Homélies
Liste des Homélies
Année C - Dimanche 21 avril 2019 / Dimanche de la Résurrection
1ère lecture : Actes des Apôtres 10,34 a + 37-43
2ème lecture : Colossiens 3,1-4
Evangile selon saint Jean 20,1-9
Homéliedu F.Matthieu
« Il vit et il crut. » Voilà ce que, la plupart du temps, on retient de cet évangile et la foi du disciple bien-aimé est objet de notre admiration, et nous est donnée en exemple de ce que devrait être notre propre foi… Et nous voilà bien loin, peut-être, de la foi, bien réelle qui est la nôtre en ce matin de Pâques !
Qu’en est-il en effet de notre propre foi, à chacun, chacune d’entre nous, au delà – ou en deçà – des alleluias et des professions de foi qui remplissent nos liturgies et nos célébrations…Oui, qu’en est-il de ma foi en la résurrection du Christ ? N’est-ce pas le jour où jamais de se poser la question ?
Et l’Evangile de Jean, si nous l’avons écouté en son entier est sans doute bien fait pour nous aider dans ce questionnement personnel.
Car, il n’est pas seulement question ici de la réaction de foi du disciple bien-aimé, mais aussi de celle des deux autres acteurs que Jean met en scène : Marie de Magdala et Pierre… et il ne s’agit pas de n’importe qui… Marie Madeleine était au pied de la Croix, elle est celle qui deviendra pour toute l’Eglise, l’apôtre des Apôtres, et Pierre n’est-il pas le chef du collège apostolique, le fondement de l’Eglise ?
Que nous dit l’Evangile ?
Marie vient au tombeau de grand matin, elle voit, mais seulement la pierre enlevée et elle s’enfuit, ou plutôt elle va trouver l’appui de deux de ses frères, les disciples de Jésus… et elle leur dit tout simplement son affolement devant ce qu’elle comprend comme la disparition du corps de Jésus, le vol sans doute de son cadavre… elle est loin de la foi en la résurrection de son Seigneur !
Et Pierre ? Il part en courant, il arrive au tombeau, il entre dans le sépulcre… vide… il voit le linceul resté là, il regarde le linceul et le linge qui avait recouvert la tête… il voit, mais de son constat minutieux de l’état des lieux, il ne semble rien tirer qui ait à voir avec la foi !
Et le verset qui clôt le récit… - mais que l’on n’a pas lu ! - nous dit simplement que les disciples retournèrent chez eux… et le disciple bien aimé aussi !
Nous voilà sans doute plus à l’aise pour avouer nos interrogations, nos perplexités face au mystère de la résurrection de Jésus.
Mais l’Evangile n’en reste pas là … n’en restons pas là, nous non plus…
Jean nous fait remarquer que ces interrogations des disciples ne restent pas dans le secret de leur cœur, ils les partagent : Marie va le dire aux disciples, et ils vont ensemble au tombeau… et ils regardent ensemble et il s cherchent ensemble… et la suite de l’Evangile nous dira que leur recherche se poursuit, que Marie reste au tombeau et se penche pour regarder… il continuent de chercher, ils sont en marche, ils sont en route… ils sont en quête de leur Seigneur et c’est bien là ce qui nous est aussi demandé : être à l’écoute, en recherche, en quête de Dieu.
Et l’Evangile nous indique aussi et surtout le lieu essentiel de leur recherche et de la nôtre : les Ecritures… c’est là qu’il s’agit de voir – l’Evangile reprend le mot –, de voir qu’« il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » ! Oui, voilà bien l’essentiel : nous savons désormais où chercher, que lire, relire et méditer : les textes de notre Bible ; il est grand temps de la ressortir, de la mettre sur notre table de chevet, de lui donner le pas sur toute autre lecture… si toutefois nous voulons être sérieux avec nos questions, nos doutes, notre recherche !
Ainsi donc, oui, dans notre quête de Dieu, la communauté des croyants est le lieu primordial du partage, peut-être pas d’abord de notre foi, mais de nos questions, de la recherche de Jésus… c’est de cette communauté vivante qu’il faut partir : il faut courir ensemble, regarder ensemble, chercher ensemble…
Oui aussi, dans notre quête du Ressuscité, les Ecritures sont le lieu essentiel, indispensable où il faut chercher… et pourquoi pas ensemble aussi, en Eglise en tout cas, à la suite de tous les croyants qui nous précèdent dans notre quête et nous transmettent ce qu’ils ont eux-mêmes reçu.
Oui, alors, mais alors seulement, nous pourrons demeurer en chemin et faire, au jour que Dieu voudra, l’expérience personnelle de la venue de Jésus, le Ressuscité, à notre rencontre… au cœur de nos vies ! Et en cela aussi, il faut suivre Marie de Magdala, qui va reconnaître son Maître bien-aimé dans celui qu’elle croit d’abord être le jardinier !
Et en cela aussi, il faut suivre Pierre, qui fera lui aussi l’expérience de la rencontre du Ressuscité, celui qu’il a renié et qui le remettra dans l’assurance et de son pardon et de son secours, toujours offerts.
