vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 16 décembre 2018 — 3e dim. de l'Avent — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 3e DIMANCHE DE L’AVENT – 16 décembre 2018

So 3 14-18; Phip 4 4-7; Luc 3 10-18

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Pousse des cris de joie,

Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie.

Le Seigneur ton Dieu est en toi,

c’est lui qui apporte le salut.

Il aura en toi sa joie et son allégresse,

il te renouvellera par son amour. »

Frères et sœurs, le mal, le malheur, la folie meurtrière, et pour nous croyants, le péché,

sont à l’œuvre chaque jour dans notre monde, dans l’histoire de l’humanité,

dans notre propre histoire.

Décennie noire des années 90 en Algérie, guerre de 14-18 appelée la « grande »,

attentats terroristes, exploitation de l’homme par l’homme,

richesse des uns s’alimentant à la misère des autres,

comportements destructeurs de membres de l’Eglise…

Comment ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas désespérer peut-être ?

Et si nous sommes indifférents, insensibles,

si nous gardons notre distance face au malheur des proches et des plus lointains,

nous aggravons la défiguration de l’humanité.

Or voici qu’aujourd’hui, la liturgie nous dit :

« Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie. »

Est-ce audible ? Est-ce sensé ?

Paul écrivait aux Corinthiens :

« Nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens ».

Oui, le mal et le péché sont à l’œuvre dans le monde et dans nos vies,

mais Dieu est venu dans le monde, il vient dans nos vies, il vient en ce dimanche

pour nous arracher au mal.

Il est venu en messie crucifié.

Lui qui n’a aucune part avec le péché, a pris sur lui le péché et le malheur.

Il a connu et porté l’horreur du péché et du malheur.

Lui, le Juste, a pris sur lui l’injustice.

Il a pris la place du péché, la place de l’homme détruit par le mal.

Messie crucifié.

Par sa présence en notre humanité,

« il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il a écarté nos ennemis. »

Sa vie a traversé la mort, sa sainteté a pénétré le péché :

la mort et le péché sont réduits par lui à l’impuissance.

« Nous n’avons plus à craindre le malheur. »

« Réjouis-toi de tout ton cœur.

Le Seigneur ton Dieu est en toi. »

Si Dieu est en nous, le mal en nous n’a pas le dernier mot.

L’amour est plus fort que la haine, la lumière plus forte que les ténèbres.

C’est pourquoi le temps de l’Avent, dans notre histoire humaine telle qu’elle est,

est le temps de la joie, le temps du désir, le temps de l’attente,

dans la confiance en une parole, une promesse.

Cette promesse n’est pas illusion, encore moins tromperie,

elle est déjà pour une part réalisée : en la personne de Jésus, l’homme est saint,

en parfaite communion avec Dieu et avec la création entière.

En Jésus, l’homme a accédé à la plénitude de la vie et de la joie.

Jésus, Dieu-homme, est notre avenir, l’avenir de l’humanité.

Aujourd’hui, nous sommes en chemin,

« Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté »,

et cependant, « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » écrit st Jean ;

nous sommes enfants de Dieu parce que « la vie qui était auprès du Père s’est manifestée », « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». « Il est en nous ».

Nous allons fêter Noël, sa venue dans la chair,

nous la célébrons aussi chaque jour :

Dieu s’est fait chair, la chair est habitée par Dieu, vivifiée par son Esprit.

« Le règne de l’iniquité » prospère dans le monde

mais le règne de Dieu est plus fort que le règne de l’iniquité.

Dans le Notre Père, après avoir demandé « délivre-nous du mal », nous disons :

« car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire ».

Nous professons là notre foi et notre espérance.

Le règne n’appartient pas aux puissances mortifères de domination et de mensonge,

mais à Dieu Serviteur qui a pris chair pour prendre soin de nous.

Dieu s’est fait chair, il a pris nom et visage : Jésus de Nazareth.

Jésus est plus fort que le mal,

parce qu’il l’assume et ne le renvoie à personne.

« Il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il nous renouvelle par son amour. »

Il nous fait sortir de nous-mêmes, de l’isolement de nos égoïsmes,

pour grandir en communion.

Il nous pousse à l’agir concret de nos vies quotidiennes :

le partage du vêtement, de la nourriture, le soin des autres, une sobriété heureuse.

Dans les drames de ce monde, ceux qui prennent soin des autres,

tels les martyrs d’Algérie qui viennent d’être béatifiés,

sont lumière sur nos chemins, ils tracent la route dans le désert.

Les propos récents de Mgr Aupetit à propos des gilets jaunes,

sont dans la droite ligne des réponses de Jean-Baptiste :

« Notre pays souffre d’une incompréhension généralisée.

L’individualisme devient la valeur absolue au détriment du bien commun

qui se construit sur l’attention aux autres et en particulier aux plus faibles.

Il nous faut reconstruire une société fraternelle.

Or, pour être frères, il faut une paternité commune. (…)

L’oubli de Dieu nous laisse déboussolés

et enfermés dans l’individualisme et le chacun pour soi. »

Que le don de nos vies soit la source de notre joie ! - 16 décembre 2018

Homélie du 09 décembre 2018 — 2e dim. de l'Avent — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C - 2e dimanche AVENT - (09/12/2018)

(Ba 5, 1-9 – Ps 125 – Ph 1, 4-6.8-11 – Lc 3, 1-6)

Homélie du F.Jean -Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Nous voici au second dimanche de l’Avent. Temps que nous considérons couramment comme une préparation à la fête de Noël, et ce n’est pas faux. Mais c’est aussi le temps de la célébration et de l’attente, dans la veille, de la venue du Christ en gloire, venue qui couronnera tous les actes de Salut de Dieu dans l’histoire des hommes et de l’univers.

De Salut, il en est question d’une façon ou d’une autre dans les différentes lectures de ce jour.

