vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 06 mai 2018 — 6e dim. de Pâques — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 6e dimanche PÂQUES -

(06/05/2018)

Homélie du F.Jean-Louis

(Actes 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 – 1 Jean 4, 7-10 – Jean 15, 9-17)

Texte :

Jeudi prochain, l’Eglise fêtera l’Ascension du Christ, sa montée vers le Père. Les lectures de ce dimanche qui précède semblent constituer un testament ou LE Testament du Christ. Dans la première lecture, il y a cette révélation aux chrétiens d’origine juive que l’Esprit saint pouvait être donné aux autres nations, à toutes les nations. C’est ce que nous fêterons dans quinze jours avec la fête de la Pentecôte. Et puis, il y a « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Et dans la seconde lecture et l’évangile de ce jour, il n’y a pas moins de 20 emplois des mots aimer, amour, amis, … n’est-ce pas le message fondamental du Christ ? N’est-ce pas la consigne qu’il nous laisse ? Qu’il laisse à tous ses disciples ?

Nous pourrions nous dire : « Eh bien, mettons cela en pratique » … Mais nous savons tous, par expérience, que ce n’est pas si simple. Nous sommes certainement tous d’accord avec ce précepte mais que veut dire aimer comme Le Christ nous a aimé ? Et surtout : comment faire ? N’est-ce pas impossible, hors de notre portée, irréaliste ?

La Bible, bien sûr, nous parle d’amour, amour de Dieu et amour du prochain. Le Christ a dit : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » et les commandements de Dieu, dans la Bible , c’est notamment de veiller sur les 3 catégories typiques de personnes défavorisées en Israël : la veuve, l’étranger et l’orphelin. Voilà qui est déjà assez d’actualité.

Une actualisation très récente de l’enseignement biblique sur l’amour nous a été donnée par le pape François dans sa dernière exhortation apostolique « Gaudete et Exsultate » (« Réjouissez-vous et exsultez ») sur l’appel à la sainteté. Je voudrais m’appuyer sur quelques passages de ce long texte pour nous aider à cheminer sur ce chemin de l’amour, de la sainteté.

Le pape François, dans la première partie de son exhortation, écrit :

7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’

Ainsi, pour le pape, le Christ ne nous demande pas d’accomplir des actes extraordinaires pour aimer, pour être saints. Nous risquons souvent de penser qu’aimer comme Dieu est hors de portée à un point tel que ça ne nous concerne pas. Le pape François continue :

14. Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels

Ainsi, la sainteté n’est pas liée à un état de vie particulier. Toutes et tous nous sommes appelés à répondre à l’appel de Dieu dans notre vie quotidienne ordinaire. Le pape François se situe là à la suite de la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux.

Il poursuit encore :

15. Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche. Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie. Quand tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui : ‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’.

La seconde lecture disait : « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »Le péché, la fragilité font partie de notre chemin. Apprenons à nous tourner vers le Christ en n’oubliant pas cette merveilleuse phrase chantée dans l’Exsultet la nuit de Pâques : « Heureuse était la faute qui nous valut pareil Rédempteur. » Tout l’optimisme chrétien est là.

Frères et sœurs, nous pouvons parfois être écrasés par notre propre interprétation de la Parole de Dieu. Nous pouvons parfois y chercher un idéal qui nous décourage. Pourtant, ce que le pape François propose concrètement comme chemin de sainteté n’est pas un chemin de facilité et il demande le secours de l’Esprit Saint. Mais ce chemin est réaliste et surtout il s’appuie non pas sur notre vision de la sainteté, de l’amour, mais sur le réel de ce qui nous est demandé de vivre tout simplement.



Je terminerai par un risque évoqué par le pape et qui est d’autant plus dangereux qu’il peut se cacher derrière une apparence très spirituelle.

26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission.

27. L’Esprit Saint peut-il nous inciter à accomplir une mission et en même temps nous demander de la fuir, ou d’éviter de nous engager totalement pour préserver la paix intérieure ? Cependant, nous sommes parfois tentés de reléguer au second plan le dévouement pastoral ou l’engagement dans le monde, comme si c’étaient des ‘‘distractions’’ sur le chemin de la sanctification et de la paix intérieure. On oublie que « la vie n’a pas une mission, mais qu’elle est mission ».

Ce danger ne menace pas que les moines. Le critère de la prière juste est l’attitude envers le prochain. Ainsi se trouve résumé, car le pape dit encore bien d’autres choses dans ce document, quelques moyens concrets à mettre en pratique pour vivre les lectures de ce jour. Sachant que l’imagination de l’Esprit peut nous en inspirer bien d’autres.

Sachons nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint, c’est Lui qui nous donnera d’accomplir la volonté du Christ.