Et en cela aussi, il faut retrouver le disciple bien-aimé, et apprendre avec lui, à voir et à laisser la foi envahir notre cœur, car elle est un don gratuit de Dieu ! -Amen.- 21 avril 2019
VIGILE PASCALE 20.04.2019
Rm 6, 3-11 ; Lc 24,1-12[br
Homélie du Père abbé Luc
Frères et sœurs,
« Ces propos leur semblèrent délirants»…Telle est la conclusion tirée par les apôtres à l’écoute du premier récit de la résurrection fait par les femmes. Des propos délirants… Cette réaction en dit long sur le côté ahurissant de la nouvelle. Pierre va quand même voir au tombeau d’où il revient tout étonné. A ces hommes encore blessés, et par ce qu’on a infligé à leur maitre, et par leur propre désertion, il ne s’agit pas de leur en raconter. Surtout pas de nouvelles illusions. A cette heure, il leur est impossible de croire.
Cette réaction des disciples nous replace devant l’énormité de la foi que nous confessons. La foi est un mystère, c’est-à-dire qu’elle nous enveloppe et nous fait vivre sans que l’on sache toujours bien dire comment. Pourquoi je crois ? Nous ne savons pas toujours bien en rendre compte. Dans une même famille, pourquoi je crois et pas mes frères et sœurs ? En qui, en quoi je crois ? Nous ne cessons de l’approfondir et de le chercher. Car la foi ne se réduit pas à un contenu doctrinal. Ce même mystère de la foi peut me faire poser encore d’autres questions : pourquoi aussi parfois je doute ? Parce que je me sens seul de mon espèce face à l’indifférence généralisée ? De quoi, de qui je doute ? De la cohérence du message de la foi ? Du Christ, de Dieu ou de moi-même ?
Ce récit de l’annonce de la résurrection au matin de Pâques, nous permet de revenir à la source de notre foi, sans crainte, sans honte non plus pour nos pas chancelants ou pour nos propos bredouillants… Sur le chemin de la foi, il y a place aussi pour cela. Car la foi nous demande d’affronter le manque, le vide du tombeau. Et ce n’est pas facile. Au début du récit, nous voyons les femmes désemparées, car elles ne trouvent plus le corps de Jésus qu’elles venaient honorer. La foi nous entraine à aller au-delà de ce que nous aimerions maitriser, au-delà de ce que nous connaissons déjà. Le Christ ressuscité se présente à nous, aujourd’hui encore, toujours plus grand, que nous ne pouvons l’imaginer et souvent ailleurs, en Galilée, aujourd’hui on dirait « aux périphéries ».
Et en même temps comment rendre compte de l’inouï de cet évènement de la résurrection ? L’ange qui apparait aux femmes se fait pédagogue. Il rapporte les propres paroles de Jésus qui avait annoncé sa passion et sa résurrection. « Rappelez-vous » leur dit-il… Et les femmes se rappelèrent. En faisant ainsi mémoire, elles peuvent accueillir l’inouï dans son surgissement éblouissant. N’est-ce pas ce que nous avons fait jusqu’à maintenant en cette vigile ? Nous avons fait mémoire de la longue histoire de Dieu avec son peuple. Une histoire de vie tellement accompagnée par le Dieu fidèle qu’elle ne peut se résoudre à buter sur la mort. La résurrection de Jésus, le Messie attendu, était déjà en germe, et en figure dans toutes les interventions divines depuis la création, en passant par Abraham, Moïse et tous les prophètes. Le Dieu des Vivants préparait la révélation du Vivant. Faire mémoire des actions de Dieu va nourrir et éclairer notre foi. Cela nous invite à saisir toutes les occasions qui nous sont offertes pour cultiver l’intelligence de la foi.
En venant cette nuit, nous désaltérer aux sources de la foi, nous avons demandé dans une oraison que le Seigneur ravive en nous l’esprit filial, celui reçu à notre baptême. En renouvelant dans quelques instants nos promesses baptismales, nous nous rappellerons que notre foi est engagement. Même dans le clair-obscur du croire, nous pouvons découvrir qu’une force nous est donnée dans l’engagement. Elle nous est même toujours promise au fur et à mesure que nous prenons au sérieux notre relation filiale avec Dieu le Père et son Fils Jésus. La foi qui s’engage fait grandir la foi.
Oui, frères et sœurs, en cette nuit, laissons-nous fortifier dans la foi. Laissons le Christ Ressuscité, accueilli en sa Parole et en son Corps et son Sang, faire naitre quelque chose de nouveau dans notre vie.
