vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 24 novembre 2019 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C -HOMÉLIE CHRIST, ROI DE L’UNIVERS - 23 nov 2019 –

Sam 5 1-3 ; Col 1 12-20; Luc 23 35-43;

Homélie du frère Hubert

Texte :

« Dieu est roi » « Le Seigneur est roi » chantent souvent les psaumes du roi David.

David est roi, mais le vrai roi d’Israël, c’est le Dieu de l’Alliance, le Dieu vivant.

Après la Pâque du Messie, Jésus de Nazareth, ses disciples proclament non seulement :

« Dieu est roi. », mais : « Jésus est Seigneur », « Le Christ est roi. ».

Jésus de Nazareth, vrai homme et vrai Dieu, est le vrai roi, le Seigneur de l’univers,

vainqueur de toutes les puissances du mal par le don de sa vie.

En lui, non seulement Dieu est roi, mais l’homme aussi est roi.

Il est roi de la manière dont Dieu est roi.

Jésus nous révèle de quelle manière Dieu est roi, de quelle manière il nous appelle à être rois :

en étant vainqueur de toute puissance autre que celle de son amour.

Jésus s’est fait esclave, il a pris la place des pécheurs,

pour nous sanctifier et nous donner sa royauté en partage.

« Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi aussi

j’ai remporté la victoire et suis allé siéger avec mon Père sur son trône. »

Le Fils unique, le Messie, l’Elu, - l’Innocent - ,

est mort sur une croix comme un malfaiteur, entre deux malfaiteurs,

pour que les malfaiteurs que nous sommes, deviennent innocents et partagent sa royauté.

C’est là le mystère du dessein bienveillant de Dieu :

« Dieu a voulu tout réconcilier par le Christ et pour lui,

faisant la paix par le sang de sa croix, la paix pour tous les êtres. »

« Nous arrachant au pouvoir des ténèbres,

il nous a fait entrer dans le Royaume de son Fils bien-aimé. »

Le premier dans ce Royaume est un malfaiteur,

crucifié fortuitement à côté de Jésus.

Il y en avait deux. Un de chaque côté de Jésus.

L’un se révolte et se range, avec les chefs et les soldats, du côté du Satan tentateur :

« N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous avec ! »

Mais l’autre, reconnaissant qu’il mérite sa mort, s’ouvre à celui qu’il reconnait comme innocent.

Alors les portes du paradis s’ouvrent devant lui,

Jésus l’emmenant avec lui dans le « Paradis », le Royaume qu’il reçoit de son Père.

A quelqu’un qui lui avait demandé : « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

Jésus avait répondu : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. »

Il ne suffit pas d’avoir mangé et bu en sa présence,

d’avoir été sur les places où il a enseigné,

ni même d’avoir été son compagnon de supplice.

Il faut avoir ouvert son cœur à son innocence,

adhéré à la puissance salvatrice de sa sainteté de Fils, de Messie.

Voilà le choix face auquel nous sommes toujours placés :

accueillir ou de refuser Celui qui nous sauve.

Aujourd’hui, Celui qui meurt sur la croix est Celui sur lequel repose l’Esprit du Seigneur,

celui qui a été consacré par l’onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.

Son amour, que rien ne peut prendre en défaut, est plus fort que tout

et n’est vaincu par aucune puissance.

Dieu aime librement. Jésus aime librement. Son alliance est sans faille.

Là est le salut de tous. Là est sa royauté.

Lévi se levant de son bureau, la pécheresse inondant ses pieds de ses larmes,

Zachée ouvrant tout grand ses portes,

le samaritain lépreux prosterné à ses pieds en rendant grâce,

le larron le suppliant de se souvenir de lui,

ceux-là ont tout compris et nous montrent le chemin.

Que le règne du Christ, notre Sauveur, s’accomplisse en nous

et en toute l’humanité qui est sienne,

« règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté,

règne de justice, d’amour et de paix ».

« Notre Père qui es aux cieux, que ton règne vienne ! »

Christ, Verbe fait homme, que ton règne vienne !

« Amen :Viens, Seigneur Jésus ! »- 24 Novembre 2019

Homélie du 17 novembre 2019 — 33e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année C
Info :

Année C - 17 novembre 2019 – 33ème dimanche -

Ml 3,19-20a; 2 Th 3,7-12; Lc 21,5-19

Homélie du F.Damase

Texte :

Il y a deux mille ans que furent écrites les paroles que nous venons d’entendre, et souvent des événements tragiques ont paru annoncer la fin du monde. Il y eut d’abord la prise de Jérusalem et la destruction du Temple, qu’annonce en premier lieu notre Évangile. Puis, en Occident, les vagues successives d’invasions « barbares », puis la peste noire ; et, près de nous, les deux Guerres Mondiales, et depuis le danger d’un cataclysme - hier nucléaire et aujourd’hui écologique.

Sur la scène internationale, les événements donnent une actualité nouvelle aux paroles prophétiques de Jésus : La date du 11 septembre 2001 marquent toutes les imaginations, avec le spectre d’une 3° guerre mondiale. Ainsi le peuple Rohyngas persécuté est réduit à une fuite permanente. Ailleurs, des peuples n’ont pas le droit d’exister ; d’autres sont soumis à des sanctions les privant de tout espoir ; des génocides continuent d’être perpétrés.

La nature elle-même semble s’en mêler. La sécheresse dans notre pays, les inondations ailleurs et récemment des incendies de forêts détruisent des équilibres naturels. Ce ne sont là que quelques exemples.

Quelle attitude doit avoir le croyant devant toutes ces situations ? Il y a tout d’abord la recommandation de ne pas craindre, qui revient sans cesse dans la Bible. Et, dans l’Évangile d’aujourd’hui, il y a l’appel à la persévérance : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».

