vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 03 mars 2019 — 8e dim. ordinaire — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

Année C - Dimanche 3 mars 2019 - 8e dimanche du Temps Odinaire

1ere lecture : Si 22,4-7

2eme lecture : 1 Co 15,54-58

Evangile selon saint Luc 6,39-45

Homélie du F.Matthieu

Texte :



Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent au discernement et à l’humilité, à un regard juste sur les autres et sur nous-mêmes.

Dans l’Évangile, le Christ insiste sur l’attitude que nous devons avoir avec nos frères et nos soeurs. Nous voyons plus facilement leurs défauts que leurs qualités. Nous voudrions aider notre frère à se corriger. Mais nous oublions que nous sommes mal placés pour le faire. Nous sommes comme cet homme qui voudrait enlever la paille qui est dans l’œil de son frère, mais ne remarque pas qu’il y a une poutre dans le sien.

Cet Évangile nous invite à changer notre regard sur les autres … mais aussi sur nous-mêmes.

D’abord sur les autres : leurs défauts sont bien plus visibles que leurs qualités, évidemment. Ce qu’ils font de bien, c’est bien la moindre des choses. Mais leurs défauts, il faut vivre avec, et ce n’est pas drôle !

Mais, voilà, n’est-ce pas pareil avec nous-même ? Un peu de lucidité et de recul nous en convainc facilement.

C’est même vrai par rapport à Dieu : pourquoi tant de gens ont-ils du mal à croire en un Dieu bon ? Parce qu’ils voient d’abord – et on les comprend bien – tout ce qui ne va pas dans le monde, plutôt que ce qui va bien !

Eh bien, c’est cette façon de voir le mal en premier, plutôt que ce qui est bon, qui fait de nous des " aveugles ". C’est cela avoir "une poutre dans l’œil".

Comprenons bien cette affaire de la paille et de la poutre. Cela ne veut pas dire que chacun devrait se juger pire que les autres, ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici. Car des défauts, qui n’en a pas ? Alors faut-il peser le plus ou le moins ?

Non. Ce qui est grave, ce qui rend vraiment la vie difficile, voire impossible, c’est quand on ne voit plus que le mal, chez les autres, en soi-même, dans le monde. Avoir une poutre dans l’œil, ce n’est pas avoir un défaut plus gros que les autres, c’est ne voir que les défauts. C’est avoir ce regard amer, désabusé, cette façon de toujours critiquer, de ne jamais être content. C’est cela être aveugle et entraîner l’autre avec soi dans le trou du découragement, du désespoir.

Qu’il y ait du mal dans les autres, en nous, dans le monde, c’est l’évidence. Mais c’est précisément à cause de cela, qu’il nous faut savoir discerner en chacun le bien, les possibilités de bien. Car la lucidité sans la bienveillance, c’est une lumière crue, cruelle, blessante, c’est une fausse lucidité… celle du diable !

La vraie lucidité, c’est celle qui voit au-delà des apparences. Parce que moi, vous, nous avons non seulement des défauts mais plus encore une tendance au mal en nous, alors nous avons absolument besoin, vous, moi, d’être encouragés par un regard de bienveillance, de confiance … ce regard, c’est celui de Dieu ! Et il faut reprendre à notre compte ce regard de miséricorde et de soutien !

C’est à ce retournement, à cette conversion que nous appelle l’Evangile !

Nous avons une grande responsabilité les uns à l’égard des autres. Il s’agit d’être, les uns pour les autres, les témoins de Dieu – rien moins que cela – les témoins de ce regard que Dieu, lui, pose sur nous. Ce regard que Jésus posait et pose sur nous, pauvres et pécheurs. Un regard qui va au plus profond de nous, qui y retrouve la trace de son image et qui y recrée la bonté et la beauté.

Devant les défauts des autres, devant les difficultés à vivre ensemble, Dieu nous demande non pas d’être des redresseurs de torts, mais d’aider les autres à vivre. Les chrétiens – et l’Église – apparaissent trop souvent comme voulant toujours corriger les autres de leurs défauts … et sans se regarder eux-mêmes.

Non, nous n’avons pas la charge, au nom de Dieu, de faire la morale, ni aux autres, ni à nous-mêmes. Mais nous sommes invités à croire et à transmettre cette foi : croire en la bonté de Dieu, en cette miséricorde qui est à l’œuvre, en nous, chez l’autre, et dans chaque être humain, et qui y crée de la bonté. Et nous avons à en témoigner par notre propre regard les uns sur les autres.

Un des maîtres mots de l’évangile d’aujourd’hui, c’est le mot "frère". Si tu es mon frère, ma sœur, je ne suis ni ton père, ni ton maître, ni ton juge, simplement et en toute occasion ton frère !

Oui, au sein d’une humanité blessée, souffrante, il est urgent de témoigner de notre foi en la bonté des autres et de Dieu, en la communion fraternelle que Dieu crée et recrée.

Envers et contre tout, envers et contre tout mal, nous avons besoin, aujourd’hui, d’un vrai regard de foi, d’espérance, sur les autres, sur nous-mêmes et sur Dieu ! - 3mars 2019

Homélie du 24 février 2019 — 7e dim. ordinaire — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - 7e Dimanche ordinaire, - 24 février 2019

2 Sam. 26, I Cor. 15, 45-49 Luc 6, 27-38

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous venons d’écouter et d’entendre un évangile au cours de la liturgie. Cela veut dire que le Christ est présent aujourd’hui, maintenant : lui-même nous dit ces choses-là, à nous qui sommes ici. Comme les disciples ou simplement les gens qui l’écoutaient, nous avons tous des contentieux avec certaines personnes : il y en a qui ne nous aiment pas, éventuellement qui parlent mal de nous ; peut-être sommes-nous en butte à la calomnie et, en tous cas, à la médisance ; plus rarement (mais rien n’est impossible) nous avons été agressés physiquement ; enfin nous pouvons avoir été victimes d’indélicatesses, voire davantage, en ce qui concerne nos biens : ce que nous avons et qu’on nous prend injustement, ce qu’on ne nous donne pas alors que nous y avons droit. Jésus nous invite, dans tous ces cas, à ne pas résister, à perdre, et même, un peu plus, à aimer les personnes qui nous font ces torts.

