Homélies
Liste des Homélies
Année B - 10ème Dimanche du Temps Ordinaire - 10 Juin 2018
Gn 3,9-15 2 Co 4,13 à 5,1 Mc 3,20-35
Homélie du fr. Antoine
• Frères et Sœurs, cet Evangile nous renvoie à notre société.
Nous sommes dans une civilisation de recherche de plus en plus grande de Liberté.
Mais les paroles de Jésus nous rappellent que la direction première de la vie
chrétienne n'est pas celle de rêver d'une vie dans la paix et dans la liberté mais de
rechercher à faire la volonté de Dieu, une recherche qui nous conduit tôt ou tard à nous
remettre en question.
C'est le refus de cette Remise en question devant l'enseignement de Jésus qui a
conduit' les gens de chez lui' dit le texte, à le traiter de fou, et les scribes à dia baliser cet
encombrant rabbi.
A notre tour nous pouvons nous demander si, pour éviter de regarder notre vie en
vérité, nous ne cherchons pas à nier des évidences, ou à mal interpréter des engagements
chrétiens courageux.
Rappelons-nous les appels répétés du Pape François au sujet des migrants.
Dieu peut pardonner nos erreurs, nos errements, ... Dieu pardonnera tous les péchés,
les blasphèmes mais si quelqu'un blasphème le St- Esprit, il n'aura jamais de pardon.
Ce qui est impardonnable pour Jésus, c'est l'obstination -volontaire-de rester dans le mal.
Dieu ne condamne personne ... c'est l'homme qui se condamne et condamne les autres.
Dieu veut pardonner tous les péchés ... et à tous les pécheurs ... mais Lui -la lumière du
monde- est impuissant devant ceux qui disent que la lumière est ténèbres ... 11 ya quelque
chose en eux de démoniaque quand ils se ferment sur eux-mêmes au point de refuser la
lumière ... la lumière de l'Esprit Saint.
• Oui, Frères et Sœurs, cet Evangile nous renvoie à notre société.
Ainsi quand Jésus fait éclater les frontières familiales, il ouvre un champ étonnant à la
recherche ... de qui ... il est. A ceux qui se disaient de sa famille, il révèle les dimensions
immenses de la Bonne Nouvelle où tout homme, toute femme qui fait Ia volonté de Dieu
.. devient... pour Lui ... précise-t-il, son frère, sa sœur.
Cette réponse de Jésus à la foule qui l'entoure va à l'encontre des traditions les plus anciennes du Moyen-Orient, et pourtant Jésus a osé la faire.
Il veut souligner avec force, que font partie de sa famille ceux qui acceptent de ne
pas jouer le jeu du 'diviseur', du 'Malin', car son combat est d'abord un affrontement avec
le Mal, un Mal si profond en nous, qu'il nous est commandé de demander au Père ...
« Père, Délivre-nous du mal »... afin que l'Esprit du Mal ne remplace pas en nous ... la place
de l'Esprit de Dieu.
• Je voudrais maintenant attirer votre attention sur la dernière phrase de l' Evangile :
« Parcourant du regard ... ceux qui étaient assis autour de lui il dit' voici ma mère, mes
frères» Le regard de Jésus, ce regard si porteur de vérité ..... qui se pose sur ses disciples,
sur les malades, sur Pierre à la Passion, et qui est le même qui se pose' sur nous, assemblés
aujourd'hui dans cette église ... autour de l'autel ... un regard ... qui nous invite à prendre
. conscience, discrètement ... dans l'intime de notre Foi ... de ceux qui près de nous, autour de
nous actuellement.. sont, aussi ... nos frères ... nos sœurs ... en Christ et à prier pour eux. - 10 juin 2018
Année B - SACRE CŒUR - 08 juin 2018
Os 11, 1, 3-4, 8c-9 ; Ep 3, 8-12, 14-19 ; Jn 19, 31-37
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et Sœurs,
Devant le tombeau vide, Jean a vu les linges et le linceul bien disposés à leur place et il a cru en la résurrection de Jésus. De même, face au cadavre de Jésus, Jean rapporte le coup de lance qui laisse jaillir le sang et l’eau, afin que ses lecteurs croient à leur tour qu’un don éminent leur est fait à cet instant. A travers ces signes très anodins, Jean voit bien davantage. Il nous entraine à entrer dans un autre regard sur Jésus. A sa suite, l’Eglise n’a cessé de scruter ce mystère du cœur percé de Jésus dans la lumière de sa mort et de sa résurrection. Elle nous apprend à vénérer ce cœur pour y reconnaitre les merveilles de l’amour de Dieu pour nous, comme le priions en début de célébration…
Un verset de la lecture d’Osée a retenu mon attention ce matin… « Ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ? Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. Je n’agirai plus selon l’ardeur de ma colère »… « Mon cœur se retourne contre moi… » La note de la bible de Jérusalem dit que ce verbe « se retourne » est « un mot très fort », le même qui est employé pour dire la destruction de Sodome et Gomorrhe et qui sera traduit par « dévaster, renverser »… Et la note poursuit : « Osée laisse entendre que le châtiment envisagé est comme vécu d’avance dans le cœur de Dieu »… Ce texte est riche car il nous fait entrer dans la vision du prophète Osée qui relit la belle histoire d’alliance entre Dieu et son peuple, une histoire où se révèle le cœur de Dieu. Le cœur de Dieu qui nous est montré ici, n’est plus le cœur de l’époux comme au début du livre d’Osée. Mais c’est le cœur d’un Dieu Père, voire Mère, qui apprend à son peuple à marcher, qui l’attire comme un nourrisson tout contre sa joue. « Je me penchais vers lui pour le faire manger »… Mais cette prévenance de Dieu pour son peuple ne rencontre que résistance et refus. Le peuple n’entend pas l’amour de Dieu pour lui. Il reste attaché aux idoles et aux Baals. Le prophète Osée nous laisse entrevoir combien cette situation est douloureuse pour Dieu lui-même. Il suggère un conflit intérieur, exprimé avec nos images et nos mots humains. L’image très spontanée du châtiment vient à l’esprit pour sortir du conflit et venger l’affront subi et l’amour blessé. Mais Dieu est Dieu et non pas homme. Si le cœur d’un homme se répand en colère contre un autre homme, le cœur de Dieu se retourne contre lui. Il prend sur lui la douleur de l’amour méprisé et rejeté. « Au milieu de vous, je suis le Dieu saint et je ne viens pas pour exterminer ».