La première lecture, venant du livre du prophète Baruc, chante l’espérance du peuple de Dieu, l’espérance de Jérusalem. Dieu se souvient. Il intervient en faveur de son peuple. Celui-ci peut quitter sa robe de tristesse et de misère pour revêtir la parure de gloire de Dieu, et pour toujours. Les enfants de Jérusalem étaient partis en exil à pied, emmenés par leurs ennemis. C’est Dieu lui-même qui les ramène, portés en triomphe. Et tout ce qui pouvait être obstacle au retour - montagnes, collines, vallées - est aplani pour qu’Israël chemine en sécurité. Sur l’ordre de Dieu, la nature elle-même, vient en aide à Israël par l’ombrage des forêts et des arbres si précieux en pays chaud.

Pas de commune mesure entre la détresse du peuple, pourtant intense, et les bienfaits provoqués par l’intervention de Dieu, intervention décisive et définitive. Par sa miséricorde et sa justice, Dieu conduit son peuple à la lumière de sa propre Gloire, rien que ça ! Et tout cela dans une joie profonde. Car la justice de Dieu n’est pas d’abord une justice de condamnation mais une justice de miséricorde et de Salut.

Le psaume 125 se fait l’écho de cette expérience d’Israël d’avoir été exilé et ramené par Dieu à Sion, c’est-à-dire à Jérusalem. Cela provoque l’admiration des nations païennes. Et là aussi, l’intervention du Seigneur provoque une joie débordante. « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. » Voilà encore le Salut de Dieu.

La lettre de saint Paul aux habitants de Philippes, ville du Nord-Est de la Grèce actuelle, nous parle aussi de l’œuvre de Salut menée par Dieu en chacun des chrétiens de cette ville et, par-delà, en chacun de nous. Paul y montre sa confiance en cette action de Dieu qui continue et continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. Il s’agit de la venue en Gloire du Christ. Paul prie pour que tous progressent encore et toujours afin de devenir purs et irréprochables pour ce jour du Christ. Cette œuvre de Salut de Dieu dans le cœur des disciples du Christ se continue encore aujourd’hui. Mais le remarquons-nous vraiment ?

Quant à l’évangile de ce jour, il situe assez précisément et de façon solennelle, le début du ministère de Jean Baptiste. Les historiens le situent aux alentours de l’année 28 de notre ère. Ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel est que Jean Baptiste proclame le Salut de Dieu sous la forme d’un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Et l’évangéliste Luc, s’il ne reprend pas le texte de Baruc que les juifs ne reconnaissent pas comme prophète, cite le prophète Isaïe qui reprend des images semblables. Le chemin vers le Salut de Dieu sera aplani. Les ravins seront comblés et les montagnes et les collines abaissées. Rien ne s’opposera au Salut de Dieu et tout être vivant verra ce Salut.

La prière d’ouverture de cette eucharistie nous invitait à ne pas laisser le souci du quotidien nous entraver dans notre marche à la rencontre du Christ. Elle demandait aussi à Dieu d’éveiller l’intelligence du cœur qui nous permettra de l’accueillir et de nous faire entrer dans sa propre vie.

Frères et sœurs, les différents textes de ce dimanche nous disent bien ce qu’est le Salut de Dieu. Dieu a été sans cesse fidèle à son peuple, et il nous est fidèle. Son désir est de nous faire partager sa vie divine, nous faire entrer dans sa propre vie. En sommes-nous vraiment conscients ? Osons-nous en témoigner ?

Si nous prenons le temps de relire les moments importants de notre vie, nous pourrons, comme les prophètes d’Israël, découvrir son action passée et garder ainsi confiance dans l’avenir. Si Dieu est venu à notre aide, il nous viendra encore en aide.

Nous pouvons aussi avoir confiance dans le fait que le Christ vient aujourd’hui dans nos vies et qu’il nous prépare, en faisant grandir en nous l’amour, à l’accueillir lorsqu’il viendra de manière décisive dans la Gloire pour nous introduire pour toujours dans sa vie. Et, par-delà l’attente de la fête de Noël, c’est à cela que l’Avent nous exerce : veiller dans l’attente de cette venue du Christ. Dieu agit dès maintenant en aplanissant en nous les obstacles, les collines, les montagnes, les ravins. Sachons nous laisser travailler par Lui. C’est déjà cela le Salut. C’est cela la joie de l’Avent, c’est cela la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Nous pouvons parfois nous laisser décourager par les soucis de la vie, les souffrances de notre monde et Dieu sait s’il y en a. Mais la présence du Seigneur à nos côtés est bien plus que ces soucis, que ces peines. Si nous avons parfois l’impression, devant les drames que vit notre monde, que Dieu est absent, n’oublions jamais qu’il est venu partager en son Fils notre condition et nos souffrances, et elles n’ont pas été un détail dans sa vie.

Toutefois, nous avons à collaborer à ce Salut. Il ne suffit pas d’attendre. Veiller, c’est aussi agir pour que plus de bonté et de justice advienne dans ce monde. A nous de trouver comment aider nos proches, comment concourir à changer les mécanismes qui maintiennent beaucoup de nos contemporains dans la pauvreté ou la misère, comment respecter plus la création. En effet ce Salut concerne aussi toute la création convoquée par Dieu lui-même à y participer.

Le Salut de Dieu est à l’œuvre, chaque jour qui passe. Prenons-en davantage conscience en ce temps de l’Avent et consacrons-nous à le rendre présent dans notre monde. AMEN - 9 décembre 2018

Homélie du 02 décembre 2018 — 1er dim. de l'Avent — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C - 1° Dimanche de l'Avent - 2 Décembre 2018

Jr 33.14-16 Ps 24 1Th.3-12 à 4.2 Luc 21.25-28.34-36.

