vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 02 novembre 2018 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2 Novemlbre 2018 –

Homélie du Père Abbé Luc

Rom 6 3-9 ; Jean 6 37-40 -

Texte :

Cette nuit aux Vigiles, nous entendions la belle parabole du grain semé et appelé à mourir pour donner une nouvelle plante. Paul en tire une leçon pour manifester la grande différence qu’il y aura entre notre corps charnel qui meurt et retourne à la terre, et le corps spirituel incorruptible qui en sortira lors de la résurrection et qui sera tout autre.

Je fais un lien avec la parole de l’évangile de ce matin, « telle est la volonté de mon Père, que celui qui voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour ».

Croire en Jésus, Fils de Dieu, Sauveur est bien plus qu’avoir une opinion parmi d’autres sur l’invisible ; Croire nous fait entrer dans la vie éternelle.

La foi nous donne d’accueillir comme un don dès aujourd’hui la vie qui ne finit pas grâce à la relation vivante avec Jésus, Vivant à nos côtés.

Cette foi, dynamisme de vie déjà pour aujourd’hui, nourrit le grain que nous sommes, le gonfle d’énergies spirituelles qui nous révèleront pleinement toutes leurs potentialités que dans la vie à venir, lorsque nous renaitrons Corps spirituel.

Rendons grâce pour ce don de la foi qui vient nourrir dès aujourd’hui la vie éternelle en nous, et prions pour tous les défunts afin que Dieu accomplisse, achève son œuvre en eux.. - 2 novembre 2018

Homélie du 01 novembre 2018 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Toussaint

01 Novembre 2018

PROFESSION SOLENNELLE

DE FRERE PAUL JACQUES MEUNIER

(Ap 7, 2-4, 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Cette fête de tous les saints est comme une fenêtre entrouverte sur la vie future… Sans bien voir encore, en espérance et dans la foi, la liturgie nous donne de pressentir, comme une promesse, tout le poids de lumière, de vie et d’amour qu’aura la Vie éternelle en Dieu. Les saints connus pour quelques-uns et inconnus pour beaucoup prennent déjà part à cette joie. Quant à nous, les saints en devenir, nous tendons vers cette joie, dans ce monde que nous habitons. Notre foi nous assure que la vie en ce monde porte déjà l’empreinte de la vie à venir. En creux, en attente, en espérance, en gestation aussi, comme les lectures nous l’ont fait comprendre. Gestation dans la souffrance de tant d’êtres passés par la grande épreuve. Gestation dans la quête de justice, de la paix, de miséricorde, de la douceur qui ouvre les voies du bonheur. Gestation aussi reçue comme une grâce, celle de devenir enfants de Dieu par le bon vouloir de Dieu notre Père…

F. Paul, ta vie déjà bien remplie au service de l’évangile avec tes frères de la Mission de France, t’a donné d’entrer dans ce grand mouvement de gestation. Ce matin, tu vis ton engagement par la profession solennelle dans la continuité de ton baptême et de ton ordination sacerdotale. Comme nous le priions au début de cette célébration, tu désires que « la grâce de ton baptême et de ton ordination, fortifiée par les liens nouveaux de la profession monastique s’épanouisse dans toute sa plénitude »… La profession que tu vas prononcer te fait entrer dans des liens nouveaux avec cette communauté ainsi que dans une suite du Christ renouvelée par la vie monastique sous une règle et un abbé. Tel est l’appel que tu as entendu et telle est la réponse que tu souhaites donner au Christ comme un aboutissement, afin de le servir jusqu’au bout de tes forces. D’une manière renouvelée, la vie monastique que tu embrasses va faire de toi un veilleur, un missionnaire et un ami du Christ. Je voudrais mettre en lumière ces trois points maintenant.

Veilleur. Comme moine, nous aimons ce mot. Car il est un de ceux qui qualifie peut-être le mieux notre quête. Veiller dans la prière, le jour, la nuit. Veiller dans l’attente du Jour de la Rencontre avec le Christ qui vient. Veiller pour être prêt à l’accueillir au jour de notre mort. Par notre veille, nous essayons de tenir toujours allumée notre lampe, la lampe de notre disponibilité, la lampe de notre amour, tendu vers cet avènement du Christ qui donnera sens à cette profonde gestation à l’œuvre en notre monde. La prière des heures qui rythme nos journées fait de nous des veilleurs pour le monde. Par nos voix, montent les cris, les désirs, mais aussi les joies de tant d’hommes et de femmes qui ne savent pas bien vers qui se tourner pour dire leur détresse ou leur reconnaissance. En reprenant la prière plurimillénaire des psaumes, nous entrons dans le grand cortège des priants qui ont veillé, donnant du poids et du sens à toutes les quêtes humaines plus ou moins tâtonnantes. Nous aussi, nous cherchons, nous doutons et nous croyons. Avec toute l’Eglise, par cette prière liturgique, nous voulons nous offrir à l’œuvre de Dieu, à la brise légère de son Souffle qui en nous gémit le nom du Père, nous apprenant les mots de la confiance filiale. De manière voilée, encore imparfaite, notre veille dans la prière atteste de notre espérance en Dieu car déjà elle s’unit à la prière des anges rapportée dans la première lecture : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau »…