N’oublions pas non plus que l’Esprit Saint n’est pas réservé aux croyants. La première lecture nous rappelle bien qu’Il est destiné à toutes les nations et toutes les nations sont appelées à la sainteté dans un cheminement dont Dieu seul connaît le parcours. Confions-nous à Lui et confions l’humanité entière à sa Force, à sa Puissance qui peut tout dans l’ordre du Salut.

Alors se réalisera ce que la prière d’ouverture de cette messe énonçait : « que le mystère de pâques dont nous faisons mémoire reste présent dans notre vie et la transforme. » AMEN - 6 mai 2018 -

Homélie du 29 avril 2018 — 5e dim. de Pâques — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B -

5e dimanche Pâques - 29 avril 2018

Actes, 9, 26-31 1 Jean 18-24 Jean 15, 1-8

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Dans l’évangile d’aujourd’hui, il est question de vignes. Pas très loin d’ici, au nord dans le Chablis, il y a des vignes. Au sud, il y a les prestigieux vignobles de la région de Beaune. Un jour ou l’autre, sans doute nous nous sommes approchés des rangs de vignes et nous avons regardé de près les ceps et les sarments.

Nous avons peut-être remarqué que, souvent, les meilleurs vins sont récoltés sur des vignes très basses, lourdes, contournées, avec de grosses rides. Quant aux sarments, à la fin de l’hiver ou au début du printemps, ils apparaissent dans toute leur réalité austère. Ils sortent du cep, mais ils ont été taillés: on les a coupés sur la longueur, parfois on a supprimé des rejets et on les a fixés sur la ligne de fil de fer, en les courbant et les tordant. Il faut leur faire prendre une forme qui permette à la sève de les pénétrer bien complètement, et aussi qui répartisse le poids des grappes lorsque celles-ci apparaîtront et se développeront. En somme, la situation du sarment n'est pas très agréable, au moins au début. Ensuite peut-être s'habitue-t-il à sa position et s'aperçoit-il qu'elle est juste et exacte; il se sent solidement attaché au cep et sent aussi la sève qui monte et circule en lui. Plus tard, en été, lorsque viennent les feuilles, les fleurs, les fruits, il se sent en état de les porter sans rompre; et, s'il disparaît sous la frondaison, le sarment devient beau et fécond. Il en éprouve sans doute quelque joie. A la vendange en automne, il supporte sans doute d'être privé de tout le raisin, car il sent obscurément que le fruit que l'on porte est pour être donné. Puis le cycle recommencera, jusqu'au jour où, ayant longtemps porté du fruit, le sarment sera trop vieux; on le coupera et de plus jeunes seront, à leur tour, soumis à la taille.

Inversement, dans une vigne sauvage ou abandonnée, nous voyons les sarments qui poussent indéfiniment, sans direction particulière, chacun pour soi en quelque sorte. Il y a des gourmands qui s'étendent longuement et rampent sur le sol. Sarments et gourmands ont peut-être une impression de liberté, rien ne les contraint. Mais, quand, au printemps, la sève monte, il y a trop de canaux et ils sont trop longs; alors la sève se perd; chaque sarment en reçoit peu; il porte des feuilles, mais petites; les grappes sont rares et, quand il y en a, les grains sont clairsemés, ils ne grossissent pas ils sont, amers au goût et il n'est pas questions de vendanges. Les sarments finissent par se détacher du cep, ils tombent sur le sol et pourrissent.

En nous proposant cette parabole, Jésus nous rappelle que la vie des hommes est austère, traversée, qu’on le veuille ou non, d’épreuves dont certaines sont à la limite du supportable. Est-elle plus difficile aujourd’hui qu’hier ? Je ne sais pas, mais j’entends souvent des personnes âgées s’inquiéter pour leurs enfants et petits-enfants : c’est plus dur aujourd’hui que de notre temps ; comment vont-ils y arriver. ? En tous cas, il y a là un fait que nous ne comprenons pas, mais qui s’impose à nous. La vie n’est pas une vigne abandonnée et inféconde. C’est une vigne entretenue, belle, féconde et qui porte fruit sans que nous sachions toujours comment et combien, mais il faut y mettre le prix. Et Jésus nous donne aussi une clef pour ne pas être perdus dans l’existence et ne pas désespérer. « Demeurez en moi » dit-il. Et dans la seconde lecture que nous avons entendue, il nous explique ce que veut dire « demeurer » : mettre notre foi dans le nom de Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres. Il y aurait une autre homélie à faire sur ces trois expressions : demeurer, le nom de Jésus, l’amour mutuel. Elles nous disent comment vérifier le lien de nos vies, ce qui leur permet d’être fécondes, de porter du fruit, quelles que soient les apparences contraires. Ne laissons pas s’effacer les propos de Jésus, mais tâchons au contraire de garder toujours vive dans notre cœur, dans notre mémoire, cette image du ceps et des sarments et ces mots qui nous en donnent le sens. Et si parfois, souvent, nous manquons ou ne sentons pas à la hauteur, le texte continue : « Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur ». Alors nous pourrons, avec force et douceur, continuer notre chemin, garder la paix et aider les hommes. - 29 avril 2018

Homélie du 22 avril 2018 — 4e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 4e DIMANCHE DE PÂQUES– 22 AVRIL 2018

Ac 4 8-12; 1 Jn 3 1-2 ; Jn 10 1-18

Texte :

Je suis le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

En méditant cet évangile, la figure de Pierre s’est imposée à moi en surimpression à celle du Christ.