Un texte du rabbin Abraham Jeshua Heschel peut servir de commentaire à cet évangile. Ecrit en Allemagne, quand presque tout le monde, y compris de grands philosophes, des théologiens et des évêques se laissaient séduire par la mystique Nazi et suivaient Hitler – un peu comme on se laisse séduire de nos jours par des « guerres dites sacrés ». Abraham Jeshua Heschel fut l’un de ceux qui, avec Dietrich Bonhoeffer, comprirent très tôt ce qui se passait. Dans une conférence donnée en 1938 à un groupe de Quakers il disait :

« Il n’y a jamais eu autant de culpabilité, de détresse, d’angoisse et de terreur. À aucun moment la terre n’a été si baignée de sang. Des concitoyens sont devenus des esprits mauvais, monstrueux et bizarres. - Honteux et désemparés nous nous demandons : ‘Qui est responsable ?’ » -- Et une partie de sa réponse était : « Nous n’avons pas lutté pour la justice et pour le bien ; - comme résultat, nous devons lutter contre l’injustice et le mal. Nous n’avons pas sacrifié sur l’autel de la paix - et nous devons donc offrir des sacrifices sur l’autel de la guerre" »

Et il ajoutait : « L’histoire est une pyramide d’efforts et d’erreurs ; et à certains moments, c’est la Montagne Sainte sur laquelle Dieu juge les nations. Peu d’hommes ont le privilège de discerner le jugement de Dieu sur l’histoire. Mais si un homme a rencontré le mal, - il doit savoir que cela lui a été montré pour qu’il puisse découvrir sa propre culpabilité et se repentir ; car ce qui lui a été montré est aussi en lui »

Nous avons là un appel à la conversion personnelle, bien en harmonie avec les appels du Pape François. C’est aussi le cri de l’Évangile. Le but de la prophétie de Jésus n’était pas de faire peur aux gens, mais au contraire de nous inviter plus sérieusement à une conversion du cœur.

Peu sont appelés à travailler directement à la solution des problèmes internationaux que j’ai mentionnés au début. Mais nous sommes tous reliés les uns et les unes aux autres et interdépendants.

Chaque fois que j’entretiens dans mon cœur ou dans ma vie quelque rancœur, sentiment négatif ou même de la haine envers les personnes avec qui je vis ou que je rencontre, je contribue à augmenter la somme de mal dans le monde.

Et chaque fois que j’introduis dans ma vie de l’amour, de la compréhension, de la compassion, envers mes frères et envers toutes les personnes rencontrées, je contribue à hâter la victoire totale du Christ sur toutes les forces du mal.

675 mots

Homélie du 03 novembre 2019 — 31e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année C
Info :

Année C - 31ème dim. du T.O., 3 nov. 2019

Sag 11 23-12 2 ; T Thess 1 11- 2 2; Luc 19 1-10

Homélie du F.Bernard

Texte :



Seigneur, Tu aimes tout ce qui existe, car Tu n’aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui. Comment aurait-il subsisté, si Tu ne l’avais voulu ? Mais Tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à Toi, Maître qui aimes la vie (Sg 11, 23-26).

Ces paroles entendues à l’instant sont tirées du livre de la Sagesse, le livre le plus récent des Écritures, composé seulement 50 ans avant J-C à Alexandrie. Cet ouvrage a pu recueillir tout le trésor de la Révélation biblique, bénéficier également de l’apport de la sagesse grecque. Ces paroles sont d’une largeur de vue assez exceptionnelle. Elles témoignent d’un sens étonnamment juste de Dieu. Comment Dieu pourrait-il en effet avoir de la haine pour l’homme qu’il a créé, créé à son image comme sa ressemblance, et qu’il maintient aujourd’hui dans l’existence ?

Mais la haine existe. Elle a ses racines dans le cœur de l’homme, elle est en lui le fruit du diable. Haine de celui qui est différent de soi, de l’étranger. Mais aussi haine de celui qui est proche, du frère. Les premières pages de la Bible parlent déjà du meurtre d’Abel par Caïn. Haine encore de soi-même. Est-ce si facile de s’aimer, quand on se sent impuissant face à ses défauts, ses échecs ? Peut-être alors le mépris ou la haine de soi est-il tout proche ? Mais laissons cela.

Par contre la haine ne peut exister en Dieu. Dieu est Amour en lui-même. Il ne peut être qu’amour et miséricorde envers sa créature. On pourrait certes objecter que dans l’Écriture nombreux sont les textes qui parlent d’une haine en Dieu, plus encore dans l’homme à cause de Dieu, au nom de Dieu. L’Écclésiaste, le Siracide, ce livre écrit quelque cent ans avant le livre de la Sagesse, déclare : Donne à l’homme pieux, mais ne vient pas en aide au pécheur. Le Très-haut lui-même a les pécheurs en horreur, et aux impies il infligera une punition (Si 12, 4-7). Et ce sentiment attribué à Dieu, répercuté et amplifié dans l’homme, aboutit à ce qu’exprime le psalmiste : Ceux qui se dressent contre Toi, Seigneur, je les hais d’une haine parfaite. Ils sont pour moi des ennemis (Ps 139, 21-22).

Les Juifs contemporains de Jésus savaient bien qu’ils devaient aimer leur prochain. C’était inscrit très clairement au livre du Lévitique : Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18). Mais dans la pratique ils ajoutaient assez spontanément : Et tu haïras ton ennemi (Mt 5,43), l’ennemi étant celui qui n’observait pas la Loi, le pécheur, l’ennemi d’Israël assimilé à l’ennemi de Dieu. Saint Paul parlera même d’un mur de la haine érigé entre Israël et les païens, ce mur de la haine que Jésus a abattu en se laissant condamner par la Loi, faisant ainsi des deux, Israël et les nations, un seul Homme nouveau en son propre Corps (Eph 2, 14-16).

