vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 02 novembre 2017 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS - 2 novembre2017

Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Toute la bible est traversée par un immense élan de vie, à l’image des lectures entendues ce matin. Elan de vie qui bute sur la mort et toutes ses manifestations mais qui ne s’arrête pas. Car Dieu est là avec son peuple pour l’éduquer et de le conduire à la vie. Et Jésus vient apporter le sceau à cette lente pédagogie divine. Croire en Lui, lui faire confiance, c’est dès maintenant avoir part à la vie éternelle, à cette vie qui ne finit pas. Et Jésus nous fait la promesse qu’il nous ressuscitera avec lui au dernier jour. Ainsi, Lui sommes-nous liés d’une manière très étroite, qui fait dire à Paul, que nous lui appartenons depuis notre baptême. Plongés dans la mort de Jésus, nous vivons désormais de sa vie. Nous vivons et nous mourons pour lui… C’est cette foi qui nous donne l’audace de prier en ce jour pour tous nos défunts, ceux qui ont appartenu au Christ par le baptême, comme tous les autres. Notre prière filiale et confiante en la miséricorde de notre Père des cieux, se veut éminemment fraternelle. Comme des frères qui se savent appartenir à une même famille humaine aimée par Dieu, nous souhaitons pour tous les défunts la même chose que nous espérons pour nous : qu’ils goûtent en plénitude la vie divine en Christ. Notre propre faiblesse, nos inconstances à croire et à aimer, nos refus parfois, nous rendent plus sensibles aux obstacles qui ont pu se lever sur leurs chemins humains. Aussi dans une commune conscience de notre condition de pécheur, prions-nous pour eux en les associant à notre commune espérance d’être sauvés. Avec toute l’Eglise notre mère, comme des frères, nous confions nos frères humains au Premier Né d’entre les morts. Qu’Il « ouvre à nos défunts sa maison de lumière et de paix ». - 2 novembre 2017

Homélie du 01 novembre 2017 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

TOUSSAINT 2017

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Hier, au téléphone quelqu’un, en me souhaitant une bonne fête de Toussaint, concluait avec une définition de la sainteté qu’il avait entendue : « les saints sont ceux qui sont aimés de Dieu »…Définition toute simple qui nous place dans le regard de Dieu. Aux yeux de Dieu, toute femme et tout homme est digne de son amour… Le regard aimant que Dieu porte sur chacun est don de sainteté…

Peut-être me direz-vous que c’est un peu simple et un peu rapide… Il est vrai que ce n’est pas spontanément notre manière de définir la sainteté. Nous mettons l’accent sur une perfection de vie qui distingue certains hommes et femmes du commun des autres mortels… L’Eglise elle-même ne reconnait-elle pas des figures qu’elle nous donne en exemple ? C’est vrai. Pourtant, cette fête de Toussaint n’oriente-t-elle pas notre regard dans le sens d’une sainteté offerte à tous comme une promesse ? La foule immense, impossible à dénombrer de l’apocalypse et les bienheureux que Jésus reconnait dans l’évangile ne nous invitent-ils pas à élargir notre conception de la sainteté… Moins qu’une performance réalisée n’est-elle pas avant tout un don gratuit, immérité, de la part de Dieu ? Le don de son amour est un amour qui sanctifie, qui fait de cet être de chair fragile que nous sommes, un être digne de respect, un être saint. L’amour de Dieu pour tous est une élection, un choix qui fait de nous des saints, des élus. Paul suggère que ce choix Dieu l’a fait de toute éternité quand il affirme aux Ephésiens, « qu’avant la création du monde, nous avons été appelés à être saints et irréprochables devant Dieu » (Ep 1,4) Oui frères et sœurs, peut-être nous faut-il en ce jour de fête, entrer dans cette vision. « Dieu qui seul est saint », comme nous le prierons dans l’oraison finale, nous offre sa sainteté par le fait même qu’il porte sur nous un regard d’amour, qui que nous soyons, et cela depuis la création du monde…

Mais me direz-vous, si tous sont saints, faut-il encore distinguer certains parmi les humains pour les appeler Saint François, Sainte Thérèse ? Que fait l’Eglise quand elle nous les propose en exemple ? Ne nous donne-t-elle pas à voir des personnes en qui la sainteté de Dieu a trouvé son plein accomplissement ? Oui, les innombrables saints que notre calendrier ne peut contenir, ont laissé prendre corps dans leur existence la sainteté de Dieu. Ils ont reconnu et pris au sérieux l’amour de Dieu pour eux. Et cet amour a transfiguré leur vie. Ils sont devenus des icônes de l’amour de Dieu. Ceux qui les ont approchés, ont été touchés et aidés par eux dans leur propre accueil de la sainteté offerte par Dieu. Les saints nous font pressentir jusqu’où peut aller l’amour de Dieu dans une vie humaine quand nous l’accueillons vraiment. Dès lors, nous pouvons regarder les saints que l’Eglise met à l’honneur, comme nos amis. Ces amis de Dieu deviennent nos amis, des compagnons fidèles sur nos routes humaines. Les regarder, les écouter nous dire leur recherche et leur combat sera un appui dans notre accueil de l’amour de Dieu. Peut-être telle figure de saint nous parlera davantage ? Soyons heureux de trouver en lui, en elle le soutien sur notre chemin de sainteté. Soutien de leurs écrits, ou de leur exemple… Soutien de leur prière eux qui partagent maintenant dans la pleine lumière la sainteté de Dieu. Ils goûtent déjà la joie promise au banquet préparé par Dieu.