Je donne ma vie pour mes brebis.

Je donnerai ma vie pour toi ! dit Pierre.

Non, lui dit Jésus, là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant. Tu me suivras plus tard.

Sois les pasteur de mes brebis.

Pierre, celui à qui Jésus à confié son Eglise, ne peut se prévaloir d’avoir été choisi pour cette charge à cause de sa fidélité et du don de sa vie ‘jusqu’au bout’.

Comme Paul, comme chacun de nous, il est « le premier a qui il a été fait miséricorde ».

Tu donneras ta vie pour moi ?

Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois.

Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.

Je ne connais pas cet homme !

En Jésus seul, rempli de l’Esprit, parce que Fils unique,

en Jésus seul, le mystère du don pouvait vaincre le mystère du Mal.

Seul l’Innocent pouvait vaincre le mystère du Mal

en donnant sa vie sans condition aucune.

Ma vie, personne ne peut me l’enlever, je la donne de moi-même.

Pierre a cru qu’il donnerait sa vie pour son Maître.

Il ne réalisait pas qu’il lui fallait d’abord, par lui, être sauvé du Mal.

Il n’a pas eu la force de se prononcer pour lui, de chercher à le protéger, à le sauver.

C’est Jésus qui a sauvé Pierre, qui nous sauve chacun, qui arrache l’humanité à la Puissance du Mal.

Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.

Pierre a parlé au futur : Je donnerai ma vie pour toi !

Jésus parle au présent : Je donne ma vie pour mes brebis.

Il est toujours en état de don. C’est la forme de son être, de son amour.

A l’heure de la Passion, c’est Jésus qui était la brebis, l’Agneau en danger, le loup était là ;

et Pierre, semblable au mercenaire, a fui. Et tous les disciples avec lui.

Bienheureuse faiblesse, bienheureuse infidélité, qui lui permet d’être témoin de Celui qui le sauve, témoin de l’unique Sauveur, témoin de celui qui n’a pas fui, qui a aimé jusque dans la mort.

Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi, dit Jésus à Pierre lors du lavement des pieds. « Autrement dit, écrit JF Bouthors : tu n'entreras pas dans la communauté des réconciliés si tu ne te soumets pas toi-même à la Miséricorde, si tu ne reconnais pas en toi une part inhumaine qui doit être guérie et réintégrée, pour que s'accomplisse l'unité de ton être. »

Pierre a fait personnellement l'expérience amère de la découverte de la part inhumaine et lâche qui est la sienne, et l’expérience de la miséricorde de son Sauveur, du vrai berger qui risque sa vie pour ses brebis.

C’est par leur voix que nous savons

Quelle peur les a saisis,

Et quel doute devant ta Passion …

Heureux sont-ils

De témoigner de ta grâce !

dit une belle hymne que nous chantons pour les apôtres.

Elle poursuit :

Heureux sont-ils puisque l’Esprit

Mit en eux un cœur nouveau,

Leur faiblesse devint leur appui.

Ils sont allés en tout pays,

Pour ton nom ils ont souffert,

Mais leur joie proclamait devant tous :

« Il est vivant

Celui qui sauve le monde ! »

Dans les Actes, nous voyons Pierre qui s’était détourné de Jésus,

devenir témoin intrépide.

Ceux devant lesquels il témoigne ne sont pas n’importe qui :

ce sont ceux-là même qui ont arrêté et condamné Jésus, ceux qui ont l’autorité et le pouvoir.

Jésus a livré son Esprit sur la croix.

C’est remplis de l’Esprit Saint, de cette force d’en-haut, promise par Jésus,

que Pierre et Jean peuvent être là avec tant d’assurance,

et confesser le Nom de Jésus avec tant d’intrépidité et de joie.

Il fallait que Jésus aille le premier jusqu’à la mort, la traverse, la retourne

pour que Pierre puisse aller avec lui jusqu’à la mort.

Il fallait que le berger donne sa vie pour ses brebis

pour que les brebis le suivent vraiment en écoutant sa voix.

Il fallait que, du Cœur transpercé, l’Esprit soit répandu

pour que les disciples deviennent témoins, sans crainte, audacieux, joyeux...