Missionnaire. A la suite de Ste Thérèse, aimée à la Mission de France, par la profession monastique, ta mission ne s’arrête pas. Mission par le témoignage d’une vie cachée dans la continuité de la vie en Chine. Mission pour donner au mot « heureux » tout son poids évangélique tel que la charte des béatitudes nous l’a fait entendre. F. Paul, tu choisis de témoigner que la recherche du bonheur est exigeante. Elle n’est pas assouvie par les seuls plaisirs de la vie. Non, le bonheur que St Benoit nous propose de vivre passe par la conversion de la part obscure de nous-mêmes. Par l’obéissance, par le renoncement à ta volonté propre, tu vas entrer dans cette pauvreté de cœur qui sait tout recevoir avec gratitude. Par les aspérités de la vie commune qui exerce notre patience, tu découvriras que la douceur avec soi et avec les autres peut vaincre beaucoup d’amertumes. Lorsque tu ressentiras des injustices, tu apprendras que la miséricorde et la recherche de la paix valent toujours mieux que la vengeance ou la rancune. Rude chemin des béatitudes que la vie monastique nous fait parcourir jour après jour, mais chemin balisé et orienté par cette promesse que peu à peu le cœur sort de soi, s’élargit, car l’amour de Dieu y prend place.

Ami. L’amitié a toujours tenu une grande place dans ta vie. L’amitié partagée avec les frères de la Mission de France, beaucoup, et avec les étudiants en Chine. Joie des relations qui s’enracine dans la joie de la relation avec le Christ. Lui, le premier est venu au-devant de toi, au-devant de chacun de nous. Avec toi, par notre baptême, devenus enfants de Dieu, nous sommes unis de façon privilégiés au Christ. Avec Lui, en Lui, par Lui, nous sommes des fils du Père. C’est ce mystère de filiation et d’amitié que tu vas approfondir au sein de la vie fraternelle. Si j’en soulignais sa part difficile souvent liée à notre étroitesse, la vie fraternelle s’offre comme un soutien, comme un espace où l’amitié avec le Christ peut se déployer au gré de m’amour partagé dans une vie très quotidienne. Les visages des frères, eux-mêmes en conversion, te montreront d’autres facettes du visage du Christ et d’autres manières d’aller à Lui. Découvrir chacun dans sa quête, avec respect et attention pour entrer dans une communion plus profonde. Ainsi la vie fraternelle tissera des liens nouveaux qui nourriront ton amitié avec le Christ.

C’est cela que la profession va maintenant confesser et sceller… - 1° novembre 2018 - Toussaint

Homélie du 28 octobre 2018 — 30e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 30e dimanche du Temps Ordinaire - 28 octobre 2018

Jérémie, 31, 7-9 Hébreux, 5, 1-6 Marc, 10,

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous venons d’entendre l’évangile de Bartimée, le mendiant aveugle qui a demandé et obtenu la guérison. Que fait-il alors ? Il suit Jésus sur la route. Cette route est la dernière de Jésus : il monte à Jérusalem où, après avoir été bien accueilli en un premier temps, il va souffrir sa passion. D’abord béni comme le Fils de David, titre que Bartimée lui avait donné, il est ensuite injurié, flagellé, crucifié. Bartimée suit Jésus, d’abord sur un chemin de gloire, ensuite sur un chemin de croix.

Pour comprendre un peu mieux ce personnage, il est bon de nous souvenir des évangiles que nous avons entendus et médités ces derniers dimanches. Il y a eu l’épisode de parents qui amènent leurs petits enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples de Jésus, - ceux donc qui l’ont suivi, - veulent les empêcher d’approcher ; Jésus se fâche et dit que le Royaume de Dieu n’appartient qu’aux enfants et qu’il faut le recevoir comme un enfant. Ensuite, nous avons entendu l’épisode du jeune homme riche : vertueux, fidèle, pratiquant, soucieux de progresser. Jésus l’aime et l’invite à sa suite, mais le jeune homme ne peut pas aller jusque là. Il ne se met pas à la suite de Jésus et s’éloigne triste. Et Jésus qui l’aimait reste triste, lui aussi. Mais l’épisode lui fournit l’occasion d’enfoncer le clou, si on peut dire ainsi, et de décrire crûment aux disciples qui l’ont suivi où il va, et où ils vont avec lui : vers la passion et vers la mort. Dimanche dernier, nous avions la suite : deux des disciples ont vu ce qui s’est passé, ont entendu les graves paroles de Jésus et ils les ont acceptées ; du moins prennent-ils leurs précautions pour la suite et demandent à Jésus les premières places dans le Royaume à venir. Jésus refuse la requête, ne promet rien, et répète ce qu’il vient de dire. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est la dernière parole prononcée durant sa vie errante.

Nous comprenons alors le sens profond de l’histoire de Bartimée. Elle vient après celle de Jacques et Jean. Lui n’est pas disciple de Jésus, mais mendiant aveugle sur le chemin. Elle vient après celle du jeune homme riche. Lui n’est pas pratiquant selon la loi, il reste assis et il mendie. Comme eux cependant, il cherche à s’approcher de Jésus afin de recevoir de lui la lumière, mais, comme pour les enfants, on cherche à l’en empêcher. Cependant aussitôt qu’il l’a reçue, cette lumière, il se met à la suite de Jésus, En lui, pourrait-on dire, Jésus a trouvé le disciple parfait : vis-à-vis de lui, comme vis-à-vis de tant d’autres, il a fait miséricorde et il a guéri, mais le nouveau voyant le suit sans commentaire, sans exigence vers Jérusalem et le Golgotha.

