vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 15 avril 2018 — 3e dim. de Pâques — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 3ème DIMANCHE DE PAQUES, 15 avril 2018

1ere lecture : Actes des Apôtres, 3,13-15 et 17-19

2eme lecture : 1ère Lettre de Jean, 2,1-5a

Évangile selon saint Luc, 24,35-48

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Dans cet Evangile, comme dans celui qui le précède chez Luc, les "pèlerins d'Emmaüs", Jésus se manifeste à ses disciples et leur donne son dernier enseignement.

Il apparaît au milieu d’eux, ressuscité, vivant, comme pour les rendre familiers à cette nouvelle forme de présence qui est désormais la sienne et dont il sait à quel point elle peut être déconcertante… effrayante même : « saisis de frayeur de de crainte », Jésus les voit « bouleversés ».

Les « disciples croient voir un esprit ». Et le premier soin de Jésus est de leur faire voir « ses mains et ses pieds » pour leur manifester déjà que c’est bien lui, leur maître ! et il se laisse toucher pour qu’ils touchent précisément « sa chair et ses os ».

Et voilà les disciples dans la joie, mais qui « n’osent pas encore y croire et restent saisis d’étonnement. » Alors Jésus va manger devant eux une part de poisson grillé, pour sceller définitivement dans leur esprit sa nouvelle forme de présence. Tout, dans l'ensemble du récit, veut nous faire comprendre que la résurrection affecte le corps et pas seulement ce que l'on nomme « l’esprit ». Il ne s'agit pas d'immortalité mais de résurrection.

Paul, lorsqu’il parlera dans sa première lettre aux Corinthiens (15, 35 et sv.) de la Résurrection, risquera l’expression tout en contraste de « corps spirituel » (1 Co 15,44). La chair, c'est-à-dire l'humanité corporelle concrète, est constamment opposée à l'esprit, mais Paul affirme ici que finalement, dans la suite du Christ ressuscité, la contradiction est surmontée, pour lui d’abord, et le sera pour nous à sa suite. Reste la question : mais qu'est-ce qu'un corps spirituel ? Les Corinthiens se le demandaient déjà. La réponse de Paul, comparant notre corps actuel à la graine décomposée en terre et le corps à venir à l'épi qui en sort, n'est qu'une image, mais elle a le mérite de souligner une continuité entre le corps actuel et le corps à venir, et aussi la transformation extraordinaire de ce dernier par rapport au premier.

Mais, dans notre Evangile, une telle réponse ne semble absolument pas la préoccupation de Jésus ; après s’être fait reconnaître, nous pourrions dire « expérimentalement », pour ce qu’il est maintenant, Jésus passe à un enseignement qu’il juge évidemment beaucoup plus décisif et qui va effectivement illuminer toute la vie de l’Eglise en lui donnant le moyen permanent d’approfondir la vraie connaissance de Dieu et de son mystère de salut dans le Christ mort et ressuscité pour "toutes les nations en commençant par Jérusalem."

Jésus enseigne à ces disciples à lire les Ecritures, Moïse, les Prophètes et les Psaumes avec l’intelligence qu’il nous en donne par son Esprit, et à y trouver tout ce qui le concerne : "...il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes." Pierre, dans les Actes des Apôtres, qui étaient notre première lecture, a parfaitement intégré l’enseignement : "Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait."

Cette "annonce des prophètes", c'est le dessein de salut qui se réalise dans le Mystère pascal, c'est d’abord cela "la compréhension des Ecritures" à laquelle Jésus ouvre l’esprit des disciples : "Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et qu’il ressusciterait d'entre les morts le troisième jour..." Ce à quoi fait encore écho la proclamation de Pierre, rappelant à ses auditeurs de Jérusalem l'histoire toute récente de la Passion. Mais notre évangile ajoute pour éclairer complètement le dessein de salut de Dieu sur le monde : "… et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins."

La seconde lecture, tirée de la première lettre de Jean, énonce aussi cette vérité avec force : "… nous avons un défenseur devant le Père, Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier."

Cette Révélation de notre présent comme de notre avenir peut déjà nous combler de joie et elle se déploiera de plus en plus au fil de notre méditation des Ecritures, Premier Testament d’abord, Nouveau Testament ensuite.

C’est notre histoire, l’histoire de notre monde, qui s’éclaire pour nous dans l’écoute et la méditation des Ecritures.

