vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 19 août 2018 — 20e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B 20e dim TO - 19 aout 2018

Prov 9/1-6, Eph 5/15-20, Jn 6/51-58.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Parlons… d’abord de folie et de sagesse, avant d’évoquer Jésus le pain vivant :

« Vous étourdis, venez par ici…A qui manque de bon sens, venez… quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence »…

C’est bien à nous que s’adressent ces parole, nous les étourdis, nous qui croyons avoir du bon sens…

« Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages…Ne soyez donc pas des insensés » nous dit encore saint Paul.

Le tort que nous avons souvent, c’est de nous prendre pour des sages, pour des gens qui comprennent les choses, des gens intelligents. Peut-être connaissez-vous le proverbe qui dit : « Le bon sens a beau courir les rues, il n’y a personne qui lui court après »… ?

De fait quand on voit comment va le monde, comment les humains se débrouillent pour vivre ensemble, on penserait volontiers que nous avons besoin d’une Sagesse qui vienne d’ailleurs…

Ne soyons donc pas des insensés, « comprenons bien quelle est la volonté du Seigneur », poursuit saint Paul.

Cette volonté de Dieu ? … nous traversons des jours mauvais et la tentation : être menés par l’insouciance, l’excès dans les plaisirs, l’inconduite, l’inconscience.

Être remplis de l’Esprit Saint, c’est cela la volonté du Seigneur, « à tout moment et pour toutes choses rendre grâce à Dieu le Père au nom de notre Seigneur Jésus-Christ »… pour que tout aille mieux, pour mettre toute chose à sa place…

… Le moyen que Dieu nous donne, … tirer parti du temps présent et du don que Dieu nous fait en Jésus, Jésus le pain vivant.

Manger la chair et boire le sang du Fils de l’homme, recevoir la vie qu’il a donnée. « Celui qui me mange vivra par moi » : Ne serait-ce pas cette Sagesse qui vient d’ailleurs?

« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »… il a la vie même de Dieu en lui, la vie même de Jésus, le Christ ressuscité : comme lui, il ne mourra pas, il vivra éternellement.

Ni Jésus, ni les apôtres, ni toutes celles et ceux qui nous ont transmis la foi n’ont parlé de façon purement «matérielle» : quand Jésus a rompu le pain et partagé la coupe, il a dit : « Faites cela en mémoire de moi » car « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit ».

La vraie manne, c’est Jésus descendu du Ciel, c’est son humanité ressuscitée. « Faire cela en mémoire de Lui », c’est nous nourrir de Lui… Le chemin pour nous tous, c’est le don de nous-mêmes, comme il l’a fait, en mourant pour nous.

« Je suis le pain vivant » … « Sacrement du Corps et du Sang du Christ » : nous parlons d’un sacrement, «sacramentum» en latin, traduisant le mot grec « mysterion ». Mystère : la grâce de Dieu agit par le geste que les hommes posent.

Si nous communions au Corps et au Sang du Christ Jésus, nous nous associons à sa mort, mais pour donner notre vie à sa suite. En recevant « la communion », nous répondons « Amen » c’est-à-dire « Je crois » : nous nous engageons dans un chemin de vie éternelle, chemin d’Intelligence divine, loin de l’étourderie, loin des actes insensés… Aimer comme Dieu, donner sa vie comme Lui pour aimer vraiment … il faudrait ?… il faut ?... bien plutôt l’Esprit Saint va nous permettre de vivre au diapason de la vie du Dieu Amour, donner… donner encore… donner sans cesse.

Ce sacrement, ce « mysterion » du Corps et du Sang du Christ, ce n’est pas une chose où nous ne comprenons rien (« un vrai mystère » !), c’est le moment, c’est le lieu où Dieu nous permet d’être un avec Lui pour continuer ce que Jésus est venu faire pour tous.

« De même que le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi »

C’est bien pour cela que l’Eucharistie qui nous rassemble est le moment privilégié où nous rendons grâce : nous célébrons notre Père des Cieux, en Jésus dont nous devenons le Corps, Jésus par qui nous pouvons à notre tour donner la vie, rayonner la vie éternelle de Dieu dès aujourd’hui… - 19 aout 2018

***

Homélie du 15 août 2018 — Assomption de la Vierge Marie — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

ASSOMPTION - 15 AOÛT 2018

Ap 11,19a, 12,1-6a.10ab; 1 Co 15,20-26 ; Lc 1, 39-56

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs, -

Il n’est pas facile de se tenir sous une forte lumière, et nos yeux supportent mal de fixer en face le soleil. Ils sont aveuglés…Le soleil, ce compagnon de nos journées, celui sans lequel il n’y aurait pas de vie, nous devons accepter de ne pas le regarder en face…Nous jouissons de sa lumière, mais devant lui, il nous faut baisser les yeux…

Aujourd’hui, l’Eglise propose à nos regards, de contempler : « une Femme, le soleil ayant pour manteau, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Une femme qui brille de l’éclat de tous les astres à la fois. Marie élevée dans la Gloire de son Fils ressuscité, est là qui brille de toute la lumière divine…Elle n’est pas Dieu, mais elle est toute entière prise dans sa lumière, sertie dans la lumière de la Gloire divine, comme une perle rare…Or, nos yeux de la foi ne craignent pas de regarder cette Dame si belle, comme dira Bernadette à Lourdes. Cette femme revêtue de lumière n’aveugle pas. Elle ne repousse pas, ni n’oblige de baisser les yeux devant elle…Non, les croyants que nous sommes, gens de toute condition, pécheurs en chemin, nous aimons nous tourner vers elle avec confiance, sans peur, avec la confiance de l’enfant de Dieu.

