vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 01 septembre 2019 — 22e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - 22° dim du Temps ordinaire - 1 septembre 2019

Ecclésiastique, 3, 17-18. 20. 28-29 Hébreux 12, 18-19. 22-24a Luc, 14, 1. 7-14

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Aujourd’hui, dimanche 1er septembre, nous finissons les vacances et nous commençons une nouvelle année laborieuse. Si nous sommes allés à la messe tous les dimanches de ce mois d’aout, qu’avons-nous entendu ? le 4 août, 18e dimanche, la parabole de l’homme qui s’est enrichi et pense sa vie en fonction de ses ressources nous a rappelé l’imminence possible de la mort et nous a donc invités à nous poser la question : quelles sont les valeurs qui ne passent pas, sur lesquelles construire ma vie ? Le dimanche d’après, la même chose nous a été redite, d’une manière en quelque sorte excessive, puisqu’il était question de vendre ce qu’on a et de le donner aux pauvres. Nous ne l’avons sûrement pas fait, nous n’avons pas programmé de le faire en rentrant des vacances, mais nous avons été invités à voir quelle traduction concrète dans nos vies nous pouvons donner à cette invitation à tout vendre. Le même évangile nous encourageait dans ce sens en nous demandant la vigilance : Le Seigneur va revenir, comment nous trouvera-t-il ? L’accent est mis sur le souci des autres qu’il faut servir et non sur les biens dont on pourrait abuser. Le 18 août, le thème a changé, mais la prédiction qu’il contenait était plutôt pénible : si nous décidons de vivre selon l’Evangile, dit Jésus, cela va nous isoler des autres, même dans la famille et peut-être provoquer des conflits. Dimanche dernier, Jésus nous invitait à entrer par la porte étroite, en soulignant que l’appartenance au peuple élu, - nous dirions aujourd’hui, à l’Eglise catholique,- ne nous garantit rien : la voie de l’Evangile est resserrée et ceux qui ne la prennent pas seront ignorés de Dieu. Enfin tout à l’heure nous venons d’entendre la prescription d’un côté d’avoir une attitude et des choix modestes, de l’autre de partager non avec les riches, mais avec les pauvres.

Résumons : les évangiles de ce mois d’août nous demandent une très grande sobriété et une vigilance exigeante en ce qui concernent nos avoirs ; ils requièrent un souci des autres, qui nous éloigne de la société de consommation et nous pousse au partage. Ils nous avertissent que le sérieux d’une vie chrétienne va nous mettre en porte à faux, même éventuellement avec nos plus proches. Au total, la voie est étroite. Ils nous donnent enfin le critère que nous y sommes un peu entrés : préférer l’humilité et accueillir les pauvres. On a envie de dire : « N’en jetez plus, ça va comme ça ! - Si c’est ça l’Evangile, alors très peu pour moi, je ne suis pas à la hauteur ! ».

Permettez-moi de tirer de cette présentation une invitation très concrète. Dans l’année qui recommence demain, allez à la messe tous les dimanches ; si vous ne pouvez pas parce qu’il n’y a pas de messe dans le secteur, ouvrez la télévision ; si vous n’avez pas la télévision, prenez un de ces petits missels mensuels, comme Prions en Eglise ou Magnificat et donnez-vous le temps de lire les textes, de les prier, de vérifier leur impact dans votre vie. Et dans tous les cas, que ce soit la paroisse, la télévision, la méditation, unissez-vous à Jésus qui a mis en pratique son Evangile au point d’en mourir, ce que justement nous confessons et célébrons dans l’Eucharistie ; unissez-vous, par la présence et par le cœur à tous nos frères chrétiens. – C’est vrai que le résumé des évangiles de ces cinq derniers dimanches peut faire peur, mais si on les prend un par un selon un rythme hebdomadaire, ils font leur effet pour aujourd’hui et la semaine qui vient. Et semaine après semaine, ils creusent en nous cette voie étroite, mais dont on finit par s’apercevoir qu’elle est belle… En somme, il en est de la participation à l’Eucharistie comme de toute chose en ce monde : ce qu’on fait une fois de temps à autre nous divertit ; ce qu’on fait régulièrement nous construit. Si nous prenons le rythme de la Parole de Dieu et du Sacrement pascal, alors, un jour ou l’autre, nous comprenons une phrase de Jésus prononcée dans l’un de ces évangiles que je viens de rappeler : « Ne craignez pas, petit troupeau, il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ». - 1+septembre 2019

Homélie du 25 août 2019 — 21e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C - 21e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (25/08/2019)

(Is 66, 18-21 – Ps 116 – He 12 , 5-7.11-13 – Lc 13, 22–30)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

« N’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvé ? »

Dans le contexte de l’Evangile où la pensée, peut-être dominante, pouvait être que seuls ceux et celles qui appartenaient au peuple élu seraient sauvés, la question est aisément concevable.

On peut penser que ce « quelqu’un » anonyme qui interroge le Christ n’était peut-être pas satisfait de cette conception assez étroite du Salut offert par Dieu ou bien s’attendait-il à ce que le Christ lui dise que seuls les membres du peuple élu seraient sauvés.

En tout cas, la réponse du Christ n’est pas du tout une réflexion abstraite et spéculative sur le nombre des sauvés. Le Christ renvoie son interlocuteur à l’agir concret. Il ne s’agit pas de débattre sur le nombre des élus, il faut s’efforcer d’entrer par la porte étroite et, pour entrer, il n’y a pas de passe-droit, pas de privilège.

Beaucoup pouvaient s’imaginer que la seule appartenance au peuple élu, au peuple juif, pouvait suffire au Salut. Le Christ, lui, vient rappeler que ce n’est pas suffisant. Bien plus, si l’on commet injustice sur injustice, il ne servira à rien, même d’avoir mangé avec le Christ, même de l’avoir entendu en chair et en os. Il n’y a pas de droit automatique au Salut sinon celui de la charité, de la justice envers les autres.