Nous aussi, nous devons aujourd’hui en être les témoins : le salut est définitivement ouvert à tous les hommes en Jésus-Christ, mort et ressuscité, pour nous ! C’est pour toujours la Bonne Nouvelle de Pâques ! - 15 avril 2018

Homélie du 08 avril 2018 — Dimanche de la Miséricorde — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

année B - 2e dim Pâques - 8 avril 2018

Ac 4/32-35, 1 Jn 5/1-6, Jn 20/19-31

Homélie du F.Cyprien

Texte :

„Heureux ceux qui croient sans avoir vu“. Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-ci ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom“.

Je reprends les lectures dans l’ordre inverse……Voyons d’abord l’Evangile…

Heureux ceux qui croient sans avoir vu : „Sans avoir vu“ : il s’agissait d’avoir vu le Christ Jésus vivant après sa mort sur la Croix. Ceci a été réservé à des proches de Jésus, …et à quelques uns seulement ! Et nous, nous sommes bien plus nombreux à croire sans avoir vu.

Thomas a vu et finalement il a cru : on pourrait croire qu‘absent la première fois il n’a pas reçu comme les autres l’Esprit Saint, le souffle de Jésus ressuscité. Son refus de croire permet probablement la deuxième rencontre : à cette deuxième venue de Jésus, l’Esprit reçu par les autres (Jésus ressuscité irradie l’Esprit) le Saint Esprit lui permet de confesser à son tour : „Mon Seigneur et mon Dieu“. Non seulement Thomas n’a rien perdu, mais grâce à lui, grâce à son hésitation, son incrédulité, nous découvrons que l’Esprit et la foi sont reçus dans la communauté et grâce à elle…Jésus est venu rassembler ceux qui étaient dispersés, de ceux qui se dispersent et se divisent si facilement : c’est l’oeuvre de son Esprit, c’est l’oeuvre voulue depuis toujours par Dieu, rassembler…

Si saint Jean nous dit que nous sommes heureux, c’est parce qu’en croyant nous avons la Vie même de Dieu : „Ressuscités avec le Christ“, notre vie ne va plus vers la mort, mais vers et avec la vie de Dieu.

Oeuvre voulue par Dieu depuis toujours…de cette oeuvre, la suite c’est saint Jean dans sa lettre : „Celui qui croit est né de Dieu, il aime le Père et le Fils ; en aimant Dieu, il aime aussi les enfants de Dieu“. Aimer c’est croire vraiment; c’est rassembler dans le même amour Dieu et les enfants de Dieu. Ce commandement de l’amour ne peut pas être un fardeau, parce que la relation vivante avec le Père et le Fils s’élargit spontanément vers les autres : c’est l’Esprit du Christ qui agit et qui aime en nous.

Est-ce que nous y croyons vraiment ? Croyons-nous que le sacrifice de Jésus donnant sa vie sur la Croix nous permet maintenant de vivre, pas comme les anges dans le ciel, mais comme des frères pour lesquels la vie avec Dieu et la vie tous ensemble c’est l’essentiel, c’est le présent qu’Il fait aux hommes ?

Dans la première lecture (les Actes des apôtres), y correspond la description - qu’on qualifie d’idyllique - de la première communauté chrétienne : „La multitude des croyants avait un seul coeur et une seule âme…ils avaient tout en commun… aucun d’entre eux n’était dans l’indigence… on distribuait en fonction des besoins de chacun“.

L’homme blessé, la personne abimée par la vie, nous mêmes sommes tentés de penser :„C’est trop beau pour être vrai, même pour être possible“)… nous savons que le péché - l’égoïsme surtout - nous coupent de ce projet divin. Et pourtant l’Esprit de Jésus nous est donné, la foi nous dit qu‘Il est là, au fond de nos coeurs, pour nous faire sans cesse rebondir dans l’espérance…

Le pape François a dit un jour quelquechose comme ceci : si les hommes, humblement, partageaient plus leurs fragilités que leurs richesses, le monde irait beaucoup mieux. Nous savons les dégats que font l’avidité de posséder, l’orgueil d’avoir les bonnes places, la soif de profiter… danger le plus mortel pour notre humanité. Avec le pardon que Dieu fait dans sa Divine Miséricorde, il nous remet sans cesse en marche… Rebondir dans l’espérance…

De fait, les chrétiens n’ont pas de solution au désordre du monde…nous n’avons pas de solution… Mais nous voulons entrer dans le dessein de Dieu, nous croyons que Dieu en Jésus a tout fait pour que l’amour advienne : Il est venu Lui-même, Il vient Lui-même : c’est pour cela que nous chantons ce matin : nous célébrons le Christ ressuscité avec toute l’Eglise. - 8 avril 2318

