vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 25 décembre 2018 — Noël - Messe du jour — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - Noël 2007, Messe du Jour - 25 décembre 2018

Is 52 7-10; Héb 1 1-6; Jn 1-1-18

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous avons entendu cette nuit le récit de la naissance de Jésus, nous dirions aujourd’hui « en catastrophe » : dans un bourg surpeuplé par une affluence inhabituelle, et où on ne trouve, pour recevoir la mère et coucher l’enfant, qu’une étable contigüe à l’auberge déjà comble. Et voici que, ce matin, avec le début de l’épître aux Hébreux et le Prologue de saint Jean, nous sommes comme transportés au Ciel et nous entendons des paroles mystérieuses, majestueuses, on dirait presque somptueuses sur Dieu, sur la Parole qu’il profère et le Fils qu’il envoie, sur la session de celui-ci éternellement à la droite du Père après l’œuvre de purification des péchés. Qu’y a-t-il donc de commun entre cette très haute théologie et le fait divers de Bethléem? Et nous, qui avons entendu l’un et l’autre de ces textes, que pouvons nous donc en faire ?

La naissance de Jésus a sûrement été un événement très joyeux. Je pense à ce que disait le livre de l’Exode sur les femmes juives, qui sont tellement vigoureuses qu’elles n’ont pas besoin de sages-femmes pour accoucher. On voit d’ici Marie, rassurant Joseph préoccupé de ne pas trouver un endroit convenable : « Ne t’inquiète donc pas, c’est moi que cela regarde et je t’assure que cela se passera très bien ». Et, de fait, l’enfant naît, elle le voit pour la première fois, elle le caresse, elle l’embrasse, elle le lange ; quelque chose s’échange entre elle et lui, au travers des yeux peut-être encore fermés du tout petit. Une naissance bien réussie, une relation déjà forte et qui ne cessera pas. La puissance, la beauté, la douceur de la vie. Mais cette expérience belle s’inscrit en Marie sur le fond de la prophétie qu’elle a entendue quelques mois auparavant : ce nouveau-né dans la crèche, ce fils formé de son sang et de sa chair, est « Fils du Très-Haut, promis au trône de David, saint, et on l’appellera Fils de Dieu ». Et voici que des bergers du voisinage s’agglutinent à la porte pour voir l’enfant, car eux aussi ont entendu du Ciel un message inouï : ce nouveau-né est Sauveur, Messie, Seigneur.

Les textes de la Messe de Jour disent alors la même chose, mais cette fois-ci, en partant de Dieu et non pas des hommes. En Dieu aussi, il y a une naissance, celle-ci éternelle, et le Fils qui est sans cesse engendré est « reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être ». Entièrement distinct et en tout semblable, engendré et tourné vers Celui qui l’engendre. Un Esprit commun circule entre eux. Et il a plu à Dieu que cette naissance éternelle déborde en quelque sorte vers ce qui n’est pas encore : dans le Fils éternellement engendré sont créés les mondes et les temps, et le Fils vient en ceux-ci afin de les inclure dans sa relation au Père, dans la circulation de l’Esprit. Et il y vient intensément non à la surface ou en les surplombant, mais comme un homme, en homme : « Tu m’as formé un corps » dit Jésus à son père en entrant dans le monde, au témoignage de la lettre aux Hébreux.

Les évangiles de cette nuit et de ce matin : les deux faces de la même médaille. D’un côté, l’homme qui vient au monde, vraiment homme et plus que l’homme pourtant. De l’autre, le Dieu éternel et créateur qui, comme le dit saint Bernard, s’abrège en quelque sorte, et dont le Fils vient en ce monde. Dieu, vraiment Dieu et moins que Dieu pourtant. Dans les deux cas, le moteur, pourrait-on dire, est unique : l’Esprit d’amour et de communion, c’est-à-dire l’Esprit de Don. Que ce soit du côté de Dieu, de la Vierge Marie, du Christ, tout est don, comme si personne ne pouvait demeurer en soi mais était poussé à s’extravertir, à engendrer, à créer, à sortir, à s’offrir, à visiter…et finalement à se trouver soi-même en vérité dans ce don continu.

Ce Mystère, évidemment, est le nôtre. Si nous le contemplons, dans l’Enfant de la Crèche ou dans les hauteurs de la Sagesse éternelle, c’est pour qu’il éclaire ce que nous sommes dès maintenant, ce que nous sommes appelés à être. Hommes vraiment, mais plus que l’homme ; divinisés vraiment, mais dans l’humilité, le ressort de tout étant l’amour qui nous porte, dans des actes très concrets, vers Dieu, vers les autres, vers nous-mêmes. Et cela est vrai pour tout homme et toute femme que chacun croise sur sa route, habituellement ou incidemment. Mais il est vrai aussi que cette vérité de l’homme se heurte d’autre part depuis les débuts de l’humanité à une erreur qui nous habite profondément : au lieu de miser sur le don, fait et reçu, nous misons sur une construction, par nous-mêmes et pour nous-mêmes : ce que nous savons, ce que nous pouvons, ce qui nous en revient. La situation actuelle du monde s’explique par là : le désespoir grandissant des uns, l’espoir fou des autres vers un post-humanisme tout-puissant réservé à une petite élite ayant les connaissances et l’argent. Tout le combat entre la Lumière et les Ténèbres dont parle le Prologue de saint Jean se situe là, il s’étale partout et, en profondeur, il tend à ronger tout. Demandons les uns pour les autres l’esprit de la Crèche qui est aussi celui des profondeurs de Dieu, et alors le monde sera sauvé.