Frères et sœurs, l’intelligence que le prophète Osée nous livre du cœur de Dieu blessé, dévasté par l’infidélité de son peuple qu’il prend sur lui, apporte un singulier éclairage sur le cœur transpercé de Jésus en croix. En ce moment unique se vit la tension extrême entre un amour offert et un mépris, une méprise totale de cet amour par les hommes aveuglés. Le cœur de Jésus est dévasté par l’infamie des hommes, mais il se donne encore dans le sang et l’eau offerts. Mystère de l’Amour de Dieu révélé en ce cœur. Mystère de l’Amour de Dieu qui n’a d’autre vengeance que celle de son propre don jusqu’au bout. Mystère de l’Amour de Dieu qui n’a d’autre victoire que de partager sa vie à tous les hommes, à travers celle du Ressuscité. Mystère du cœur de Jésus, cœur plus humain et cœur plus grand qu’aucun des cœurs des fils de la terre. Comme l’Eglise nous y invite, à la suite de Jean, vénérons-le et contemplons-le dans la prière. Laissons-le toucher notre propre cœur, comme le P. Muard en a eu l’intuition et le privilège en 1839 à Avallon, afin qu’il se laisse toucher et émouvoir pour aimer à notre tour. Déjà en cette eucharistie, approchons-nous du cœur de Dieu.- 8 juin 2018
Année B -Fête du Corps et du Sang du Christ 3 juin 2018
Exode, 24, 3-8 Héb. 9, 11-15 Marc, 14, 12-16 et 22-26
Homélie du F.Ghislain
Nous fêtons aujourd’hui le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Nous le fêtons en renouvelant ce que nous célébrons chaque dimanche, parfois plus souvent, parfois moins…Une des manières, peut-être, de donner toute sa force à cette fête, pourrait être de nous demander : mais qu’est-ce que je viens faire ici ? Pourquoi donc vais-je à la Messe ? La vie urbaine nous offre tant de possibilités : dormir plus longtemps, aller à la piscine avec les enfants, faire un long jogging ou une randonnée avec des amis, mettre de l’ordre dans la maison, classer enfin ses papiers, lire un livre, écouter de la musique, regarder en différé le match de foot que nous n’avons pas pu voir la veille au soir…
Nous venons à la Messe peut-être d’abord pour être avec les autres chrétiens et, avec eux, nous occuper de Dieu. Nous retrouver les uns les autres, qui avons en commun la grâce de Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit. Etre ensemble, nous qui sommes le Corps du Christ, et avant même de faire quoi que ce soit, échanger silencieusement mais fortement nos joies, porter mutuellement nos fardeaux.
Ensuite, nous sommes là, en communion concrète, pour rendre gloire à Dieu. Dès que nous nous sommes salués à travers de l’invitation du célébrant, nous avons chanté ensemble « Gloire à Dieu et paix sur la terre ». Et tout à l’heure, quand nos offrandes auront été disposées sur l’autel, le prêtre nous invitera : « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu ». Enfin, lorsque l’action liturgique se terminera, nous ferons encore nôtres les ultimes paroles d’action de grâces : A toi, Dieu tout puissant…tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles », et nous confirmerons cette doxologie en mangeant et buvant le don de Dieu : le Corps et le Sang du Christ.
Rendre gloire, rendre grâces. Qu’est-ce que cela veut dire, concrètement ? Trois choses, peut-être : écouter, recevoir, donner. Ouvrir nos oreilles et notre cœur à Dieu qui nous parle. Les lectures que nous entendons chaque dimanche ne sont pas d’abord un contenu, si saint soit-il, mais une parole de Dieu. Certains d’entre vous se rappellent peut-être l’épisode que Mme de Sévigné raconte dans une de ses lettres : elle était à la cour de Versailles ou de Saint-Cyr, et le roi Louis XIV s’est approché d’elle aimablement et lui a dit une phrase de cinq mots « Racine a bien de l’esprit ». Mais voilà, c’est le roi qui le lui avait dit et la phrase s’amplifiait à l’infini. A la Messe, c’est Dieu qui nous parle et ce qu’il nous dit est à la mesure de ce qu’il est. Nous rendons gloire à Dieu par la qualité de notre écoute, par notre présence d’esprit ; nous recevons par l’Esprit le son de sa voix, par l’intelligence du cœur le contenu de sa parole. Et ce contenu, dans la diversité, il est unique : ce contenu est Jésus, révélation de Dieu dans sa vie, sa mort, sa résurrection, l’envoi de l’Esprit Saint.
Rendre gloire, c’est rendre ; rendre, c’est donner en retour. Il était une fois un prêtre, paisiblement fidèle à sa vocation : il priait, célébrait les sacrements, se rendait proche des gens, essayait de faire passer l’évangile, en somme par sa vie, à sa petite mesure, rendre gloire à Dieu et faire la paix parmi les hommes. Et un beau jour, un jour comme les autres, il a dû donner sa vie et il est mort : il s’appelait Jacques Hamel. Une autre fois, il y a eu un officier de gendarmerie : tout pareil, par toute sa vie en chemin vers Dieu et par son métier artisan de paix autant que possible. Et un jour, il a donné sa vie, il est mort. Il s’appelait Arnaud Beltrame. Gloire à Dieu et paix sur terre. Il était une fois un homme, un artisan de Palestine : celui-là a entendu la Parole de Dieu, dans les profondeurs des nuits qu’il passait en prière, il a perçu comme personne ne l’avait jamais fait, la mission qui lui était confiée : de faire connaître l’amour de Dieu et préparer les hommes à la rencontre. Il l’a fait jour après jour et finalement lui aussi, il en est mort.
