vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 novembre 2018 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 34ème dim. du T.O. Solennité du Christ-Roi, 25 nov.2018

Dan 7 13-14; Ap 1 5-8; Jean 18 33-37

Homélie du F.Bernard

Texte :

« Es-tu le roi des Juifs ? ». Question décisive posée à Jésus, au terme de son ministère, par Pilate. Question posée par celui qui a le pouvoir de vie et de mort sur tous les ressortissants de la Palestine. Question parallèle à celle que les autorités juives avaient posée juste avant au tribunal du Sanhédrin : « Es-tu le Messie, le Fils du Béni ? » (Mc 14,61).

Question plus politique peut-être de la part de Pilate, question plus religieuse venant du grand prêtre. Mais questions très semblables en fait, car le Messie annoncé par les Écritures, l’Oint du Seigneur, serait fils de David, héritier des promesses faites à l’ancêtre et à sa descendance. Quelles promesses ? « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi. Ton trône sera affermi à jamais » (2 Sm 7,16).

Promesses relayées ensuite par les prophéties. Nous venons d’entendre à l’instant celle du Livre de Daniel : « Voici venir sur les nuées du ciel comme un Fils d’homme. Il lui fut donné domination, gloire et royauté sur tous les peuples, toutes les nations. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas » (Dn 7, 13-14). Jésus, le Seigneur, n’est donc pas seulement roi des Juifs, comme avait dit Pilate, mais roi sur toute la terre, sur tous les peuples, toutes les nations.

« Es-tu le roi des Juifs ? ». A Pilate, Jésus avait répondu : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». Et Pilate en avait déduit : « Donc tu es roi ». Dès lors la parodie de procès avec ses suites pouvait s’engager. Jésus est livré aux soldats, flagellé, revêtu d’un manteau pourpre, comme pour un roi. Il est identifié à « l’homme de douleur et de mépris, devant qui on se voile la face, car il n’a plus figure humaine » (Is 52,4 et 53,3). C’est ainsi que Pilate le présente à la foule, autant peut-être par dérision que pour émouvoir la commisération de la populace. « Voici l’homme ». Mais rien n’y fait. La haine des grands prêtres envers l’Innocent s’est transmise à la foule. Elle veut maintenant la mort de Jésus, que peu auparavant, lors de l’entrée à Jérusalem, elle avait acclamé comme le Messie, fils de David. Alors Pilate, sans condamner vraiment Jésus, le livre aux autorités juives pour qu’il soit crucifié.

Mais sur la croix sera apposé l’écriteau décisif, rédigé dans les trois langues connues dans la Palestine d’alors, l’hébreu, le grec et le latin, afin que nul n’en n’ignore : « Jésus de Nazareth, roi des juifs ». Ce sont les initiales de ces mêmes mots en langue latine, INRI, qui sont reproduits habituellement sur nos croix.

Le centurion romain, à la mort de Jésus s’était écrié : « Vraiment cet homme était fils de Dieu » (Mc 15, 39). Il le faisait alors en son nom propre, devenant en quelque sorte le premier confesseur de la foi. Ici c’est le procurateur romain lui-même qui fait inscrire le libellé de l’écriteau. Et précise-t-il : « ce qui est écrit est écrit », et le restera toujours.

Tout est achevé maintenant. Tout est révélé à la croix. Du côté transpercé du crucifié ont jailli l’eau et le sang. Grâce à l‘eau et au sang des sacrements, à nous aussi il est donné de contempler maintenant l’Innocent crucifié, lui qui « de condition divine, a été abaissé jusqu’à la mort et la mort de la croix, puis élevé par Dieu au- dessus de toute créature, pour recevoir le Nom au -dessus de tout nom, le nom de Jésus-Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (cf. Ph 2, 8-11).

Au terme de l’année liturgique, l’Écriture nous a redit l’essentiel : le procès de Jésus, sa condamnation par les autorités religieuses de son peuple, sa crucifixion. Paul ne voulait pas transmettre autre chose à ceux à qui ils annonçait son Évangile quand il disait : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés au salut, tant Juifs que païens » (1 Cor 1, 23-24).

Prenons le temps de contempler la croix, nous rappelant les mots du prophète : « Ils contempleront celui qu’ils ont transpercé ». De la contempler comme le trône où siège à jamais le Christ Jésus, roi des Juifs et roi de l’univers. C’est de ce lieu qu’il attire à lui tous les hommes. « Oui vraiment. Amen. Je suis l’Alpha et l’Omega, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant » (Ap 1, 7-8). - 25 novembre 2018

Homélie du 18 novembre 2018 — 33e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 18/11/2018

(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Avec ce 33ème dimanche du TO, nous approchons du terme d’un cycle liturgique, et comme chaque année, l’Eglise nous donne à entendre et à méditer des passages de l’Ecriture Sainte sur la fin des Temps, sur l’eschatologie, comme on la désigne en théologie.

Ces textes ne sont pas toujours faciles à bien comprendre et à assimiler. Ils empruntent volontiers un langage codé ou crypté, le langage de l’apocalyptique qui se prête à bien des contresens ou des interprétations plus ou moins fantaisistes.

Dans un sens courant, le mot « apocalypse » évoque une catastrophe, une série de malheurs ou d’évènements extraordinaires provoquant la peur et l’angoisse. Cela certes n’est pas entièrement faux. Dans la 1ère lecture, le prophète Daniel annonce un « temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu auparavant parmi les nations ». Et Jésus, dans l’Evangile, parlant à ses disciples de sa venue leur prédit : « en ces jours-là, après une grande détresse, les puissances célestes seront ébranlées ».

