans une écoute préalable et longue de la Parole de Jésus. Les apôtres à leur retour de mission rapporte à Jésus ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont enseigné. L’ évangile de Marc ne nous rapporte pas le contenu de ces longs discours, comme on en trouve chez les autres évangélistes : Matthieu, Luc et Jean. Le message de Marc se résume en peu de mots : « Le Royaume de Dieu est arrivé. Il est tout proche de vous. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle »
Frères et sœurs, ce message et cet appel à la conversion, dans un esprit de foi, sont toujours d’actualité et ils nous concernent chacun personnellement et en église. Les moines, en adoptant la Règle de Saint Benoît en font même l’objet d’un vœu qui les engage jour après jour. Mais ne nous faut-il pas aussi entendre les appels de notre Pape François qu’il adresse à tout homme de bonne volonté, pour une « conversion écologique », dans la mesure où notre terre, notre maison commune est en danger et menacée par une grave crise. Il nous est bon et profitable alors de relire et de méditer l’encyclique : « Laudato Si’ », comme nous le faisons en communauté, ces derniers jours, chaque matin, au chapitre. Et c’est une bonne lecture d’été que nous ne saurions que vous conseiller.
Frères et sœurs, à la différence de Jésus, je ne vais pas trop prolonger cette homélie. Certes, nous aurions pu nous pencher aussi sur les 2 premières lectures. Elles sont en consonance avec l’évangile, dans leurs appels et leur espoir d’une conversion et d’une réconciliation dans le droit, la justice et la paix. Et cela, dans une perspective messianique, en Jésus-Christ.
« Voici venir des jours, où je susciterai pour David un germe juste : il règnera en vrai Roi, il agira avec intelligence, il exercera le droit et la justice » annonce le prophète Jérémie : et Saint Paul de renchérir : « dans le Christ, vous qui étiez autrefois loin, vous êtes devenus proche par son Sang. C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; il a détruit le mur de la haine. Il nous a réconciliés avec Dieu, les uns et les autres, en un seul Corps, par le moyen de la Croix. »
Nourris ainsi par la Parole de Dieu, accueillie dans les Saintes Ecritures, nous pouvons nous approcher de la Table de l’Eucharistie et partager le Pain de la Vie et la Coupe du Salut, en faisant mémoire de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur et Sauveur.
Rendons grâces à Dieu, en ce dimanche où Il nous conduit par un juste chemin pour l’honneur de Son Nom : et que cette grâce et ce bonheur nous accompagnent tous les jours de notre vie.
AMEN - 22 juillet 2018
Année B - 11 Juillet 2018 - SAINT BENOIT 2018
Pr 2, 1-9 ; Ps 33 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Comment connait-on St Benoit, ce « maitre spirituel, pour ceux qui apprennent à servir Dieu » ? Deux textes nous parlent de lui : le premier est tiré des Dialogues de St Grégoire ; il présente sous forme de tableaux, différents épisodes de sa vie. Le second est la Règle que St Benoit a écrite. St Grégoire nous assure que la Règle peut être une bonne manière de connaitre son auteur, tant il n’a pas pu recommander à ses disciples autre chose qu’il n’ait vécu lui-même. Les deux textes contrastent entre eux : le premier fait volontiers appel au genre merveilleux pour souligner des miracles ou des faits étonnants opérés par le Saint. Le second au contraire propose une « toute petite règle pour débutants » espérant offrir des balises pour qui se hâte vers la patrie céleste. La liturgie de cette fête puise à ces deux textes pour proposer à notre méditation et à notre prière les antiennes et les oraisons. Ainsi la belle hymne, « Vivre à Dieu seul », tisse de manière admirable ces deux sources, pour offrir un portrait du saint tout autant qu’un itinéraire pour les disciples…
Spontanément, les moines sont plus à l’aise pour reconnaitre leur maitre à travers la Règle qu’à travers le récit des Dialogues. St Benoit s’y révèle alors de manière cachée. Loin d’attirer les regards sur Lui, il invite chacun à se mettre en marche pour « suivre le seul Maitre dont le joug rende libre », le Christ. Ainsi fêter St Benoit, c’est aussi bien honorer un homme qui s’est laissé travailler par la grâce de Dieu, que revenir à la source du chemin qu’il propose.