Frères et sœurs, il me semble qu’il serait, là encore comme en d’autres passages des Evangiles, dangereux de croire que cela ne concerne que les contemporains du Christ. En effet, nous aussi, au cours de nos eucharisties, nous entendons le Christ parler dans la liturgie de la Parole, nous aussi nous participons au repas eucharistique où, non seulement nous mangeons et buvons en présence du Christ mais nous mangeons et buvons le Corps et le Sang du Christ.

Peut-être nous posons-nous parfois la question de savoir s’il n’y aura que peu de gens à être sauvés. Saint Augustin, parlait de la « massa damnata », la masse des damnés. Peut-être avons-nous encore cette vision peu optimiste du Salut quelque part dans notre esprit ou dans notre cœur.

Le Christ nous enseigne que là n’est pas la question. La question est celle de la justice dans nos vies. Pas seulement avec nos proches, ce qui est déjà fort bien, mais aussi de la justice envers tous.

Quel est notre souci de plus de justice dans notre monde ? Nous le savons bien, le pape François ne cesse de clamer l’importance capitale de l’attention aux mécanismes rendant l’homme esclave d’une logique d’enrichissement d’une minorité.

Il n’y a pas de Salut automatique et ceux qui pensent se réclamer de leur justice pourraient se retrouver très surpris. C’est inquiétant pour ceux et celles qui ont bonne conscience.

En même temps, la première lecture nous ouvre un horizon d’un extrême optimisme. Horizon qu’avait peut-être perdu de vue certains contemporains du Christ.

En effet, les nations paiennes sont, elles aussi, invitées au Salut. Bien plus, si les juifs avaient été dispersés dans les nations, comble du drame humain et religieux pour eux, c’était pour faire connaître à tous les peuples la gloire de Dieu, faire venir toutes les nations au Temple de Jérusalem. Et même des prêtres et des lévites seraient choisis parmi les païens. Ce texte du prophète Isaïe ne pouvait pas être inconnu des interlocuteurs du Christ. Trop dérangeant, peut-être avait-il été mis de côté comme nous savons le faire également nous-mêmes avec l’Evangile…

Ainsi donc, le Salut est offert à tous. Mais il ne suffit pas de se voir offrir le Salut, même par Dieu. Il importe d’être en capacité de l’accueillir, d’y participer. Souvenons-nous de l’Evangile selon saint Matthieu au chapitre 25 : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde (le Roi s’adresse à toutes les nations rassemblées devant lui a précisé l’évangéliste) car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, j’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi», etc…

Pas de grandes vertus morales exigées sinon des actes concrets de miséricorde. Voilà la porte étroite que le Christ seul peut nous aider à passer car Il est La Porte.

Comme en toutes les époques, notre temps nous offre de quoi manifester là où nous sommes et avec les moyens qui nous sont donnés la venue du Royaume dans notre monde. Le bien et le mal sont mis devant nous. « Choisissons donc le Bien », comme le dit un passage du livre du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible.

Et trouvons les moyens concrets de l’accomplir. Ils ne manquent pas. Que l’Esprit Saint nous aide en cela. Alors, la question ne se posera plus pour nous de connaître le nombre des élus.

AMEN - 25 aout 2019

Homélie du 18 août 2019 — 20e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

Année C - 20ème Dimanche du temps ordinaire -18 août 2019

1ere lecture : Jérémie 38,4-6 et 8-10;

2eme lecture : Hébreux 12,1-4;

Evangile : Luc 12,49-53

Homéliedu F.Matthieu

Texte :

Le message de l’évangile de ce dimanche se présente de façon abrupte, qui ne peut que nous surprendre : mais laissons-nous interpeler :

« Je suis venu apporter un feu sur la terre,

et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

« Je dois recevoir un baptême,

et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ?

Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division.

Feu et division, voilà donc les mots-clés de notre évangile.

Le feu évoque à la fois la destruction et le danger, mais aussi la chaleur du sang et de l’amour. C’est bien le feu de l’Esprit d’amour que Jésus est venu allumer sur la terre et communiquer à ses disciples, mais, nous l’oublions trop souvent, cela a entraîné bien des hostilités et des divisions et finalement cela lui a coûté la vie ! Jésus parle de sa mort, comme d’un baptême, baptême du sang, pourrait-on dire. Et ses paroles nous rappellent le sens de notre baptême : nous avons été baptisés dans l’eau et confirmés dans le feu de l’Esprit Saint. Nous avons été d’abord plongés dans la mort du Christ pour vivre de sa vie.

Ne nous faut-il pas redécouvrir que le baptême n’est pas seulement une fête familiale de la naissance, mais qu’il a été et qu’il est le choix d’inscrire notre vie sous le signe du Christ mort et ressuscité, le choix de brûler du même feu que lui, d’accepter comme lui l’épreuve, le rejet et la division.

Saint Luc a écrit son évangile pour des chrétiens immergés dans une société païenne où n’existait pas la liberté religieuse. Choisir la foi et le baptême pouvaient conduire à des déchirures, familiales et sociales, et aussi à la persécution et au martyre.

Durant des siècles de chrétienté, tous étaient baptisés, tous étaient supposés croyants et vivaient dans un contexte de certitudes, d’évidences, d’assurance. Mais la vie chrétienne souvent réduite au culte et à des traditions stables pouvait être vécue en dehors ou à côté des combats du monde.

Mais aujourd’hui, Dieu merci, croire c’est prendre position dans une société largement sécularisée. L’incroyance, l’indifférence, et même l’hostilité anti-religieuse se sont faites omniprésentes. Tout cela a provoqué et provoque bien des divisions, bien des ruptures, et même parfois des persécutions.