Et nous pèlerins sur cette terre, déjà marqués du sceau de l’amour de Dieu, entrons en cette eucharistie, dans l’action de grâce du Christ et recevons le pain de la route qu’Il est lui-même.

- 1 Novembre 2017

Homélie du 29 octobre 2017 — 30e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Année A - 30ème Dimanche du T.O. - 29 Octobre 2017'

Ex 22.20 ... 26 1 Th1 SC ... 1 0 Mt 22.34 .. .40

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Frères et Sœurs, la question posée à Jésus est une question

récurrente qui affronte nos vies envahies par nos occupations matérielles. Quelle est la plus

grande, la plus intime dynamique de notre vie ... chercher Dieu ou chercher l'humain ?

Quel doit être le centre de notre vie: La mystique ou la politique? une vie ou l'amour du

prochain a sa place ... ou une vie guidée, dominée, par notre intérêt ?

Quel mystère que l'Amour !

- Comment se fait-il que l'homme pour acquérir sa taille d'homme ... son plein

. développement...ait besoin du regard aimant d'un autre, des autres ?

- Comment se fait-il que notre regard sur le prochain, s'il est fait d'estime ... de respect...de

confiance puisse révéler notre prochain .. à lui-même et le conforter dans sa personnalité ... ?

Mais il y a plus mystérieux!

- Comment se fait-il que Dieu -lui aussi- entre dans cette fécondité de l'amour. .. comme si

Dieu avait besoin de l'amour total de l 'homme pour être totalement Dieu ?

«Maître, quel est le plus grand commandement 7 » ... c'est-à-dire quel est ce que

Dieu attend de nous de plus grand? Quelle est la réponse humaine à laquelle il attache le

plus grand prix ? ... L'évangile nous donne la réponse ... elle peut paraître ... banale ... toute

simple ... en réalité ... elle est extraordinairement difficile à réaliser. On lit dans la vie des

Saints combien au moment de leur mort, ont imploré ... le pardon et la miséricorde de Dieu

pour leurs manques d'amour.

C'est que l'Amour dans la bouche de Jésus, n'est pas de l'ordre du simple conseil

ou du facultatif, il n'est pas du domaine de l'attirance ou de la séduction ni une proposition

sublime pour des chrétiens parfaits, l'amour dans la bouche de Jésus est de l'ordre de

l'impératif. .. Tu aimeras !.. Dieu ... ton prochain ... comme toi-même.

C'est-à-dire que tu n'es pas libre, toi qui est marqué du sceau du Baptême ... de refuser

cette capacité d'amour mise en toi pour répondre de tout ton être à l'attente personnelle de

Dieu ... tu n'es pas Ii bre de laisser en jachères ces dons, ces forces que tu as reçus pour

donner et. .. recevoir car aimer ... c'est aussi ... être capable de recevoir!

« Tu aimeras» là est l'accomplissement de la volonté du Père, réunissant l'humanité

entière sous un seul chef, le Christ ...

« Tu aimeras». .. mais de tout ton cœur, de toute âme, de tout ton esprit. ..

Radicalité qui nous renvoie à celle de Jésus dans sa Passion « Il n'y a pas de plus

grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » ...

Radicalité qui est celle de la « Folie de l'Evg » ... Qui veut être mon disciple, qu'il quitte

Père, Mère, tous ses biens ... ton œil te conduit à pécher? arrache-le. .. vous aimez vos amis,

moi, je vous dis, aimez vos ennemis.

En ce mois d'Octobre où l'Eglise fait mémoire de ces fous de Dieu tel François

d'Assise, Thérèse de l'enfant Jésus, tous ont incarné, certains jusqu'au martyre cette Parole,

qui, à elle seule, résume l'Evg comme la vie de Notre Seigneur.... « Tu aimeras! » -

29 octobre 2017

Homélie du 22 octobre 2017 — 29e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année A
Info :

Année A - 29ème dim. du T.O. (22octobre 2017)

Is 45,1.4-6 ; 1 Th 1,1-5b ; Mt 22,15-21

Homélie du F.Bernard

Texte :



« Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46). C’est par ces mots que les gardes du Temple répondent au Grand Prêtre qui les a chargés d’arrêter Jésus. Peut-être cette parole nous revient-elle aussi en mémoire quand nous entendons certains évangiles, tant l’autorité de Jésus, son autorité divine, s’y manifeste ? N’y aurait-il pas déjà quelque chose de cela, dans l’Evangile de ce matin, quand les Pharisiens et les partisans d’Hérode, qui pourtant viennent tendre un piège à Jésus, lui disent au préalable : « Maître, tu es toujours vrai, et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ?