Quand St Benoit invite le moine à se mettre volontiers à l’écoute, pour y entendre la voix d’un père qui appelle et qui aime, il nous invite à sa suite, à revenir avec confiance vers le Christ qui nous a aimés, sanctifiés. Nous sommes toujours précédés par l’Amour du Christ.
Quand St Benoit propose au moine de chercher Dieu, sans se laisser effrayer par les difficultés, ni décourager par les humiliations ou les adversités, il nous entraine à la suite de tous les chercheurs de trésors dont les Ecritures portent le témoignage. Il s’agit de creuser avec constance, et de nous laisser creuser avec confiance pour « comprendre la crainte de Dieu et découvrir la connaissance de Dieu ».
Lorsque St Benoit invite se moines à ne rien préférer à l’amour du Christ et à ne rien préférer à l’œuvre de Dieu, il désire nous faire vivre de cette grâce décrite par Paul : « tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père ». Notre vie trouve son unité et sa joie dans la louange reconnaissante.
Lorsque St Benoit nous entraine sur le chemin de l’humilité, sur cette mystérieuse échelle sur laquelle on monte en descendant, ne veut-il pas nous partager le bonheur des béatitudes qu’il a entrevu lui-même : le bonheur des pauvres de cœurs, des doux, des miséricordieux, de ceux qui pleurent et qui sont persécutés pour la justice. Ici St Benoit nous livre peut-être le secret de son expérience la plus profonde : à travers les contradictions ou les oppositions, par l’humilité et la patience le moine suit Jésus et découvre l’amour qui chasse la crainte.
Enfin inséparable de l’expérience de l’humilité, quand St Benoit exhorte ses moines à vivre l’obéissance mutuelle dans le support des infirmités physiques et morales, sans chercher son propre intérêt, il désire les faire entrer dans la grâce de ceux qui se revêtent « de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité et de douceur et de patience ». La charité fraternelle, manteau reçu du Christ, et dont il nous faut sans cesse nous revêtir, nous éprouve au même moment où elle nous édifie, dans la recherche du bien de tous.
Ce matin, en rendant grâce à Dieu de nous avoir donné St Benoit comme maitre spirituel, nous le prions qu’il garde heureux de chercher et de chercher encore sans nous lasser, à unifier notre vie sous son regard, afin que le Christ nous conduise tous ensemble à la vie éternelle. - 11 Juillet 2018
Année B - 14e dimanche Ordinaire - (08/07/2018)
(Ézékiel 2, 2-5 – Ps 122 – 2 Corinthiens 12,7-10 – Marc 6, 1-6)
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche sont tout sauf une propagande triomphaliste pour Dieu et ses envoyés.
D’Ézékiel au Christ en passant par saint Paul, il ne s’agit pas de super-héros à qui tout réussirait mais de personnes fragiles confrontées à des obstacles, parfois intérieurs, et dont le succès n’est pas éclatant, il faut bien le reconnaître.
Ézékiel n’a pas la tâche facile. Il est envoyé vers un peuple, le peuple d’Israël, le peuple de Dieu. Or même Dieu n’en est pas maître tant il se rebelle. On a même l’impression que Dieu est désabusé « qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ». Aucune garantie n’est donnée au malheureux prophète sinon celle-ci : en proclamant « Ainsi parle le Seigneur » Ézékiel se fera connaître comme prophète, envoyé pour parler au nom de Dieu. Reste au peuple la liberté de l’écouter ou non. Fragilité de l’envoyé du Seigneur à qui rien n’est garanti, sinon qu’il est envoyé par le Seigneur, ce qui est l’essentiel.
Quant au Christ, là aussi, il n’y a aucun triomphalisme, bien au contraire. On peut dire que son ministère échoue dans son lieu d’origine, dans le village où il a grandi. A croire qu’il n’y a pas laissé un souvenir extraordinaire. Au contraire, le souvenir qu’il a laissé est sans doute trop ordinaire pour que ses compatriotes le reconnaissent comme envoyé par Dieu. On peut être quand même étonné, nous qui, parfois, pouvons être si avides de miracles pour conforter notre foi. En effet, les concitoyens du Christ, qui, eux, connaissent ses miracles, sont pourtant choqués, loin de croire en lui. Il est vrai que « nul n’est prophète en son pays » mais quand même … En tout cas, le ministère du Christ tourne court chez lui et c’est dans les alentours qu’il se décide à aller enseigner, car annoncer le Royaume de Dieu le brûle. Aucun reproche du Christ à ses compatriotes. Mais ce refus annonce un autre refus, plus radical, qui conduira le Christ à la croix.