Cependant, le sens le sens le plus profond du mot « apocalypse », n’est pas celui d’une catastrophe ou d’un malheur. Il nous est donné par son étymologie. En grec, le mot signifie « révélation », « dévoilement ». Oui, l’apocalypse signera bien la fin d’un monde , mais ce ne sera pas la fin du monde. La venue du Christ en Gloire, à la fin des Temps, sera le dévoilement d’un nouveau monde, qui fera disparaître les puissances et les dominations terrestres de ce monde-ci, lequel passera, avec ses dirigeants (rois, princes, empereurs dont les symboles sont le soleil, la lune et les astres qui perdront leurs éclats, faisant place à une toute autre lumière divine. Les destinataires de ces écrits apocalyptiques qui étaient des communautés connaissant la persécution et l’insécurité savaient déchiffrer ce langage crypté, et elles savaient faire jouer les correspondances.

Et pour ces croyants alors, le message apocalyptique était celui d’une immense espérance.

Fondé sur la victoire du Christ sur la mort, il était assuré par l’affirmation de Sa Résurrection et de son Ascension au Ciel, avec la promesse de son Retour en Gloire, en un jour qui ne saurait tarder.

Comment donc actualiser ce message central de la foi chrétienne, écrit dans ce langage qui nous est peu familier, avouons-le ? La seconde partie de l’évangile de Marc que nous avons entendu peut nous aider d’une certaine façon. Avec l’exemple que Jésus prend dans la nature, comme il le fait souvent dans les paraboles : exemple du figuier dont les branches tendres et les feuilles du printemps annoncent les fruits de l’été. Nous savons mieux interpréter les signes du temps de la météo et de la croissance des plantes et nous trouvons facilement un sens à cette attente dans le passage d’une saison à une autre.

Pour les disciples, ce passage peut et doit symboliser surtout celui d’un monde ancien, imparfait et marqué par la défaillance du péché et de la mort, vers un monde nouveau, un ciel et une terre nouvelle, où règneront la justice, la paix et l’amour.

Loin de nous décourager et de nous faire peur, ces textes d’aujourd’hui de la Parole de Dieu sont là pour vivifier notre espérance, fortifier notre foi au Christ Vivant, et nous appeler à une plus grande charité dans une mission de transformation de notre monde.

Le fondement de cette foi et de cette espérance nous est aussi rappelé dans la seconde lecture de l’épitre aux hébreux. C’est par le sacrifice unique du Christ offert par amour sur la Croix, en rémission de nos péchés, que nous avons accès à ce monde à venir et à la vie éternelle. Le Christ, désormais élevé au Ciel, à la droite de son Père attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Il attend, lui aussi comme nous, et cela peut nous surprendre, Il attend le moment de la résurrection finale et du Jugement Dernier. Il n’en connaît pas le jour, ni l’heure, et pas davantage les anges qui l’entourent et qui accompagneront sa Venue, lorsque le Père le décidera.

En fin de compte, frères et sœurs, il ne nous est rien demandé d’autre que de croire et d’attendre. Ce sont là le premier et le dernier verbe de la confession de foi que nous allons proclamer dans un instant. Je crois (credo) en un Dieu, créateur des mondes visible et invisible, je crois (credo) en la Toute Puissance de Son Amour, révélé en son Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur et Notre Sauveur. Et en même temps que je crois, j’attends (expecto) la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Puissions-nous achever ces jours de l’année liturgique, en ces Temps qui sont les derniers, dans cette confiance et cette expectative.

18 novembre 2018

Amen.

Homélie du 11 novembre 2018 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 32ème Dimanche du temps ordinaire - 11 novembre 2018

1ere lecture : 1 Rois, 17,10-16

2eme lecture : Lettre aux Hébreux 9,24-28

Evangile selon saint Marc 12,38-44

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Au début de notre Evangile, Marc nous dit que Jésus parle "dans son enseignement", les deux parties sont donc là pour nous instruire.

Jésus, d'abord, avertit ses disciples d'éviter les attitudes ostentatoires de certains "scribes", docteurs de la Loi, "qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners". Autrement dit, la religion leur sert à se mettre en avant, elle n'a rien d'une relation gratuite et confiante avec Dieu. Ils vont plus loin, jusqu'à l'hypocrisie, dissimulant des actions mauvaises : "Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières". La religion, la Loi dont ils sont chargés, est complétement dévoyée. La suffisance et la richesse semblent avoir fermer leurs cœurs.

Mais oserons-nous nous reconnaître dans ces scribes qui ne donnaient que ce qui ne menaçait pas leurs économies et, donc, leur bien-être ? Principe de précaution ? Comme pour l’homme riche de l’évangile (Mc 10, 27-37), l’argent sert parfois à se protéger des autres, à se garantir de l’inconnu et du danger du futur, à s’assurer contre la peur du lendemain, sans plus compter sur Dieu.

Et justement, dans la seconde partie, Jésus nous invite à réfléchir sur le "superflu" et sur "l’indigence" : "beaucoup de riches mettaient de grosses sommes" dans le tronc du Temple, ils prennent "sur leur superflu", souligne Jésus. Ils ne donnent rien d'eux-mêmes en réalité, à l’inverse de la pauvre veuve aux "deux petites pièces de monnaie", qui "a pris sur son indigence et mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre".