VENDREDI SAINT 19.04.2019
Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Comme pour vous, je le pense, les images du sinistre à Notre Dame de Paris restent bien présentes. L’une d’elle a souvent été reproduite : c’est l’image de la croix du chœur, un bois nu, clair presque lumineux qui est resté suspendu au milieu des décombres sous la voûte effondrée. Je retiens aujourd’hui cette image qui peut éclairer le sens de la célébration que nous vivons. Nous faisons mémoire de la passion de Jésus, un effondrement pour Jésus et pour ces disciples. Effondrement que l’évangéliste Matthieu met davantage en image quand il relève qu’à la mort de Jésus, le rideau du temple se déchire, que la terre tremble et les rochers se fendent (Mt 27, ). Pour Mt, un monde ancien s’en va, un autre apparait… Oui, en la mort de Jésus, se concentrent tous nos effondrements humains et historiques, l’apparente victoire de la mort et du mal sur la vie et le bien, sur les efforts humains pour construire un monde plus juste et fraternel… Mais pour nous chrétiens, au milieu de ces décombres, la croix, dans la lumière de la résurrection, demeure le signe d’une victoire. Sur elle, Jésus a tué le mal à sa racine. Il détruit l’empire de la mort qui n’aura jamais le dernier mot. Oui, au milieu de nos décombres personnels, ecclésiaux, de nos décombres de sociétés ou de civilisations qui passent… la croix se dresse comme un signe d’espérance, humble et fort. En la vénérant cet après-midi, nous disons au Christ notre reconnaissance et nous adorons la toute-puissance de son amour, amour plus fort que nos péchés, nos trahisons, nos échecs, nos désespérances.
JEUDI SAINT - 18.04.2019
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du P.Abbé Luc
Frères et sœurs,
Au début de cette célébration, nous avons prié ainsi avec l’oraison : « ton Fils unique, avant de se livrer lui-même à la mort, a voulu remettre à son Eglise, le sacrifice nouveau de l’Alliance éternelle ». Déjà, dans la première alliance, Moïse avait transmis des instructions précises pour accomplir le rite du repas pascal. Ainsi le peuple célèbrerait le mémorial du passage du Seigneur préservant son peuple de la mort, et le sauvant des eaux. Ce soir, au cours du repas pascal, Jésus laisse désormais à ses disciples, le sacrifice nouveau, le mémorial de son propre sacrifice, en un double geste : d’un côté l’offrande de son corps et de son sang, dans le pain et le vin, et de l’autre le lavement des pieds, signe de son abaissement à notre service. Quand l’Eglise fait mémoire de ce double geste, particulièrement ce soir, elle accueille pour elle-même et pour toute l’humanité « le sacrement de l’amour » de Dieu. Elle devient alors témoin de « l’Alliance éternelle » que Dieu désire nouer avec l’humanité.
Je suis conscient en prononçant ces mots, de dire des réalités chargées de sens. Car la lumière de la foi nous laisse entrevoir, à travers des signes simples, une profondeur insoupçonnée. Elle nous donne de comprendre ainsi combien notre humanité n’est pas laissée à elle-même. Elle n’est pas abandonnée au non-sens de la mort et du mal. Elle est accompagnée. Depuis Moïse, le petit peuple des croyants d’Israël porte cette espérance. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, l’aime et lui ouvre des passages, des chemins de vie. Avec Jésus, le Dieu de Moïse poursuit son œuvre d’alliance. Scellée en un pacte, celui du sang versé de Jésus, « l’alliance nouvelle » nous donne d’oser nous tenir avec confiance, devant notre Dieu, comme devant un Père. Avec Jésus, mort et ressuscité, et en Lui, s’est nouée une relation unique entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes. En célébrant l’eucharistie, l’Eglise donne à chacun accès à cette relation de vie et d’amour.
En méditant et en célébrant ce mystère d’alliance ce soir, il nous est proposé de tendre simplement nos pieds au Seigneur Jésus pour qu’il les lave. Quelques-uns d’entre nous le ferons tout à l’heure au nom de tous. Etre disciple de Jésus, c’est cela d’abord : lui présenter nos pieds, et tout notre être pour qu’il le purifie. Avant de songer à ce que nous devons faire, il est bon de consentir à reconnaitre notre profonde incapacité à faire le bien par nous-mêmes. Au début de chaque eucharistie, n’est-ce pas ce même mouvement par lequel nous nous disposons à accueillir la vie, en nous reconnaissant pécheur… Nous nous présentons comme ayant besoin d’être sauvés. En ce soir d’avril 2019, avec toute l’Eglise, nous pouvons nous tenir là plus conscients de notre faiblesse. Nous tenir là avec les membres du Corps du Christ, nos frères qui ont gravement blessé, et leurs frères et soeurs plus vulnérables, et le corps ecclésial tout entier, discrédité dans la confiance qu’on lui porte. Avec toute l’Eglise, avec les personnes blessées et ceux qui ont blessé, mettant notre assurance dans la miséricorde du Christ, laissons-nous laver et régénérer… Et entrons ensemble dans une nouvelle attitude faite d’humilité, de vigilance, de respect et de vérité en tous nos rapports humains. Sauvés par le Christ, lavés et purifiés par lui, déjà nous pouvons nous mettre au service de nos frères. « Si moi, le Seigneur et le Maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns des autres ». Ce service sera souvent caché. Il n’aime pas la publicité. Appelé à grandir en vérité et générosité, il ne connait pas de limitation. En ce domaine, comme en bien d’autres, à la suite de St Antoine le moine du désert, nous pouvons dire : « aujourd’hui, je commence ». Dans le don de nous-mêmes, pas possible de capitaliser pour se reposer sur ses acquis… Alors, aujourd’hui, comme le Christ et avec lui, je m’incline vers mes frères pour les servir. Avec Lui, je fais alors de ma vie un sacrifice nouveau. Avec Lui et en Lui, je deviens un maillon vivant de l’Alliance éternelle qui se noue entre Dieu et l’humanité.