Saint Paul, lui, qui a reçu des révélations extraordinaires, doit constater néanmoins sa faiblesse, sa fragilité qui l’abandonnent totalement au Christ et à sa grâce. Là aussi, il n’est pas question de triompher. Ses révélations ne lui donnent aucune puissance, aucune force particulière. Nous sommes loin des contes de fées ou de la magie.
Frères et sœurs, à une époque où nous pouvons nous sentir parfois bien fragilisés dans notre foi ou dans notre désir d’annoncer le Christ, ces lectures ont sans doute beaucoup à nous dire.
Nous en avons parfois fait l’expérience, il peut être plus difficile de témoigner du Christ et de son message auprès de nos proches, dans nos familles, auprès de ceux qui nous connaissent bien. Cela peut nous troubler comme cela a troublé le Christ. Il n’a pas eu la vie plus facile que nous. Sa parole et même ses miracles n’ont pas été reçus par ceux qui l’avaient vu grandir de leurs yeux.
Le prophète Ezékiel, lui non plus, n’a pas eu la vie facile. Et Dieu lui-même l’a prévenu combien ses auditeurs, pourtant proches de lui, pouvaient être durs d’oreille. Faut-il nous étonner qu’il en soit encore de même aujourd’hui ? Le message évangélique n’a rien d’évident et il prend à rebours bien des sensibilités, bien des dogmes de notre société.
Saint Paul, lui, nous donne peut-être la clé pour nous aider à garder confiance. Lui qui a fait une expérience spirituelle unique, se retrouve presque paralysé par cette écharde dans la chair qui reste mystérieuse car l’essentiel n’est pas de la connaître. L’essentiel, et Paul nous le dit sans hésitation, c’est la grâce du Christ qui seule peut venir en aide à sa faiblesse, à nos faiblesses. Paul ira jusqu’à dire : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » car il accepte cette faiblesse pour le Christ. Avouons que cela ne correspond pas aux mentalités d’aujourd’hui. Avouons que nous peinons à nous confier au Christ à ce point.
Nous sommes certainement tous plein de bonne volonté et nous souhaitons un monde où règne l’évangile. Où tout le monde serait à l’écoute du message du Christ qui nous aide tant à vivre. Peut-être aimerions-nous être mieux entendus, mieux compris. Mais il n’en est pas ainsi comme pour le Christ, et, avant lui, pour le prophète Ezékiel ou saint Paul.
Il ne nous reste que la grâce du Christ, mais c’est sans doute là l’essentiel. Chaque fois que nous tenterons de posséder le message du Christ pour nous en faire le propriétaire et essayer d’être le plus performants possible, nous risquons fort d’échouer car, sans doute inconsciemment, nous essayons de faire mieux que le Christ. L’Eglise a pu croire que, par sa force, sa puissance intellectuelle, culturelle voire politique, elle pourrait amener tout le monde à croire au Christ. Elle a pu croire en la réussite de son projet mais force est de constater aujourd’hui qu’il y a bien du chemin à faire. Peut-être nous faut-il réaliser que c’est Dieu qui est le maître de l’histoire, y compris de l’histoire de l’annonce de l’évangile.
Confions donc au Seigneur le soin de travailler les cœurs, essayons, nous-mêmes, d’être des témoins authentiques. Le pape François nous donne beaucoup d’exemples bien concrets à ce sujet. Rappelons-nous que le Christ a bien peiné. Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître. Nous pourrions alors avoir d’heureuses surprises et réaliser combien le Seigneur peut réaliser de belles choses dans le cœur des gens, bien plus que nos stratégies et nos efforts calculés. AMEN - 8 juillet 2018
Année B - 13e dimanche du Temps Ordinaire - 1° juillet 2018
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Sag. 1,13-15; 2, 23_24. 2 Cor. 8, 7,9, 13-15.