Car c’est bien un piège qui est tendu à Jésus, avec la question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur, à César ? » Toute réponse par oui ou par non, comme les adversaires de Jésus le demandent, serait fausse. L’impôt n’est pas de l’ordre de la permission. Il est imposé. Il oblige tous les sujets de la Palestine, sauf à vivre dans la clandestinité et la révolte ouverte, comme les Zélotes. Et la preuve que tous sont soumis au pouvoir romain est que tous ou presque ont dans leur poche ou leur bourse quelque pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur. Elle sert aux transactions commerciales. Elle est le signe concret de l’autorité de Rome.

Que répond Jésus ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Puisque vous utilisez la monnaie qui porte l’image de l’empereur, vous reconnaissez son autorité sur vous, reconnaissez du même coup que vous appartenez à Dieu, puisque vous êtes créés à l’image et ressemblance de Dieu, vous portez son image selon l’enseignement de la première page des Ecritures.

Jésus reconnait ainsi deux pouvoirs, et distingue deux autorités, l’autorité politique, chargée de la gestion de l’espace public et du bien des personnes, avec ses droits et devoirs, et l’autorité spirituelle qui procède de Dieu.

Rome a imposé son pouvoir sur la Palestine en l’an 63 avant Jésus-Christ, sous Pompée, pouvoir mal supporté certes par le nationalisme juif. Mais était-il plus mauvais que le pouvoir exercé auparavant par les ancêtres d’Hérode ? Pas si sûr ! Rome a apporté la paix, une paix armée sans doute, la Pax Romana, mais paix tout de même : ce n’est pas rien. Rome a construit dans tout l’empire un réseau de routes, ces voies romaines qui subsistent encore en bien des endroits dans tout le Bassin Méditerranéen : elles seront une grande aide pour la propagation de l’Evangile. Et Paul préférera se faire juger par la justice de Rome, plutôt que par le tribunal suprême de son peuple, le Sanhédrin de Jérusalem.

Jésus reconnait l’autorité de l’empereur, il reconnait l’autorité de Pilate, nommé par le pouvoir. Jugé par lui, lors de sa Passion, il dira : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19,11). Le prophète Isaïe pour sa part dans la première lecture appelait Cyrus, le vainqueur du roi de Babylone, qui autorisa les Juifs exilés à rejoindre leur patrie et à reconstruire le Temple de Jérusalem, en l’an 538 avant Jésus-Christ, le « consacré du Seigneur », littéralement le Messie du Seigneur. Un texte de l’Ecriture va même jusqu’à nommer Nabuchodonosor, le roi assyro-babylonien qui aura détruit Jérusalem en l’an 587 et exilé les Juifs, le « serviteur de Dieu « (Jr 27,6).

Mais l’autorité politique aura aussi à rendre compte de sa gestion du bien public, au jugement de Dieu. De plus son pouvoir reste limité. Il ne peut prétendre s’exercer sur les consciences. César n’est pas Dieu, ni Cyrus, ni Nabuchodonosor. Quand l’autorité de Rome tendra à être sacralisée, quand les empereurs exigeront des chrétiens qu’ils sacrifient aux dieux de Rome et qu’ils s’érigeront eux-mêmes en quasi-divinités, les chrétiens devront refuser d’obéir au nom de leur foi, préférant mourir plutôt que de sacrifier aux idoles. Cette semaine nous aurons célébré saint Ignace d’Antioche le célèbre évêque, martyr du IIème siècle, et aussi ces autres martyrs qui ont fondé notre Église de Sens-Auxerre, les saints Savinien et Potentien.

« Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l’impôt, l’impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l’honneur, l’honneur » (Rm13,7), mais « rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». C’est ce que nous voulons faire en cette eucharistie : offrir nos personnes et nos vies, en sacrifice saint, agréable à Dieu. C’est là le sacrifice spirituel que nous avons à rendre (Rm 12,1). - 22 octobre 2017

Homélie du 18 octobre 2017 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

ST LUC 18.10.2017

2 Tm 4, 9-17a ; Ps 144 ; Lc 10, 1-9

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Nous venons d’entendre Jésus qui confie leur lettre de mission aux 72 disciples, c’est-à-dire à chacun de nous. Comment recevoir cette lettre de mission aujourd’hui encore comme un envoi ? Plus précisément, comment à l’instar de tous les disciples de Jésus, pouvons-nous l’entendre, nous, moines, qui restons dans notre monastère ? Qu’est-ce qu’un moine missionnaire ?

Notre Père Muard pensait cette mission, comme la mission d’une communauté dont certains seraient adonnés davantage au silence, à la prière et au travail, d’autres à l’étude et à la prédication dans les paroisses à l’occasion de temps forts. A ses yeux, c’était toute la communauté qui était missionnaire, dans les différentes vocations qui la composaient. Depuis quelques décennies maintenant, nous avons retrouvé les intuitions de la règle de St Benoit sous laquelle le P. Muard s’était placé comme sous un guide sûr. La règle lue davantage dans sa dynamique première nous offre les balises de notre chemin de disciples de Jésus. Nous nous adonnons en un même lieu, à la recherche de Dieu dans la prière, la vie fraternelle, le travail et l’accueil. Cette manière de chercher Dieu prend toute notre énergie. Sommes-nous pour autant moins disciples missionnaires que nos prédécesseurs ? L’évangile entendu ce matin nous offre des repères pour le vérifier…

Tout d’abord, Jésus demande de prier. Elle est le premier moment de la démarche missionnaire. Prier pour entrer dans le désir de Dieu de voir son règne s’étendre. Prier pour s’unir à son désir de susciter d’autres missionnaires.