Oui, la gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui, comme le fruit d’une grâce particulière n’écrase pas. Au contraire, elle rassure, elle réconforte, elle encourage sur la route. Mais quel est donc le secret de la gloire de Marie ?

Nous venons de l’entendre dans l’évangile dans le beau chant que Marie entonne en réponse à la salutation d’Elisabeth, quand elle affirme : « Il élève les humbles ». La Gloire de Marie n’est pas à comprendre à la manière d’une gloire humaine. Elle n’est pas résultat d’une puissance affirmée ou le fruit d’exploits réalisés. Non, c’est la Gloire d’une femme humble. Une humble servante sur laquelle les yeux de Dieu se sont penchés. Une femme qui n’a rien à faire valoir sinon sa disponibilité étonnée et sa foi fidèle à la parole entendue de la part de l’ange Gabriel… Et c’est cette humilité-là, que Dieu s’est plu à couronner. Il a voulu élever son humble servante et lui donner de ne pas connaître la corruption de la mort, pour qu’elle partage sa lumière bienheureuse dès maintenant…

La gloire de Marie que nous célébrons aujourd’hui nous montre ce qui a vraiment du poids aux yeux de Dieu. En hébreu, le mot gloire se traduit littéralement « poids ». La gloire c’est ce qui a du poids. Et qu’est ce qui a du poids aux yeux de Dieu, ce qu’il regarde : c’est l’humilité, l’offrande de soi, l’écoute et l’obéissance. Voilà la Gloire de Marie : elle a été toute disponible, toute à l’écoute durant sa vie, toute abandonnée au dessein du Père et au service de son Fils, Jésus…Cette gloire-là ne fait pas de l’ombre à la Gloire de Dieu. Non elle nous donne au contraire d’en approcher le mystère. Elle nous redit que la Gloire de Dieu est bien loin de nos gloires humaines enveloppées dans leurs richesses et leurs honneurs de toute sorte…Elle nous aide à convertir nos regards. Elle nous aide à laisser de côté nos peurs pour grandir dans la confiance.

Que Marie dans la Gloire du Ciel, comme nous le prions dans l’oraison initiale, une Gloire qui n’est pas de notre terre, mais qui n’est pas loin de notre terre, et ne nos chemins humains nous aide à ajuster nos lunettes, et nos cœurs…Elle nous montre son Fils et nous encourage à marcher à sa suite… - 15 Aout 2018

Homélie du 12 août 2018 — 19e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B- 19ème Dimanche du T.O. - 12 Août 2018

1 R 19,4-8; Ep 4,30 à 5,2; Jn 6, 41-51

Homélie du F.Antoine

Texte :

« Nous connaissons son père et sa mère, comment peut-il dire je suis descendu du

ciel? » La remarque des contemporains de Jésus est compréhensible, mais on peut se

demander .... Et si le ciel n'était pàs là où l'on pense ... et si l'invisible n'était pas forcément

caché dans les hauteurs?

D'ailleurs Jésus précise «Je suis .. le pain ... descendu du Ciel », ce sont les premiers mots

de l'Evg d'aujourd'hui. On peut alors se demander ... et si le Ciel était là ... aux bords du

lac, et s'il était là, à l'endroit même où l'on a partagé le pain ... mais quel pain ?. un pain qui

se multiplie d'une façon mystérieuse ... et en même temps un pain bien réel. .. un pain qui a le

pouvoir de nourrir tout un monde, et même le monde dans sa diversité humaine, un pain qui

envoyé par le Père nourrit et fortifie .. .il est déjà le ciel, le ciel présence de Dieu parmi les

hommes!

Oui, le ciel n'est pas là où l'on pense, il nous invite à se laisser déprendre de ce que nous

croyons savoir déjà, il nous provoque à entrer dans un espace immense ... celui de la Foi. «je

vous le dis: celui qui croit a la vie éternelle» ...

Paroles extraordinaires ... que nous connaissons par cœur! ! !! Elles nous appellent à

une unique attitude, à une unique réponse ... la Foi

Refuser ou ... hésiter à mettre notre Foi en Jésus envoyé par le Père,

-c'est l'enfermer, .. le verrouiller. .. dans une généalogie humaine ...

-c'est en faire un simple descendant de l'homme de Neandertal ou de Croc-magnon ...

-c'est nier l'origine pleinement divine de celui-là ... seul. ..

qui vient de Dieu ... seul a vu le Père ... seul est le pain vivant ... au point ...

qu'à trois reprises .. l'Evg reprendra une affirmation qu'aucun homme n'a jamais faite:

« Celui qui croit, fI la vie éternelle, iI..l' a ..et non .. .il 1 'aura ...

« Je suis le pain de la vie, qui en mange ne mourra pas .. il vivra éternellement. »

Avoir la Foi c'est accueillir en soi Le Christ. .. c'est se nourrir de sa parole, c'est essayer

d'en vivre chaque jour. .. c'est accueillir la plénitude de lumière que nous offre Celui qui a

scellé la vérité de sa Parole ... dans le don de sa vie ... et dans le don de l'Eucharistie.