Homélie du F.Antoine

Texte :

Chers fr et Srs, Faut-il avoir peur, après avoir écouté cet Evangile où il nous est dit que les

nations seront affolées, les hommes mourront de peur, les puissances des cieux seront

ébranlées... Il est sûr que commencer une nouvelle année liturgique par une vision

apocalyptique de la fin des temps n'est pas évident sinon que toute histoire ne prend en

effet de sens, que par sa fin. Notre monde ancien va donc disparaître .. il fera place à un

monde nouveau, un monde voulu par Dieu.

Mais cette annonce de la fin de notre monde, symbolisée par des signes d'une grande

violence, cette annonce, est tempérée par la prière d'ouverture de notre eucharistie

« Donne à tes fidèles, Seigneur, d'aller avec courage sur les chemins de Justice, afin d'être

appelés, lors du Jugement, à entrer en possession du royaume des cieux.

De même dans la première lecture, le prophète Jérémie renforce notre espérance « Voici

venir des jours, oracle du Sgr où j'accomplirai la parole de bonheur que j'ai adressée à la

maison d'Israël. »

Entrer en possession du royaume des cieux.

Accueillir l'accomplissement de la Parole de bonheur de Dieu.

Telles sont également les prophéties concernant notre humanité ....

Mais, Frs et Sœurs .. Faut-il alors avoir peur, devant les réalités d'une chrétienté qui passe

par des moments difficiles, qui souffre d'une indifférence grandissante, traverse une grave

crise morale et diminue en nombre en Occident...

Faut-il céder au pessimisme alors que le dernier mot de l'histoire qui éclaire le présent

reste cette Parole du Christ de l'Evg d'aujourd'hui « redressez-vous ... relevez la tête ... votre

rédemption est proche ... veillez, priez en tout temps, vous aurez ainsi la force d'échapper à

tout ce qui doit arriver et vous tenir debout devant le fils de l'homme. »

C'est pourquoi ...

- Demandons au Seigneur la grâce de voir dans la réalité de nos vies quotidiennnes, le lieu

où, chaque jour, il nous invite à veiller, à prier, à aimer.

- Demandons-lui de découvrir à quel point, nos difficultés, nos échecs, qui sont inévitables,

peuvent devenir une invitation à passer à travers nos croix ... vers la résurrection et la vie.

- Demandons-Lui enfin, la grâce 'heureuse' de rester des êtres de désir qui savent où se

trouve l'unique source, la seule source, celle qui peut combler notre attente et nous tenir

debout, prêt à l'accueillir à chaque eucharistie. - 2 décembre 2018

Homélie du 25 novembre 2018 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 34ème dim. du T.O. Solennité du Christ-Roi, 25 nov.2018

Dan 7 13-14; Ap 1 5-8; Jean 18 33-37

Homélie du F.Bernard

Texte :

« Es-tu le roi des Juifs ? ». Question décisive posée à Jésus, au terme de son ministère, par Pilate. Question posée par celui qui a le pouvoir de vie et de mort sur tous les ressortissants de la Palestine. Question parallèle à celle que les autorités juives avaient posée juste avant au tribunal du Sanhédrin : « Es-tu le Messie, le Fils du Béni ? » (Mc 14,61).

Question plus politique peut-être de la part de Pilate, question plus religieuse venant du grand prêtre. Mais questions très semblables en fait, car le Messie annoncé par les Écritures, l’Oint du Seigneur, serait fils de David, héritier des promesses faites à l’ancêtre et à sa descendance. Quelles promesses ? « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi. Ton trône sera affermi à jamais » (2 Sm 7,16).

Promesses relayées ensuite par les prophéties. Nous venons d’entendre à l’instant celle du Livre de Daniel : « Voici venir sur les nuées du ciel comme un Fils d’homme. Il lui fut donné domination, gloire et royauté sur tous les peuples, toutes les nations. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas » (Dn 7, 13-14). Jésus, le Seigneur, n’est donc pas seulement roi des Juifs, comme avait dit Pilate, mais roi sur toute la terre, sur tous les peuples, toutes les nations.

« Es-tu le roi des Juifs ? ». A Pilate, Jésus avait répondu : « Ma royauté n’est pas de ce monde. Je suis venu pour rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix ». Et Pilate en avait déduit : « Donc tu es roi ». Dès lors la parodie de procès avec ses suites pouvait s’engager. Jésus est livré aux soldats, flagellé, revêtu d’un manteau pourpre, comme pour un roi. Il est identifié à « l’homme de douleur et de mépris, devant qui on se voile la face, car il n’a plus figure humaine » (Is 52,4 et 53,3). C’est ainsi que Pilate le présente à la foule, autant peut-être par dérision que pour émouvoir la commisération de la populace. « Voici l’homme ». Mais rien n’y fait. La haine des grands prêtres envers l’Innocent s’est transmise à la foule. Elle veut maintenant la mort de Jésus, que peu auparavant, lors de l’entrée à Jérusalem, elle avait acclamé comme le Messie, fils de David. Alors Pilate, sans condamner vraiment Jésus, le livre aux autorités juives pour qu’il soit crucifié.

Mais sur la croix sera apposé l’écriteau décisif, rédigé dans les trois langues connues dans la Palestine d’alors, l’hébreu, le grec et le latin, afin que nul n’en n’ignore : « Jésus de Nazareth, roi des juifs ». Ce sont les initiales de ces mêmes mots en langue latine, INRI, qui sont reproduits habituellement sur nos croix.

Le centurion romain, à la mort de Jésus s’était écrié : « Vraiment cet homme était fils de Dieu » (Mc 15, 39). Il le faisait alors en son nom propre, devenant en quelque sorte le premier confesseur de la foi. Ici c’est le procurateur romain lui-même qui fait inscrire le libellé de l’écriteau. Et précise-t-il : « ce qui est écrit est écrit », et le restera toujours.