Marc 5, 21-43
Homélie du F.Ghislain
La lecture de l’évangile que nous venons d’entendre peut nous conduire à nous poser deux questions très concrètes et à essayer d’y répondre. Ces questions sont : pourquoi sommes-nous venus à l’Eucharistie ce dimanche ? qu’est-ce que nous ferons dans la semaine qui vient ?
Aussi bien la femme malade que le chef de la synagogue sont venus pour avoir la vie : la santé au lieu d’une maladie inguérissable qui, depuis des années, gâte l’existence ; la santé au lieu d’une maladie infantile contre laquelle on ne peut rien et qui va priver la famille d’un enfant aimé. Voilà ce qu’on désire : la vie plus forte que la mort. La femme malade, qui croit pourtant et espère la guérison, a peur du contact direct, face à face. Elle vient par derrière, elle touche le vêtement du Christ, et ô miracle, çà marche : elle est guérie. Pourtant, les choses ne peuvent en rester là ; la puissance de Jésus n’est pas magique, et le Seigneur provoque un dialogue. Le chef de la synagogue, lui, risque la parole : il parle, il parle, il dit que sa fille en est à sa fin, il dit à Jésus quoi faire : venir chez lui et imposer la main à l’enfant. C’est urgent et voici qu’au milieu de son discours, on lui envoie dire : trop tard, ta fille est morte. C’est l’effondrement. Là, il faut alors une parole de Jésus qui assure de donner plus que l’homme n’aurait osé demander : non pas la guérison d’une fillette encore vivante, mais la résurrection d’une enfant morte.
La femme malade, le père désespéré, - deux figures de l’homme en perte de vie qui vient à celui qui est la voie, la vérité et la vie. Cet homme en perte qui vient à Jésus, qui est-ce aujourd’hui ? la communauté concrète que nous sommes ici et maintenant, chacun avec le lot de ses désirs, de ses impuissances, de ses frustrations : nous les mettons ensemble, nous en dirons quelques-unes au Christ en en mentionnant d’autres à la prière universelle, - je pense que nous pouvons ici penser à Francette Bon-Mardion, fidèle à la rencontre annuelle des Pingouins et aujourd’hui proche d’une opération sérieuse - . Nous comprenons bien que, finalement, nous sommes ici au niveau de tous les hommes. Nous venons demander à Jésus la vie, sous toutes ses formes, nous nous approchons, pas seulement de sa tunique, mais de son corps et de son sang, car il nous a lui-même invités : « qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie éternelle ». Et nous croyons à l’immensité des libérations, qui s’opèrent dans le monde en réponse à nos supplications : elles sont certes la inconnues et cachées, mais qui, dans le monde romain du temps de Jésus, a connu les guérisons dont nous parle l’évangile ? Voilà pourquoi nous sommes ici : demander et obtenir la vie : pour tous, pour nous, pour moi, grâce au corps du Christ et quelles que soient les apparences contraires.
Une question pourrait encore venir à notre esprit, qui nous aiderait à recevoir de manière plus personnelle le message de cet évangile: "et après?" Quand la femme a quitté Jésus, où est-elle allée? qu'a-t-elle fait? La petite fille qui a été ressuscitée, qu'est-elle devenue, et ses parents, témoins et bénéficiaires sur leur enfant de la Puissance de Jésus, comment ont-ils continué de vivre, dans leur village et dans leur entourage, avec cette enfant du miracle? Nous savons, du moins, ce qui est advenu aux disciples choisis: à la Transfiguration, ils ont encore été les témoins de la Puissance de Dieu, à l'Agonie, en revanche, ils ont vu sa faiblesse, et ils n'ont pu supporter ni l'une ni l'autre; il aura fallu que l'Esprit descende sur eux pour qu'ils soient transformés, qu'ils comprennent enfin ce qu'ils avaient vécu et qu'ils en témoignent alors, eux aussi, dans la puissance et dans la faiblesse. Sans doute pouvons-nous imaginer qu'il en a été de même des autres protagonistes: si privilégié qu'ait été ce moment particulier de leur existence où ils ont touché Jésus ou été touchés par Lui, ils ont sans doute, chacun à sa manière, accompli le périple de Celui qui les avait sauvés: de la Gloire à l'humiliation et encore à la Gloire.