Ce mur de la haine était comme matérialisé au Temple de Jérusalem par le mur qui séparait le parvis d’Israël du parvis des païens. Le franchir si l’on n’était pas Juif, c’était encourir la mort, comme le laisse entendre le livre des Actes.

Alors Jésus est venu enseigner, dans le Sermon sur la montagne, une autre justice surpassant celle des scribes et des pharisiens : Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père céleste, qui fait lever son soleil, et donner sa pluie, pour les justes et pour les injustes (Mt 5, 44-45).

Jésus n’est pas venu enseigner seulement en paroles, mais aussi par ses actes. Il aura manifesté sur terre le visage de Dieu, de Dieu qui aime tous les hommes sans exception, surtout ceux qui risquent de se perdre, ou sont considérés comme déjà perdus par les autres, comme ce fils prodigue qui revient à la maison paternelle, déclarant : Père, je ne mérite plus d’être appelé ton enfant ( Lc 15, 19), comme le publicain de l’Évangile de dimanche dernier qui vient prier au Temple et se frapper la poitrine, disant : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis (Lc 18, 3), plus encore comme le chef de publicains de l’Évangile d’aujourd’hui.

Zachée voulait voir Jésus. Était-ce comme Hérode qui souhaitait assister à quelques miracles ? Je ne le pense pas. Zachée voulait plutôt sans doute rencontrer celui qui pourrait le sortir de sa médiocrité, de son enfermement. Or voici que les regards de Jésus et de Zachée viennent à se croiser. Et Jésus dépasse le désir caché de Zachée, que celui-ci n’aurait peut-être jamais osé formuler : Aujourd’hui il me faut demeurer chez toi. Oui aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison, la maison de Zachée. Ce dernier a reçu son Seigneur avec joie. C’est pour apporter ce salut que Jésus est venu, pour chercher et sauver ce qui était perdu.

Jésus traversait alors la ville de Jéricho. Il venait de guérir l’aveugle né, qui avait entrepris aussitôt de le suivre sur le chemin de Jérusalem. Zachée, restauré maintenant dans sa dignité de fils d’Abraham, peut prendre à son tour la route dans le cortège des pécheurs pardonnés, en route vers le Royaume. Nous aussi, nous faisons partie de ce cortège. Avec les mots de l’oraison de ce jour, demandons au Seigneur de progresser sans que rien nous arrête vers les biens qui nous sont promis.- 3 novembre 2019

Homélie du 02 novembre 2019 — Noël - Messe de minuit — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

-Année C - 2 Novembre 2019 – Défunts

Rom 14 7-9,10c-12 ; Jn 6 37-40

Texte :



Dans cet évangile, nous pouvons entendre combien notre vie est entourée de la sollicitude divine. Le Père nous donne au Fils qui nous reçoit, qui ne nous met pas dehors, qui ne veut pas nous perdre.

Que veut dire le Père nous donne au Fils ? Qu’il nous oriente vers Lui, ou nous attire à Lui. Le Père nous aide à nous tourner vers Jésus, afin que nous le reconnaissions, comme le Fils du Père, son envoyé.

Orientés vers Jésus, nous pouvons ou non le reconnaitre ou croire en Lui. Le désir du Père, sa volonté, est que nous croyons en Jésus le Fils de Dieu. Par notre foi, nous accédons alors à la vie éternelle. Alors déjà en cette vie présente, notre existence est illuminée, portée, soutenue par la vie éternelle, celle qui n’est pas de ce monde .

Déjà maintenant, la vie éternelle est commencée dans la mesure où nous essayons de vivre en amitié avec Jésus, dans la mesure où avec Lui nous apprenons à dire Père à notre Dieu et où nous cherchons à faire sa volonté. Notre existence devient la première étape de la vie éternelle, en attendant la résurrection promise par Jésus au dernier jour.

En solidarité avec nos défunts, nous prions pour qu’ils prennent part pleinement à cette vie éternelle dans l’attente de la résurrection au dernier jour. - 2 Novembre 2019

Homélie du 20 octobre 2019 — 29e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C- 29e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (20/10/2019)

(Ex 17, 8-13 – Ps 120 – 2 Tm 3, 14 – 4 , 2 – Lc 18, 1–8)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

« Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Ecritures (la Bible) : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Toute l’Ecriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. »

Fort bien, en soi, nous pouvons être tous d’accord avec ce qu’écrit saint Paul à Timothée. Pourtant, j’imagine sans peine que la première lecture a pu vous laisser une impression de malaise, voire de révolte. Qu’est-ce que c’est que ce Dieu qui soutient son peuple dans une bataille qui se termine finalement par un massacre où les Amalécites, qui ne faisaient peut-être que défendre leur territoire, sont passés au fil de l’épée ? Est-ce-là l’idéal de l’homme de Dieu « équipé pour faire le bien ? » Notre malaise redoublera si nous connaissons un peu l’histoire de l’Eglise où l’on n’a pas manqué d’utiliser ce genre de texte pour mener des guerres dites saintes et autres croisades.

Peut-on vraiment dire que toute l’Ecriture est inspirée par Dieu ? Et si oui, quel est ce Dieu qui ordonne ou au moins permet de telles horreurs ?

La question est sérieuse et beaucoup abandonnent la lecture de la Bible à cause de cela. Au mieux, on se replie sur le Nouveau Testament où là au moins on parle d’amour et d’aimer ses ennemis, quitte à faire des entorses dans nos relations par rapport à ce commandement si exigeant du Christ.

Le problème c’est que nous risquons alors d’avoir une foi aseptisée, hors du réel qui se trouvera très vite prise en défaut face à la violence de notre monde. Alors, il ne restera qu’à abandonner ce Dieu décidément pas à la hauteur.

Que faire ?

Eh bien, d’abord redescendre sur terre si je puis dire. C’est ce que Dieu a fait en se révélant à son peuple dans le premier Testament. La première lecture est témoin que Dieu n’est pas un naïf, un doux vieillard barbu un peu bonasse et déconnecté de notre réalité si sérieuse, elle.