RAMEAUX - 14.04.2019
Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22,14 – 23,56
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Peut-être ressentez-vous comme moi une sorte d’appréhension au début de chaque semaine sainte, comme un mouvement de recul avant de faire un grand saut… A l’approche de la Passion et de la Résurrection de Jésus, ne sommes-nous pas devant quelque chose de grand et de décapant en même temps ? Le récit de la Passion que nous venons d’entendre met cela sous nos yeux de façon éloquente. En quelques pages, apparaissent et la grandeur du mystère de la personne de Jésus, et la misère de notre humanité dans sa façon de le recevoir. D’un côté une intense présence, de l’autre des êtres perdus ou aveugles. Jésus conduit sa vie comme une offrande « ceci est mon corps donné », et les disciples cherchent qui est le plus grand d’entre eux. Jésus combat contre l’angoisse à l’écoute de la volonté de son Père. Les disciples dorment, accablés de tristesse. Pierre nie connaitre Jésus, celui-ci par un regard le lui pardonne. Les chefs du Peuple cherchent comment faire périr Jésus ; Lui laisse transparaitre son identité de Fils de Dieu qui le condamne. Pilate renonce à ses convictions en livrant lâchement Jésus, lui le Roi des juifs sans armées ni prestige. Jésus invoque le pardon sur ses bourreaux ; les passants et les soldats l’injurient… L’obscurité se fait sur toute la terre ; Jésus, seul, remet son esprit entre les mains de son Père. Dans ce combat entre les ténèbres et la lumière, quelques voix s’élèvent timides comme des éclairs de vérité : les pleurs des femmes, la confiance du bon larron, l’étonnement admiratif du centurion, la compassion du juif Joseph.
Durant cette semaine sainte, laissons la lumière du mystère de Jésus venir éclairer les parts ombreuses de notre humanité qui se dérobent encore à l’œuvre de grâce… - 14avril 2019
Année C Sème Dimanche de Carême- 7 Avril 2019
Isaïe 43,16-21 ... Philippiens 3, 8 -14 ... Jean 8, 1-11
Homélie du Frère Antoine
Frères et Sœurs, cet Evg commence par une scène empreinte_de
paix où Jésus enseigne au temple, mais la paix ne va pas durer! un groupe surgit et présente
à Jésus une femme accusée d'adultère et là, tout bascule!
De la paix nous passons à la violence où paroles et silence vont s'affronter.
Paroles coléreuses, Paroles trompeuses, car dit le texte, leur but est de piéger Jésus.
Paroles accusatrices et redoutables leur projet est d'accuser Jésus de ne pas respecter
La Loi Mosaïque et leur objet est la mort, .... la mort d'une femme qui selon la loi mérite
un tel sort.
Paroles mensongères, desséchée par la sécheresse des lois, et qui dans ce microcosme
révèlent toute une face du monde, le monde de toujours .. le monde d'aujourd'hui.. !
En réponse à cette violence se dresse alors un mur.. un mur de silence .. un silence
immense ... le silence de Dieu .. le silence de l'amour ..... silence accompagné d'un signe
énigmatique, totalement silencieux lui aussi: Même aujourd'hui, nous ne savons pas ce que
Jésus a écrit sur le sol, mais ce geste alourdit le silence de Jésus, il est comme un refus de ce
Mal dont le masque a pris le visage d'une apparente justice.
« Que celui d'entre vous qui est sans péché, soit le premier à lui jeter une pierre »
Brusquement le silence change alors de camp ... et change de sens ...
«Ils s'en allèrent un par un,en commençant par les plus âgés » ....
Un par un ... ces hommes qui partent lentement, sans un mot, évoquent un défilé, ce
long défilé de notre humanité qui, générations après générations, est vaincue par cet ennemi
sournois, le péché ... le péché, cette infidélité à l'amour!
« Va, et désormais ne pèche plus! »
Ces paroles achèvent cette rencontre extraordinaire entre Jésus et la femme :
Dès son arrivée, elle est accusée, laissée debout, au centre, tandis que Jésus ... assis,
regarde le sol,. Les accusations reprenant, Jésus prend la parole et se baisse à nouveau sans
adresser-un- seul- regard à ceux qui lentement partent l'un après l'autre ... Jésus les ignore
totalement ...
Et c'est alors qu'il lève la tête et pour la première fois, la regarde ... il ne la jamais
regardée en position de faiblesse .. de condamnée plantée, muette, au milieu de ses juges.
C'est une fois la menace disparue qu'il la regarde.... Il la regarde du bas vers le haut et,
dans une attitude de serviteur, il lève les yeux, s'adresse à elle ... elle ... debout ... immobile ,
toute pénétrée de la miséricorde totale du Fils de Dieu ..... tout accueil du pardon reçu et de
la Vie retrouvée.
Aujourd'hui, le Seigneur vient nous dire à chacun:
Va, .. tout pardon accueilli engage à suivre la Loi véritable, la Loi d'amour.