***

Homélie du 01 avril 2018 — Dimanche de Pâques — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

année B - Homélie Jour de Pâques - 1er Avril 2018

Ac 10,34a.37-43 Co 3, 1-4 Evg Jn 20, 1-9

Homélie du fr. Antoine

Texte :

Frères et Sœurs,

Pour prolonger notre action de grâces,

commencée cette nuit à la Vigile pascale,

Je vous propose de réfléchir

sur trois personnages de l’Evg de ce matin :

Marie-Madeleine…Simon-Pierre…et le disciple que Jésus aimait.

Trois personnages unis par des attitudes identiques :

Trois personnages qui se mettent soudain à courir.

Marie-Madeleine coure, Pierre et l’autre disciple courent

Vers l’emplacement du tombeau.

Tous les trois voient le tombeau, l’aperçoivent, dit le texte

Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.

Tous les trois n’ont rien vu d’autre..qu’un tombeau vide, des bandelettes abandonnées.

Tous les trois n’ont rien vu d’autre qu’une Absence, l’Absence du Maître bien aimé.

Mais d’un seul il est dit…Il vit et il crut.

Que voit ce disciple que Jésus aimait ?

Il voit des signes…signes qu’il est le seul à voir.

Il voit des signes mais…pas de preuves

Dans le domaine de l’amitié, dans le domaine de l’amour,

il n’y a pas de preuves à chercher, il y a des signes,

ces signes qui sont un langage fort et irréfutable.

Devant une preuve…je m’incline…je me soumets

Devant un signe…je m’engage…je donne une réponse personnelle...

Et l’Evg nous dit du disciple que Jésus aimait…qu’il vit et il crut !

Frères et Sœurs,

Quels Signes nous envoie l’Evg d’aujourd’hui ?

Le premier,

C’est celui de notre confrontation à l’absence douloureuse du Christ.

Nul d’entre nous ne l’a vu…ni ne pourra le voir ici-bas.

La vision totale du Christ…la connaissance plénière de Dieu n’est pas pour ce Monde.

Le deuxième signe,

Nous vient du disciple dont il est dit, qu’à la vue du tombeau ouvert :Il vit et Il crut.

- C’est… l’amour qu’il portait au Maître bien-aimé qui lui a fait comprendre,

Qui lui a fait découvrir la réalité de la Résurrection annoncée par Jésus.

- C’est… l’amour qui lui a ouvert toute grandes les Portes de la Foi.

- C’est… Notre amour …vécu dans la Foi au Christ.. qui seul, nous fera…comprendre,

découvrir tous les signes de cette présence du Christ dans les évènements de

notre vie au-delà de son absence physique.

Frères et Sœurs,

Cet Evg nous invite à être pour le Monde…

Témoins…que Jésus est vivant.

Témoins…que sa parole est source de plénitude et d’amour

Témoins…que la vie est plus forte que la mort.

Frères et Sœurs

Aujourd’hui, c’est Pâques

Notre avenir…c’est le Christ.

Homélie du 31 mars 2018 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - VIGILE PASCALE - 31.03.2018

Rm 6, 3-11 ; Mc 16,1-7

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » ainsi, frères et sœurs s’interrogent les femmes. Sur le corps de Jésus, une lourde pierre s’est fermée. Symbole de la mort qui le retient désormais. « Qui nous roulera la pierre ? » Les femmes se sentent impuissantes à bouger cette pierre qui « est très grande ». « Qui nous roulera la pierre ? » Cette question ne porte-t-elle pas en elle toutes nos impuissances face aux impossibles qui se présentent devant nous ? Impuissance devant la maladie, devant des relations bloquées, impuissance face au chômage ou à la précarité sociale, face à la violence injuste…De nombreuses pierres se dressent souvent devant nous comme des obstacles insurmontables. Et finalement jusqu’à cet obstacle fondamental qu’est la mort sur lequel butent tous nos projets et nos désirs de vie ? Qui pourra nous rouler la lourde pierre qui, avec la mort, se referme sur nous et sur tous ceux que nous aimons ? Qui ?