Ces dernières semaines, j’ai entendu diverses personnes qui partaient en retraite, donc autour de la soixantaine : le receveur de la poste du canton, un médecin des hôpitaux et une infirmière, un ingénieur de haut niveau, responsable d’un laboratoire de recherches. Et tous disaient : « je suis content de partir maintenant, ca - Messe du Jour Noël révisé 2008 - 25 décembre 2019

Homélie du 25 décembre 2018 — Noël - Messe de minuit — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Messe de Minuit - NOEL 2018

Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Vous avez sûrement regardé la crèche réalisée par nos frères Thaddée et François d’Assise du monastère de Thien Hoa au Vietnam. Ceux-ci ont souhaité mettre en valeur par une belle calligraphie la phrase qui conclue l’évangile que nous venons d’entendre: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ».

Nous aimons chanter et reprendre cette acclamation qui résonne comme un cri de joie, presque de fierté. Peut-être ne mesurons-nous plus ce qu’elle peut avoir d’étrange et de paradoxal. En effet quand la tradition biblique évoque la Gloire du Seigneur, elle en parle d’une manière bien différente. La Gloire du Seigneur révèle tout son poids (c’est le sens du mot hébreu Kabod) à travers des manifestations de sa puissance, ou par l’éclat de sa sainteté… Ainsi la Gloire du Seigneur apparait dans le prodige de la Mer Rouge (Ex 14, 18), dans le feu dévorant sur le Sinaï (Ex 24, 15) ou encore dans Temple rempli de fumée dont les portes tremblent (Is 6,1ss). Autant de manifestations par lesquelles le croyant reconnaissait la grandeur et le poids de la Gloire de Dieu. Devant Lui dont l’éclat dépasse toute mesure humaine, l’homme sa créature se sent tout petit. Or, cette nuit, les anges chantent la gloire de Dieu à propos de la naissance d’un enfant, le Messie qui n’a pas trouvé d’autre refuge qu’une étable, ni d’autre lit qu’une mangeoire. Loin des grands prodiges, la Gloire du Dieu d’Israël apparait dans cet enfant, le Sauveur de son peuple, né au gré des aléas d’un recensement. S’esquisse ainsi le mystère de toute la vie de Jésus, le Messie attendu qui ne va cesser de surprendre. Il va révéler que Dieu trouve toute sa gloire non dans la puissance, mais dans la faiblesse. St Jean dans son évangile évoquera la croix comme le lieu où le Fils de l’homme est glorifié, et son Père avec lui. Soyons heureux cette nuit d’entrevoir ce mystère de la Gloire de Dieu non dans les fastes de la richesse, de la réussite ou de la puissance, mais dans la simplicité et la pauvreté d’un enfant. Demandons la grâce de rendre gloire vraiment à Dieu, en nous gardant des illusions du pouvoir, du savoir ou de l’avoir qui peuvent toujours nous fasciner... Il nous attend au secret de notre cœur d’enfant.

Car il en va de notre paix profonde. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime… » A travers cet enfant, son Messie et Serviteur, Dieu vient apporter la paix aux hommes, objet de son amour. La paix, promesse messianique par excellence. La paix tant attendue des hommes, et aujourd’hui encore. Mais ce Messie ne vient pas imposer la paix, comme peuvent le faire les puissants en écrasant leurs adversaires. Il est là, désarmé, pour nous apprendre à mettre bas toutes nos armes et nos défenses. Lui-même n’est-il pas mendiant de notre bienveillance en nous demandant un peu de paille pour assurer sa literie ? Et c’est sur la croix, qu’il fera la Paix en détruisant la haine qui sépare les hommes. Merveilleux don de la paix divine qui rend fort tout autant qu’il désarme. En cette nuit et en ce temps de Noël, prenons le temps dans la prière et la méditation d’accueillir ce don, reçu du Prince de la Paix de Bethléem. Laissons-nous envelopper comme les bergers par cette paix qui ne vient pas la terre. En l’accueillant comme un bonheur, nous la recevons aussi comme une tâche à accomplir. La paix du Christ nous entraine à changer nos rapports humains, des plus proches aux plus lointains. Sommes-nous prêts à vivre d’autres attitudes où la peur cède le pas à la confiance, où la patience devient une manière d’aimer, et où l’espérance dissipe le découragement ? A la fin de l’eucharistie, nous pourrons alors entendre peut-être de façon nouvelle l’invitation : « Allez dans la paix du Christ », comme une mission à porter ce don merveilleux qui nous a renouvelés. - messe de minuit - 25 décembre 2018

Homélie du 23 décembre 2018 — 4e dim. de l’Avent — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

Année C - 4° dimanche de l'Avent - 23 décembre 2018

Mi 5/1-4a, He 10/5-10, Lc 1/39-45

Homélie du F.Cyprien

Texte :

La 4e semaine de l’Avent est courte cette année : Noël, après-demain commence déjà demain soir … La naissance de Jésus est l’avènement d’un monde nouveau, est-ce que nous y croyons ? Est-ce que nous nous y sommes préparés…?

Monde nouveau commencé avec Jésus de Nazareth, monde nouveau en gestation, depuis que Jésus, mort et ressuscité, nous envoie son Esprit, qu‘il prépare sa venue et le Règne éternel de Dieu…

Bien avant la naissance de Jésus, le prophète Michée avait annonçé : un descendant de David serait lui-même la paix (…„Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime“), il gouvernerait définitivement Israël, mystérieux personnage dont les origines remontent à l’aube des siècles…

Marie, après sa réponse à l’ange Gabriel („Je suis la servante du Seigneur“), Marie se hâte chez sa cousine qui la félicite de sa foi : “Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur“.

C’est la Visitation, scène connue et tant de fois imaginée, peinte, autant que l‘Annonciation…

La scène baigne dans le bonheur. Cela commence

* par la hâte de Marie : Marie ne va certainement pas vérifier les paroles de l’ange à propos d’Elisabeth, elle est „celle qui a cru“.

** Bonheur d‘Elisabeth „Comment ai-je ce bonheur (…).

*** Bonheur de Jean qui tressaille déjà d’allégresse dans le ventre de sa mère et

**** bonheur de Marie déclarée „heureuse“.

C’est la joie du vrai bonheur, de la réussite de l’oeuvre de Dieu.