Frères et Sœurs, l'Evg d'aujourd'hui a commencé à un niveau pas très élevé: celui

d'une récrimination contre un fils de charpentier. .. mais .... il s'achève sur une ouverture

grandiose:

Ce fils de charpentier, et Lui seul a donné sa chair. .. son être total de Fils de Dieu, animé,

pénétré de l'Esprit Saint ... .ill'a donnée, il nous la donne chaque jour et illa donne sans

. cesse à la totalité de notre monde d'aujourd'hui. - 12 aout 2018

Homélie du 06 août 2018 — Transfiguration du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Transfiguration - 6 aout 2018

Texte :

Frères et sœurs,

Avec Paul, nous le savons « nous cheminons dans la foi non dans la claire vision » (2 Co 5, 7)… Nous soulignons souvent le côté obscur du cheminement de la foi. Mais en ce jour, la mémoire de cet épisode unique dans la vie de Jésus, nous invite à accueillir le côté lumineux de notre foi. A travers le regard des apôtres Pierre, Jacques et Jean, nous est donné d’entrevoir la beauté du mystère de Jésus… Le mystère de son être se dévoile aux yeux de la foi. Son être de lumière et sa relation unique avec le Père apparaissent de façon éclatante le temps d’un instant. Claire vision éphémère qui vient confirmer le témoignage des prophètes, et conforter les disciples avant l’épreuve de la Passion. Claire vision qui veut aussi fortifier notre foi et nous donner de l’assurance dans notre relation avec le Christ Ressuscité. Lui que nous connaissons à travers le témoignage des Evangiles, mais aussi à travers les sacrements vécus et reçus en Eglise, est le Seigneur, uni à son Père dont il partage la Puissance et la Gloire. Il est le Maitre de l’univers, et le Maitre de nos existences qui nous a fait, qui nous accompagne et qui nous attend au terme de l’histoire…

Mystère de lumière qui reste caché pour ne pas trop nous éblouir et nous permettre d’avancer avec confiance, sans peur avec lui, sous la motion de son Esprit…

En cette eucharistie, entrons un peu plus avec confiance dans cette eucharistie où le Seigneur nous entraine à sa suite dans sa mort et sa résurrection, pour nous donner la vie.

Homélie du 05 août 2018 — 18e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 18ème dimanche du Temps Ordinaire – 5 Aout 2018

Ex 16, 2...15; Ep 4, 17-24; Jn 6, 24-35

Homélie du F.Damase

Texte :

Les lectures nous parlent de la situation dramatique de ceux qui sont tenaillés par la faim. Les Hébreux, libérés de l’esclavage d’Egypte, se sont mis en marche vers la Terre promise. Ils traversent le désert. Ils sont affrontés à la faim ; ils rouspètent contre Moïse. Ils regrettent les marmites et le pain qu’ils avaient à satiété en Egypte. Mourir dans le désert n’a jamais eu aucun sens.

Ces récriminations, Dieu les entend. Et l’Exode nous donne la réponse de Dieu. Ce livre nous dit que, même dans les situations les plus difficiles, Dieu ne nous abandonne pas. Il faut lui faire confiance contre vents et marées. Le véritable bonheur c’est de suivre sa loi et son enseignement. C’est le pain que le Seigneur nous donne à manger chaque jour.

L’Evangile de ce dimanche vient compléter cet enseignement. Jésus vient de nourrir une foule affamée. Elle pense avoir trouvé en lui le roi qui répondra à ses besoins. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi. Ce n’est pas sa mission. C’est important pour nous aussi : nos prières se limitent souvent à des demandes terre-à-terre. Nous oublions le plus important. Et c’est cela que Jésus veut nous faire découvrir.

Tout d’abord, pour échapper à l’enthousiasme des foules, Jésus se retire sur « l’autre rive » du lac. C’est un symbole important : « passer sur l’autre rive ». C’est renoncer à la facilité et se mettre sur le chemin de Dieu. Jésus a renoncé à la royauté terrestre. Il s’est retiré pour rejoindre son Père dans le silence et la prière.

Les foules sont à sa recherche. Elles sont également passées sur l’autre rive. Mais elles se sont trompées. Le vrai passage que Jésus attend de nous, c’est celui de la foi et de l’amour. Il nous faut quitter la rive de notre confort et de nos certitudes et rejoindre celle de l’Evangile.

Jésus voit tous ces gens qui travaillent dur pour leur nourriture corporelle. Or c’est « une nourriture périssable pour une vie périssable ». Aujourd’hui, il voudrait leur révéler une autre nourriture.

Jésus nous parle du « vrai pain », « le pain de vie », « le pain venu du ciel ». Le seul vrai pain, c’est Jésus. Il est le pain qui donne la vie. Cette nourriture offerte à tous les hommes c’est la parole de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt. 8. 3). Jésus est également nourriture par son Corps et son Sang donnés dans la célébration Eucharistique.

Aujourd’hui, Christ continue à nous révéler notre faim et notre soif d’absolu. Il nous voit courir vers la « puissance technologique ». Il voit tous ces gens angoissés parce qu’ils sont au chômage, qui souffrent que personne n’ait besoin d’eux.