En arrivant au tombeau, les femmes découvrent que la pierre a été roulée, et plus encore que le tombeau est vide. Un être mystérieux leur dit que Jésus est vivant ressuscité et qu’il les précède en Galilée… Quelque chose s’est passé au-delà de tout ce que les femmes pouvaient imaginer : Jésus est vivant. Elles venaient honorer un mort, elles sont invitées à aller à la rencontre d’un vivant qui les attend en Galilée. La pierre qui a été roulée ouvre une brèche dans l’empire de la mort. Celle-ci n’a pas eu le dernier mot face à la puissance de Jésus ressuscitant. Evènement majeur que nous reconnaissons avec les yeux de la foi. Qui nous roulera la pierre de la mort ? En Jésus vivant, nous croyons que la pierre de la mort n’est plus hermétiquement fermée. Nos tombeaux ne retiennent plus les êtres chers décédés. En Jésus, ils sont promis à une communion de vie. Communion spirituelle dans la lumière déjà commencée et qui sera pleinement accomplie lorsque les corps ressusciteront corps spirituels.

Et non seulement Jésus vivant roule la pierre de la mort, mais en ce temps présent, il est désormais à nos côtés pour rouler toutes les pierres qui nous empêchent de vivre. Nous ne sommes plus seuls avec nos impuissances à affronter les obstacles qui se dressent contre la vie. La résurrection de Jésus nous libère de la fatalité et de la désespérance. Il desserre l’étreinte du mal et de la culpabilité qui peut nous tenir captifs. Faisons-lui confiance. Demandons-lui son aide quand de lourdes pierres nous barrent la route de la Vie. Comme cette colonne lumineuse qui a guidé le peuple hébreu à travers la mer, il conduira nos pas vers plus d’assurance et de liberté. Par sa Parole, entendue et méditée dans les Ecritures, il nous enseignera la vraie sagesse, faite de patience et d’humilité. Comme un bon berger, il veut nous conduire aux eaux vives de notre baptême pour affiner notre conscience dans la lutte contre le mal. Lui le Pain vivant, il vient nous donner la force d’aimer dans la vérité du quotidien le plus simple. Frères et sœurs, en cette célébration, c’est cette grâce de vie que nous recevons tous ensemble, et que nous lui demandons avec confiance. - 31 mars 2018

Homélie du 30 mars 2018 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - VENDREDI SAINT - 30.03.2018

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Texte :

Frères et sœurs,

Pourquoi d’année en année nous arrêter si longtemps sur la passion de Jésus ? Nous l’avons fait déjà dimanche, et de nouveau ce vendredi. N’est-ce pas parce qu’au cœur de l’inacceptable et de l’intolérable, le regard de la foi discerne un renversement de la logique implacable du mal ? A la manière du prophète qui regarde le serviteur humilié et qui reconnait que ce qui est en jeu est à l’opposé de ce que tout le monde pense. « Il était sans apparence ni beauté…nous l’avons méprisé... En fait, c’était nos souffrances qu’il portait…Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu… » Oui Jésus s’est tellement identifié à l’homme qu’il a voulu porter toutes les conséquences de la bassesse dans laquelle on peut tenir un humain. Il s’est laissé dépouiller, humilier, maltraiter comme le dernier de tous. En ce lieu de ténèbres et d’angoisse, Jésus s’est fait très proche de tous. Et en ce lieu de ténèbres et d’angoisse, par sa douce et forte présence le Christ détruit le venin du mal qui veut nous faire croire que tout est fini. Dans la lumière de la résurrection, la passion de Jésus devient l’espace du retournement du mal. « Tout est accompli » afin que s’ouvre un autre espace, celui de la grâce qui guérit, fortifie, éclaire ceux qui sont aux prises avec le mal et la souffrance.

Frères et sœurs, en cette célébration, recueillons cette grâce lorsque nous viendrons adorer la croix, ce lieu du retournement de toute chose en bien. Laissons la grâce de la croix nous élargir le cœur et le regard lorsque nous prierons aux intentions de tous les humains. Laissons la grâce de la croix nous fortifier dans le pain de vie pour nous garder d’être des complices du mal qui oppresse. - 30 mars 2018 -

Homélie du 29 mars 2018 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - JEUDI SAINT - 29.03.2018