Puis, les missionnaires que Jésus envoie le seront davantage par ce qu’ils sont et par leur manière de vivre que par leurs paroles. Les recommandations de Jésus touchent principalement le dépouillement dont les disciples doivent faire preuve – pas de bourse, ni de sac etc…Et plus profondément Jésus invite à la confiance à avoir en Dieu qui prendra soin des missionnaires à travers ceux qui les accueilleront et nourriront. Avant d’ouvrir la bouche les disciples missionnaires doivent montrer par leur vie dépouillée et confiante en la Providence de Dieu que vraiment Dieu règne et qu’Il est là prenant soin de ses amis. Dans une communauté monastique, nous voudrions apprendre cela, et personnellement et communautairement. Etre libre par rapport aux biens ou aux soucis matériels, surtout pas préoccupé à l’excès, ni encore moins avide au gain… Notre manière d’être ici est essentielle aux yeux de beaucoup qui sont loin de Dieu…que leur disons-nous ? Nous avons ici un premier lieu de notre mission.

Jésus invite ensuite ces disciples à annoncer la paix : « paix à cette maison »… avec cette mention que si cette paix n’est pas acceptée par les destinataires, elle revienne à ceux qui l’ont donnée…autrement que si la paix n’est pas reçue, que le disciple lui-même reste en paix et ne s’en trouble pas. St Benoit nous invite à rechercher, à poursuivre la paix. Nous savons le prix de ce labeur, et personnel et communautaire… Un labeur qui nous engage dans une exigeante connaissance de nous-mêmes ainsi que dans une patience redoublée vis-à-vis de nous-mêmes et de nos frères… La recherche de l’humilité à travers l’écoute et l’obéissance voudrait nous conduire vers cette paix qui s’épanouit en charité active. Pour Jésus, comme pour toute la tradition biblique, cette paix est une des manifestations de la venue du règne messianique. Oui, faire œuvre de paix en soi-même et avec nos frères, afin de faire de cette maison de prière une maison de paix, sera une autre part importante de notre vie missionnaire. Nos hôtes viennent chercher la paix, des mots peut-être, mais surtout un climat où la paix se respire. Peut-être alors, sans beaucoup de mots, notre vie fera signe que le Règle de Dieu s’est approché.

Que l’intercession de St Luc, disciple et apôtre, nous donne de désirer toujours progresser dans notre chemin monastique missionnaire pour dire combien le Règle de Dieu est proche et bon à accueillir. - 18 Octobre 2017

Homélie du 15 octobre 2017 — 28e dim. ordinaire — Frère Jean-Noël
Cycle : Année A
Info :

Année A – 28° Dimanche du Temps ordinaire – 15 octobre 2017

Is 25 6-9 ; Phil 4 12-20 ; Mt 22 1-14

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :

« Poser, plein de questions à Dieu, peut-être une manière élégante – et je dirai même valorisante – de l’empêcher Lui de poser sa question ». C’est ce qu’affirmait un cardinal, il y a bien 50 ans.

Mais pourquoi rappeler cela ? Parce que ce petit jeu stérile des questions sans fin peut nous tenter aussi dans la lecture des Écritures. Et ce n’est pas d’aujourd’hui. On se souvient du reproche de Jésus à des spécialistes de la loi : «Vous scrutez les Écritures, et puis quoi ? » Jn 5/30. Et Il les comparait même à des gamins sourds à toute invitation à se bouger.

Et notre parabole d’aujourd’hui, comparée au texte parallèle de Luc si limpide, se prête fort bien à ce jeu des questions. C’est facile de pointer les étrangetés (ces massacres, cette ville incendiée), les inconséquences, les contradictions avec d’autres pages des Ecritures. Tenez ! Ce mal poli qui ose se présenter au banquet en tous les jours et qui se voit renvoyer se rhabiller! Qu’en penser ? Si je me souviens de cet autre minable bien plus dépenaillé tout étonné, lui d’entendre : « Allons, vite la plus belle robe, l’anneau au doigt, des chaussures, la musique et les danses. A table pour un repas plantureux aux coupes débordantes » comme évoqué par la première lecture et son Psaume. Oui que de questions. Et les divergences dans les traductions, si on s’est entouré des Bibles disponibles : BJ, TOB, Maredsous, Bayard et j’en passe ! Faut-il les renvoyer dos à dos et attendre qu’elles se mettent d’accord. .. Attendre. Attendre tranquille.. Tranquille.