Va ... tout pardon accueilli nous appelle à aimer à aimer un peu moins mal. - 7 avril 2019
Année C - 4° dimanche de Carême - 31 mars 2019
JOs 5 10-12; 1 Co 5 17-21; Luc 15 1-32;
Homélie du F.Hubert
Quand il commença [sa vie publique], Jésus, nous dit st Luc, était, à ce que l’on pensait,
fils de Joseph, fils d’Adam, fils de Dieu. Jésus, fils de Dieu.
Un homme avait deux fils…
Un père et deux fils.
Un père qui laisse ses fils décider de leur vie.
Deux fils : celui qui est parti et revenu, perdu et retrouvé ;
celui qui est toujours resté là, mais reste dehors, perdu ?
Nos regards s’arrêtent souvent sur le prodigue :
pour une part, nous nous reconnaissons aisément en lui,
et peut-être nous rassurons-nous en nous disant que le Père nous accueillera toujours…
Béni soit Dieu si, faisant vraiment retour sur nous-mêmes,
nous nous levons pour retourner vers lui et faisons l’expérience de son accueil sans mesure,
au-delà de nos jugements sur nous-mêmes et sur nos actes.
Cependant, la parabole vise bien clairement en premier l’attitude du fils aîné :
elle est une réponse aux pharisiens et aux scribes qui récriminaient contre Jésus :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Les trois paraboles, de la brebis perdue, de la pièce d’argent perdue et du fils perdu,
sont racontées par Jésus à l’intention de ces pharisiens, satisfaits d’eux-mêmes,
juges et murmurateurs.
Elles proclament les choix du vrai Dieu.
Ces choix sont accomplis par Jésus, son Fils unique.
Or qu’a-t-il fait, ce Fils unique, le Fils aîné par excellence ?
Il est venu au Jourdain se faire baptiser par Jean-Baptiste.
Il a choisi de descendre dans les eaux de la mort, comme et avec les pécheurs, ses frères ;
lui, l’Innocent, le Très Saint, il fait corps avec nous, pécheurs,
pour faire de nous ses frères, et donc des fils.
Son choix est de n’exclure aucun de nous.
Loin de dire : « moi, je suis juste, eux sont pécheurs »,
il endosse notre péché pour nous donner sa justice.
Ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu,
mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur.
Ainsi, il devenu le premier-né d’une multitude de frères (Rm 8, 29),
Et, dans ce choix même, il reçoit la parole du Père :
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
A l’autre bout de l’évangile, au terme de sa vie, il reçoit le baiser de Judas :
il ne repousse pas son disciple, il lui offre un vrai baiser d’amour et d’espérance,
il l’appelle par son nom.
Et il se fait compagnon de crucifixion de deux malfaiteurs,
dont l’un reconnaîtra son innocence et recevra de lui l’ouverture immédiate du Paradis :
Jésus retournera vers son Père avec ce premier frère arraché au malheur.
A l’inverse de Jésus, l’aîné de la parabole, jugeant indigne son frère cadet,
se met en colère contre son père lui-même, à qui il reproche sa miséricorde.
Ce faisant, il n’a plus ni père ni frère.
Il refuse le festin, le repas de la convivialité, de l’alliance.
Il reste dehors, seul. Il s’exclue lui-même.
Il ne tiendrait qu’à lui de demeurer toujours frère de son cadet, et fils de son père.
Mais précisément, il ne l’appelle pas « Père »…
Les paroles du pharisien, dans une autre parabole que nous entendions hier, vont bien dans sa bouche :
« Je ne suis pas comme les autres hommes, ou encore comme ce publicain »….
« pas comme mon frère cadet… »
Aujourd’hui l’actualité nous jette, en plus, à la figure, que derrière une apparente justice,
peuvent se cacher de graves dépravations…
Son père est pourtant sorti vers lui, comme vers le cadet, pour le presser d’entrer.
Dans son murmure et sa colère, ce fils – qui pourtant demeure toujours fils pour son père –
ne trouve plus le chemin de la maison et la porte d’entrée. Perdu ?
Le récit reste cependant en suspens : peut-être son cœur de pierre se laissera-t-il changer en cœur de chair ?
Cette invitation retentit pour toujours à l’adresse de chacun de nous.
« Il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère était perdu et il est retrouvé »…
Toi, n’es-tu pas perdu aussi, en ne reconnaissant pas de quel amour tu es aimé,
en refusant d’entrer ?
Puisse l’eucharistie, qui – sous forme de symbole – n’est rien moins que le festin du Royaume,
être reçue par nous, comme une communion d’amour avec tous les membres du Corps du Christ,
nos frères et sœurs, proches et lointains, tous pécheurs rachetés et aimés, comme nous !
Nous ne pouvons être en communion avec Jésus, sans accueillir tous les membres de son Corps.
Entrons dans la maison, faisons corps, n’excluons personne.
En ces temps douloureux de l’Eglise, c’est peut-être particulièrement difficile
et d’autant plus nécessaire.
Qu’amour et vérité, justice et miséricorde, se rencontrent et nous guérissent !
Que notre célébration eucharistique nous donne de créer, garder, développer, du lien,
de vivre dans l’Alliance, et non à notre profit, seuls contre tous.
Pharisien irréprochable, Paul a fait l’expérience, du don incommensurable de Dieu
et de sa gratuité absolue.
Irréprochable, il a compris qu’il était le premier à qui Dieu faisait miséricorde.