Rendre gloire, c’est donner sa vie. Mais celui-là, Jésus de Nazareth, Dieu l’a ressuscité et lui a donné le nom au dessus de tout nom. Sa réponse à Dieu n’était pas seulement une réponse parmi d’autres, comme celle des prophètes, des martyrs et des saints, elle était la réponse de l’Homme, de l’Humanité, la Gloire parfaite rendue à Dieu par celui qui avait reçu de Dieu la mission de salut.
Nous sommes là, à l’Eucharistie, pour faire mémoire, pour nous souvenir, pour rendre présent ce que Jésus a fait. Nous le faisons avec les gestes et les paroles, avec les mots et les actes qu’il nous a laissés, avec le pain et le vin qui sont le corps et le sang livrés à Dieu au nom de tous les hommes. Mais nous le faisons aussi dans la suite de notre vie de tous les jours : ses paroles, ses gestes, ses symboles. Nous sommes sans cesse, si nous y prenons garde, appelés par Dieu, doués par lui de notre être de nature et de grâce, bénéficiaires dès notre naissance et notre baptême, de la révélation de l’Evangile et du don de l’Esprit. Désireux par conséquent, à notre mesure et non sans bien des faiblesses, d’entrer moyennant une fidélité quotidienne et en communion avec les autres, dans ce que Jésus appelle le Royaume de Dieu. De sorte que, à la fois, nous recevons le don de Dieu en Jésus-Christ, c’est-à-dire la Vie, et nous rendons en ce même Jésus-Christ ce que nous pouvons.
Je ne sais pas comment il sera donné, à chacun de nous, de rendre à Dieu dans la mort ce qu’il nous a donné en Jésus-Christ. Mais en attendant, nous venons à l’Eucharistie, afin que, comme le dit une prière eucharistique, notre vie ne soit plus à nous-mêmes mais à Lui qui est mort et ressuscité pour nous et à nos frères de ce monde parmi lesquels il nous est donné de vivre. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime. - 3 juin 2018
Année B - 27 mai 2018 – Solennité de la Trinité
Dt 4, 32...40; Rm 8, 14-17; Mt 28, 16-20
Homélie du F.Damase
Le ministère public de Jésus commence avec son baptême dans le Jourdain.
Première manifestation – dans toute la Révélation – du Dieu Père, Fils et Esprit.
Lorsque Jésus descendit dans le fleuve, l'Esprit descendit sur lui sous la forme d'une colombe, et il entendit la voix du Père disant : "Tu es mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour."
Et, lors de sa dernière apparition, après sa Résurrection - l’évangile d’aujourd’hui, Jésus commande aux disciples d'aller enseigner toutes les nations, et de les baptiser "au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit".
À travers tout son enseignement Jésus témoigne du fait que Dieu est son Père et que tout son être se trouve exprimé dans cette relation de Fils à Père. Le Père se dit tout entier dans son Verbe ; et lorsque le Verbe incarné dit : "Abba, Père", il exprime dans ce simple mot tout son être de Fils. Il n'est rien d'autre. Jésus nous enseigne aussi tout au long de l'Évangile que son Père et Lui sont un, unis par l'Esprit d'amour qui leur est commun. Et, finalement, il nous révèle que nous aussi nous sommes appelés à vivre la même relation. Cet appel devient une réalité à travers le baptême que nous avons reçu.
Il y a donc une relation essentielle entre le mystère de la Trinité, que nous célébrons aujourd'hui et le baptême. Par le baptême nous devenons fils/filles du Père, dans le Fils, par l'Esprit d'amour qui nous est donné. L'Esprit descend alors sur nous et la voix du Père nous dit à nous aussi : "Tu es mon fils/ma fille bien-aimé(e) en qui j'ai mis tout mon amour ".
L'usage du baptême était un élément important de la culture religieuse dans le Judaïsme, au temps de Jésus. Dans la ligne de l'Incarnation, Jésus a transformé cette coutume dans le sacrement du baptême, tout comme il a assumé le rite du repas pascal pour le transformer dans le sacrement de l'Eucharistie.
Le baptême n'était pas un rituel isolé. La personne qui baptisait avait toujours un enseignement à transmettre ; et celle qui recevait le baptême acceptait de vivre en conformité avec cet enseignement. Elle acceptait de vivre une conversion. Jésus a conservé cette dimension du baptême. C'est pourquoi, lorsqu'il commande à ses disciples de baptiser les nations, il leur commande aussi de leur apprendre "à garder tous les commandements" qu'il leur a donnés.
Si nous gardons bien cette parole d'amour qui nous a été donnée, alors la promesse de Jésus à ses disciples se réalisera en nous : «Et moi, je suis avec vous tous les jours".
Pénétrons donc toujours plus à fond dans ce baptême qu'est notre vie chrétienne, afin de faire l'expérience de la présence du Père, du Fils et de l'Esprit. Notre vie deviendra alors une prière continuelle, car, comme le dit Paul dans la seconde lecture (tirée de la lettre aux Romains), l'Esprit de Dieu s'unira à notre esprit pour dire "Abba", ce mot affectueux en qui s'exprime toute la nature du Fils. C'est là la prière dont parle Paul dans ce même chapitre 8 aux Romains: "Nous ne savons pas prier; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements inexprimables." (Rm 8 26) - 27 mai 2018
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Année B - PENTECÔTE
20 MAI 2018 -
Ac 2, 1-11; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26...16,15
Homélie du Père Abbé Luc
« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière ». Telle la promesse que Jésus fait à ses disciples, et à nous aussi frères et sœurs : nous conduire dans la vérité toute entière. A ses disciples, durant sa vie terrestre, Jésus avait dit : « suivez-moi, venez à ma suite ». Mais au moment où Jésus quitte cette terre pour aller vers le Père, comment suivre Jésus qu’on ne verra plus, comment écoutez sa parole ? « L’Esprit de Vérité rendra témoignage en ma faveur, il vous conduira dans la vérité toute entière », nous assure Jésus. Dans un autre passage, Jésus annonce que l’Esprit Saint nous fera souvenir de tout ce qu’il a dit (Jn 14, 26). Oui, désormais, à la suite de Jésus ressuscité, l’Esprit Saint est notre guide, notre maitre intérieur pour nous rappeler les paroles de Jésus, pour nous les faire comprendre, et nous conduire dans la vérité toute entière. En cette fête de Pentecôte, réjouissons-nous de ce don de l’Esprit qui nous est fait, et en Eglise et personnellement.