Mais l’oeuvre de Dieu, ne serait-ce pas que Dieu se déplace pour venir chez nous… comme Marie se déplace pour visiter sa cousine; Jean-Baptiste tressaille … et l’humanité avec lui tressaille à l’approche de son Dieu… Oui, le vrai bonheur de l’homme, c’est la venue de Dieu…

A la Visitation = l’Esprit Saint réunit deux femmes enceintes, = l’Esprit fait parler Elisabeth, = l’Esprit de la promesse, l’Esprit qui planait sur les eaux au commencement du monde…

„Heureuse celle qui a cru“… Voilà la pointe de toute la scène… celle qui a cru, à l’inverse d’Eve qui n’a pas cru… Marie, prise sous l’ombre de l’Esprit, Marie qui éveille l’Esprit en Elisabeth… elles accueillent Dieu qui vient à leur rencontre…

En fait c’est ce même Esprit qui nous introduit nous-mêmes dans la foi, qui nous fait comprendre ce que Dieu vient faire dans nos vies ; la visitation continue quand nous laissons Dieu agir, quand il nous fait marcher dans la voie des commandements, dans la loi de son amour…Comme avec Marie qui se met en route rapidement pour aller chez Zacharie et Elisabeth, comme avec Elisabeth remplie de bonheur par la venue de Marie, nous sommes appelés à vivre avec Dieu, car Jésus est „Dieu-avec-nous“.

Notre vie chrétienne est éclairée, illuminée et guidée par cette présence de l’Esprit du Dieu vivant … c’est dans cet Esprit que nous devons fêter Noël, dans la foi et …une joie qui vient d’En-Haut, fêter Noël plutôt mieux qu’avec les bons repas et des cadeaux …!

Faire mieux que les autres ?? rester dignes dans les festivités ?? il s’agit de mettre Dieu à sa place, c’est-à-dire „avec-nous“ car le Fils de Dieu est venu pour s’offrir, pour s’offrir à nous, pour donner, il est des nôtres et il nous montre le chemin.

A la Visitation et à la naissance de Jésus, c‘est tout le mystère de la foi présent, Marie, Elisabeth et Jean B. autour de Jésus : aujourd’hui, deux jours avant Noël, nous demanderons au Seigneur de grandir encore dans la foi, cette foi qui nous emporte vers l’avènement, adventus, la venue de Celui qui est notre joie et notre vie.

Viens, enfant de Nazareth, viens, prophète de Galilée, viens, le crucifié du calvaire, viens, le ressuscité du matin de Pâques, viens Seigneur Jésus qui siège à la droite de Dieu et qui nous donnes ton Esprit en abondance… Amen, viens Seigneur Jésus! - 23 décembre 2018

***

Homélie du 16 décembre 2018 — 3e dim. de l’Avent — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 3e DIMANCHE DE L’AVENT – 16 décembre 2018

So 3 14-18; Phip 4 4-7; Luc 3 10-18

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Pousse des cris de joie,

Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie.

Le Seigneur ton Dieu est en toi,

c’est lui qui apporte le salut.

Il aura en toi sa joie et son allégresse,

il te renouvellera par son amour. »

Frères et sœurs, le mal, le malheur, la folie meurtrière, et pour nous croyants, le péché,

sont à l’œuvre chaque jour dans notre monde, dans l’histoire de l’humanité,

dans notre propre histoire.

Décennie noire des années 90 en Algérie, guerre de 14-18 appelée la « grande »,

attentats terroristes, exploitation de l’homme par l’homme,

richesse des uns s’alimentant à la misère des autres,

comportements destructeurs de membres de l’Eglise…

Comment ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas désespérer peut-être ?

Et si nous sommes indifférents, insensibles,

si nous gardons notre distance face au malheur des proches et des plus lointains,

nous aggravons la défiguration de l’humanité.

Or voici qu’aujourd’hui, la liturgie nous dit :

« Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie. »

Est-ce audible ? Est-ce sensé ?

Paul écrivait aux Corinthiens :

« Nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens ».

Oui, le mal et le péché sont à l’œuvre dans le monde et dans nos vies,

mais Dieu est venu dans le monde, il vient dans nos vies, il vient en ce dimanche

pour nous arracher au mal.

Il est venu en messie crucifié.

Lui qui n’a aucune part avec le péché, a pris sur lui le péché et le malheur.

Il a connu et porté l’horreur du péché et du malheur.

Lui, le Juste, a pris sur lui l’injustice.

Il a pris la place du péché, la place de l’homme détruit par le mal.

Messie crucifié.

Par sa présence en notre humanité,

« il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il a écarté nos ennemis. »

Sa vie a traversé la mort, sa sainteté a pénétré le péché :

la mort et le péché sont réduits par lui à l’impuissance.

« Nous n’avons plus à craindre le malheur. »

« Réjouis-toi de tout ton cœur.

Le Seigneur ton Dieu est en toi. »

Si Dieu est en nous, le mal en nous n’a pas le dernier mot.

L’amour est plus fort que la haine, la lumière plus forte que les ténèbres.

C’est pourquoi le temps de l’Avent, dans notre histoire humaine telle qu’elle est,

est le temps de la joie, le temps du désir, le temps de l’attente,

dans la confiance en une parole, une promesse.

Cette promesse n’est pas illusion, encore moins tromperie,

elle est déjà pour une part réalisée : en la personne de Jésus, l’homme est saint,

en parfaite communion avec Dieu et avec la création entière.

En Jésus, l’homme a accédé à la plénitude de la vie et de la joie.

Jésus, Dieu-homme, est notre avenir, l’avenir de l’humanité.

Aujourd’hui, nous sommes en chemin,

« Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté »,

et cependant, « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » écrit st Jean ;

nous sommes enfants de Dieu parce que « la vie qui était auprès du Père s’est manifestée », « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». « Il est en nous ».

Nous allons fêter Noël, sa venue dans la chair,

nous la célébrons aussi chaque jour :

Dieu s’est fait chair, la chair est habitée par Dieu, vivifiée par son Esprit.