Peut-être est-ce pour cette raison qu'à Sarepta, en un temps de famine, Elie avait demandé l'hospitalité, non à quelqu'un de riche, mais à une pauvre veuve à bout de ressources, proche de mourir avec son fils, mais, en dépit de tout, comme les vrais pauvres, toujours capable de donner ? Ce don total lui vaudra de tout recevoir de la générosité de Dieu : et d’abord la vie. Notons bien que Sarepta est en territoire païen, que cette femme n'est pas une Israélite, même si, semble-t-il, elle croit au Seigneur, Dieu d'Israël : "Je le jure par la vie du Seigneur TON Dieu..." Elle n'obéit pas à la Loi, mais à son cœur, à son humanité. A travers elle, s'annonce le salut pour tous les peuples.

Quel rapport entre cette "veuve de Sarepta" qui donne de ses dernières ressources pour nourrir Elie et la "veuve" du Temple de Jérusalem dont Jésus fait l'éloge, mais dont nous ne saurons rien de plus ?

Peut-être deux choses, qui attirent justement ces éloges de Jésus : la générosité et la confiance. Car l'une et l'autre donnent tout ce qu'elles ont pour vivre. L'une se fie à la prière d'Elie, l'autre à la Loi et à l'amour de Dieu. Toutes les deux en fait donnent leur vie parce qu’elles font confiance à l’Autre.

La différence pourrait être que la veuve de Sarepta va recevoir une récompense immédiate, et durable : "Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie." Celle du Temple ne voit pas de récompense, et n'en attend certes pas ; mais se peut-il que Jésus, infiniment plus grand qu'Elie, ne lui accorde pas le "centuple" ?

C’est que pour Jésus, le vrai culte, ce ne sont pas les "longues prières", mais le don, sous toutes ses formes. Car c’est dans le don que la relation à l’autre existe, et, à travers elle, la relation à Dieu. Le lieu de Dieu, ce n’est pas le Temple, mais le prochain.

La pauvre veuve, comme son ancêtre de Sarepta, n’avait plus rien à perdre puisqu’elle avait tout donné. Mais, elles deux, étaient riches de leur humanité. Elles n’avaient plus rien à défendre ; débarrassées du souci d’elles-mêmes, plus rien ne les séparaient des autres ; elles étaient proches de tous. Elle n’avait plus que leurs mains vides pour recevoir le don de leur Seigneur !

Et moi ? Serais-je capable de faire un jour, aujourd’hui ou demain, dans la vie de tous les jours, complètement confiance à Dieu, mon Seigneur ?

Serais-je capable, un jour, de donner jusqu'au bout, même de mon "nécessaire", même de mon "indigence" ? Tour simplement ma vie ! Et il y a mille manières de le faire au long des jours !

Sous forme d’avertissement, aujourd’hui, Jésus nous appelle à être ses disciples dans notre monde. Et l’accueil de l’autre, et le partage des richesses sont certainement parmi les principaux défis de notre vivre ensemble demain. - 11 novembre 2018

Homélie du 04 novembre 2018 — 31e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 31e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (04/11/2018)

(Dt 6, 2-6 – Ps 17 – Hb 7, 23-28 – Mc 12, 28b–34)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

dans les lectures que nous offre l’Eglise ce dimanche résonne cet écho entre la première lecture et l’évangile : « Ecoute Israël … tu aimeras ».

Nous l’avons entendu dans la lecture du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible qui constitue la Loi juive par excellence. Nous l’avons entendu aussi de la bouche-même du Christ en réponse à la question d’un scribe, spécialiste de la Loi.

Remarquons d’ailleurs qu’à la question du scribe sur le premier de tous les commandements, le Christ ne répond pas directement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu etc… »

Mais le Christ, lui, commence par « Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » Puis vient « tu aimeras ». Ainsi le Christ insiste sur cette écoute qui fait partie du commandement. Les moines bénédictins se retrouvent assez bien dans cette façon de faire, eux dont la Règle commence par « Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître. » Et le Christ rappelle que le Seigneur, le Dieu d’Israël, est bien l’unique Seigneur. Et ce n’est qu’ensuite que vient le commandement d’aimer le Seigneur Dieu.

Il me semble que ce commandement de l’écoute est important, pour ne pas dire capital car je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il nous faut aimer Dieu mais il devient peut-être plus difficile de préciser comment aimer notre Dieu.

La première lecture montre que l’écoute et la mise en pratique ne font qu’un (« tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique »).

Mais le Christ associe au passage du Deutéronome un autre passage sous la forme d’un second commandement, passage tiré du livre du Lévitique, le troisième livre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est assez amusant, le scribe demande quel est le premier de tous les commandements, et le Christ lui donne deux commandements. Il me semble que c’est pour lui dire, pour nous dire, que les deux commandements vont ensemble, qu’on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain et qu’on ne peut opposer l’amour de Dieu et celui du prochain.

Mais qu’est-ce qu’aimer mon prochain comme moi-même ?

Les Juifs du temps Christ et les Juifs pratiquants d’aujourd’hui, connaissent très bien la Bible et lorsqu’ils citent un verset, ils ont en tête son contexte, c’est-à-dire ce qui précède et ce qui suit. Quand on regarde ce qui précède cette phrase du Lévitique, on constate qu’il y a toute une série de prescriptions bien concrètes dans la vie de tous les jours. J’en cite quelques-unes :

Laisser au pauvre et à l’émigré une partie des moissons, des vendanges, de la cueillette des fruits.