Tu me suivras plus tard.

L’Eglise et le monde, aujourd’hui comme hier et demain,

ont besoin de pasteurs, de religieux, de religieuses, de laïcs, d’hommes, de femmes, d’enfants,

dont le regard ait croisé celui de Jésus, dont le cœur se soit laissé saisir par son Esprit,

et qui, au cœur même de leur faiblesse,

annoncent la Bonne Nouvelle

de celui en qui tous les hommes ont le pardon, la vie, le bonheur et la gloire,

Sous le ciel aucun autre nom que celui de Jésus n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.

Ecoutons la voix de notre vrai Pasteur, contemplons-le donnant sa vie pour chacun et pour tous, recevons son Esprit pour le suivre et être bergers là où il nous appelle. - 22 avril 2018

Homélie du 15 avril 2018 — 3e dim. de Pâques — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 3ème DIMANCHE DE PAQUES, 15 avril 2018

1ere lecture : Actes des Apôtres, 3,13-15 et 17-19

2eme lecture : 1ère Lettre de Jean, 2,1-5a

Évangile selon saint Luc, 24,35-48

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Dans cet Evangile, comme dans celui qui le précède chez Luc, les "pèlerins d'Emmaüs", Jésus se manifeste à ses disciples et leur donne son dernier enseignement.

Il apparaît au milieu d’eux, ressuscité, vivant, comme pour les rendre familiers à cette nouvelle forme de présence qui est désormais la sienne et dont il sait à quel point elle peut être déconcertante… effrayante même : « saisis de frayeur de de crainte », Jésus les voit « bouleversés ».

Les « disciples croient voir un esprit ». Et le premier soin de Jésus est de leur faire voir « ses mains et ses pieds » pour leur manifester déjà que c’est bien lui, leur maître ! et il se laisse toucher pour qu’ils touchent précisément « sa chair et ses os ».

Et voilà les disciples dans la joie, mais qui « n’osent pas encore y croire et restent saisis d’étonnement. » Alors Jésus va manger devant eux une part de poisson grillé, pour sceller définitivement dans leur esprit sa nouvelle forme de présence. Tout, dans l'ensemble du récit, veut nous faire comprendre que la résurrection affecte le corps et pas seulement ce que l'on nomme « l’esprit ». Il ne s'agit pas d'immortalité mais de résurrection.

Paul, lorsqu’il parlera dans sa première lettre aux Corinthiens (15, 35 et sv.) de la Résurrection, risquera l’expression tout en contraste de « corps spirituel » (1 Co 15,44). La chair, c'est-à-dire l'humanité corporelle concrète, est constamment opposée à l'esprit, mais Paul affirme ici que finalement, dans la suite du Christ ressuscité, la contradiction est surmontée, pour lui d’abord, et le sera pour nous à sa suite. Reste la question : mais qu'est-ce qu'un corps spirituel ? Les Corinthiens se le demandaient déjà. La réponse de Paul, comparant notre corps actuel à la graine décomposée en terre et le corps à venir à l'épi qui en sort, n'est qu'une image, mais elle a le mérite de souligner une continuité entre le corps actuel et le corps à venir, et aussi la transformation extraordinaire de ce dernier par rapport au premier.

Mais, dans notre Evangile, une telle réponse ne semble absolument pas la préoccupation de Jésus ; après s’être fait reconnaître, nous pourrions dire « expérimentalement », pour ce qu’il est maintenant, Jésus passe à un enseignement qu’il juge évidemment beaucoup plus décisif et qui va effectivement illuminer toute la vie de l’Eglise en lui donnant le moyen permanent d’approfondir la vraie connaissance de Dieu et de son mystère de salut dans le Christ mort et ressuscité pour "toutes les nations en commençant par Jérusalem."

Jésus enseigne à ces disciples à lire les Ecritures, Moïse, les Prophètes et les Psaumes avec l’intelligence qu’il nous en donne par son Esprit, et à y trouver tout ce qui le concerne : "...il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Pierre, dans les Actes des Apôtres, qui étaient notre première lecture, a parfaitement intégré l’enseignement : "Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait."

Cette "annonce des prophètes", c'est le dessein de salut qui se réalise dans le Mystère pascal, c'est d’abord cela "la compréhension des Ecritures" à laquelle Jésus ouvre l’esprit des disciples : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et qu’il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour..." Ce à quoi fait encore écho la proclamation de Pierre, rappelant à ses auditeurs de Jérusalem l'histoire toute récente de la Passion. Mais notre évangile ajoute pour éclairer complètement le dessein de salut de Dieu sur le monde : "… et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins."

La seconde lecture, tirée de la première lettre de Jean, énonce aussi cette vérité avec force : "… nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier."