Quand Dieu se révèle, il prend l’humanité telle qu’elle est, il l’accepte telle qu’elle est, Il n’attend pas qu’elle soit parfaite pour lui parler. Et, de fait, la première lecture témoigne d’une humanité extrêmement violente, où il n’y a pas de choix : il faut se battre pour survivre. Oh ! Bien sûr, ça n’existe plus aujourd’hui ! La barbarie, c’est pour hier ! Vous êtes-vous renseigné sur ces armes actuelles géniales où des obus contiennent des billes de verre qui, une fois pénétrées dans la chair, sont absolument impossibles à repérer par le chirurgien ? Grand progrès par rapport aux éclats métallique trop visibles, eux ! Et il y a certainement plus terrifiant.

Ne soyons pas nous-mêmes naïfs sur notre époque. Nous savons bien faire dans la violence et dans l’horreur !

Or Dieu, parle à l’homme tel qu’il est et il parle à l’homme violent, il prend en compte cette violence et si cela nous choque, c’est que, justement, après 2000 ans de christianisme, nous avons évolué et ne pouvons plus accepter un Dieu qui intervient directement dans les guerres humaines. Le Christ et son enseignement sont passés par là. Mais il a fallu d’abord, que Dieu s’abaisse au niveau de l’homme pour se faire entendre. Commence alors un long, très long chemin d’enseignement qui aboutira au : «moi je vous dis (c’est le Christ qui parle) : aimez vos ennemis ! Priez pour ceux qui vous persécutent !»

Ainsi, il ne faut pas prendre un texte de la Bible séparément du reste et l’absolutiser car il peut se trouver contredit par un autre texte qui marque l’évolution de l’enseignement du Seigneur. Si, pour survivre, le peuple de Dieu a dû se battre, par la suite, Le Seigneur lui-même enseignera à ses disciples l’amour des ennemis. Et le « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est déjà présent dans l’Ancien Testament.

Ainsi donc, la pointe de la première lecture n’est pas la bataille. Le lien fait par la liturgie avec l’évangile montre qu’un des points communs des deux lectures est la prière, le fait que Dieu écoute la prière intense et persévérante, la prière qui se fait dans la confiance, voire avec une certaine violence (la veuve qui assomme le juge injuste). Certes, il ne s’agit pas d’assommer physiquement, mais quand même…

Le psaume vient nous conforter en disant que le secours vient du Seigneur, qu’il ne dort pas (même si nous pouvons avoir parfois l’impression du contraire), qu’il se tient près de nous (nous pourrions dire aussi en nous) et qu’il garde notre vie.

Mais attention, là surgit un autre piège, considérer Dieu comme un distributeur automatique de cadeaux, de gâteries. Et si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, nous nous adressons ailleurs. Notre société de consommation a tout ce qu’il faut pour nous donner l’illusion de combler nos besoins, nos désirs…

Si la terre a porté un priant, c’est bien le Christ, le Fils du Père. Dieu qui s’est fait homme pour partager la vie humaine telle qu’elle est. Et si nous regardons la vie du Christ, le priant par excellence, nous devons bien constater que sa vie a été tout sauf un long fleuve tranquille. Si, au début il connaît le succès auprès des foules par ses miracles, très vite viennent les oppositions et les abandons et, finalement, à la croix, il ne restera plus grand monde sinon quelques femmes, quantité négligeable à l’époque. Et pourtant le Christ a prié son Père, il n’a cessé de le faire. Et la réponse n’est pas venue nécessairement de son vivant. Il est pourtant resté fidèle contre les apparences. Et même si, sur la croix, il est tenté de croire que son Père l’a abandonné, au moment de mourir, il remet son esprit au Père, confiant que le Père lui répondra, et c’est ce qui est arrivé.

Frères et sœur, la foi en Christ ne nous évite pas les difficultés, les malheurs de la vie. Elle n’est pas magique. Elle est confiance en un Dieu qui intervient dans notre vie mais pas à la demande. La première chose à faire avant de prier, c’est de se rappeler les moments de notre vie où Dieu est intervenu. A première vue, nous pouvons avoir l’impression qu’il n’y en a pas mais si nous prenons le temps de relire nos vies (et cela suppose de couper un moment nos téléphones portables et nos tablettes), nous découvrirons tous des évènements dans nos vies où nous pourrons dire « Dieu était là, et je ne le savais pas ! ». Alors, la confiance pourra naître en nous. Pas une confiance naïve ou magique mais une confiance réelle. Essayez et vous verrez.

Alors, nous pourrons comprendre que Dieu ne répond pas toujours de la manière dont nous voudrions qu’il réponde mais que sa réponse est finalement bien plus riche à long terme que ce que nous-mêmes nous désirons.

Et c’est de ce Dieu-là que nous avons à témoigner. Non pas d’un Dieu qui nous maintiendrait dans une dépendance à force de cadeaux mais d’un Dieu qui suscite notre liberté, notre responsabilité. D’un Dieu qui nous veut adultes en relation authentique avec lui, et cela demande parfois de faire le siège dans la prière mais toujours dans la liberté de la confiance. Sa réponse sera la bonne !

Ce n’est pas facile de faire confiance, surtout dans un monde où les trahisons ne manquent pas. Mais si nous faisons confiance à Dieu, et cela peut-être exigeant, nous découvrirons que le Dieu dont il nous est demandé de témoigner est un Dieu d’amour authentique qui libère et ne rend pas esclave. Un Dieu qui rend heureux, même dans la souffrance et la contradiction, car c’est un Dieu qui ouvre toujours à l’espérance. Rien n’est jamais définitivement perdu pour Dieu. Osons témoigner de ce Dieu autour de nous. Non pas pour imposer une doctrine mais pour témoigner d’un Dieu révélé par Jésus Christ qui nous ouvre à l’amour authentique et rend vraiment heureux, quoi qu’il arrive.