Afin que les choses soient claires, Jésus les reprend du côté non de ce nous subissons mais de ce que nous faisons. Ici encore, il faut donner à perte, sans espoir de retour, de compensation, de reconnaissance. Des dons sans réciprocité attendue. Comment est-ce possible ?

La raison enfin que Jésus donne est-elle convaincante ? Il nous faut imiter Dieu qui, dit-il, est « bon pour les ingrats et les méchants ». Mais cela même a quelque chose de choquant : s’il y a quelque chose, en effet, qui met en question notre foi et empêche beaucoup de gens de croire, c’est justement l’inaction de Dieu devant le mal. Comment Dieu n’empêche-t-il pas tout cela ? Pourquoi laisse-t-il faire ? Comment est-il continuellement en situation de non-assistance en personne en danger ?

Mes frères, ces choses-là sont vraiment dures à écouter et à vivre. Nous pouvons être tentés de ne pas les entendre et de sortir de cette chapelle comme si nos oreilles avaient été bouchées. Sinon, comment faire ? Je vous offre quatre suggestions.

Il faudrait peut-être entendre Jésus nous parler lui-même ? Le ton de sa voix, la ferme douceur de son visage, la profondeur de son regard… Jésus sait de quoi il parle, lui-même est en butte à ces hostilités. Dans le recueillement, écoutons-le, afin de faire naître un peu en nous l’envie d’aller dans la direction qu’il indique. On ne fait pas le bien sans désir : reçue de Jésus, une parole même dure peut provoquer le désir.

Il faudrait aussi nous rendre attentifs à l’Esprit de Jésus qui nous a été donné et par lequel la Parole devient un souffle qui anime. Saint Paul dit de la Loi juive : « La lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». Saint Augustin, repris par saint Thomas d’Aquin, dit que même la parole évangélique peut tuer, si elle n’est pas reçue dans l’Esprit. Il ne s’agit pas d’appliquer littéralement ce qui est écrit en général et pour tous. Il faut demander à l’Esprit de mettre en nous une sensibilité évangélique, qui nous fera comprendre, dans la forêt de nos contentieux, comment réagir chrétiennement et nous donnera le discernement et la force de le faire. Dans cette sensibilité évangélique, il y a ce que notre texte appelle le pardon, qui avant tout geste ou toute démarche concrète, crée en nous l’attitude intérieure juste.

Puis, dans certains cas plus difficiles, plus urgents, il est bon d’en parler discrètement afin d’être éclairé par la vision qui vient d’autrui : entre époux, entre deux frères d’une communauté, avec un ami fidèle.

Enfin, nous ne devons pas oublier que nous sommes aussi parfois, volontairement ou non, du côté des méchants. La dureté de jugement, la médisance, la calomnie, l’indélicatesse, - tout cela a parfois fait partie de nos sentiments, de nos attitudes, de nos comportements. Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, mais de garder le sens de nos limites.

Il me semble que, si nous essayons humblement de réagir de la manière que je viens de vous esquisser, nous arriverons à la paix du cœur, Je veux dire à quelque chose comme : « dans cette conjoncture difficile, je crois humblement que je ne peux pas faire mieux », donc je continue et je laisse à Dieu de diriger les choses. « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, dit l’Ecriture, qui dit aussi que le Seigneur fait briller son soleil aussi sur les injustes ». Alors nous pouvons demeurer en paix. - 24février 2019

Homélie du 10 février 2019 — 5e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 5° dimanche du TO - 10 févier 2019

Is 6 1-6 ; 1 Co 151-11; Luc5 1-11

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Quiconque écoute mes paroles et les met en pratique,

ressemble à celui qui construit une maison en posant les fondations sur le roc. » Lc 6, 47

« Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » 11, 28

Nous savons combien saint Luc insiste sur l’écoute de la Parole de Dieu et sa mise en pratique :

Il met un bel exemple sous nos yeux dans la page que nous venons d’entendre.

« La foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu »,

« Sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Pierre prend le relais de ceux qui l’ont précédé dans le récit de Luc.

A Zacharie incrédule, l’ange Gabriel avait répondu :

« Tu seras réduit au silence, parce que tu n’as pas cru à mes paroles. »

A l’inverse, Marie s’était toute entière livrée en disant : « Que tout m’advienne selon ta parole. »

Pierre maintenant répond à Jésus :

« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;

mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Le pêcheur, qui n’a rien pris au cours de la nuit, alors qu’il connaît son métier,

donne foi à la parole du charpentier de Nazareth, parfaitement incompétent quant à la pêche.

Il accueille la parole de celui qui parle avec autorité, qui chasse les esprits impurs, guérit les malades, annonce la bonne nouvelle aux pauvres, et est, lui-même, la Parole de Dieu.

« Ta parole est vérité » dit le psalmiste.

Pierre, fort de ce qu’il a déjà entendu et vu de Jésus, s’engage avec confiance :

« Nous avons peiné sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Et voici que la parole de celui qui enseigne avec autorité, accomplit ce qu’elle dit.

« A Dieu, rien n’est impossible », disait Gabriel à Marie.

Rien de ce qui est selon son être, selon sa vie, son amour.

« Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat,

sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » dit Dieu par le prophète Isaïe.

« Mes paroles s’accompliront en leur temps », avait conclu Gabriel avant de quitter Zacharie.

Voici qu’en pleine journée, contre toute attente et toute logique,

les filets se remplissent jusqu’à se déchirer, et les deux barques jusqu’à s’enfoncer.