Cette Révélation de notre présent comme de notre avenir peut déjà nous combler de joie et elle se déploiera de plus en plus au fil de notre méditation des Ecritures, Premier Testament d’abord, Nouveau Testament ensuite.

C’est notre histoire, l’histoire de notre monde, qui s’éclaire pour nous dans l’écoute et la méditation des Ecritures.

Nous aussi, nous devons aujourd’hui en être les témoins : le salut est définitivement ouvert à tous les hommes en Jésus-Christ, mort et ressuscité, pour nous ! C’est pour toujours la Bonne Nouvelle de Pâques ! - 15 avril 2018

Homélie du 08 avril 2018 — Dimanche de la Miséricorde — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

année B - 2e dim Pâques - 8 avril 2018

Ac 4/32-35, 1 Jn 5/1-6, Jn 20/19-31

Homélie du F.Cyprien

Texte :

„Heureux ceux qui croient sans avoir vu“. Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom“.

Je reprends les lectures dans l’ordre inverse……Voyons d’abord l’Evangile…

Heureux ceux qui croient sans avoir vu : „Sans avoir vu“ : il s’agissait d’avoir vu le Christ Jésus vivant après sa mort sur la Croix. Ceci a été réservé à des proches de Jésus, …et à quelques uns seulement ! Et nous, nous sommes bien plus nombreux à croire sans avoir vu.

Thomas a vu et finalement il a cru : on pourrait croire qu‘absent la première fois il n’a pas reçu comme les autres l’Esprit Saint, le souffle de Jésus ressuscité. Son refus de croire permet probablement la deuxième rencontre : à cette deuxième venue de Jésus, l’Esprit reçu par les autres (Jésus ressuscité irradie l’Esprit) le Saint Esprit lui permet de confesser à son tour : „Mon Seigneur et mon Dieu“. Non seulement Thomas n’a rien perdu, mais grâce à lui, grâce à son hésitation, son incrédulité, nous découvrons que l’Esprit et la foi sont reçus dans la communauté et grâce à elle…Jésus est venu rassembler ceux qui étaient dispersés, de ceux qui se dispersent et se divisent si facilement : c’est l’oeuvre de son Esprit, c’est l’oeuvre voulue depuis toujours par Dieu, rassembler…

Si saint Jean nous dit que nous sommes heureux, c’est parce qu’en croyant nous avons la Vie même de Dieu : „Ressuscités avec le Christ“, notre vie ne va plus vers la mort, mais vers et avec la vie de Dieu.

Oeuvre voulue par Dieu depuis toujours…de cette oeuvre, la suite c’est saint Jean dans sa lettre : „Celui qui croit est né de Dieu, il aime le Père et le Fils ; en aimant Dieu, il aime aussi les enfants de Dieu“. Aimer c’est croire vraiment; c’est rassembler dans le même amour Dieu et les enfants de Dieu. Ce commandement de l’amour ne peut pas être un fardeau, parce que la relation vivante avec le Père et le Fils s’élargit spontanément vers les autres : c’est l’Esprit du Christ qui agit et qui aime en nous.

Est-ce que nous y croyons vraiment ? Croyons-nous que le sacrifice de Jésus donnant sa vie sur la Croix nous permet maintenant de vivre, pas comme les anges dans le ciel, mais comme des frères pour lesquels la vie avec Dieu et la vie tous ensemble c’est l’essentiel, c’est le présent qu’Il fait aux hommes ?

Dans la première lecture (les Actes des apôtres), y correspond la description - qu’on qualifie d’idyllique - de la première communauté chrétienne : „La multitude des croyants avait un seul coeur et une seule âme…ils avaient tout en commun… aucun d’entre eux n’était dans l’indigence… on distribuait en fonction des besoins de chacun“.

L’homme blessé, la personne abimée par la vie, nous mêmes sommes tentés de penser :„C’est trop beau pour être vrai, même pour être possible“)… nous savons que le péché - l’égoïsme surtout - nous coupent de ce projet divin. Et pourtant l’Esprit de Jésus nous est donné, la foi nous dit qu‘Il est là, au fond de nos coeurs, pour nous faire sans cesse rebondir dans l’espérance…

Le pape François a dit un jour quelquechose comme ceci : si les hommes, humblement, partageaient plus leurs fragilités que leurs richesses, le monde irait beaucoup mieux. Nous savons les dégats que font l’avidité de posséder, l’orgueil d’avoir les bonnes places, la soif de profiter… danger le plus mortel pour notre humanité. Avec le pardon que Dieu fait dans sa Divine Miséricorde, il nous remet sans cesse en marche… Rebondir dans l’espérance…

De fait, les chrétiens n’ont pas de solution au désordre du monde…nous n’avons pas de solution… Mais nous voulons entrer dans le dessein de Dieu, nous croyons que Dieu en Jésus a tout fait pour que l’amour advienne : Il est venu Lui-même, Il vient Lui-même : c’est pour cela que nous chantons ce matin : nous célébrons le Christ ressuscité avec toute l’Eglise. - 8 avril 2318