Nous chrétiens, nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu pour le communiquer à ceux qui nous entourent.

Paul invite les Ephésiens, à passer sur l’autre rive, à quitter leurs anciennes pratiques.

Nous aussi, nous pouvons être atteints par l’esprit païen de notre temps. Mais le Seigneur nous appelle à passer sur l’autre rive. Il nous attend. Il nous destine à partager sa vie, la Vie éternelle.

- 5 août 2018

Homélie du 29 juillet 2018 — 17e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 17ème dimanche du temps ordinaire, 29 juillet 2018

2 Roi 4 42-44; Eph 4 1-6 ; Jn 6 1-15

Homélie du F.Bernard

Texte :



Dimanche dernier, nous entendions l’Évangile de Marc. Jésus entrainait ses disciples à l’écart, en un lieu désert, pour qu’ils se reposent un peu, après leur tournée apostolique. Peine perdue ! Les foules avaient tôt fait de repérer où ils allaient, et les avaient rejoints. Alors Jésus s’était mis à les instruire longuement.

Ainsi se terminait l’Évangile. Rien n’était dit alors de l’enseignement donné par Jésus en ce moment décisif de son ministère, celui où il allait nourrir les foules. C’est pour combler cette lacune- si ce mot convient, car l’Évangile de Marc a sa logique- que la liturgie fait le choix d’interrompre la lecture de cet Évangile, pour nous faire entendre pendant cinq dimanches consécutifs l’Évangile de Jean, avec la multiplication des pains et le discours de Jésus à la synagogue de Capharnaüm qui lui fait suite.

Bien évidemment, changer d’Évangile, c’est changer de cadre, changer de circonstances, au moins pour une part. L’Évangile de Marc n’est pas celui de Jean, mais de toutes manières l’horizon est pour nous l’eucharistie que nous allons célébrer et à laquelle l’Évangile nous prépare. Ce lieu à l’écart où Jésus convoque les siens, que les foules rejoignent, c’est aussi cette église qui nous rassemble, un peu à l’écart dans la forêt du Morvan, le lieu pour entendre ce matin le Christ nous dire : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous soulagerai, et vous trouverez le repos pour vos âmes. » (Mt 11, 28-30)

La Montagne où Jésus se rend, c’est aussi le lieu de son enseignement, depuis le Sermon inaugural sur la Montagne. C’est là que Jésus convoque ses disciples après Pâques, pour les envoyer enseigner à toutes les nations. Ce matin, nous sommes aussi sur la Montagne avec le Seigneur. Enfin l’approche de la Pâque rappelle l’évènement fondateur de l’Alliance, lors de l’Exode et de plus pour nous chrétiens l’eucharistie et le sacrifice de la Croix.

Alors Jésus prit les quelques pains d’orge et les poissons que lui donnait un jeune garçon. Il rendit grâces. Il les rompit et les donna aux disciples qui les donnèrent aux foules. Tous furent rassasié. Il y avait environ cinq mille hommes. Et il y eut du reste : douze paniers pleins de morceaux de pain.

Chacun a fait son travail et le Seigneur a fait le reste. Peut-être instinctivement cherchons-nous dans l’Évangile du merveilleux, de l’insolite, du spectaculaire ? Ce serait une erreur. Rien de tel ici, pas plus d’ailleurs quand Élisée nourrit cent personnes avec le peu de provisions dont il dispose (2R 4, 42-44).

Le mot miracle est-il le meilleur ? En tout cas l’Évangile de Jean lui préfère le mot de signe. La multiplication des pains est l’un des sept signes par lesquels cet Évangile entend dire le mystère de Jésus. Dans nos vies de même, ou autour de nous, peut-être sommes-nous trop portés à chercher du miraculeux, au risque de de ne pas voir les signes que le Seigneur inscrit dans le réel de nos vies, et par lesquels il nous manifeste bien plus réellement sa présence ?

La multiplication des pains…un signe. Mais signe de quoi ? Signe de l’attention de Jésus aux besoins prioritaires de la foule qui l’écoute depuis bien longtemps. Sans doute, mais est-ce suffisant ? Signe de la compassion du Seigneur pour la foule sans Pasteur. Certainement. Signe plus encore que la merveille de l’Exode se continue et s’accomplit. Au désert les foules avaient été nourries par un aliment inconnu jusqu’alors, la manne. Elles le recevaient jour après jour comme venant de Dieu, comme don du Ciel. Mais alors ce pain multiplié ne signifie-t-il pas que le prophète annoncé par Moïse pour l’avenir (Dt 18, 15) est là en la personne de Jésus ? « C’est vraiment lui, le grand Prophète, celui qui vient dans le monde » disent les foules avec raison. C’est lui le Messie.

Malheureusement ces mêmes foules attendent du Messie un rôle politique, qu’il libère Israël du joug romain, qu’il rétablisse l’autonomie politique du royaume d’Israël. Jésus n’est pas venu pour cela. Alors il se retire tout seul, dans la montagne. C’est sur la croix, que le saint Serviteur de Dieu clouera le péché du monde, qu’il apportera la libération à Israël et sauvera le monde.