Dans cette longue séquence évangélique donc, il y a ceux qui n’ont rien et ne sont même pas de « bons juifs » au sens où nous dirions aujourd’hui de « bons chrétiens ». Ils sont rabroués par ceux qui sont autour de Jésus. Mais Jésus gourmande ceux-ci et s’approche des autres, qui ont cherché à s’approcher de lui. C’est le dernier d’entre eux, guéri comme les autres, qui reste avec Jésus et où ira celui-ci, il ira lui aussi.

Cette séquence est un peu effrayante pour nous qui l’entendons ces semaines-ci. Car, puisque nous sommes ici ce matin, c’est bien parce que nous voulons nous approcher de Jésus. Nous sommes peut-être tous des chrétiens pratiquants et désireux de progrès : nous sommes le jeune homme riche. Les frères de cette communauté peuvent revendiquer à juste titre d’avoir tout quitté pour suivre Jésus : ils sont des disciples. Mais ni le jeune homme riche, ni les disciples ne sont les modèles que l’évangile invite à suivre. Ces modèles, c’est l’enfant, c’est un aveugle démuni sur un chemin de poussière, ceux que les disciples ont cherché à éloigner de Jésus.

Que pouvons-nous faire alors ? Oserais-je vous dire que je ne sais pas trop. Nous pouvons, nous devons garder notre pratique chrétienne et religieuse, car cela n’est pas condamné, certes, et que cela plaît à Dieu. Mais il nous faut aussi garder en mémoire ce Bartimée, penser à lui non pas une fois tous les trois ans, quand l’évangile de saint Marc est lu, mais souvent. Désirer atteindre ce sommet. Il y a un « plus » en lui, dont nous pouvons espérer la révélation. Cela nous conduira aussi à une humble approche des pauvres, des démunis, des périphéries dont parle sans cesse le pape François et que Jésus de fait privilégie. Et un jour peut-être, nous nous trouverons dans la situation des petits et des humbles qui remplissent l’évangile. Ce fut le cas pour Jean et Jacques, les disciples ambitieux de la première place dans le Royaume. Jacques, selon le témoignage des actes des apôtres, fut le premier apôtre à donner sa vie pour le Christ, décapité sur l’ordre du roi Hérode. A Jean, il fut donné d’entrer en profondeur dans le Mystère du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix et de l’annoncer. Chacun à sa manière, ils ont reçu l’essentiel, peu importe la place qu’ils ont dans le Royaume.

Ainsi de nous, d’une façon que nous ne savons pas mais que nous pouvons espérer.

« Aussitôt, il vit. Et il le suivait sur la route ». Bienheureux Bartimée, prie pour nous. Amen.

(28 octobre 2018)

Homélie du 21 octobre 2018 — 29e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 29° dimanche du Temps Ordinaire - 21 octobre 2018

Is 53 10-11; Héb 4 14-16; Marc 10 35-45

Homélie du F.Hubert

Texte :

Une fois de plus, l’évangile d’aujourd’hui nous montre, sans complaisance,

combien les disciples, et les Douze eux-mêmes, avaient de chemin à faire,

pour entrer dans le mystère d’anéantissement et de glorification de Jésus.

Après les deux premières annonces de la Passion,

Pierre s’est mis en travers de la route de Jésus, lui faisant de vifs reproches,

et les disciples se sont querellés pour savoir qui d’entre eux était le plus grand.

Maintenant, dans leur montée décisive vers Jérusalem,

Jésus vient de prendre à part les Douze et de leur annoncer pour la 3e fois,

son sort douloureux et sa résurrection.

C’est dans ce contexte que Jacques et Jean viennent le trouver :

« Accorde-nous de siéger, l’un à droite, l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »

Les « fils du tonnerre » ne manquent pas de grands désirs, ni d’audace !

Avons-nous comme eux, cet immense désir d’être un avec le Christ et de partager sa gloire ?

Sommes-nous désireux de la vie étincelante, glorieuse qu’il est venu nous donner ?

Ou sommes-nous recroquevillés dans l’étroitesse de nos vies, sans regard fixé sur la Promesse ?

Jésus, qui avait coupé court aux remontrances de Pierre, ne repousse pas Jacques et Jean.

Leur demande, toute imparfaite qu’elle soit, ne constitue pas une tentation pour lui.

Ils ne lui barrent pas le chemin.

Il se met à les enseigner et va jusqu’à confirmer la part qu’ils auront dans son chemin pascal :

« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;

vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. »

Mais « siéger à sa droite ou à sa gauche, il ne lui appartient pas de l’accorder :

il y a ceux pour qui ces places sont réservées. »

Dans le Royaume, dans l’abîme de l’amour infini du Dieu Trinité,

il n’y a pas de première et de dernière places, chacun est unique,

et Dieu se donne totalement à chacun.

Alors, pour qui ces places sont-elles préparées ? Pour les plus petits, les serviteurs.

« Parmi les hommes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ;

et pourtant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »

La mère de Jésus n‘est-elle pas la première, au-dessus de tous ?