« Le règne de l’iniquité » prospère dans le monde

mais le règne de Dieu est plus fort que le règne de l’iniquité.

Dans le Notre Père, après avoir demandé « délivre-nous du mal », nous disons :

« car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire ».

Nous professons là notre foi et notre espérance.

Le règne n’appartient pas aux puissances mortifères de domination et de mensonge,

mais à Dieu Serviteur qui a pris chair pour prendre soin de nous.

Dieu s’est fait chair, il a pris nom et visage : Jésus de Nazareth.

Jésus est plus fort que le mal,

parce qu’il l’assume et ne le renvoie à personne.

« Il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il nous renouvelle par son amour. »

Il nous fait sortir de nous-mêmes, de l’isolement de nos égoïsmes,

pour grandir en communion.

Il nous pousse à l’agir concret de nos vies quotidiennes :

le partage du vêtement, de la nourriture, le soin des autres, une sobriété heureuse.

Dans les drames de ce monde, ceux qui prennent soin des autres,

tels les martyrs d’Algérie qui viennent d’être béatifiés,

sont lumière sur nos chemins, ils tracent la route dans le désert.

Les propos récents de Mgr Aupetit à propos des gilets jaunes,

sont dans la droite ligne des réponses de Jean-Baptiste :

« Notre pays souffre d’une incompréhension généralisée.

L’individualisme devient la valeur absolue au détriment du bien commun

qui se construit sur l’attention aux autres et en particulier aux plus faibles.

Il nous faut reconstruire une société fraternelle.

Or, pour être frères, il faut une paternité commune. (…)

L’oubli de Dieu nous laisse déboussolés

et enfermés dans l’individualisme et le chacun pour soi. »

Que le don de nos vies soit la source de notre joie ! - 16 décembre 2018

Homélie du 09 décembre 2018 — 2e dim. de l’Avent — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C - 2e dimanche AVENT - (09/12/2018)

(Ba 5, 1-9 – Ps 125 – Ph 1, 4-6.8-11 – Lc 3, 1-6)

Homélie du F.Jean -Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Nous voici au second dimanche de l’Avent. Temps que nous considérons couramment comme une préparation à la fête de Noël, et ce n’est pas faux. Mais c’est aussi le temps de la célébration et de l’attente, dans la veille, de la venue du Christ en gloire, venue qui couronnera tous les actes de Salut de Dieu dans l’histoire des hommes et de l’univers.

De Salut, il en est question d’une façon ou d’une autre dans les différentes lectures de ce jour.

La première lecture, venant du livre du prophète Baruc, chante l’espérance du peuple de Dieu, l’espérance de Jérusalem. Dieu se souvient. Il intervient en faveur de son peuple. Celui-ci peut quitter sa robe de tristesse et de misère pour revêtir la parure de gloire de Dieu, et pour toujours. Les enfants de Jérusalem étaient partis en exil à pied, emmenés par leurs ennemis. C’est Dieu lui-même qui les ramène, portés en triomphe. Et tout ce qui pouvait être obstacle au retour - montagnes, collines, vallées - est aplani pour qu’Israël chemine en sécurité. Sur l’ordre de Dieu, la nature elle-même, vient en aide à Israël par l’ombrage des forêts et des arbres si précieux en pays chaud.

Pas de commune mesure entre la détresse du peuple, pourtant intense, et les bienfaits provoqués par l’intervention de Dieu, intervention décisive et définitive. Par sa miséricorde et sa justice, Dieu conduit son peuple à la lumière de sa propre Gloire, rien que ça ! Et tout cela dans une joie profonde. Car la justice de Dieu n’est pas d’abord une justice de condamnation mais une justice de miséricorde et de Salut.

Le psaume 125 se fait l’écho de cette expérience d’Israël d’avoir été exilé et ramené par Dieu à Sion, c’est-à-dire à Jérusalem. Cela provoque l’admiration des nations païennes. Et là aussi, l’intervention du Seigneur provoque une joie débordante. « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. » Voilà encore le Salut de Dieu.

La lettre de saint Paul aux habitants de Philippes, ville du Nord-Est de la Grèce actuelle, nous parle aussi de l’œuvre de Salut menée par Dieu en chacun des chrétiens de cette ville et, par-delà, en chacun de nous. Paul y montre sa confiance en cette action de Dieu qui continue et continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. Il s’agit de la venue en Gloire du Christ. Paul prie pour que tous progressent encore et toujours afin de devenir purs et irréprochables pour ce jour du Christ. Cette œuvre de Salut de Dieu dans le cœur des disciples du Christ se continue encore aujourd’hui. Mais le remarquons-nous vraiment ?

Quant à l’évangile de ce jour, il situe assez précisément et de façon solennelle, le début du ministère de Jean Baptiste. Les historiens le situent aux alentours de l’année 28 de notre ère. Ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel est que Jean Baptiste proclame le Salut de Dieu sous la forme d’un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Et l’évangéliste Luc, s’il ne reprend pas le texte de Baruc que les juifs ne reconnaissent pas comme prophète, cite le prophète Isaïe qui reprend des images semblables. Le chemin vers le Salut de Dieu sera aplani. Les ravins seront comblés et les montagnes et les collines abaissées. Rien ne s’opposera au Salut de Dieu et tout être vivant verra ce Salut.

La prière d’ouverture de cette eucharistie nous invitait à ne pas laisser le souci du quotidien nous entraver dans notre marche à la rencontre du Christ. Elle demandait aussi à Dieu d’éveiller l’intelligence du cœur qui nous permettra de l’accueillir et de nous faire entrer dans sa propre vie.

Frères et sœurs, les différents textes de ce dimanche nous disent bien ce qu’est le Salut de Dieu. Dieu a été sans cesse fidèle à son peuple, et il nous est fidèle. Son désir est de nous faire partager sa vie divine, nous faire entrer dans sa propre vie. En sommes-nous vraiment conscients ? Osons-nous en témoigner ?