Pierre fait alors l’expérience d’un évènement et d’une présence qui le dépassent totalement,

l’expérience du mystère de l’abondance de la vie donnée par Dieu,

l’expérience de la sainteté.

Dans le contexte familier de sa vie quotidienne, dans cette pêche inimaginable,

il rejoint l’expérience d’Isaïe,

contemplant, dans une vision grandiose, le Seigneur, le Dieu d’Israël,

dont la gloire emplit la terre entière :

« Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »

« Malheur à moi ! je suis perdu », s’était écrié Isaïe.

Dans la proximité de Jésus, Parole faite chair, qui se révèle être la parole même de Dieu,

Pierre fait l’expérience et de la proximité et de l’altérité absolue du Dieu très saint.

Alors cette parole décisive de Jésus lui advient :

« Sois sans crainte,

désormais ce sont des hommes que tu prendras. »

La Parole, qui ne revient pas à Dieu sans avoir accompli sa mission,

passera par lui et par chacun des disciples.

Désormais, ils proclameront – et Jésus leur adjoindra saint Paul – que le Christ est mort pour nos péchés, qu’il est ressuscité, conformément aux Ecritures, et qu’en lui, nous sommes sauvés.

Leur chemin sera de faire confiance en la Parole, d’oser aller au large,

persévérer dans le lancement des filets, malgré les longs temps apparents d’inefficacité,

tout remettre à Dieu qui peut faire bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer ou concevoir.

A nous, aujourd’hui, dans les frêles barques de nos vies, de l’Eglise, si cabossées qu’elles soient,

de persévérer à rassembler les hommes par la parole vivante et vivifiante qu’est le Christ,

pour qu’ils soient son Corps, débordant de sa vie ;

à jeter les filets pas seulement dans les petites criques qu’on croit poissonneuses,

mais aux périphéries, qui peuvent être aussi en nous-mêmes ;

nous laisser prendre et rassembler, nous aussi,

car nous sommes tout à la fois et Pierre et les poissons.

Il nous faut, nous aussi, et jeter les filets et nous laisser prendre,

quitter les eaux mortifères, pour suivre le Christ vivant.

Cela se fait bien souvent sans que nous le sachions.

Ce qui apparaît à nos yeux, comme succès ou comme échecs, est bien souvent trompeur.

« Ce sont des hommes que tu prendras » : cette parole m’a touché quand j’étais enfant.

Comment s’accomplit-elle en moi ? Je ne sais pas.

Le Christ m’a conduit dans la vie monastique : j’espère qu’à travers la vie qu’il me donne,

il donne la vie à d’autres, et je sais bien que, moi, je suis pêché par d’autres, connus, ou la plupart du temps inconnus de moi. C’et la communion des saints, le partage dans le Corps du Christ.

Que la grâce de Dieu, venant en nous, ne soit pas stérile ! - 10 févier 2019

Homélie du 03 février 2019 — 4e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année C
Info :

Année C - 4ème Dimanche Ordinaire - 3 février 2019

Jr 1,4-5.17-19 1Co 12,31 -13.13 Lc 4,21-30

Homélie fr antoine

Texte :

Frs et Srs ... Dimanche dernier, les textes mettaient en valeur le respect dont la parole Dieu était entourée

et Aujourd'hui, cette Parole est, et reste une bonne nouvelle.

La 1ère lecture rappelle en effet, qu'un prophète est voulu par Dieu .. il est voulu pour les peuples ... et non

contre eux!

La deuxième lecture, met en valeur la puissance de l'amour, un amour qui espère tout, endure tout, ne

passera jamais.

Le verset de l'alléluia chante enfin Celui qui porte la bonne nouvelle et annonce aux captifs leur libération.

Par contre, dans l'Evg, le ton devient plus grave, voir douloureux. Il nous invite à réfléchir sur la parole

de Jésus devenu un proverbe « Nul n'est prophète en son pays. »

Cette parole nous plonge dans notre société actuelle.

Jésus ... tout le monde connaît ce nom!

En notre pays, beaucoup de personnages du monde politique, artistique ont eu une éducation chrétienne

complète, du baptême à la communion ..... qu'en reste-t-il ?

... Les catholiques sont encore des millions en France nous disait récemment un évêque, et il ajoutait ...

combien de ces catholiques ... sont encore ... des ... chrétiens? ... disciples de Jésus .. ?

Combien cherchent vraiment, à vivre le mieux possible, selon l'enseignement du Christ?

Il est sûr que le suivre n'est pas s'engager dans une voie de tout repos.

Comme dans la synagogue de Nazareth, Jésus dérange, Jésus provoque l'homme d'aujourd'hui. Sa parole

ne fait pas partie du bruit médiatique du monde, sa Parole ne flatte pas, elle ne se heurte pas non plus à

une vraie hostilité .. pire .. elle se heurte à une certaine indifférence ... et pourtant quelle force elle peut

avoir, quelle leçon elle nous donne, quand Jésus rappelle qu'Elie le prophète, lors d'une grande famine a

apporté une aide efficace ... non à ses compatriotes juifs ... mais à une étrangère, à une pauvre, méprisée,

veuve au pays de Sidon ... elle n'est pas juive ... elle n'est pas du coin ... et qu'Elisée, envoyé de Dieu lui aussi,

vint au secours, au cours d'une épidémie ... non d'un juif ... mais d'un Naaman, .. Syrien ... l'ennemi

héréditaire. Paroles qui furent immédiatement rejetées.

Frères et Srs... Devant l' Evg de ce dimanche, on ne peut que penser à d'autres rejets, ceux de la

parole transmise par le successeur actuel de Pierre à Rome ... que ce soit au sujet des injustices sociales, et

tout dernièrement, de la surconsommation face à ceux qui manquent de quoi vivre paroles répétées au

sujet des migrants ... paroles qui dérangent ... nous invitent à changer notre regard nous indiquent le

chemin, nous montre la lumière, mais aussi, qui ont bousculé très douloureusement-et avec un courage-

certain ... les déviances morales au sein même ... de notre Eglise catholique.