Si on regarde en arrière, nous pouvons mesurer combien depuis 2000 ans, l’Esprit Saint n’a cessé de conduire l’Eglise vers la vérité toute entière. Peu à peu, à travers la réflexion des théologiens, assumée par les conciles, l’Eglise a mieux compris le mystère de Dieu, en sa vie trinitaire qui unit le Père au Fils dans l’Esprit. Peu à peu, l’Eglise est entrée dans une intelligence plus profonde du mystère du Dieu Amour, plein de miséricorde pour les hommes que nous sommes. L’Esprit l’a conduit au gré des tâtonnements et des impasses humaines, sans jamais l’abandonner dans les ornières où elle pouvait être tombée. Peu à peu, l’Eglise s’ouvre à une autre façon de comprendre son rôle dans l’histoire et dans le monde, comme une Eglise servante et pauvre, tournée vers tous. A l’écoute des aspirations des hommes, le concile Vatican II a tracé de nouvelles perspectives d’ouverture, de dialogue pour aller à la rencontre des autres religions. Certains ont pu craindre qu’on ait changé l’évangile. Mais comme le disait St Jean XXIII, « ce n’est pas l’évangile qui a changé, c’est nous qui commençons à mieux le comprendre ». Oui, l’Esprit Saint conduit l’Eglise et l’humanité vers la vérité toute entière. Une vérité qui dépasse toujours nos vues limitées. Comme la première lecture le suggère en forme de prophétie, l’Esprit conduit son Eglise pour qu’elle aille à la rencontre de tous les peuples, de toutes les cultures, afin de rendre témoignage de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus. Dans la rencontre des cultures, l’Eglise grandit dans la compréhension de la vérité dont elle est porteuse, vérité qui la dépasse et qu’elle cherche toujours elle-même à mieux accueillir. Immense travail, et immense confiance de l’Esprit pour les pauvres instruments que nous sommes.
Chacun aussi personnellement, l’Esprit Saint nous conduit vers la vérité toute entière, la vérité que nous sommes et que nous portons en creux. Une des quêtes profondes de tout homme pourrait se résumer dans l’adage de la Grèce antique, qui a inspiré les philosophes : « connais-toi toi-même »… Nous restons un mystère pour nous-mêmes et nous cherchons à mieux nous connaitre. Sur ce chemin, l’Esprit Saint s’offre comme un guide sûr. Paul nous invite à nous mettre sous sa conduite. Si en nous, se vit parfois un affrontement entre les forces obscures et les forces de lumière, Paul nous révèle que l’Esprit Saint est à l’œuvre pour produire en nous « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi »… Notre vérité profonde n’est pas du côté des forces obscures qui nous abaissent, nous divisent intérieurement et collectivement, ou encore du côté des forces qui nous avilissent. Notre vérité profonde est à chercher et à accueillir du côté de tout ce qui nous établit dans la paix, dans la joie, du côté de tout ce qui nous relit aux autres pour tisser la communion dans la reconnaissance des dons de chacun. Notre vérité profonde est moins du côté de l’affirmation de soi que du côté de l’humble présence aux autres pour apporter sa pierre à l’édifice. La lutte est parfois difficile, car les choses sont souvent mélangées. Il nous faut discerner. Travail incessant à reprendre chaque jour. Pour entrer dans cette vérité, tournons nos regards vers Jésus. Sa vie a été toute entière sous la conduite de l’Esprit Saint. Elle a produit « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maitrise de soi ». Regardons tant de témoins de l’évangile qui ont laissé transparaitre dans leur vie la douce et forte présence de l’Esprit. Demandons encore à l’Esprit Saint d’être notre guide. Il nous est offert en cette eucharistie. - 20 mai 2018
Année B - HOMELIE du 7ème dimanche de Pâques - 13 mai 2018
(Actes 1, 15-26 ; 1 Jean 4, 11-16 ; Jean 17, 11-19)
En cette dernière semaine du Temps Pascal et ces 10 jours qui encadrent les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte, la liturgie de l’Eglise nous invite de manière plus insistante et fervente à prier pour la venue de l’esprit, en chacun de nous, sur nos communautés et sur le monde entier.
Dans la seconde lecture, nous avons entendu Saint Jean nous dire : « voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous. Il nous a donné part à son Esprit ». Avoir part à l’Esprit de Dieu qu’est-ce à dire ? Comment caractériser cette participation à la vie divine ? Le passage du 4ème évangile, reprenant la grande prière de Jésus à l’heure de sa Passion peut nous guider et nous éclairer dans notre recherche. Je relèverai 3 aspects que cette prière solennelle souligne à propos de l’esprit : l’Esprit de Dieu est un esprit de Sainteté, c’est un esprit d’Unité et enfin un esprit de Vérité.
En commençant sa prière Jésus s’adresse à son Père en le nommant : « Père Saint », et c’est ainsi qu’il a appris à ses disciples à prier Dieu, comme lui : Abba Père, que ton Nom soit Saint, sanctifié. La prière eucharistique que nous allons offrir dans un instant commence elle aussi, après les chants de la Préface et du Sanctus (Dieu 3 fois saint) par les invocations : « Toi qui est vraiment Saint, toi qui es la source de toute sainteté » ou bien « Tu es vraiment Saint, Dieu de l’Univers, c’est toi qui sanctifie toute chose par ton Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur, avec la puissance de l’Esprit Saint ».