***

Homélie du 01 avril 2018 — Dimanche de Pâques — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

année B - Homélie Jour de Pâques - 1er Avril 2018

Ac 10,34a.37-43 Co 3, 1-4 Evg Jn 20, 1-9

Homélie du fr. Antoine

Texte :

Frères et Sœurs,

Pour prolonger notre action de grâces,

commencée cette nuit à la Vigile pascale,

Je vous propose de réfléchir

sur trois personnages de l’Evg de ce matin :

Marie-Madeleine…Simon-Pierre…et le disciple que Jésus aimait.

Trois personnages unis par des attitudes identiques :

Trois personnages qui se mettent soudain à courir.

Marie-Madeleine coure, Pierre et l’autre disciple courent

Vers l’emplacement du tombeau.

Tous les trois voient le tombeau, l’aperçoivent, dit le texte

Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.

Tous les trois n’ont rien vu d’autre..qu’un tombeau vide, des bandelettes abandonnées.

Tous les trois n’ont rien vu d’autre qu’une Absence, l’Absence du Maître bien aimé.

Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.

Que voit ce disciple que Jésus aimait ?

Il voit des signes…signes qu’il est le seul à voir.

Il voit des signes mais…pas de preuves

Dans le domaine de l’amitié, dans le domaine de l’amour,

il n’y a pas de preuves à chercher, il y a des signes,

ces signes qui sont un langage fort et irréfutable.

Devant une preuve…je m’incline…je me soumets

Devant un signe…je m’engage…je donne une réponse personnelle...

Et l’Evg nous dit du disciple que Jésus aimait…qu’il vit et il crut !

Frères et Sœurs,

Quels Signes nous envoie l’Evg d’aujourd’hui ?

Le premier,

C’est celui de notre confrontation à l’absence douloureuse du Christ.

Nul d’entre nous ne l’a vu…ni ne pourra le voir ici-bas.

La vision totale du Christ…la connaissance plénière de Dieu n’est pas pour ce Monde.

Le deuxième signe,

Nous vient du disciple dont il est dit, qu’à la vue du tombeau ouvert :Il vit et Il crut.

- C’est… l’amour qu’il portait au Maître bien-aimé qui lui a fait comprendre,

Qui lui a fait découvrir la réalité de la Résurrection annoncée par Jésus.

- C’est… l’amour qui lui a ouvert toute grandes les Portes de la Foi.

- C’est… Notre amour …vécu dans la Foi au Christ.. qui seul, nous fera…comprendre,

découvrir tous les signes de cette présence du Christ dans les évènements de

notre vie au-delà de son absence physique.

Frères et Sœurs,

Cet Evg nous invite à être pour le Monde…

Témoins…que Jésus est vivant.

Témoins…que sa parole est source de plénitude et d’amour

Témoins…que la vie est plus forte que la mort.

Frères et Sœurs

Aujourd’hui, c’est Pâques

Notre avenir…c’est le Christ.

Homélie du 31 mars 2018 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - VIGILE PASCALE - 31.03.2018

Rm 6, 3-11 ; Mc 16,1-7

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » ainsi, frères et sœurs s’interrogent les femmes. Sur le corps de Jésus, une lourde pierre s’est fermée. Symbole de la mort qui le retient désormais. « Qui nous roulera la pierre ? » Les femmes se sentent impuissantes à bouger cette pierre qui « est très grande ». « Qui nous roulera la pierre ? » Cette question ne porte-t-elle pas en elle toutes nos impuissances face aux impossibles qui se présentent devant nous ? Impuissance devant la maladie, devant des relations bloquées, impuissance face au chômage ou à la précarité sociale, face à la violence injuste…De nombreuses pierres se dressent souvent devant nous comme des obstacles insurmontables. Et finalement jusqu’à cet obstacle fondamental qu’est la mort sur lequel butent tous nos projets et nos désirs de vie ? Qui pourra nous rouler la lourde pierre qui, avec la mort, se referme sur nous et sur tous ceux que nous aimons ? Qui ?

En arrivant au tombeau, les femmes découvrent que la pierre a été roulée, et plus encore que le tombeau est vide. Un être mystérieux leur dit que Jésus est vivant ressuscité et qu’il les précède en Galilée… Quelque chose s’est passé au-delà de tout ce que les femmes pouvaient imaginer : Jésus est vivant. Elles venaient honorer un mort, elles sont invitées à aller à la rencontre d’un vivant qui les attend en Galilée. La pierre qui a été roulée ouvre une brèche dans l’empire de la mort. Celle-ci n’a pas eu le dernier mot face à la puissance de Jésus ressuscitant. Evènement majeur que nous reconnaissons avec les yeux de la foi. Qui nous roulera la pierre de la mort ? En Jésus vivant, nous croyons que la pierre de la mort n’est plus hermétiquement fermée. Nos tombeaux ne retiennent plus les êtres chers décédés. En Jésus, ils sont promis à une communion de vie. Communion spirituelle dans la lumière déjà commencée et qui sera pleinement accomplie lorsque les corps ressusciteront corps spirituels.