Si nous prenons le temps de relire les moments importants de notre vie, nous pourrons, comme les prophètes d’Israël, découvrir son action passée et garder ainsi confiance dans l’avenir. Si Dieu est venu à notre aide, il nous viendra encore en aide.

Nous pouvons aussi avoir confiance dans le fait que le Christ vient aujourd’hui dans nos vies et qu’il nous prépare, en faisant grandir en nous l’amour, à l’accueillir lorsqu’il viendra de manière décisive dans la Gloire pour nous introduire pour toujours dans sa vie. Et, par-delà l’attente de la fête de Noël, c’est à cela que l’Avent nous exerce : veiller dans l’attente de cette venue du Christ. Dieu agit dès maintenant en aplanissant en nous les obstacles, les collines, les montagnes, les ravins. Sachons nous laisser travailler par Lui. C’est déjà cela le Salut. C’est cela la joie de l’Avent, c’est cela la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Nous pouvons parfois nous laisser décourager par les soucis de la vie, les souffrances de notre monde et Dieu sait s’il y en a. Mais la présence du Seigneur à nos côtés est bien plus que ces soucis, que ces peines. Si nous avons parfois l’impression, devant les drames que vit notre monde, que Dieu est absent, n’oublions jamais qu’il est venu partager en son Fils notre condition et nos souffrances, et elles n’ont pas été un détail dans sa vie.

Toutefois, nous avons à collaborer à ce Salut. Il ne suffit pas d’attendre. Veiller, c’est aussi agir pour que plus de bonté et de justice advienne dans ce monde. A nous de trouver comment aider nos proches, comment concourir à changer les mécanismes qui maintiennent beaucoup de nos contemporains dans la pauvreté ou la misère, comment respecter plus la création. En effet ce Salut concerne aussi toute la création convoquée par Dieu lui-même à y participer.

Le Salut de Dieu est à l’œuvre, chaque jour qui passe. Prenons-en davantage conscience en ce temps de l’Avent et consacrons-nous à le rendre présent dans notre monde. AMEN - 9 décembre 2018

Homélie du 02 décembre 2018 — 1er dim. de l’Avent — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C - 1° Dimanche de l'Avent - 2 Décembre 2018

Jr 33.14-16 Ps 24 1Th.3-12 à 4.2 Luc 21.25-28.34-36.

Homélie du F.Antoine

Texte :

Chers fr et Srs, Faut-il avoir peur, après avoir écouté cet Evangile où il nous est dit que les

nations seront affolées, les hommes mourront de peur, les puissances des cieux seront

ébranlées... Il est sûr que commencer une nouvelle année liturgique par une vision

apocalyptique de la fin des temps n'est pas évident sinon que toute histoire ne prend en

effet de sens, que par sa fin. Notre monde ancien va donc disparaître .. il fera place à un

monde nouveau, un monde voulu par Dieu.

Mais cette annonce de la fin de notre monde, symbolisée par des signes d'une grande

violence, cette annonce, est tempérée par la prière d'ouverture de notre eucharistie

« Donne à tes fidèles, Seigneur, d'aller avec courage sur les chemins de Justice, afin d'être

appelés, lors du Jugement, à entrer en possession du royaume des cieux.

De même dans la première lecture, le prophète Jérémie renforce notre espérance « Voici

venir des jours, oracle du Sgr où j'accomplirai la parole de bonheur que j'ai adressée à la

maison d'Israël. »

Entrer en possession du royaume des cieux.

Accueillir l'accomplissement de la Parole de bonheur de Dieu.

Telles sont également les prophéties concernant notre humanité ....

Mais, Frs et Sœurs .. Faut-il alors avoir peur, devant les réalités d'une chrétienté qui passe

par des moments difficiles, qui souffre d'une indifférence grandissante, traverse une grave

crise morale et diminue en nombre en Occident...

Faut-il céder au pessimisme alors que le dernier mot de l'histoire qui éclaire le présent

reste cette Parole du Christ de l'Evg d'aujourd'hui « redressez-vous ... relevez la tête ... votre

rédemption est proche ... veillez, priez en tout temps, vous aurez ainsi la force d'échapper à

tout ce qui doit arriver et vous tenir debout devant le fils de l'homme. »

C'est pourquoi ...

- Demandons au Seigneur la grâce de voir dans la réalité de nos vies quotidiennnes, le lieu

où, chaque jour, il nous invite à veiller, à prier, à aimer.

- Demandons-lui de découvrir à quel point, nos difficultés, nos échecs, qui sont inévitables,

peuvent devenir une invitation à passer à travers nos croix ... vers la résurrection et la vie.

- Demandons-Lui enfin, la grâce 'heureuse' de rester des êtres de désir qui savent où se

trouve l'unique source, la seule source, celle qui peut combler notre attente et nous tenir

debout, prêt à l'accueillir à chaque eucharistie. - 2 décembre 2018

Homélie du 25 novembre 2018 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 34ème dim. du T.O. Solennité du Christ-Roi, 25 nov.2018

Dan 7 13-14; Ap 1 5-8; Jean 18 33-37

Homélie du F.Bernard

Texte :

« Es-tu le roi des Juifs ? ». Question décisive posée à Jésus, au terme de son ministère, par Pilate. Question posée par celui qui a le pouvoir de vie et de mort sur tous les ressortissants de la Palestine. Question parallèle à celle que les autorités juives avaient posée juste avant au tribunal du Sanhédrin : « Es-tu le Messie, le Fils du Béni ? » (Mc 14,61).

Question plus politique peut-être de la part de Pilate, question plus religieuse venant du grand prêtre. Mais questions très semblables en fait, car le Messie annoncé par les Écritures, l’Oint du Seigneur, serait fils de David, héritier des promesses faites à l’ancêtre et à sa descendance. Quelles promesses ? « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi. Ton trône sera affermi à jamais » (2 Sm 7,16).