« Vous ne volerez pas. Vous ne mentirez pas, vous ne tromperez aucun de vos compatriotes. »

« Tu n’exploiteras pas ton prochain,… tu ne retiendras pas jusqu’au lendemain la paye du salarié … »

« Tu jugeras ton compatriote avec justice. Tu ne répandras pas de calomnies contre quelqu’un de ton peuple, tu ne réclameras pas la mort de ton prochain. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. » Et puis vient tout de suite : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Vous le voyez, aimer son prochain comme soi-même, pour l’auteur du passage que cite le Christ, n’a rien de la relation sentimentale romantique mais elle est très concrète dans l’agir à mettre en œuvre.

Si je relie ce passage avec la parabole du jugement dernier chez saint Matthieu au chapitre 25, c’est tout aussi concret et on peut dire que le Christ y énonce une série de commandements qui explicite la Loi juive : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » Nous y retrouvons également la même logique que dans l’évangile d’aujourd’hui : tout ce qui a été fait de bien au prochain, affamé, assoiffé, étranger, pauvre, malade, prisonnier, ceux dont nous pourrions avoir tendance à nous détourner, a été fait au Christ et donc à Dieu. Aimer Dieu et aimer son prochain sont le même commandement pour le Christ.

Ecoute Israël, écoutons ce que le Christ, reprenant les passages fondamentaux de la Loi juive, nous dit.

Le passage de l’épître aux Hébreux que nous avons entendu tout à l’heure nous rappelle l’action du Christ grand prêtre, Christ qui intercède pour nous et qui nous sauve.

Ce Christ, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous a donné les moyens concrets d’aimer notre prochain. Prochain que nous ne considérons d’ailleurs pas nécessairement comme très proche. Mais c’est là que se joue notre vocation de chrétiens, de disciples du Christ, là où nous sommes. Sans chercher à faire des choses extraordinaires mais en étant ouvert à ce que la vie nous offre, écoutons et mettons en pratique. C’est entrer dans la dynamique du Salut voulu pour nous par le Christ, par Dieu.

Je terminerai par deux phrases de Madeleine Delbrêl dont la cause de béatification est en cours et que nous avons entendues hier soir :

« C’est dans la prière, et dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun », par une foi sans cesse plus aiguë et plus clairvoyante. » et

« Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. »

Demandons à l’Esprit Saint de nous garder ouverts et attentifs aux appels du Christ. -

AMEN - 4 novembre 2018

Homélie du 02 novembre 2018 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2 Novemlbre 2018 –

Homélie du Père Abbé Luc

Rom 6 3-9 ; Jean 6 37-40 -

Texte :

Cette nuit aux Vigiles, nous entendions la belle parabole du grain semé et appelé à mourir pour donner une nouvelle plante. Paul en tire une leçon pour manifester la grande différence qu’il y aura entre notre corps charnel qui meurt et retourne à la terre, et le corps spirituel incorruptible qui en sortira lors de la résurrection et qui sera tout autre.

Je fais un lien avec la parole de l’évangile de ce matin, « telle est la volonté de mon Père, que celui qui voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour ».

Croire en Jésus, Fils de Dieu, Sauveur est bien plus qu’avoir une opinion parmi d’autres sur l’invisible ; Croire nous fait entrer dans la vie éternelle.

La foi nous donne d’accueillir comme un don dès aujourd’hui la vie qui ne finit pas grâce à la relation vivante avec Jésus, Vivant à nos côtés.

Cette foi, dynamisme de vie déjà pour aujourd’hui, nourrit le grain que nous sommes, le gonfle d’énergies spirituelles qui nous révèleront pleinement toutes leurs potentialités que dans la vie à venir, lorsque nous renaitrons Corps spirituel.

Rendons grâce pour ce don de la foi qui vient nourrir dès aujourd’hui la vie éternelle en nous, et prions pour tous les défunts afin que Dieu accomplisse, achève son œuvre en eux.. - 2 novembre 2018

Homélie du 01 novembre 2018 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Toussaint

01 Novembre 2018

PROFESSION SOLENNELLE

DE FRERE PAUL JACQUES MEUNIER

(Ap 7, 2-4, 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Cette fête de tous les saints est comme une fenêtre entrouverte sur la vie future… Sans bien voir encore, en espérance et dans la foi, la liturgie nous donne de pressentir, comme une promesse, tout le poids de lumière, de vie et d’amour qu’aura la Vie éternelle en Dieu. Les saints connus pour quelques-uns et inconnus pour beaucoup prennent déjà part à cette joie. Quant à nous, les saints en devenir, nous tendons vers cette joie, dans ce monde que nous habitons. Notre foi nous assure que la vie en ce monde porte déjà l’empreinte de la vie à venir. En creux, en attente, en espérance, en gestation aussi, comme les lectures nous l’ont fait comprendre. Gestation dans la souffrance de tant d’êtres passés par la grande épreuve. Gestation dans la quête de justice, de la paix, de miséricorde, de la douceur qui ouvre les voies du bonheur. Gestation aussi reçue comme une grâce, celle de devenir enfants de Dieu par le bon vouloir de Dieu notre Père…

F. Paul, ta vie déjà bien remplie au service de l’évangile avec tes frères de la Mission de France, t’a donné d’entrer dans ce grand mouvement de gestation. Ce matin, tu vis ton engagement par la profession solennelle dans la continuité de ton baptême et de ton ordination sacerdotale. Comme nous le priions au début de cette célébration, tu désires que « la grâce de ton baptême et de ton ordination, fortifiée par les liens nouveaux de la profession monastique s’épanouisse dans toute sa plénitude »… La profession que tu vas prononcer te fait entrer dans des liens nouveaux avec cette communauté ainsi que dans une suite du Christ renouvelée par la vie monastique sous une règle et un abbé. Tel est l’appel que tu as entendu et telle est la réponse que tu souhaites donner au Christ comme un aboutissement, afin de le servir jusqu’au bout de tes forces. D’une manière renouvelée, la vie monastique que tu embrasses va faire de toi un veilleur, un missionnaire et un ami du Christ. Je voudrais mettre en lumière ces trois points maintenant.