Il nous faut peut-être alors essayer de ne pas laisser perdre cette grande diversité de personnes, d'attitudes, - pour nous demander, d'une manière très personnelle: où suis-je là-dedans? à qui puis-je m'identifier? à laquelle de ces relations avec le Christ correspond la mienne? où est ma force et où ma faiblesse? Et à quel Christ est-ce que je m'adresse: à l'homme étonné à qui on dérobe en quelque sorte sa Puissance, au Maître qui semble dominer la vie et la mort? Sans doute une telle identification n'est-elle pas possible une fois pour toutes, mais aujourd'hui: qui est mon Seigneur et comment est-ce que je me réfère à lui avec les autres et au nom de tous ? Et qu’est-ce que, avec d’autres proches, mais aussi avec les lointains, je vais pouvoir être et faire pour que la Vie jaillisse et qu’elle jaillisse en abondance ? Que l’Esprit de Jésus nous éclaire et nous pousse dans la semaine qui vient en vertu de la force évangélique reçue aujourd’hui.
1° Juillet 2018
année B - 24 juin 2018 SOLENNITE DE ST JEAN-BAPTISTE
Is 49 1-6; Ac 13 22-26; Luc 1 57-66 80
Homélie du f. Hubert
Depuis les premiers siècles donc, les chrétiens ont célébré la naissance de Jean-Baptiste,
cet homme à la place si particulière dans l’histoire du salut,
à la jointure de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliances.
Que sera cet enfant dont la conception et la naissance sont marquées par tant de surprises,
dont le nom nouveau, qui tranche sur la coutume familiale, signifie « Dieu fait grâce » ?
Dieu, en effet, va faire grâce au-delà de toute mesure,
au-delà de tout ce que l’homme pouvait imaginer.
Dieu va faire grâce en prenant la condition de ceux qu’il vient sauver,
en prenant sur lui tout le poids du mal qui affecte nos vies,
en faisant de nous des fils dans le Fils devenu homme.
Jean est la voix annonciatrice de Celui qui vient : l’unique Sauveur.
Et pourtant, ce Sauveur va se manifester parfaitement autre que ce que JB attendait.
Qui pouvait s’attendre à ce que Dieu se fasse homme,
à ce que Dieu, non seulement, pardonne au pécheur qui se convertit,
mais « enlève le péché du monde », en prenne sur lui toutes les conséquences ?
Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.
Toute la vie et la mission de Jean-Baptiste sont dans cette parole.
Jean est celui qui désigne le Christ.
Pour cette mission, il sera « rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère ».
Par révélation, il désigne celui qui est plus grand que lui :
Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :
“Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.
Humblement, il témoigne : « Je ne suis pas le Messie. »
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion.
Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi,
et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Avant même de naître, il le reconnaît, caché dans le sein de sa mère,
tressaillant d’allégresse aux paroles de Marie.
Pourtant, dans l’évangile de Jean, il dira : Moi, je ne le connaissais pas.
Le ministère public de Jésus le mettra à l’épreuve ; il enverra lui dire :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jean est étonné, troublé même.
Jésus en effet n’agit pas comme il l’envisageait, lui qui disait :
« Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez un fruit digne de la conversion. .[…]
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. »
Vivant au désert, il invitait ses contemporains à se convertir,
à se détourner de ce qui les détournait du Dieu de l’Alliance, du Dieu de leurs pères,
du Dieu vivant.
Mais il ne pouvait envisager que Dieu se tourne vers l’homme jusqu’à se solidariser avec le pécheur.
Quand Jésus vient pour être baptisé par lui,
Jean voulait l’en empêcher et disait :
« C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit :
« Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. »
Jésus se fait baptiser comme un pécheur.
Jean a sûrement fait là une expérience fondatrice.
Elle lui permettra de dire à ses propres disciples :
Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.
et de les laisser partir à sa suite, librement, avec la joie qui monte au cœur de l’ami de l’époux.
Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;
Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui.
J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :
“Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.
Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ;
quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux.
Telle est ma joie : elle est parfaite.
Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue.
Frères et sœurs, celui qui est plus fort et plus grand que nous, celui que nous connaissons si peu,
celui qui ne cessera pas de nous étonner,
celui qui est la nouveauté absolue, la vie jaillissant de la mort,
la sainteté victorieuse du péché,
se tient au milieu de nous
et se donne à nous en nourriture dans sa parole et dans le pain consacré par le don de sa vie. Puisse-t-il grandir en nous et nous transformer en lui ! Que notre joie, en lui, soit parfaite !