La finale de notre Evg est particulièrement éloquente.

Elle évoque une tentative de lapidation sur Jésus, cette mise à mort où on achevait les blasphémateurs à

coups de pierres ... lapidation qui existe toujours, devenue médiatique ... elle a même un grand avenir ...

Jésus est poussé' hors de la ville' ... comme il sera crucifié .. 'hors de la ville' ... et comme sera exécuté,

hors de la ville ... Etienne le premier martyr.

C'est alors que Jésus se fraie un passage à travers la foule hostile ... passage qui préfigure au sein de la

violence et de la haine, cet amour qui supporte tout ... endure tout ... espère tout, amour illimité qui le

conduira au supplice de la Croix mais aussi .. à sa Résurrection glorieuse. - 3 février 2019

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Homélie du 02 février 2019 — Présentation du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C -PRESENTATION DU SEIGNEUR -02.02.2019

Ml 3, 1-4 ; Lc 2, 22-40

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :



Frères et sœurs,

Il y a quelques jours, le f. Matthieu nous donnait une session sur la prière juive, à partir des textes de la tradition juive. Il nous a fait entrer ainsi dans le monde spirituel qui a porté et formé Jésus et ses parents. Jésus, petit juif, a appris les mots humains de la prière, comme il a appris les rites pour servir Dieu. L’évangile de ce jour nous offre un bel exemple de cet ancrage de Jésus dans la foi de son peuple. Alors qu’il vient de naitre, il est porté au temple par ses parents soucieux de « se conformer au rite de la loi qui le concernait » nous dit St Luc. Jésus s’est laissé former. « Né d’une femme », il a vraiment été « sujet de la loi de Moïse », comme le dira aussi St Paul (Ga 4,4).

En mémoire de la mort des premiers-nés d’Egypte, lors de la libération de l’esclavage, Jésus, premier-né est ainsi consacré au Seigneur. Ce rite rappelle à tout juif que le peuple ne doit sa vie présente et son salut qu’à l’intervention divine. Sa vie présente est pour le Seigneur le Vivant, le principe de toute vie.

La tradition chrétienne, et la liturgie que nous célébrons, se plaisent à relire ce rite initial de la vie de Jésus dans la lumière de sa mort et de sa résurrection. L’enfant offert devient la préfiguration de l’adulte qui s’offrira pour nous librement. Le premier-né racheté par deux tourterelles est la figure du premier né d’entre les morts qui rachète toute l’humanité par le don de sa propre vie. Seul le premier-né d’une famille était ainsi présenté. Pour lui seul, on offrait des animaux en sacrifice. De même, Jésus mort et ressuscité devient le premier-né d’une multitude, sans que celle-ci ait à offrir quoi que ce soit. C’est un don gratuit, une grâce immense qui est faite à tout homme.

Par notre baptême, puis par notre engagement, soit dans le mariage soit pour nous moines par notre profession religieuse, nous nous remettons pleinement sous la lumière de ce don offert. Nous choisissons de vivre sous la conduite de Jésus afin de devenir porteur de sa lumière pour tant d’autres hommes et femmes qui cherchent, comme nous l’avons célébré au début de cette célébration.

En ce jour, accueillons avec gratitude et joie la lumière que Jésus est lui-même et dont il nous fait porteur, Accueillons aussi comme une grâce l’appel que Jésus nous fait de le suivre afin de donner aussi notre vie pour les autres et pour Dieu. Notre monde a besoin de cette lumière de personnes qui ne soient pas centrées sur elles-mêmes, mais qui se donnent. Car nous savons à la suite du Premier-Né que là est la vraie joie, que là est la vérité puisque notre Dieu n’est que Don, comme en cette eucharistie, nous allons en faire mémoire. - 2 février 2019

Homélie du 27 janvier 2019 — 3e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année C
Info :

Année C -3ème dimanche du T.O.- 27 janvier 2019

Néhémie 12 12-30 ;1 Co 8 1-10; Luc 1 , 4-21;

Homélie du F.Bernard

Texte :

Nous voilà prévenus : Luc n’est pas témoin oculaire des évènements qu’il entend rapporter, du moins dans la première partie de son ouvrage, car pour ce qui est de la suite- le livre des Actes des Apôtres- il peut avoir été compagnon de Paul durant une partie de ses voyages missionnaires.

Luc n’est pas témoin oculaire, mais en historien sérieux, il a voulu se renseigner soigneusement auprès de tous ceux qui sont devenus les serviteurs de la parole ; en écrivant compétent, il a tenu à en faire un récit suivi ; en disciple de Jésus, son intention est de confirmer dans la foi le destinataire auquel il s’adresse, Théophile, et au-delà tous ses lecteurs et auditeurs futurs. Cette année, chaque dimanche, nous nous laisserons instruire par l’Évangile selon Luc, afin de progresser dans l’intelligence de la foi et mieux connaître Jésus-Christ.

Que nous dit l’Évangile ce matin ? Il nous donne les premières paroles officielles de Jésus, sa première prédication à avoir été rapportée. Il convenait que ce fut à Nazareth, un jour de sabbat, à la synagogue. Comme Paul tenait, au cours de ses voyages apostoliques, quand il pénétrait dans une ville nouvelle, à s’adresser d’abord aux Juifs, le jour du sabbat, dans leur synagogue. C’est seulement après, devant leur refus d‘accueillir sa parole qu’il se tournait vers les païens.