La Sainteté, c’est donc le propre de Dieu, et Il veut que nous soyons saints, comme lui-même est Saint . A une époque ancienne, la sainteté était assimilée au sacré : elle séparait les lieux (pensons au sanctuaire, au Saint des Saints du Temple de Jérusalem) et les personnes (les prêtres, le Grand Prêtre, les lèvites qui étaient séparés du Peuple). Avec la venue de Jésus, le Saint de Dieu par excellence, la sainteté est répandue sur chacun des baptisés qui reçoit l’Esprit en rémission de ses péchés et le fait accéder à la vie nouvelle en Christ Ressuscité. Désormais, les disciples peuvent se nommer entre eux, saint, et tous les croyants sont appelés par vocation à la sainteté, ainsi que l’a vigoureusement souligné un chapitre de la Constitution du Concile Vatican II sur l’Eglise. Eglise peuple de Dieu, peuple de saints : c’est aussi ce que vient de nous rappeler le pape François dans une récente exhortation apostolique : « Jubilate et exultate ».
Esprit de Sainteté, mais aussi Esprit d’Unité. « Père Saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le Nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient Un, comme nous-mêmes, nous sommes Un, Toi en moi et Moi en Toi » Nous touchons là au grand mystère de la Trinité, ou de la Tri-unité, comme le désignait un théologien du siècle dernier, le Père Congar. Un mystère qui dépasse notre intelligence et notre sagesse humaine, mais qui est le cœur de notre foi chrétienne. Avoir part à l’Esprit de Dieu, c’est entrer dans une communion de personnes divines, communion d’amour entre le Père et le Fils, communion personnifiée elle-même dans l’œuvre de l’Esprit.
Jésus ne prie pas son Père pour lui-même, alors que son existence terrestre va s’achever dans la détresse, dans peu de temps, sur la Croix. A l’heure de sa Passion, il prie pour ses disciples, pour ceux que Dieu lui a confiés, eux qui vont rester dans le monde et qui sont soumis à l’esprit du monde, opposé à la sainteté et à l’unité : « je ne prie pas pour que Tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde ».
L’esprit de sainteté, d’unité ne peut s’entendre avec la mondanité, la division et la dispersion. C’est l’enjeu d’un combat qui reste toujours d’actualité et qui touche au dernier aspect relevé par Jésus dans sa prière : celui de la vérité. « Père Saint, sanctifie-les dans la Vérité. Ta Parole est Vérité. Pour eux, je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la Vérité ». Trop souvent la mondanité, la dispersion dans les soucis de la vie voisinent avec le mensonge. Jésus prie pour que ses disciples ne se laissent pas entrer en tentation, qu’ils soient délivre du Malin, du Mauvais, du Menteur. A la question que lui posait Thomas un peu auparavant : Seigneur montre nous le chemin qu’il faut prendre pour te suivre, Jésus avait répondu : « Moi, Je Suis le Chemin, la Vérité, la Vie ».
Ainsi, avoir part à l’Esprit de Dieu, c’est marcher sur ce chemin de Vérité et de Vie à la suite du Christ. C’est lui qui nous conduit à son Père et Notre Père, afin de demeurer dans l’Amour, puisque Dieu est Amour.
Sainteté, Unité, Vérité. Il y aurait bien d’autres aspects pour qualifier l’action de l’Esprit de Dieu à l’œuvre en nous et autour de nous. L’Ancien Testament, dans le livre d’Isaïe, mentionne 7 dons accordés au Serviteur de Dieu qui apporte la consolation. Saint Paul, dans son épitre aux Galates énumère 9 formes de fruit de l’Esprit dans son combat contre la chair.
Et pour nourrir notre prière à l’Esprit Saint en cette semaine, l’Eglise nous offre aussi dans son répertoire des hymnes très riches tant pour les textes que pour les mélodies. Je pense en particulier aux Veni Creator Spiritus, ou la Séquence de la Pentecôte : Veni Sancte Spiritus, pour les plus anciennes, mais aussi aux compositions plus récentes dues à des compositeurs poètes comme Patrice de la Tour du Pin ou Didier Rimaud. Nous les trouvons facilement dans nos « Prions en Eglise » ou « Magnificat ».
Pour terminer, revenons au cœur de la prière de Jésus de l’évangile de ce dimanche, cette prière toute entière soulevée dans la mouvance de l’Esprit Saint et tournée vers le Père : « maintenant que je viens à toi, je parle ainsi dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils soient comblés de cette joie ».
La JOIE, comme fruit et signe par excellence de notre participation à la vie de l’Esprit. Joie imprenable et plus profonde que tous les plaisirs artificiels du monde.
Joie de l’Evangile qui rayonne de la parole et du visage de notre Pape François et qui émane de tous les textes du magistère qu’il offre à l’Eglise : « Gaudium Evangelii » en premier lieu, mais ensuite, « Amoris Laeticia », « Laudato Si ‘ », « Gaudete et Jubilate» (à propos de l’appel à la sainteté), jusqu’à ses dernières recommandations à propos des études dans les Universités Catholiques : « Gaudete in veritate »
Cette joie est la note finale de la séquence de la Pentecôte : «Viens Esprit de Sainteté, Donne nous la joie pérenne, la joie éternelle - Da perenne gaudium » - 13 mai 2018
AMEN
Année B - Ascension du Seigneur - 10 mai 2018
Ac 1 1-11; Eph 4 1-13; Mc 16 15-20
Homélie du F.Bernard
L’Ascension du Christ est déjà notre victoire. Nous l’entendions à l’instant dans l’oraison de ce jour. L’Ascension est déjà notre victoire, car une humanité, celle de Jésus-Christ, en tout semblable à la nôtre, hormis le péché, est désormais dans la Gloire de Dieu, à la droite du Père. Et cette humanité n’est pas seulement un modèle que nous aurions à imiter, elle est la Tête dont nous sommes le Corps indissociablement uni à elle.