Et non seulement Jésus vivant roule la pierre de la mort, mais en ce temps présent, il est désormais à nos côtés pour rouler toutes les pierres qui nous empêchent de vivre. Nous ne sommes plus seuls avec nos impuissances à affronter les obstacles qui se dressent contre la vie. La résurrection de Jésus nous libère de la fatalité et de la désespérance. Il desserre l’étreinte du mal et de la culpabilité qui peut nous tenir captifs. Faisons-lui confiance. Demandons-lui son aide quand de lourdes pierres nous barrent la route de la Vie. Comme cette colonne lumineuse qui a guidé le peuple hébreu à travers la mer, il conduira nos pas vers plus d’assurance et de liberté. Par sa Parole, entendue et méditée dans les Ecritures, il nous enseignera la vraie sagesse, faite de patience et d’humilité. Comme un bon berger, il veut nous conduire aux eaux vives de notre baptême pour affiner notre conscience dans la lutte contre le mal. Lui le Pain vivant, il vient nous donner la force d’aimer dans la vérité du quotidien le plus simple. Frères et sœurs, en cette célébration, c’est cette grâce de vie que nous recevons tous ensemble, et que nous lui demandons avec confiance. - 31 mars 2018

Homélie du 30 mars 2018 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - VENDREDI SAINT - 30.03.2018

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Texte :

Frères et sœurs,

Pourquoi d’année en année nous arrêter si longtemps sur la passion de Jésus ? Nous l’avons fait déjà dimanche, et de nouveau ce vendredi. N’est-ce pas parce qu’au cœur de l’inacceptable et de l’intolérable, le regard de la foi discerne un renversement de la logique implacable du mal ? A la manière du prophète qui regarde le serviteur humilié et qui reconnait que ce qui est en jeu est à l’opposé de ce que tout le monde pense. « Il était sans apparence ni beauté…nous l’avons méprisé... En fait, c’était nos souffrances qu’il portait…Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu… » Oui Jésus s’est tellement identifié à l’homme qu’il a voulu porter toutes les conséquences de la bassesse dans laquelle on peut tenir un humain. Il s’est laissé dépouiller, humilier, maltraiter comme le dernier de tous. En ce lieu de ténèbres et d’angoisse, Jésus s’est fait très proche de tous. Et en ce lieu de ténèbres et d’angoisse, par sa douce et forte présence le Christ détruit le venin du mal qui veut nous faire croire que tout est fini. Dans la lumière de la résurrection, la passion de Jésus devient l’espace du retournement du mal. « Tout est accompli » afin que s’ouvre un autre espace, celui de la grâce qui guérit, fortifie, éclaire ceux qui sont aux prises avec le mal et la souffrance.

Frères et sœurs, en cette célébration, recueillons cette grâce lorsque nous viendrons adorer la croix, ce lieu du retournement de toute chose en bien. Laissons la grâce de la croix nous élargir le cœur et le regard lorsque nous prierons aux intentions de tous les humains. Laissons la grâce de la croix nous fortifier dans le pain de vie pour nous garder d’être des complices du mal qui oppresse. - 30 mars 2018 -

Homélie du 29 mars 2018 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - JEUDI SAINT - 29.03.2018

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans les textes que nous venons d’entendre, je suis frappé par l’importance donné aux repères de temps : ainsi dans la première lecture, « ce mois-ci sera pour vous le premier des mois…cette nuit-là je frapperai tout premier-né, ce jour-là sera pour vous un mémorial », mais aussi dans la seconde : « la nuit où il était livré »…et enfin dans l’évangile : « avant la fête de la Pâques, sachant que l’heure était venue… » Dans chacun de nos textes, ressort une vive conscience que les évènements qui sont en train d’arriver sont d’une portée unique. Les jours durant lesquels ils se déroulent s’en trouvent marqués. Désormais, il y aura un avant et un après. Un avant et un après la Pâque et la sortie d’Egypte. Un avant et un après la mort et la résurrection de Jésus. Aux yeux du croyant juif comme du croyant chrétien, l’histoire humaine s’en trouve définitivement marquée. Dieu est passé dans l’histoire du peuple d’Israël et ce passage inscrit dans le temps de façon définitive le projet de salut de Dieu. Quand Jésus vient, quand il se livre à l’occasion d’une Pâque juive pour devenir lui-même agneau pascal offert en nourriture, les chrétiens reconnaissent qu’en ces jours-là l’humanité est à jamais rachetée, lavée, sauvée.