Peut-être nous attendions-nous à entendre la réaction des gens de Nazareth à la prédication de Jésus ? L’Évangile s’est arrêté avant. Il nous la fera entendre dimanche prochain, comme si la liturgie aujourd’hui préférait nous laisser accueillir la parole de Jésus, en toute liberté, sans nous laisser influencer de quelque manière par la réaction des auditeurs.

L’office synagogal a commencé. La Torah a déjà été proclamée. C’est au tout du Prophète d’être entendu. La lecture est confiée à Jésus. Il lit Isaïe, chapitre 61 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle, l’Évangile, aux pauvres ».

Sans le dire explicitement, mais c’est clair : Jésus se donne comme le Messager, le Serviteur dont parlait Isaïe, comme l’Oint du Seigneur, le Messie, comme celui dont il est question en fait, non seulement dans ce passage d’Isaïe, mais dans toute l’Écriture, la Loi, les Prophètes et les Psaumes. Il est le Oui des promesses de Dieu.

[

Parole décisive : elle fait toutes choses nouvelles. Les gens de Nazareth connaissaient trop bien le fils de Joseph pour l’accepter. Mais elle requiert aussi de nous une réponse de foi, celle-là même que fit l’Apôtre Pierre en une autre circonstance : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».

Ce matin, la liturgie de la parole débutait par le récit d’une autre célébration : une lecture solennelle, prolongée, déterminante, heureuse, de la Loi de Dieu, la Torah, à un moment décisif de l’histoire d’Israël. C’était au IVème-Vème siècle avant J-C, au temps du prêtre Esdras et du gouverneur Néhémie. Esdras avait lu le livre de la Loi en hébreu, les lévites avaient traduit en araméen pour le peuple, puis avaient donné des explications. Le peuple avait compris. Tous pleuraient de componction et de joie. C’était un jour consacré au Seigneur.

Ce jour de joie préparait certes l’aujourd’hui annoncé par le Seigneur à Nazareth. Mais cet aujourd’hui, où celui-là qui accomplit les Écriture est présent, est tout autre. Il reprend l’aujourd’hui de la voix divine lors du baptême du Seigneur : « Tu es mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ». Cet aujourd’hui ne passe pas ; il vient jusqu’à nous. Dans le sacrement de l’autel, Il nous constitue Corps du Christ, indivisiblement unis au Seigneur, et membres les uns des autres dans cet unique Corps, unis par le lien de la charité. Dans ce Corps, chacun y a sa place, irremplaçable, mais au service de l’ensemble. Tel est pour nous, l’aujourd’hui annoncé par le Seigneur à la synagogue de Nazareth.- 27janvier 2019

Homélie du 20 janvier 2019 — 2e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

Année C -HOMELIE du 2ème dimanche du TO – 20/01/2019

(Isaïe 62,1-5 ; 1 Cor 12,4-11 ; Jean 2,1-11)

Homélie du F.Guillaume

Texte :



« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana, en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Frères et sœurs, cet épisode des noces de Cana avec le signe du changement de l’eau en vin par Jésus est bien connu de tous les chrétiens. Il inaugure dans le IV° évangile le ministère public du Christ, après le Prologue et le premier chapitre racontant la présentation de Jésus par Jean le Baptiste, puis l’appel des premiers disciples : André, Simon-Pierre, Philippe, Nathanaël. Tout cela avait pris 4 jours, d’un lendemain à un autre lendemain, jusqu’au mariage de Cana qui a lieu le 3ème jour (th trith hmera ainsi débute le texte) après le dernier appel et la promesse à Nathanaël. Il est dommage que la traduction liturgique que nous avons entendue n’ait pas repris cette mention du 3ème jour, en la remplaçant par un banal « en ce tems-là ». Très consciemment, l’évangéliste a voulu placer ce commencement des signes de la vie de Jésus dans une perspective biblique et pascale. 4 jours + 3 , cela achève une semaine, et cela rappelle l’achèvement de la création avec le Sabbat, au 7ème jour, qui est une manifestation de la Gloire de Dieu, au début du livre de la Genèse. Mais le 3ème jour surtout, pour les chrétiens, c’est celui de la Résurrection, le Jour du Seigneur, au matin du dimanche de Pâques, accomplissement de la Gloire de Dieu, après la mort du Christ sur la Croix, 3 jours auparavant, le vendredi saint.

Ce texte des noces de Cana est riche à bien des points de vue. Chaque détail, chaque mot presque a son importance. Et ses commentaires,, tant ceux des exégètes que ceux des pères de l’Eglise sont innombrables et lui ont valu bien des interprétations. Il a inspiré aussi les écrivains et les artistes. Frère Emile de Taizé, lors de la retraite qu’il nous a prêchée a évoqué un chapitre admirable du roman de Dostoïevski : les frères Karamazov, quand le plus jeune frère, Alioucha, du fond de son désespoir, fait une expérience de résurrection et de joie intense, devant le cercueil de son staretz vénéré Sozima, à l’écoute de la page d’évangile, lue par un des moines veillant le défunt. Et je pense aussi au célèbre tableau de Véronèse, conservé au Musée du Louvre, dans la même salle d’exposition que celui de la Joconde de Léonard de Vinci, chaque tableau ayant son mur, en face à face. Ainsi, tous les ans, des centaines de milliers de personnes, des touristes, pour la plupart non-chrétiens, défilent devant cette toile immense (on dit que c’est la plus grande du Musée en superficie) et peuvent se laisser interroger par le message qu’elle contient : rien d’autre que celui du commencement des signes que Jésus accomplit, en venant sur la terre.

Pour ma part, j’aimerais relever avec vous 2 aspects seulement du texte : la présence de la mère de Jésus à l’évènement, d’une part, et la portée sacramentelle de ce signe (plutôt que de ce miracle) d’autre part.