Tout est achevé maintenant. Tout est révélé à la croix. Du côté transpercé du crucifié ont jailli l’eau et le sang. Grâce à l‘eau et au sang des sacrements, à nous aussi il est donné de contempler maintenant l’Innocent crucifié, lui qui « de condition divine, a été abaissé jusqu’à la mort et la mort de la croix, puis élevé par Dieu au- dessus de toute créature, pour recevoir le Nom au -dessus de tout nom, le nom de Jésus-Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (cf. Ph 2, 8-11).

Au terme de l’année liturgique, l’Écriture nous a redit l’essentiel : le procès de Jésus, sa condamnation par les autorités religieuses de son peuple, sa crucifixion. Paul ne voulait pas transmettre autre chose à ceux à qui ils annonçait son Évangile quand il disait : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés au salut, tant Juifs que païens » (1 Cor 1, 23-24).

Prenons le temps de contempler la croix, nous rappelant les mots du prophète : « Ils contempleront celui qu’ils ont transpercé ». De la contempler comme le trône où siège à jamais le Christ Jésus, roi des Juifs et roi de l’univers. C’est de ce lieu qu’il attire à lui tous les hommes. « Oui vraiment. Amen. Je suis l’Alpha et l’Omega, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant » (Ap 1, 7-8). - 25 novembre 2018

Homélie du 18 novembre 2018 — 33e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 18/11/2018

(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Avec ce 33ème dimanche du TO, nous approchons du terme d’un cycle liturgique, et comme chaque année, l’Eglise nous donne à entendre et à méditer des passages de l’Ecriture Sainte sur la fin des Temps, sur l’eschatologie, comme on la désigne en théologie.

Ces textes ne sont pas toujours faciles à bien comprendre et à assimiler. Ils empruntent volontiers un langage codé ou crypté, le langage de l’apocalyptique qui se prête à bien des contresens ou des interprétations plus ou moins fantaisistes.

Dans un sens courant, le mot « apocalypse » évoque une catastrophe, une série de malheurs ou d’évènements extraordinaires provoquant la peur et l’angoisse. Cela certes n’est pas entièrement faux. Dans la 1ère lecture, le prophète Daniel annonce un « temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu auparavant parmi les nations ». Et Jésus, dans l’Evangile, parlant à ses disciples de sa venue leur prédit : « en ces jours-là, après une grande détresse, les puissances célestes seront ébranlées ».

Cependant, le sens le sens le plus profond du mot « apocalypse », n’est pas celui d’une catastrophe ou d’un malheur. Il nous est donné par son étymologie. En grec, le mot signifie « révélation », « dévoilement ». Oui, l’apocalypse signera bien la fin d’un monde , mais ce ne sera pas la fin du monde. La venue du Christ en Gloire, à la fin des Temps, sera le dévoilement d’un nouveau monde, qui fera disparaître les puissances et les dominations terrestres de ce monde-ci, lequel passera, avec ses dirigeants (rois, princes, empereurs dont les symboles sont le soleil, la lune et les astres qui perdront leurs éclats, faisant place à une toute autre lumière divine. Les destinataires de ces écrits apocalyptiques qui étaient des communautés connaissant la persécution et l’insécurité savaient déchiffrer ce langage crypté, et elles savaient faire jouer les correspondances.

Et pour ces croyants alors, le message apocalyptique était celui d’une immense espérance.

Fondé sur la victoire du Christ sur la mort, il était assuré par l’affirmation de Sa Résurrection et de son Ascension au Ciel, avec la promesse de son Retour en Gloire, en un jour qui ne saurait tarder.

Comment donc actualiser ce message central de la foi chrétienne, écrit dans ce langage qui nous est peu familier, avouons-le ? La seconde partie de l’évangile de Marc que nous avons entendu peut nous aider d’une certaine façon. Avec l’exemple que Jésus prend dans la nature, comme il le fait souvent dans les paraboles : exemple du figuier dont les branches tendres et les feuilles du printemps annoncent les fruits de l’été. Nous savons mieux interpréter les signes du temps de la météo et de la croissance des plantes et nous trouvons facilement un sens à cette attente dans le passage d’une saison à une autre.

Pour les disciples, ce passage peut et doit symboliser surtout celui d’un monde ancien, imparfait et marqué par la défaillance du péché et de la mort, vers un monde nouveau, un ciel et une terre nouvelle, où règneront la justice, la paix et l’amour.

Loin de nous décourager et de nous faire peur, ces textes d’aujourd’hui de la Parole de Dieu sont là pour vivifier notre espérance, fortifier notre foi au Christ Vivant, et nous appeler à une plus grande charité dans une mission de transformation de notre monde.

Le fondement de cette foi et de cette espérance nous est aussi rappelé dans la seconde lecture de l’épitre aux hébreux. C’est par le sacrifice unique du Christ offert par amour sur la Croix, en rémission de nos péchés, que nous avons accès à ce monde à venir et à la vie éternelle. Le Christ, désormais élevé au Ciel, à la droite de son Père attend que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Il attend, lui aussi comme nous, et cela peut nous surprendre, Il attend le moment de la résurrection finale et du Jugement Dernier. Il n’en connaît pas le jour, ni l’heure, et pas davantage les anges qui l’entourent et qui accompagneront sa Venue, lorsque le Père le décidera.

En fin de compte, frères et sœurs, il ne nous est rien demandé d’autre que de croire et d’attendre. Ce sont là le premier et le dernier verbe de la confession de foi que nous allons proclamer dans un instant. Je crois (credo) en un Dieu, créateur des mondes visible et invisible, je crois (credo) en la Toute Puissance de Son Amour, révélé en son Fils, Jésus-Christ, Notre Seigneur et Notre Sauveur. Et en même temps que je crois, j’attends (expecto) la résurrection des morts et la vie du monde à venir.

Puissions-nous achever ces jours de l’année liturgique, en ces Temps qui sont les derniers, dans cette confiance et cette expectative.