Mais paradoxalement, ces jours si importants soient-ils, ni les juifs ni les chrétiens n’ont cherché à en retenir une date fixe dans l’histoire… Il n’a pas semblé intéressant de savoir si la Pâque juive avait eu lieu en telle année, et de même pour la Pâque Chrétienne si elle a eu lieu telle année et tel mois. Non, ce qui a semblé le plus important, c’est de faire mémoire de ces évènements tous les ans. L’évènement de la Pâque juive, comme celui de la Pâque chrétienne qui accomplit la première doit être célébré en mémorial. Le jour retenu n’est pas un jour « j » du calendrier, comme peut l’être le 11 novembre 2018. Ce jour varie en fonction de la lune. Car le plus important n’est pas dans la mémoire d’un jour historique, mais dans la mémoire d’un évènement qui non seulement a eu lieu, mais qui continue de se réaliser et de s’actualiser. Ainsi les juifs, en faisant mémoire de la Pâque, célèbrent les hauts bienfaits de Dieu qui poursuit son œuvre de salut. De même les chrétiens dans la mémoire de la Pâque faite tous les ans, et finalement en chaque eucharistie, célèbre et accueille l’aujourd’hui de l’œuvre d’amour que le Christ vivant continue d’opérer dans le monde. Ainsi vous remarquerez dans le début du récit de l’institution, l’importance d’un petit mot ajouté pour cette célébration du Jeudi Saint : « aujourd’hui… » « La veille du jour où il devait souffrir pour notre salut et celui de tous les hommes, c’est-à-dire aujourd’hui, il prit le pain… ». Oui frères et sœurs, lorsque nous célébrons l’eucharistie, et à fortiori lorsque nous faisons mémoire de la Ste Cène, nous nous inscrivons dans l’aujourd’hui de Dieu. Ce qu’il a accompli hier, il ne cesse de l’accomplir aujourd’hui. Jésus s’est livré pour nous et nous a offert son corps et son sang hier. Par cette célébration mémorial, à travers son Eglise, il vient nous sauver et il nous offre aujourd’hui son corps et son sang. Et ce mémorial nous engage. Quand Jésus nous invite à faire mémoire de son geste, il nous demande pas seulement de le reproduire rituellement, mais encore de devenir comme lui don et offrande de nous-mêmes jusqu’à la mort… Nous pouvons penser à notre f. Albéric ou au gendarme Beltrame de Carcassonne… Et nous le savons, le geste du lavement des pieds que Jésus invite à reproduire en exemple fait partie de l’unique geste de Jésus dont il nous faut faire mémoire…. Nous donner jusqu’à la mort, et laver les pieds de nos frères n’est-ce pas un unique don, mémorial de l’unique don du Seigneur Jésus lui-même…

Entrons avec reconnaissance pour le don de la vie reçu de Jésus, laissons fortifier par lui pour devenir nous aussi avec lui, en lui et par lui don et offrande pour Dieu et pour les autres. - 29 mars 2018

Homélie du 25 mars 2018 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - RAMEAUX - 25.03.2018

Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1 – 15, 47

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A l’écoute de ce récit douloureux de la Passion, nous pouvons affirmer que Jésus, le Messie, Roi d’Israël, n’a pas triché avec notre humanité. Lui que nous confessons comme le Fils de Dieu, dans la lumière de sa résurrection, a été au bout de notre réalité humaine. Telle était la volonté de Dieu, son Père, notre Père. Si au jardin de Gethsémani, devant l’horreur qui approchait, il a ressenti un moment d’effroi, il ne s’est pas détourné de ce qu’il recevait comme la volonté de son Père. « Abba…Père, tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ». Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, Dieu proposait à Jésus d’aller jusqu’au bout de la condition humaine mortelle. Il lui proposait d’aller jusqu’au bout, en aimant et en demeurant dans la confiance que Lui le Père, Il le relèverait d’entre les morts. Jésus, tout Fils qu’il était, a consenti. Au moment d’angoisse, il a ratifié ce projet du Père auquel il s’est étroitement uni depuis qu’il est venu en notre chair. Passage très étroit, voie sans issue où Jésus s’est avancé seul, pour ouvrir une brèche dans le mur de la mort. Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, il voulait qu’il vive. Il voulait avec Jésus et en Jésus, donner la Vie à tous ses fils et filles de la terre.

Frères et sœurs, croire en Jésus c’est accepter de marcher avec lui et comme lui, en aimant et en demeurant dans la confiance jusqu’à l’heure de notre mort. Il est avec nous dans notre faiblesse. Puisons dans cette eucharistie, et dans toutes les célébrations de cette semaine sainte, la force de marcher à sa suite.