Aujourd’hui ce que dit Jésus trouve un écho dans bien des situations. La foi chrétienne comporte le témoignage et l’engagement dans les débats qui concernent la paix, la santé, la dignité humaine, le partage des richesses et du travail et cela provoque bien des conflits, bien des divisions : Jésus nous parle de division en évoquant les relations familiales. Et c’est effectivement un domaine où elle apparaît de manière très forte aujourd’hui. Pas toujours heureusement pour conduire à des ruptures, mais en tout cas à des divergences en ce qui concerne la foi et la manière de la vivre. Parents ou grands-parents désemparés devant l’impossibilité de transmettre la foi à leurs enfants, ou choqués de les voir fonder ailleurs que sur l’Evangile leurs choix religieux. Familles déchirées par les échecs conjugaux, etc… Le Pape François nous invite sans cesse à regarder en face ces réalités objectives et tragiques de notre monde.

En fait, les deux autres textes de ce dimanche ont le même thème, celui de l’engagement au service des autres et du combat contre les forces du mal, qui peuvent prendre tous les visages, et poussent les hommes, même les plus proches, à s’opposer les uns aux autres.

Jérémie était en prison, à cause de la parole de Dieu qu'il avait transmise. Il est accusé d’avoir "démoralisé" les combattants de Juda, en leur demandant de se fier en Dieu plutôt qu’en la puissance des armes humaines. Et le voilà condamné à une mort horrible, enfoncé dans la boue d'une citerne sans eau, affamé… Et il ne devra son salut qu’à la compassion d’un païen qui saura rappeler le roi Ezéchias à son devoir de justice !

La seconde lecture évoque, elle, la croix : "Jésus a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice" ; mais elle va jusqu'à la glorification de Jésus ressuscité qui, "siège à la droite du trône de Dieu." Ainsi ce passage de l’épitre aux Hébreux nous montre clairement la victoire finale avec le Christ.

"Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée,"… "Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché."

Au nom de notre foi au Christ, Il faut tenir fermes dans le combat et ne pas s’étonner de s’y trouver mêlés au cœur de notre monde travaillé par le péché : c’est la conséquence et la logique de notre foi à la suite du Christ.

Homélie du 15 août 2019 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C -ASSOMPTION 2019

Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56

Homélie du P.Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

En France, mais aussi dans de nombreux pays de tradition catholique, nous aimons en jour honorer la Vierge Marie, avec plus de solennité que d’habitude. La liturgie de la messe, mais aussi la liturgie des heures nous entrainent par les textes et les chants dans la contemplation de ce que Dieu a fait pour Marie, en l’élevant auprès de Lui avec son âme et son corps. Nous nous émerveillons devant la beauté de cette femme toute entière prise dans la lumière glorieuse de Dieu. « Femme revêtue du soleil, couronnée d’étoiles… » Certains diront que ce faste est exagéré et qu’il risque de faire de l’ombre à la gloire qui revient au Christ. Si toutes les expressions de foi mariale ne sont pas nécessairement ajustées, la tradition catholique, mais aussi orthodoxe, ne craint pas de donner à la Vierge Marie cette première place parmi les humains. Elle se nourrit d’une intime conviction qu’en honorant ainsi Marie, elle ne fait que manifester un juste accomplissement des choses, selon le plan de Dieu. Et cela de deux façons, d’une part Marie donne à voir de façon éclatante combien notre Dieu ne se plait qu’avec les petits, et d’autre part Marie préfigure pour notre humanité, la gloire à laquelle tout être humain est promis.

Dieu se plait avec les petits. En chantant son magnificat, Marie emboite le pas de tous ces petits que Dieu préfère. A la suite d’Anne la mère de Samuel mais aussi du prophète Isaïe, elle exulte dans le Seigneur, pour exalter sa bonté et sa bienveillance. Et elle ne s’attribue rien à elle-même, mais elle retourne tout à Dieu dont elle se sait toute entière redevable. « Il s’est penché sur son humble servante ». Aujourd’hui, si nous pouvons sans crainte chanter Marie sous les vocables de « fille de roi », de « diadème royal », de « bienheureuse », c’est parce que nous avons l’assurance qu’en elle l’humilité a été totale transparence. Elle n’a rien retenu pour elle, mais a tout retourné à Dieu. Toute sa vie cachée depuis Nazareth jusqu’à la croix témoigne de cet enfouissement au service de son Fils et de sa mission. Son humilité a été d’être là à la place qui était la sienne, à l’écoute, au service. Lorsque nous fêtons Marie dans sa beauté lumineuse, nous ne pouvons qu’entrer nous aussi dans le cortège de tous les pauvres du Seigneur. Alors que nous la chantons, Marie nous prend la main sur le chemin de nos fidélités. Elle se fait compagne, mère, sœur, amie qui apporte le réconfort, qui donne de l’assurance dans la foi, qui nous console dans nos errances. Elle, qui fut humble, pauvre devant Dieu, nous apprend la juste attitude devant notre Père du ciel, dans le service du Christ son Fils. De même qu’elle n’a pas retenu pour elle les louanges humaines lors de sa vie terrestre, les retournant toutes vers Dieu, de même maintenant dans sa gloire, elle ne retient rien des grâces et des lumières divines pour nous les transmettre… En Marie, l’humble servante, l’humilité se fait canal de grâce.