La multiplication des pains est un tournant dans la vie de Jésus. Présentement les foules ne veulent plus le lâcher tant qu’il n’aura pas dit avec quelle autorité il a accompli ce signe. Jésus le fera dans le discours à la synagogue de Capharnaüm. Ce sera une parole dure à entendre pour l’auditoire, « scandaleuse même pour les Juifs, folle pour les païens, mais porteuse de la puissance de Dieu et de la sagesse de Dieu pour ceux qui se sauvent » (1 Cor 1,23-24).

Nous allons à l’instant rompre le pain, selon le commandement du Seigneur, le pain unique distribué à tous pour que tous nous devenions corps du christ. Comme Pierre, nous pouvons redire dans la foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous savons et nous croyons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69) - 29 juillet 2018

Homélie du 25 juillet 2018 — Dédicace de l'église de la PqV — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

DEDICACE DE NOTRE EGLISE - 25 juillet 2018

1R 8, 23-22, 27-30 ; 1P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs, -

Pourquoi donne-t-on tant de relief à la fête de la dédicace d’une église, comme la célébrons en ce jour, ici à la Pierre qui Vire ? Parce que nous avons conscience que cette maison de prière est un lieu de grâce et de travail à la fois. Lieu de grâce car Dieu nous y donne abondamment sa Parole, son Esprit et sa Vie au gré des sacrements vécus et des offices célébrés. Lieu de travail parce que Dieu fait son œuvre en nous les croyants pour édifier le Temple du Saint Esprit, le Corps du Christ.

Les lectures entendues peuvent nous servir de guide pour mieux réaliser ce qui se passe en cette maison de prière. Lors de la dédicace du temple qu’il vient de construire pour le Seigneur, le roi Salomon est conscient du don qui est fait à ce lieu, désormais investi de la présence particulière de Dieu. Salomon s’étonne que Celui que les cieux ne peuvent contenir puisse habiter un espace si réduit. Il redouble de confiance pour lui manifester sa confiance en lui exprimant sa prière. Par 4 fois, il l’invoque en lui disant « écoute ». A la suite de Salomon, nous pouvons nous émerveiller de cette grâce unique de la présence de Dieu qui nous est faite en chacune de nos églises. Dieu est là. Il se donne à rencontrer. Il nous parle et il nous apprend à lui parler. A lui parler même avec audace. A l’insistance de Salomon, fait écho la foi nue des psalmistes qui n’hésitent pas à interpeller Dieu, par leur cri : « Dieu viens à mon aide »…« Pourquoi dors-tu Seigneur »… A leur suite, nous apprenons à lancer nos cris vers Dieu dans l’espérance qu’il ne peut que les entendre. Ici, nous pouvons nous interroger : est-ce si sûr que nous avons cette même audace et cette même confiance en notre Dieu pour lui exprimer toutes nos demandes ? Est-ce que nous savons nous présenter humblement tel que nous sommes pour demander ce dont nous avons vraiment besoin pour notre marche avec lui ? Oui, osons exprimer à notre Père des Cieux nos désirs profonds pour nous-mêmes et pour les autres.

Dans l’évangile, nous voyons Jésus interroger ses disciples et les faire advenir à la Parole qui les traverse… « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Pierre exprime une Parole qui ne vient pas de lui, et qui va le construire lui-même, pour faire de lui la pierre sur laquelle est édifiée l’Eglise. Dans cette maison de prière, comme une grâce la Parole nous est offerte abondamment. Elle nous traverse pour nous faire entrer dans une connaissance qui nous dépasse toujours. Elle bouscule et fortifie en même temps au fur et à mesure que grandit notre connaissance de Jésus, une connaissance plus intime. De même la célébration de l’Eucharistie nous introduit dans l’action de grâce parfaite, celle de Jésus donnant sa vie à son Père. Par elle nous sommes entrainés à aller plus loin nous aussi dans l’offrande de nos vies pour Dieu et pour les autres. Oui en cette maison de prière, la grâce d’une connaissance et d’une union plus intime avec Jésus nous est offerte, pour que le connaissant toujours mieux, nous devenions avec lui, par lui, en lui instrument de salut…

Avec St Pierre, enfin, nous nous émerveillons de cette mystérieuse alchimie spirituelle, si l’on peut parler ainsi, qui se réalise en chacune de nos églises. De toutes de nos personnes rassemblées nait le Corps du Christ. Chacun de nous, fondé dans la foi au Christ, devient une pierre vivante qui, uni aux autres, forme le Temple de l’Esprit Saint. Merveilleux travail de la grâce offert comme une promesse. Dieu a ce projet sur chacune de nos assemblées. Telle est son œuvre dans laquelle il nous introduit gratuitement et à laquelle il nous invite à collaborer. Chaque église est ce lieu où sous la main délicate de Dieu, nous devenons des croyants, des fils de Dieu et des frères en Christ.

Offrons-nous ce matin à cette grâce et à ce travail de notre Père des Cieux réalisé dans le Christ par l’Esprit Saint. Que cette célébration fasse grandir en nous ce désir d’être plus docile dans ses mains. - 25 juillet 2018

Homélie du 22 juillet 2018 — 16e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 16ème dimanche du TO - 22 juillet 2018

(Jér. 23,1-6 ; Eph. 2,13-18 ; Marc 6,30-34)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Dimanche dernier, dans un passage de l’évangile selon St Marc, précédent celui que nous venons d’entendre, Jésus avait inauguré l’envoi en mission de ses disciples, 2 par 2. Il les exhortait à ne rien emporter avec eux, ni pain, ni sac, ni argent. Il leur demandait seulement de proclamer la Bonne Nouvelle, en invitant leurs auditeurs à la conversion, tout en chassant les démons et en guérissant les malades avec des onctions d’huile.