Saint Paul nous le disait tout à l’heure : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » C’est à cela que nous encourage également le pape François dans ce mois missionnaire extraordinaire. Puissions-nous trouver les mots et les gestes pour partager cette Bonne Nouvelle. Car tous, nous pouvons être missionnaires. C’est ce que le Christ demande à tous les baptisés. - 20 octobre 2019

AMEN

Homélie du 13 octobre 2019 — 28e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

ANNEE C - 21ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE - 13Octobre 2019

1ere lecture : 2ème Livre des Rois 5,14-17;

2eme lecture : 2ème Lettre à Timothée 2,8-13;

Évangile selon saint Luc 17,11-19

Homélie du F.Matthieu

Texte :

« Jésus prit la parole en disant : "Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ? " »

Etonnement de Jésus qui peut sembler étrange ; n’est-ce pas lui qui leur a enjoint d’aller se montrer aux prêtres, au Temple de Jérusalem pour faire constater leur guérison selon ce qui était prescrit dans la loi de Moïse au livre du Lévitique (Lv 14,2 ss.), afin de réintégrer la communauté dont leur lèpre les avait exclus ?

Ne devrait-il pas plutôt admirer leur foi ? Les dix lui ont aussitôt obéi et ils ont pris le chemin prescrit par la Loi de Dieu ; et d’ailleurs n’ont-ils pas effectivement été guéris ! Alors, que leur reproche-t-il donc ?

Il leur reproche de n’avoir pas compris, reconnu ce que le Samaritain, cet étranger, ce marginal mal-croyant, lui, a su voir et comprendre.

Lorsqu’ils se sont tous vus guéris en chemin, comment n’ont-ils pas reconnu l’extraordinaire de leur guérison et compris que c’était là l’œuvre de la parole de ce Jésus, le Maître, rencontré par hasard ; que c’était par lui que l’amour de Dieu se manifestait de façon nouvelle. Comment n’ont-ils pas éprouvé, eux, croyants, membres du peuple de Dieu, qu’il ne s’agissait plus de se mettre en règle avec la Loi, mais de reconnaître que le Royaume de Dieu était là tout proche ?

Le Samaritain, lui, l’étranger, ne faisant pas partie du peuple de Dieu authentique, s’est laissé toucher par cette expérience extraordinaire et nouvelle, il est revenu sur ses pas ; il veut retrouver Celui qui est à l’origine de sa guérison, car il sent bien que c’est un double salut qui lui a été donné, et que cela ne peut venir que d’une nouvelle manifestation de Dieu. Et c’est pourquoi il retourne vers Jésus en glorifiant Dieu à pleine voix et, arrivé auprès de lui, que fait-il ? Il se jette la face contre terre aux pieds de Jésus en Lui rendant grâce : une attitude d’adoration qui est réservé à Dieu seul.

Face à un événement nouveau qui transfigure sa vie, c’est un tout nouvel acte de foi qu’il exprime et il anticipe ce que les disciples confesseront à leur tour après la mort et la Résurrection de leur Maître : Il est le seul Sauveur.

Devant cette démarche d’un étranger, croyant à ce point, [comme avec le centurion païen dans un autre passage de l’Évangile de Luc (Lc 7, 1-10)], Jésus s’étonne et admire, tout en regrettant de ne pas trouver plus de foi en Israël, auprès de son peuple. Etonnante ingratitude, c’est vrai, surtout de la part de membres du peuple de Dieu, désormais purifiés, réintégrés à part entière dans la communauté des "vrais" croyants !

Mais n’est-ce pas de nous aussi qu’il est question ici ? de nous, qui nous voulons chrétiens, croyants au Christ Jésus aujourd’hui ?

Ne sommes-nous pas, nous aussi, trop "habitués", trop routiniers dans nos pratiques, plus trop attentifs aux "visites" de notre Dieu, considérant comme un "dû", sans même plus les reconnaître, les grâces et les dons que Dieu nous a fait et nous fait, et le miracle quotidien de la vie ?

Les « samaritains », les mal-croyants, les exclus sont souvent saisis, bouleversés par ce qu'ils découvrent brusquement de la miséricorde de Dieu, par cette bonté qui entre soudain dans leur existence pour leur redonner la vie, et leur vie ainsi bouleversée les conduit à la personne vivante de Jésus, le seul et vrai sauveur, le chemin, la vérité et la vie !

Réveillons-nous donc, ouvrons nos yeux et nos cœurs aux merveilles quotidiennes que Dieu a accompli et accompli dans nos vies. Retrouvons le chemin qui mène à Jésus, mort et ressuscité pour notre salut et qui, vivant aujourd’hui, nous a promis d’être toujours avec nous sur tous nos chemins, bons ou mauvais, éprouvés et joyeux, jusqu’à la fin des temps.

Réveillons-nous, nous tous, chrétiens de peu de foi ! Dieu nous attend.

Je n’ai rien dit de la première lecture qui pourtant nous raconte comme en écho de notre évangile, la reconnaissance envers Dieu, d’un païen, Naaman, le syrien, lui aussi guéri de sa lèpre ; la lecture du jour n’en donne malheureusement que l’épilogue… Je vous invite avec insistance à prendre le temps d’en retrouver le récit complet dans votre Bible, c’est dans le 2ème livre des Rois au chapitre 5 …

Vous essaierez d’y repérer les différentes attitudes de Naaman, qui vont le mener à la même reconnaissance de Dieu que le samaritain de notre évangile. De la guérison et de la vie revendiquées comme un dû à la reconnaissance de la vie et du salut comme dons gratuits de la miséricorde du Dieu saint d’Israël ; de l’orgueil du général arrogant à l’humilité de celui qui se reconnaît finalement, simplement serviteur du Dieu vivant.

C’est bien les étapes et le chemin de notre conversion !