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans les textes que nous venons d’entendre, je suis frappé par l’importance donné aux repères de temps : ainsi dans la première lecture, « ce mois-ci sera pour vous le premier des mois…cette nuit-là je frapperai tout premier-né, ce jour-là sera pour vous un mémorial », mais aussi dans la seconde : « la nuit où il était livré »…et enfin dans l’évangile : « avant la fête de la Pâques, sachant que l’heure était venue… » Dans chacun de nos textes, ressort une vive conscience que les évènements qui sont en train d’arriver sont d’une portée unique. Les jours durant lesquels ils se déroulent s’en trouvent marqués. Désormais, il y aura un avant et un après. Un avant et un après la Pâque et la sortie d’Egypte. Un avant et un après la mort et la résurrection de Jésus. Aux yeux du croyant juif comme du croyant chrétien, l’histoire humaine s’en trouve définitivement marquée. Dieu est passé dans l’histoire du peuple d’Israël et ce passage inscrit dans le temps de façon définitive le projet de salut de Dieu. Quand Jésus vient, quand il se livre à l’occasion d’une Pâque juive pour devenir lui-même agneau pascal offert en nourriture, les chrétiens reconnaissent qu’en ces jours-là l’humanité est à jamais rachetée, lavée, sauvée.

Mais paradoxalement, ces jours si importants soient-ils, ni les juifs ni les chrétiens n’ont cherché à en retenir une date fixe dans l’histoire… Il n’a pas semblé intéressant de savoir si la Pâque juive avait eu lieu en telle année, et de même pour la Pâque Chrétienne si elle a eu lieu telle année et tel mois. Non, ce qui a semblé le plus important, c’est de faire mémoire de ces évènements tous les ans. L’évènement de la Pâque juive, comme celui de la Pâque chrétienne qui accomplit la première doit être célébré en mémorial. Le jour retenu n’est pas un jour « j » du calendrier, comme peut l’être le 11 novembre 2018. Ce jour varie en fonction de la lune. Car le plus important n’est pas dans la mémoire d’un jour historique, mais dans la mémoire d’un évènement qui non seulement a eu lieu, mais qui continue de se réaliser et de s’actualiser. Ainsi les juifs, en faisant mémoire de la Pâque, célèbrent les hauts bienfaits de Dieu qui poursuit son œuvre de salut. De même les chrétiens dans la mémoire de la Pâque faite tous les ans, et finalement en chaque eucharistie, célèbre et accueille l’aujourd’hui de l’œuvre d’amour que le Christ vivant continue d’opérer dans le monde. Ainsi vous remarquerez dans le début du récit de l’institution, l’importance d’un petit mot ajouté pour cette célébration du Jeudi Saint : « aujourd’hui… » « La veille du jour où il devait souffrir pour notre salut et celui de tous les hommes, c’est-à-dire aujourd’hui, il prit le pain… ». Oui frères et sœurs, lorsque nous célébrons l’eucharistie, et à fortiori lorsque nous faisons mémoire de la Ste Cène, nous nous inscrivons dans l’aujourd’hui de Dieu. Ce qu’il a accompli hier, il ne cesse de l’accomplir aujourd’hui. Jésus s’est livré pour nous et nous a offert son corps et son sang hier. Par cette célébration mémorial, à travers son Eglise, il vient nous sauver et il nous offre aujourd’hui son corps et son sang. Et ce mémorial nous engage. Quand Jésus nous invite à faire mémoire de son geste, il nous demande pas seulement de le reproduire rituellement, mais encore de devenir comme lui don et offrande de nous-mêmes jusqu’à la mort… Nous pouvons penser à notre f. Albéric ou au gendarme Beltrame de Carcassonne… Et nous le savons, le geste du lavement des pieds que Jésus invite à reproduire en exemple fait partie de l’unique geste de Jésus dont il nous faut faire mémoire…. Nous donner jusqu’à la mort, et laver les pieds de nos frères n’est-ce pas un unique don, mémorial de l’unique don du Seigneur Jésus lui-même…

Entrons avec reconnaissance pour le don de la vie reçu de Jésus, laissons fortifier par lui pour devenir nous aussi avec lui, en lui et par lui don et offrande pour Dieu et pour les autres. - 29 mars 2018

Homélie du 25 mars 2018 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - RAMEAUX - 25.03.2018

Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1 – 15, 47

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A l’écoute de ce récit douloureux de la Passion, nous pouvons affirmer que Jésus, le Messie, Roi d’Israël, n’a pas triché avec notre humanité. Lui que nous confessons comme le Fils de Dieu, dans la lumière de sa résurrection, a été au bout de notre réalité humaine. Telle était la volonté de Dieu, son Père, notre Père. Si au jardin de Gethsémani, devant l’horreur qui approchait, il a ressenti un moment d’effroi, il ne s’est pas détourné de ce qu’il recevait comme la volonté de son Père. « Abba…Père, tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ». Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, Dieu proposait à Jésus d’aller jusqu’au bout de la condition humaine mortelle. Il lui proposait d’aller jusqu’au bout, en aimant et en demeurant dans la confiance que Lui le Père, Il le relèverait d’entre les morts. Jésus, tout Fils qu’il était, a consenti. Au moment d’angoisse, il a ratifié ce projet du Père auquel il s’est étroitement uni depuis qu’il est venu en notre chair. Passage très étroit, voie sans issue où Jésus s’est avancé seul, pour ouvrir une brèche dans le mur de la mort. Dieu voulait-il la mort de son Fils ? Non, il voulait qu’il vive. Il voulait avec Jésus et en Jésus, donner la Vie à tous ses fils et filles de la terre.

Frères et sœurs, croire en Jésus c’est accepter de marcher avec lui et comme lui, en aimant et en demeurant dans la confiance jusqu’à l’heure de notre mort. Il est avec nous dans notre faiblesse. Puisons dans cette eucharistie, et dans toutes les célébrations de cette semaine sainte, la force de marcher à sa suite.

Homélie du 18 mars 2018 — 5e dim. du Carême — Frère Jean-Noël
Cycle : Année B
Info :

Année B – 5° dimanche de Carême – 18 mars 2018

Jér 31 31-34 ; Heb 5 7-9 ; Jn 12 20-33 ;

Homélie du F.Jean-Noël

Texte :



« Voir Jésus ». Tout Jérusalem ne parlait que de lui, se bousculait pour le voir, on grippait même aux arbres pour le voir, comme Zacharie. On nous dit même que les deux méchants Hérode – celui de Noël et celui de la Passion – avaient brûlé de le voir. Alors, que quelques non-juifs, des « craignants Dieu » montés en pèlerinage aient demandé à voir celui dont toute la ville parlait, n’a rien d’étonnant.

Ce qui l’est plus, c’est la réponse de Jésus : Bizarre. Apparemment « à côté ». Ce n’est plus le « Venez et Voyez » qui avait engagé les premiers disciples pour un long compagnonnage où il se donnait à voir. Que se passe-t-il donc ?

Il y a que le temps presse. Jésus sait son Heure arrivée. Il ne peut plus compter sur un long temps pour se donner à voir. D’ailleurs est-ce que cela aurait même suffi ? On se souvient de son soupir « Depuis si longtemps avec toi, Philippe, et tu ne me connais pas ! » (Jn 14 9). Il lui faut donc se mettre à parler clair. Et les disciples s’en aperçoivent vite : « Voilà maintenant que tu parles ouvertement » (Jn 16 29)

Mais, alors, qu’y-a –t-il donc à voir de Jésus, si la fréquentation quotidienne ne suffit pas, si il ne suffit pas de dire : « Mais voyons, c’est le charpentier de Nazareth ». Il y a que, dans l’urgence, la réponse à cette question de le dernière heure ne doit pas prêter à confusion ! C’est donc le dernier mot, ou presque – de Jésus sur lui-même, comme son secret. C’est tellement vrai qu’une de nos hymnes le reprend avec bonheur : Il nous révèle, - l’âpre secret du grain qui meurt – le sang versé. - L’amour Vainqueur,- et cette croix qui nous relève. - Le fruit porté dans le lumière ».

Oui, son dernier mot et pas adressé à seulement ces quelques craignants Dieu, mais encore à nous, aujourd’hui ; à 15 jours de la Vigile pascale, où, tous ensemble, nous allons nous recaler sur le chemin de Jésus.

Et dans huit jours, ce sera encore plus clair avec ce passage de la lettre aux Philippiens qui a tout l’air de citer une hymne des premières communautés chrétiennes s’inspirant déjà de cette parabole du grain tombé en terre pour chanter leur Seigneur et son chemin : « De condition divine prenant la condition de Serviteur.. abaissé .. obéissant jusqu’à la mort, la mort sur une croix .. Dieu l’a exalté, l’a doté du Nom au dessus de tout nom ». (Ph 2 6-11)

C’est quand même autre chose que notre parabole. C’est au-delà, mais c’est le même mouvement. Ces premières communautés chrétiennes avaient bien tout compris

Et notons bien : Paul fait précéder sa citation d’un appel pressant : « Ayez entre vous ces sentiments qui étaient dans le Christ Jésus ». C’est donc aussi notre secret, notre chemin à la suite du Christ.