Puissions-nous faire cette expérience fondatrice de la miséricorde de Dieu,
pour pouvoir à notre tour dire en vérité à nos frères :
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » - 24 juin 2018
Année B 11e dim du Temps Ordinaire - 17 juin 2018
Ez 17/22-24, 2Co 5/6-10, Mc 4/26-34.
Homélie du F.Cyprien
Il y eut en 1999 une tempête qui fit beaucoup de dégats en France et aussi autour du monastère. Au fond du parc, près d’un petit ruisseau, sont tombés deux arbres, des ifs ou des thuyas, assez gros, qui ont disparu du paysage et je m’étais dit qu’ils manqueraient… Eh bien, maintenant, 20 ans après, dans cet endroit il y a une vraie petite forêt des rejets de ces arbres qui ont disparu. Est-ce une parabole ? J’y vois en tout cas une image de ce que Dieu peut faire dans nos vies.
« Les cieux proclament la gloire de Dieu… pas de paroles dans ce récit… Sur toute la terre en parait le message ». Dans son silence, la nature nous dit déjà les merveilles que Dieu fait pour nous.
Et Jésus, lui, parlait en paraboles… « Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier ».
Je suis allé voir dans un vieux dictionnaire (…au temps où on ne connaissait pas les antennes « paraboliques » !) : Parabole renvoie à Allégorie.
« Allégorie = « discours figuré qui présente, sous un sens littéral, un sens caché ».
« Discours figuré » : en fait Jésus racontait des histoires plutôt que des discours figurés, il émaillait ses paroles d’images : sous l’histoire, sous l’image il y avait un sens caché bien sûr, car « nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision »… Les histoires, on les raconte, et pour certaines on ne se lasse pas de les ré-entendre, comme les enfants qui demandent : « Raconte encore une fois…encore, encore » !
Mais Jésus ne nous raconte pas tout à fait comme à des petits enfants. Dans ses histoires à lui, ses paraboles, il y aura toujours du sens à trouver, toujours du nouveau à en tirer, chacun de nous, aujourd’hui.
Entre parenthèses, saurons-nous jamais comment Jésus, lui, a expliqué les paraboles à ses disciples, l’histoire de l’homme qui a semé et qui laisse la semence pousser jour et nuit ? De même pour la graine de moutarde, la plus petite de toutes les semences ?
« Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole… ». Jésus annonce la Parole … Il est la Parole …en parlant il annonce sa venue, Il vient, Lui la Parole de Dieu : depuis la Pentecôte nous avons à la reprendre, à la ré-entendre et y trouver le sens que l’Esprit nous dévoile.
Peut-être faudrait-il déjà penser, croire que la semence, la toute petite graine qui a été semée, elle est là, elle est en nous… et elle ne demande qu’à grandir, elle est en train de grandir ?
« Il en va du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre…comme une graine de moutarde qui grandit… ».
Notre monde est plein de ce que Jésus a voulu expliquer à ses disciples et qu’il veut nous dire aujourd’hui : son Esprit est là pour nous guider…à travers sa parole, ses paraboles et toute sa vie.
Nous devrions dire comme les enfants : « Raconte-moi encore l’histoire de Jésus… encore, encore !» comme les enfants de Dieu que nous sommes, ouvrir nos cœurs un peu plus aujourd’hui.
On m’a raconté que, le dimanche avant Pâques, une personne venait pour la bénédiction des Rameaux et qu’elle repartait juste au moment où la messe commençait. Le prêtre avait pu l’interpeller et elle aurait répondu : « Oui, mais ensuite vous racontez toujours la même histoire »…Elle faisait allusion à la lecture de la Passion !
Dommage ! Dommage pour nous si nous ne disons pas « Oui, encore, encore ! » quand nous entendons la Parole de Dieu pour en recueillir les fruits dans notre vie. maintenant…
Bon dimanche, chers frères et sœurs, après cette célébration qui nous remet face à la Parole, cette Parole qui révèle son sens caché en se donnant en nourriture…
- 17 juin 2018
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