Homélie du 06 octobre 2019 — 27e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

année C - 27ème Dimanche Ordinaire - 6 octobre 2019

1. Ha 1,2-3 ;2.2-4 2 ; Tim 1,6-8.13-14 ; Luc 17. 5-10

Homélie du F.Antoine

Texte :

♦ Augmente en nous la foi ...

Ce début de l'Evg est au fond assez consolant et même dynamisant. Comment des hommes qui vivent avec Jésus, qui ont choisi de l'accompagner dans ses déplacements, qui ont entendu, au moins une partie de son enseignement, en sont réduits à faire une pareille demande !

Ils n'ont donc pas été convaincus par ses interventions miraculeuses ?

Ils n'ont pas été nourris par sa parole ? fortifiés par sa présence ?

♦ Augmente en nous la foi ... cette demande nous la faisons tous ... et plus la foi devient vivante en nous et plus elle nous est nécessaire, plus nous la désirons ... Car la foi est un don gratuit de Dieu, mais elle relève aussi de nous pour qu'elle soit vivante ... dynamique, qu'elle porte des fruits ... Il est de notre responsabilité de prendre les moyens de la faire croître et c'est là qu'apparaît la notion de service. Ce service qui témoigne de l'amour qui doit habiter le cœur de chaque baptisé en tant qu'authentique- disciple- du Christ !

♦ Augmente en nous la Foi demandent les apôtres, mais la réponse du Christ est au fond chargée d'une autre demande ... celle d'augmenter en nous le désir de servir ... servir par des actes, des intentions, qui telles de petites graines de moutarde, annoncent l'Evg et préparent la moisson du royaume. Car la Foi est participation à la force créatrice de Dieu ... elle nous fait découvrir la densité de l'action de Dieu dans nos propres vies comme dans le monde ... elle est comme une boussole qui nous indique la direction à suivre.

Qui étaient les apôtres après Pâques ? ... simplement, des hommes sans influence, sans pouvoir, sans moyens financiers, sans organisation ... et ce sont de tels hommes qui ont de fait, changé le cours de l'histoire ! ...

Augmente en nous notre foi Sgr, nous t'en supplions, qu'elle nous purifie de nos dérobades, de nos petits et grands reniements, qu'elle nous accompagne dans nos paroles, nos actes, dans chacune de nos relations que le Sgr met sur notre chemin ... qu'elle nous conduise à approfondir ce visage de la Foi qui regarde le futur avec force et courage et s'appelle l'Espérance ... qu'elle nous fasse découvrir cette manière d'aimer, propre à Dieu, qui s'appelle la Charité, cette qualité du service à laquelle nous sommes appelés auprès de nos frères et sœurs par les évènements de la vie.

Je me souviens d'une personne accablée par son passé et qui me dit, « quand j'ai découvert la Foi, elle fut comme une lumière ... elle est devenue le soleil de ma vie ... et elle m'a conduit au service des autres ».

Frères et Soeurs, que ce soleil éclaire notre existence de baptisé ... qu'il accompagne nos journées ... qu'il nous donne la force d'aimer et de servir.

Homélie du 29 septembre 2019 — 26e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 26e DIMANCHE TO – 2019 09 29

Amos 6, 1.4-7 Ps 145 1 Tim 6, 11-16 Lc 16, 19-31

Homélie du F.Hubert

Texte :

Il y avait un homme riche,

vêtu de pourpre et de lin fin.

Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare.

Cette parabole est une illustration parfaite du chapitre 25 de st Matthieu :

J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé.

Allez-vous-en loin de moi, dans le feu éternel.

Elle est l’antithèse de la parabole du bon samaritain :

Un Samaritain arriva près de l’homme à demi-mort ; il le vit et fut saisi de compassion.

Il s’approcha, pansa ses blessures et prit soin de lui.

Puisse cette parabole ouvrir nos yeux et notre cœur

pour que tout ce que Dieu nous donne soit au profit de tous nos frères et sœurs !

Pour que nous sachions aussi recevoir de ceux de qui, spontanément, nous sommes portés à ne rien attendre,

ou portés à ne regarder que comme des intrus qui nous dérangent ou nous agressent.

Pour que chacun d’eux, quelle que soit leur condition, soit un visage

que nous respections, que nous honorions, que nous aimions !

Qu’as-tu fait de ton frère ?

Avec le pape François, puissions-nous dire du fond du cœur :

Ce ne sont pas seulement des migrants ! Ce sont des êtres humains, nos frères, nos sœurs…

Il y a quelques jours, une femme m’écrivait:

« Je suis très heureuse d’avoir retrouvé les groupes de jeunes et un nouveau groupe d’adolescents « déficients mentaux », quelle horrible façon de présenter quelqu’un !

Je reçois beaucoup lors de ces rencontres, elles sont pour moi source de Vie »

J’ai reçu une lettre de la Déléguée générale de l’ACAT. Elle écrit :

« Comment ne pas être indignée, révoltée, face au désespoir de tant de personnes que l’on veut briser,

face aux souffrances qu’elles ont subies dans leur chair, dans leur âme ?

Nous pouvons choisir de détourner le regard et nous persuader que cela ne nous concerne pas.

Ou bien, faire entendre notre voix, agir, refuser l’inacceptable !

C’est ce que je m’efforce de faire, à hauteur de mes possibilités, chaque fois que mes valeurs spirituelles et humanistes sont heurtées. J’espère que vous ressentez, vous aussi, ce besoin d’agir face à des situations aussi intolérables ! Ensemble, nous ne restons pas impuissants ! »

Les réponses possibles sont multiples et les souffrances ne sont pas que matérielles ou physiques.

Pour chacun de nous, la prière et le jeûne sont des chemins privilégiés de conversion et d’ouverture aux autres. C’est bien ce que nous enseignent l’Ecriture – Moïse et les prophètes – et la contemplation de Jésus, notre Sauveur, celui qui a pris soin de nous.