Et si la Tête est présentement dans le Gloire, le Corps tout entier est destiné à la suivre. Dès maintenant nous avons, selon les mots de l’épitre aux Hébreux, « une ancre aussi solide que ferme à laquelle nous sommes définitivement arrimés » (He 6,19). D’ailleurs Jésus, lui-même, nous l’avait dit : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Je m’en vais vous préparer une place, afin que là où je suis vous soyez vous aussi » (Jn14,1-3).
L’Ascension du Christ est déjà notre victoire. Désormais nous savons pleinement ce que le Seigneur attend de nous. Il l’a dit aux disciples avant de les quitter : « Soyez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8). Il l’avait dit équivalemment aux apôtres après sa Résurrection : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. » (Mc 16,15)
Jusqu’aux extrémités de la terre…Nous pourrions dire avec le pape François, jusqu’aux périphéries du monde, partout où il y a des hommes à rejoindre dans leur détresse, dans leur désespérance, dans leurs nuits. Les périphéries de la pauvreté et de l’isolement, les périphéries des souffrances du corps et de l’âme, les périphéries du monde enfermé dans le péché et l’incroyance. Immense programme missionnaire confié en ce jour au Corps tout entier, à chacun de ses membres.
Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Pas seulement toute l’humanité, mais toute la création, tout le cosmos, toute notre Terre. Sans doute ne s’agit-il pas d’aller prêcher aux oiseaux, comme saint François, même si cette belle histoire est pleine de sens. Il s’agit en tout cas de prendre conscience de notre responsabilité vis-à-vis de la Terre qui nous a été confiée par le Créateur. La gérer, la cultiver pour qu’elle aille au bout de sa destinée au service de l’humanité et pour la gloire de Dieu. « Cette Terre, nous dit saint Paul, gémit présentement, en travail d‘enfantement. Elle aussi aspire à être délivrée de la corruption pour entrer dans la liberté des enfants de Dieu. » (Rm 8, 19sq)
L’Ascension est déjà notre victoire. A cette mission d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, au bout du monde, à toute la création, s’en ajoute inséparablement une autre. Et là je renvoie à la deuxième lecture de ce jour, cette lettre aux phésiens si pleine d’enseignements. Il s’agit de faire grandir le Corps, pour qu’il atteigne à la plénitude de la stature du Christ, à l’état de l’Homme parfait.
Faire grandir le Corps, mais comment ? En progressant dans la voie de l’unité. Un seul Corps, un seul Esprit. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Un seul Dieu et Père de tous, qui règne au- dessus de tous, par tous et en tous. Faut-il promouvoir une uniformité ? Non, mais reconnaître la diversité des dons spirituels distribués par le Christ à chacun d’entre nous. Comment y arriver ? Si non dans l’Esprit qui nous garde dans l’unité par le lien de la paix, et fait grandir le Corps dans l’Amour.
Ainsi le Corps se construit dans l’Amour. C’est la dernière phrase de ce passage de la lettre aux Éphésiens. L’Amour, c’est un autre nom de l’Esprit- Saint. La fête de ce jour nous prépare à la Pentecôte, où nous sera donné celui que le Seigneur avait promis à ses disciples, « L’Esprit de vérité qui les conduira à la vérité tout entière » qui les fera grandir dans la vérité de l’amour jusqu’à atteindre la plénitude de la taille du Christ.
Aujourd’hui c’est déjà notre victoire. 10 mai 2018
Année B - 6e dimanche PÂQUES -
(06/05/2018)
Homélie du F.Jean-Louis
(Actes 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 – 1 Jean 4, 7-10 – Jean 15, 9-17)
Jeudi prochain, l’Eglise fêtera l’Ascension du Christ, sa montée vers le Père. Les lectures de ce dimanche qui précède semblent constituer un testament ou LE Testament du Christ. Dans la première lecture, il y a cette révélation aux chrétiens d’origine juive que l’Esprit saint pouvait être donné aux autres nations, à toutes les nations. C’est ce que nous fêterons dans quinze jours avec la fête de la Pentecôte. Et puis, il y a « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et dans la seconde lecture et l’évangile de ce jour, il n’y a pas moins de 20 emplois des mots aimer, amour, amis, … n’est-ce pas le message fondamental du Christ ? N’est-ce pas la consigne qu’il nous laisse ? Qu’il laisse à tous ses disciples ?
Nous pourrions nous dire : « Eh bien, mettons cela en pratique » … Mais nous savons tous, par expérience, que ce n’est pas si simple. Nous sommes certainement tous d’accord avec ce précepte mais que veut dire aimer comme Le Christ nous a aimé ? Et surtout : comment faire ? N’est-ce pas impossible, hors de notre portée, irréaliste ?
La Bible, bien sûr, nous parle d’amour, amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » et les commandements de Dieu, dans la Bible , c’est notamment de veiller sur les 3 catégories typiques de personnes défavorisées en Israël : la veuve, l’étranger et l’orphelin. Voilà qui est déjà assez d’actualité.
Une actualisation très récente de l’enseignement biblique sur l’amour nous a été donnée par le pape François dans sa dernière exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » (« Réjouissez-vous et exsultez ») sur l’appel à la sainteté. Je voudrais m’appuyer sur quelques passages de ce long texte pour nous aider à cheminer sur ce chemin de l’amour, de la sainteté.
Le pape François, dans la première partie de son exhortation, écrit :
7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’
Ainsi, pour le pape, le Christ ne nous demande pas d’accomplir des actes extraordinaires pour aimer, pour être saints. Nous risquons souvent de penser qu’aimer comme Dieu est hors de portée à un point tel que ça ne nous concerne pas. Le pape François continue :
14. Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels
Ainsi, la sainteté n’est pas liée à un état de vie particulier. Toutes et tous nous sommes appelés à répondre à l’appel de Dieu dans notre vie quotidienne ordinaire. Le pape François se situe là à la suite de la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux.
Il poursuit encore :
15. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’.