Aujourd’hui, nous assistons au retour de cette première mission. Les apôtres font un rapport à leur Maître de ce qu’ils ont fait et enseigné. Cela apparaît plutôt comme une réussite et une bonne performance. On s’attendrait alors que leur maître les félicite et les encourage à continuer. Mais non. Jésus se préoccupe avant tout de leur état physique, de leur fatigue. Il sait par expérience ce qu’il en coûte d’efforts pour annoncer l’Evangile. Lui-même a connu la faim, la soif, la fatigue des longues marches à travers la Galilée, la Judée et la Samarie. Il connaît le prix du repos, le bienfait de se mettre à l’écart, dans des endroits déserts, loin des foules avant de reprendre la route. Il sait qu’il faut prendre le temps de s’alimenter, alors même qu’il avait demandé de ne pas prendre de provision de pain, et de compter sur la générosité de ceux qui les accueilleraient.

Un apôtre doit donc veiller à son corps, être en bonne santé. Vous le savez sans doute : la langue anglaise dispose de 2 mots pour exprimer le soin à apporter à une personne. « Cure » vise le soin médical, thérapeutique, en vue de la guérison d’un malade, et c’est de ce soin qu’ont fait preuve avec succès Jésus et ses disciples, mais il y a aussi le « Care » qui est le soin attentif et attentionné à la personne, malade ou non, et c’est également de ce soin-là que fait preuve Jésus à l’égard de ses proches. Un soin que chacun est invité à porter à soi-même : « take care of yourself » comme on se le souhaite couramment.

Si la 1ère partie de notre page d’évangile concerne la relation de Jésus à ses apôtres, la 2nde partie, elle, met en avant la foule. Une foule de gens qui cherchent à approcher Jésus pour le voir, pour l’écouter, pour le toucher. Ce sont des gens affamés, fatigués aussi d’une autre manière, dans l’attente de soin et de pain. L’évangéliste Saint Marc nous dit alors que Jésus fut saisi de compassion envers eux. Un terme très fort en grec « splangma », qui serait mieux traduit par « il fut remué jusqu’aux entrailles », comme le sentiment d’une mère devant la souffrance de son enfant malade. C’est le mot de la miséricorde, dans ce qu’elle a de plus profond et de révélateur de l’Amour de Dieu pour nous. On le trouve dans la parabole du Bon Samaritain qui fut, lui aussi, touché de compassion devant la détresse d’un homme à demi-mort, abandonné au bord de la route par des bandits, tandis qu’un prêtre et un lévite étaient passés sans lui prêter attention, sans cure, sans care, sans cœur…

Face à la détresse de cette foule, comparée à un troupeau de brebis sans berger, la réponse de Jésus sera de lui proposer d’abord un enseignement, et même un long enseignement. Ce ne sera qu’ensuite qu’il pourvoira à leur restauration, par la multiplication des pains. Un épisode que nous aurons dimanche prochain, rapporté dans le IV° évangile.

Saint Marc veut nous faire comprendre ainsi qu’il n’y a pas d’évangélisation sans enseignement, et sans une écoute préalable et longue de la Parole de Jésus. Les apôtres à leur retour de mission rapporte à Jésus ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont enseigné. L’ évangile de Marc ne nous rapporte pas le contenu de ces longs discours, comme on en trouve chez les autres évangélistes : Matthieu, Luc et Jean. Le message de Marc se résume en peu de mots : « Le Royaume de Dieu est arrivé. Il est tout proche de vous. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle »

Frères et sœurs, ce message et cet appel à la conversion, dans un esprit de foi, sont toujours d’actualité et ils nous concernent chacun personnellement et en église. Les moines, en adoptant la Règle de Saint Benoît en font même l’objet d’un vœu qui les engage jour après jour. Mais ne nous faut-il pas aussi entendre les appels de notre Pape François qu’il adresse à tout homme de bonne volonté, pour une « conversion écologique », dans la mesure où notre terre, notre maison commune est en danger et menacée par une grave crise. Il nous est bon et profitable alors de relire et de méditer l’encyclique : « Laudato Si’ », comme nous le faisons en communauté, ces derniers jours, chaque matin, au chapitre. Et c’est une bonne lecture d’été que nous ne saurions que vous conseiller.

Frères et sœurs, à la différence de Jésus, je ne vais pas trop prolonger cette homélie. Certes, nous aurions pu nous pencher aussi sur les 2 premières lectures. Elles sont en consonance avec l’évangile, dans leurs appels et leur espoir d’une conversion et d’une réconciliation dans le droit, la justice et la paix. Et cela, dans une perspective messianique, en Jésus-Christ.

« Voici venir des jours, où je susciterai pour David un germe juste : il règnera en vrai Roi, il agira avec intelligence, il exercera le droit et la justice » annonce le prophète Jérémie : et Saint Paul de renchérir : « dans le Christ, vous qui étiez autrefois loin, vous êtes devenus proche par son Sang. C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; il a détruit le mur de la haine. Il nous a réconciliés avec Dieu, les uns et les autres, en un seul Corps, par le moyen de la Croix. »

Nourris ainsi par la Parole de Dieu, accueillie dans les Saintes Ecritures, nous pouvons nous approcher de la Table de l’Eucharistie et partager le Pain de la Vie et la Coupe du Salut, en faisant mémoire de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur et Sauveur.