Et voilà bien émoussé le tranchant de la Parole. Et voilà bien étouffée la Parole vivante avant même d’avoir touchée l’oreille du cœur de vie - comme disait fortement Madeleine Delbrel qui avertissait « L’Evangile n’est pas fait pour les esprits inquiets, ou simplement curieux ; il est fait pour des disciples qui veulent obéir ».Ou encore : «Celui qui laisse pénétrer en lui – pénétrer en lui une seule parole du Seigneur ( comme nous le demandons à chaque Eucharistie) et la laisse s’accomplir en lui, celui-là connait plus l’Evangile que celui dont tout l’effort sera méditation abstraite et considérations historiques !

« Laisser pénétrer en soi une seule parole » Une seule ! Alors la parole d’aujourd’hui ? Son appel, c’est bien celui qui retentit d’un bout à l’autre des Ecritures, de la première page de la Genèse : « Adam Où es-tu ?Aux dernières de l’Apocalypse : « Venez venez aux noces ». Appel d’un Dieu qui invite « Venez tous invités ! »

Alors on fait quoi ? On se bouge, ou quoi ? Va-ton retourner à nos petites affaires ? On fait quoi ?

Prions les uns pour les autres. Demandons ce cœur profond qui écoute. Disponible. - 15 octobre 2017

Homélie du 08 octobre 2017 — 27e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - 27° dimanche du temps Ordinaire - 8 Octobre 2017

Is 5 1-7 ; Phil 4 6-9 ; Mt 21 33-43

Homélie du F.Damase

Texte :

En ce dimanche, Isaïe et Jésus évoque pour nous l’image de la Vigne, mais pas de la même façon.

Dans la 1° lecture, Isaïe chante l’amour de Dieu pour sa vigne. Un amour tendre et passionné. La vigne, c’est la maison d’Israël que Dieu a construite au fil des siècles; bien des prophètes l’ont arrosé de leur sueur, quelquefois de leur sang !! Dieu en prend soin, avec un très grand amour !! Il attendait de sa vigne de beaux raisins, mais elle ne lui a donné que de mauvais fruits. Il appelle Jérusalem à être juge entre lui et sa vigne; Dieu est d’une sévérité extrême envers sa vigne !! Évidemment Isaïe ne connaissait pas encore le Père de Jésus !!

Dans l’Evangile, Jésus utilise cette image de la vigne de façon différente. Le propriétaire de la vigne n’a pas de problème avec elle ; mais il l’a confiée à des vignerons qui, au lieu de lui consacrer toute leur énergie pour qu’elle porte de bons fruits, veulent en tirer le profit maximum. Ils vont aller jusqu’à tuer le fils, l’héritier de la vigne.

Évidemment, cette parabole adressée aux chefs des prêtres et aux pharisiens décrit leur propre attitude, tant vis à vis du peuple que vis-à-vis de Jésus lui-même, qu’ils mettront bientôt à mort !!

Et cependant, même à leur égard, l’attitude de Jésus est tout autre que celle du Bien-Aimé dans le chant d’Isaïe. Jésus n’est pas intéressé à punir. Il est seulement intéressé à ce que sa vigne porte du fruit, - que son peuple et son Eglise portent du fruit !!

Lorsqu’il pose la question « Quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ». Ses interlocuteurs lui répondent : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront le produit en temps voulu ».

Dans sa réaction, Jésus ne reprend que la seconde partie de leur réponse: « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit ». Jésus n’est pas intéressé par la punition, encore moins par la vengeance !!

De plus, il ne s’agit pas d’enlever le royaume aux juifs pour le donner aux païens ; comme pourrait le faire penser une lecture rapide et superficielle. En réalité la Maison de Dieu est et demeure le peuple choisi, auquel viennent s’ajouter les nations.

Ceux qui sont en cause, ce sont les pasteurs. Il y a là une leçon sévère pour tous ceux qui exercent un ministère dans le Peuple de Dieu. Ce ministère est pour le service du Peuple et non pour la satisfaction du ministre !!

Mais ce qui revient le plus fortement dans cette parabole, c’est la nécessité de porter du fruit. Cela nous concerne tous. Nous n’avons pas reçu le message évangélique pour notre satisfaction personnelle ou simplement pour « faire notre salut ». Nous l’avons reçu pour porter du fruit – des fruits de Justice et de Droiture, selon Isaïe !!

Tous ensembles nous sommes l’Église et l’Église existe pour « évangéliser le monde » !! Demandons-nous si, par notre façon de vivre, nous concourrons à répandre dans notre monde « la Joie et la Paix de l’Evangile » - l'attention aux paumés et aux immigrés, selon le désir du pape François !!

Homélie du 01 octobre 2017 — 26e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Année A -26e dimanche TO - (01/10/2017)

(Ezékiel 18,25-28 – Ps 24 – Philippiens 2, 1-11 – Matthieu 21, 28-32)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Les lectures de ce jour peuvent nous laisser sur une double impression : de confiance mais aussi d’inquiétude.