18 novembre 2018

Amen.

Homélie du 11 novembre 2018 — 32e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 32ème Dimanche du temps ordinaire - 11 novembre 2018

1ere lecture : 1 Rois, 17,10-16

2eme lecture : Lettre aux Hébreux 9,24-28

Evangile selon saint Marc 12,38-44

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Au début de notre Evangile, Marc nous dit que Jésus parle "dans son enseignement", les deux parties sont donc là pour nous instruire.

Jésus, d'abord, avertit ses disciples d'éviter les attitudes ostentatoires de certains "scribes", docteurs de la Loi, "qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners". Autrement dit, la religion leur sert à se mettre en avant, elle n'a rien d'une relation gratuite et confiante avec Dieu. Ils vont plus loin, jusqu'à l'hypocrisie, dissimulant des actions mauvaises : "Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières". La religion, la Loi dont ils sont chargés, est complétement dévoyée. La suffisance et la richesse semblent avoir fermer leurs cœurs.

Mais oserons-nous nous reconnaître dans ces scribes qui ne donnaient que ce qui ne menaçait pas leurs économies et, donc, leur bien-être ? Principe de précaution ? Comme pour l’homme riche de l’évangile (Mc 10, 27-37), l’argent sert parfois à se protéger des autres, à se garantir de l’inconnu et du danger du futur, à s’assurer contre la peur du lendemain, sans plus compter sur Dieu.

Et justement, dans la seconde partie, Jésus nous invite à réfléchir sur le "superflu" et sur "l’indigence" : "beaucoup de riches mettaient de grosses sommes" dans le tronc du Temple, ils prennent "sur leur superflu", souligne Jésus. Ils ne donnent rien d'eux-mêmes en réalité, à l’inverse de la pauvre veuve aux "deux petites pièces de monnaie", qui "a pris sur son indigence et mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre".

Peut-être est-ce pour cette raison qu'à Sarepta, en un temps de famine, Elie avait demandé l'hospitalité, non à quelqu'un de riche, mais à une pauvre veuve à bout de ressources, proche de mourir avec son fils, mais, en dépit de tout, comme les vrais pauvres, toujours capable de donner ? Ce don total lui vaudra de tout recevoir de la générosité de Dieu : et d’abord la vie. Notons bien que Sarepta est en territoire païen, que cette femme n'est pas une Israélite, même si, semble-t-il, elle croit au Seigneur, Dieu d'Israël : "Je le jure par la vie du Seigneur TON Dieu..." Elle n'obéit pas à la Loi, mais à son cœur, à son humanité. A travers elle, s'annonce le salut pour tous les peuples.

Quel rapport entre cette "veuve de Sarepta" qui donne de ses dernières ressources pour nourrir Elie et la "veuve" du Temple de Jérusalem dont Jésus fait l'éloge, mais dont nous ne saurons rien de plus ?

Peut-être deux choses, qui attirent justement ces éloges de Jésus : la générosité et la confiance. Car l'une et l'autre donnent tout ce qu'elles ont pour vivre. L'une se fie à la prière d'Elie, l'autre à la Loi et à l'amour de Dieu. Toutes les deux en fait donnent leur vie parce qu’elles font confiance à l’Autre.

La différence pourrait être que la veuve de Sarepta va recevoir une récompense immédiate, et durable : "Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie." Celle du Temple ne voit pas de récompense, et n'en attend certes pas ; mais se peut-il que Jésus, infiniment plus grand qu'Elie, ne lui accorde pas le "centuple" ?

C’est que pour Jésus, le vrai culte, ce ne sont pas les "longues prières", mais le don, sous toutes ses formes. Car c’est dans le don que la relation à l’autre existe, et, à travers elle, la relation à Dieu. Le lieu de Dieu, ce n’est pas le Temple, mais le prochain.

La pauvre veuve, comme son ancêtre de Sarepta, n’avait plus rien à perdre puisqu’elle avait tout donné. Mais, elles deux, étaient riches de leur humanité. Elles n’avaient plus rien à défendre ; débarrassées du souci d’elles-mêmes, plus rien ne les séparaient des autres ; elles étaient proches de tous. Elle n’avait plus que leurs mains vides pour recevoir le don de leur Seigneur !

Et moi ? Serais-je capable de faire un jour, aujourd’hui ou demain, dans la vie de tous les jours, complètement confiance à Dieu, mon Seigneur ?

Serais-je capable, un jour, de donner jusqu'au bout, même de mon "nécessaire", même de mon "indigence" ? Tour simplement ma vie ! Et il y a mille manières de le faire au long des jours !

Sous forme d’avertissement, aujourd’hui, Jésus nous appelle à être ses disciples dans notre monde. Et l’accueil de l’autre, et le partage des richesses sont certainement parmi les principaux défis de notre vivre ensemble demain. - 11 novembre 2018

Homélie du 04 novembre 2018 — 31e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 31e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (04/11/2018)

(Dt 6, 2-6 – Ps 17 – Hb 7, 23-28 – Mc 12, 28b–34)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

dans les lectures que nous offre l’Eglise ce dimanche résonne cet écho entre la première lecture et l’évangile : « Ecoute Israël … tu aimeras ».

Nous l’avons entendu dans la lecture du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible qui constitue la Loi juive par excellence. Nous l’avons entendu aussi de la bouche-même du Christ en réponse à la question d’un scribe, spécialiste de la Loi.

Remarquons d’ailleurs qu’à la question du scribe sur le premier de tous les commandements, le Christ ne répond pas directement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu etc… »

Mais le Christ, lui, commence par « Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » Puis vient « tu aimeras ». Ainsi le Christ insiste sur cette écoute qui fait partie du commandement. Les moines bénédictins se retrouvent assez bien dans cette façon de faire, eux dont la Règle commence par « Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître. » Et le Christ rappelle que le Seigneur, le Dieu d’Israël, est bien l’unique Seigneur. Et ce n’est qu’ensuite que vient le commandement d’aimer le Seigneur Dieu.