Rendons grâces à Dieu, en ce dimanche où Il nous conduit par un juste chemin pour l’honneur de Son Nom : et que cette grâce et ce bonheur nous accompagnent tous les jours de notre vie.

AMEN - 22 juillet 2018

Homélie du 11 juillet 2018 — Saint Benoît — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - 11 Juillet 2018 - SAINT BENOIT 2018

Pr 2, 1-9 ; Ps 33 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Comment connait-on St Benoit, ce « maitre spirituel, pour ceux qui apprennent à servir Dieu » ? Deux textes nous parlent de lui : le premier est tiré des Dialogues de St Grégoire ; il présente sous forme de tableaux, différents épisodes de sa vie. Le second est la Règle que St Benoit a écrite. St Grégoire nous assure que la Règle peut être une bonne manière de connaitre son auteur, tant il n’a pas pu recommander à ses disciples autre chose qu’il n’ait vécu lui-même. Les deux textes contrastent entre eux : le premier fait volontiers appel au genre merveilleux pour souligner des miracles ou des faits étonnants opérés par le Saint. Le second au contraire propose une « toute petite règle pour débutants » espérant offrir des balises pour qui se hâte vers la patrie céleste. La liturgie de cette fête puise à ces deux textes pour proposer à notre méditation et à notre prière les antiennes et les oraisons. Ainsi la belle hymne, « Vivre à Dieu seul », tisse de manière admirable ces deux sources, pour offrir un portrait du saint tout autant qu’un itinéraire pour les disciples…

Spontanément, les moines sont plus à l’aise pour reconnaitre leur maitre à travers la Règle qu’à travers le récit des Dialogues. St Benoit s’y révèle alors de manière cachée. Loin d’attirer les regards sur Lui, il invite chacun à se mettre en marche pour « suivre le seul Maitre dont le joug rende libre », le Christ. Ainsi fêter St Benoit, c’est aussi bien honorer un homme qui s’est laissé travailler par la grâce de Dieu, que revenir à la source du chemin qu’il propose.

Quand St Benoit invite le moine à se mettre volontiers à l’écoute, pour y entendre la voix d’un père qui appelle et qui aime, il nous invite à sa suite, à revenir avec confiance vers le Christ qui nous a aimés, sanctifiés. Nous sommes toujours précédés par l’Amour du Christ.

Quand St Benoit propose au moine de chercher Dieu, sans se laisser effrayer par les difficultés, ni décourager par les humiliations ou les adversités, il nous entraine à la suite de tous les chercheurs de trésors dont les Ecritures portent le témoignage. Il s’agit de creuser avec constance, et de nous laisser creuser avec confiance pour « comprendre la crainte de Dieu et découvrir la connaissance de Dieu ».

Lorsque St Benoit invite se moines à ne rien préférer à l’amour du Christ et à ne rien préférer à l’œuvre de Dieu, il désire nous faire vivre de cette grâce décrite par Paul : « tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père ». Notre vie trouve son unité et sa joie dans la louange reconnaissante.

Lorsque St Benoit nous entraine sur le chemin de l’humilité, sur cette mystérieuse échelle sur laquelle on monte en descendant, ne veut-il pas nous partager le bonheur des béatitudes qu’il a entrevu lui-même : le bonheur des pauvres de cœurs, des doux, des miséricordieux, de ceux qui pleurent et qui sont persécutés pour la justice. Ici St Benoit nous livre peut-être le secret de son expérience la plus profonde : à travers les contradictions ou les oppositions, par l’humilité et la patience le moine suit Jésus et découvre l’amour qui chasse la crainte.

Enfin inséparable de l’expérience de l’humilité, quand St Benoit exhorte ses moines à vivre l’obéissance mutuelle dans le support des infirmités physiques et morales, sans chercher son propre intérêt, il désire les faire entrer dans la grâce de ceux qui se revêtent « de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité et de douceur et de patience ». La charité fraternelle, manteau reçu du Christ, et dont il nous faut sans cesse nous revêtir, nous éprouve au même moment où elle nous édifie, dans la recherche du bien de tous.

Ce matin, en rendant grâce à Dieu de nous avoir donné St Benoit comme maitre spirituel, nous le prions qu’il garde heureux de chercher et de chercher encore sans nous lasser, à unifier notre vie sous son regard, afin que le Christ nous conduise tous ensemble à la vie éternelle. - 11 Juillet 2018

Homélie du 08 juillet 2018 — 14e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 14e dimanche Ordinaire - (08/07/2018)

(Ézékiel 2, 2-5 – Ps 122 – 2 Corinthiens 12,7-10 – Marc 6, 1-6)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche sont tout sauf une propagande triomphaliste pour Dieu et ses envoyés.

D’Ézékiel au Christ en passant par saint Paul, il ne s’agit pas de super-héros à qui tout réussirait mais de personnes fragiles confrontées à des obstacles, parfois intérieurs, et dont le succès n’est pas éclatant, il faut bien le reconnaître.