Confiance car celui qui fait le bien sera récompensé car, comme dit le psaume chanté tout à l’heure : « l’amour du Seigneur est de toujours à toujours. » Et si nous avons les dispositions qui sont dans le Christ, comme le dit la seconde lecture, nous suivrons le chemin du Christ, obéissant jusqu’à la mort mais exalté par le Père.

Inquiétude car la première lecture, tirée du livre du prophète Ezékiel et l’évangile d’aujourd’hui nous rappellent que rien n’est joué d’avance. Que le juste, s’il se détourne de sa justice, mourra, que le fils qui dit oui immédiatement à la demande de son père, peut ne pas obéir ensuite.

Certes, cette inquiétude peut être tempérée par le fait que le méchant peut lui aussi se convertir et que le fils qui dit non peut ensuite se reprendre et obéir. Mais quand même, ces textes peuvent nous laisser dans un état d’esprit incertain voire inquiet.

Et si nous nous situons, comme les grands prêtres et les anciens, dans le clan des justes, nous devons bien constater que la parole du Christ n’est pas sans inquiéter.

En fait, si nous nous situons dans le clan des justes et d’une justice acquise par nos propres forces, alors nous pouvons craindre d’être un jour moins forts, de nous détourner de cette justice et de commettre le mal comme le dit le prophète Ezékiel. Car nous savons bien que nous sommes fragiles. Ou encore nous pouvons être celui qui dit « oui » mais ne fait pas.

Mais si nous savons, comme le dit le psaume de ce jour, nous laisser enseigner par le Seigneur, si nous reconnaissons que c’est Lui qui nous sauve, si nous croyons que le Seigneur se rappelle sans cesse sa tendresse, son amour de toujours, si nous croyons fermement qu’Il oublie les révoltes, les péchés de notre jeunesse, si nous croyons encore qu’Il est bon, qu’il montre aux pécheurs le chemin, qu’Il enseigne aux humbles son chemin, et que nous nous acceptons humblement comme pécheurs, attendant tout de la grâce de Dieu, alors, nous n’avons rien à craindre.

En fait, nous le savons, nous pouvons être à la fois celui qui dit oui et ne va pas et celui qui ne veut pas aller puis se ravise et obéit. Nous ne sommes pas tout l’un ou tout l’autre. L’erreur serait de se croire définitivement juste. C’est cela que reproche le Christ aux grands prêtres et aux anciens.

Et sa parole est choquante pour les esprits du temps. Les publicains et les prostituées, deux catégories de personnes que tout le monde montre du doigt, précèdent l’élite de la société religieuse du temps dans le Royaume.

Frères et sœurs, le Christ ne cesse de rappeler dans son évangile qu’il est venu pour les pauvres et les pécheurs, les malades et ceux qui sont considérés comme moins que rien par les gens qui se disent religieux.

Nous savons combien il est difficile pour nous d’avoir de la considération pour ceux qui ne sont pas comme nous, pour les étrangers, les migrants, les personnes que nous considérons de mauvaise vie, etc … Il n’est pas difficile de transposer aujourd’hui cet évangile finalement très actuel. Le Christ, ne nous donne pas de recette concrète. Il confie cela à notre imagination. Mais le Christ pose des principes très fermes. Saint Paul les reprends dans la seconde lecture : être assez humble pour estimer les autres supérieurs à soi, ne pas se préoccuper de ses propres intérêts mais de ceux des autres. Soyons humbles comme le Christ a été humble, et de façon radicale.

Tous cela, nous ne le pouvons pas par nos propres forces, mais nous pouvons demander au Seigneur de nous diriger, de nous faire connaître sa route, sa volonté.

Les difficultés qu’a le Pape François à faire passer un message d’accueil et de tolérance montre qu’il n’est pas simple, même pour les chrétiens, de vivre la radicalité de l’Evangile et que nous-mêmes, nous pouvons parfois ou souvent, préférer des arrangements faciles et commodes pour notre confort. Pourtant le Pape persiste à demander non pas d’invoquer une identité chrétienne mais de vivre ses valeurs inspirées du christianisme.

C’est là que vient toucher l’avertissement, du Christ. Cet avertissement sera une bonne Nouvelle, un Evangile, s’il nous conduit à nous convertir, à changer nos regards, mais il sera une parole bien douloureuse, si nous refusons de croire à la vérité d’un Evangile qui peut nous remettre en cause.

Il y a des choix à faire. Ce sont parfois les plus pauvres et les plus méprisés qui les ont faits dans la grâce de Dieu.

Laissons-nous travailler par l’Esprit du Christ. Désirons laisser le Christ changer notre cœur et alors, nous pourrons découvrir des horizons nouveaux offerts par Dieu lui-même.