Il me semble que ce commandement de l’écoute est important, pour ne pas dire capital car je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il nous faut aimer Dieu mais il devient peut-être plus difficile de préciser comment aimer notre Dieu.

La première lecture montre que l’écoute et la mise en pratique ne font qu’un (« tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique »).

Mais le Christ associe au passage du Deutéronome un autre passage sous la forme d’un second commandement, passage tiré du livre du Lévitique, le troisième livre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est assez amusant, le scribe demande quel est le premier de tous les commandements, et le Christ lui donne deux commandements. Il me semble que c’est pour lui dire, pour nous dire, que les deux commandements vont ensemble, qu’on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain et qu’on ne peut opposer l’amour de Dieu et celui du prochain.

Mais qu’est-ce qu’aimer mon prochain comme moi-même ?

Les Juifs du temps Christ et les Juifs pratiquants d’aujourd’hui, connaissent très bien la Bible et lorsqu’ils citent un verset, ils ont en tête son contexte, c’est-à-dire ce qui précède et ce qui suit. Quand on regarde ce qui précède cette phrase du Lévitique, on constate qu’il y a toute une série de prescriptions bien concrètes dans la vie de tous les jours. J’en cite quelques-unes :

Laisser au pauvre et à l’émigré une partie des moissons, des vendanges, de la cueillette des fruits.

« Vous ne volerez pas. Vous ne mentirez pas, vous ne tromperez aucun de vos compatriotes. »

« Tu n’exploiteras pas ton prochain,… tu ne retiendras pas jusqu’au lendemain la paye du salarié … »

« Tu jugeras ton compatriote avec justice. Tu ne répandras pas de calomnies contre quelqu’un de ton peuple, tu ne réclameras pas la mort de ton prochain. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. » Et puis vient tout de suite : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Vous le voyez, aimer son prochain comme soi-même, pour l’auteur du passage que cite le Christ, n’a rien de la relation sentimentale romantique mais elle est très concrète dans l’agir à mettre en œuvre.

Si je relie ce passage avec la parabole du jugement dernier chez saint Matthieu au chapitre 25, c’est tout aussi concret et on peut dire que le Christ y énonce une série de commandements qui explicite la Loi juive : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » Nous y retrouvons également la même logique que dans l’évangile d’aujourd’hui : tout ce qui a été fait de bien au prochain, affamé, assoiffé, étranger, pauvre, malade, prisonnier, ceux dont nous pourrions avoir tendance à nous détourner, a été fait au Christ et donc à Dieu. Aimer Dieu et aimer son prochain sont le même commandement pour le Christ.

Ecoute Israël, écoutons ce que le Christ, reprenant les passages fondamentaux de la Loi juive, nous dit.

Le passage de l’épître aux Hébreux que nous avons entendu tout à l’heure nous rappelle l’action du Christ grand prêtre, Christ qui intercède pour nous et qui nous sauve.

Ce Christ, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous a donné les moyens concrets d’aimer notre prochain. Prochain que nous ne considérons d’ailleurs pas nécessairement comme très proche. Mais c’est là que se joue notre vocation de chrétiens, de disciples du Christ, là où nous sommes. Sans chercher à faire des choses extraordinaires mais en étant ouvert à ce que la vie nous offre, écoutons et mettons en pratique. C’est entrer dans la dynamique du Salut voulu pour nous par le Christ, par Dieu.

Je terminerai par deux phrases de Madeleine Delbrêl dont la cause de béatification est en cours et que nous avons entendues hier soir :

« C’est dans la prière, et dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun », par une foi sans cesse plus aiguë et plus clairvoyante. » et

« Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. »

Demandons à l’Esprit Saint de nous garder ouverts et attentifs aux appels du Christ. -

AMEN - 4 novembre 2018

Homélie du 02 novembre 2018 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2 Novemlbre 2018 –

Homélie du Père Abbé Luc

Rom 6 3-9 ; Jean 6 37-40 -

Texte :

Cette nuit aux Vigiles, nous entendions la belle parabole du grain semé et appelé à mourir pour donner une nouvelle plante. Paul en tire une leçon pour manifester la grande différence qu’il y aura entre notre corps charnel qui meurt et retourne à la terre, et le corps spirituel incorruptible qui en sortira lors de la résurrection et qui sera tout autre.

Je fais un lien avec la parole de l’évangile de ce matin, « telle est la volonté de mon Père, que celui qui voit le Fils et croit en Lui ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour ».

Croire en Jésus, Fils de Dieu, Sauveur est bien plus qu’avoir une opinion parmi d’autres sur l’invisible ; Croire nous fait entrer dans la vie éternelle.

La foi nous donne d’accueillir comme un don dès aujourd’hui la vie qui ne finit pas grâce à la relation vivante avec Jésus, Vivant à nos côtés.

Cette foi, dynamisme de vie déjà pour aujourd’hui, nourrit le grain que nous sommes, le gonfle d’énergies spirituelles qui nous révèleront pleinement toutes leurs potentialités que dans la vie à venir, lorsque nous renaitrons Corps spirituel.