« La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. »

On ne reverra plus Marie dans le IV° évangile, si ce n’est vers la fin, au pied de la Croix, au moment de la mort de son Fils, en compagnie d’un disciple, celui que Jésus aimait. On peut imaginer, pourquoi pas, que ce disciple était aussi l’un de ceux qui avaient été invités au mariage. Ainsi apparait une inclusion, voulue par l’auteur, d’autant que la présence des éléments de l’eau, du vin et du sang dans ces 2 passages, souligne et renforce cette intention d’inclusion.

Le dialogue entre Jésus et sa mère est surprenant, tout comme l’avait été celui qu’il avait échangé avec ses parents, à l’âge de 12 ans, à l’occasion d’une fête de pèlerinage à Jérusalem. L’enfant avait déjoué la surveillance de Marie et de Joseph, sur le chemin du retour, et ils l’avaient cherché durant 3 jours. Toute angoissée, la mère de Jésus lui avait adressé la parole : « mon enfant, pourquoi avoir agi de la sorte avec nous. Vois, ton père et moi, nous te cherchions avec grande inquiétude ». Et Jésus, de répondre (ce furent ses premières paroles dans l’évangile de Luc) d’une manière assez brutale : « pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père » Mais eux ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

A Cana, non plus Marie ne comprend pas bien l’attitude ni les paroles de son Fils qui lui dit tout aussi brutalement : « qu’y a-t-il entre toi et moi ? » traduit autrement « femme, que me veux-tu ? », certains osent même « de quoi te mêles-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Cette heure, si importante dans le vocabulaire du IV° évangile, ce sera l’heure de la Passion et de la Croix, quand l’heure sera venue pour lui de passer de ce monde à son Père. Alors, Marie, sera à nouveau présente, au Golghota et elle comprendra la prophétie du vieillard Siméon : « un glaive te transpercera le cœur ». Mais à Cana, , pour ce premier signe de Jésus, elle n’est qu’une intermédiaire, elle est la servante du Seigneur, de son Fils : que tout se passe comme Il le dira.

La portée sacramentelle du texte, elle, se donne à lire à travers la mention des éléments de l’eau et du vin, et puis des gestes du versement de l’eau dans les outres, de l’offrande du vin au maître de maison puis à la multitude des convives. Nous la repérons aussi dans les paroles, les verbes employés par Jésus dans ses ordres : « remplissez, puisez, portez ». Autant d’allusions possibles au repas eucharistique, où ce n’est pas l’eau qui est changée, mais c’est le vin qui est changé en sang sauveur.

Alors, frères et sœurs, que retenir de ce texte pour nous aujourd’hui ? La place qu’il occupe, au commencement de la vie publique de Jésus nous montre que nous sommes invités dès le départ avec lui à un moment de joie, de fête et de célébration de l’amour. Quoi de plus heureux comme évènement dans la vie des hommes que celui d’un mariage. Jésus s’invite à ce partage de la joie simple, et il y participe pleinement en y apportant sa contribution par le premier signe qu’il opère. Un signe qui traduit la surabondance et l’excellence d’un vin nouveau, symbolique de la surabondance et de l’excellence de la Vie et de l’Amour de Dieu qu’il est venu nous révéler.

Les noces de Cana connaissent leur accomplissement dans les noces de l’Agneau, décrites au livre de l’Apocalypse. Mais elles étaient déjà annoncées dans l’Ancienne Alliance, comme nous le rappelait la première lecture du livre d’Isaïe : « comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu ».

Nous pouvons maintenant célébrer sans crainte, avec une foi renouvelée le sacrement par excellence des noces et de l’Alliance de Dieu avec nous.

Oui vraiment, Dostoïevski a été un incomparable exégète de cet évangile en faisant ressusciter son héros-staretz, Sozima, dans le cœur et aux yeux du jeune frère Karamazov : Alioucha. Puissions-nous, à notre tour, nous laisser toucher par le commencement de ce signe qui manifesta la Gloire du Christ, et avec ses disciples croire en lui. AMEN - 20 janvier 2019

Homélie du 06 janvier 2019 — Épiphanie du Seigneur — Frère Ghislain
Cycle : Année C
Info :

Année C - Epiphanie 6 Janvier 2019

Isaïe 60, 1-6 Eph. 3, 2-3a, 5-6 Matt. 2, 1-12

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Pourquoi donc l’étoile qui avait mis en marche les mages d’Orient a-t-elle disparu quand ceux-ci sont parvenus à Jérusalem, et pourquoi est-elle réapparue ensuite ? Une réponse qu’on peut donner est celle-ci : l’étoile a disparu pour que les gens de Jérusalem puissent prendre le relais. Eux qui, comme dit saint Paul aux Romains, avaient « l’adoption, la gloire, les alliances, le culte, les promesses » (Rom. 9, 4), eux qui connaissaient les Ecritures selon lesquelles le Messie devait naître à Bethlehem, auraient pu non seulement renseigner le roi Hérode, mais l’entraîner avec eux pour conduire les païens jusqu’à la maison où se trouvait l’enfant. Et alors aurait commencé à se réaliser ce dont parle saint Paul dans la seconde lecture : les nations, ici représentées par les mages, se seraient retrouvées autour de Jésus, pour être associées à l’héritage, au corps, à la promesse d’Israël. Alors, comme Israël a fait défaut à ce moment crucial, l’étoile est réapparue pour conduire les païens à Bethlehem et qu’ils puissent être les premiers parmi les nations à reconnaître le Messie.

Cette adoration pourtant est restée sans suite. L’indifférence des grands prêtres et des scribes couplée à la malignité du roi Hérode ont fait que la rencontre entre juifs et païens n’a pas eu lieu. La fin de l’histoire est en effet tragique : les mages retournent chez eux, l’enfant fuit en catastrophe, des petits israélites sont sacrifiés à l’ambition du roi. Au fond, il n’y a eu qu’un regrettable fait divers, et la vie reprend à Jérusalem. Les scribes retournent à étudier la Loi, les prêtres à assurer le culte, Hérode à poursuivre sa politique mais ils ne savent pas que tout cela tourne maintenant à vide. La vraie vie est ailleurs, dans un village inconnu d’Egypte où la sainte Famille a fini par se fixer. Quand elle reviendra en Terre sainte, après quelques années l’histoire recommencera. Il y aura de nouveaux Hérodes, de nouveaux prêtres et scribes et, au lieu de la fuite en Egypte, il y aura la Croix sur le Golgotha.