Eh bien, « quiconque fait la volonté de son Père, voilà son frère, sa sœur, sa mère. »

L’amour de Dieu est déborde toutes nos manières de penser !

Dans l’Apocalypse, l’Esprit dit aux Eglises :

« Ainsi parle le Témoin fidèle et véritable :

le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône,

comme moi aussi j’ai remporté la victoire et suis allé siéger avec mon Père sur son trône. »

Nous voilà appelés, non seulement siéger à sa droite et à sa gauche,

mais à siéger avec lui sur son propre trône, comme lui, il siège avec son Père sur son trône.

Ceci n’est pas seulement pour Jacques et Jean, ou les Douze, mais pour tout « vainqueur » :

le plus petit d’entre nous qui aura fait la volonté du Père et servi ses frères.



N’ayons pas d’ambition pour nous-mêmes, sans en avoir autant pour les autres, pour tous.

Tout dans le Royaume ne sera que don et accueil.

La gloire de la victoire du Christ sera notre gloire,

et la gloire de nos frères et sœurs rejaillira sur nous, comme la nôtre sur eux.

Notre gloire sera d’avoir été aimés jusqu’au cœur de la coupe et du baptême que le Christ a acceptés.

Apprenons donc le chemin ; Jésus est le seul chemin.

Soyons témoins du Dieu serviteur.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Nous servir.

Nous tous qui ne l’ont pas accueilli. Il offre sa vie pour nous.

Ayons le grand désir de partager sa seigneurie,

mais apprenons qu’elle est d’humilité, de service et d’amour.

Puissions-nous aimer comme il nous a aimés,

assumer, à notre mesure, avec lui, la haine et le péché, sans nous départir de l’amour,

afin que tout homme se heurte en nous, unis à lui, à un amour plus vaste que les ténèbres.

« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce. »,nous disait la lettre aux Hébreux.

Laissons Jésus nous apprendre à être évangélisateurs, missionnaires,

en devenant semblables à lui, serviteurs les uns des autres avec grâce, dans son Esprit.

« Seigneur, fais-nous vouloir ce que tu veux,

et servir ta gloire, et celle de nos frères,

d’un cœur sans partage. » Amen ! - 21 octobre 2018

Homélie du 18 octobre 2018 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

St Luc - 18 Octobre 2018

2 Tim 4 9-17; Luc 10 1-9:

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Le règne de Dieu s’est approché de vous »… quel message étonnant, quel mystère à proclamer !! C’est le même message que Jésus a annoncé et qu’il confie maintenant à ses disciples afin qu’ils en poursuivent l’annonce… Ce message est bref. On aimerait savoir davantage ce qu’il faut dire… Non rien que ces paroles. Mais à l’inverse, Jésus est beaucoup plus explicite sur la façon de dire ce bref message, comme si la façon comptait plus que le message lui-même, comme si l’approche demandait plus de soin que les paroles… Jésus délivre alors une sorte de charte du missionnaire : prier d’abord. Prier pour entrer dans le désir du Père de voir se lever des ouvriers qui aillent à la rencontre des hommes en son nom. Prier pour qu’il éveille comme il l’a fait en nous la conscience de son amour qui ne peut que pousser à partager cet amour. C’est ce que nous aimons faire chaque 3° dimanche du mois en fin d’après-midi… Ensuite Jésus recommande de s’avancer comme des agneaux au milieu des loups. Il nous recommande par-là de ne pas avoir peur de notre vulnérabilité, et d’être conscient que l’annonce de l’évangile nous fera rencontrer des obstacles, voire des persécutions. N’a-t-il pas été lui, l’Agneau de Dieu qui offrant sa vulnérabilité a pris sur lui le péché du monde ? Puis Jésus réponds aux questions spontanées que tous nous nous posons : que faut-il emmener, comment s’organiser pour tenir ? La réponse est surprenante : rien, rien emmener, et faire confiance à ce qui sera donné. Autrement dit, renoncez aux sécurités, au désir de maitriser, faites confiance en Celui qui est avec vous et dans les hôtes qui accueilleront et fourniront le nécessaire. Le Royaume à signifier n’est pas au bout de nos efforts de maitrise. Enfin, celui annonce le Royaume est porteur de paix : « paix à cette maison » et aussi de bonheur en apportant la guérison aux malades… La paix et la guérison réconfortent ceux qui accueillent le Royaume et son mystère de Vie….

Frères et sœurs, quand Jésus laisse cette charte du missionnaire, que fait-il sinon nous laisser sa propre ligne de conduite ? Ainsi il a vécu, ainsi il a voulu nous montrer que le Royaume s’est approché de nous. Il l’a fait en étant vulnérable, disponible, sans défense, sans moyens puissants. Ne pouvait-il pas mieux nous signifier ainsi combien Dieu qui désire se faire proche de chacun, vient à nous comme un mendiant, comme un Père qui ne veut surtout pas nous effrayer, mais nous réconforter, nous guérir…nous sauver de l’isolement mortel.