Promesses relayées ensuite par les prophéties. Nous venons d’entendre à l’instant celle du Livre de Daniel : « Voici venir sur les nuées du ciel comme un Fils d’homme. Il lui fut donné domination, gloire et royauté sur tous les peuples, toutes les nations. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas » (Dn 7, 13-14). Jésus, le Seigneur, n’est donc pas seulement roi des Juifs, comme avait dit Pilate, mais roi sur toute la terre, sur tous les peuples, toutes les nations.

« Es-tu le roi des Juifs ? ». A Pilate, Jésus avait répondu : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». Et Pilate en avait déduit : « Donc tu es roi ». Dès lors la parodie de procès avec ses suites pouvait s’engager. Jésus est livré aux soldats, flagellé, revêtu d’un manteau pourpre, comme pour un roi. Il est identifié à « l’homme de douleur et de mépris, devant qui on se voile la face, car il n’a plus figure humaine » (Is 52,4 et 53,3). C’est ainsi que Pilate le présente à la foule, autant peut-être par dérision que pour émouvoir la commisération de la populace. « Voici l’homme ». Mais rien n’y fait. La haine des grands prêtres envers l’Innocent s’est transmise à la foule. Elle veut maintenant la mort de Jésus, que peu auparavant, lors de l’entrée à Jérusalem, elle avait acclamé comme le Messie, fils de David. Alors Pilate, sans condamner vraiment Jésus, le livre aux autorités juives pour qu’il soit crucifié.

Mais sur la croix sera apposé l’écriteau décisif, rédigé dans les trois langues connues dans la Palestine d’alors, l’hébreu, le grec et le latin, afin que nul n’en n’ignore : « Jésus de Nazareth, roi des juifs ». Ce sont les initiales de ces mêmes mots en langue latine, INRI, qui sont reproduits habituellement sur nos croix.

Le centurion romain, à la mort de Jésus s’était écrié : « Vraiment cet homme était fils de Dieu » (Mc 15, 39). Il le faisait alors en son nom propre, devenant en quelque sorte le premier confesseur de la foi. Ici c’est le procurateur romain lui-même qui fait inscrire le libellé de l’écriteau. Et précise-t-il : « ce qui est écrit est écrit », et le restera toujours.

Tout est achevé maintenant. Tout est révélé à la croix. Du côté transpercé du crucifié ont jailli l’eau et le sang. Grâce à l‘eau et au sang des sacrements, à nous aussi il est donné de contempler maintenant l’Innocent crucifié, lui qui « de condition divine, a été abaissé jusqu’à la mort et la mort de la croix, puis élevé par Dieu au- dessus de toute créature, pour recevoir le Nom au -dessus de tout nom, le nom de Jésus-Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (cf. Ph 2, 8-11).

Au terme de l’année liturgique, l’Écriture nous a redit l’essentiel : le procès de Jésus, sa condamnation par les autorités religieuses de son peuple, sa crucifixion. Paul ne voulait pas transmettre autre chose à ceux à qui ils annonçait son Évangile quand il disait : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés au salut, tant Juifs que païens » (1 Cor 1, 23-24).

Prenons le temps de contempler la croix, nous rappelant les mots du prophète : « Ils contempleront celui qu’ils ont transpercé ». De la contempler comme le trône où siège à jamais le Christ Jésus, roi des Juifs et roi de l’univers. C’est de ce lieu qu’il attire à lui tous les hommes. « Oui vraiment. Amen. Je suis l’Alpha et l’Omega, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant » (Ap 1, 7-8). - 25 novembre 2018

Homélie du 18 novembre 2018 — 33e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 18/11/2018

(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Avec ce 33ème dimanche du TO, nous approchons du terme d’un cycle liturgique, et comme chaque année, l’Eglise nous donne à entendre et à méditer des passages de l’Ecriture Sainte sur la fin des Temps, sur l’eschatologie, comme on la désigne en théologie.

Ces textes ne sont pas toujours faciles à bien comprendre et à assimiler. Ils empruntent volontiers un langage codé ou crypté, le langage de l’apocalyptique qui se prête à bien des contresens ou des interprétations plus ou moins fantaisistes.

Dans un sens courant, le mot « apocalypse » évoque une catastrophe, une série de malheurs ou d’évènements extraordinaires provoquant la peur et l’angoisse. Cela certes n’est pas entièrement faux. Dans la 1ère lecture, le prophète Daniel annonce un « temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu auparavant parmi les nations ». Et Jésus, dans l’Evangile, parlant à ses disciples de sa venue leur prédit : « en ces jours-là, après une grande détresse, les puissances célestes seront ébranlées ».

Cependant, le sens le sens le plus profond du mot « apocalypse », n’est pas celui d’une catastrophe ou d’un malheur. Il nous est donné par son étymologie. En grec, le mot signifie « révélation », « dévoilement ». Oui, l’apocalypse signera bien la fin d’un monde , mais ce ne sera pas la fin du monde. La venue du Christ en Gloire, à la fin des Temps, sera le dévoilement d’un nouveau monde, qui fera disparaître les puissances et les dominations terrestres de ce monde-ci, lequel passera, avec ses dirigeants (rois, princes, empereurs dont les symboles sont le soleil, la lune et les astres qui perdront leurs éclats, faisant place à une toute autre lumière divine. Les destinataires de ces écrits apocalyptiques qui étaient des communautés connaissant la persécution et l’insécurité savaient déchiffrer ce langage crypté, et elles savaient faire jouer les correspondances.

Et pour ces croyants alors, le message apocalyptique était celui d’une immense espérance.

Fondé sur la victoire du Christ sur la mort, il était assuré par l’affirmation de Sa Résurrection et de son Ascension au Ciel, avec la promesse de son Retour en Gloire, en un jour qui ne saurait tarder.