Il ne nous reste plus que quinze jours pour demander ensemble ce « cœur nouveau », évoqué dans la première lecture, ce cœur nouveau requis par la Nouvelle Alliance dont le Christ est le grand Passeur.

Une prière instante donc : « O Seigneur, envoie ton Esprit, renouvelle mon cœur en profondeur ». Tiens –moi sur ton chemin. (18 mars 2018)

Homélie du 04 mars 2018 — 3e dim. du Carême — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - Troisième dimanche de Carême, 4 mars 2018

Ex 20, 1-17 ; 1 Cor 1,22-25 ; Jn 2,13-25

Texte :

L’Évangile de ce jour : un geste et une parole. Le geste est violent, subversif, intolérable pour les autorités du Temple. La parole est la réponse de Jésus à la demande des grands-prêtres de justifier ce qu’il vient de faire : « Quel signe nous donnes-tu pour agir ainsi ? »

Jésus a chassé les vendeurs d’animaux et leur bétail des parvis du Temple, avec des fouets de corde. Il a renversé les tables des changeurs de monnaie avec leurs pièces. Beau désordre !

Dans l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre, l’épisode se situe au début du ministère de Jésus, mais significativement lors d’une fête de la Pâque. Dans les Synoptiques, il est l’aboutissement de la longue montée de Jésus jusqu’à Jérusalem et au Temple ; il est aussi comme le prélude à sa Passion-Résurrection ; il confirme un peu plus les grands- prêtres dans leur décision de le mettre à mort.

Cette scène, telle qu’elle est rapportée, se comprend mieux dans ce dernier contexte, car Jésus a fait son entrée à Jérusalem dans l’enthousiasme des foules, qui l’ont acclamé avec les mots du ps.117 : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au fils de David. » (Mt 21,9). Sans cet enthousiasme les gardiens du Temple auraient très vite arrêté le geste de Jésus. Mais là, à ce moment précis, ils craignaient la foule et ont laissé faire.

Certes les vendeurs d’animaux, avec leurs troupeaux, étaient nécessaires dans l’enceinte du Temple pour permettre aux pèlerins d’acheter des bêtes en vue des sacrifices. De même les changeurs avec leurs comptoirs. La monnaie officielle, à l’effigie de l’empereur, n’avait pas cours au Temple ; il fallait l’échanger contre une autre qu’on devait se procurer sur place. Mais bien sûr, ces transactions commerciales permettaient aussi de fructueux bénéfices. On comprend alors la parole de Jésus : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Une maison pour Mammon, le dieu-Argent. Cela, nous l’entendions déjà dans la première lecture, où le Seigneur avait dit au Sinaï : « Tu n’auras pas d’autre dieu que moi. Je suis un Dieu jaloux. »

Ici Jésus est en continuité avec les prophètes qui bien souvent avaient dénoncé aussi le formalisme du culte, qui restait extérieur à l’homme, ne convertissait pas les cœurs et procurait à bon compte une fausse sécurité. « Le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne l’agrée pas, avait dit le Seigneur, par l’intermédiaire de son prophète. Mais que votre justice coule de vos mains comme un torrent qui ne tarit pas. » (Am 5,23-24)

Cependant il y a plus. Le geste de Jésus n’est pas seulement contestataire, il est prophétique, il est même messianique, car toute prophétie concerne finalement le Christ. Son geste annonce la fin du culte ancien et le début du nouveau. Cela, les foules qui avaient accueilli Jésus entrant à Jérusalem, l’avaient peut-être pressenti, ne fut-ce qu’un moment. Les disciples sans doute davantage. L’Évangile de Jean nous dit en effet qu’ils se sont alors rappelé la parole de l’Écriture tirée du ps.68,10 : « L’amour de ta maison fera mon tourment. », ce qu’on pourrait traduire aussi: « Le zèle de ta maison me dévorera. », et penser à la mort du Seigneur qui suivra.

Jésus par ce geste accomplit les Écritures. Les disciples ont pu peut-être se remettre en mémoire d’autres paroles des Écritures plus précises, comme celle du prophète Malachie : « Soudain viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez. Il est comme la lessive des blanchisseurs. Il purifiera les fils de Lévi-- les prêtre du Sanctuaire-- qui présenteront l’offrande avec justice. » (Mal 3,1-4) ou encore davantage celle de Zacharie : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur, en ce jour-là. » (Za 14,21).