En cette eucharistie, rendons grâce et célébrons notre Dieu tout proche en Jésus, qui ne cesse de s’approcher de nous afin de sauver notre humanité. ( 18 octobre 2018)

Homélie du 14 octobre 2018 — La Croix glorieuse — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 28ème Dimanche du Temps Ordinaire – 14 octobre 2018

Sg 7,7-11; Hé 4,12-13; Mc 10,17-30

Homélie du F.Damase

Texte :

Dans l’Évangile de Marc, que nous venons d’écouter deux thèmes sont entrelacés : Le thème primitif concerne l’incrédulité des Juifs et le second se rapporte à la difficulté d’entrer avec des richesses dans le Royaume de Dieu. Regardons-les séparément.

Jésus rencontre l’opposition grandissante des Juifs ; il est en route vers Jérusalem où il sera mis à mort. Il faut s’en souvenir pour comprendre son invitation : « viens et suis-moi ! ».

Le jeune homme de cet Évangile présente à Jésus une question importante que tous nous portons au cœur : « Comment avoir en héritage la vie éternelle ? » ou « Comment être sauvé ? » Cependant, le jeune homme s’adresse à Jésus en l’appelant « bon maître » ; donc il le traite comme un rabbin parmi d’autres. Il se réserve le droit de juger – d’accepter ou de refuser son enseignement.

En rappelant que Dieu seul est bon, Jésus implique déjà que sa réponse sera un commandement qui exige une action plutôt qu’une discussion.

Jésus rappelle au jeune homme le noyau central de la Loi. Il ne cite que les préceptes qui se rapportent au prochain. Il indique ainsi clairement que la vie éternelle n’est pas une vie après la mort, mais bien le règne de Dieu commencé dès ici-bas dans la justice et la charité. Le jeune homme - un peu piqué par cette réponse - ajoute en bon pharisien: « J’ai fait tout cela depuis ma jeunesse ». J’ai une bonne conscience. Alors, cette attitude légaliste est contrée par Jésus : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres... puis viens et suis-moi ».

À ce moment il devient évident que les questions du jeune homme n’étaient qu’un paravent. Lorsqu’il est invité à laisser de côté ses questions morales, pour rencontrer et suivre Jésus, il se retire. En définitive, croire et être sauvé signifient s’attacher à la personne de Jésus... même lorsqu’il marche droit vers sa mort.

À ce premier thème s’en rattache un second – celui que personne ne peut s’attacher à Jésus s’il n’est pas détaché de tout autre chose ou personne. Ainsi le jeune homme ne pouvait pas s’attacher à Jésus parce qu’il ne pouvait pas abandonner ses richesses pour suivre Jésus.

La leçon de la première partie de ce récit est que le salut est un don gratuit de Dieu. « Qui peut être sauvé ? » La réponse de Jésus est que cela est impossible aux hommes – qu’ils soient riches ou pauvres. Ceux qui peuvent être sauvés sont ceux que Dieu sauve.

Aux hommes, c’est impossible. Mais Dieu offre toujours cette possibilité. Cependant, pour recevoir ce don, on doit créer en soi un vide qui aspire à être comblé.

Jésus répéta sans cesse ce message : « Amen, Amen, je vous le dis, à moins qu’un grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit. » .

Et encore lorsque Jésus montant vers Jérusalem, dit à son disciple : « viens et suis-moi . N’emporte : ni or, ni argent, ni bâton, pas de sac pour la journée, pas de tunique de rechange, pas de sandale.

Cet évangile raconte l’histoire de l’appel d’un homme par Jésus. Jésus appelle toujours chacun par son propre nom.

Chacun d’entre nous doit découvrir cet appel personnel. Mais, parce que nous sommes tous appelés au salut, nous sommes aussi tous appelés à atteindre sous une forme ou une autre un authentique détachement de tout. - 14 octobre 2018

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Homélie du 07 octobre 2018 — 27e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B - 27° Dimanche du Temps .Ordinaire -. 7 Octobre 2018

Gn 2.18 .. 24 Hé 2, 9c ... 11 Mc 10,2-16

Homélie du Frère Antoine

Texte :

Cet Evg nous montre qu'Il y a 2000 ans poser une question sur le mariage était déjà « une mise à

l'épreuve» ce mariage qui concerne un homme et une femme, qui, de nous jours, ne semble plus évident

pour tout le monde.

Cet Evg nous met en face d'un piège tendu à Jésus ... Il y répond en revenant à l'essentiel: Dieu a

voulu l'homme et la femme. Dieu a voulu qu'ils deviennent une seule chair, et le verset de l'Alleluia

d'aujourd'hui nous rappelle que nous sommes faits pour aimer... car Dieu est amour.

« Alléluia si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et en nous son amour atteint la

perfection Alléluia»

Aimer en vérité, peut se révéler un chemin difficile, ... Nous avons besoin d'aimer et d'être aimés et

nous sommes comme paralysés, par l'endurcissement du cœur humain. La Loi de Moïse en tenait déjà

compte: « C'est en raison de votre endurcissement et de la dureté de votre cœur, que Moïse a établi la

répudiation. »

Le thème de l'endurcissement du cœur de l'homme, comme celui du peuple élu à la nuque raide, est

illustré par un cortège d'unions brisées, d'adultères, de polygamies, qui traversent l'ensemble de la Bible, et

parfois Dieu ne semble pas s'en scandaliser, car plusieurs de ces infidélités s'insèrent dans l'histoire du

salut, notamment dans la généalogie de Jésus.