Qu’est-ce que nous pouvons tirer de cela aujourd’hui pour nous ? D’abord que la figure de l’épiphanie manquée et celle de la croix du calvaire demeureront sans doute jusqu’à la fin : il y aura, il y a aujourd’hui des princes et des chefs passionnés de pouvoir et d’argent ; il y a, il y aura, dans toutes les religions, y compris la nôtre, des prêtres et des savants dont le ministère tourne à vide parce qu’ils répètent le connu et ne savent pas voir ce que Jean XXIII appelait les « signes des temps ». Ils ne sont pas nécessairement fautifs, mais il faut absolument s’en écarter, parce que la vérité de l’Evangile n’est pas là.

La seconde chose est qu’il nous faut est regarder l’étoile. Il ne faut pas se hâter de condamner les princes et les prêtres : saint Paul a eu besoin de la vision de Damas pour comprendre ce qu’il appelle le « mystère » ; saint Pierre a eu besoin de la vision de Joppé pour entrer en relations avec le centurion Corneille. Nous aussi, nous avons besoin des lumières intérieures de l’étoile pour discerner la vraie voie du salut aujourd’hui, pour nous et pour les autres et l’emprunter sans faillir. Cette étoile, c’est sans doute l’Esprit qui peut donner le discernement, et il ne le donne qu’à ceux qui sont doux et humbles de cœur.

Enfin une troisième attitude est de cultiver l’Espérance. Nous pouvons penser aux Mages, une fois de retour en Orient : c’est bien l’étoile qui les avait conduits, ils ne peuvent en douter. N’empêche que maintenant, ils se retrouvent à la case départ ; leur rencontre avec le Roi est restée sans suite, ils n’en ont plus entendu parler, ils ne savent ce qu’il est devenu. Alors comment comprendre cela ? Ils se disent sans doute que, si c’est une étoile jusque là inconnue qui les avait mis en route, c’est un songe surnaturel qui les a ramenés où ils étaient. Donc il doit y avoir un sens, mais lequel ? Que peuvent-ils faire, sinon raconter autour d’eux ce qu’ils ont vécu en attendant avec constance que le Mystère leur soit révélé et que leur vie et celle de tous en soit transformée.

Vigilance, discernement spirituel, témoignage fidèle et espérance indéfectible. Peut-être est-ce cela qu’il faut vivre en ces temps difficiles où le monde a cessé d’être chrétien, s’il l’a jamais été. Concluons avec l’épître à Tite, que nous avons entendue au temps de Noël : « Elle s’est manifestée, la grâce de Dieu…Elle nous apprend à prendre nos distances par rapport à l’impiété et aux désirs de ce monde, et à vivre le temps présent avec mesure, justice et piété, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ » - 6 janvier 2019

Homélie du 01 janvier 2019 — Sainte Marie, Mère de Dieu — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - SAINTE MARIE MERE DE DIEU -01.01.2019

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Au seuil de cette année nouvelle, que retenir des lectures que nous venons d’entendre ? Volontiers, je retiendrai la méthode de Marie.

La méthode de Marie. Marie a vécu des évènements bouleversants, très bouleversants pour une jeune femme qui entre dans la vie adulte. Cette naissance impensable et cet enfant dont on lui dit aujourd’hui des choses étonnantes… Dans son bonheur de jeune mère, elle retient, elle garde ces évènements, ces paroles et elle les médite, les retourne dans son cœur, afin d’en comprendre toute la profondeur. Tout l’évangile nous montre qu’il a fallu du temps à Marie pour entrer dans l’intelligence de la vie et de la mission de ce fils né de sa chair. Après le travail de l’enfantement, Marie vit un autre travail, celui de l’écoute et du discernement afin d’être pleinement mère et éducatrice de cet enfant dont elle découvre jour après jour, qu’elle ne lui est que confié. Et nous aussi aujourd’hui, Marie nous entraine à sa suite dans sa méthode : retenir et méditer, afin de laisser un discernement s’opérer dans tout ce que nous vivons. Comme Marie, nous avons cette chance, cette grâce de pouvoir faire ce discernement à la lumière des Ecritures. Oui, recueillons les évènements de nos vies ainsi que nos questions. Ne les fuyons pas comme s’ils étaient de peu d’importance, ou comme si nous avions peur de les regarder en face. Et présentons-les à Dieu, demandons-lui dans la prière de les éclairer. Et lorsque nous lisons les Ecritures, laissons la lumière que donne la Parole de Dieu éclairer nos existences. Peu à peu ainsi Dieu nous instruit. Il nous éduque au gré de tout ce que nous vivons…

Aujourd’hui nous pourrions commencer notre travail de méditation, en retenant et en retournant dans notre cœur, la conviction que Paul nous laisse dans la seconde lecture : Dieu a envoyé son Fils…pour que nous soyons adoptés comme fils…Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, héritier… Merveilleux mystère de notre filiation adoptive depuis que Jésus le Fils de Dieu est venu en notre chair. Il nous est bon de réentendre cette conviction que nous connaissons déjà, mais qui doit vraiment prendre chair dans notre existence la plus quotidienne. Laissons grandir cette joie d’être des fils et fille de Dieu, très aimés par lui, adoptés en Jésus pour recevoir sa vie en plénitude. Peu à peu, notre visage deviendra vraiment celui d’un fils, d’une fille de Dieu. Telle est la bénédiction que Dieu nous offre pour chaque jour, et déjà en cette eucharistie qui en est la source. - 1 janvier 2019

Homélie du 30 décembre 2018 — Sainte Famille — Frère Matthieu
Cycle : Année C
Info :

Année C - Fête de la Sainte Famille - Dimanche 30 décembre 2018 -

1ere lecture : 1S 1,20-22. 24-28

2eme lecture : 1 Jn 3,1-2. 21-24

Evangile selon saint Luc 2, 41-52;

Homélie du F.Matthieu

Texte :

Aujourd’hui, dimanche après Noël, la liturgie invite à célébrer le mystère de l’incarnation dans sa réalité concrète et quasi quotidienne : Le Verbe se fait chair, il naît et vit dans une famille qui ressemble à toutes les autres.