Jésus à cet instant annonce le culte nouveau, le culte en esprit et vérité, en son propre Corps qui va passer par la mort et ressusciter : « Détruisez ce Sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » Pour justifier son geste, Jésus annonce le signe de Jonas comme il l’a fait au cours de son ministère quand on lui avait demandé un signe authentifiant sa mission. C’est le signe de la Croix que nous recevons dans la foi, cette Croix qui préside à notre célébration.

Alors nous pouvons reprendre les paroles si importantes de l’Apôtre : « les Juifs réclament des signes et le monde grec recherche la sagesse. Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux que Dieu appelle, pour nous, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes. »

Sur la Croix Jésus nous révèle et nous donne son Amour sauveur.

- 04 mars 2018

Homélie du 25 février 2018 — 2e dim. du Carême — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 2° dimanche de Carême – 25 févier 2018

Gen 22, 1-2. 9. 10-13. 15-18; Rom 8, 31-34; Marc 9, 2-10

Homélie du F.Damase

Texte :

Les lectures de ce 2° dimanche de Carême nous parlent d’une marche, d'une véritable expédition. Elles nous conduisent au sommet d'une montagne. Dans la Genèse, il s'agit du mont Moriah ; lieu du sacrifice d'Abraham. Dans l'Evangile, c'est le Tabor, lieu où Jésus a été transfiguré. Dans la seconde lecture, Paul nous renvoie au Calvaire, où Jésus a été livré et crucifié pour nous.

Pourquoi cette insistance sur la montagne ? Dans la Bible, la montage est un lieu symbolique fort : lieu de la rencontre avec Dieu. C'est là que Dieu s'est manifesté à Moïse. Dans l'évangile, Jésus se retire sur la montagne, loin de la foule. C'est pour lui un lieu de rencontre avec le Père dans une prière silencieuse.

Il ne s'agit pas de nous lancer dans l'Alpinisme. L'important c'est de prendre de la hauteur par rapport à notre quotidien. Trop souvent, nous nous laissons accaparer par les soucis de la vie, les problèmes matériels. Et nous avons du mal à entendre les appels du Seigneur à revenir vers lui. Le Carême c'est comme un temps de retraite. Nous sommes en marche vers la Pâque du Christ. Le grand message de ces lectures c'est un appel à avancer.

Dans l'évangile de ce jour, la réalité dépasse toute imagination : Jésus amène trois de ses disciples sur une montagne. C’est là nous dit Marc qu'il fut transfiguré devant eux. Jésus est tout entier donné dans sa prière à son Père. Il se montre avec toute la chaleur de son amour. Cette rencontre veut préparer les disciples à ce qui va suivre. Aujourd'hui, ils voient son visage transfiguré. Demain, ils le verront défiguré. Ils sont invités à lui faire confiance quoi qu'il arrive.

Vivre le Carême, c'est gravir la montagne et se mettre à l'écoute de Jésus. On n'y parvient pas tout de suite. Il faut de la patience et du courage. Il faut monter pour contempler les choses. Gravir la montagne c'est prendre le temps de l'écoute, c'est se réserver chaque jour du temps pour la prière. Si nous ne gravissons pas cette montagne avec Jésus, nous manquerons quelque chose d'essentiel. Comme pour les trois disciples, Jésus veut nous libérer du sommeil de l'individualisme, de la tristesse. Il est urgent que nous mettions le Christ au centre de notre vie. « Christ, Premier servi ». « Ne rien préférer à l’amour du Christ » dit st Benoit.

Pierre ne sait pas quoi dire. Il propose à Jésus de dresser trois tentes. Mais la voix du Père se fait entendre pour l'inviter à voir les choses autrement : ces tentes, il faut les construire dans le monde, dans la vie ordinaire, dans les cœurs endurcis des hommes. Dans la Bible, la tente, c'est le lieu de la présence de Dieu.

Dieu voit ce monde défiguré par la haine, les guerres, les violences de toutes sortes. Or c'est dans ce monde que Dieu veut habiter. Et Dieu compte sur nous pour lui construire une demeure digne de lui. Il nous invite à construire un monde rempli de son amour. Cette beauté qui est en lui, Jésus veut nous en revêtir en nous faisant partager sa divinité. Ecoutons-le dans la prière. Lui seul peut nous transfigurer.

"Seigneur, Mets dans nos ténèbres ton Esprit d'amour, Toi qui es Lumière et Amour. - 25 février 2018

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