Marie, « la première en chemin » aime-t-on chanter. Dans sa gloire qui n’éblouit pas, Marie préfigure notre propre participation à la vie divine, celle des enfants de Dieu rassemblés dans la vie et la lumière du Christ ressuscité. Avec Jésus ressuscité, l’humanité a pris place dans la gloire divine. Nous croyons que Marie, la première parmi « ceux qui appartiennent au Christ », pour reprendre les mots de Paul, prend déjà part pleinement en son âme et son corps à la vie glorieuse du Christ ressuscité. La première en chemin, elle est « l’aurore de l’Eglise triomphante » comme nous le chanterons dans la préface. Regarder Marie, la célébrer avec joie et beauté, nous aide à élever notre regard, notre cœur, pour demeurer « attentifs aux choses d’en haut ». Marie attire notre regard, non sur elle-même, mais elle l’orienter vers la vraie réalité à venir, celle que nous pressentons confusément au plus profond de nous-mêmes. Dans la foi, cette clarté obscure, nous apprenons à reconnaitre dès ici-bas, la vie éternelle, ce qui dans nos vies ne passera pas. Sans savoir de quoi la vie dans l’au-delà sera faite, nous mesurons dès ici-bas ce qui a du poids : l’amour, la vérité, la beauté. Et nous croyons que la vie éternelle sera vie en plénitude, bonheur dans l’amour échangé, lumière et beauté qui grandiront à la mesure de la lumière et de la beauté divine… Première en chemin, Marie déjà dans la lumière, reste proche de ses frères et sœurs en humanité…comme en témoignent les diverses apparitions, discrètes trouées de lumières qui stimulent notre foi.

En nous confiant à son intercession, nous entrons à sa suite, dans le grand mouvement d’amour accompli par le Christ en sa mort et sa résurrection. Avec Lui, nous offrons toute notre vie, par Lui, nous recevons la vraie Vie.

Homélie du 11 août 2019 — 19e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C - 19ème Dimanche Ordinaire - 11 Août 2019

Sg 18,6-9. Ps 32. He 11.1-2,8-19 Luc 12.32-48

Homélie du F.Antoine

Texte :

Attendre ... Veiller ... Se tenir prêt...Ce sont les maîtres mots de l'Evg d'aujourd'hui.

Ils qualifient ce que nous, désireux de suivre le Christ, avons à être et à devenir ... à savoir,

des serviteurs qui demeurent dans une attenteet veillent.. prêt à servir.

Toute attenteest motivée .. par un désir .. par une tension vers un évènement plus ou

moins proche. Toute attente demande patience, force et persévérance.

Mais dans notre monde, elle est une attitude dévalorisée : ... tout doit vite arriver ... tout doit

être obtenu avec le moindre délai possible Même les moines qui vivent sous la règle de

St benoît peuvent connaître ... l'impatience alors que l'attente évanqélique est justement

patience .. maîtrise de soi .. dépossession d'un temps qui nous si cher ... ce temps qui

m'appartient, ce temps qui est à moi, ce temps que je garde jalousement... mais qui doit

aussi appartenir à Dieu.

Complétant l'attente, la notion de Veille y ajoute une dynamique: celle d'une

orientation volontaire vers ce qui conditionne le déroulement de notre vie .. vers ce qui

peut advenir... Les premiers chrétiens attendaient et veillaient au retour du Christ car ils

le croyaient imminent.

La veille chrétienne d'aujourd'hui est orientée vers l'attention à ce que le Christ nous

demande, à ce qu'il sollicite de nous qui avons été baptisés dans le Père et le Fils et l'Esprit

et dans une dynamique du Don de soi.

Veiller c'est rester réactif à l'enseignement du Christ, entendu tout au long de

l'année, c'est rester prêt, jour après jour, à affronter les évènements qui surgissent dans

notre vie et doivent entrainer une réponse .. nourrie par la Foi,

Car c'est la Foi qui nous permet de devenir .. lentement.. ces serviteurs qui restent en

tenue de service. C'est la Foi qui fait ces veilleurs dont la deuxième lecture nous donne de

magnifiques exemples ... Abraham .. Sarah ... tous ont affirmé que sur la terre ils étaient des

étrangers, des voyageurs ... et c'est appuyés sur une Foi inébranlable en la fidélité de Dieu,

c'est confiants en ses promesses, qu'ils ont vécu ... la réalisation de leurs attentes.

A leur suite, nous sommes appelés à rester en tenue de service, ceinture autour des

reins et lampes allumées, nous dit l'évangile, avec une promesse, et pas la moindre celle la,

la promesse d'être heureux ... ,Qu'on soit dans la pleine nuit ou à trois heures du matin,

c'est-à-dire ... plongés dans l'épreuve où nous ne savons plus où on en est, où nous ne

savons plus ce qu'il faut faire où ne pas faire ... heureux serons nous quand à l'heure où nous

n'y penserons pas, le maître arrivera et nous trouvera .. debout dans la Foi- et- la confiance,

... debout dans la veille- et- dans l'attente.

C'est à trois reprises dans l'Evg d'aujourd'hui que résonne l'enjeu du bonheur

Un bonheur qui est la condition de nos réponses au Seigneur.

Un bonheur qui nous est promis ... nous sera donné ... il nous est même évoqué sous la forme

du Maître qui, ceinture au reins, nous invitera à prendre place ... à sa propre table et c'est en

personne qu'il passera pour nous servir. Oui, heureux sommes-nous, frères et sœurs,

heureux d'être ... tous ... invités à sa table. - 11 aout 2019

Homélie du 06 août 2019 — Transfiguration du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