Alors, avec insistance, il invite ses frères à se laisser réconcilier par Dieu :
« au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché
afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. »
Frères et sœurs, fixons notre regard sur Jésus,
pour apprendre comment vivre en fils et en frères,
pour recevoir de lui son Esprit :
son Corps et son Sang nous sont offerts pour cela.
Lui, le Fils unique, il a accepté de devenir avec nous le fils perdu.
Au terme de sa Pâque, en sa résurrection, il a entendu la voix de son Père :
« Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie. Il était perdu et il est retrouvé » !
Mais il n’est pas revenu seul : il est revenu avec la multitude de ses frères. - 31 mars 2019
Année C -3ème dimanche de Carême, 24 mars2019
Ex 3 1-15; 1 Co 10 1-12; Luc 13 1-9;
Homélie du F.Bernard
Deux drames, comme l’actualité nous en fournit presque tous les jours des exemples à travers le monde, dans les médias. Mais ceux-ci se sont passés dans la Ville Sainte, au Temple, ou à proximité immédiate des remparts, dans la vallée du Cédron. On comprend l’émotion qu’ils ont pu susciter chez les habitants de Jérusalem.
D’abord une bavure policière ou politique. Pilate n’en était pas à une près. Il réprimait férocement les attroupements de Juifs qu’il jugeait vite séditieux. Ici des Galiléens accomplissant leurs devoirs religieux au Temple. Parmi eux il y aurait pu y avoir la famille de Jésus qui se rendait en pèlerinage à Jérusalem trois fois par an. Pilate avait mêlé le sang des victimes à celui des sacrifices.
Puis un drame technique : l’écroulement d’une tour. Dix-huit personnes écrasées. Faute de construction, défaut de maintenance, ou tout simplement l’usure du temps ? Aujourd’hui on ouvrirait un procès pour déterminer les responsabilités. Mais quand ces drames arrivent, les mêmes questions reviennent : elles sont de tous les temps. Pourquoi ces malheurs ? Pourquoi atteignent-ils ces personnes précisément ? Comment Dieu peut-il permettre cela ?
La réponse de Jésus, formulée à deux reprises, est surprenante : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également ». Sommes-nous alors destinés à connaître une fin aussi tragique ? Vraiment je ne le souhaite pas. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit. De quoi donc ? Jésus nous dit plutôt que toute mort est absurde, qu’elle soit le fait de la violence des hommes, d’une défaillance technique, d’une catastrophe naturelle, ou tout simplement si nous mourons dans notre lit au terme de nos jours.
La mort est absurde. Car nous pressentons bien que nous ne sommes pas faits pour elle, plutôt pour une vie qui dure, comme si elle ne devait s’arrêter. Mais la mort est notre lot, depuis que l’homme n’a plus accès à l’arbre de vie, placé dans le jardin d’Éden. La mort met inexorablement fin à nos possessions, à nos projets, à nos affections. « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière », dit Dieu ; et le psaume le redit à sa manière, brutalement : « L’homme comblé ne dure pas. Il ressemble au bétail qu’on abat » (Ps. 48).
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également ». Mais qu’est-ce se convertir ? Radicalement, c’est croire que Dieu est le Vivant, qu’il a un dessin d’amour et de salut pour nous, qu’il a fait à son image, comme sa ressemblance. Alors, s’il en est ainsi, il convient de méditer très attentivement la première lecture que nous avons entendue. Elle était tirée du livre de l’Éxode (ch. 3). Elle fait mémoire du moment fondateur de notre foi, de l’évènement qui inaugure l’histoire, qui donne sens en Dieu au temps que nous vivons, qu’il soit sublime ou banal. Tout peut dès lors être vu en Dieu, pour Dieu. Même la mort a perdu son côté tragique. Elle n’est plus anéantissement, mais passage, exode, transitus.
Dieu en effet s’est manifesté. Certes il l’avait déjà fait aux ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob, mais c’était comme à titre individuel. En Moïse, Dieu se manifeste à un peuple, plutôt un rassemblement d’individus, plus ou moins apparentés, des immigrés, les Hébreux. Il en fait un peuple, Israël, son peuple particulier dont il sera son Dieu. Et par le moyen de cette élection unique, Dieu rejoint tous les peuples de la terre, déjà bénis dans la bénédiction de l’ancêtre Abraham (Gn 12).
Dieu fait plus : il révèle son Nom, ce Nom ineffable, que nous ne pouvons plus prononcer. Mais nous savons qu’il signifie : Je Suis, Je Suis qui je Suis, je Suis qui je Serai, ce Nom qui trouve son accomplissement jour après jour dans l’alliance conclue pour toujours entre Israël et son Dieu.
Mais revenons à l’Évangile de ce jour. Car si Dieu s’est révélé à Moïse, s’il n’a cessé pendant quarante ans d’instruire son peuple au désert, de le corriger, c’est pour notre instruction, à nous qui sommes dans les derniers temps. Le Seigneur attend maintenant notre réponse à son appel. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous également »
La cognée est à la racine de l’arbre, prête à abattre le figuier, s’il continue à ne pas porter de fruit. Mais la miséricorde de Dieu vient en complément de sa justice. Le propriétaire, c’est Dieu. Le vigneron, c’est Dieu aussi. Notre conversion, c’est aussi l’œuvre de Dieu en nous. « Donne ce que tu commandes, disons-nous, et commande ce que tu veux ».