Rendons grâce pour ce don de la foi qui vient nourrir dès aujourd’hui la vie éternelle en nous, et prions pour tous les défunts afin que Dieu accomplisse, achève son œuvre en eux.. - 2 novembre 2018

Homélie du 01 novembre 2018 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Fête de la Toussaint

01 Novembre 2018

PROFESSION SOLENNELLE

DE FRERE PAUL JACQUES MEUNIER

(Ap 7, 2-4, 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12)

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Cette fête de tous les saints est comme une fenêtre entrouverte sur la vie future… Sans bien voir encore, en espérance et dans la foi, la liturgie nous donne de pressentir, comme une promesse, tout le poids de lumière, de vie et d’amour qu’aura la Vie éternelle en Dieu. Les saints connus pour quelques-uns et inconnus pour beaucoup prennent déjà part à cette joie. Quant à nous, les saints en devenir, nous tendons vers cette joie, dans ce monde que nous habitons. Notre foi nous assure que la vie en ce monde porte déjà l’empreinte de la vie à venir. En creux, en attente, en espérance, en gestation aussi, comme les lectures nous l’ont fait comprendre. Gestation dans la souffrance de tant d’êtres passés par la grande épreuve. Gestation dans la quête de justice, de la paix, de miséricorde, de la douceur qui ouvre les voies du bonheur. Gestation aussi reçue comme une grâce, celle de devenir enfants de Dieu par le bon vouloir de Dieu notre Père…

F. Paul, ta vie déjà bien remplie au service de l’évangile avec tes frères de la Mission de France, t’a donné d’entrer dans ce grand mouvement de gestation. Ce matin, tu vis ton engagement par la profession solennelle dans la continuité de ton baptême et de ton ordination sacerdotale. Comme nous le priions au début de cette célébration, tu désires que « la grâce de ton baptême et de ton ordination, fortifiée par les liens nouveaux de la profession monastique s’épanouisse dans toute sa plénitude »… La profession que tu vas prononcer te fait entrer dans des liens nouveaux avec cette communauté ainsi que dans une suite du Christ renouvelée par la vie monastique sous une règle et un abbé. Tel est l’appel que tu as entendu et telle est la réponse que tu souhaites donner au Christ comme un aboutissement, afin de le servir jusqu’au bout de tes forces. D’une manière renouvelée, la vie monastique que tu embrasses va faire de toi un veilleur, un missionnaire et un ami du Christ. Je voudrais mettre en lumière ces trois points maintenant.

Veilleur. Comme moine, nous aimons ce mot. Car il est un de ceux qui qualifie peut-être le mieux notre quête. Veiller dans la prière, le jour, la nuit. Veiller dans l’attente du Jour de la Rencontre avec le Christ qui vient. Veiller pour être prêt à l’accueillir au jour de notre mort. Par notre veille, nous essayons de tenir toujours allumée notre lampe, la lampe de notre disponibilité, la lampe de notre amour, tendu vers cet avènement du Christ qui donnera sens à cette profonde gestation à l’œuvre en notre monde. La prière des heures qui rythme nos journées fait de nous des veilleurs pour le monde. Par nos voix, montent les cris, les désirs, mais aussi les joies de tant d’hommes et de femmes qui ne savent pas bien vers qui se tourner pour dire leur détresse ou leur reconnaissance. En reprenant la prière plurimillénaire des psaumes, nous entrons dans le grand cortège des priants qui ont veillé, donnant du poids et du sens à toutes les quêtes humaines plus ou moins tâtonnantes. Nous aussi, nous cherchons, nous doutons et nous croyons. Avec toute l’Eglise, par cette prière liturgique, nous voulons nous offrir à l’œuvre de Dieu, à la brise légère de son Souffle qui en nous gémit le nom du Père, nous apprenant les mots de la confiance filiale. De manière voilée, encore imparfaite, notre veille dans la prière atteste de notre espérance en Dieu car déjà elle s’unit à la prière des anges rapportée dans la première lecture : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau »…

Missionnaire. A la suite de Ste Thérèse, aimée à la Mission de France, par la profession monastique, ta mission ne s’arrête pas. Mission par le témoignage d’une vie cachée dans la continuité de la vie en Chine. Mission pour donner au mot « heureux » tout son poids évangélique tel que la charte des béatitudes nous l’a fait entendre. F. Paul, tu choisis de témoigner que la recherche du bonheur est exigeante. Elle n’est pas assouvie par les seuls plaisirs de la vie. Non, le bonheur que St Benoit nous propose de vivre passe par la conversion de la part obscure de nous-mêmes. Par l’obéissance, par le renoncement à ta volonté propre, tu vas entrer dans cette pauvreté de cœur qui sait tout recevoir avec gratitude. Par les aspérités de la vie commune qui exerce notre patience, tu découvriras que la douceur avec soi et avec les autres peut vaincre beaucoup d’amertumes. Lorsque tu ressentiras des injustices, tu apprendras que la miséricorde et la recherche de la paix valent toujours mieux que la vengeance ou la rancune. Rude chemin des béatitudes que la vie monastique nous fait parcourir jour après jour, mais chemin balisé et orienté par cette promesse que peu à peu le cœur sort de soi, s’élargit, car l’amour de Dieu y prend place.

Ami. L’amitié a toujours tenu une grande place dans ta vie. L’amitié partagée avec les frères de la Mission de France, beaucoup, et avec les étudiants en Chine. Joie des relations qui s’enracine dans la joie de la relation avec le Christ. Lui, le premier est venu au-devant de toi, au-devant de chacun de nous. Avec toi, par notre baptême, devenus enfants de Dieu, nous sommes unis de façon privilégiés au Christ. Avec Lui, en Lui, par Lui, nous sommes des fils du Père. C’est ce mystère de filiation et d’amitié que tu vas approfondir au sein de la vie fraternelle. Si j’en soulignais sa part difficile souvent liée à notre étroitesse, la vie fraternelle s’offre comme un soutien, comme un espace où l’amitié avec le Christ peut se déployer au gré de m’amour partagé dans une vie très quotidienne. Les visages des frères, eux-mêmes en conversion, te montreront d’autres facettes du visage du Christ et d’autres manières d’aller à Lui. Découvrir chacun dans sa quête, avec respect et attention pour entrer dans une communion plus profonde. Ainsi la vie fraternelle tissera des liens nouveaux qui nourriront ton amitié avec le Christ.