AMEN. octobre 2017

Homélie du 24 septembre 2017 — 25e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 25° Dimanche du Temps Ordinaire - 24 septembre 2017

Isaïe, 55, 6-9 Phil. 1, 24-27 Mt. 20, 1-16

Homélie du F.Ghislain

Texte :

L’évangile que nous venons d’entendre nous heurte. Spontanément, nous trouvons que les ouvriers de la première heure, « qui ont enduré le poids du jour et de la chaleur », ont raison de se plaindre. S’il y avait eu un conseil de prudhommes au temps de Jésus, il aurait certainement donné tort au patron de la vigne et lui aurait imposé de verser une indemnité à ces ouvriers. Si la bonté du patron le conduit à verser aux ouvriers de la dernière heure, un salaire qui dépasse la valeur de leur travail, sa justice aurait dû le conduire à calculer la somme proportionnelle due à ceux de la première heure. Ou encore : si les ouvriers de la première heure avaient su ce que recevraient ceux de la dernière, ils ne se seraient certainement pas mis d’accord avec le patron sur le salaire d’un denier.

Pour comprendre un peu cette parabole, il faut nous remettre dans l’ambiance qu’a connue Jésus. On est à son époque dans une économie de subsistance au jour le jour. Des hommes arrivent le matin sur la place du village, avec l’espoir d’être embauchés. Un jour, ils le seront, le lendemain non, le surlendemain ils auront seulement une embauche de quelques heures. Ils vont de chômage en chômage, de précarité en précarité, avec une famille à soutenir, nombreuse comme toutes les familles de l’époque. Jésus, à Nazareth, avait sans doute un emploi un peu plus stable, mais il était à la merci d’un défaut de commandes, de retards dans les paiements. Par lui-même ou par ses voisins, il savait ce qu’était manquer du nécessaire, de n’avoir aucune réserve pour le lendemain. Aussi bien, ce qui l’intéresse, dans la vie comme dans la parabole, ce sont les pauvres, les malchanceux. Si le propriétaire de la vigne dit à son intendant de payer d’abord les ouvriers de la dernière heure, c’est parce que ce sont les plus besogneux, et s’il leur fait donner un salaire disproportionné à leur travail, c’est qu’il est à peine proportionné à leurs besoins. Jésus regarde la vie des hommes avant de considérer la valeur marchande de leur travail.

En ce sens, d’une certaine manière, les ouvriers de la première heure, avant de réclamer, auraient pu se réjouir que, ce jour-là, grâce au salaire égal, tous les ouvriers auraient eu de quoi vivre jusqu’au lendemain, eux et leurs familles. Et espérer que la chose se renouvelle le lendemain pour tous, car s’ils se trouvaient alors au bas de l’échelle, ils profiteraient de la bonté du propriétaire.

Dans une société comme la nôtre, où les grosses fortunes et la surconsommation voisinent avec la précarité, le chômage, l’insuffisance même d’un salaire minimum garanti, - ceci pour ne rien dire de sociétés moins développées où les inégalités sont encore plus flagrantes, cette insistance de Jésus sur les hommes d’abord, l’argent ensuite, pourrait nous faire réfléchir. Elle rejoint le message du pape François. Ou plutôt, c’est le pape François qui rejoint l’évangile : les hommes d’abord, parmi eux les plus pauvres d’abord, l’argent ensuite.

Ce qui est dit du denier dans la parabole confirme l’enseignement de Jésus. De quoi s’agit-il en effet sinon du Royaume des Cieux ? De ce qui est la fin de l’histoire où nous nous trouvons. De ce qui est la vérité éternelle du moment éphémère où nous nous trouvons. Ce denier-là est incommensurable à tous les travaux que nous pouvons consentir, même si ceux-ci couvrent toute la durée d’une existence ; il est aussi indispensable, car c’est de lui qu’il s’agit pour chaque homme et pour tous les hommes. Or, si celui qui a consacré sa vie à l’évangile, au prix « du jour et de la chaleur » apprend que son frère en humanité va hériter, lui aussi, du Royaume, comment ne s’en réjouirait-il pas d’abord, avant de discuter. En effet, même s’il a tout donné, il sait bien que la récompense est sans commune mesure avec l’effort. Et ce qui lui importe, en tout cas, est que son frère soit avec lui.

Mes frères, il nous faut penser de temps à autre au Royaume des cieux, à la vie éternelle, au « repos éternel » comme on chante dans la liturgie des funérailles chrétiennes. Nous allons, vers ce que l’œil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, vers ce que Dieu nous a préparé pour notre bonheur. Dans la seconde lecture, saint Paul dit combien il aimerait que cela advînt tout de suite pour lui ; ce qui le retient, ce sont justement les hommes qui l’entourent et qui ont encore besoin de lui ; alors il reste. Cette pensée de la vie éternelle pourra transfigurer notre regard sur les autres, les proches mais aussi les inconnus : tous ceux, par exemple, auxquels on est collé aux heures de pointe dans le métro : tous et chacun, qu’ils en soient à la onzième ou à la première heure, vont hériter du même denier, et nous serons pour toujours avec eux. Comment ne pas les aimer, s’en sentir solidaires, se laisser aussi aimer par eux ? Ayons le regard bon, car bon est le regard de notre Dieu. - 24 septembre 2017

Homélie du 17 septembre 2017 — 24e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 24° dimanche du Temps Ordinaire - 17 septembre 2017

Si 27.30-28.7; Ro 14 7-9 ; Mt 18 21-35

Homélie du F.Hubert

Texte :

De la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.

Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.