La prière pour écouter le désir de Dieu et répondre avec Jésus : « Me voici, pour faire ta volonté. »

Le jeûne pour nous libérer de tout ce qui nous rend esclaves,

tout ce dont nous sommes « accros » et qui nous domine,

nous empêche d’être ouverts aux autres et à la vie véritable.

Cette parabole n’est pas seulement un enseignement moral ;

il s’agit pour nous, disciples du Christ, d’être des révélateurs de Dieu :

nous sommes créés à son image, notre vocation est de vivre à son image.

Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux.

La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous.

Nous avons à révéler Dieu, à le rendre présent, à manifester sa sollicitude et son amour !

L’archange st Michel dont c’est la fête aujourd’hui, porte un nom qui signifie « Qui est comme Dieu ? »

Personne n’est comme Dieu !

Et pourtant, dans notre finitude même, nous avons à révéler le visage et le cœur de Dieu !

Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre, dit Jésus aux Apôtres lors de l’Ascension.

Comment y parvenir, sinon en contemplant Jésus, Dieu fait homme,

afin devenir un peu plus comme lui.

Lui qui est revêtu de magnificence, qui a pour manteau la lumière (Ps 103),

il est mort nu, couvert de crachats et de son propre sang, dans un état pire que celui de Lazare.

Il a crié J’ai soif !

Lui, le Dieu de communion et d’amour, il est mort rejeté, abandonné de tous

afin de nous aimer jusque dans notre rejet.

Il a continué de nous regarder, de visage à visage, de cœur à cœur.

Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.

Il a traversé l’abîme infranchissable.

Notre parabole nous ouvre à l’écoute de l’Ecriture.

Nous ne pourrons pas vivre à l’image de Dieu et révéler son visage, si nous n’écoutons pas sa parole.

Si nous n’écoutons pas Moïse et les Prophètes, si nous n’écoutons pas le Verbe fait chair.

De notre foi au Christ, écrit le pape dans La joie de l’Evangile,

de notre foi au Christ qui s’est fait pauvre et toujours proche des pauvres et des exclus,

découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société. […]

Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération

et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société. […]

Faire la sourde oreille à ce cri, alors que nous sommes les instruments de Dieu pour écouter le pauvre,

nous met en dehors de la volonté du Père et de son projet. […]

L’impératif d’écouter le cri des pauvres prend chair en nous quand nous sommes bouleversés au plus profond

devant la souffrance d’autrui.

Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection

pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi.

Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur,

pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté. Loué sois-tu. Amen.

Homélie du 22 septembre 2019 — 25e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année C
Info :

Année C -25ème dimanche du Temps ordinaire - 22 septembre 2019

Am 8, 4-7 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13

Homélie du F.Damase

Texte :



La première lecture entendue, nous donne le contexte pour comprendre cet évangile. Le prophète Amos vécut durant le règne du roi Jéroboam II, dans le Royaume du Nord en Israël, à une époque où ce royaume avait atteint son plus haut niveau de prospérité.

Il y avait dans le pays abondance, splendeur et orgueil. Les riches vivaient dans l’opulence. La justice faisait défaut. Les pauvres étaient affligés, exploités et même vendus en esclavage. Alors le Seigneur jure : « Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits ».

Tenons cet avertissement présent à l’esprit, passons à l'Évangile.

Il semble bien que Jésus fasse allusion à une escroquerie connue de son auditoire. Evidemment, Jésus n'a pas l’intention de nous enseigner comment tricher ; il veut nous enseigner autre chose !

En réalité l’enseignement de cette histoire est résumé dans la dernière phrase : "Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon". Luc donne à l'argent un nom propre "Mammon", pour bien montrer que l'on devient esclave de l'argent, comme d’un maître - il nous domine. .

L’enseignement de Jésus est le suivant :

« Si les enfants de ce monde, qui sont esclaves des choses matérielles, sont si habiles... combien plus habiles devriez-vous être, vous Chrétiens, vous qui prétendez être les enfants de Dieu ».

« Vous devriez utiliser l'argent, non pas pour vous construire une sécurité en vue d'un avenir temporel, mais pour vous construire un royaume éternel, à la fois pour vous-mêmes et pour vos frères humains. Vous n'êtes pas les propriétaires de ce que vous possédez, vous en êtes les usagers. Vous pouvez en user pour votre famille, pour vos besoins personnels certes, mais toujours en pensant aux autres

Tout n’est pas permis parce que « ça m’appartient » !

DIEU en créant le monde, Dieu a remis la terre à tous et pour tous !

». – Cela nous rappelle l’enseignement de « Laudato si », L’encyclique du pape François sur l’écologie et l’usage de la terre !

St Benoît, dans sa Règle, rappelle aux moines qu’ils doivent veiller à ne pas s’approprier ce qui est donné par l’abbé pour l’usage de tous. Et veiller à ne pas être négligents envers les outils et objets de la communauté.

Nous savons qu'il y a une grande dose de cupidité et d’escroquerie dans le monde, dans les relations entre les individus comme entre les nations. Les invectives d'Amos demeurent pleines d’actualité. Et, comme au temps de Jésus, il nous faut choisir entre Dieu et Mammon.

Il ne s’agit pas de diaboliser les échanges financiers ! L’argent est nécessaire, pour que vivent des échanges entre les familles, comme entre les nations

.

Mais chrétiens, nous ne pouvons pas rester passifs devant le gaspillage de notre société de consommation, comme devant le luxe de quelques-uns…

Des besoins immenses restent insatisfaits pour l’éducation, la santé, l’alimentation du plus grand nombre…

A travers cette parabole du gérant malhonnête, Jésus veut nous alerter sur notre responsabilité de Chrétiens, qui est de lutter contre ces chaînes d’injustice !

En ce dimanche, optons à nouveau pour Dieu plutôt que pour Mammon, pour le partage des richesses plutôt que pour l’idole Argent.