En ce temps de Carême, ce temps favorable, nous pouvons reprendre pleinement à notre compte ce que dit l’oraison de ce jour : « Toi, la source de toute bonté et de toute miséricorde, tu nous a dit comment guérir du péché, par le jeûne, la prière et le partage. Tu connais notre faiblesse. Nous avons péché, mais patiemment relève-nous avec amour. » Amen - 24 mars 2019
Année C - HOMELIE du 2ème dimanche Carême – 17/03/2019
(Genèse 15,5-18 ; Philippiens 3,17-4,1 ; Luc 9,28-36
)
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs,
Chaque année, au second dimanche du Carême, la liturgie de l’Eglise nous donne à entendre le récit de la Transfiguration de Jésus sur la Montagne, dans l’un ou l’autre des évangiles synoptiques. Aujourd’hui, en année C, Saint Luc nous entraîne dans cette contemplation, qui est une anticipation du mystère pascal de la Passion et de la Résurrection du Christ. Arrêtons-nous un instant, si vous le voulez bien sur quelques détails propres à cette version lucanienne, pour en tirer éventuellement quelque profit spirituel sur notre route vers Pâques.
« Jésus prit avec lui, Pierre, Jean et Jacques et il gravit la montagne pour prier ».
Luc est le seul à mentionner cette prière de Jésus. A de nombreuses reprises dans son évangile il nous montre Jésus priant, surtout à l’occasion d’évènements importants : lors du baptême dans le Jourdain, avant le choix des 12 apôtres, avant de leur apprendre le Notre Père, et surtout au moment de Sa Passion à Gethsémani et sur la Croix. En quoi consiste cette prière de Jésus dans ce récit de la Transfiguration ?
Dans un premier temps, il s’agit d’une conversation, d’un entretien avec Moïse et Elie, à propos d’un départ, d’un « exode » (selon le terme en grec) que Jésus doit accomplir à Jérusalem. Les 3 disciples assistent à cette conversation, mais ils sont surtout impressionnés par l’effet de la prière sur le visage de leur Maître et sur ses vêtements. La Gloire de Dieu rayonne d’un éclat éblouissant sur les 3 personnages. Dans ce premier temps, le texte ne dit pas que les apôtres sont saisis de crainte, mais qu’ils sont plutôt accablés de sommeil, comme ils le seront à nouveau à Gethsémani, à l’heure de la Passion et de la prière d’agonie de Jésus.
Eveillés cependant, ils voient, ils contemplent. Pierre essaie bien de parler, de balbutier, mais il ne sait pas trop ce qu’il dit. Ils se sentent pourtant plutôt bien, et Pierre voudrait prolonger la situation en installant des tentes.
C’est alors que le texte entre dans un second temps de la prière de Jésus. Une nuée recouvre la montagne, tous les personnages y pénètrent et une grande crainte, cette fois-ci, saisit les apôtres. Au cœur de la prière, une voix venue du Ciel se fait entendre et lance les mêmes paroles (ou des paroles très voisines) que celles qui avaient été prononcées au jour du baptême dans le Jourdain : « Celui-ci est mon Fils, Celui que j’ai choisi. Ecoutez-le ! » Après la conversation entre Jésus, Moïse et Elie, après les balbutiements de Pierre, après cette Voix venue du Ciel, la prière se fait alors silence. Les disciples vont garder au fond de leur cœur ce qu’ils ont vu, dit le texte, et aussi ce qu’ils ont entendus, et ils vont méditer cet évènement sans le comprendre, tout comme Marie gardait en son cœur les évènements entourant la naissance et la croissance de son enfant, à Bethléem et à Nazareth.
Un autre trait caractéristique de Saint Luc dans ce récit de la Transfiguration c’est la référence délibérée à l’Ancien Testament et au livre de l’Exode, qui estdavantage soulignée qu’en Matthieu et Marc. En effet le départ que Jésus doit accomplir à Jérusalem est présenté par l’évangéliste, comme le nouvel Exode, la nouvelle Pâque, de la Mort et de la Résurrection du Christ. La mention des tentes par Pierre, la présence de la nuée qui recouvre la montagne, la Gloire de Dieu qui repose sur les personnages, l’aspect du visage rayonnant de Jésus, rappelant celui de Moïse descendant du Sinaï, après le don de la Loi. Tous ces détails veulent souligner l’inscription de la mission du Christ dans l’histoire du salut. Les temps sont accomplis : Jésus est le Fils bien-aimé, qu’il faut désormais écouter, regarder et suivre. Il est le nouveau Moïse, le Messie, le sauveur annoncé par les prophètes et les saints de l’Ancienne Alliance.