TRANSFIGURATION - 06 août 2019

(Dn 7, 9-10, 13-14 ; 2P 1,16-19 ; Lc 9, 28b-36)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A travers le récit que nous venons d’entendre, suivons Pierre, Jean et Jacques sur la montagne. Les trois disciples accompagnent Jésus qui va prier. Ce n’est pas la première fois qu’ils se trouvent aux côtés de Jésus qui prie (Lc 9, 18). Mais ils semblent encore rester un peu extérieurs. Le sommeil les accable. Seulement un peu plus tard, ils oseront demander à Jésus, « apprends-nous à prier » (Lc 11, 1). Tirés de leur sommeil, ils se réveillent. Ils voient la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Quelque chose se passe : un instant de bonheur si dense et saisissant que Pierre veut absolument le retenir, le goûter. Jamais Jésus ne leur est ainsi apparu dans une telle lumière. « Dressons, ici trois tentes ….» lance Pierre qui ne perd pas sa spontanéité et son sens de l’organisation. Mais à peine a-t-il fini de parler qu’une nuée couvre les disciples de son ombre et les saisit de frayeur. En un instant, ils passent du bonheur indicible à la frayeur qui tétanise…. L’art iconographique s’est plu à représenter les 3 amis de Jésus complètement renversés, terrassés. De la nuée, vient une voix, qui fait écho à celle des prophètes (Is 42,1) parlant du serviteur de Dieu : « Celui est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Et aussi soudainement qu’elle est survenue, la voix laisse place au silence. Jésus est là seul, en son aspect habituel. Les disciples ne vont rien dire de cette vision. Car l’heure est à l’écoute de ce maitre qu’ils ne connaissent pas vraiment.

Suivre les disciples en cette scène si unique des récits évangéliques, nous conduit avec eux, à reconnaitre que nous ne connaissons pas bien Jésus. Son mystère vient toujours nous tirer d’un certain sommeil, d’un certain aveuglement. Jésus nous entraine avec lui, à prier pour mieux découvrir son intimité lumineuse avec le Père. Dans la prière, dans la méditation des Ecritures avec Moïse et les prophètes, il nous guide pour contempler le mystère de sa vie donnée, son départ pour Jérusalem, pour mieux le comprendre, et mieux croire que là est notre salut. Jésus nous conduit à entrer dans cet échange d’amour qu’il vit avec son Père, en le reconnaissant comme le Fils choisi, le Bien aimé du Père. Entre bonheur et frayeur, avec les disciples, il nous faut accepter d’avancer avec confiance sur ce chemin de connaissance et d’amitié qui nous surprendra toujours.

Homélie du 04 août 2019 — 18e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 18e DIMANCHE TO – 2019 08 04

Ecclesiaste 1,2-2,23; Col 3 1-11; Luc 12 13-21

Homélie du f. Hubert

Texte :

Vanité des vanités, tout est vanité !

Les témoignages de jeunes adultes, qui,

ayant commencé leur vie en pensant que l’argent et la réussite leur apporteraient le bonheur,

se sont aperçus que ce n’était pas le bon choix, ne sont pas rares.

Ils ont constaté aussi que des gens fortunés, avec de belles situations,

ne sont pas nécessairement heureux. Et ils veulent faire autre chose de leur vie.

Le psalmiste du psaume 72 dit avoir été « jaloux des superbes »

« qui ne manquent de rien et amassent des fortunes ».

Non sans peine, voire sans souffrance – il comprend, « dans la demeure de Dieu »,

qu’ils « vont vers la ruine », qu’ils passent « comme un songe »,

et que, lui, il est toujours avec Dieu qui a « saisi sa main droite, le conduit selon ses desseins

et le prendra dans sa gloire ». « Ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours ».

Le Psaume 33, particulièrement cher aux disciples de st Benoît, demande :

« Qui donc aime la vie et désire des jours où il verra le bonheur ? »

L’évangile de ce jour peut n’être accueilli que comme une simple parole de sagesse,

à l’instar de la fable de La Fontaine « Le savetier et le financier ».

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :

C'était merveilles de le voir,

Merveilles de l'ouïr; …

Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,

Chantait peu, dormait moins encor.

C'était un homme de finance.

Mais l’Evangile est plus qu’une parole de sagesse : il est une parole et une promesse d’alliance.

La parole d’un Dieu « en qui brûle sans cesse Un grand désir de partager sa joie de Dieu »,

comme dit une hymne de la liturgie,

le Dieu de vie qui veut communiquer sa vie.

C’est dans la communion des personnes, dans la rencontre des visages qu’est notre bonheur,

des visages qui se reconnaissent frères, qui s’accueillent dans la réciprocité.

Ecoutons le pape François dans La joie de l’Evangile :

Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres,

les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu,

on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus.

La vie augmente quand elle est donnée et elle s’affaiblit dans l’isolement et l’aisance.

La vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres.

L’homme riche de la parabole se dit :

Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.

Il n’a hélas amassé que pour lui-même, et sa vie fragile, stérile, s’évanouira sans être parvenue au bonheur.

Nous allons tout à l’heure bénéficier sans doute d’un bon repas, nécessaire à notre vie corporelle,

mais un repas que j’espère partagé, lieu et source du vivre ensemble, de la communion.

Pour l’heure, dans cette église, nous sommes réunis

pour partager une toute petite part de pain, et un peu de vin. Trois fois rien.

Et pourtant, c’est notre héritage le plus précieux.

Par le don mystérieux et absolu de Dieu, nous croyons qu’ils sont le Corps et le Sang mêmes du Christ.

Ce peu de pain et de vin, consacrés par l’amour, sont la richesse incommensurable que Dieu nous offre.

Dieu se donne lui-même à nous, qui que nous soyons,

que nous soyons savetier ou financier, pauvre moine, pape, ou chef d’Etat.

Ce pain et ce vin nous rendent frères et sœurs.

Il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis,

il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ;

mais il y a le Christ : il est tout, et en tous.

Un homme s’est donné de la peine, et sa peine n’a pas été vaine.

Cet homme est celui qui nous a valu la libération du mal,

la vie plénière, la paix et la communion,

c’est le Fils unique livrant sa vie pour nous.

La Parole de Dieu nous est adressée aujourd’hui, le pain et le vin eucharistiques nous sont offerts

pour que nous revêtions de l’Homme nouveau, que le Christ soit tout en nous,

que nous soyons en lui des fils et des frères, des sœurs, tournés les uns vers les autres,

tournés ensemble vers notre Père et recevant de lui la vie, par le Christ.