Veilleur. Comme moine, nous aimons ce mot. Car il est un de ceux qui qualifie peut-être le mieux notre quête. Veiller dans la prière, le jour, la nuit. Veiller dans l’attente du Jour de la Rencontre avec le Christ qui vient. Veiller pour être prêt à l’accueillir au jour de notre mort. Par notre veille, nous essayons de tenir toujours allumée notre lampe, la lampe de notre disponibilité, la lampe de notre amour, tendu vers cet avènement du Christ qui donnera sens à cette profonde gestation à l’œuvre en notre monde. La prière des heures qui rythme nos journées fait de nous des veilleurs pour le monde. Par nos voix, montent les cris, les désirs, mais aussi les joies de tant d’hommes et de femmes qui ne savent pas bien vers qui se tourner pour dire leur détresse ou leur reconnaissance. En reprenant la prière plurimillénaire des psaumes, nous entrons dans le grand cortège des priants qui ont veillé, donnant du poids et du sens à toutes les quêtes humaines plus ou moins tâtonnantes. Nous aussi, nous cherchons, nous doutons et nous croyons. Avec toute l’Eglise, par cette prière liturgique, nous voulons nous offrir à l’œuvre de Dieu, à la brise légère de son Souffle qui en nous gémit le nom du Père, nous apprenant les mots de la confiance filiale. De manière voilée, encore imparfaite, notre veille dans la prière atteste de notre espérance en Dieu car déjà elle s’unit à la prière des anges rapportée dans la première lecture : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau »…

Missionnaire. A la suite de Ste Thérèse, aimée à la Mission de France, par la profession monastique, ta mission ne s’arrête pas. Mission par le témoignage d’une vie cachée dans la continuité de la vie en Chine. Mission pour donner au mot « heureux » tout son poids évangélique tel que la charte des béatitudes nous l’a fait entendre. F. Paul, tu choisis de témoigner que la recherche du bonheur est exigeante. Elle n’est pas assouvie par les seuls plaisirs de la vie. Non, le bonheur que St Benoit nous propose de vivre passe par la conversion de la part obscure de nous-mêmes. Par l’obéissance, par le renoncement à ta volonté propre, tu vas entrer dans cette pauvreté de cœur qui sait tout recevoir avec gratitude. Par les aspérités de la vie commune qui exerce notre patience, tu découvriras que la douceur avec soi et avec les autres peut vaincre beaucoup d’amertumes. Lorsque tu ressentiras des injustices, tu apprendras que la miséricorde et la recherche de la paix valent toujours mieux que la vengeance ou la rancune. Rude chemin des béatitudes que la vie monastique nous fait parcourir jour après jour, mais chemin balisé et orienté par cette promesse que peu à peu le cœur sort de soi, s’élargit, car l’amour de Dieu y prend place.

Ami. L’amitié a toujours tenu une grande place dans ta vie. L’amitié partagée avec les frères de la Mission de France, beaucoup, et avec les étudiants en Chine. Joie des relations qui s’enracine dans la joie de la relation avec le Christ. Lui, le premier est venu au-devant de toi, au-devant de chacun de nous. Avec toi, par notre baptême, devenus enfants de Dieu, nous sommes unis de façon privilégiés au Christ. Avec Lui, en Lui, par Lui, nous sommes des fils du Père. C’est ce mystère de filiation et d’amitié que tu vas approfondir au sein de la vie fraternelle. Si j’en soulignais sa part difficile souvent liée à notre étroitesse, la vie fraternelle s’offre comme un soutien, comme un espace où l’amitié avec le Christ peut se déployer au gré de m’amour partagé dans une vie très quotidienne. Les visages des frères, eux-mêmes en conversion, te montreront d’autres facettes du visage du Christ et d’autres manières d’aller à Lui. Découvrir chacun dans sa quête, avec respect et attention pour entrer dans une communion plus profonde. Ainsi la vie fraternelle tissera des liens nouveaux qui nourriront ton amitié avec le Christ.

C’est cela que la profession va maintenant confesser et sceller… - 1° novembre 2018 - Toussaint

Homélie du 28 octobre 2018 — 30e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 30e dimanche du Temps Ordinaire - 28 octobre 2018

Jérémie, 31, 7-9 Hébreux, 5, 1-6 Marc, 10,

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous venons d’entendre l’évangile de Bartimée, le mendiant aveugle qui a demandé et obtenu la guérison. Que fait-il alors ? Il suit Jésus sur la route. Cette route est la dernière de Jésus : il monte à Jérusalem où, après avoir été bien accueilli en un premier temps, il va souffrir sa passion. D’abord béni comme le Fils de David, titre que Bartimée lui avait donné, il est ensuite injurié, flagellé, crucifié. Bartimée suit Jésus, d’abord sur un chemin de gloire, ensuite sur un chemin de croix.