Comment donc actualiser ce message central de la foi chrétienne, écrit dans ce langage qui nous est peu familier, avouons-le ? La seconde partie de l’évangile de Marc que nous avons entendu peut nous aider d’une certaine façon. Avec l’exemple que Jésus prend dans la nature, comme il le fait souvent dans les paraboles : exemple du figuier dont les branches tendres et les feuilles du printemps annoncent les fruits de l’été. Nous savons mieux interpréter les signes du temps de la météo et de la croissance des plantes et nous trouvons facilement un sens à cette attente dans le passage d’une saison à une autre.

Pour les disciples, ce passage peut et doit symboliser surtout celui d’un monde ancien, imparfait et marqué par la défaillance du péché et de la mort, vers un monde nouveau, un ciel et une terre nouvelle, où règneront la justice, la paix et l’amour.

Loin de nous décourager et de nous faire peur, ces textes d’aujourd’hui de la Parole de Dieu sont là pour vivifier notre espérance, fortifier notre foi au Christ Vivant, et nous appeler à une plus grande charité dans une mission de transformation de notre monde.

Le fondement de cette foi et de cette espérance nous est aussi rappelé dans la seconde lecture de l’épitre aux hébreux. C’est par le sacrifice unique du Christ offert par amour sur la Croix, en rémission de nos péchés, que nous avons accès à ce monde à venir et à la vie éternelle. Le Christ, désormais élevé au Ciel, à la droite de son Père attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Il attend, lui aussi comme nous, et cela peut nous surprendre, Il attend le moment de la résurrection finale et du Jugement Dernier. Il n’en connaît pas le jour, ni l’heure, et pas davantage les anges qui l’entourent et qui accompagneront sa Venue, lorsque le Père le décidera.

En fin de compte, frères et sœurs, il ne nous est rien demandé d’autre que de croire et d’attendre. Ce sont là le premier et le dernier verbe de la confession de foi que nous allons proclamer dans un instant. Je crois (credo) en un Dieu, créateur des mondes visible et invisible, je crois (credo) en la Toute Puissance de Son Amour, révélé en son Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur et Notre Sauveur. Et en même temps que je crois, j’attends (expecto) la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Puissions-nous achever ces jours de l’année liturgique, en ces Temps qui sont les derniers, dans cette confiance et cette expectative.

18 novembre 2018

Amen.

Homélie du 11 novembre 2018 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 32ème Dimanche du temps ordinaire - 11 novembre 2018

1ere lecture : 1 Rois, 17,10-16

2eme lecture : Lettre aux Hébreux 9,24-28

Evangile selon saint Marc 12,38-44

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Au début de notre Evangile, Marc nous dit que Jésus parle "dans son enseignement", les deux parties sont donc là pour nous instruire.

Jésus, d'abord, avertit ses disciples d'éviter les attitudes ostentatoires de certains "scribes", docteurs de la Loi, "qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners". Autrement dit, la religion leur sert à se mettre en avant, elle n'a rien d'une relation gratuite et confiante avec Dieu. Ils vont plus loin, jusqu'à l'hypocrisie, dissimulant des actions mauvaises : "Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières". La religion, la Loi dont ils sont chargés, est complétement dévoyée. La suffisance et la richesse semblent avoir fermer leurs cœurs.

Mais oserons-nous nous reconnaître dans ces scribes qui ne donnaient que ce qui ne menaçait pas leurs économies et, donc, leur bien-être ? Principe de précaution ? Comme pour l’homme riche de l’évangile (Mc 10, 27-37), l’argent sert parfois à se protéger des autres, à se garantir de l’inconnu et du danger du futur, à s’assurer contre la peur du lendemain, sans plus compter sur Dieu.

Et justement, dans la seconde partie, Jésus nous invite à réfléchir sur le "superflu" et sur "l’indigence" : "beaucoup de riches mettaient de grosses sommes" dans le tronc du Temple, ils prennent "sur leur superflu", souligne Jésus. Ils ne donnent rien d'eux-mêmes en réalité, à l’inverse de la pauvre veuve aux "deux petites pièces de monnaie", qui "a pris sur son indigence et mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre".

Peut-être est-ce pour cette raison qu'à Sarepta, en un temps de famine, Elie avait demandé l'hospitalité, non à quelqu'un de riche, mais à une pauvre veuve à bout de ressources, proche de mourir avec son fils, mais, en dépit de tout, comme les vrais pauvres, toujours capable de donner ? Ce don total lui vaudra de tout recevoir de la générosité de Dieu : et d’abord la vie. Notons bien que Sarepta est en territoire païen, que cette femme n'est pas une Israélite, même si, semble-t-il, elle croit au Seigneur, Dieu d'Israël : "Je le jure par la vie du Seigneur TON Dieu..." Elle n'obéit pas à la Loi, mais à son cœur, à son humanité. A travers elle, s'annonce le salut pour tous les peuples.

Quel rapport entre cette "veuve de Sarepta" qui donne de ses dernières ressources pour nourrir Elie et la "veuve" du Temple de Jérusalem dont Jésus fait l'éloge, mais dont nous ne saurons rien de plus ?

Peut-être deux choses, qui attirent justement ces éloges de Jésus : la générosité et la confiance. Car l'une et l'autre donnent tout ce qu'elles ont pour vivre. L'une se fie à la prière d'Elie, l'autre à la Loi et à l'amour de Dieu. Toutes les deux en fait donnent leur vie parce qu’elles font confiance à l’Autre.

La différence pourrait être que la veuve de Sarepta va recevoir une récompense immédiate, et durable : "Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie." Celle du Temple ne voit pas de récompense, et n'en attend certes pas ; mais se peut-il que Jésus, infiniment plus grand qu'Elie, ne lui accorde pas le "centuple" ?

C’est que pour Jésus, le vrai culte, ce ne sont pas les "longues prières", mais le don, sous toutes ses formes. Car c’est dans le don que la relation à l’autre existe, et, à travers elle, la relation à Dieu. Le lieu de Dieu, ce n’est pas le Temple, mais le prochain.