Ézékiel n’a pas la tâche facile. Il est envoyé vers un peuple, le peuple d’Israël, le peuple de Dieu. Or même Dieu n’en est pas maître tant il se rebelle. On a même l’impression que Dieu est désabusé « qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ». Aucune garantie n’est donnée au malheureux prophète sinon celle-ci : en proclamant « Ainsi parle le Seigneur » Ézékiel se fera connaître comme prophète, envoyé pour parler au nom de Dieu. Reste au peuple la liberté de l’écouter ou non. Fragilité de l’envoyé du Seigneur à qui rien n’est garanti, sinon qu’il est envoyé par le Seigneur, ce qui est l’essentiel.

Quant au Christ, là aussi, il n’y a aucun triomphalisme, bien au contraire. On peut dire que son ministère échoue dans son lieu d’origine, dans le village où il a grandi. A croire qu’il n’y a pas laissé un souvenir extraordinaire. Au contraire, le souvenir qu’il a laissé est sans doute trop ordinaire pour que ses compatriotes le reconnaissent comme envoyé par Dieu. On peut être quand même étonné, nous qui, parfois, pouvons être si avides de miracles pour conforter notre foi. En effet, les concitoyens du Christ, qui, eux, connaissent ses miracles, sont pourtant choqués, loin de croire en lui. Il est vrai que « nul n’est prophète en son pays » mais quand même … En tout cas, le ministère du Christ tourne court chez lui et c’est dans les alentours qu’il se décide à aller enseigner, car annoncer le Royaume de Dieu le brûle. Aucun reproche du Christ à ses compatriotes. Mais ce refus annonce un autre refus, plus radical, qui conduira le Christ à la croix.

Saint Paul, lui, qui a reçu des révélations extraordinaires, doit constater néanmoins sa faiblesse, sa fragilité qui l’abandonnent totalement au Christ et à sa grâce. Là aussi, il n’est pas question de triompher. Ses révélations ne lui donnent aucune puissance, aucune force particulière. Nous sommes loin des contes de fées ou de la magie.

Frères et sœurs, à une époque où nous pouvons nous sentir parfois bien fragilisés dans notre foi ou dans notre désir d’annoncer le Christ, ces lectures ont sans doute beaucoup à nous dire.

Nous en avons parfois fait l’expérience, il peut être plus difficile de témoigner du Christ et de son message auprès de nos proches, dans nos familles, auprès de ceux qui nous connaissent bien. Cela peut nous troubler comme cela a troublé le Christ. Il n’a pas eu la vie plus facile que nous. Sa parole et même ses miracles n’ont pas été reçus par ceux qui l’avaient vu grandir de leurs yeux.



Le prophète Ezékiel, lui non plus, n’a pas eu la vie facile. Et Dieu lui-même l’a prévenu combien ses auditeurs, pourtant proches de lui, pouvaient être durs d’oreille. Faut-il nous étonner qu’il en soit encore de même aujourd’hui ? Le message évangélique n’a rien d’évident et il prend à rebours bien des sensibilités, bien des dogmes de notre société.

Saint Paul, lui, nous donne peut-être la clé pour nous aider à garder confiance. Lui qui a fait une expérience spirituelle unique, se retrouve presque paralysé par cette écharde dans la chair qui reste mystérieuse car l’essentiel n’est pas de la connaître. L’essentiel, et Paul nous le dit sans hésitation, c’est la grâce du Christ qui seule peut venir en aide à sa faiblesse, à nos faiblesses. Paul ira jusqu’à dire : « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » car il accepte cette faiblesse pour le Christ. Avouons que cela ne correspond pas aux mentalités d’aujourd’hui. Avouons que nous peinons à nous confier au Christ à ce point.

Nous sommes certainement tous plein de bonne volonté et nous souhaitons un monde où règne l’évangile. Où tout le monde serait à l’écoute du message du Christ qui nous aide tant à vivre. Peut-être aimerions-nous être mieux entendus, mieux compris. Mais il n’en est pas ainsi comme pour le Christ, et, avant lui, pour le prophète Ezékiel ou saint Paul.

Il ne nous reste que la grâce du Christ, mais c’est sans doute là l’essentiel. Chaque fois que nous tenterons de posséder le message du Christ pour nous en faire le propriétaire et essayer d’être le plus performants possible, nous risquons fort d’échouer car, sans doute inconsciemment, nous essayons de faire mieux que le Christ. L’Eglise a pu croire que, par sa force, sa puissance intellectuelle, culturelle voire politique, elle pourrait amener tout le monde à croire au Christ. Elle a pu croire en la réussite de son projet mais force est de constater aujourd’hui qu’il y a bien du chemin à faire. Peut-être nous faut-il réaliser que c’est Dieu qui est le maître de l’histoire, y compris de l’histoire de l’annonce de l’évangile.

Confions donc au Seigneur le soin de travailler les cœurs, essayons, nous-mêmes, d’être des témoins authentiques. Le pape François nous donne beaucoup d’exemples bien concrets à ce sujet. Rappelons-nous que le Christ a bien peiné. Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître. Nous pourrions alors avoir d’heureuses surprises et réaliser combien le Seigneur peut réaliser de belles choses dans le cœur des gens, bien plus que nos stratégies et nos efforts calculés. AMEN - 8 juillet 2018