Pour comprendre un peu mieux ce personnage, il est bon de nous souvenir des évangiles que nous avons entendus et médités ces derniers dimanches. Il y a eu l’épisode de parents qui amènent leurs petits enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples de Jésus, - ceux donc qui l’ont suivi, - veulent les empêcher d’approcher ; Jésus se fâche et dit que le Royaume de Dieu n’appartient qu’aux enfants et qu’il faut le recevoir comme un enfant. Ensuite, nous avons entendu l’épisode du jeune homme riche : vertueux, fidèle, pratiquant, soucieux de progresser. Jésus l’aime et l’invite à sa suite, mais le jeune homme ne peut pas aller jusque là. Il ne se met pas à la suite de Jésus et s’éloigne triste. Et Jésus qui l’aimait reste triste, lui aussi. Mais l’épisode lui fournit l’occasion d’enfoncer le clou, si on peut dire ainsi, et de décrire crûment aux disciples qui l’ont suivi où il va, et où ils vont avec lui : vers la passion et vers la mort. Dimanche dernier, nous avions la suite : deux des disciples ont vu ce qui s’est passé, ont entendu les graves paroles de Jésus et ils les ont acceptées ; du moins prennent-ils leurs précautions pour la suite et demandent à Jésus les premières places dans le Royaume à venir. Jésus refuse la requête, ne promet rien, et répète ce qu’il vient de dire. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est la dernière parole prononcée durant sa vie errante.

Nous comprenons alors le sens profond de l’histoire de Bartimée. Elle vient après celle de Jacques et Jean. Lui n’est pas disciple de Jésus, mais mendiant aveugle sur le chemin. Elle vient après celle du jeune homme riche. Lui n’est pas pratiquant selon la loi, il reste assis et il mendie. Comme eux cependant, il cherche à s’approcher de Jésus afin de recevoir de lui la lumière, mais, comme pour les enfants, on cherche à l’en empêcher. Cependant aussitôt qu’il l’a reçue, cette lumière, il se met à la suite de Jésus, En lui, pourrait-on dire, Jésus a trouvé le disciple parfait : vis-à-vis de lui, comme vis-à-vis de tant d’autres, il a fait miséricorde et il a guéri, mais le nouveau voyant le suit sans commentaire, sans exigence vers Jérusalem et le Golgotha.

Dans cette longue séquence évangélique donc, il y a ceux qui n’ont rien et ne sont même pas de « bons juifs » au sens où nous dirions aujourd’hui de « bons chrétiens ». Ils sont rabroués par ceux qui sont autour de Jésus. Mais Jésus gourmande ceux-ci et s’approche des autres, qui ont cherché à s’approcher de lui. C’est le dernier d’entre eux, guéri comme les autres, qui reste avec Jésus et où ira celui-ci, il ira lui aussi.

Cette séquence est un peu effrayante pour nous qui l’entendons ces semaines-ci. Car, puisque nous sommes ici ce matin, c’est bien parce que nous voulons nous approcher de Jésus. Nous sommes peut-être tous des chrétiens pratiquants et désireux de progrès : nous sommes le jeune homme riche. Les frères de cette communauté peuvent revendiquer à juste titre d’avoir tout quitté pour suivre Jésus : ils sont des disciples. Mais ni le jeune homme riche, ni les disciples ne sont les modèles que l’évangile invite à suivre. Ces modèles, c’est l’enfant, c’est un aveugle démuni sur un chemin de poussière, ceux que les disciples ont cherché à éloigner de Jésus.

Que pouvons-nous faire alors ? Oserais-je vous dire que je ne sais pas trop. Nous pouvons, nous devons garder notre pratique chrétienne et religieuse, car cela n’est pas condamné, certes, et que cela plaît à Dieu. Mais il nous faut aussi garder en mémoire ce Bartimée, penser à lui non pas une fois tous les trois ans, quand l’évangile de saint Marc est lu, mais souvent. Désirer atteindre ce sommet. Il y a un « plus » en lui, dont nous pouvons espérer la révélation. Cela nous conduira aussi à une humble approche des pauvres, des démunis, des périphéries dont parle sans cesse le pape François et que Jésus de fait privilégie. Et un jour peut-être, nous nous trouverons dans la situation des petits et des humbles qui remplissent l’évangile. Ce fut le cas pour Jean et Jacques, les disciples ambitieux de la première place dans le Royaume. Jacques, selon le témoignage des actes des apôtres, fut le premier apôtre à donner sa vie pour le Christ, décapité sur l’ordre du roi Hérode. A Jean, il fut donné d’entrer en profondeur dans le Mystère du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix et de l’annoncer. Chacun à sa manière, ils ont reçu l’essentiel, peu importe la place qu’ils ont dans le Royaume.

Ainsi de nous, d’une façon que nous ne savons pas mais que nous pouvons espérer.

« Aussitôt, il vit. Et il le suivait sur la route ». Bienheureux Bartimée, prie pour nous. Amen.

(28 octobre 2018)

Homélie du 21 octobre 2018 — 29e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 29° dimanche du Temps Ordinaire - 21 octobre 2018

Is 53 10-11; Héb 4 14-16; Marc 10 35-45

Homélie du F.Hubert

Texte :

Une fois de plus, l’évangile d’aujourd’hui nous montre, sans complaisance,

combien les disciples, et les Douze eux-mêmes, avaient de chemin à faire,

pour entrer dans le mystère d’anéantissement et de glorification de Jésus.