Tout est vanité pour l’homme centré sur lui-même.

Mais si nous croyons en Jésus Sauveur, si nous croyons dans le Dieu de l’alliance,

si nous croyons en la fidélité de la parole de Dieu,

tout n’est pas vanité,

car Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit en Dieu.

La vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage, écrit st Jean.

La vie est communiquée pour toujours.

Il n’y a pas de limite au don de Dieu et sa fidélité est sans faille, de toujours à toujours.

Seigneur, rassasie-nous de ton amour au matin,

que nous passions nos jours dans la joie et les chants !

Venez au festin du Dieu pauvre qui se donne pour faire de nous des riches,

riches de sa grâce, riche de son amour, riches dans le partage et l’échange.

Nous n’aurons jamais fini de découvrir notre véritable héritage, qui est Dieu même.

Même dans l’éternité, Dieu sera toujours au-delà de ce que nous connaîtrons de lui.

Nous irons d’émerveillement en émerveillement et d’action de grâces en action de grâces.

« Rendons grâce à Dieu le Père, lui qui nous a donné d'avoir part à l'héritage des saints, dans la lumière.

Nous arrachant à la puissance des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, …

faisant la paix par le sang de sa croix, pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Col 1

Homélie du 28 juillet 2019 — 17e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année C
Info :

année C,- 17ème dimanche du T.O. 28 juillet 2019

Gn 18,20-32 ; Col 2,12-14 ; Lc 11,1-13

Homélie du F.Bernard

Texte :

L’Évangile que nous venons d’entendre est la suite de celui de dimanche dernier. C’était l’accueil de Jésus, par Marthe et Marie, dans leur maison. Peut-être ce récit est-il déjà comme l’entrée en matière de l’enseignement de Jésus sur la prière que nous donne l’Évangile de ce jour ?

Par ailleurs, comme d’habitude, l’Évangile du dimanche est à entendre en continuité avec la première lecture. Celle-ci rapportait l’intercession d’Abraham en faveur des villes maudites de Sodome et Gomorrhe. Ce récit lui-même continuait le récit de l’hospitalité d’Abraham, entendu dimanche dernier.

Abraham avait magnifiquement accueilli ses trois hôtes, puis les avait accompagnés sur leur route vers Sodome et Gomorrhe. Ils voulaient vérifier si la clameur montée jusqu’à eux correspondait bien à la conduite mauvaise de ces gens. Alors intervient Abraham. Il le fait au titre d’ami de Dieu, ayant reçu sa bénédiction pour lui et sa descendance. Il parle avec audace et insistance pour sauver les villes coupables. Il n’hésite pas à mettre en cause la justice de Dieu, le forçant en quelque sorte à libérer sa miséricorde.

« Pour cinquante justes, pour quarante-cinq, pour quarante, pour trente, pour vingt, pour dix justes, vas-tu détruire la ville ?-- Non, je ne détruirai pas » , dit Dieu. Mais Abraham n’ose aller plus loin, et les villes maudites ne vont pas échapper à leur destin.

La révélation de la miséricorde en Dieu va s’amplifier au cours des siècles. Au temps de Jérémie, le Seigneur dira : « Parcourez les rues de Jérusalem. Si vous découvrez un homme qui pratique le droit et recherche la vérité, je pardonnerai à cette ville. » (Jér 5,1). Mais le constat est clair et définitif : « Il n’est pas de juste, pas un seul, pas un qui cherche Dieu. » (Ps 14 et 53)

Alors l’humanité crée par Dieu est-elle condamnée sans appel ? Non, car Dieu a décidé d’envoyer son propre Fils. La lettre aux Colossiens, entendue à l’instant, le disait : « Dieu nous a donné la vie avec le Christ. Il nous a pardonné tous nos péchés. Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait. Il l’a annulé en le clouant à la croix du Christ.» (Col 2,13-14)

Mais revenons à l’Évangile. Nous connaissons l’enseignement de Jésus sur la prière, dans l’Évangile de Matthieu. C’est la prière du Notre Père, insérée très exactement au centre du Sermon sur la montagne. Nous connaissons un peu moins bien cette même prière, un peu différente dans sa forme, qui nous est rapportée dans l’Évangile de Luc. Le contexte est différent. Jésus est surpris en activité de prière. C’est alors que ses disciples lui demandent de leur enseigner à prier. Alors Jésus livre en quelque sorte sa prière à chaud : « Père, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne. »

Puis Jésus associe ses disciples. Sa prière devient commune à lui et à eux. C’est la prière du Christ Total, prière de la Tête et des membres, la Tête le Christ, les membres nous- mêmes. Ce sont toutes les formulations en nous qui suivent : « Donne-nous…Pardonne-nous…Nous pardonnons…Ne nous soumets pas à la tentation… »

Qui est-ce nous ? Nous-mêmes, nos proches, les disciples, la communauté, l’Église. Mais est-ce que tout est dit alors dans cette prière ? Oui sans doute, mais à condition que soit réellement pris en compte l’autre, les autres, tous les autres, le monde entier. Et c’est pourquoi à la prière au Père Jésus ajoute la parabole de l’ami importun. Abraham avait intercédé pour les villes pécheresses, qui lui étaient étrangères. Il l’avait fait à la limite du possible. L’ami importun, dans l’Évangile, réveille son ami en pleine nuit, non pour lui-même ou ses enfants, mais pour un hôte qu’il a dû recevoir à l’improviste.

« Demandez et vous recevrez. Cherchez et vous trouverez. Frappez et il vous sera ouvert. » Remarquons qu’il n’est pas dit que le Seigneur donne ce que nous lui demandons, mais il donne le meilleur, l’Esprit saint, il nous communique sa vie intime, cet amour répandu en nos cœurs par l’Esprit saint qi nous a été donné.