La seconde lecture disait : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »Le péché, la fragilité font partie de notre chemin. Apprenons à nous tourner vers le Christ en n’oubliant pas cette merveilleuse phrase chantée dans l’Exsultet la nuit de Pâques : « Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur. » Tout l’optimisme chrétien est là.
Frères et sœurs, nous pouvons parfois être écrasés par notre propre interprétation de la Parole de Dieu. Nous pouvons parfois y chercher un idéal qui nous décourage. Pourtant, ce que le pape François propose concrètement comme chemin de sainteté n’est pas un chemin de facilité et il demande le secours de l’Esprit Saint. Mais ce chemin est réaliste et surtout il s’appuie non pas sur notre vision de la sainteté, de l’amour, mais sur le réel de ce qui nous est demandé de vivre tout simplement.
Je terminerai par un risque évoqué par le pape et qui est d’autant plus dangereux qu’il peut se cacher derrière une apparence très spirituelle.
26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.
27. L’Esprit Saint peut-il nous inciter à accomplir une mission et en même temps nous demander de la fuir, ou d’éviter de nous engager totalement pour préserver la paix intérieure ? Cependant, nous sommes parfois tentés de reléguer au second plan le dévouement pastoral ou l’engagement dans le monde, comme si c’étaient des ‘‘distractions’’ sur le chemin de la sanctification et de la paix intérieure. On oublie que « la vie n’a pas une mission, mais qu’elle est mission ».
Ce danger ne menace pas que les moines. Le critère de la prière juste est l’attitude envers le prochain. Ainsi se trouve résumé, car le pape dit encore bien d’autres choses dans ce document, quelques moyens concrets à mettre en pratique pour vivre les lectures de ce jour. Sachant que l’imagination de l’Esprit peut nous en inspirer bien d’autres.
Sachons nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, c’est Lui qui nous donnera d’accomplir la volonté du Christ.
N’oublions pas non plus que l’Esprit Saint n’est pas réservé aux croyants. La première lecture nous rappelle bien qu’Il est destiné à toutes les nations et toutes les nations sont appelées à la sainteté dans un cheminement dont Dieu seul connaît le parcours. Confions-nous à Lui et confions l’humanité entière à sa Force, à sa Puissance qui peut tout dans l’ordre du Salut.
Alors se réalisera ce que la prière d’ouverture de cette messe énonçait : « que le mystère de pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. » AMEN - 6 mai 2018 -
Année B -
5e dimanche Pâques - 29 avril 2018
Actes, 9, 26-31 1 Jean 18-24 Jean 15, 1-8
Homélie du F.Ghislain
Dans l’évangile d’aujourd’hui, il est question de vignes. Pas très loin d’ici, au nord dans le Chablis, il y a des vignes. Au sud, il y a les prestigieux vignobles de la région de Beaune. Un jour ou l’autre, sans doute nous nous sommes approchés des rangs de vignes et nous avons regardé de près les ceps et les sarments.
Nous avons peut-être remarqué que, souvent, les meilleurs vins sont récoltés sur des vignes très basses, lourdes, contournées, avec de grosses rides. Quant aux sarments, à la fin de l’hiver ou au début du printemps, ils apparaissent dans toute leur réalité austère. Ils sortent du cep, mais ils ont été taillés: on les a coupés sur la longueur, parfois on a supprimé des rejets et on les a fixés sur la ligne de fil de fer, en les courbant et les tordant. Il faut leur faire prendre une forme qui permette à la sève de les pénétrer bien complètement, et aussi qui répartisse le poids des grappes lorsque celles-ci apparaîtront et se développeront. En somme, la situation du sarment n'est pas très agréable, au moins au début. Ensuite peut-être s'habitue-t-il à sa position et s'aperçoit-il qu'elle est juste et exacte; il se sent solidement attaché au cep et sent aussi la sève qui monte et circule en lui. Plus tard, en été, lorsque viennent les feuilles, les fleurs, les fruits, il se sent en état de les porter sans rompre; et, s'il disparaît sous la frondaison, le sarment devient beau et fécond. Il en éprouve sans doute quelque joie. A la vendange en automne, il supporte sans doute d'être privé de tout le raisin, car il sent obscurément que le fruit que l'on porte est pour être donné. Puis le cycle recommencera, jusqu'au jour où, ayant longtemps porté du fruit, le sarment sera trop vieux; on le coupera et de plus jeunes seront, à leur tour, soumis à la taille.
Inversement, dans une vigne sauvage ou abandonnée, nous voyons les sarments qui poussent indéfiniment, sans direction particulière, chacun pour soi en quelque sorte. Il y a des gourmands qui s'étendent longuement et rampent sur le sol. Sarments et gourmands ont peut-être une impression de liberté, rien ne les contraint. Mais, quand, au printemps, la sève monte, il y a trop de canaux et ils sont trop longs; alors la sève se perd; chaque sarment en reçoit peu; il porte des feuilles, mais petites; les grappes sont rares et, quand il y en a, les grains sont clairsemés, ils ne grossissent pas ils sont, amers au goût et il n'est pas questions de vendanges. Les sarments finissent par se détacher du cep, ils tombent sur le sol et pourrissent.