Après les deux premières annonces de la Passion,

Pierre s’est mis en travers de la route de Jésus, lui faisant de vifs reproches,

et les disciples se sont querellés pour savoir qui d’entre eux était le plus grand.

Maintenant, dans leur montée décisive vers Jérusalem,

Jésus vient de prendre à part les Douze et de leur annoncer pour la 3e fois,

son sort douloureux et sa résurrection.

C’est dans ce contexte que Jacques et Jean viennent le trouver :

« Accorde-nous de siéger, l’un à droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

Les « fils du tonnerre » ne manquent pas de grands désirs, ni d’audace !

Avons-nous comme eux, cet immense désir d’être un avec le Christ et de partager sa gloire ?

Sommes-nous désireux de la vie étincelante, glorieuse qu’il est venu nous donner ?

Ou sommes-nous recroquevillés dans l’étroitesse de nos vies, sans regard fixé sur la Promesse ?

Jésus, qui avait coupé court aux remontrances de Pierre, ne repousse pas Jacques et Jean.

Leur demande, toute imparfaite qu’elle soit, ne constitue pas une tentation pour lui.

Ils ne lui barrent pas le chemin.

Il se met à les enseigner et va jusqu’à confirmer la part qu’ils auront dans son chemin pascal :

« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;

vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Mais « siéger à sa droite ou à sa gauche, il ne lui appartient pas de l’accorder :

il y a ceux pour qui ces places sont réservées. »

Dans le Royaume, dans l’abîme de l’amour infini du Dieu Trinité,

il n’y a pas de première et de dernière places, chacun est unique,

et Dieu se donne totalement à chacun.

Alors, pour qui ces places sont-elles préparées ? Pour les plus petits, les serviteurs.

« Parmi les hommes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ;

et pourtant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »

La mère de Jésus n‘est-elle pas la première, au-dessus de tous ?

Eh bien, « quiconque fait la volonté de son Père, voilà son frère, sa sœur, sa mère. »

L’amour de Dieu est déborde toutes nos manières de penser !

Dans l’Apocalypse, l’Esprit dit aux Eglises :

« Ainsi parle le Témoin fidèle et véritable :

le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône,

comme moi aussi j’ai remporté la victoire et suis allé siéger avec mon Père sur son trône. »

Nous voilà appelés, non seulement siéger à sa droite et à sa gauche,

mais à siéger avec lui sur son propre trône, comme lui, il siège avec son Père sur son trône.

Ceci n’est pas seulement pour Jacques et Jean, ou les Douze, mais pour tout « vainqueur » :

le plus petit d’entre nous qui aura fait la volonté du Père et servi ses frères.



N’ayons pas d’ambition pour nous-mêmes, sans en avoir autant pour les autres, pour tous.

Tout dans le Royaume ne sera que don et accueil.

La gloire de la victoire du Christ sera notre gloire,

et la gloire de nos frères et sœurs rejaillira sur nous, comme la nôtre sur eux.

Notre gloire sera d’avoir été aimés jusqu’au cœur de la coupe et du baptême que le Christ a acceptés.

Apprenons donc le chemin ; Jésus est le seul chemin.

Soyons témoins du Dieu serviteur.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Nous servir.

Nous tous qui ne l’ont pas accueilli. Il offre sa vie pour nous.

Ayons le grand désir de partager sa seigneurie,

mais apprenons qu’elle est d’humilité, de service et d’amour.

Puissions-nous aimer comme il nous a aimés,

assumer, à notre mesure, avec lui, la haine et le péché, sans nous départir de l’amour,

afin que tout homme se heurte en nous, unis à lui, à un amour plus vaste que les ténèbres.

« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce. »,nous disait la lettre aux Hébreux.

Laissons Jésus nous apprendre à être évangélisateurs, missionnaires,

en devenant semblables à lui, serviteurs les uns des autres avec grâce, dans son Esprit.

« Seigneur, fais-nous vouloir ce que tu veux,

et servir ta gloire, et celle de nos frères,

d’un cœur sans partage. » Amen ! - 21 octobre 2018

Homélie du 18 octobre 2018 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

St Luc - 18 Octobre 2018

2 Tim 4 9-17; Luc 10 1-9:

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Le règne de Dieu s’est approché de vous »… quel message étonnant, quel mystère à proclamer !! C’est le même message que Jésus a annoncé et qu’il confie maintenant à ses disciples afin qu’ils en poursuivent l’annonce… Ce message est bref. On aimerait savoir davantage ce qu’il faut dire… Non rien que ces paroles. Mais à l’inverse, Jésus est beaucoup plus explicite sur la façon de dire ce bref message, comme si la façon comptait plus que le message lui-même, comme si l’approche demandait plus de soin que les paroles… Jésus délivre alors une sorte de charte du missionnaire : prier d’abord. Prier pour entrer dans le désir du Père de voir se lever des ouvriers qui aillent à la rencontre des hommes en son nom. Prier pour qu’il éveille comme il l’a fait en nous la conscience de son amour qui ne peut que pousser à partager cet amour. C’est ce que nous aimons faire chaque 3° dimanche du mois en fin d’après-midi… Ensuite Jésus recommande de s’avancer comme des agneaux au milieu des loups. Il nous recommande par-là de ne pas avoir peur de notre vulnérabilité, et d’être conscient que l’annonce de l’évangile nous fera rencontrer des obstacles, voire des persécutions. N’a-t-il pas été lui, l’Agneau de Dieu qui offrant sa vulnérabilité a pris sur lui le péché du monde ? Puis Jésus réponds aux questions spontanées que tous nous nous posons : que faut-il emmener, comment s’organiser pour tenir ? La réponse est surprenante : rien, rien emmener, et faire confiance à ce qui sera donné. Autrement dit, renoncez aux sécurités, au désir de maitriser, faites confiance en Celui qui est avec vous et dans les hôtes qui accueilleront et fourniront le nécessaire. Le Royaume à signifier n’est pas au bout de nos efforts de maitrise. Enfin, celui annonce le Royaume est porteur de paix : « paix à cette maison » et aussi de bonheur en apportant la guérison aux malades… La paix et la guérison réconfortent ceux qui accueillent le Royaume et son mystère de Vie….