Dieu nous traite en vrais partenaires de son alliance. Il compte sur nous pour sauver le monde. Jésus est le Sauveur, mais la prière des chrétiens est nécessaire pour que le monde soit sauvé. La tâche chrétienne est de frapper avec persévérance, de « prier sans se lasser » (Lc 18,1), afin d’ouvrir le cœur de Dieu, de libérer sa miséricorde.

Tel est l’enseignement que nous devons sans doute retenir de cet Évangile.

Homélie du 25 juillet 2019 — Dédicace de l'église de la PqV — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2019

1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Lorsque nous avons fini les travaux de rénovation de l’église, au mois de mai, nous avons fait une prière avec les entreprises qui ont travaillé là (les maçons, peintres, électriciens, menuisiers, les poseurs de moquettes, etc…). Je leur disais que pour nous, l’église était notre atelier, le lieu où nous passons le plus de temps ensemble, environ 4 à 5 heures par jour, depuis les vigiles jusqu’aux complies en passant par l’eucharistie. Là, nous vivons notre premier travail, notre première mission, celle de la prière. Parler d’atelier, ou de travail en parlant de l’église ou de la prière, n’est-ce pas un peu réducteur et dévalorisant ? En fait, l’image de l’atelier nous est suggérée dans la règle par Benoit lui-même lorsqu’il parle du cloitre comme de l’atelier pour exercer les instruments de la vie spirituelle, et de la prière des heures comme « l’opus Dei », l’œuvre de Dieu. « Opus », ce mot a une connotation artisanale, voire artistique. Le travail de la prière peut-être ainsi assimilée à une œuvre d’art. « Opus Dei », l’expression peut s’entendre comme l’œuvre faite pour Dieu, nous travaillons pour lui, mais aussi comme l’oeuvre faite par Dieu, c’est lui qui travaille. Cette ambiguïté de l’expression est suggestive. Elle nous rappelle qu’au cœur de la prière se vit une synergie, une collaboration incessante entre Dieu et l’homme. Nous travaillons pour Dieu, et Dieu travaille pour nous. La prière nous demande un vrai effort, un engagement personnel et communautaire, et en même temps, elle est un don reçu de Dieu qui agit dans les cœurs. Nous faisons des choses, nous chantons, nous accomplissons des rites, et au même moment Dieu nous enseigne par sa Parole, Il nous façonne par son Esprit.

Dans cet atelier qu’est l’église, le Christ bâtit son Eglise en la petite cellule que nous constituons. Lui la Pierre choisie et précieuse devant Dieu, nous fait entrer dans la construction dont il est le fondement, la pierre angulaire. Sous la motion de son Esprit, nous devenons pierre vivante, sacerdoce royal pour rendre à Dieu, par toute notre vie, un culte qui lui plaise. Ces mots peuvent paraitre trop forts au regard de notre quotidien souvent bien terne, voire monotone, et où la prière n’est pas toujours facile. Et cependant, quelque chose ne s’accomplit-il pas ? Si nous faisons l’expérience de notre médiocrité, et nos insuffisances, nous pouvons être assurés que le Seigneur, Lui, est toujours à l’œuvre. Il n’a pas d’autre désir que nous puissions être pour lui, chacun et tous ensemble, une « offrande agréable à Dieu », une « offrande pure », comme nous le prierons au moment de l’offertoire et dans la prière eucharistique. Par son Esprit, il n’a de cesse de faire de nous son peuple, un peuple uni dans l’amour et dans l’élan de le servir. Et nous-mêmes, n’en faisons-nous pas l’expérience peu à peu… lorsque une parole nous apporte de la lumière, du réconfort, lorsqu’un verset de psaume nous aide à ne pas entretenir de rancœur contre un frère, lorsque le geste de l’inclination nous remet dans une conscience vive de notre petitesse devant Dieu et plus heureux de le servir, lorsqu’au baiser de paix nous nous réconcilions avec un frère, lorsque j’apprends à supporter avec patience l’imperfection du chant ou les erreurs de mes frères, lorsque j’entre dans une connaissance plus vivante du Christ… N’est-ce pas ainsi qu’au cœur du travail de la prière, nous sommes travaillés par Dieu, taillés comme des pierres, ciselés pour vivre l’attention à Dieu et aux autres avec plus de finesse ? Oui, sous les voûtes de cette église, des choses se passent et des paroles sont entendues, Dieu est à l’œuvre. Il ne nous demande pas des choses extraordinaires, sinon d’être là, fidèles par notre présence aux offices, donnés dans le chant. Lui le toujours présent, toujours avec nous, nous convoque chacun et tous ensemble à être présent à son Amour à l’œuvre instant après instant. Chacun de nos offices, chacune de nos eucharisties, voudrait célébrer ce travail, cette « œuvre de Dieu » au cœur de sa création et des créatures que nous sommes.

En ce jour de consécration de notre église, de notre atelier, rendons grâce d’être ainsi associés à l’« oeuvre de Dieu », d’en être des instruments privilégiés, premiers émerveillés du travail qui se fait là. - 25 juillet 2019

Homélie du 21 juillet 2019 — 16e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

(Année C) - HOMELIE du 16ème dimanche du TO : 21/07/2019

(Genèse 18,1-10 ; Col. 1, 24-28 ; Luc 10,38-42)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

La liturgie de ce dimanche nous fait donc assister à 2 scènes d’hospitalité de Dieu par des hommes et des femmes dans le cadre de leur vie domestique. A travers ces modèles d’accueil, l’Eglise nous invite à penser et à nous interroger sur nos propres manières d’envisager le passage de Dieu dans nos vies ordinaires.