Cette patience de Dieu envers les faiblesses humaines ne montre-t-elle pas ce que notre Pape François

a souvent relevé, à savoir ... Qu'il est une autre manière de nommer le commandement divin de l'amour du

prochain c'est en parlant de la miséricorde et du pardon.

Le mariage chrétien est bien plus qu'une simple entreprise humaine ....

Jésus en appelle à l'intention originelle du créateur en présentant l'union de l'homme et de la femme comme

une base solide... sur laquelle l'humanité doit s'édifier et non se détruire. L'homme et la femme voulus à

l'image de Dieu, ne feront qu'un ... ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas.

. .

Mais .. la réalité est là ! ... En 2017, 187 divorces ont été prononcés chaque jour..

V écus pour beaucoup comme un échec profond, un véritable séisme, une remise en cause totale de la

personne et de son avenir qui engagent tout à la fois époux et enfants ...

Quelles souffrances ils supposent. .. que de drames ils révèlent, dont les enfants sont les premières victimes.

Des médias catholiques ont souvent transmis, ces appels de détresse venant de divorcés demandant le

secours de l'Eglise ... Remariés, n'ayant aucune vocation au célibat, c'est dans l'amertume qu'ils entendent

à la messe cette parole « Heureux les invités au repas du Seigneur ». On peut comprendre que beaucoup

d'entre eux s'éloignent alors définitivement de l'Eglise entrainant avec eux leurs enfants.

C'est pourquoi, Frs et Srs, que cet Evg soit un point fort de notre Prière,... Afin que la situation de milliers

de couples et d'enfants en détresse trouve dans l'Eglise des solutions courageuses, qui s'inscrivent dans des

orientations décisives, des résolutions ... concrètes ..., effectives .... qu'oriente à sa façon la finale

magnifique de l'Evg :

« Laissez les enfants venir à moi, le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. »

l'Evg nous présente ainsi l'attitude dont l'Eglise doit s'inspirer: celle des enfants.

Ces enfants qui sont sans cesse en évolution, sans cesse en changement. .. ils gardent la route ouverte .. .ils

ne s'orientent pas fixés sur le passé. .. Remplis de confiance ... ils saisissent la main de l'avenir qui se

présente Heureux ceux qui leur ressemblent, le royaume de Dieu est à eux - 7 octobre 2018

Homélie du 30 septembre 2018 — 26e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

année B, 26ème dimanche du T.O.,30 septembre 2018

Nbre 11 25-29, Jacq 5 1-6, Marc 9 38-43, 47-48

Homélie du F.Bernard

Texte :

Les paroles de Jésus qui suivent les trois annonces de la Passion-Résurrection, dans les Synoptiques, sont particulièrement importantes. Celles que nous venons d’entendre prolongent la deuxième annonce de cette Passion –Résurrection dans l’Évangile de Marc. Elles ne sont pas nécessairement en lien très étroit les unes avec mes autres, et ont pu être prononcées en des moments différents de la vie de Jésus. Mais peu importe !

Retenons en deux ce matin. Et d’abord cette parole étonnante d’optimisme : « Qui n’est pas contre nous est pour nous ». Jean, l’Apôtre, a voulu empêcher un étranger au groupe des disciples d’opérer des exorcismes, de chasser les démons au nom de Jésus. Le Seigneur a immédiatement réagi : « Ne l’empêchez pas ».

De même, au temps de l’Exode, quand Josué avait voulu empêcher deux anciens d’Israël de prophétiser sous le prétexte qu’ils n’étaient pas avec les autres anciens dans la Tente de Réunion, Moïse l’avait repris ; il s’était écrié : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout le peuple un peuple de prophètes ».

« Qui n’est pas contre nous est pour nous. » Cette parole caractérise peut-être plus particulièrement la communauté chrétienne de Rome, sans doute très accueillante au monde païen qui l’entourait, en dépit des grandes persécutions qu’elle avait subies dans les années précédentes.

« Qui n’est pas contre nous est pour nous ». Sans doute ne s’agit-il pas de donner une étiquette de chrétiens anonymes à ceux qui nous entourent, mais de reconnaitre tout ce qu’il peut y avoir de bon, de beau, d’honnête en eux, dans la conviction que tout cela contribue de quelque manière à la construction du Royaume. Dans l’encyclique du pape, Laudato Si, que le père abbé nous commente actuellement le matin, celui-ci nous invite à redécouvrir la fraternité universelle entre tous les hommes, car nous avons un Père unique, notre Dieu. Et il poursuit : « L’amour, fait de petits gestes d’attention mutuelle, se manifeste dans toutes les actions qui essayent de construire un monde meilleur, un monde où règne l’idéal d’une civilisation de l’amour » (LS 230-231).

Peut-être peut-on aussi entendre en écho à la Parole du Seigneur ces mots magnifiques extraits d’une hymne qui célèbre l’Église ? « Ville imprenable, ouverte à tous. Ville sans armes, sans défense que nul empire ne soumet, Cité de veille sur le monde. Son espérance prend en compte le cri du pauvre, du captif. On y entend la voix du Fils, et mille voix qui lui répondent ».

Oui ! Nous voulons présenter au Seigneur tout le bien dont nous sommes les témoins, d’où qu’il vienne, et le mettre en œuvre pour la construction du Royaume.