Frères et sœurs, quand Jésus laisse cette charte du missionnaire, que fait-il sinon nous laisser sa propre ligne de conduite ? Ainsi il a vécu, ainsi il a voulu nous montrer que le Royaume s’est approché de nous. Il l’a fait en étant vulnérable, disponible, sans défense, sans moyens puissants. Ne pouvait-il pas mieux nous signifier ainsi combien Dieu qui désire se faire proche de chacun, vient à nous comme un mendiant, comme un Père qui ne veut surtout pas nous effrayer, mais nous réconforter, nous guérir…nous sauver de l’isolement mortel.

En cette eucharistie, rendons grâce et célébrons notre Dieu tout proche en Jésus, qui ne cesse de s’approcher de nous afin de sauver notre humanité. ( 18 octobre 2018)

Homélie du 14 octobre 2018 — La Croix glorieuse — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 28ème Dimanche du Temps Ordinaire – 14 octobre 2018

Sg 7,7-11; Hé 4,12-13; Mc 10,17-30

Homélie du F.Damase

Texte :

Dans l’Évangile de Marc, que nous venons d’écouter deux thèmes sont entrelacés : Le thème primitif concerne l’incrédulité des Juifs et le second se rapporte à la difficulté d’entrer avec des richesses dans le Royaume de Dieu. Regardons-les séparément.

Jésus rencontre l’opposition grandissante des Juifs ; il est en route vers Jérusalem où il sera mis à mort. Il faut s’en souvenir pour comprendre son invitation : « viens et suis-moi ! ».

Le jeune homme de cet Évangile présente à Jésus une question importante que tous nous portons au cœur : « Comment avoir en héritage la vie éternelle ? » ou « Comment être sauvé ? » Cependant, le jeune homme s’adresse à Jésus en l’appelant « bon maître » ; donc il le traite comme un rabbin parmi d’autres. Il se réserve le droit de juger – d’accepter ou de refuser son enseignement.

En rappelant que Dieu seul est bon, Jésus implique déjà que sa réponse sera un commandement qui exige une action plutôt qu’une discussion.

Jésus rappelle au jeune homme le noyau central de la Loi. Il ne cite que les préceptes qui se rapportent au prochain. Il indique ainsi clairement que la vie éternelle n’est pas une vie après la mort, mais bien le règne de Dieu commencé dès ici-bas dans la justice et la charité. Le jeune homme - un peu piqué par cette réponse - ajoute en bon pharisien: « J’ai fait tout cela depuis ma jeunesse ». J’ai une bonne conscience. Alors, cette attitude légaliste est contrée par Jésus : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres... puis viens et suis-moi ».

À ce moment il devient évident que les questions du jeune homme n’étaient qu’un paravent. Lorsqu’il est invité à laisser de côté ses questions morales, pour rencontrer et suivre Jésus, il se retire. En définitive, croire et être sauvé signifient s’attacher à la personne de Jésus... même lorsqu’il marche droit vers sa mort.

À ce premier thème s’en rattache un second – celui que personne ne peut s’attacher à Jésus s’il n’est pas détaché de tout autre chose ou personne. Ainsi le jeune homme ne pouvait pas s’attacher à Jésus parce qu’il ne pouvait pas abandonner ses richesses pour suivre Jésus.

La leçon de la première partie de ce récit est que le salut est un don gratuit de Dieu. « Qui peut être sauvé ? » La réponse de Jésus est que cela est impossible aux hommes – qu’ils soient riches ou pauvres. Ceux qui peuvent être sauvés sont ceux que Dieu sauve.

Aux hommes, c’est impossible. Mais Dieu offre toujours cette possibilité. Cependant, pour recevoir ce don, on doit créer en soi un vide qui aspire à être comblé.

Jésus répéta sans cesse ce message : « Amen, Amen, je vous le dis, à moins qu’un grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit. » .

Et encore lorsque Jésus montant vers Jérusalem, dit à son disciple : « viens et suis-moi . N’emporte : ni or, ni argent, ni bâton, pas de sac pour la journée, pas de tunique de rechange, pas de sandale.

Cet évangile raconte l’histoire de l’appel d’un homme par Jésus. Jésus appelle toujours chacun par son propre nom.

Chacun d’entre nous doit découvrir cet appel personnel. Mais, parce que nous sommes tous appelés au salut, nous sommes aussi tous appelés à atteindre sous une forme ou une autre un authentique détachement de tout. - 14 octobre 2018

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