Dans la 1ère lecture, avec Abraham, il nous est possible de repérer 2 moments correspondants à 2 attitudes que l’on retrouvera dans l’Evangile de Marthe et Marie. Un premier moment serait celui de l’action, de l’affairement, voire d’une certaine agitation pour tout ce qu’il y a lieu de faire et de bien faire dans cet accueil. Le second moment est celui de l’écoute d’une Parole, la Parole de Dieu apportée par les visiteurs à Abraham.

Au début du texte, Abraham est assis, au pied du chêne de Mambré, à l’entrée de sa tente. Il aperçoit 3 hommes qui se tiennent debout, à une certaine distance et pourtant près de lui. Aussitôt, il se lève, il court à leur rencontre, il se prosterne devant eux et il déroule toute une check-liste de choses à faire, en la proposant à ses visiteurs arrivés à l’improviste. « Ne passez pas sans vous arrêter, je vais vous apporter de l’eau pour vous laver les pieds, vous allez vous étendre et vous asseoir sous l’arbre. Je vais chercher de quoi manger ; alors, vous allez retrouver des forces et vous pourrez aller plus loin ».

En réponse, la première parole des visiteurs est brève et claire : « fais comme tu l’as dit ». Alors Abraham fait comme notre Marthe de l’Evangile, à la différence près qu’il peut se faire aider de son entourage et le tout prestement. Il se hâte auprès de Sara, restée sous la tente, pour la cuisine, il court au troupeau et donne l’ordre à un serviteur de préparer vite un veau gras et tendre. Il ne s’agit pas de faire attendre les hôtes. Il prend aussi du fromage blanc et du lait, et quand tout est prêt, Abraham dispose le repas et il s’arrête de courir et de stresser. Il se tient debout maintenant, alors que ses hôtes sont étendus ou assis au pied du chêne. Renversement des positions, par rapport à la situation de départ. Abraham se tait. Il écoute. A la manière de Marie aux pieds de Jésus, mais debout, il écoute la Parole que Dieu lui adresse et qui sort de la bouche de l’Ange du Seigneur. Une parole inouïe, une parole de promesse, déjouant tout ce qui est naturellement concevable et raisonnable. Sarah, sa femme, dans son grand âge va donner naissance à un fils. Cela aura lieu dans un an, et les visiteurs reviendront pour l’évènement.

C’est une parole incroyable, invraisemblable : il y a de quoi en rire, et Sara, qui a tout écouté à la porte de la tente, ne s’en prive pas. D’ailleurs, le nom de l’enfant, Isaac, sera celui de ce rire. Abraham, lui, n’a pas ri, il a cru. Il a espéré contre toute espérance et sa foi, son fol espoir lui ont été compté comme justice. Il va devenir, avec la paternité d’Isaac, le père d’une multitude de croyants. Et Jésus se reconnaîtra comme fils d’Abraham, de la même race, fils de la même promesse. Et nous, chrétiens, baptisés en Jésus-Christ et appelés à être ses disciples, nous appartenons nous aussi à cette descendance. Nous nous souvenons de l’amour de Dieu, de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Abraham, dans son devoir d’hospitalité, pensait d’abord à restaurer les forces de ses visiteurs, afin de leur permettre d’aller plus loin, dit le texte. Mais en fait, par le retournement des positions, c’est bien Abraham qui une nouvelle fois est appelé par Dieu à aller plus loin, sur le chemin de l’Alliance. En découvrant qui il est pour Dieu, sa véritable identité, et en y acquiesçant, il se voit justifié par sa foi plutôt que par ses œuvres ou par tout ce qu’il pourrait faire pour plaire à Dieu.

C’est bien la même leçon que nous devons tirer de l’évangile de Marthe et Marie, dans leur maison de Béthanie. Entre le vouloir faire et bien faire pour son Maître de Marthe, et le désir de Marie de se laisser être disciple, à l’écoute du même Maître, Jésus indique une priorité de l’être sur le faire. Il ne s’agit pas d’opposer les 2 attitudes de façons caricaturale : l’une étant celle de l’activisme et l’autre celle de la nonchalance, mais il faut y discerner les 2 temps qui doivent accompagner toute vraie rencontre, tout véritable accueil et tout échange en vérité.

Trop souvent, dans nos regards et nos appréciations des autres, nous nous arrêtons à ce qu’ils ont fait, ou à ce qu’ils font ou seraient capables de faire. Jésus nous apprend à aimer les autres pour ce qu’ils sont. Il s’intéresse à l’être que je suis. Nos vies ne se réduisent pas à nos actions, bonnes ou mauvaises. Plusieurs visiteurs de prisonniers nous ont dit qu’ils ne demandaient jamais à un détenu la raison pour laquelle il était en prison, ce qu’il avait fait. Ils s’attachent à regarder la personne en face d’eux dans son mystère d’humanité et de fragilité. Ils sont d’abord et avant tout à l’écoute d’un être en souffrance et en attente de liberté intérieure. Alors, comme l’Esprit le voudra, une Parole inouïe peut retentir dans des cœurs souvent très endurcis, entourés de barreaux plus forts que ceux de leur cachot.

Frères et sœurs, que ces 2 très beaux textes de la liturgie d’aujourd’hui nous aident à renouveler notre comportement dans l’accueil de Dieu dans nos vies. Et à reconnaître la présence du Christ dans toute rencontre humaine et personnelle. Comme le dit Saint Paul dans la seconde lecture : Christ est parmi nous, lui, l’espérance de la Gloire de Dieu. Il se fait connaître, dans son mystère à toutes les nations on pourrait dire, à toutes les rencontres.. L’annonce de l’Evangile et la célébration de l’Alliance sont à vivre aujourd’hui, dès cette eucharistie : écoutons ce que dit un autre ange dans le livre de l’Apocalypse :

« voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je viendrai prendre le repas avec lui et lui avec moi ».

AMEN