Alors, frères et sœurs, que retenir de ce récit pour nous aujourd’hui, sur notre chemin de Carême ? Il nous faut l’accueillir comme un texte d’espérance, de consolation pour notre foi, si jamais comme l’exprime l’épitre aux Hébreux : « la foi est le moyen de posséder déjà ce que l’on espère, et un moyen de connaître ce que l’on ne voit pas ». La Gloire que possède Jésus, dès avant sa Résurrection est une Gloire qu’il partage avec tous ceux qui sont admis au monde à venir. Saint Paul le dit aux corinthiens, en évoquant le voile dont se protégeait Moïse pour se couvrir le visage qui rayonnait d’une gloire passagère. Avec le Christ, le voile qui recouvrait la lecture des Ecritures de l’Ancien Testament, tombe. « Et nous tous qui, le visage découvert, reflétons la Gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande, par le Seigneur qui est Esprit. »
Il nous est arrivé peut-être dans nos vies de rencontrer des personnes rayonnantes d’amour et modèles de prière. La tradition orientale met en avant bien des exemples de staretz, ces « pères spirituels », aux visages déjà transfigurés de la gloire de Dieu. Avons-nous assez de foi pour croire que nous, chrétiens, sommes appelés à être ces témoins de la Résurrection du Christ, de la Gloire de Dieu, pour notre monde et dans notre entourage ? Sommes- nous convaincus que la Voix venue du Ciel s’adresse aussi à chacun de nous : « Tu es mon fils, mon bien-aimé. Je suis ton Père, et en toi, j’ai confiance. Reste à l’écoute de Jésus et va vers tes frères leur annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile » AMEN - 17 mars 2019
Année C – 1° dimanche de Carême – 10 mars 2019
Deut 26 4-10 ; Rom 10 8-13 ; Luc 4 1-13 ;
Homélie du F.Damase
1° dimanche de carême – le but du Carême est de nous conduire à Pâques, de participer à la joie de la Résurrection du Christ – on peut dire aussi qu’il s’agit pour nous de progresser sur un chemin de liberté ! C’est ce que les lectures de ce dimanche nous proposent.
Le livre du Deutéronome nous parle du peuple hébreu qui a été esclave en Égypte. Dieu a entendu sa voix et l’a conduit vers une terre de liberté. Nous pouvons penser à ces nombreux réfugiés qui fuient leur pays en guerre et qui prennent des risques pour trouver ailleurs une vie meilleure. Le carême est pour nous cette longue route vers la liberté.
Le Seigneur nous voit engagés sur des chemins de perdition. Il veut nous en libérer. Il veut nous conduire sur le chemin de la vraie vie. Aujourd’hui, Moïse invite son peuple à se souvenir de tout ce qu’il a reçus de Dieu : une Terre, une véritable libération. Ce « ramassis d’esclaves et de fugitifs » a retrouvé sa dignité humaine. Il est entré dans un monde nouveau avec une mentalité nouvelle. Telle est notre démarche pendant ce temps du carême : Accueillir le Dieu libérateur
Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à recevoir la parole de Dieu et à nous laisser guider par elle. Le Dieu libérateur veut le salut de tous les hommes, quelle que soit leur religion. Tous doivent pouvoir entendre « les paroles de la vie éternelle ». Cette parole est en nous, dans notre bouche et notre cœur ; mais elle a parfois de la peine à sortir de nos lèvres. Et pourtant, le Seigneur compte sur nous. Il veut que cette parole soit proclamée dans le monde entier. Mais comment les hommes l’invoqueront ils, si nous ne leur annonçons pas que Dieu est liberté pour tous ?
Dans l’Évangile, Luc raconte le récit des tentations de Jésus au désert. En l’écoutant, nous pensons à notre société de consommation qui refuse les renoncements. Tant de publicités viennent nous tenter, pour nous dire qu’on peut tout avoir : « achetez aujourd’hui, vous paierez dans trois mois ». Ou encore « mangez ce que vous aimez, tout en perdant du poids ».
Or voilà que dans l’Évangile, le démon pousse cette illusion à son comble : en plein désert, il propose à Jésus de trouver la nourriture, les richesses, le pouvoir et une sécurité absolue. Cette tentation a été celle du peuple hébreu au cours de sa traversée du désert. C’est aussi la nôtre aujourd’hui : nous voulons vivre à l’aise, nous cherchons à dominer. Notre cœur n’est à l’abri d’aucune convoitise.
Mais Jésus ne se laisse pas dominer. Il choisit de rester fidèle à Dieu. Le carême est précisément cette période de 40 jours pour renouveler ce choix. Nous sommes conduits au désert pour nous mettre/ face à face avec notre propre vie/ et face à face avec Dieu notre Père. Être fils de Dieu, c’est se laisser conduire par lui, c’est lui faire totalement confiance, c’est faire de sa volonté notre nourriture de chaque jour.
C’est faire l’expérience d’une résurrection : il ne s’agit plus de changer des pierres en pain ; ce sont désormais des cœurs de pierre qui deviennent des cœurs de chair. En nous ouvrant à Dieu et aux autres, le carême nous invite à épuiser Satan et ses tentations d’autosuffisance. Avec tous ceux qui entendent le cri des souffrants, laissons le Christ guérir nos cœurs pour qu’ils soient ouverts aux cris de souffrance, aux appels à la liberté.
En ce temps de carême, disons ensemble avec Dieu :
« Quand l’homme appelle, moi, je lui réponds, - je veux le libérer. »- 10 mars 2019