Demandons à Dieu d’éclairer les yeux et de guider les actions de ceux qui ont entre leurs mains la vie économique et sociale de nos sociétés. Ils ont droit à notre prière comme à notre collaboration dans ce domaine de la justice !

- 22 septembre 2019

566 mots

Homélie du 08 septembre 2019 — 23e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année C
Info :

Année C - 23° Dim du Temps Ordinaire - 8 septembre 2019

Sg 9 13-18; Philémon 9-17; Luc 14 25-33;

Homélie du F.Bernard

Texte :

L‘Évangile de dimanche dernier évoquait un repas pris par Jésus, chez un Pharisien, un jour de sabbat. La discussion portait sur la conduite à tenir, quand on était invité, ou quand on invitait. Mais au- delà il était avant tout question du repas messianique auquel le Seigneur nous convie tous.

Aujourd’hui, le décor a changé. Jésus a repris la route vers Jérusalem. Des foules maintenant nombreuses le suivent. Mais Jésus les prévient : il ne s’agit seulement de le suivre quelques jours, le temps d’une montée à Jérusalem, mais de devenir ses disciples. Cela c’est le travail de toute une vie.

Etre de vrais fils d’Israël, entrer dans l’alliance, les contemporains de Jésus en connaissaient très bien les exigences. Trois fois par jour, ils devaient réciter le Shema Israël : « Écoute Israël, le Seigneur est Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. » (Dt 6,5)

Cela voulait dire que rien ne devait s’interposer, faire de quelque manière obstacle entre le Dieu d’Israël et son fidèle, aucune affection familiale ou conjugale, aucun bien, pas même notre propre vie. Rien.

Mais la nouveauté ici est que Jésus revendique pour lui ce qui est dit du Dieu d’Israël. Jésus est la face visible de Dieu, la face visible du Père. Lui-même nous l’a dit : « Qui me voit, voit le Père ». Qui voit Jésus voit le Père. Qui aime Jésus aime le Père.

Ainsi il s’agit d’aimer Jésus d’un amour sans partage, sans compromission. Autrement la tour en construction ne sera jamais achevée. La guerre entreprise ne sera jamais gagnée, ce combat spirituel que nous devons mener sans cesse contre toutes les sollicitations qui nous assaillent et nous dispersent.

Il s’agit de prendre sa croix. Sans doute les contemporains de Jésus connaissaient-ils le supplice de la croix, son côté infamant et les souffrances qu’il causait, car les Romains avaient l’habitude d’infliger ce supplice à ceux qui se révoltaient contre leur domination. Mais pour nous, disciples de Jésus, prendre sa croix, c’est se situer en continuité totale avec Jésus, qui lors de sa Passion a porté lui-même sa croix (Jn 19,17).

Il s’agit de renoncer à tout, pour tout recevoir de lui. Certes il se peut que la radicalité de l’Évangile nous effraie. Pourtant elle est faite pour susciter en nous la joie spirituelle. Il s’agit de faire mourir le vieil homme, pour que grandisse l’homme nouveau, créé dans le Christ Jésus. Il s’agit de pressentir, d’accueillir « ce centuple promis par Jésus, avec des persécutions dans le temps présent, et la vie éternelle dans le monde à venir » (Mc 10,30).

Peut-être convient-il de nous arrêter un moment ici sur la deuxième lecture entendue. Elle était tirée de la lettre de Paul à Philémon. Cette lettre, l’une des sept lettres attribuées sans aucun doute à l’Apôtre, n’est utilisée qu’une seule fois, aujourd’hui même, dans le cycle des lectures du dimanche réparti sur trois ans. C’est dommage, car elle est remarquable de finesse psychologique et d’intelligence spirituelle. Je ne puis que conseiller à ceux qui ne la connaîtraient pas ou mal, de prendre la peine de la lire en entier dans le premier NT qu’ils auront sous la main. Ils ne regretteront pas sa lecture.

De quoi s’agit-il dans cette lettre ? Précisément de ce centuple expérimenté par Paul et proposé à Philémon. Celui-ci a été évangélisé par Paul. Il est propriétaire d’un esclave du nom d’Onésime, qui a fui son maître, lui dérobant en plus quelques biens. Réfugié à Éphèse, il a été instruit à son tour dans la foi chrétienne par Paul, alors prisonnier dans cette ville, et s’est mis à son service. Mais Paul ne veut pas le garder mais le restituer à son légitime propriétaire, pour que celui-ci le lui renvoie librement afin de le soutenir dans sa captivité.

Mais comment Philémon va-t-il accueillir Onésime ? Comme son esclave sur lequel, selon la législation antique, il a droit de vie et de mort, et qu’il peut châtier à sa guise ? Ou bien comme un frère devenu bien aimé dans le Christ ? C’est ce que suggère Paul. Il lui demande de l’accueillir comme si c’était lui-même.

De nos jours il n’y a plus d’esclave, du moins en principe, car on pourrait en trouver sans doute en bien des parties du monde. En tout cas beaucoup de personnes ont connu ou connaissent dans leur propre pays des situations de détresse qui les ont obligées à fuir. D’autres migrants viennent dans nos pays dans l’espoir d’un avenir meilleur. Peut-on le leur reprocher ?

Bien sûr il n’est pas question de rapprocher les situations vécues au temps de saint Paul et celles d’aujourd’hui. Mais peut-être la lettre à Philémon est-elle l’occasion d’éveiller nos sens spirituels, de nous faire pressentir combien dans des situations de grande détresse, établir des relations plus humaines, plus évangiles avec ceux qui les vivent peut faire découvrir ce centuple dont parle l’Évangile ? En tout cas c’est la conviction du pape François.

« Le Seigneur nous a envoyé d’en-haut son Esprit-Saint pour nous communiquer sa Sagesse, et nous faire connaître sa volonté », disait la première lecture .