Mais voici l’autre parole que nous pouvons retenir en ce jour : « Si ton pied, ta main, ton œil te fait chuter, littéralement te scandalise, coupe-le, arrache-le ». L’exigence de Jésus est ici radicale. Nos actes peuvent causer la chute de nos frères, des plus petits. Si nous ne les retranchons pas, ils nous condamneront au jour du Jugement.

La lettre de saint Jacques évoquait à l’instant des situations d’injustice flagrantes : des riches faisant bombance, alors qu’ils ne payent pas le salaire de leurs journaliers. Ces actes blessent le cœur du Christ. Nous sommes prévenus : « Ce que vous n’avez pas fait au plus petit d’entre vos frères, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. »

Ces deux paroles nous font poser un double regard, l’un sur les autres, emprunt d’optimisme : « Qui n’est pas contre nous est pour nous » ; l’autre sur nous-mêmes, fait d’exigence : « Qui ne vient pas en aide au petit, au pauvre, ne vient pas en aide au Christ, et l’ignore ». Une double parole d’espérance et de vigilance qu’il faut conjoindre. Ces deux paroles, nous les confions au Seigneur. Qu’il renouvelle nos esprits et nos cœurs en cette eucharistie, afin de les mettre plus généreusement en pratique.

Homélie du 23 septembre 2018 — 25e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 25ème dimanche du TO – 23 septembre 2018

(Sagesse 2,12-20; Jacques 3,16 à 4,3 ; Marc 9,30-37)

Homélie de F.Guillaume

Texte :



Frères et sœurs

Les trois textes de la liturgie de ce dimanche que nous venons d’entendre peuvent se comprendre à différents niveaux.

Le premier que je qualifierai de psychologique serait celui d’un tableau des passions humaines composées d’ambition, de rivalités, de manipulation dans une volonté de puissance et de domination sur les autres.

L’extrait du livre de la Sagesse, dans la 1ère lecture, décrit la situation du juste persécuté en raison de sa fidélité à la Loi. Nous sommes au temps de la domination grecque et les notables juifs sont tentés de composer avec le pouvoir païen. La parole de ce juste dérange. Pour le faire taire et l’éliminer, ses adversaires, qui se prétendent des sages, usent de procédés pervers, pour ne pas dire sadiques, afin de l’attirer dans des pièges, le pousser à des reniements, avec des mises à l’épreuve et des menaces de condamnation à mort. C’est ce qu’ont vécu les authentiques prophètes d’autrefois, et en particulier Jérémie, le plus souffrant et le plus persécuté des prophètes, dont la vie et la passion préfiguraient celle de Jésus.

La lettre de Saint Jacques, elle, pointe les jalousies, les tensions et les conflits qui mènent au désordre, au sein même de la communauté des croyants. Ici, c’est l’appétit des plaisirs, les convoitises qui attisent ces passions. Le tableau n’est pas brillant. Il s’étale pour susciter la honte et la confusion des correspondants de la lettre, afin de les conduire à une conversion salutaire.

Enfin, l’évangile de Marc met en avant le goût du pouvoir chez les disciples de Jésus, leur désir de prendre les meilleures places dans le futur Royaume proclamé par leur Maître. Et cela alors même que Jésus vient de leur annoncer pour la seconde fois qu’il lui fallait souffrir, être tué et ressusciter 3 jours après sa mort. Mais dans leur psychologie, cette annonce était totalement incompréhensible, car ils étaient prisonniers de leurs rêves terrestres et politiques.

A un second niveau de lecture, nous pourrions placer ces textes sur un registre moral, du bien et du mal. D’un côté, il y a des bons, des fidèles, des victimes, et nous serions enclins à nous ranger de ce côté, bien sûr. En face, les méchants, les coupables, les pécheurs responsables de toutes les injustices ou des horreurs. Lecture dualiste, par trop simpliste, car nous savons bien que les situations ne sont pas toujours aussi facilement tranchées. La vérité en morale suppose l’exercice du discernement et la juste délimitation des frontières, ce qui est plus subtil en réalité.

Nous sommes alors invités à passer à un niveau plus spirituel, plus théologal. Celui de la vraie Sagesse qui vient d’en Haut, qui est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans hypocrisie, ainsi qu’en parle la lettre de Jacques.

Cette Sagesse, c’est celle que Salomon, jeune roi a demandé à son Dieu, plutôt que la richesse matérielle, ou la victoire guerrière sur ses ennemis. Dans une belle prière, il demandait la sagesse et le discernement afin de gouverner son peuple avec droiture et dans la vérité.

C’est aussi cette Sagesse qui jouait auprès de Dieu, comme un enfant (était-ce déjà celui de l’évangile ?) au moment de la création du monde. Elle faisait les délices du Créateur.

Cette Sagesse s’est peu à peu identifiée à une Personne Divine, en qui les premiers chrétiens ont reconnu le Christ Jésus lui-même, au sein de la Trinité.

Que dit cette Sagesse, Verbe de Dieu, fait chair, venu partager notre condition humaine sur notre terre ? Elle nous enseigne la volonté d’un Père qui nous aime et elle rend témoignage à la Vérité. Mais en disant cela, elle prend à rebours les souhaits trop naturels de l’homme, épris de grandeur, de désir de possession et de domination.