Rendons-nous attentifs d’abord au fait que celui que nous tenons pour le Fils de Dieu a vécu, grandi, appris sa vie d’homme dans une famille humaine. "Né de la femme, né sous la Loi", dit Paul (Galates 4,4). Comme tout le monde, et non parachuté du ciel. La finale de notre évangile nous le rappelle d’ailleurs : après l’expérience singulière du Temple, à Nazareth, « Jésus progressait en sagesse et en taille et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes »

Mais reprenons le cours de l’évangile entendu.

Luc est le seul évangéliste à nous rapporter cet épisode de l’enfance de Jésus, lorsqu’il eut douze ans. Le récit est limpide comme son contexte ; la vie du jeune Jésus s’inscrit dans la pratique juive la plus normale : chaque année, pour la fête de Pâque, tout bon israélite devait monter à Jérusalem pour célébrer la fête. Jésus a douze ans, il se situe donc à l’âge où un enfant juif entre dans l’âge adulte religieux – celui qu’aujourd’hui célèbre la ‘bar-mitzvah’ : il devient désormais personnellement ‘fils soumis aux commandements de l’Alliance’.

C’est donc naturellement que Jésus se retrouve ‘assis au milieu des maîtres à les écouter et les interroger’ ; il n’y a là rien d’autre que l’assiduité d’un jeune juif, parvenu à sa majorité religieuse, à l’étude de la Torah, docile à l’enseignement des maîtres de la Tradition. L’apprentissage passe par l’écoute mais plus encore par le questionnement : le ‘disciple des sages’ est celui qui sait poser les bonnes questions.

Ce qu’il faut peut-être remarquer cependant, c’est la formule ‘assis au milieu des maîtres’ : l’élève est normalement assis ‘aux pieds de son maître’, Luc suggère-t-il par sa formule que Jésus est déjà en situation de ‘Maître’ ? On s’extasie également sur ‘ses réponses’ et pas seulement sur ‘ses questions’, et ceci va peut-être dans le même sens. Mais ce qui est le cœur du passage, c’est évidemment la première parole publique de Jésus en réponse à l’interrogation de sa mère : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

La première insistance est sur le ‘ne fallait-il pas’ : ‘il faut’ est une expression typique de la théologie de Luc ; employée ici pour la première fois dans l’évangile – elle veut insister sur l’idée que c’est le plan de Dieu qui se réalise en la circonstance. Cette nécessité-là est une claire manifestation de l’accomplissement de la volonté de salut de Dieu.

La seconde insistance est dans une omission : La traduction dit ‘chez mon Père’, naturel en français, mais la tournure est plus singulière en grec puisqu’il n’y a pas de substantif dans l’expression ‘en tois tou patros mou’. Peut-être doit-on comprendre :« aux affaires de mon Père », qui sont mystère pour l’homme… La subtilité et la profondeur de cette affirmation de Jésus, chez Luc, se marque en tout cas par l’incompréhension première de ses parents… Joseph se tait et Marie confie cela à ‘la méditation de son cœur’. Ceci ne pourra prendre tout son sens que dans la suite de la vie de Jésus.

Jésus dit cela comme s’il n’était pas lui-même ou tout à fait lui-même en se limitant à la relation familiale qui l’unit à ses parents. Il semble dire : J’appartiens à votre famille, je suis votre fils, mais aux yeux de Dieu, je suis plus que votre fils et ce n’est pas avec vous seulement que je dois vivre. C’est auprès de mon Père que je suis pleinement Fils. Ma vraie maison est celle de mon Père, dont le Temple est un signe, mais dont tout l’univers et toute l’humanité sont les vraies demeures. Le psaume 83 de ce dimanche évoque ces deux demeures de Dieu : « Heureux les habitants de ta ‘maison’ … Dieu de ‘l’univers’ » ! Je suis frère de tous les hommes, et j’habite le monde et pas seulement à Nazareth. Des millions d’êtres humains habitent ce monde, et je me dois de leur faire connaître ‘mon’ Père, qui est leur Père, car ma vocation est d’être leur frère, car je dois leur révéler qu’avec moi et en moi, ils sont enfants du Seul Père.

Notons que le texte de Luc est plein d'allusions pascales : Jésus est venu à Jérusalem pour la fête de Pâque ; de plus il est introuvable pendant trois jours, chiffre symbolique de son séjour au tombeau ; enfin il se doit à l’œuvre du Père, cette œuvre pour laquelle, il est venu en ce monde, et qui n'est autre que sa mort et sa résurrection pour le salut de tous.

La « sainte famille » est ce lieu où Jésus a appris sa vocation, où il fera sienne la mission confiée par son Père, ‘sortira’ pour la réaliser ; Marie et Joseph au-delà de toute incompréhension ont éduqué Jésus pour qu’il soit ce qu’il était le Fils de Dieu, pour qu’il soit en plénitude le Fils de Dieu fait chair.

Puisse toute famille humaine être à l’image de cette ‘sainte famille’ lieu d’éducation et d’ouverture au devenir et à la liberté de tout enfant de Dieu ! - 30 décembre 2018