La pauvre veuve, comme son ancêtre de Sarepta, n’avait plus rien à perdre puisqu’elle avait tout donné. Mais, elles deux, étaient riches de leur humanité. Elles n’avaient plus rien à défendre ; débarrassées du souci d’elles-mêmes, plus rien ne les séparaient des autres ; elles étaient proches de tous. Elle n’avait plus que leurs mains vides pour recevoir le don de leur Seigneur !

Et moi ? Serais-je capable de faire un jour, aujourd’hui ou demain, dans la vie de tous les jours, complètement confiance à Dieu, mon Seigneur ?

Serais-je capable, un jour, de donner jusqu'au bout, même de mon "nécessaire", même de mon "indigence" ? Tour simplement ma vie ! Et il y a mille manières de le faire au long des jours !

Sous forme d’avertissement, aujourd’hui, Jésus nous appelle à être ses disciples dans notre monde. Et l’accueil de l’autre, et le partage des richesses sont certainement parmi les principaux défis de notre vivre ensemble demain. - 11 novembre 2018

Homélie du 04 novembre 2018 — 31e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 31e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (04/11/2018)

(Dt 6, 2-6 – Ps 17 – Hb 7, 23-28 – Mc 12, 28b–34)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

dans les lectures que nous offre l’Eglise ce dimanche résonne cet écho entre la première lecture et l’évangile : « Ecoute Israël … tu aimeras ».

Nous l’avons entendu dans la lecture du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible qui constitue la Loi juive par excellence. Nous l’avons entendu aussi de la bouche-même du Christ en réponse à la question d’un scribe, spécialiste de la Loi.

Remarquons d’ailleurs qu’à la question du scribe sur le premier de tous les commandements, le Christ ne répond pas directement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu etc… »

Mais le Christ, lui, commence par « Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » Puis vient « tu aimeras ». Ainsi le Christ insiste sur cette écoute qui fait partie du commandement. Les moines bénédictins se retrouvent assez bien dans cette façon de faire, eux dont la Règle commence par « Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître. » Et le Christ rappelle que le Seigneur, le Dieu d’Israël, est bien l’unique Seigneur. Et ce n’est qu’ensuite que vient le commandement d’aimer le Seigneur Dieu.

Il me semble que ce commandement de l’écoute est important, pour ne pas dire capital car je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il nous faut aimer Dieu mais il devient peut-être plus difficile de préciser comment aimer notre Dieu.

La première lecture montre que l’écoute et la mise en pratique ne font qu’un (« tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique »).

Mais le Christ associe au passage du Deutéronome un autre passage sous la forme d’un second commandement, passage tiré du livre du Lévitique, le troisième livre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est assez amusant, le scribe demande quel est le premier de tous les commandements, et le Christ lui donne deux commandements. Il me semble que c’est pour lui dire, pour nous dire, que les deux commandements vont ensemble, qu’on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain et qu’on ne peut opposer l’amour de Dieu et celui du prochain.

Mais qu’est-ce qu’aimer mon prochain comme moi-même ?

Les Juifs du temps Christ et les Juifs pratiquants d’aujourd’hui, connaissent très bien la Bible et lorsqu’ils citent un verset, ils ont en tête son contexte, c’est-à-dire ce qui précède et ce qui suit. Quand on regarde ce qui précède cette phrase du Lévitique, on constate qu’il y a toute une série de prescriptions bien concrètes dans la vie de tous les jours. J’en cite quelques-unes :

Laisser au pauvre et à l’émigré une partie des moissons, des vendanges, de la cueillette des fruits.

« Vous ne volerez pas. Vous ne mentirez pas, vous ne tromperez aucun de vos compatriotes. »

« Tu n’exploiteras pas ton prochain,… tu ne retiendras pas jusqu’au lendemain la paye du salarié … »

« Tu jugeras ton compatriote avec justice. Tu ne répandras pas de calomnies contre quelqu’un de ton peuple, tu ne réclameras pas la mort de ton prochain. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. » Et puis vient tout de suite : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Vous le voyez, aimer son prochain comme soi-même, pour l’auteur du passage que cite le Christ, n’a rien de la relation sentimentale romantique mais elle est très concrète dans l’agir à mettre en œuvre.

Si je relie ce passage avec la parabole du jugement dernier chez saint Matthieu au chapitre 25, c’est tout aussi concret et on peut dire que le Christ y énonce une série de commandements qui explicite la Loi juive : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » Nous y retrouvons également la même logique que dans l’évangile d’aujourd’hui : tout ce qui a été fait de bien au prochain, affamé, assoiffé, étranger, pauvre, malade, prisonnier, ceux dont nous pourrions avoir tendance à nous détourner, a été fait au Christ et donc à Dieu. Aimer Dieu et aimer son prochain sont le même commandement pour le Christ.

Ecoute Israël, écoutons ce que le Christ, reprenant les passages fondamentaux de la Loi juive, nous dit.

Le passage de l’épître aux Hébreux que nous avons entendu tout à l’heure nous rappelle l’action du Christ grand prêtre, Christ qui intercède pour nous et qui nous sauve.

Ce Christ, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous a donné les moyens concrets d’aimer notre prochain. Prochain que nous ne considérons d’ailleurs pas nécessairement comme très proche. Mais c’est là que se joue notre vocation de chrétiens, de disciples du Christ, là où nous sommes. Sans chercher à faire des choses extraordinaires mais en étant ouvert à ce que la vie nous offre, écoutons et mettons en pratique. C’est entrer dans la dynamique du Salut voulu pour nous par le Christ, par Dieu.

Je terminerai par deux phrases de Madeleine Delbrêl dont la cause de béatification est en cours et que nous avons entendues hier soir :

« C’est dans la prière, et dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun », par une foi sans cesse plus aiguë et plus clairvoyante. » et

« Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. »

Demandons à l’Esprit Saint de nous garder ouverts et attentifs aux appels du Christ. -

AMEN - 4 novembre 2018