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, et qu’il se fasse le serviteur de tous ! »

En appelant ses disciples à se servir mutuellement, Jésus les invite à se situer sur le plan de l’amour gratuit, et à faire le don de leur vie, généreusement, sans attente de retour, comme lui-même il le fera jusqu’à l’extrême, jusqu’à la mort sur une croix.

Frères et sœurs, ces textes n’ont rien perdu de leur actualité. Nous les entendons alors que notre église catholique vit un moment de crise profonde et grave. Les mots, le vocabulaire peuvent être différents : On dénoncera ainsi volontiers aujourd’hui, le cléricalisme, le consumérisme, le narcissisme ou l’individualisme, que sais-je encore... Mais la réalité des passions en jeu, le discernement moral qu’elles impliquent et qu’il nous faut exercer à leur égard, la nécessité d’une conversion spirituelle sont bien les mêmes qu’aux temps de Jérémie, de l’auteur du livre de la Sagesse, de Jésus ou de Saint Jacques.

Oui, il nous faut retrouver un esprit d’enfance, de sagesse simple et humble, non pas sous un mode infantile et déresponsabilisé mais dans une attitude de confiance, d’abandon et de dépendance de tout-petits face à leurs parents. Nul ne l’exprime mieux que le psaume 130 que nous aimons chanter à l’office et à l’intime de nous-mêmes :

« Seigneur, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Je ne poursuis ni grand dessein, ni merveille qui me dépasse. Non, mais je tiens mon âme, égale et silencieuse. Mon âme est en moi, comme un enfant, un tout-petit enfant contre sa mère. Attend le Seigneur, maintenant et toujours. «

AMEN - 23 septembre 2018

Homélie du 16 septembre 2018 — 24e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 24° Dimanche du temps ordinaire - 16 septembre 2018

1ere lecture : Isaïe 50, 5-9a

2eme lecture : Lettre de Jacques 2,14-18

Evangile selon saint Marc 8,27-35

Homélie de F.Matthieu

Texte :

A la question directe posée par Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », Pierre vient d’oser la réponse la plus décisive que l’on pouvait imaginer à l’époque : « Tu es le Christ. »

On peut être surpris de la réaction de Jésus ; il ne refuse pas le titre, mais aussitôt il donne une stricte consigne de silence. Il est trop tôt pour dire à tous que Jésus est le Christ, parce que ce titre est trop ambigu. Car Jésus est bien le Christ qu’on attend, mais pas du tout comme on l’attend !

C’est ce qu’il va essayer de faire comprendre à ses disciples… et à nous-mêmes : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. »

Pour des oreilles juives, ce discours était complètement paradoxal : au moment même où Jésus acceptait le titre de Christ (Fils de l’homme était un synonyme, mais dans le livre de Daniel, au chapitre 7, il insistait encore davantage sur la gloire et la royauté qui lui était promise), Jésus au contraire annonçait, prévoyait l’échec, la souffrance, la mort… et la résurrection ! Un autre chemin !

‘Christ’, ‘Fils de l’homme’, pas question de souffrance dans tout cela ! Quelle idée ! Pierre s’insurge et il dit ce que tout le monde pense… et nous aussi ! On attendait un Messie-roi, chassant une bonne fois du pays l’occupant romain, triomphant, glorieux, et puissant. Alors ce qu’annonce Jésus est inacceptable, le Dieu tout-puissant ne peut pas laisser faire des choses pareilles !

On pourrait presque intituler ce texte : « Le premier reniement de Pierre », premier refus de suivre le Christ dans la souffrance. Jésus affronte ce refus spontané de Pierre comme une véritable tentation, et d’abord pour lui-même, et il le lui dit avec véhémence : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

À la différence de Matthieu et Luc, Marc n’a pas raconté le détail des tentations de Jésus au désert, mais nul doute qu’il nous en décrit une ici, une particulièrement grave et qui suscite une réaction très vive de Jésus, preuve qu’il doit livrer ici un véritable combat : « voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! »

Pourquoi Marc note-t-il ici que c’est à cause de la présence des disciples que Jésus a réagi de cette manière ? Sinon parce que la méprise de Pierre est d’autant plus grave qu’il risque d’entraîner les autres dans son erreur ? Le titre de Satan (« l’adversaire ») dit bien quel est l’enjeu : comme le Serviteur d’Isaïe de notre première lecture, Jésus est résolu à « écouter » son Père, à se laisser instruire, et à accomplir jusqu’au bout sa mission selon le dessein de Dieu, quitte à subir les outrages, les crachats, les coups.

« Je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. »

Car le plan de salut de Dieu ne s’accommode pas d’un Christ triomphant. Pour que les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité », comme dit saint Paul (1 Tm 2, 4), il faut qu’ils découvrent le Dieu de tendresse et de pardon, de miséricorde et de pitié, et cela ne peut se faire dans des actes de puissance mais seulement dans le don suprême de la vie du Fils : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13). Et il invite à sa suite tous ses disciples, de tous les temps.

Marc note que Jésus, alors, a appelé la foule et poursuivi son enseignement sur les exigences de l’Evangile :

« Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. »

Triste programme ?! Mais non !...

"Perdre sa vie" ne signifie pas d’emblée le martyre. "Perdre sa vie", c'est la donner, la perdre pour soi, mais la donner aux autres, au jour le jour… pour la recevoir en retour comme un don … et donc la "sauver" ! - 16 septembre 2018