En nous proposant cette parabole, Jésus nous rappelle que la vie des hommes est austère, traversée, qu’on le veuille ou non, d’épreuves dont certaines sont à la limite du supportable. Est-elle plus difficile aujourd’hui qu’hier ? Je ne sais pas, mais j’entends souvent des personnes âgées s’inquiéter pour leurs enfants et petits-enfants : c’est plus dur aujourd’hui que de notre temps ; comment vont-ils y arriver. ? En tous cas, il y a là un fait que nous ne comprenons pas, mais qui s’impose à nous. La vie n’est pas une vigne abandonnée et inféconde. C’est une vigne entretenue, belle, féconde et qui porte fruit sans que nous sachions toujours comment et combien, mais il faut y mettre le prix. Et Jésus nous donne aussi une clef pour ne pas être perdus dans l’existence et ne pas désespérer. « Demeurez en moi » dit-il. Et dans la seconde lecture que nous avons entendue, il nous explique ce que veut dire « demeurer » : mettre notre foi dans le nom de Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres. Il y aurait une autre homélie à faire sur ces trois expressions : demeurer, le nom de Jésus, l’amour mutuel. Elles nous disent comment vérifier le lien de nos vies, ce qui leur permet d’être fécondes, de porter du fruit, quelles que soient les apparences contraires. Ne laissons pas s’effacer les propos de Jésus, mais tâchons au contraire de garder toujours vive dans notre cœur, dans notre mémoire, cette image du ceps et des sarments et ces mots qui nous en donnent le sens. Et si parfois, souvent, nous manquons ou ne sentons pas à la hauteur, le texte continue : « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur ». Alors nous pourrons, avec force et douceur, continuer notre chemin, garder la paix et aider les hommes. - 29 avril 2018
Année B - 4e DIMANCHE DE PÂQUES– 22 AVRIL 2018
Ac 4 8-12; 1 Jn 3 1-2 ; Jn 10 1-18
Je suis le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.
En méditant cet évangile, la figure de Pierre s’est imposée à moi en surimpression à celle du Christ.
Je donne ma vie pour mes brebis.
Je donnerai ma vie pour toi ! dit Pierre.
Non, lui dit Jésus, là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant. Tu me suivras plus tard.
Sois les pasteur de mes brebis.
Pierre, celui à qui Jésus à confié son Eglise, ne peut se prévaloir d’avoir été choisi pour cette charge à cause de sa fidélité et du don de sa vie ‘jusqu’au bout’.
Comme Paul, comme chacun de nous, il est « le premier a qui il a été fait miséricorde ».
Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois.
Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.
Je ne connais pas cet homme !
En Jésus seul, rempli de l’Esprit, parce que Fils unique,
en Jésus seul, le mystère du don pouvait vaincre le mystère du Mal.
Seul l’Innocent pouvait vaincre le mystère du Mal
en donnant sa vie sans condition aucune.
Ma vie, personne ne peut me l’enlever, je la donne de moi-même.
Pierre a cru qu’il donnerait sa vie pour son Maître.
Il ne réalisait pas qu’il lui fallait d’abord, par lui, être sauvé du Mal.
Il n’a pas eu la force de se prononcer pour lui, de chercher à le protéger, à le sauver.
C’est Jésus qui a sauvé Pierre, qui nous sauve chacun, qui arrache l’humanité à la Puissance du Mal.
Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.
Pierre a parlé au futur : Je donnerai ma vie pour toi !
Jésus parle au présent : Je donne ma vie pour mes brebis.
Il est toujours en état de don. C’est la forme de son être, de son amour.
A l’heure de la Passion, c’est Jésus qui était la brebis, l’Agneau en danger, le loup était là ;
et Pierre, semblable au mercenaire, a fui. Et tous les disciples avec lui.
Bienheureuse faiblesse, bienheureuse infidélité, qui lui permet d’être témoin de Celui qui le sauve, témoin de l’unique Sauveur, témoin de celui qui n’a pas fui, qui a aimé jusque dans la mort.
Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi, dit Jésus à Pierre lors du lavement des pieds. « Autrement dit, écrit JF Bouthors : tu n'entreras pas dans la communauté des réconciliés si tu ne te soumets pas toi-même à la Miséricorde, si tu ne reconnais pas en toi une part inhumaine qui doit être guérie et réintégrée, pour que s'accomplisse l'unité de ton être. »
Pierre a fait personnellement l'expérience amère de la découverte de la part inhumaine et lâche qui est la sienne, et l’expérience de la miséricorde de son Sauveur, du vrai berger qui risque sa vie pour ses brebis.
C’est par leur voix que nous savons
Quelle peur les a saisis,
Et quel doute devant ta Passion …
Heureux sont-ils
De témoigner de ta grâce !
dit une belle hymne que nous chantons pour les apôtres.
Elle poursuit :
Heureux sont-ils puisque l’Esprit
Mit en eux un cœur nouveau,
Leur faiblesse devint leur appui.
Ils sont allés en tout pays,
Pour ton nom ils ont souffert,
Mais leur joie proclamait devant tous :
« Il est vivant
Celui qui sauve le monde ! »
Dans les Actes, nous voyons Pierre qui s’était détourné de Jésus,
devenir témoin intrépide.
Ceux devant lesquels il témoigne ne sont pas n’importe qui :
ce sont ceux-là même qui ont arrêté et condamné Jésus, ceux qui ont l’autorité et le pouvoir.
Jésus a livré son Esprit sur la croix.
C’est remplis de l’Esprit Saint, de cette force d’en-haut, promise par Jésus,
que Pierre et Jean peuvent être là avec tant d’assurance,
et confesser le Nom de Jésus avec tant d’intrépidité et de joie.
Il fallait que Jésus aille le premier jusqu’à la mort, la traverse, la retourne
pour que Pierre puisse aller avec lui jusqu’à la mort.
Il fallait que le berger donne sa vie pour ses brebis
pour que les brebis le suivent vraiment en écoutant sa voix.
Il fallait que, du Cœur transpercé, l’Esprit soit répandu
pour que les disciples deviennent témoins, sans crainte, audacieux, joyeux...
Tu me suivras plus tard.
L’Eglise et le monde, aujourd’hui comme hier et demain,
ont besoin de pasteurs, de religieux, de religieuses, de laïcs, d’hommes, de femmes, d’enfants,
dont le regard ait croisé celui de Jésus, dont le cœur se soit laissé saisir par son Esprit,
et qui, au cœur même de leur faiblesse,
annoncent la Bonne Nouvelle
de celui en qui tous les hommes ont le pardon, la vie, le bonheur et la gloire,
Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.
Ecoutons la voix de notre vrai Pasteur, contemplons-le donnant sa vie pour chacun et pour tous, recevons son Esprit pour le suivre et être bergers là où il nous appelle. - 22 avril 2018