Ces phrases peuvent être assumées et vécues par bien des personnes qui ne vivent pas de la foi au Christ.

La parole évangélique que nous venons d’entendre nous entraine plus loin en nous plongeant directement dans ce que Dieu a fait pour nous, en nous plongeant dans la révélation de ce que Dieu est et fait pour nous, de ce qu’il est et fait en Jésus qui est toute sa Parole. Jésus, notre Sauveur.

Un homme devait à son roi soixante millions de pièces d’argent.

Saisi de compassion, son maître le laissa partir et lui remit sa dette.

Il ne lui dit pas : tu me paieras plus tard, tu me paieras une partie.

Non, il lui remit sa dette. Cette dette au-delà de toute mesure.

La deuxième partie de la parabole, où ce serviteur gracié, ne fait pas grâce à son compagnon qui lui devait seulement cent pièces d’argent, et est livré aux bourreaux jusqu’à ce qu’il est tout remboursé, est là pour souligner l’inconséquence du comportement de ce serviteur, et nous secouer tous dans notre aveuglement.

Mais l’essentiel, c’est l’origine : le comportement du roi qui remet à son serviteur sa dette, une dette impossible à rembourser.

Il s’agit évidemment de l’attitude de Dieu envers nous, lui qui nous rachète de nos fautes, nous libère du péché, et nous revêt de la robe des fils.

La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs, dit Paul dans la lettre aux Romains.

Si le Christ, l’Innocent que nul ne peut convaincre de péché, est mort pour nous alors que nous étions pécheurs, alors, nous n’avons pas à vivre selon une loi morale, mais bouleversés par cet acte gratuit, à vivre dans l’action de grâce, la reconnaissance, et un comportement qui soit l’écho de ce par-don de Dieu dont nous sommes l’objet. C’est à dire, vivre selon l’Esprit, en images de Dieu.

Il faut nous laisser saisir, « prendre par les tripes », par ce que Dieu a fait pour nous. Ma vie, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi, dit Paul aux Galates.

Je pense à ce père de famille sauvé de la mort par le P. Maximilien Kolbe qui a pris sa place de condamné à mort, au camp d’Auschwitz. Combien ce père, qui a été présent à la canonisation de saint Maximilien, a dû avoir toute sa vie le cœur bouleversé et rempli de reconnaissance pour cet acte d’amour gratuit et sauveur ! Il m’a aimé et s’est livré pour moi.

Aimez vos ennemis, vos débiteurs, peut-on dire dans le contexte de notre parabole. Soyez parfaits comme Père céleste est parfait. Il s’agit bien pour nous, de vivre en images de Dieu, de manifester, par notre comportement, qui est Dieu, de quelle grâce nous sommes l’objet, et de quelle grâce identique ceux qui nous apparaissent comme nos débiteurs, sont aussi l’objet.

Dieu n’a pas attendu que nous soyons revenus vers lui, que nous soyons saints, que nous ayons remboursé notre dette, pour nous aimer.

La nouveauté de l’Evangile, c’est avant tout la personne même de Jésus, ce qu’en lui, Dieu a vécu pour nous. Celui qui a été livré aux bourreaux, c’est, en fait, Jésus, lui qui a pris la place du débiteur, lui qui a remboursé pour nous.

Et quel était ce remboursement ? Que devait l’homme à Dieu ? Lui répondre : « Tu es mon Père ! » et répondre à tous ses frères, quels qu’ils soient : « Vous êtes mes frères ! »

Ce double cri d’amour n’était possible que de la part du Fils unique qui, prenant la place du débiteur insolvable, livré aux bourreaux, a livré librement sa vie pour que tous, nous soyons délivrés de nos dettes insolvables.

Jésus, notre Sauveur, a fondé l’Alliance nouvelle en prenant sur lui le mal sans y participer. Avant que le mal lui prenne sa vie, il l’a donnée tout entière.

Le Christ est celui qui aime le premier. Il vient vers l'homme, quel qu'il soit, quelle que soit son inhumanité, en l'aimant.

Alors, s’il nous faut bien entendre la fin de notre évangile : C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. Ou la parole de Jésus après son enseignement du Notre Père : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. S’il nous faut bien entendre ces paroles et ne pas nous anesthésier par une grâce à bon marché qui n’est pas celle de Dieu, nous ne pouvons qu’espérer, pour nous-mêmes et pour tous, que cette remise de dette aille jusqu’à ébranler le serviteur mauvais que nous sommes tous, lorsqu’à notre tour nous ne pardonnons pas à nos frères.

Si le péché est le refus de la grâce de Dieu, le refus de Dieu qui fait grâce, que sa miséricorde détruise ce péché même et nous ouvre enfin à la filiation et à la fraternité que plus rien ne limite.

« Ceci est mon corps livré pour vous ». Nous entendrons à nouveau cette parole tout à l’heure : elle nous ouvre la grâce. Elle nous fait grâce, à chacun de nous comme à la multitude des hommes.

Combien de fois dois-je pardonner ?

Dieu ne se lasse jamais de pardonner, répète le pape François.

Soyons des images de Dieu. - 17 septembre 2017