C’est cela que la profession va maintenant confesser et sceller… - 1° novembre 2018 - Toussaint

Homélie du 28 octobre 2018 — 30e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année B
Info :

Année B - 30e dimanche du Temps Ordinaire - 28 octobre 2018

Jérémie, 31, 7-9 Hébreux, 5, 1-6 Marc, 10,

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous venons d’entendre l’évangile de Bartimée, le mendiant aveugle qui a demandé et obtenu la guérison. Que fait-il alors ? Il suit Jésus sur la route. Cette route est la dernière de Jésus : il monte à Jérusalem où, après avoir été bien accueilli en un premier temps, il va souffrir sa passion. D’abord béni comme le Fils de David, titre que Bartimée lui avait donné, il est ensuite injurié, flagellé, crucifié. Bartimée suit Jésus, d’abord sur un chemin de gloire, ensuite sur un chemin de croix.

Pour comprendre un peu mieux ce personnage, il est bon de nous souvenir des évangiles que nous avons entendus et médités ces derniers dimanches. Il y a eu l’épisode de parents qui amènent leurs petits enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. Les disciples de Jésus, - ceux donc qui l’ont suivi, - veulent les empêcher d’approcher ; Jésus se fâche et dit que le Royaume de Dieu n’appartient qu’aux enfants et qu’il faut le recevoir comme un enfant. Ensuite, nous avons entendu l’épisode du jeune homme riche : vertueux, fidèle, pratiquant, soucieux de progresser. Jésus l’aime et l’invite à sa suite, mais le jeune homme ne peut pas aller jusque là. Il ne se met pas à la suite de Jésus et s’éloigne triste. Et Jésus qui l’aimait reste triste, lui aussi. Mais l’épisode lui fournit l’occasion d’enfoncer le clou, si on peut dire ainsi, et de décrire crûment aux disciples qui l’ont suivi où il va, et où ils vont avec lui : vers la passion et vers la mort. Dimanche dernier, nous avions la suite : deux des disciples ont vu ce qui s’est passé, ont entendu les graves paroles de Jésus et ils les ont acceptées ; du moins prennent-ils leurs précautions pour la suite et demandent à Jésus les premières places dans le Royaume à venir. Jésus refuse la requête, ne promet rien, et répète ce qu’il vient de dire. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est la dernière parole prononcée durant sa vie errante.

Nous comprenons alors le sens profond de l’histoire de Bartimée. Elle vient après celle de Jacques et Jean. Lui n’est pas disciple de Jésus, mais mendiant aveugle sur le chemin. Elle vient après celle du jeune homme riche. Lui n’est pas pratiquant selon la loi, il reste assis et il mendie. Comme eux cependant, il cherche à s’approcher de Jésus afin de recevoir de lui la lumière, mais, comme pour les enfants, on cherche à l’en empêcher. Cependant aussitôt qu’il l’a reçue, cette lumière, il se met à la suite de Jésus, En lui, pourrait-on dire, Jésus a trouvé le disciple parfait : vis-à-vis de lui, comme vis-à-vis de tant d’autres, il a fait miséricorde et il a guéri, mais le nouveau voyant le suit sans commentaire, sans exigence vers Jérusalem et le Golgotha.

Dans cette longue séquence évangélique donc, il y a ceux qui n’ont rien et ne sont même pas de « bons juifs » au sens où nous dirions aujourd’hui de « bons chrétiens ». Ils sont rabroués par ceux qui sont autour de Jésus. Mais Jésus gourmande ceux-ci et s’approche des autres, qui ont cherché à s’approcher de lui. C’est le dernier d’entre eux, guéri comme les autres, qui reste avec Jésus et où ira celui-ci, il ira lui aussi.

Cette séquence est un peu effrayante pour nous qui l’entendons ces semaines-ci. Car, puisque nous sommes ici ce matin, c’est bien parce que nous voulons nous approcher de Jésus. Nous sommes peut-être tous des chrétiens pratiquants et désireux de progrès : nous sommes le jeune homme riche. Les frères de cette communauté peuvent revendiquer à juste titre d’avoir tout quitté pour suivre Jésus : ils sont des disciples. Mais ni le jeune homme riche, ni les disciples ne sont les modèles que l’évangile invite à suivre. Ces modèles, c’est l’enfant, c’est un aveugle démuni sur un chemin de poussière, ceux que les disciples ont cherché à éloigner de Jésus.

Que pouvons-nous faire alors ? Oserais-je vous dire que je ne sais pas trop. Nous pouvons, nous devons garder notre pratique chrétienne et religieuse, car cela n’est pas condamné, certes, et que cela plaît à Dieu. Mais il nous faut aussi garder en mémoire ce Bartimée, penser à lui non pas une fois tous les trois ans, quand l’évangile de saint Marc est lu, mais souvent. Désirer atteindre ce sommet. Il y a un « plus » en lui, dont nous pouvons espérer la révélation. Cela nous conduira aussi à une humble approche des pauvres, des démunis, des périphéries dont parle sans cesse le pape François et que Jésus de fait privilégie. Et un jour peut-être, nous nous trouverons dans la situation des petits et des humbles qui remplissent l’évangile. Ce fut le cas pour Jean et Jacques, les disciples ambitieux de la première place dans le Royaume. Jacques, selon le témoignage des actes des apôtres, fut le premier apôtre à donner sa vie pour le Christ, décapité sur l’ordre du roi Hérode. A Jean, il fut donné d’entrer en profondeur dans le Mystère du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix et de l’annoncer. Chacun à sa manière, ils ont reçu l’essentiel, peu importe la place qu’ils ont dans le Royaume.

Ainsi de nous, d’une façon que nous ne savons pas mais que nous pouvons espérer.

« Aussitôt, il vit. Et il le suivait sur la route ». Bienheureux Bartimée, prie pour nous. Amen.

(28 octobre 2018)